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Smile ; you're never fully dressed without one | Jordane

 :: Autour du monde :: Europe :: — Allemagne
Ven 5 Jan 2024 - 2:45

Smile ; you're never fully dressed without one


🙤 Bayreuth, Allemagne
🙤 12 février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
— Alors mon chou, que te faut-il cette fois ?

La cigarette entre ses doigts fins, Madame lui adresse ce regard dont elle a le secret, à croire qu’elle lit à travers son âme aussi facilement que dans un livre ouvert. Elle a une présence, derrière le comptoir de son établissement, le genre de présence qui intimide et intime à ne pas causer d’ennuis. Ce club, c’est son domaine, là où elle exerce une emprise à toute épreuve. Elle impose sa loi, propose ses services, et ne laisse passer aucun désagrément. Tenter de la duper, de la doubler, c’est s’opposer à une femme féroce, jamais cruelle, mais implacable. Elle n’oublie rien. Ne pardonne pas. Et malgré toutes les tentatives pour la détrôner, personne ne la déloge du creux où elle a fait son nid, tissé ses toiles.

Jamais Ajay ne compte se mettre à dos une femme pareille. Avec elle, il exerce la prudence, même s’il se sait dans ses bonnes grâces. Madame ne donne pas du “mon chou” au tout-venant, même si elle se permet souvent la familiarité avec ses clients, réguliers comme occasionnels. Mais le “mon chou” ? C’est une marque de respect, un témoignage de la confiance professionnelle qui les unit.

— La même chose que d’habitude, Madame.

Il s’installe à un coin du comptoir. A cette heure tardive de la nuit, le club n’accueille pas foule. Les quelques clients restants occupent plutôt les chambres, à l’étage, tandis que d’autres se sont effondrés sur leur table depuis un moment. Les déboires d’une fin de soirée, mais pas un seul trouble. Pas un seul écart. Personne ne dérange l’ordre établi par Madame. Dans ses atours d’un rouge carmin, parfois enveloppés dans la fumée de la cigarette, elle ne fournit aucun prénom, aucun nom. Elle est Madame, la dirigeante de ces lieux, l’ombre sur le mur, partout et nulle part à la fois. Aucune information ne circule à son sujet, pas une seule ; et beaucoup spéculent sur les pots-de-vins réguliers qu’elle verse à la police pour conserver cette auréole de mystère. Il y en a toujours pour enquêter, le cœur à l’œuvre, mais ils s’empêtrent dans la toile tissée par Madame, se piègent eux-mêmes ; et l’araignée trône toujours dans sa toile pour dévorer ses proies.

Implacable. Redoutable. Dans d’autres circonstances, Madame lui rappellerait Rossignol, qui règne en maître sur son empire ; mais ces circonstances n’existent pas - heureusement.

Madame lui sert un verre de whisky. Elle parcourt la salle des yeux, s’arrête un instant sur les clients ivres morts, tend l’oreille en direction de l’étage comme de l’extérieur. Elle ne laisse rien au hasard. Puis elle s’installe en face d’Ajay, tirant une bouffée sur sa clope avant d’en exhaler la fumée dans un nuage blanchâtre.

— Je ne t’avais pas vu depuis longtemps.

Pas de questions directes ; seulement des sous-entendus. Des yeux sombres qui charrient des suppositions, des sollicitations, de la compréhension tacite. Madame n’a pas besoin de demander, Ajay n’a pas besoin de répondre. Tous deux savent. Face à elle, il redevient Bryn, le petit Bryn qui tente d’échapper au monstre et de survivre. Le Bryn encore nourri d’espoir naïf. Il a bien grandi depuis, a changé d’identités tellement de fois qu’il a arrêté de compter, mais Bryn s’agite, tout en dessous.

— J’ai été pris par les affaires. Vous savez ce que c’est.

Ajay ne vouvoie personne ou personne ; Aldric encore moins. Mais Bryn ? Bryn a toujours vouvoyé Madame.

— Je ne pensais même pas avoir le temps de passer par ici. Il marque une pause, boit une gorgée de whisky. Mais je suis soulagé de voir que le club n’a pas changé.
— Ça me fait plaisir de te voir, mon chou. Ta présence égaie toujours les lieux - même si la concurrence n’est pas très rude face à deux poivrots qui font office de tapis.

Une pointe d’humour, puis la cigarette. Le regard sombre se fixe sur lui ; son cœur cogne contre sa poitrine.

— J’ai bien essayé d’acheter des rossignols, comme tu me l’avais conseillé, mais je crains de ne pas avoir la bonne fibre avec les animaux. Nouvelle bouffée sur sa cigarette. Madame dévie le regard, qui se fait presque contemplatif. Le détachement. Ils sont morts.

Bryn ne répond rien, presque paralysé sur son tabouret de bar. Son cœur rate un battement. Des années à tenter de s’extirper de son emprise, et il se fige toujours à ce simple mot ; rossignol. Il n’avance pas, malgré ce qu’il prétend.

— Oh ! Tu me fais penser que tu as oublié quelque chose la dernière fois, mon chou. Madame n’attend pas de réponse pour s’éclipser. Elle longe le comptoir, rejoint la caisse, puis tire du placard verrouillé en-dessous une petite boîte cartonnée. Puis elle revient, pose la boîte à côté du verre d’Ajay. Ne l’oublie pas cette fois, ou je te facturerai les frais de port.
— Merci, Madame. Ne vous en faîtes pas.

Lorsqu’il récupère la boîte, elle pose sa main sur les siennes. A nouveau, leurs regards se croisent, lourds de sens et de contre-sens.

— Prends soin de toi surtout, mon chou. Et n’oublie pas de sourire aussi, tu sais bien que tu n’es jamais complètement habillé sans un sourire.

Le message passe, froid, sanglant, alors que Madame lui accorde un sourire doux. Bryn boit une gorgée de whisky, puis deux ; il se retient de finir le verre d’une traite.

— Je ferai attention, Madame. Portez-vous bien.

Sa voix est plus blanche qu’elle ne le devrait, mais Madame ne commente pas, pas même avec ses yeux sombres ou ses gestes. Elle s’accroche à son sourire. Ajay termine son verre, récupère la boîte, et disparaît comme il est venu.

֍ ֍ ֍

Les idées de merde se succèdent et s’enchaînent, à croire que les collectionner comme des petites pierres brillantes devient un véritable passe-temps ces dernières semaines. Il a laissé repartir Beck, lui a même proposé un semblant d’entente, a répondu au message d’Alec, aussi. A accepté son rendez-vous.

Ajay ne sait toujours pas quoi en penser. Les automatismes ont repris le dessus, en dépit de toute la prudence qu’il déploie d’ordinaire - qu’il devrait déployer. Madame a raison ; il cumule les erreurs et il ferait mieux de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard - s’il ne l’est pas déjà.

Le soupir au bord des lèvres, il tente de se reconcentrer et de retrouver le plein contrôle sur son sang-froid. Beck doit le rejoindre d’ici - car en plus de rencontrer Alec dans les prochains jours, il a aussi sollicité la jeune femme au lieu de laisser mourir cet accord entre eux. Il aurait dû prétendre qu’il n’avait pas jamais existé, ne jamais lui envoyer de message, mais si Ajay faisait ce qu’il devrait faire, il le saurait. Aldric ne serait pas resté aussi longtemps en Angleterre, il aurait oublietté Beck, ou même tué, et il aurait opté pour le silence radio face au message du gamin.

Mais comme dirait Madame, ce qui est fait est fait, alors autant ne pas s’attarder sur le sujet.

Plus facile à dire qu’à faire, toutefois.

Des coups contre la porte lui font redresser la tête ; le réflexe de l’habitude prudente le pousse à chercher la crosse de son revolver, prêt à dégainer, mais il suspend son geste. A travers le judas de la sorte, il reconnaît la chevelure brune de Beck, sa démarche un brin nonchalante ; peut-être aussi une pointe de prudence face au lieu du rendez-vous. Allemagne, Bayreuth ; là où Franzë est censée avoir fait ses études de géographie et d’aménagement. Lors de leur mission commune, en septembre dernier, ils n’ont pas eu besoin d’employer ces fausses identités, alors autant les réutiliser. Ajay l’a aussi fait pour prouver qu’il était bien qui il prétendait à l’autre bout du prépayé. Qui d’autre aurait choisi Bayreuth comme lieu de rencontre ?

Ajay lui a donné rendez-vous à dans un immeuble de la ville, en pleine journée. Un appartement au dernier étage, vue sur cour.

Il ouvre la porte, la contemple un instant ; il a encore en tête les blessures qui recouvraient son corps la dernière fois.

— Franzë ! Ça fait longtemps. Comment tu vas ? Pas trop de monde sur la route ? Des banalités, qui en appellent d’autres, de quoi distraire les potentielles oreilles traînant dans la cage d’escaliers. Entre !

Ajay referme la porte derrière, puis retourne dans le salon. Des meubles sommaires, des papiers entassés dans un coin, des bricoles inutiles à droite à gauche pour donner un semblant de vie à l’appartement. Des armes, aussi, qui dépassent d’un sac derrière le canapé. Des conserves et des bouteilles d’eau dans la cuisine ouverte.

Dans d’autres circonstances, quelqu’un d’autre aurait meublé la conversation, lancé un sujet banal pour sympathiser. Ajay va droit au but.

— T’as déjà géré des planques ? Sécurisé des planques ?
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Sam 6 Jan 2024 - 22:07
- Alors, ils les ont relâché ?
- Non, Trois heures que l’accord est signé et pas de nouvelles.

L’arrière du crâne contre le mur, le bassin en avant, les mains dans les poches et le regard dans le vide, je les écoute sans broncher. J’ai été réinterrogée sur mon attitude ce jour-là, classique. Comme j’ai été réinterrogée sur la mission avec Hampton. Une mise à pied. Pas tout à fait, il faut être honnête, mais en attendant que l’enquête interne ait été bouclée, je suis reléguée aux troupes de secours. En arrière, en soutien. Ça ressemble à une rétrogradation mais après un an de missions minimes, j’ai juste l’impression d’en revenir au cadre normal.
Le seul truc c’est que je boue. J’ai dans la tête Lex et ses trahisons. La manière dont il m’a repoussée sur le lit, ses exigences, ses questions et puis son air hagard quand j’ai débarqué pour l’interroger. Mes crispations à voir la violence sur un mec que j’ai sans doute pu avoir la naïveté d’aimer. D’apprécier, tout du moins. Et puis la colère quand j’ai compris que jamais je n’aurai mes réponses. Et la culpabilité, une fois qu’il a été laissé sur un autre continent la mémoire défaillante, quelques sous en poche. Soyons honnête, il finira sous les ponts, comme moi j’ai fait. Les types comme ça, j’en ai vu défiler des pelles. Les portes de sorties ont jamais été très reluisantes, pas plus que les miennes.

- Tu vas où ? Siem ?

Le pseudonyme fait crisser quelque chose à l’intérieur. Une gamine frêle, paumée, qui a un jour claqué la porte en crachant tout son mépris sur ces types-là. Ceux dont le bras finirait nécrosé ou que les flics auraient tôt fait de coffrer. J’m’y habituerai pas. J’aurais dû prendre autre chose.

- M’entraîner.
Mon corps a quitté le mur et mes mains mes poches.
- T’attends pas de savoir, pour les otages ?
- Ils sont morts ces gosses..

J’aurais pu marmonner. Les mots sont sortis comme on lâche une altère.

Une heure plus tard, j’ai rejoins le tatami. Cheveux brun attachés en arrière, les mains protégées, un film de sueur sur le front et le cœur en branle, je frappe. Entre chaque session de combat, c’est un tour de salle qui fait monter d’autant plus le cardio. J’ai pas d’adversaire. Ils sont tous là-bas, à attendre les résultats comme on materait un match au superbowl.
Une heure de plus et je mets davantage de poids sur la barre. Les muscles hurlent, le coeur palpite, par moment la salle d’entraînement devient noire devant mes yeux. Chute de tension. Classique quand on pousse fort à la salle.
D’ordinaire, j’avoue que voir les gars pâlir quand je soulève plus lourd qu’eux, ça me fait passablement kiffer. Mais là quand un type se pointe et se rapproche, j’augmente le volume dans mes écouteurs.
Et quinze minutes plus tard, j’suis dans les douches.

Les gosses sont morts. Et moi j’ai rien à foutre ici puisqu’on me file pas de mission et que je ne peux pas aider en back tant que j’en ai pas le feu vert. Sauf que la Garde, c’est tout ce que j’ai côté quotidien pro. Du moins c’est ce dont ça se rapproche le plus.
Y’a les potes, bien sûr. Mais si j’fais ça, je vais finir par craquer et aller fracasser Naveen et j’sais pas comment je réagirai si j’étais face à lui. Enzo se referme. Takuma s’inquiète. Sovahnn a, je cite, envie d’aller faire du paddle avec sa fille. Dorofei se ronge les sangs à propos des mômes assassinés pendant qu’on avait le dos tourné. Et Kezabel j’y pense pas. Ou plus exactement j’y pense trop. Chose stupide concernant le silence qui nous unies.

Sauf que tout ça, c’est pas exactement tout c’que j’ai.
Et j'veux pas penser. A personne.

Alors la démarche change. Les pas lourds, les muscles tendus, les cheveux hirsutes de l’entraînement ; j’efface tout ça. Séance maquillage, cheveux bruns affublés de jolies boucles que je ne porterai jamais en temps normal, frange droite clipsée, lentilles colorées (les mêmes que la dernière fois), chemisier léger, ouvert sur l’avant et drapé féminin. Pantalon propre. Talons. Menton légèrement baissé, épaules en arrière, mouvements énergiques à la limite de l’enfantin. Yeux brillants. Sourire colgate. Franzë

Dans le sac à main, mon petit sac limé habituel, le seul truc que je traîne depuis l’adolescence. Celui qui comporte ce que j’ai toujours considéré comme mon “kit de survie” et qui s’est étoffé au cours du temps. Et des galères.

C’est comme ça que j’arrive là-bas. Je sors des chiottes de l’université où la demoiselle est censée bosser, arpente les couloirs comme si je les foulais tous les jours, noyée dans la foule, et je sors pour prendre le bus. Tout ça est étudié bien sûr. Google map, carte de l’université, réseaux de bus de la ville.
Ça réveille des souvenirs. Quelque part entre Siem et Jo.

Quand il ouvre, je lui saute presque dans les bras, une main abandonnée sur le sien, un baiser claqué sur sa joue dont la barbe me pique, j’échange les mêmes banalités que lui avec une aisance qui vient d’ailleurs. De loin.

Loin, aussi, le type que j’ai retrouvé lors de cette première mission. Loin le tremblement interne qui m’a secouée jusqu’à ce qu’enfin, je me retrouve seule et vivante.

Un pied sur le pallier, le second qui pénètre l’appartement. Encore bien des raisons de retrouver mon cadavre à des kilomètres de Londres. Et la porte se referme sur cette pensée. Bien sûr, elle est toujours dans un coin, réveillée par quelques cicatrices. Mais il n’y a plus d’elle qu’une brume filasse.
Je sais que t’y pense aussi. Dis pas le contraire.

L’atmosphère change dès lors qu’il n’y a plus que nous, qu’importent les noms qu’on se donne. Ni Franzë, ni Dietrich.  

