Feeding the beast - Maxence & Hailey

Planter au bout de la ruelle, Hailey ne savait pas trop comment aborder le sujet. D'abord parce qu'elle avait toujours eu du mal avec les gens qu'elle ne connaissait pas, encore plus lorsque ceux-ci avait une nette idée de ce qu'elle était vraiment. Sous ses boucles blondes et son joli minois, elle n'avait plus rien de la jeune Harding qui était débarquée d'Amérique, pleine de vie et d'espoir rêvant d'un avenir meilleur. Les choses étaient rapidement partit en vrille depuis qu'un inconnu l'avait tué, puis abandonner à livrer un combat solitaire contre la malédiction qui l'affligeait. Heureusement, le démon il semblait avoir quelques relations bercés dans le milieu, elle ne savait pas à quoi s'attendre de ce type, mais ça lui semblait pourtant étrange qu'un humain procure du sang à des vampires. Est-ce qu'il avait un entrepôt de sans abris accrocher au plafond qui se faisait vider de leurs globules rouges par l'entremetteuse d'une ingénieuse machine? Est-ce qu'il cambriolait les banques de sangs ou détournait leurs camions avant leur arrivé à destinations? Y'avait-il un marché noir de mendiant qui vendait leurs vies pour quelques pièces à boire? Tant de questions sans réponses.

Comment trouvait-elle le courage de se diriger vers cet endroit? D'avoir foi qu'on ne l'enfermerait pas pour l'éternité, qu'on ne lui planterait pas un pieu en plein cœur ou qu'on ne ferait pas d'elle une bête de foire ou un animal de laboratoire? C'était lui, celui qui lui avait prouvé que les gens pouvaient être bons sans raisons. Que les certains étaient encore capables de communauté et d'entraide. Lui, qui lui avait filé ce petit bout d'écorce sur lequel était inscris un simple nom et une adresse londonnienne. Elle était déjà venue dans le quartier, mais jamais aussi près de cet épicentre qu'elle découvrait à mesure qu'elle se rapprochait du sang.

Du sang en grande quantité, rien à voir avec la foule qui descends la rue principale ou l'amalgame qu'on retrouve chez Bertie Crochue. Étrange que l'endroit n'attirait pas les fauves comme elle qui manquait de ressources, ou alors ils étaient bien protégés. Elle aurait pu simplement cogner à la grande porte, souffler son nom pour que quelqu'un lui ouvre, son instinct lui criait pourtant de prendre un coup d'avance. Qui sait ce qu'elle allait trouver derrière cette porte, qui sait si le démon aux yeux de galce ne s'était pas moqué d'elle. Elle enfouit le papier dans la poche de son veston de cuir rouge fétiche, contournant l'immeuble jusqu'à l'arrière pour évaluer ses possibilités. Il y avait le sous-sol qui serait sûrement accessible par une fenêtre, mais personne ne gardait ce qui valait le coup dans des endroits humides et froids. Il y avait le premier étage, là où on ouvrait la porte, où on se dévoilait faussement aux intrus et aux inconnus. Son regard fut attiré par une lumière à la gauche du bâtiment, la rassurant dans son choix du deuxième palier, elle n'eut aucun mal à grimper le long de la gouttière pour atteindre la fenêtre adjacente a son laboratoire.

Elle s'y glissa avec la furtivité d'une souris, s'assurant de refermer derrière elle pour éviter que le froid de l'extérieur alerte sa cible. Plonger dans la pénombre de la remise, Hailey restait immobile, détaillant de son regard émeraude l'homme qui était assis derrière son bureau. Il n'était pas ce qu'elle avait attendu bien qu'elle n'avait peint aucun tableau clair. Il semblait s'ennuyer dans la longueur de la nuit, son visage éclairé par l'écran qui se trouvait devant lui. Elle pouvait ressentir le bourdonnement des appareils vibrer dans l'air, comme statique dans l'oxygène qui remplissait ses poumons.

