Feeding the beast - Maxence & Hailey

Encore une fois, elle sourit et s’approche. Se moque-t-elle ? Prend-elle tout ça pour un jeu qui dépasserait son statut d’immortelle ? Elle regarde ailleurs, baisse le regard, se la joue timide. De tout ce qu’elle dit, le toubib retient ce qui lui parait comme un manque d’honnêteté. Une manière de se jouer de ce qui l’entoure. Tout le monde porte un masque. Tout le monde joue un rôle. C’est normal, habituel. Est-on parfaitement la même personne avec tel et tel groupe de personne ? Ce n’est en tout cas pas le cas de tout le monde. Mais elle… il garde une sensation étrange, comme l’impression de percevoir un puzzle inachevé dont il lui manque la pièce principale. Elle recule, bats en retraite.

Maxence lâche un soupir. “Si tu penses que tu ne mens jamais, alors tu te mens à toi-même.” Pas qu’on ne puisse pas être toutes ces choses à la fois mais la cohérence qui relie l’ensemble lui échappe. Et surtout : personne n’est toujours parfaitement honnête. Ou alors c’est que la réalité se modèle en fonction des situations. Quand elle rejoint la porte, le sorcier ajoute. “Pour la millième fois, je ne suis pas trafiquant, encore moins dealer. Je suis toubib et j’ai un contact, rien de plus. Je soigne des gens, je ne les arnaque pas. Tu penses ce que tu veux. Je te fournirai autant que je le pourrai, mais je ne veux pas être mêlé à quelque histoire que ce soit. Ni moi, ni lui.” Pas de menaces, ce n’est pas son genre. Seulement le calme d’une réponse factuelle. Non, Maxence n’a pas confiance. Pour ça, il faudra construire les choses au fil du temps sans coup fourré, sans changement de narratif, sans trahison. Là, le lien pourra s’affirmer. En attendant il lui fournira le sang. Une fois par semaine jusqu’à ce que Lotar, l’homme de main de Sunniva et véritable trafiquant, ne prenne le relai. De même, elle passera par lui pour se fournir auprès de Takuma dont l’adresse lui restera inconnue. Lui, elle le paiera. Le reste sera à sa convenance.
Dans son monde, quand on étale les billets verts… c’est qu’il y a un lièvre. Et à présent, toute arnaque risque de leur coûter la vie.