— T’as déjà géré des planques ? Sécurisé des planques ?

Frère et soeur ont disparu, la proximité avec eux. J’ai déjà les pieds à plat, la gestuelle de retour au naturel et le regard circulaire sur le salon. Les armes qui dépassent me filent un frisson, sa question crispe mes côtes.
T’as pas des idées plus merdiques comme projet de vie que de t’enterrer avec lui, sérieusement ?
J’ai pas.

Et toi, t’as l’air moins épuisé.
T’as l’air plus fermé, aussi.

Quelques pas. “T’as cru que j’avais fait mes armes dans la mafia ?” ça n’a rien d’agressif. Un regard échangé. Après tout, la Garde en a peut être quelques airs par moment ; certes.
Je hausse des épaules et balaye ma propre réflexion. “T’as sans doute pas mal à m’apprendre sur le sujet mais..” Les idées se rassemblent. J’m’y étais préparée, mais certaines choses émergent du passé que j’aimerai garder loin de moi. Cette “moi” qui se veut plus clean que l’ancienne. Faut sans doute faire des choix dans la vie. “Bloquer les entrées ; identifier les sorties ; ensorceler les fenêtres : acoustique, transparence ou illusion ; sortilèges de confusion ; je maîtrise mal ceux pour empêcher les inconnus de trouver un lieu mais c’est en cours ; trompe l’oeil pour des planques à taille humaine ; caches pour …” la dope… “.. Y foutre des trucs ; sacs et tiroirs ensorcelés ; faux fonds ; caméras et micros planquées ; verrous piégés ; systèmes d’alerte ; …. Moldus, magiques  : un peu des deux.” Quand t’as pas dix-sept ans, t’as pas l'option "baguette" et quand tu vis dans un squat, tu fais sans. Et puis après… bah t’apprends la débrouille. “Là comme ça, c’est c’qui me vient.” Une liste de skills, parfois de la Garde, parfois d’une expérience que je nie avoir vécu. Comme un CV un peu bizarre. “J’ai aidé à sécuriser quelques coins, oui, mais jamais seule.” Même lorsque j’ai donné un coup de main pour la maison de Sovahnn - elle l’ignore - ou celle d’Alec, il y avait toujours d’autres sorciers pour gérer l’aspect le plus pointu.
Quand à ce qu’il y avait avant la Garde… c’est différent.

Un instant, je bloque de nouveau sur le métal des guns qui dépassent. Une seconde d’un regard qui coule dessus, porté par un corps qui joue l’assurance quand mon palpitant s’agite un peu plus à chaque fois. Il a pas besoin d’une gamine paumée. Mais il a pas besoin de quelqu’un qui se croit apte quand il l’est pas.

“Tu trempes dans quoi ? Que j’me fasse à l’idée.”
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Sam 13 Jan 2024 - 1:01

Smile ; you're never fully dressed without one


🙤 Bayreuth, Allemagne
🙤 12 février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
Pour une gamine dont la Garde persiste à ignorer le potentiel comme le talent, Beck s’en sort toujours admirablement bien en sa présence. Elle s’investit dans le rôle de Franzë, le transforme en une seconde peau pour duper tout son entourage - et pour Ajay qui connaît peu la jeune femme, il pourrait presque s’y méprendre. En tout cas, son aisance à jouer les étudiantes toutes joyeuses de retrouver son frère le rassure quant à la suite. Au moins n’a-t-il pas commis d’erreur en la “recrutant” à ses côtés, tout comme elle n’a rien cafté auprès de la Garde à son sujet. En tout cas, il n’a pas vu la Garde débarquer en trombe à Cilaos pour lui arracher des explications, alors il suppose qu’elle a su garder ce “détail” pour elle.

Les banalités que Franzë lui adresse sur le pas de la porte ne restent guère longtemps dans son esprit. Dès la fermeture de l’entrée, Ajay se reconcentre sur ce qu’il faisait - à savoir l’inventaire du contenu de la planque. Il vérifie n’avoir rien oublié de vital, bien que quelques ajustements surviendront sans doute dans les prochains instants. Il n’a pas encore tout installé pour parer à toute éventualité et pour créer une couverture qui évitera toute suspicion. Il compte donner vie à cet appartement, faire croire que quelqu’un vit bel et bien entre ces murs, en dépit de ses déplacements professionnels réguliers. Un investissement financier conséquent, s’il compte toutes les planques déjà établies ou celles encore à établir, mais une sécurité. De cette façon, il se fond dans le paysage.

— Tu fais partie de la Garde.

Ajay n’épilogue pas davantage. La Garde gère ses propres planques, bien qu’il n’ait jamais eu recours à l’une d’elle. Il ne sait pas comme les rebelles s’occupent précisément de leurs planques, quelles précautions prennent-ils, mais il espère qu’ils prennent un minimum de précautions. En vérité, rien n’est moins sûr avec la Garde, mais il conserve ses critiques acides pour lui. Beck croit toujours en la Garde, malgré le mépris constant qu’elle se coltine ; autant ne pas attaquer ses convictions de but en blanc.

Tandis qu’elle lui énumère ce à quoi elle pense, Ajay range les conserves dans les placards de la cuisine ouverte. Il improvise un rangement différent du sien, avec un semblant de logique propre aux habitudes allemandes. Il a déjà vécu plusieurs semaines en Allemagne, en Bavière, de quoi aiguiller son approche.

— C’est pas mal. Un peu concis, mais t’as l’essentiel. De quoi assurer une bonne protection, au moins de façon immédiate. Quelques sortilèges manquent toutefois à l’appel, sans parler des préoccupations plus moldues - chose que les sorciers oublient très souvent. Si tu dois choisir une planque toi-même, jamais un rez-de-chaussée, et jamais de vis-à-vis avec les fenêtres. Les sang-purs usent rarement, pour ne pas dire jamais, des snipers, mais les mafieux n’hésitent pas. Choisis un endroit avec de la circulation et des civils. Les deux camps devront être discrets pour éviter de causer des ennuis. Si tu installes des caméras et des micros, il ne faut pas lésiner sur leur protection, pour éviter toute tentative de piratage ennemie. Autrement, autant poser un panneau “je suis là !” sur la boîte aux lettres. T’analyses le quartier où tu poses. Commerces de proximité, école, commissariat, lignes de bus, tout ce qui peut être utile. Tu repères des lieux sûrs pour transplaner dans le secteur. La planque ne se limite pas au seul appartement ; elle s’étend au quartier pour se fondre dans la masse. Et surtout, tu te prépares au pire.

A débarquer dans les pires conditions possibles. A tenir un siège. A défendre sa peau. Ajay a rangé une trousse de premiers secours dans la salle de bain avant l’arrivée de Beck, une autre dans la cuisine. Il a aussi caché du matériel médical plus important dans les caches de la maison. Les conserves et les bouteilles d’eau sont là pour assurer les stocks de vivres. En cas de traque intense, même le transplanage pour aller faire des courses est inenvisageable, alors il vaut mieux prévoir pour ne pas mourir de faim - ou de soif, en cas de coupure d’eau malencontreuse.  

Puis la question épineuse, celle de ses intentions. Ajay suit le regard de Beck jusqu’aux armes entassées dans un coin. Une précaution, parce qu’il ne jure jamais par sa seule baguette.

— Pour l’instant ? Pas grand chose.

Pas tout à fait vrai, mais pas un mensonge non plus. Il se prépare à la tempête qui approche à coup sûr. Rossignol rôde dans les ombres. Fauvette n’est pas loin non plus. Il compte aider Alec malgré toutes les emmerdes du gamin. Ajay a quantité de raisons de prévoir une éventuelle disparition. D’assurer ses arrières.

— Mais j’ai plus le réseau de la Garde, et si tu bosses avec moi, tu pourras pas l’utiliser non plus. Sous peine de trahir le secret par inadvertance. Alors je constitue mon propre réseau. Un filet de sécurité, si tu préfères. Je tiens pas à causer des noises aux Sups’ sans prévoir le coup avant.

Alors il anticipe, établit tout un réseau de planques en tout genre en Angleterre comme à travers l’Europe. S’il veut disparaître, il le peut ; et Beck aussi, une fois qu’il lui aura donné les clefs nécessaires.

Son regard glisse à nouveau sur les armes. Des armes de poing, avant tout. Quelques snipers. Aucune arme de guerre.

— T’inquiète pas pour les armes. C’est juste une sécurité supplémentaire. T’apprendras que face à un Sup’ - ou juste un crétin de sorcier qui se croit meilleur que les moldus -, un pistolet est nettement plus efficace qu’une baguette.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mer 17 Jan 2024 - 2:07
C’est vrai, elle n’est qu’une gamine. On n’a cessé de le lui dire. On n’a cessé de lui rappeler que son jugement n’a rien de pertinent, qu’elle est emportée et dangereuse de par son comportement. Jordane aimerait s’extraire de ce sentiment comme elle se défait des talons de Franze, mais il n’en est rien. Quand elle pose le regard sur le sac d’armes, elle reste l’ado d’hier qui ne sait pas tout à fait dans quoi elle s’engage. L’expérience d’hier lui semble disloquée, lacunaire. Celle d’une autre vie, pas tout à fait la sienne.
Et puis, même à l’époque, qu’a-t-elle fait ? De la merde, majoritairement. Des petits jobs dans lesquels elle n’a jamais fait long feu. Toujours à la marge. Trop consciente des sables mouvants sous ses talons.

— Tu fais partie de la Garde.

‘Tu fais partie’. Amusante manière de dire les choses quand naturellement j’énonce ‘j’appartiens à la Garde’. La nuance est là, inquiétante.

L’inspiration lui fait presque mal lorsqu’elle repousse les sensations du passé. Aucune forme distincte. Pas de souvenirs en tant que tels. Mais les sons, les odeurs, les crispations des muscles, les poumons vides et la gorge sèche. Rien que la texture de l’air sans laisser refluer le reste.
Pour autant, Jordane sélectionne dans sa mémoire ce qu’elle a appris à se cacher dans des coins sombres et humides, là où une lame à portée était un plus. Et qu’elle n’était jamais du bon côté de la gâchette d’une arme.
C’est pas mal. Un peu concis, mais t’as l’essentiel. Un sourire passe, sans fierté, rien qu’un brin d’amusement. ‘Un peu concis’, alors qu’elle s’étonne elle-même de la longueur de son listing… Si tu dois choisir une planque toi-même, jamais un rez-de-chaussée, et jamais de vis-à-vis avec les fenêtres. Un hochement de tête pour toute réponse, à songer aux quelques entraînements avec Margo. Puis viennent les trop longues minutes passées sur les toits de Poudlard, baguette en main, à shooter à distance des enfoirés qui n’auront pas même eu le temps de comprendre d’où la mort venait. Choisis un endroit avec de la circulation et des civils.  De nouveau, elle acquiesce. C’est là ce qui l’a déjà sauvée une fois. Si tu installes des caméras et des micros, il ne faut pas lésiner sur leur protection, pour éviter toute tentative de piratage ennemie.  Évident, mais hors de son champ d’habitudes. La Garde l’a toujours fait et avant ça, ce n’était simplement pas son problème. Qui aurait pu s’intéresser à elle ? Alors ses lèvres se pincent, agacée de ne pas avoir évoqué ces points elle-même. T’analyses le quartier où tu poses. Commerces de proximité, école, commissariat, lignes de bus, tout ce qui peut être utile. Tu repères des lieux sûrs pour transplaner dans le secteur. Du non dit : effectivement, quel que soit le lieu, Jordane s’assurera d’un moyen de fuite. Sinon elle ne connaîtrait pas les rames de bus ou les couloirs de l’université sans y avoir vraiment été. Pas tant la sécurité de la planque mais la sienne, donc. Et surtout, tu te prépares au pire.

Un sourire tord ses lèvres et tremble sous le souffle cynique qu’elle lâche sans réussir à le retenir. Il a raison, bien sûr et d’aucune manière Jordane ne sous-estime ces paroles. Pour autant une part d’elle ne peut s’empêcher de se demander quand elle ne se prépare pas au pire. Quand est-ce devenu une habitude si profondément ancré qu’envisager le contraire n’a d’écho que celui d’une mauvaise blague ?

“Noté.”

Elle aurait pu répondre l’une de ses cinglantes répliques ou seulement le toiser d’une insolente ironie un brin adolescente, mais Jordane se contente de ça. Dans le fond, elle écoute.
Elle observe, aussi. Assez pour noter les flingues et leur signification.

— Pour l’instant ? Pas grand chose. Ainsi que cette éviction caractérisée. A deux doigts de lui ressembler. Sans commenter, Jordane lève à peine un sourcil et le laisse poursuivre. — Mais j’ai plus le réseau de la Garde, et si tu bosses avec moi, tu pourras pas l’utiliser non plus… Séparation de l'église et de l'état ; c’est déjà acté. Alors je constitue mon propre réseau. Un filet de sécurité, si tu préfères. Je tiens pas à causer des noises aux Sups’ sans prévoir le coup avant.

C’est donc bien là son idée. Aldric reste sur sa ligne directrice, il ne cesse de s’attaquer à la bande de connards en lice pour le prix du régime le plus totalitaire depuis les années 1900 et… comme ça ? A deux ? Probablement pas. Rien ici ne l’indique, d’ailleurs.

— T’inquiète pas pour les armes. C’est juste une sécurité supplémentaire… Une sécurité qui fait naître chez elle une anxiété nouvelle. Les baguettes c’est une chose. Comme les lames ou ses poings, il ne s’agit que d’un outil usuel. Un gun, c’est différent.  Tu ne fais que la guerre, avec un flingue. Rien d’autre. Une inspiration brève et violente dans ses narines, pour chasser ces pensées. T’apprendras que face à un Sup’, un pistolet est nettement plus efficace qu’une baguette.
- Tu l’as déjà dit ouais.
J’écoute. J’ai pas forcément l’air ; pourtant c’est l’cas. J’écoute.
Pas un reproche, seulement un constat qu’elle énonce en contournant le canapé pour jeter un coup d’œil plus avant vers les armes. Ces dernières l’inquiètent… donc comme toujours, la sorcière s’approche de ce qui l’angoisse. “Connaître son ennemi”, quelque chose comme ça.
- Les appelle pas comme ça. Sups. Ils sont pas plus supérieurs à mon cul que n’importe quel autre connard. Les mots ont un sens, et même abrégé, le terme la dérange. Entre ses lèvres, ça se résume en “Suppos”, “trou duc’”, “raclure” et autres sobriquets.
Un coup de menton désigne les armes de poings, snipers et autres fusils. Pas d’armes de guerre, certes, mais c’est bien ce qu’on fait avec ce genre de calibres..
- ça se finance, ce genre de trucs... Et je doute que ce soit par la vente de poésie chez Emaus… Là aussi, rien qu’un constat marmonné. Sans le considérer, elle détaille le contenu du sac en posant une fesse sur l’accoudoir du canapé. Le regard sombre, concentré. Y’a un glock là-dedans… Une arme de flics, pas le genre qu’on trouve à tous les coins de rue, qu’importe le pays. Une arme revendue un certain prix au marché noir, notamment dans les milieux où les sorciers issus ou imprégnés des milieux moldus se font leur place au soleil. Les glock, comme les Sig Sauer ou autres armes de ce type (toutes identifiées et répertoriées, donc perdues ou volées à des flics) s’y revendent à prix d’or : quelques malfrats les utilisent pour lancer la police moldue sur de fausses pistes et ralentir certains trafics ou pointer le viseur sur quelques bandes rivales pour gagner du temps. Les sorciers sont alors soit les malfrats en question, soit leur fournisseur. Rien n’est évidemment légal, où que ce soit, mais la pratique est courante. Assez pour que Jordane en soit au fait.
Utiles, donc, pour détourner l’attention et gagner du temps.
Sa présence ne veut rien dire de plus que celle des autres calibres soigneusement entretenus :  tout ça vient de milieux craignos qu’elle n’a fait qu’effleurer quelques années plus tôt.