Nerveuse, elle ne savait pas trop ce qu'elle devait dire ou faire, comment un vampire se présente-t-il devant un humain à qui il trafique du sang humain? Jamais la petite blonde aurait cru un jour se retrouver dans une situation aussi loufoque, pourtant fière de n'avoir rien en commun avec les créatures sans âmes qui peuplaient ses contes sur le sujet. Était-elle une vampire dotée d'humanité ou une humaine affligée de vampirisme? La réponse l'effrayait, tout autant que l'avis de l'homme qui ne la connaissait pas encore. Un vampire, un jeune vampire! Elle avait englouti tout le sang animal que son estomac pouvait contenir, mais maintenant qu'elle était ici, debout à renifler les effluvent humaines qu'il planquait quelque part, elle réalisait bien vite que rien n'égalait la satisfaction gourmande du sang de bipèdes.

Certes, il n'y avait pas de nectar plus délicieux en ce monde que le flot qui se déversait dans les veines du jeune Rivers, il y avait pourtant quelque chose dans la substance humaine qui offrait une satisfaction absente du sang d'animaux, une protéine unique qui étanchait la soif comme nulle autre. Hailey inspira un bon coup, déterminer à faire de cette rencontre un événement plus agréable que sa rencontre avec le loup. Tant qu'il ne se coupait pas sur une mandibule d'araignée, tout irait bien.

Elle avança d'une marche feutrée, commençant peu à peu à perdre la lourdeur du corps humain pour l'allégresse de la créature nocturne. Un pas, puis deux avant de surgir de la pénombre, enjambant le cadre de la porte avec une détermination renouvelée par la promesse d'un sang dénudé de meurtre. Dès que l'homme sursauta, une couleur vermeille éclatante miroita dans son oeil avant de s'éteindre. Son corps tout entier la fouettait douloureusement, ses mains se crispant sous l'envie, mais également la détermination de retenir sa bête de gronder. Encore rien qu'un court instant et on la délivrerait de cette voix qui lui crie que sous sa peau salée se cache l'or liquide que son corps quémande à l'univers.

‘' Salut! Moi c'est Hailey! ‘' Sa voix cristalline rebondit sur les murs aseptiser du laboratoire, elle s'avançait toujours, se stoppant nette à quelques mètres de son interlocuteur. Son coeur tambourinait la surprise, elle bloqua instinctivement ses naseaux pour empêcher son arôme subtil de l'allécher. ‘' On m'a dit que tu pouvais.... ‘' Me nourrir? M'offrir le sacrifice ultime du sang sur un beau plateau d'argent? Risquer ta peau et ton statut pour aider une jeune vampire au dépourvue à qui on n'avait oublié d'apprendre à chasser? Elle abaissa les yeux, un sourire presque timide, supplanter en tout point par la honte et le mépris de soi. ‘' Que tu pouvais m'aider'' Elle leva le menton, prête à laisser le regard de cet homme la sonder à la recherche de danger. Dans son regard, une appréhension aussi vive que sa sincérité. Elle venait en humble pécheresse à la recherche de rédemption.

Deux mois de préavis. Ça fait foutrement beaucoup ça, deux mois de préavis, pour quelqu’un qui se tape la paperasse et les nuits de ceux qui ne veulent pas en prendre la peine. De celles qui ont des gosses ou “une vie de famille, tu comprends”. Des vacanciers et des anciens, de ceux dont il faut préserver la santé et de ceux qui ne se sentent pas concernés. Et dans l’histoire, il était le grand méchant. Quitte à s’emmerder, Maxence lançait les analyses, cravachait, résolvait. Et puis lorsque le retard du jour était avalé, alors il sortait les livres de médecine et planchait sur ces enseignements qu’il avait délaissé à l’armée ainsi qu’une fois arrivé à Poudlard.
Les deux pieds croisés sur le bureau, un œil sur les analyses, le second sur un bouquin ouvert sur ses cuisses, Maxence faisait passer le temps. Ses nuits et ses jours étaient adressés à la Garde, son boulot ou l’apprentissage auprès de Sunniva, une vampire de plusieurs siècles dont le comportement distant et agressif envers tous avait fini par s’apaiser concernant Maxence. Ainsi au fil du temps, elle lui avait accordé sa confiance, comprenant qu’il ne la trahirait pas, puis ses connaissances. Ainsi celui qui n’avait jamais pu tout à fait obtenir ses grades de médicomage militaire se trouvait-il dorénavant coaché par une chirurgienne millénaire aux aptitudes titanesques. Chaque semaine, la routine de leurs cours s’inscrivait un peu plus dans leur normalité. Dans les sous sols des hôpitaux ou du campus, Sunniva lui apprenait ce qui n’existait pas dans les livres, forte de son expérience, elle lui enseignait et élevait ses connaissances à un niveau qu’il n’aurait pu envisager. A présent, Maxence n’aurait pu s’en passer. Grace à elle, il assistait aux opérations, renouait avec la médecine moldue qu’il avait délaissée durant tant d’années en déviant peu à peu ses études vers le monde magique. Retrouvait son niveau… et ses migraines.
Pourtant la passion de l’apprentissage ne disparaît pas en lui. Pas même quand, en plein milieu de la nuit, Maxence note le battement monotone et régulier de la grande aiguille.