Les armes, les planques, le matos : tout ça se finance. Casser du connard, ça demande de l’oseille. Et l’oseille, ça se trouve par le sang, d’une manière ou d’une autre.
L’héritage ou la rue.

Elle redresse le regard sans en dire davantage.
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Jordane Suzie Brooks
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Sam 27 Jan 2024 - 15:48

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🙤 12 février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
Le regard est là. Inquiet, intrigué ; anxieux. La présence des armes change la donne. Confère à leur entreprise une autre dimension à laquelle Beck ne s’est pas forcément préparée. Les sorciers n’utilisent pas toutes ces armes à feu ; elles demeurent l’apanage des moldus. Les sorciers préfèrent avoir recours à leur baguette, qui agit comme une extension de leur corps, avec la magie qui est partie intégrante d’eux. Ajay a pensé comme eux, un temps ; sans doute quand il était encore gamin, quand il répondait sous un autre nom. A présent, sa sécurité passe par son pistolet, par les deux couteaux rangés à sa ceinture. Il ne jure plus que par ces armes moldues.

Au fond, peut-être qu’il aurait aimé, préféré, naître moldu. Loin des intrigues politiques des sang-purs, loin des impératifs familiaux des Teller. Il n’aurait pas possédé ce talent inné pour la légilimancie qui a fait de sa vie un enfer.

Ou peut-être qu’il aurait écopé d’autres travers, d’autres attentes toutes aussi terribles les unes que les autres. Ajay n’est pas naïf. La vie a beau être tranquille, idyllique même, à Cilaos, il sait à quel point la vie reste difficile, pour les sorciers comme pour les moldus. Il a assez voyagé, assez rencontré de visages en tout genre pour le savoir. Les difficultés ne sont pas les mêmes, les obstacles non plus, mais est-ce pour autant mieux ? Ajay aurait eu une autre vie, un autre étalonnage des souffrances et des coups durs à supporter, une autre morale. Tout aurait été différent. Rien n’aurait été comparable.

Et dans ce genre de situations, mieux vaut satisfaire de ce qu’il a, de ce qu’il sait avoir, et aller de l’avant. Se morfondre ne sert à rien. Rêver de ce qui aurait pu être est un boulet encore plus terrible que la culpabilité.

Tandis que Beck peine toujours à intégrer la logique des armes dans son esprit, Ajay poursuit son simulacre de rangement. Il s’affaire à donner vie à cet appartement, de quoi faire véritablement croire qu’un allemand vit ici, souvent absent à cause de son travail, parfois visité par sa sœur qui est à l’université de la ville. Les moldus disent souvent que le diable se cache dans les détails ; et sans doute n’ont-ils jamais eu autant raison.

— Et pourquoi pas ? Sa voix ne flanche pas. L’indifférence est au rendez-vous. Les Sups’. Le surnom leur va vraiment à ravir. J’ai jamais dit à quoi ils étaient supérieurs, puisque ils tiennent tant à cette soi-disant supériorité. Ajay en a trop vu pour se formaliser d’un simple nom. La Garde n’est pas mieux, à vouloir prendre ses racines dans l’héritage de Merlin et à se les jouer grands protecteurs. Et puis, “Sups”. Ça peut tout aussi bien dire “superflus”, ou “superficiels”. Ou “supérettes”, qui sait ? Vaut mieux prendre leur nom et le tourner en dérision.

Ajay ne compte pas se départir du surnom. De la sorte, il visualise l’ennemi, l’affuble d’un nom stupide et continue d’avancer sur le chemin qu’il se crée de toutes pièces. Un surnom stupide pour l’ennemi de son réseau informe. Pour un peu, il ne se prend presque pas au sérieux, mais ce sera justement sa force. Il ne compte pas reproduire les erreurs de la Garde, à se croire le bouclier de chacun. Il mène ses actions dans son action, avec une poignée de personnes de confiance - de relative confiance, plutôt.

Finalement, il délaisse les boîtes de conserve pour récupérer le sac d’armes. Etait-ce une erreur d’impliquer Beck ? Il a conscience de son potentiel, mais si elle patauge autant face à quelques armes de poing, elle ne fait pas le poids.

— Tu crois quoi ? Que je me dorais la pilule à Cilaos ? Ou encore à Port-Louis ?

Son regard se braque sur la gamine. Port-Louis. Là où elle lui a fait faux bond pour la première fois, là où elle a récupéré les papiers sont son nez.

— Ça fait des années que je mets de l’argent de côté. Pour ce genre de situation, justement. Les faux papiers, ça rapporte, peu importe le pays.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ven 2 Fév 2024 - 14:44
Inquiet ? Anxieux ? Non. Le regard n’hésite pas. Il a l’habitude d’être épié, de donner le change, d’assumer des choix qui tremblent parfois à l’intérieur.
C’est le cas ? Je tremble ? Non. Et c’est bien ce qui craint. Je prend la mesure du danger à venir non avec froideur comme j’aimerai savoir faire, mais avec un calme rugueux, quelque chose qui pue l’angoisse, c’est vrai, mais qui sent la rage bien plus fort. C’est comme ça qu’on déborde. Comme ça qu’je foire. J’le sais. J’ai peur oui, bien sûr, mais c’est parce que j’ai peur - de moi, des autres - que je me plonge dans ce qui pourrait me détruire.

— Et pourquoi pas ? L’indifférence m’agace et un instant, je ne comprends pas vraiment. J’ai jamais dit à quoi ils étaient supérieurs, puisque ils tiennent tant à cette soi-disant supériorité. Certes. Et puis, “Sups”. Ça peut tout aussi bien dire “superflus”, ou “superficiels”. Ou “supérettes”, qui sait ? Vaut mieux prendre leur nom et le tourner en dérision.
Suppôts. C’est et restera Suppôts. Estimons donc que c’est ce qui se cache derrière son abréviation.
Je réponds pas, hausse des épaules. J’suis pas là pour jouer avec l’étymologiquement des mots ou pour remporter des débats stériles. Ok. J’entends l’argument.
J’suis là pour savoir dans quoi je m’engage. Je sais ce qui traîne en périphérie de mes pensées. Ce que j’ai enfoui pour ne plus avoir à le poser sur la table. Les plaies du passé sont si lointaines qu’elles semblent appartenir à une autre vie. A une autre que moi.
C’est pour ça que tu changes de nom ? D’identité ? C’est plus facile ? Je sais que c’est plus facile.
J’penserai pas au premier gars que j’ai vu porter ce genre de jouets en dehors du club où j’allais ado. J’penserai pas au sang sur le bitume. J’penserai pas aux au regard vide de Sixten quand il s’est shooté le soir même, pour pas y penser lui non plus. À la texture de la seringue dans ma main, à ma lâcheté, au bruit de la télévision juste en dessous ou de la voisine qui se faisait tringler. J’penserai pas à ta gueule, à toi, ton regard d’aigle et la détonation qui devrait suivre la douleur dans ma chair. J’penserai pas à mon estomac qui s’est révulsé quand je tenais tes papiers, à deux kilomètres de là, en découvrant les plaies sur ma peau et la proximité de la mort. J’penserais pas au flingue qui était sur le bureau d’un type quand…
Nan, j’pense pas.

Bien sûr que j’ai peur. ‘Faudrait être con pour pas avoir peur. La peur c’est c’qui te maintient en vie quand le reste a foutu l’camp. Mais j’ai pas peur comme un enfant a peur. J’ai peur comme quelqu’un qui sait qu’il a une guerre à mener, qu’être debout à la fin n’est pas assuré… et qui sent ce truc en lui. Une excitation malsaine. Un goût du sale et de la crasse. Un goût du sang peut être. Le goût de la peur, surtout. De l’adrénaline, plus exactement.
Jamais dit que c’était sain comme comportement.

Mais ça toi tu l’sais pas. Comme je sais pas ce qu’il y a derrière le regard que tu me jettes.

— Tu crois quoi ? Que je me dorais la pilule à Cilaos ? Ou encore à Port-Louis ?
Ah.
Tu sais que c’est la première fois que tu fais ça ? Que t’assumes frontalement sans que ma vie ne soit sur le fil, cette rencontre qui a été notre première ? Ou peut être que c’est le cas, que ma vie est sur le fil. Mais j’crois pas. J’crois que je pose des questions et t’aime pas ça parce que toi non plus, t’as pas envie de penser. À ce que tu étais.
Pourtant, là, t’y fais référence. Derrière les deux canons de flingue que tu me braques dans la gueule et qui font office de pupilles.

— Ça fait des années que je mets de l’argent de côté. Pour ce genre de situation, justement. Les faux papiers, ça rapporte, peu importe le pays.

C’est donc ça ta came ? Les faux papiers ?
Ça change des dealers et des putes. J’sais pas si c’est mieux cela dit, mais t’as lâché des infos, finalement. Comme quoi tout est possible.
Et tu me lâches pas de ton air inquisiteur.

Une demi-fesse sur l’accoudoir du canapé, les épaules lâches, le visage de biais je t’observe un instant. T’as forcément encore des contacts. Sans doute des merdes au cul, assez pour faire cramer l’identité d’Aldric je-ne-sais-quoi. Des concurrents ? Les flics ? Des clients mécontents ? Ou des adversaires des dits clients qui remontent ta piste ? Ça peut venir de plus loin, d’anciennes affaires ou de trucs de famille. Est-ce qu’on tombe là-dedans comme ça ou est-ce qu’il faut y être trempé depuis le début ? Va savoir. C’est pas moi qui poserait la question. C’est surtout que ça te regarde. Je connais juste trop la sensation d’un piège qui se referme sur moi pour avancer à vue.

- Arrête de râler. Tu m’excuseras de vouloir savoir dans quoi je mets les pieds.
Pas une demande, ni un ordre. C’est dit avec le même ton grinçant que j’ai si souvent, sans même chercher à échapper aux billes sombres de ton regard. T’as de quoi en faire plier pas mal avec cette gueule-là. J’attends pas la suite, et me redresse.

- Bon ! Sécuriser les planques du coup ? Tu me fais un bilan sur la situation ou j’le devine dans ton r’gard de braise ? Un sourire passe, en coin. Ouais, j’me moque. Ah, et concernant tes jouets, si le but c’est que je m’en serve en cas de besoin, va falloir assumer ton côté donneur de leçons et m’en faire une ou deux.” Là encore, c’est dit avec un ton aussi dégagé qu’affirmé. Une note de jeu dans le fond de la voix ; pas que je prenne quoi que ce soit à la légère, simplement une habitude.
Tu comprendras vite que j’y suis pas complètement étrangère, au tir, je le sais. Mais ça, j’ai aucune envie de l’aborder. Ni les cours pris à l’adolescence dans un stand de tir, qui n’ont évidemment jamais servi avant les quelques séances d’entraînement avec Margo à la Garde. Toujours des armes de poing. Quand aux cours que je devais donner à Sanae… tombés dans l’oubli depuis l’embrouille.
J’ai surtout la décence de connaître mes limites. De savoir que t’as des trucs à m’apprendre. Ya des calibres là-dedans que je ne saurais pas manier - titre ; titre chiant mais titre quand même - et tout skill est un skill à prendre.
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Jordane Suzie Brooks
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Lun 19 Fév 2024 - 13:53

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 ft. @Jordane Suzie Brooks
Quelque chose se casse, entre eux. La fluidité de l’action se fracture. La volonté et les beaux idéaux se fracassent contre le mur de la réalité. C’est bien joli de vouloir lutter contre les Sups’, contre tous ces sangs-purs qui pètent plus haut que leur cul, mais sans moyens, ils n’arriveront à rien. Certains ont bien tenté de les agresser à coups de belles paroles, mais Ajay doute qu’ils soient encore de ce monde. S’ils ne prennent pas les armes, il ne restera plus rien à terme, et surtout, Ajay ne compte pas s’engager sur ce chemin sans un minimum de sécurité. Il en a de toute façon trop vu pour craindre de se salir les mains ; les siennes sont tellement noyées dans le sang depuis des années qu’un peu plus ou un peu, il ne verra aucune différence.

Mais Beck ? A-t-elle seulement déjà tué ? Pas par accident, pas par légitime défense, contrainte par la situation qui s’est emballée avant qu’elle ne puisse réagir autrement - mais bien délibérément. Peut-être est-ce là le problème, au fond. La faille qui les sépare, qui pousse à cette incompréhension qui jaillit avec ces armes à feu. L’appartenance à deux mondes différents ; la gamine qui tente de se débrouiller, quitte à parfois tremper dans des affaires un peu louches, et l’homme qui est né dans les affaires retorses et qui n’a jamais su faire sans.

Au fond, la vie tranquille à Cilaos, Ajay a toujours su que c’était un mythe. Une illusion chatoyante, des plus agréables dans son quotidien, mais un mirage qui disparaîtra trop ou tard. De la même manière que toutes ses identités tissent des liens avec la criminalité, il est incapable de tourner le dos à ses vieilles habitudes, à qui il est véritablement.

Tandis qu’il poursuit son rangement, Ajay garde un œil sur Beck. Au moins, elle ne se liquéfie pas. Elle prend le temps d’analyser, de se poser aussi pour ne pas s’emballer inutilement, tout comme elle reconnaît ses propres failles. Bien. Elle reste lucide, admet ses lacunes ; elle confirme le potentiel qui est le sien.

— Je t’emmènerai sur des terrains vagues pour t’apprendre.

Avec la Garde, Beck connaît sans doute les bases, mais Ajay compte pousser l’entraînement plus loin. Pour autant, il ne développe pas davantage sur les ‟leçons” qu’il prévoit ; il ne la prévient pas des mises en situation réelles qu’il envisage. Apprendre à tirer, c’est bien joli, mais apprendre dans un cadre bien sécurisé ne garantit pas d’être capable de transposer ses connaissances lors d’un vrai combat.

— Pour l’instant, y a pas grand chose à savoir. Je constitue notre filet de sécurité. Des planques, à droite à gauche - Angleterre, pays d’Europe, mieux vaut pas se limiter. J’accumule les ressources. Vivres, argent, armes, faux papier… tout ce qu’il faut pour affronter les Sups mais aussi disparaître du jour au lendemain si la situation l’exige. Je recrute, aussi.

Ajay coule un regard vers Beck ; elle est la première, mais pas la seule. Parce qu’attaquer les Sups, c’est déjà une idée pourrie, mais à deux ? Il n’est pas suicidaire. Il tient à se battre, gagner, et survivre - idéalement.

Et si Ajay est plutôt un solitaire, à se contenter de ses connaissances paisibles de Cilaos, Aldric n’a toujours pas dit son dernier mot. A croire que cet idiot est increvable.

— Et une fois le réseau constitué et solide, on pourra passer à l’offensive. Glaner des infos sur leurs actions, les saboter, ce genre de choses.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mar 27 Fév 2024 - 10:36
La fluidité qui ripe, le risque de décevoir ce regard sombre qui me fixe dans ce que j’interprète comme une possibilité de doute… J’le vois tout ça. J’le vois, mais si je sais que ton problème pourrait devenir le mien si j’ai l’erreur de décevoir un mec comme toi.. Là pour l’instant, ça reste ta merde.
La vérité, c’est que j’ai des souvenirs qui remuent sous la surface et que je repousse le plus loin possible sans leur donner corps. J’ai pourtant l’odeur du fer dans le nez, la texture du métal contre ma joue et un goût âcre dans la bouche. J’ai peur, ouais c’est vrai. Une angoisse que j’admettrai pas et que je ravale à chaque mouvement, chaque regard et chaque prise de parole. C’est stupide, d’avoir peur d’un truc du passé. Ça l’est d’autant plus que le monde moldu n’est pas pire que le monde magique. Et que les armes à feu comme les armes de poing ne font pas plus de dégâts que la magie.

Ça fait pas sens. Et puisque j’aime pas être esclave de la peur qui me noue les veines, je repousse tout ça comme je me redresse hors du canapé. Pas que je lui fasse confiance, pas que j’oublie à quel point j’ai pu déboucher en enfer quand ce genre de jouets entraient dans l’équation. J’sais pas si je suis inconsciente, si je me fais confiance ou si je pense juste que je saurais gérer.
Je suppose que j’ai plus seize ans. C’est surtout ça.
Qu’il y a des abysses qu’il convient de ne pas regarder trop longuement.

Cet assentiment, c’est celui de ne pas tout à fait savoir dans quoi il trempe mais d’avoir assez effleurer la surface pour en avoir une idée qui me suffit. C’est aussi que je suis plus solide face à ce que sont ceux qui s’appellent Supérieurs que ce que la crasse des milieux les moins fréquentables a à m’offrir. Je m’attends surtout à ce que le reste de ses emmerdes finissent par le retrouver. Je doute qu’il ai quitté la Garde à cause des “Sups”, ça se limite à ça.

— Je t’emmènerai sur des terrains vagues pour t’apprendre.

Je hoche de la tête, me remet au boulot, lâche un assentiment. Ca marche. Dans ma langue, c’est même un remerciement. Mais je ne m’y attarde pas et me met à ranger à sa suite, en l’écoutant reprendre.

— Pour l’instant, y a pas grand chose à savoir. Je constitue notre filet de sécurité. Des planques, à droite à gauche - Angleterre, pays d’Europe, mieux vaut pas se limiter. J’accumule les ressources.   J’m’attendais pas à ce qu’il ait tant de ressources. Et je sais dans quel milieu je l’ai rencontré la première fois. Alors oui, naturellement, je m’attendais à frayer de nouveau avec des activités que je n’ai fait que frôler en étant jeune. Je m’y suis déjà assez abîmée, c’est vrai. Mais j’étais déjà prête à y replonger jusqu’à la gorge. Il n’en évoque rien, c’est donc rassurant. Je recrute, aussi.

Ce regard, je mets un moment à le capter, occupée à faire le tri, rassembler de quoi constituer une “trousse de secours”. Il me surprend mais je n’y répond que d’un sourire. J’ai l’air de lui demander s’il me croit jalouse au point de lui taper un scandale à l’idée qu’il y en ai d’autres que moi et cet échange, tout en silence, me fait sourire d’autant plus.

— Et une fois le réseau constitué et solide, on pourra passer à l’offensive. Glaner des infos sur leurs actions, les saboter, ce genre de choses.
Nouveau sourire, plus mordant. J’aime quand un mec me dit du sale. Millième degré.
Et jamais il n’a évoqué de techniques glauquaces de ramener de la tune.

Bon.

On avance, donc.

Pieds à plat en contact sur le lino tiède, j’attache les boucles brunes qui me dérangent et me mets au boulot. Petit à petit, on convient de ce qu’il y a à faire. Répartir les ressources, en planquer dans cet appartement là, s’assurer d’avoir des armes, de la bouffe, de quoi se soigner à portée de main. On passe tout ça en revu ; les sorts, les accès, le verni extérieur pour faire passer tout ça pour un appartement tout ce qu’il y a de plus normal.
Par moment, je songe à “ces autres”. Ceux à qui il faudra apprendre à faire confiance, alors même que rares sont ceux qui ont gagné la mienne au sein de la Garde. Je songe à ce qu’on m’y reproche, à cette dernière année passée à perdre tant le compte des missions que des morts. J’parle pas et mon air goguenard a disparu. Pas par crainte, replis ou anxiété, juste parce que concentration et efficacité ont pris le dessus.
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Ven 1 Mar 2024 - 11:32

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🙤 Février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
Savoir rebondir, s’adapter à la nouveauté, peu importe le choc qui secoue les appuis. Ajay sait que Beck en est capable. Il l’a déjà vue faire ; il suffit simplement de lui donner cette petite impulsion, cette confiance que lui refuse la Garde depuis trop longtemps. Et Beck le lui prouve encore. Le trouble s’étiole ; elle le chasse, se redresse, et va de l’avant. S’enfermer dans la peur ne rime à rien. Elle s’adapte. Prend le temps de considérer la situation dans laquelle elle met les pieds, analyse et agit. Elle ne reste pas les bras ballants. Sans qu’elle ne le lâche, et malgré cette brève rupture, elle confirme l’intuition d’Ajay. A aucun moment il ne regrette de lui avoir tendu la main, de lui avoir proposé de travailler avec lui.

Du coin du regard, les mains toujours dans le rangement, il observe Beck qui s’investit à son tour. Elle s’adapte, prend les choses en main. L’initiative la guide, la compréhension dans les pensées. Elle constitue une trousse de secours, rien d’exceptionnel, rien d’étonnant dans une maison, mais qui peut toujours être des plus utiles pour une planque. Mieux avoir des compresses et du désinfectant à portée de main que rien du tout.

Puis la répartie de Beck le surprend. Lui arrache finalement un sourire amusé. Le rire léger n’est pas loin.

— J’en ai encore en réserve.

Le regard entendu, qui poursuit cette plaisanterie douteuse d’un œil extérieur, toujours avec le sourire, avant le retour à la concentration.

A deux, même sous couvert de l’apprentissage, ils avancent vite. La planque prend forme, se dissimule dans les ombres d’un appartement allemand des plus typiques. Ajay égrène ses conseils, pointe ici et là des dangers à anticiper, enseigne à Beck ce qui lui manque pour gagner en autonomie. Plus d’une heure s’écoule ainsi, à ne parler que de la planque et des précautions à prendre ; plus d’une heure où la jeune femme lui prouve une fois de plus tout le potentiel brut dont elle recèle.

Lorsque son téléphone sonne, d’autres affaires l’appellent, des affaires dans lesquelles il ne compte pas encore embarquer Beck. Chaque chose en son temps. Il n’oublie pas son appréhension à l’égard des armes à feu, alors autant la ménager, tant qu’ils le peuvent. Ils ne jouent pas contre la montre, donc autant ne pas se précipiter.

Tandis qu’Ajay verrouille l’appartement derrière eux, il se tourne vers Beck.

— Je te recontacterai.  

◈◈◈

20 février

Il aurait voulu la recontacter plus tôt, poursuivre plus rapidement, mais sa rencontre avec Alec a quelque peu chambardé tout son emploi du temps. Il a opté pour le silence radio, tandis qu’il affrontait les démons de ses pensées, incapable de trancher sur le choix à faire.

Il a pensé, un temps, abandonné. Disparaître à nouveau, laisser Beck derrière une fois de plus. Il a sérieusement considéré l’option - la plus sûre, qu’il s’est répété dans ce bureau les premiers jours. Retrouver l’habitude, jeter les dés, adopter un nouveau nom, puis disparaître encore. Jouer les ombres sur les murs, comme il le fait depuis des années.

Il en est même venu à penser qu’il n’aurait jamais dû proposer à Beck de travailler avec lui. Il aurait dû la pousser dans le ravin. Au cœur de la nuit, à Cilaos, tout le monde aurait pleuré la mort d’une touriste irresponsable. Personne n’aurait deviné la tragédie.

Mais il n’en avait rien fait. Même maintenant, il n’en fera rien.

C’est une certitude.

◈◈◈

23 février, au soir

‟J’ai récupéré les clefs de la nouvelle maison ! Mais je ne peux pas t’aider pour le déménagement, tu crois que tu peux t’en occuper ? Je m’occuperai des courses !

PS : pense à me faire une liste pour les courses.”


Le message est simple, clair ; bourré de sous-entendus. Un autre texto suit le premier, avec des indications pour trouver les clefs et l’adresse de la maison. Rien de bien extravagant, rien d’alarmant pour un œil non averti. Seulement un échange entre un frère et une sœur, des faveurs gentillettes au nom de l’entraide familiale.

Le sous-texte, en revanche, implique des responsabilités et une confiance nouvelle, qui détonnent avec leurs précédents échanges. Aldric a peut-être souhaité ménager Beck, mais il ne compte pas non plus lui mâcher le travail. Si elle compte travailler avec lui, elle doit apprendre et se débrouiller par ses propres moyens. La dernière fois, il lui a montré et dispensé des conseils pour sécuriser une planque ; à présent, il est temps qu’elle mette cet enseignement en pratique.

Aldric a déjà réalisé une partie du travail, celle qu’il ne lui a pas appris. Il a déjà choisi la maison en fonction des services aux alentours - ou plutôt, l’absence de services, ayant cette fois choisi une maison perdue au milieu de la campagne - et fait les démarches pour l’acquérir. Il séquence l’apprentissage de Beck, tout comme il ne place pas tous ses œufs dans le même panier. Pour l’instant, il garde la main-mise sur les finances de son réseau - ce pourquoi il s’occupe des ‟courses”. Autrement dit, il apporte ce que Beck ne peut pas se fournir, à savoir les armes.

Pour autant, il a beau se charger des courses, il lui laisse le bon soin de la liste ; qu’elle se débrouille un peu pour savoir ce dont la planque a besoin.

Aldric la teste. Il teste ses réflexes, sa jugeote, sa capacité à retenir les conseils, et à improviser s’il lui manque quelque chose. Sa capacité aussi à questionner - pourquoi une maison au beau milieu de la campagne, avec la supérette la plus proche à plus de dix bornes ? Pourquoi une maison, alors qu’il convient d’éviter les rez-de-chaussée ?

Aldric ne sera pas toujours derrière Beck pour couvrir ses arrières ; il tient à ce qu’elle ait les bons réflexes le jour où elle devra se débrouiller seule.

◈◈◈

26 février, début de soirée

— Franzë ! Je suis arrivé !

Aldric frappe contre la porte d’entrée, les sacs de ‟courses” posés à côté de lui sur le perron. Il a garé la voiture devant le garage. De l’extérieur, la maison ressemble à celle d’une famille allemande aisée, qui a choisi de s’installer à la campagne, à quelques vingtaines de bornes de Bayreuth, pour profiter de la verdure et du calme, avec un grand jardin pour avoir un chien ou deux à l’avenir. Aucun vis-à-vis, une haie drue en guise d’enceinte qui s’élève à plus de deux mètres. Pour jeter un œil à la maison, il faut le vouloir.

— Tu viens me donner un coup de main avec les courses ?
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Jeu 7 Mar 2024 - 22:14
Déposer les cartons, ouvrir les fenêtres, mettre la musique, fermer le portail. Attacher les cheveux sombres et bouclés, resserrer les baskets blanches immaculées, ajuster le petit gilet sans manches façon blazer et le foulard de trois tours autour de son cou. Ne pas penser aux circonstances dans lesquelles elle a reçu le texto d’Aldric, quelques jours plus tôt, en planque pour la Garde. Ouvert bien après que la mission ai mal tourné.
Je repousse la frange en essuyant mon front et inspire. Cette vie là se doit d’être tenue à l’écart. Ne pas croiser les mondes. Tout à sa place. Ça a toujours été un peu comme ça depuis ma fuite des squats londoniens. Ou depuis que je m’y suis pointée d’ailleurs. On quitte un lieu et on laisse les visages derrière soi. On y laisse ses brouillons de soi. Ces tentatives foirées. Ces reliquats d’une personne qu’ils ne connaîtront jamais vraiment. J’ai jamais changé de noms comme j’le fais là, pour des raisons pratiques. Mais l’idée a toujours été la même. Demi-tour, sans se retourner.
Ça fait cinq ans que ça foire et plus le temps passe, plus j’ai l’impression de créer des vies qui se télescopent. Plus encore, même, depuis qu’Aldric a ressurgit. Comme s’il initiait un point de bascule.
J’en chasse l’idée en faisant demi-tour dans l’allée quand je m’arrête. Mes talons crissent dans les gravillons : derrière moi le portail s’est arrêté en cours de fermeture. Je râle. Jure. En allemand. Un mois que j’ai dans les oreillettes des bouquins en allemand avec ses conneries de Bavière à lui !
J’y retourne. Le battant grince sans bouger. Le moteur tourne dans le vide.
Je m’y accroupis, manipule les bras métalliques et replace du poignet les écouteurs dans mes oreilles - pas de casque, comme ce que je porte, moi. Franze tient à ses boucles - et esquisse une grimace. Pas bien compliqué à réparer. Mais j’avorte l’idée de m’en occuper et me contente de repousser le second battant pour refermer le portail à la main. Pourrait-on m’observer d’ici ? A la ronde, des champs, des moutons, un champ avec un vieux cheval qui n’a sans doute pas vu autre chose que les bordures électrifiées depuis un moment, et une vieille maison défraîchie du voisin… tout aussi défraîchis. Une large bordure de haies. D’autres voisins un peu plus loin. Et moi qui me suis démerdée pour m’assurer d’arriver sans que personne ne me voit. Comme si j’étais arrivée la nuit.

Je me retourne, fixe l’un des grands arbres qui bordent les champs non plus. Tique. De là-haut, on peut avoir vue sur la maison.

Jardin fermé. Je rentre. Sur la petite tablette dans l’entrée, coincée entre deux poutres porteuses, traîne mon sac vert émeraude. Celui qui ne me ressemble pas et dans lequel traîne en vérité ma sacoche. Celle de cuir clair, limée depuis les années, que je balade partout depuis mes quinze ans et qui renferme, surtout, ce que j’ai toujours considéré comme un kit de survie.

L’idée c’est d’appliquer ce que j’ai mis en place dans ce tout petit espace, mais partout autour de moi.

Alors les heures, puis les jours qui passent, je m’y attable.

Je mets en place des trousses de secours en plusieurs endroits accessibles de la maison. Avec elles, d’autres trucs. De quoi distraire, nourrir, soigner. Le genre de coups de pouce que je balade depuis des années, au fil de mes découvertes. Métamorphoses obligent - ou simples bidouilles - je m’arrange pour les rendre accessibles.
Commence le rangement.
Ensorcelle certains tiroirs pour permettre d’y planquer le nécessaire. J’y mets quelques potions, du dictame, de la gaze, des pansements.
Puis quand mon stock se tarit, je passe au reste. Aldric apportera ce qu’il manque. J’ai pas la tune, frère.
Le reste, donc.
La cave communique avec une ouverture extérieure, une trappe que je m’occupe une nuit de rendre fonctionnelle. Sécurisée. Un lieu de fuite, pas un lieu d’entrée.