A un moment durant ces dernières heures, Lotar, le contact de Sunniva, était passé. S’ils s’étaient rencontrés à coup de flingue braqué en sa direction, près d’un an plus tard, Maxence ne réagi plus qu’à peine, levant le regard vers l’homme aux larges lunettes et à carrure droite. Un geste de la main pour se saluer l’un l’autre et il laissait un bagage à destination de la vampire.

Cette entrée avait été la seule qui ait le moindre intérêt pour égailler l’ennui de l’annaliste. Elle aurait dû être la seule.

Pourtant un bruit attise l’attention de l’homme, profondément concentré sur des histoires d’analyse de CRP. Sans doute fort intéressant mais probablement moins que de lever le regard pour comprendre que, sans aucune raison toutes issues fermées ; il y a quelqu’un dans la pièce.
Un sursaut, les pensées câblées droit vers la possibilité d’une attaque - ou d’une visite surprise de Sunniva … or celle-ci lui avait dit être en Norvège cette semaine ! - probablement de Sups ou de sangs purs. De personnes qui, d’une manière ou d’une autre, avaient compris ses implications dans la Garde ou le soutien des victimes du régime actuel… ou décidaient enfin de lui tomber dessus après ses actions à Poudlard.

En un instant ses pieds touchent le sol, sa main vole non loin de sa baguette, son regard se braque dans celui de la nouvelle arrivante. Un éclat pourpre miroite un instant, se charge d’une lueur sanguine tranchant si violemment avec la pâleur de sa peau. Vampire. ‘' Salut! Moi c'est Hailey! ‘' Voix cristalline, légère et enjouée. Etrange même, cette bouille de jeune fille innocente dans de telles circonstances. “Salut Hailey…” Comme un brin d’ironie dans ces mots. ‘' On m'a dit que tu pouvais.... ‘'
Elle reste à distance, baisse le regard, esquisse un sourire, relève les yeux et crispe ses traits. Difficile de dire ce qu’il se passe là-dedans. De la politesse, de la peine, de la peur, de l’envie, de la haine de soi ? Peut être un peu de tout ça.
En douceur, Maxence éloigne la chaise à roulette sur laquelle il était posté depuis des heures, et ramène en douceur sa main le long de son corps. Assez pour attraper son arme en cas de besoin ; réflexe de soldat. Une prise de risque qui favorise le dialogue, surtout ; réflexe de soignant.  ‘' Que tu pouvais m'aider''

Il ne lui aura pas fallu longtemps avant de se refaire le narratif. Il y a quelques semaines, mois peut être, Enzo a débarqué mordu par une vampire, lui a expliqué l’échange qu’ils ont eu et d’avoir perdu sa trace. Etait-ce elle ? Quel était ce “on” généralisé ? Bien des possibilités, tant de personnes passent par lui et le connaissent en tant que référent qu’il lui est difficile d’identifié quelqu’un en particulier. Pas Enzo, il n’en aura pas eu la possibilité. Mais nombreux sont ceux qui peuvent diriger bien des personnes vers lui.