Le 26, quand il arrive, il y a un récap des choses à savoir dans le quartier.
Planqué dans un bouquin de recette abandonné avec d’autres livres du même genre. Papier ensorcelé ressemblant à une recette notée à la main, comme toutes les autres dans les autres bouquins. Tous achetée dans une foire-à-tout à distance plus que raisonnable. Même écriture.

Des moustiquaires aux fenêtres.
Justifiées par la présence d’une marre non loin - ensorcelées au préalable. J’ai aucune idée de ce qu’il a en tête. Mais en campagne, tout le monde connaît tout le monde. La moindre lumière allumée à un horaire étonnant sera notifiée par les commères du quartier. Il a peut être en tête des trucs que j’ignore. Auquel cas il faut que les lieux aient l’air le plus normales possibles et fonctionnelles en cas d’attaque. Clairement pas le plus simple ici. Pouvoir monter et abaisser les moustiquaires permettra d’empêcher qui que ce soit de voir à l’intérieur. Idem pour l’isolation phonique.

Une haie véritablement impénétrable.
J’ai fais le tour du jardin, comble les trous dans la haie, les quelques thuyas morts ou  à la base trop clairsemée à mon goût ; entachant le bel hermétisme de l’enceinte. D’ici une semaine, il n’y aura plus une ouverture.

Une cache à l’arrière de la cheminée, dans l’alcôve de briques.
Pour ça, j’ai galéré. Mais elle fonctionnelle et je manque de sommeil.


— Franzë ! Je suis arrivé !

J’écrase un bâillement et me relève.
— Tu viens me donner un coup de main avec les courses ?
Les fringues de mon arrivée ont été troquées par celles, plus basiques, de la nana qui emménage depuis deux jours. Les cheveux enroulées dans une pince à cheveux. J’lâche pas le rôle. Le sourire, l’accueil joyeux, la main qui vole sur son épaule et glisse dans son dos tout en lui faisant la bise, sur la pointe des pieds, comme si je n’étais pas consciente de mon propre mètre quatre-vingt.

- ça a été la route ? Talons au sols, je chope l’un des sacs au passage. Oh tant que j’y pense, t’as dû voir, le portail déconne, j’crois qu’il y a un mauvais contact quelque part !
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Jeu 14 Mar 2024 - 22:02

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Alors qu’il attend l’arrivée de Franzë, Aldric jette un coup d’œil au jardin, comme le frangin qui admire les aménagements entrepris par sa sœur en seulement deux jours. Il note la présence des ajouts moldus, les ajustements faits dans la haie pour la transformer en un véritable mur de défense, aussi des protections sorcières qui enveloppent les lieux. Pour l’heure, Beck parait ne rien avoir laissé au hasard, et surtout, d’avoir pris en compte ses enseignements auxquels elle a ajouté sa propre jugeote. Et c’est exactement ce qu’Aldric attend d’elle. Il ne tient pas à ce qu’elle attende les bras ballants que les informations lui tombent tout cuit dans le bec ; il veut qu’elle se prenne en main, l’assurance et la confiance dans les gestes. En dépit des énormités proférées par la Garde depuis des mois, Beck est tout aussi capable que n’importe quel autre membre de la Garde, voire davantage. Elle a de la suite dans les idées, a du répondant, sait s’adapter.

Et même si Aldric n’a jamais pu faire valoir cet argument auprès de la Garde, ce n’est pas donné à tout le monde de le surprendre comme Beck l’a fait sur l’Île Maurice.

Franzë apparaît sur le perron, rayonnante, le sourire tant sur les lèvres que dans la voix. Elle joue son rôle à la perfection. Il est devenu une seconde peau qu’elle enfile aussi simplement qu’une paire de chaussettes. Aucune fausse note ; seulement des accords mélodieux qui ont le sens du détail.

Aldric - Dietrich - lui rend son accueil fraternel sans l’once d’une hésitation ; le sourire, l’étreinte, la bise.

— Des bouchons en sortant de Bayreuth, comme d’habitude à cette heure.  Puis le regard vers le portail, toujours le sens des détails. Oui j’ai vu ça, j’essaierai de jeter un œil. Mais demain, je suis crevé.

Il attrape le dernier sac, puis suit Franzë à l’intérieur de la maison. La porte se referme, les moustiquaires ensorcelées recouvrent les fenêtres, et les masques tombent. Le sac au sol, Aldric entame son inspection des lieux, l’œil aguerri aux aguets.

— Des problèmes en particulier ?

Sans un autre mot, il attaque sa visite par les chambres. Il inspecte la décoration, les meubles, les placards, fouille pour dénicher les planques et ajouts inventés par Beck. Il l’interroge parfois, pour qu’elle lui explique ce qu’elle a fait dans le détail, mais il ne commente rien. Pas une seule appréciation, pas une seule critique. Il emmagasine les remarques en son for intérieur sans piper mot ; une façon comme une autre de la tester, de sonder sa résistance au stress et à l’incertitude.

Après les chambres, la salle de bains, puis le bureau et le dressing, et ensuite la cave. Il réprime un sourire face à l’aménagement de la trappe ; une échappatoire et non un moulin. Comme il l’a dit à Leslie un peu plus tôt, Beck a fait ses preuves, et elle continue de les faire. Elle sait faire preuve de jugeote, chose assez rare au sein de la Garde.

Une fois la cave inspectée, il regagne le salon et sa cuisine ouverte, termine son étude intensive des lieux. Encore une fois, Aldric conserve le silence. Il garde un œil sur Beck tandis qu’il ne commente pas son travail de ces derniers jours. Puis il désigne les sacs.

— J’ai apporté le reste.  Les armes. Le matériel informatique, celui de surveillance. Les quelques bricoles qu’il manquait et que Beck lui a notifié avec sa liste de courses. Tu sais où tu veux les installer ? Comment tu veux les installer ?

Qu’a-t-elle prévu dans ses plans d’aménagement de la planque ? A-t-elle su s’adapter avec ces éléments qui l’ont mis mal à l’aise l’autre jour, ou qu’elle n’a pas l’habitude de gérer ? Il a noté aussi la fatigue qui marque son visage ; ces derniers jours ont été intenses pour elle, et elle lui donne l’impression qu’elle a essayé de se surpasser pour répondre à ces exigences. Pour réussir ce baptême du feu.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mar 19 Mar 2024 - 22:45
— Des problèmes en particulier ?

La fatigue tire mon dos et mes muscles. Elle se répand dans mon cou où chaque fibre me semble renâcler au mouvement. La fatigue. Ça a toujours été un état d’entre deux eaux. Une sensation qui appelle au décalage. Un sentiment familier, rassurant. Le genre dans lequel deux gamins assassinés n’ont pas tout à fait leur place, pas plus que les guerres à venir, les occasions manquées, les relations détruites et les décisions du passé. Un besoin d’immédiateté qui se cristallise dans ces petites tensions du corps et des nerfs quand l’organisme manque de sommeil.

- A priori non.

Mes épaules reviennent vers l’avant. Mon menton se relève avec davantage d’impertinence que n’en aura jamais Franze et sa jovialité nauséeuse. Pas que je cherche à l’être, impertinente. C’est bien au contraire la pertinence que je cherche depuis quelques jours. L’impression d’être sur tous les fronts fait du bien. D’être ici et ailleurs. Mais ici, surtout. Loin de toi, loin de Jordane et de ses échecs.
Sa distance me rassure. Elle contraste avec la familiarité tendre du frangin qu’il joue quand la porte n’est pas encore fermée. Rend cette dernière plus aisée. Ironique même, amusante. Les masques et leur facilité à tomber ont quelque chose qui me plaît. Quelque chose d’assumé avec lui, qui n’avait jamais eu lieu où que ce soit d’autre.
J’ai souvenir de quitter Londres, les marques des impacts de Sixten sur la peau, la gorge encore brûlée des exigences d’hommes dont j’ai plus dans la mémoire rien d’autre que la nausée constante de cette époque. Je me revois devant le miroir d’une boite, en Pologne. Un truc en sous-sol, là où la barrière de la langue m’isolait de l’univers autour de moi. Les mèches qui tombent les unes après les autres dans l’évier et l’impression de pouvoir, ici et si loin de tout, couper court aux dernières heures passées à Londres.
J’enfonce mes mains dans mes poches et redresse le regard à l’une de ses questions. Le tour des chambres passe sans que ni l’un ni l’autre ne prenions le temps de nous attarder sur ce qu’on est l’un et l’autre. Il pose le regard sur chaque meuble, observe de son œil inquisiteur chacun des arrangements que j’ai fait. Des lampes choisies de part et d’autre d’un lit à large édredons d’un style que j’ai jamais vu ailleurs que chez une grande tante éloignée. L’inspiration du passé, sans rapport avec le présent.
Que mes réponses à ses questions plaisent ou dérangent, Aldric n’en montre rien et je laisse couler ce silence. A peine prête-t-il attention à moi. Là aussi, ça me va. Concentré, il ne s’attarde pas plus sur le regard que je laisse couler sur cet air de prof bourru qu’il se forge pour l’occasion. J’y cherche signe non pas de validation mais d’assentiment. J’ai combiné ses conseils avec les souvenirs qu’il me reste de la rue. Pas certaine que les habitudes de camés et de paumés soient les meilleures qui soient. Pas certaine de vouloir y songer.
Lorsque ma main passe sur ma gorge, j’intègre mon geste avec agacement et en ramène la paume sur ma nuque pour y masser les muscles douloureux. Nouvelle réminiscence du passé. Retour des mains dans les poches, réponses factuelles, coup d’œil aux planques dans le dossier du lit.
Ravie de sortir des chambres, on passe dans les salles de bain, puis le dressing, le bureau. Puis la cave. J’y garde le regard fixe, balaye un instant les ustensiles laissés sur place. Rien n’est parfait encore mais je n’ai pas chaumé, c’est une chose certaine.
Toujours le silence.

Je remonte le regard vers son visage de rocaille. Attend une info, un retour. Mais de nouveau, il reste de marbre et se détourne sans ne m’accorder autre chose que des questions froides.
En d’autres temps, ça m’aurait énervée. Mais j’ai la froideur minérale acquise à la Garde. J’ai la distance que trop d’hommes m’ont enseignée. Si ça te plaît pas, ça me va. C’est d’ailleurs une sensation qui me fait du bien. Loin de l’affect développé auprès des proches, des amis, de ces gens que j’aurai d’ordinaire largué depuis longtemps. Loin des attentes.

Mes pieds foulent le carrelage passé de la cuisine quand Aldric remonte un œil sur moi. Je sais, pourtant, je vois les marques du jugement mutique. Il coule au loin.

— J’ai apporté le reste.   D’un geste, le sorcier désigne les armes dans le sac abandonné dans le salon. Tu sais où tu veux les installer ? Comment tu veux les installer ?
- T’as une planque derrière la cheminée. Ignifugée et tout le reste. Position centrale dans la maison. Idem en cuisine. Cave, chambre. Les lieux isolés de la maison qui empêchent le repli. De quoi se réapprovisionner en cas de besoin, faciles d’accès mais invisibles. Du moins dans l’idée.

Mon regard s’y perd une seconde. Des flingues dans un cabas en plastique. Assez loin de l’univers dans lequel je l’ai rencontré, et pourtant si proche. Assez loin, surtout, de ce que cette vue fait ressurgir en moi. La sensation d’un canon sur la joue, les ordres en russe qui tonnent et le carrelage râpeux et froid sous les genoux.
Je redresse les yeux, trouve un instant ses prunelles si sombres.

T’as quoi toi, comme réminiscence de tes vies passées ? Pourquoi Aldric et les autres en sont passés par un incendies pour te permettre de mettre un pas devant l’autre ?
Ou alors il n’y a là que des projections à la con de ma part.

- Il y a un puits dehors ; je reprend. Derrière la maison, dans le verger, en accès quasi direct par la cave. Ça peut être un bon endroit si on en gère bien l’accès. Tout le jeu c’est que ça ne puisse pas servir à l’adversaire.

Un nouveau bâillement me prend par surprise et j’attends qu’il soit passé pour reprendre ; “J’ai repéré quelques lattes mal foutues dans deux chambres. Faudra étudier les plans, ya peut être moyen d’un faire une cache à taille humaine avec quelques sorts. Et au pire, de quoi planquer ne serait-ce qu’un nécessaire de soin, une lame et l’un de tes jouets, ça se prend.”

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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Mer 20 Mar 2024 - 15:54

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Derrière lui, Beck ne cille pas. Elle encaisse l’absence de remarques, ne succombe pas à l’impatience ou au stress. Elle reste droite, imperturbable en dépit de la fatigue qui creuse son visage. Elle se montre forte, et c’est exactement ce qu’Aldric attend d’elle - ce qu’il a toujours imaginé d’elle. Une femme solide, capable de beaucoup à condition de lui laisser sa chance, voire de lui donner un petit coup de pouce pour ragaillardir son estime de soi. Chose que la Garde persiste à ne pas lui accorder. Aldric a peut-être accepté qu’elle continue d’opérer avec la Garde en parallèle, mais à ses yeux, elle perd son temps. Et si la Garde ne la fait pas tuer, il ne sait guère à quoi il tiendra ce miracle.

Sa mort lui fera mal. Il le sait. L’a accepté, en endossant à nouveau le nom d’Aldric. Il a accepté s’être attaché à cette bande de chatons errants, d’être là à leurs côtés en cas de coup dur ; de ne pas les abandonner lorsque le danger se fera sentir. Cette fois, il a accepté de rester en dépit des menaces qui planent au-dessus de sa tête. Comme le libraire avant lui, il fait fi de ces périls pour tendre la main, mais à la différence du libraire, il sait dans quoi il s’engage, et surtout, il a les armes pour répliquer.

Alors il forme Beck, sous prétexte de leurs futures activités. Il lui enseigne des bases essentielles, consolide ses acquis pour lui permettre de survivre, quoi qu’il advienne. La Garde peut s’effondrer, les Supérieurs peuvent frapper, ou Rossignol peut surgir des ombres, il lui apprend à survivre quoi qu’il arrive. Elle ne sera pas démunie. Elle a le potentiel pour s’en sortir, et Aldric s’efforce de le faire briller, comme un joaillier façonne la pierre pour la transformer en un joyau rutilant. Pour l’instant, il lui apprend l’art des planques, et il ne compte pas s’arrêter là, mais chaque chose en son temps.

Cette fois, Beck ne panique pas au sous-entendu des armes. Son regard dévie sur les sacs en plastique, des sacs de courses pour le commun ignorant, mais elle ne se fige pas. Elle n’est pas encore à l’aise, pas totalement, mais elle accepte petit à petit l’idée. Elle l’intègre peu à peu, ne l’a pas oubliée lors de ses préparatifs. Et au cours de son inspection, Aldric a envisagé les mêmes cachettes, à quelques détails près. Il note les aménagements déjà effectués que Beck lui hoche la tête, se retient d’hocher la tête en signe d’approbation.

Les explications de Beck coulent de source, logiques et pertinentes. Difficile de croire qu’elle n’a reçu qu’un seul cours en la matière ; l’expérience se glisse dans ses paroles, tout comme le talent brut. Elle se fait même force de propositions, capable de rebondir et de s’améliorer. Une réactivité qu’Aldric apprécie, qu’il recherche parmi les personnes qu’il recrute. L’idée n’est pas d’imiter la Garde, avec cette hiérarchie étouffante et ce nombre qui constitue autant une faiblesse qu’un avantage, mais plutôt de tisser des liens forts, de la confiance, ceux de frères d’armes qui assurent les arrières des autres sans un mot.

— Le puits nécessitera des aménagements supplémentaires pour empêcher des ennemis de s’en servir. Factuel, presque froid. Toujours aucune approbation, seulement un constat. Puis il change de sujet, l’air de rien. Des choses à savoir sur le voisinage ?

Le regard d’Aldric balaie à nouveau la cuisine, puis le salon, comme s’il n’avait pas fini d’inspecter les lieux. Les mains disparaissent dans ses poches. Il laisse Beck lui répondre, avec le temps dont elle a besoin. La planque ne se limite pas à la maison ; connaître le quartier s’impose également, en particulier en campagne. Savoir que la petite mamie deux rues plus loin est une véritable commère qui adore les ragots, que le vieil homme de la place du village épie les moindres allées et venues dans le quartier et râle auprès de son épouse, que le soixantenaire avec son chat en face juge les nouveaux voisins qui ne cherchent à tisser aucun lien avec les résidents déjà présents - ce genre de choses. Connaître ces détails permet de s’immerger dans la vie du quartier, de donner corps à l’histoire racontée derrière les masques et les apparences, pour que personne ne soupçonne l’existence de cette planque.

Puis finalement, il se retourne vers Beck, sort les mains de ses poches pour lui lancer à la volée les clefs de la maison.

— T’as fait du très bon boulot. D’un geste de tête, il désigne les clefs. Elles sont à toi. C’est ta planque.

La preuve de la réussite, d’une confiance marquée, un encouragement pour la pousser à persévérer dans cette voie.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Lun 1 Avr 2024 - 13:41
J’ai parfois l’impression de marcher sur un fil et je ne veux pas être cette femme-là. Enchaînée, endiguée par ses souvenirs. Ils sont là pourtant. Ils planent à chaque cache, à chaque réflexes autrefois acquis, aux réflexions sous-jacentes et aux idées mal-acquises. Je pourrais basculer pour un rien. Trouver Sixten dans les jointures des planques, là où il cachait sa came et m’apprenait à dissimuler les indices. “Les camés, ça a le flair plus affûtés qu’un flic”, disait-il. La loyauté plus branlante, aussi. Une leçon apprise plus tard. Difficilement.
Sentir l’odeur de la poudre et le regard d’un homme, les souvenirs profondément remisés en quelques lieux poussiéreux au fin fond de ma mémoire. Là où la crasse englobe tout. Où ça colle, ça suinte, ça s’agglutine comme une poisse filandreuse dont je ne saurai me défaire. Les odeurs. La moquette brûlée par le temps. Les textiles rêches.
Tout m’effleure par moments avant d’être embarqué dans les abysses, les souvenirs accrochés à une enclume pour couler loin de ma conscience.
Je crois que cette grande maison, les planques à la chaîne d’Aldric, ses instructions et même sa manière d’être n’ont rien à voir avec tout ça.

C’est là sans y être.

Comme une part de mon histoire. Dans les planques évoquées, la facilité à passer d’une langue à l’autre, l’habitude de ne pas être tout à fait moi-même et l’obstination à laisser les faiblesses et les emmerdes au placard. C’est plus facile, je crois, quand on ne s’appelle même pas par nos véritables noms. La raison, sans doute, à ses changements de pseudonymes.

— Le puits nécessitera des aménagements supplémentaires pour empêcher des ennemis de s’en servir. J’acquiesce. C’était sous-entendu dans ma prise de parole. Chose qui m’agace un poil, cela dit en passant. Des choses à savoir sur le voisinage ?
Il observe la cuisine, note en silence un faux tiroir et la cachette sous le four ; moi j’écrase un bâillement et reprend. Suivre des ordres est plus simple après un an à la Garde.
- Une vieille possiblement commère à quelques rues. En face on a un papy en fauteuil qui ne sort pas de chez lui et communique avec personne, véritable ermite abandonné par tous. Et incapable de voir au delà de sa fenêtre. Y’a un bouquiniste en centre village pas loin de fermer, une supérette et une buvette. Trois bus aux horaires… partiels. Dont un chauffeur qui semble connaître tout le monde. De toutes les langues que j’ai appris à parler, celle-là n’est clairement pas la plus naturelle et freine l’efficacité de mes écoutes. “En trois jours j’ai pas mieux.”
La fatigue tiraille et je laisse mon dos retomber sur les poutres lustrées qui séparent la cuisine de la salle de vie. Je l’observe sans le faire, à la fois en attente de la suite, de ce qu’il pense peut-être mais en refus obtus d’en être là. Chercher son approbation ? Ça serait ridicule. Pas mon boss, pas mon pote, pas mon mec, pas mon père et côté partenaires… ça se discute encore. Ce genre de choses se construisent, comme la confiance.
Pourtant d’une certaine manière, ça s’installe. Dans les regards, les silences. Dans des choses qui valent plus pour moi que des déclarations absurdes et des moves grandiloquents. Ça suit son rythme.

La réflexion passe quand son mouvement brusque attire mon attention. Un éclat métallique passe et j’attrape l’objet en vol sans comprendre.
— T’as fait du très bon boulot. Elles sont à toi. C’est ta planque.
Mon regard tombe sur la paume de ma main, circonspect.
- Quoi ? La question sonne incrédule. Voix blanche, faiblarde. Alors je me racle la gorge et l’éclaircit pour reprendre plus fort. “Qu’est-ce 'tu racontes comme conneries ?!” Les sourcils froncés et le timbre affirmé sans hausser le ton pour autant.
Sa main tendue me chope aux tripes et les compliments bourdonnent dans ma tête.
- C’est illogique au possible. Se raccrocher aux branches, faire preuve de logique. “J’peux pas être sur place, monter un narratif solide ou juste… on est dans une petite campagne : les gens du coin remarqueront que quelque chose cloche… Et d’où tu m’files une planque ?!” Je l’aime pas, cette voix que je maîtrise au mieux mais qui me semble trahir les tambours qui battent mes côtes.

Une baraque. Genre tu m’offres une baraque.
J’ai passé des années à la rue, j’ai pas eu un “chez moi” depuis dix ans et toi tu …

Je renvoies les clefs.

- C’est débile. Et dangereux. Trouve quelqu’un qui parlera parfaitement la langue et dont l’histoire collera à celle mise en place ici.

Quelqu'un en qui tu pourras avoir confiance.
Cette personne c’est pas moi.
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Jordane Suzie Brooks
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Mer 24 Avr 2024 - 12:13

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Les clefs volent dans sa direction. Aldric les rattrapent sans sourciller. Sans un mot, il dévisage Beck qui rue dans les brancards sans raison apparente. Elle se rebiffe, dégaine des arguments qui peinent à trouver valeur et sens auprès de ses oreilles, et il ne cille pas d’un pouce. Il la laisse tempêter un instant, repousser cette confiance qu’elle estime ne pas mériter pour une raison ou pour une autre.

Aldric ne connaît pas grand chose de sa vie. Il ne peut que supposer, avec les quelques bribes qu’elle a laissées s’échapper, leurs rares rencontres précédentes, comme celle sur l’Île Maurice. Ils n’ont jamais vraiment communiqué, malgré leurs ‟retrouvailles” au sein de la Garde. La méfiance a frappé en premier, même s’ils ont formé un duo efficace pour accomplir leur mission du jour.

Puis, loin des confidences, une confiance naturelle s’est installée, tissée dans le silence des secrets. Ils n’ont pas besoin de mots pour se comprendre ; cette évidence l’a marquée lors de cette nuit à Cilaos. L’a d’ailleurs poussée à lui tendre la main, au lieu de la pousser dans le précipice.

Alors face à cette tempête d’émotions, il sait. Il n’a pas besoin de plus pour lire entre les lignes. N’a pas besoin de poser de question évidente.

Madame non plus n’a pas besoin de poser ces questions. Elle sait. C’est tout. Et elle lui a tendu la main sans se soucier des conséquences. Sans se soucier de ce qu’il pensait à l’époque.

Plongé dans le silence, les clefs toujours dans une main, Aldric se laisse tomber sur le canapé. Il ne se vautre pas pour autant. Il pose les clefs sur la table basse. Puis, les gestes décomposés, ses mains s’agitent, fouillent chaque coin et chaque recoin de ses vêtements. Sa baguette rejoint alors les clefs sur la table basse, puis son pistolet habituel, les munitions qu’il garde en réserve, et aussi les couteaux et autres lames dissimulées dans les plis des tissus. La manœuvre ne dure pas, chaque arme étant rangée de manière discrète et accessible, mais les brèves minutes qu’elle prend suffisent à transmettre le message évident. Il se désarme face à Beck. Entièrement, sans concession. Sans rien demander en retour.

Et une fois toutes ses armes déposées, son dos retombe contre les coussins du canapé, les bras en arrière dans une posture décontractée. Il ne prétendra pas avoir l’esprit tranquille. N’importe quoi peut arriver à tout instant, même dans une planque sécurisée. Beck peut se jouer de lui depuis le début. Les hommes de Rossignol ont pu le traquer jusqu’ici. Les Supérieurs peuvent leur tomber sur le coin du nez. Ou même des moldus peuvent tenter un cambriolage, pensant la maison inoccupée. Les risques sont nombreux, mais infimes dans les faits. Alors il prend ce risque, parce que Beck est l’une des rares personnes avec qui il se le permet.

— Si je te faisais pas confiance, je t’aurais poussé ce jour-là.

Et il se serait assuré de sa mort dans le ravin. Il n’aurait pas laissé un boulot inachevé, avec une chance qu’elle puisse survivre et le trahir.

— Et si t’avais pas ma confiance, je t’aurais pas confié la sécur’ de la planque. T’as eu mille occasions de truffer les lieux de pièges en tout genre, comme t’as eu mille occasions de me dénoncer à la Garde.

Aldric se redresse, juste de quoi l’observer.

— T’en as rien fait.

Cette nuit-là, à Cilaos, Aldric a pris un risque énorme à lui accorder sa confiance. Une faiblesse offerte sur un plateau d’argent à Rossignol pour qu’il l’exploite contre lui ; ou tout du moins, il pourrait le percevoir de la sorte. Il le refuse. Beck n’est pas une chose fragile à protéger. Elle sait se débrouiller. Il lui apprend ce qu’il lui manque, comble ses lacunes pour lui confier les armes qu’il lui faut pour survivre en toutes circonstances.

— Je me fiche de ce que raconte la Garde à ton sujet. Ce que d’autres ont pu te dire. T’es débrouillarde. Tu réfléchis vite, tu t’adaptes à la situation pour ne pas rester démunie. Ta réactivité t’a sauvé la vie plus d’une fois. Et il en a été témoin. T’as jamais cherché à me faire chanter. Avec les documents ou avec ma survie. T’as accepté de me suivre sans même savoir de quoi il en retournait. Tu me suis encore, alors que t'en sais toujours rien.

Il braque son regard sur elle, ne la lâche pas des yeux un instant.

— Si t’es pas digne de confiance, t’es quoi au juste ? Ou je suis trop con pour comprendre pourquoi t’es pas fiable ?
(c) Taranys
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Jeu 25 Avr 2024 - 18:11
Pourquoi tu ferais ça ? Ça fait pas sens. Tu t’adresses pas à la bonne personne. T’en trouveras des tas d’autres, qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain.
Des tas de gens pour qui le métal coincé dans ma paume ne semblera pas chauffé au fer rouge. C’est idiot mais l’idée même accélère mon cœur plus brutalement que n’importe quelle menace. Idiot mais les clefs repartent d’où elles viennent comme si elles laissaient véritablement la marque d’une brûlure sur ma peau. Idiot mais ma voix fait faible sur la seule inflexion d’un mot, puis trop brusque sur la suite. Ça n’a rien d’une colère fébrile. Des inflexions enfantines d’une crise de nerf. Le ton est plus froid que d’ordinaire, dénué de mes habituelles piques. Braque.
L’idée est pas envisageable, c’est comme ça.

Un coup de chaud, un coup de froid. Un élan de rejet brusque et immédiat qui ne souffre d’aucune concession.

Et Aldric qui rattrape les clefs sans en sembler plus surpris que ça.
Si c’était un test, je viens de le foirer et l’idée ne m’est même pas venue à l’esprit.
Il me fixe un instant, de ces prunelles sombres qu’il a trop souvent planté dans les miennes. Celles dans lesquelles j’ai vu la colère, le meurtre, la suspicion et une forme étrange de compréhension mutique. J’aurais pu, je sais, avoir peur de la menace qu’il représente si d’aventure je m’oppose à ses idées. Peur de l’abandon, même, s’il s’agit de faire de moi une jeune fille effarouchée.
J’ai pas la faiblesse de me considérer à ses ordres, ni en attente de son approbation.
Mais j’ai celle de paniquer à l’idée d’une accroche. D’un point de repère. De ce qu’une simple clef peut signifier pour quelqu’un qui n’en a pas tenu depuis longtemps.

Puis Aldric se laisse tomber calmement sur le canapé et dépose le petit objet de métal sur la table basse. Doucement. Avec les doigts qui la retiennent une seconde avant de la laisser sur le bois lustré. Puis sans un mot il passe une main dans sa poche, dans les plis de ses vêtements, sous la veste et le pantalon.
Un instant après l’autre, se posent sur la table un gun, plusieurs lames, sa baguette et des munitions. Même un canif que je le taxerais bien de l’avoir sorti de son cul. Mais j’en dis rien, parce que derrière mon humour facile, je sais reconnaître les accents de la sincérité. Je sais aussi ce que c’est de se désarmer et de faire face à quelqu’un qui s’en fout. Ou qui l’utilise.
Alors je ferme ma gueule et observe en silence cette prise de position que j’attendais pas. Une part de moi arrête le regard sur l’ensemble des lames, incrédule de voir le nombre d’armes cachées là-dessous.
T’as combien de gars à tes trousses pour vivre avec une telle artillerie sur le dos ?

Puis sans un commentaire, Aldric s’adosse au canapé, les bras en croix sur le dossier.

— Si je te faisais pas confiance, je t’aurais poussée ce jour-là.

Ou plantée, je songe en soupesant le temps qu’il aurait fallu pour qu’une lame apparaisse dans sa paume et se fige dans ma gorge. Ce jour-là ou un autre.
Mais je redresse le regard dans le sien et réalise qu’il aborde un sujet qu’on a toujours laissé de côté. Désarmé, donc.

— Et si t’avais pas ma confiance, je t’aurais pas confié la sécur’ de la planque. T’as eu mille occasions de truffer les lieux de pièges en tout genre, comme t’as eu mille occasions de me dénoncer à la Garde. Vrai. Et je l’ai même pas envisagé.

Il se redresse et appuie plus profondément son regard dans le mien.

— T’en as rien fait.

Un frisson passe, qui n’a rien à voir avec ses faux airs d’assassin tout droit sorti de Kill Bill. S’il est désarmé, je me sens à nue.
Pas que j’ai jamais eu l’impression d’être armée à ses côtés cependant.

— Je me fiche de ce que raconte la Garde à ton sujet. Ce que d’autres ont pu te dire. T’es débrouillarde. Tu réfléchis vite, tu t’adaptes à la situation pour ne pas rester démunie. Instable. Non Fiable. Butée. Impulsive. Écervelée. Suicidaire. Égoïste. Lâcheuse. Salope. Ta réactivité t’a sauvé la vie plus d’une fois. Elles passent derrière mes rétines et dans l’une d’elles, tu tenais les armes. T’as jamais cherché à me faire chanter. Avec les documents ou avec ma survie. T’as accepté de me suivre sans même savoir de quoi il en retournait. Tu me suis encore, alors que t'en sais toujours rien. Peut être parce que je le suis ? Instable, butée, impulsive écervelée et suicidaire ? Que parler de toi à la Garde ça serait me dévoiler, moi. Égoïste, donc.

Et ces yeux qui ne m’ont jamais lâchée d’un iota. Il y a bien des ombres qui se meuvent là-dedans. Quelque chose de fascinant dans la force que j’y lis. D’autant plus marquant, sans doute, que j’y vois des fêlures qui devraient sans doute passer inaperçu.

— Si t’es pas digne de confiance, t’es quoi au juste ? Ou je suis trop con pour comprendre pourquoi t’es pas fiable ?

L’interrogation me plante sous les côtes et mon souffle s’arrête un instant.

Je suis..

Je lève les yeux au ciel un instant et me défait de cette immobilité qui m’a saisie dès l’instant où il s’est désarmé, m’épinglant comme un papillon sur un tableau de liège avec chacun de ces compliments sortis de nulle part.
Et puisque je n’ai jamais aimé la passivité, je contourne la table, pose ma main à plat sur l’ensemble d’armes et sans prêter attention à la texture du métal sur mes doigts, j’écarte le tas pour me laisser la place de m’asseoir face à lui. Cul sur la table basse. Mon regard droit dans le sien, aussi clair que le sien est d’ambre. Après un instant, ma baguette suit le chemin de la sienne et si une hésitation traîne une seconde, un opinel la rejoint finalement.
Retour vers son regard de tueur et ses compliments de bisounours.

- Tu d’viens sacrément sentimental quand tu parles de m’assassiner dis-moi…

‘Jamais dit me défaire de mon cynisme.
Pas plus que de l’ombre d’un sourire qui flotte quelque part à l’orée de mes lèvres.

Mes talons ancrés dans le sol, le regard droit, les genoux proches des siens et  le dos un peu rond. Quand au reste ; un avant bras sur la cuisse, le coude sur la seconde je mord l’ongle de mon pouce avant de me défaire de ce réflexe d’ado.
Je me redresse d’un rien et laisse retomber un souffle en même temps que ma main dans le vide.

- Accro à une veine insolente.” Tu le sais. “Réactive”, certes, mais aussi chanceuse. Sinon tu m’aurais tuée à la première seconde de notre rencontre. “On va espérer que la chance serve tes intérêts en même temps que les miens.” Tu l’es toi ? Loyal ? Ou Cilaos risque de voir mon cadavre un jour prochain ?
Mes épaules roulent quand je me redresse encore sans défaire mon regard du sien.
- Foutraque. Égoïste. Butée. Un poil orgueilleuse. Et apparemment décidée d’arrêter de courir d’un enfer au suivant.” Je hausse des épaules. ”Question d’acclimatation.” Je sais pas d’où ça vient. Si ma conclusion provient qu’un simple bilan de ce que je sais de lui ou pas, mais je crois qu’on a ça en commun. Cette sensation partagée s’ancre de mon regard au sien. J’en parlerai pas. Lui non plus sans doute.
Je recule le dos, d’un rien et lui adresse un signe du menton. “Effectivement, ton opinion n’est pas partagée par grand monde.” Une ombre dans mon regard. Pas même par moi. “Ta survie tient du miracle avec une jugeote pareille…” Sur cette réflexion en revanche, un petit sourire moqueur apparaît, porteur de cette forme de complicité étrange et encore balbutiante qui s’est mise à avoir cours entre nous.
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Jeu 25 Avr 2024 - 22:41

Smile ; you're never fully dressed without one


🙤 Bayreuth, Allemagne
🙤 Février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
Faire face.

Affronter une vérité qui cogne contre les parois des mensonges répétés les uns après les autres pendant tant d’années. Contre les illusions bercées au creux de l’oreiller pour se consoler, pour tenter de se reconstruire après des années de mépris et de dévalorisation constante.

Ouvrir une porte pour laisser entrer cette vérité. Accepter de l’écouter ; la croire constitue un tout autre morceau aussi costaud que le simple fait d’écouter.

Aldric connaît chacune des lueurs qui dansent dans les yeux de la jeune femme. L’incrédulité. Le doute. La dévalorisation qui revient au grand galop. La solitude constante. L’impossibilité. Puis la pointe d’espoir, rapidement enterrée sous toutes ces couches de sentiments négatifs. Il sait. Il comprend. Lui aussi est passé par là, à plusieurs reprises, toujours dans des circonstances différentes. D’abord avec le vieux libraire, qui lui a tendu la main en douceur alors que sa famille ne lui a offert que violence. Puis Madame, qui lui a secoué les puces et l’a aidé envers et contre tout. Et enfin le propriétaire de ce club mauricien, qui l’a accueilli à sa table comme il aurait accueilli son fils. Tous trois ont vu au-delà des apparences, n’ont jamais prêté attention à ce que d’autres pouvaient dire. Dante avait bien entendu quelques ragots sur les Teller, mais il n’a jamais laissé ces ragots altérer sa conduite - jusqu’à en payer le prix. Ajay avait des oreilles un peu partout, et il savait sans doute pour ses accointances criminelles ; il n’en a jamais parlé. Et Madame ? Madame est bien le plus bel exemple, le plus improbable aussi. Elle connaît Rossignol. A eu l’occasion de travailler avec lui. Travaille toujours avec lui, de manière occasionnelle. Elle ne mélange pas les affaires avec ses choix personnels. Bryn ne sait trop ce qu’elle sait, ce qu’elle a entendu ; il n’a jamais voulu lui poser la question. Toutefois, elle n’y a jamais fait référence. Elle ne l’a jamais comparé à ce qu’elle pouvait penser savoir, à ce que les rumeurs racontaient. Elle lui a offert sa chance, de la meilleure façon possible : en lui offrant une autre vie.

Alors il comprend les pensées qui s’agitent sous la caboche de Beck. Il les lit sans peine dans son regard, et il ne presse rien. Madame non plus ne l’a pas pressé. Encore aujourd’hui, elle ne le presse pas - même si elle lui rentre dans les plumes à chaque fois qu’elle l’estime nécessaire. Comme dernièrement avec les dés, un rappel à l’ordre qui lui a permis de résoudre bon nombre de questionnements.

Joue et avance.

Et Beck décide de jouer à son tour. Elle pose ses fesses sur la table basse après avoir poussé ses armes - le regard d’Aldric ne lâche pas un instant pistolet et larmes qui frottent contre le bois - et elle l’imite. A son tour, elle abandonne baguette et opinel contre le plateau.

Nu face à l’autre. A cœur ouvert.

Faire face.

Ils en reviennent au point de départ, toujours le même. Affronter la vérité. Une constante depuis leurs retrouvailles au sein de la Garde.

Accepter qu’ils se connaissent. Accepter de travailler de concert pour le bien de la Garde. Accepter d’enterrer la hache de guerre, de faire fi des griefs d’anciennes vies qui n’ont plus lieu d’être.

Accepter les secrets comme le silence. Accepter toute l’ambiguïté de cette nuit dans les hauteurs de Cilaos. Accepter tous ces non-dits.

Accepter la vérité. Les compliments. La confiance. Accepter ce qu’ils sont l’un pour l’autre. Rien de conventionnel, rien d’habituel, mais c’est là.

— Attends que j’porte des fleurs sur ta tombe.

Un sourire au coin des lèvres ; la froideur dans la voix qui tranche avec l’étincelle sincère qui trône dans le regard. Des sons discordants, mais qui s’harmonisent pour Beck ; parce qu’elle sait. S’il avait voulu la tuer, elle ne serait pas là. Elle ne serait plus là depuis des lustres. Il en a toujours été ainsi. Il l’aurait poussée dans le ravin. Il l’aurait assassinée sur ce toit. Et entre les deux rencontres, il l’aurait tuée un nombre incalculable de fois s’il l’avait voulu. Personne n’aurait retrouvé son corps. Pas une trace. Une disparition inexpliquée.

Mais elle est là, à travailler pour lui.

La voix de Beck tranche le silence. Assène les mensonges qu’on lui répète à longueur de journées. La Garde a sapé son moral. Son estime. A chaque mot, à chaque pseudo contre-vérité qu’elle lui réplique, il pourrait rétorquer. Parler d’expérience, lui affirmer le contraire, mais il s’abstient. Il la laisse parler jusqu’au bout, pour suivre le fil de sa pensée jusqu’à la fin.

Et c’est un rire sarcastique qui le secoue à la fin.

— Ouais. Tellement pourrie la jugeote qu’elle m’offre la belle vie depuis treize ans.

Il n’a pas cette même fierté qu’il a pu avoir face à Alec. C’est davantage l’expérience qui parle. Celle qui lui donne du crédit, qui donne du crédit aux vérités qu’il tente d’ancrer dans le crâne de Beck.

— Tellement pourrie la jugeote que le “bon sens” que tu cherches à m’faire gober m’atteint pas. Son dos abandonne le dossier du canapé pour s’avancer vers Beck. Ses coudes se plantent sur ses jambes. La chance ? C’est le bobard qu’on se raconte parce qu’on sait pas expliquer une situation. Parce qu’on croit pas à ses propres capacités. Parce qu’on oublie qu’on est pas seul à jouer. A Maurice, Beck l’a pris par surprise. Il ne s’est pas attendu à une action aussi frontale, à une telle vivacité. C’était inhabituel. Foutraque, orgueilleuse ? Faut de tout pour faire un monde. Aldric est grinçant, cynique. Violent. Il a fouillé l’esprit de Fauvette sans l’once d’un remord, sa sœur. Égoïste ? Tant mieux. Faut garder les pieds sur terre. Se donner corps et âme pour une cause, c’est bien joli, mais c’est courir au suicide. Critique à peine voilée envers la Garde. Et butée ? Ouais. T’as ton caractère. T’as tes opinions. Ça t’a sauvée plus d’une fois. Ça te sauvera encore. C’est pas parce que tu rentres pas dans le moule de la Garde que c’est à jeter.

Là-dessus, son dos retombe contre le canapé. Ses traits se font plus décontractés, moins sérieux. Il attrape un paquet de cigarettes de sa poche, puis un briquet ; il pose les deux sur la table après avoir tiré sa clope et l’avoir allumée. Il fait signe à Beck de se servir si elle le souhaite.

Il tire une taffe, longue, silencieuse. Du genre qui prend son temps à ses prochaines paroles.  

— J’ai tué mon premier homme à dix piges. Le regard rivé sur le vide. Il ne connaissait même pas le bougre. Le premier d’une longue liste. Les impératifs de la famille. Du beau-père, surtout.  Un vrai connard. Je compte plus le nombre de fois où j’ai torturé des gens selon son bon vouloir.

Une autre taffe. Le détachement. Comme s’il ne parlait même pas de lui. Une autre vie, lointaine.

— La liste de mes crimes ferait pâlir un flic. Un rire, puis les yeux se posent sur Beck. Tu crois que la Garde m’aurait fait confiance, s’ils avaient su ?

Bien sûr que non. Aldric ne se fait aucune illusion. Le sang qu’il a sur les mains ne s’efface pas ; mais il a cessé de le regarder depuis un bon nombre d’années. Regretter ne ramènera pas ces gens à la vie - d’autres criminels, la plupart du temps -, alors autant avancer. Des mots assénés par Madame, peu de temps après sa fugue.

— La confiance, elle sort pas de nulle part. Elle s’achète pas. Elle se crée. Et même s’il avait fait ses preuves, la Garde aurait sûrement refusé de voir plus loin que la liste de ses innombrables méfaits. D’autant plus qu’il n’a jamais arrêté. La Garde t’a toujours prise pour une gamine incapable d’obéir. Ils n’ont jamais voulu voir plus loin. T’as jamais coché les cases, parce que t’es pas la bonne soldate parfaite qui s’exécute sans réfléchir. En même temps, la Garde a déjà trop de faiblesses pour pas gérer des électrons libres en permanence. Alors ils t’ont jamais permis d’apprendre. De développer ton potentiel. Tant que tu cochais pas leurs cases, c’était impossible.

C’est à se demander comment Aldric a pu mettre les pieds dans la Garde. Quelle idée stupide ! L’envie de croire en une belle cause, de prendre à contre-pied les enseignements de Rossignol ; et tout ça pour constituer sa plus belle erreur de parcours.

— T’aurais pu me planter un nombre incalculable de fois. Avec les documents. A la Garde, avant, avec mon passif criminel. Après, avec ma prétendue mort. Maintenant, avec le réseau. Mais t’en as rien fait. T’es là. Prête à apprendre. A surpasser tes peurs. Il pointe d’un geste le sac d’armes. On a tous nos faiblesses, mais ça veut pas dire que t’es pas digne de confiance.

La clope coincée entre les lèvres, il attrape les clefs de la maison. La clope retourne entre ses doigts.

— Les clefs, c’est un tout. Ta récompense pour ton travail, parce que t’en as gagné le droit. La marque de ma confiance. Parce que je sais ce que tu vaux, ce que t’as encore sous le pied. Et la signification du réseau. Égal à égale. Tu fais partie du réseau. T’as droit à sa protection. Tu m’aides, je t’aides. C’est aussi simple que ça.

Et les clefs retournent vers Beck.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Sam 27 Avr 2024 - 15:32
— Attends que j’porte des fleurs sur ta tombe.

Seule la froideur porte sa voix mais le sourire en coin qui se dessine ricoche sur ses lèvres et atteint les miennes.
Définitivement sentimental… quand il s’agit de parler de m’assassiner.
Ça a quelque chose d’étrangement rassurant. Le détachement qui devrait être absurde, l’éclat que je trouve dans ses prunelles et la manière de faire face à la vérité, sans concession. J’ai jamais supporté les beaux discours, les certitudes mièvres et les espoirs futiles. Pas que la rue ne soit jamais porteuse des espérances les plus illusoires. Mais j’y ai puisé l’aptitude à contempler des horizons crevassés. Je l’ai cherché. Ce calme étrange qui bourdonne sous la surface. Devient-on plus solide ou plus fragile face au danger ? J’ai jamais su trancher.

— Ouais. Tellement pourrie la jugeote qu’elle m’offre la belle vie depuis treize ans.
Tout comme je ne saurais trancher la pertinence de cette réflexion. “La belle vie” ? Cet homme me semble écorché vif, seul et incertain. Il a la même assurance que la mienne, toute en craquelures. — Tellement pourrie la jugeote que le “bon sens” que tu cherches à m’faire gober m’atteint pas. Je fronce des sourcils et tique sous la pique. L’instant suivant, Aldric détache son dos du canapé et bascule vers moi. Ainsi positionnés face à face, nos genoux ne sont pas bien loin l’un de l’autre et l’ancrage qui nous rapproche dégage quelque chose qui me plaît assez malgré la certitude de ne pas être prête à entendre la suite.  Je ne recule pas sous les yeux incisifs et sent les miens se plisser d’un rien. La chance ? C’est le bobard qu’on se raconte parce qu’on sait pas expliquer une situation. Parce qu’on croit pas à ses propres capacités. Parce qu’on oublie qu’on est pas seul à jouer.   “On”, pas “tu”. Une pensée qui passe en météore et m’abandonne à l’instant où la portée de ses mots m’atteint. La chance, c’est pourtant ce qui me maintiens en vie depuis des années. Ça et.. Égoïste ? Tant mieux. Faut garder les pieds sur terre. Se donner corps et âme pour une cause, c’est bien joli, mais c’est courir au suicide. Exactement. J’ai un souffle amusé. Il y a dans ces quelques mots toute une histoire de vie en filigrane. Ce que d’autres reprochent sonne pour lui comme une évidence. C’est mon cas aussi. Tant mieux. Et butée ? Ouais. T’as ton caractère. T’as tes opinions. Ça t’a sauvée plus d’une fois. Ça te sauvera encore. C’est pas parce que tu rentres pas dans le moule de la Garde que c’est à jeter.

C’est absurde mais la mention à la Garde me surprend, comme si elle avait cessé d’exister quelque part entre la porte d’entrée et l’échange de clefs.

Lorsque son corps se rabat en arrière, je n’ai pas bougé d’un pouce. Chopée par l’intimité brusque d’une telle conversation, c’est vrai, mais pas dérangée pour autant. Étrangement.

— J’ai tué mon premier homme à dix piges.   C’est peut être pour ça. D’instinct, je sais qu’il a pire sous le cuir que j’en aurais jamais.
Avant de lâcher cette bombe qui devrait me crisper mais n’en fait rien, Aldric a tiré  paquet de clopes et briquet de sa poche avant de s’en allumer une et de poser l’ensemble sur la table à côté de ma cuisse. Un appel du menton auquel je ne répond qu’après un temps, une fois que l’évocation du mort prend sa place dans mon esprit et qu’il rajoute quelques détails que je n’attendais pas plus. Le premier d’une longue liste. Les impératifs de la famille. Du beau-père, surtout.  Un vrai connard. Je compte plus le nombre de fois où j’ai torturé des gens selon son bon vouloir.
Une manière pour moi d’entraver ce regard que je sais apparaître dans la clarté de mes iris. S’il s’est reculé et tire lentement taff sur taff, il brise pourtant le silence mis en place entre nous. Les contours qu’il dessinent devraient me saisir et m’étonner. Ils semblent pourtant étrangement familiers. Comme un souvenir d’enfance qui revient et qu’on aurait oublié momentanément. Des parts de lui déjà perçues sans en avoir fait un portrait si précis. Des contours tracés à coup de poignards.
— La liste de mes crimes ferait pâlir un flic.  ça, j’en avais une petite idée oui. Là encore, tu me diras : je suis là.
‘Jamais dit ne pas être suicidaire.
Tu crois que la Garde m’aurait fait confiance, s’ils avaient su ?
Non. Ou peut être que si. J’en sais rien, je ne comprends pas ces gens.
Je sais qu’à moi, ils ne font pas confiance. Je sais que je ne ferais pas partie de leurs rangs s’ils savaient. Alors toi ?

— La confiance, elle sort pas de nulle part. Elle s’achète pas. Elle se crée. La confiance est la pire des conneries qui soit. Elle vous arrache en lambeaux dès qu’elle s’en va. J’ai jamais été très bonne pour ça. La Garde t’a toujours prise pour une gamine incapable d’obéir. Ils n’ont jamais voulu voir plus loin. T’as jamais coché les cases, parce que t’es pas la bonne soldate parfaite qui s’exécute sans réfléchir.  En portant une clope à mes lèvres, je l’observe sans mot dire. Touched.
Alors je tire sur le cône de poison et m’en emplis les poumons. A défaut de trouver quoi que ce soit à dire.
Alors ils t’ont jamais permis d’apprendre. De développer ton potentiel. Tant que tu cochais pas leurs cases, c’était impossible.
Et je ne les cocherai pas. Chaque décision est remise en question. Si je m’écarte des protocoles, j’ai tors. Quand d’autres le font, on ne dit rien.
Je lève les yeux au ciel et lâche dans l’air un cercle de fumée qui s’achève en brume filante. J’ai toujours fonctionné seule, c’est un fait. Ils le savent et là dessus, ont raison. Tout comme de supposer que je présente un risque de tout larguer du jour au lendemain.
Comme au détour d’un incendie… La pensée m’assène quand je ramène le regard sur Aldric. Puis des flammes succèdent aux suivantes et je revois Néolina, Générale en fonction, m’ordonner de quitter les lieux. Je revois mon demi-tour, les sorts enchaînés, les types que j’ai vu tomber sans y prêter attention.
D’instinct, j’évite de poser les yeux sur les marques laissées sur mes bras, là où un feu sorcier avait déjà tracé des volutes violettes lors de l’attaque de Poudlard. Rien que des marques de plus, au même titre que l’encre qui décore bras, doigts et côtes.
Ton histoire, tu l'as déjà partagée dis moi ?

— T’aurais pu me planter un nombre incalculable de fois. Avec les documents. A la Garde, avant, avec mon passif criminel. Après, avec ma prétendue mort. Maintenant, avec le réseau. Mais t’en as rien fait. T’es là. Prête à apprendre. A surpasser tes peurs.  Il pose un regard sur le flingue, je ramène mes yeux droit dans les siens et tire de nouveau sur la cigarette. C’est pas des flingues dont j’ai peur. Mais des hommes qui les manient. Et t’es le genre de spécimens qui devrait me terrifier. On a tous nos faiblesses, mais ça veut pas dire que t’es pas digne de confiance.
Clope entre les lèvres, il se penche de nouveau pour choper les clefs puis calant la cigarette entre deux doigts, ramène l’ensemble entre nous. De nouveaux ancrés au sol, face à face.
— Les clefs, c’est un tout. Ta récompense pour ton travail, parce que t’en as gagné le droit. La marque de ma confiance. Parce que je sais ce que tu vaux, ce que t’as encore sous le pied. Et la signification du réseau. Égal à égale. Tu fais partie du réseau. T’as droit à sa protection. Tu m’aides, je t’aides. C’est aussi simple que ça.

Un souffle s’échappe de mes narines. Ça, ça me va.
Je sens sur ma cuisse le poids de mon avant-bras qui s’allège lorsque je ramène ma paume juste sous la sienne.

- Ok. Et y sens les clefs tomber.

Un instant en silence, j’acquiesce à ses propos sans vraiment le faire, le regard ramené dans le sien. J’essaye d’imaginer la scène. Celle du môme qui prend une vie au lieu de vivre sa vie. De la mention des tortures. Aurais-je jamais imaginé faire face à un tel profil, le jour où j’ai claqué la porte, dix ans plus tôt ?
Je referme en silence les doigts sur l’objet de métal et le porte-clef associé.
Refait le fil. La première rencontre, les invectives, les coups, la peur. La fuite, la surprise et la rage. La promesse mutique de me faire la peau. Les retrouvailles et les longs doigts de l’angoisse enroulés autour de mes tripes. Les échanges sur le toit. La prise de position, la manière dont il a imposé un mensonge tissé de toute pièce. L’arrêt sur image au moment de partir, mon refus de suivre une connerie, l’histoire que je remanie à ma façon. Puis la mission. Celles qui ont suivi.
Le livre posé sur la table devant lui.
Et puis ce verre à Cilaos.

Je passe un doigt dans le petit cercle de métal qui maintient la clef et laisse mon visage retomber une seconde en avant, pour étirer mes épaules endolories.

- T’es conscient qu’à dix piges, je matais pokémon à la télé ? Toi et moi on joue pas dans la même cour.. Un sourire cynique passe sur mes lèvres, barré par les quelques mèches qui retombent sur ma joue, échappées de l’élastique mal mis.

Ya pas vraiment de jugement de valeur là-dedans. Ni pour lui ni pour moi. Juste une vérité balancée comme ça.

Et le cynisme s’érode face à un véritable amusement. Lorsque je redresse le regard pour le planter dans le sien, un éclat nouveau dans le fond des rétines.

- J’dois m’attendre à ce que tu m’en fasses sacrément baver, pour voir jusqu’où il peut aller, mon foutu potentiel, c’est ça ?

C’est pas une plainte.
C’est une demande.
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Hier à 3:10

Smile ; you're never fully dressed without one


🙤 Bayreuth, Allemagne
🙤 Février 2017

 ft. @Jordane Suzie Brooks
Les clefs tombent ; enfin. Symbole d’une acceptation, d’un premier pas. Symbole de la confiance qui les lie.

Aldric ne commente pas. Il a déjà dit tout ce qu’il pensait, tout ce qu’il avait à dire sur la question. Le silence leur suffit, comme à chaque fois. Ils n’ont pas besoin de mots entre eux, le silence en porte mille à la place de la voix, et tout autant d’émotions. A quoi bon verbaliser ce qui est déjà dit à travers les gestes, les regards ? A quoi bon forcer la machine, parce que la société exige des paroles en bonne et due forme ? Aldric n’a jamais prôné cette attitude. N’en a jamais eu besoin.

Dante O’Phellan ne lui a jamais dit qu’il le considérait comme son fils. N’en a jamais eu besoin. C’était évident, même pour le gamin meurtri qu’il était. Toutes ces heures de lecture, toutes ces heures hors des périodes d’ouverture parce que le libraire lui laissait la porte ouverte. Les nouveaux livres qui l’attendaient sur le rebord du comptoir à chacune de ses venues. Le bocal de cookies, derrière le comptoir, qui n’existait même pas la première fois qu’il a franchi le seuil de la librairie.

Ajay Veerapen lui a ouvert les portes de son club. Lui a appris les bases du métier. Lui a gardé chaque année une place à sa table pour les repas de la fin d’année, sans jamais poser la moindre question. Lui a simplement souri le jour où Aldric a annoncé son départ.

Et Madame ? Madame en a eu des mots. Elle parle sans cesse, mais quoi de plus étonnant pour une tenancière ? Mais ce ne sont pas ses mots les plus percutants. Ce sont les non-dits, tous ces sous-entendus qui se glissent entre les lignes ; et ses silences, bien sûr. Ses regards lourds de sens. Cette main qu’elle lui a tendue. Elle n’a pas eu besoin de lui dire qu’elle couvrait ses arrières. Qu’elle l’aidait.

Les mots sont parfois impuissants à exprimer tant de choses, là où le silence charrie tous ces sentiments avec une facilité décomplexée.

Alors les clefs tombent, la main se referme, et ni Aldric, ni Beck n’échangent un mot. Parce qu’ils n’en ont pas besoin.

Il se redresse finalement, écrase la clope dans le cendrier, à moitié consumée. Ses pas le conduisent à la cuisine, où il attrape un verre qu’il remplit d’eau au robinet. Il le vide en quelques gorgées. Rien d’étrange ou d’anormal, presque une scène du quotidien qui n’a rien à voir avec la teneur de leur discussion.

Un rire le traverse à la question de Beck.

— T’en as bavé pour faire cette planque ?

La réponse est non. Aldric le sait. Il n’a jamais demandé à Beck plus qu’elle n’en est capable. Il lui a appris les bases, puis il l’a laissée gérer pour voir comment elle se débrouillait. Il ne lui a pas imposé des difficultés supplémentaires. Exigeant, sans le moindre doute, mais pas salopard. Pas comme Rossignol qui exigeait du môme qu’il était une froideur absolue envers les victimes qu’il l’envoyait torturer. A dix piges, il aurait dû regarder pokémon à la télé, en pyjama sur le canapé, et pas dans la tête d’un père qui aperçoit un morceau d’épisode par-dessus l’épaule de sa fille avant d’aller au travail - et pour ne jamais revenir.

— T’en baveras jamais plus que le nécessaire.

Ça ne sera pas facile pour autant, mais elle s’en sortira. Aldric fera tout pour. Il rince le verre, le pose à côté de l’évier. Ses yeux retombent sur Beck, sur ses mèches désordonnés, sur ses traits tirés.

— Va dormir, t’en as besoin. Un sourire, fin, sincère. Je gère le reste.
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Hier à 11:44
Un instant encore, les regards se mêlent avec autant de force que le silence. Rien de plus. Rien de moins.
Surtout “rien de moins”.

De sais ce dont est porteur le vide et je sais qu’ici, il n’y a rien de tel. Le silence est plein, bruyant même. Mais étrangement doux face à cette relation que seule la violence a construit. Ou du moins telle en est l’apparence.

Je sers un instant les clefs dans ma paume sans vraiment relever le regard quand Aldric se lève. Mon attention a un temps de retard, bloquée sur cette clope qu’il écrase sans la finir. J’ai une ado en moi outrée d’un tel constat. Celle qui pouvait ramasser des mégots au sol quitte à fumer quelque chose quand tout se barrait en couille et qu’elle n’arrivait plus à tenir sans prendre le large. Puis mes yeux dérivent vers le tas d’armes qu’il n’a pas touché, et se redressent pour accompagner son mouvement. Il se serre un verre d’eau, lâche un rire à ma réflexion.
Il y a là dedans une normalité qui prend ses aises sans que je l’ai véritablement vue venir. Quelque chose de cru mais confortable. Peut être confortable car elle est crue, justement.

— T’en as bavé pour faire cette planque ?

Non. Et je ne répond que de l’ombre d’un sourire.
Ou plutôt si, mais pas dans ce que mon référentiel appelle “en chier”. Je fatigue, c’est tout. Le corps fatigue, plus exactement. Mais être ici, loin du reste, loin de Naveen et des emmerdes, me soulage plus que je l’exprimerai jamais. Comme à la Garde, quand il s’agit de débrancher du réel.

— T’en baveras jamais plus que le nécessaire.

Le sentiment qui prédomine soudainement, pourtant, n’a rien à y voir.

C’est ok. On ne joue pas dans la même cour. Point.
Fin de l’histoire.

Je devrais me relever, m’y remettre. Pourtant je l’observe vider son verre et le rincer avant de le poser sur l’évier. Tout à la fois le truc le plus absurde et le plus ordinaire jamais observé. Exactement comme le suivant, quand il se retourne vers moi.

— Va dormir, t’en as besoin. Je fronce les sourcils pour le toiser d’un ai sceptique. Il pourrait être cynique mais il y a quelque chose dans ce sourire mince qu’il m’adresse qui a raison de mes dernières barrières. Je gère le reste.

Alors je lâche un souffle et me lève, vaincue, en glissant le trousseau dans ma poche.

Lorsque mon pied se pose sur la première marche de l'escalier, je lâche dans un sourire :

- Fais gaffe à l’eau quand même… je m’en voudrais pour le poison.

Spoiler:

- Topic Fini -
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