“Alors enchanté Hailey. Si je le peux, je suis ton homme..!” Fait-il avec un petit sourire aux lèvres. Par habitude, le cœur retrouve son calme très vite, seulement emballé le temps de la surprise. Il a beau tonner plus fort, le soldat reste mesuré dans ses réactions, habitué à gérer les situations délicates et les crises violentes. La main gauche à plat sur le plan de travail du bureau, il la détaille en silence, note la jeunesse de ses traits, la contrition de ses mimiques. C’est qu’elle lui fait penser aux gamins de Poudlard cette jeune femme. “Je pense deviner le problème mais mieux vaut que tu me l’expliques si t’es ok avec ça.” De sorte à mieux comprendre la situation, surtout. “Et t’en qu’on est sur les propositions, est-ce que ça te va si je sors en douce ma baguette pour un sort de confusion ? La pièce est filmée.” Mesures classiques dans un laboratoire d’analyse moldu.

Il avait des yeux profonds et de minces lèvres qui disparaissaient lorsqu'il esquissait un sourire. C'était rassurant, malgré l'effet de surprise et le geste probablement destiner à se protéger il retrouva rapidement son calme malgré le danger de sa présence. Il était son homme, celui qui allait régler tous ses problèmes! Bon peut-être pas, mais il allait sûrement lui donner un coup de main et soulager la sécheresse qui régnait à travers ses veines. Curieux qu'un visage aussi familier et invitant serait celui qui s'apprêtait à trafiquer du sang humain, il lui rappelait ces types de l'université planquer dans leurs sous-sols toujours trop occuper à travailler jusqu'aux petites heures du matin. Ça expliquait les cernes presque invisibles qu'elle lisait sous ses yeux et l'odeur des produits qui s'étaient accrocher à la fabrique de ses vêtements.

“Je pense deviner le problème mais mieux vaut que tu me l'expliques si t'es ok avec ça.”Le problème. Le problème était qu'elle était morte; dé-cé-dée. Mais il n'y avait pas de marche arrière, aucune de ses machines sophistiquées ne pourraient résoudre son véritable problème. Elle devait acceptée qu'elle était un vampire, un mauvais vampire qui plus es! Elle était pire que ceux qui traquaient le gibier, pire que ceux qui effrayaient leurs victimes ou dansait avec leurs cadavres au clair de lune. Au fond de son cœur, Hailey le savait, elle le ressentait dans chaque particule de sang qui animait son corps. Le problème quand on est un requin à la recherche de cœurs fatigués c'est qu'on apprends à se nourrir du mal de vivre. L'essence de son problème, refuser d'être ce qu'elle était en espérant qu'un jour le lapin blanc la reconduise chez elle.

“Et t'en qu'on est sur les propositions, est-ce que ça te va si je sors en douce ma baguette pour un sort de confusion ? La pièce est filmée.”Hailey détourna la tête en l'air, braquant son regard sur une des caméra de sécurité en souriant bêtement, sa méthode n'était pas encore parfaite, mais elle s'en souviendrait à l'avenir. Elle revint vers le jeune homme, hochant la tête positivement en croisant les mains derrière son dos, peut-être pour confirmer qu'elle venait en ami et qu'elle ne représentait aucun danger. Difficile de lui en vouloir d'autant de précaution vue son historique, elle arrondit légèrement les yeux devant la démonstration de magie, elle était toujours fascinée par le procédé même si elle s'était bien entraîné avec Theodore.

‘' Le problème c'est qu... ‘' Elle s'était avancée de trois pas, hésitante à la façon d'aborder le sujet. Après hésitation, elle le quitta promptement pour aller empoigner la chaise du bureau voisin, la roulant au sol jusqu'à une distance raisonnable avant d'y prendre place. Elle avait une grâce accentuée par ses gestes volontairement doux et fluide, son dos bien droit comme la bonne petite Harding qu'elle était. Ses mains s'agrippaient à ses genoux pour relâcher un peu de tension, elle trouva tout de même la volonté de le regarder dans les yeux, il s'y connaissait; Elle n'avait pas à agir comme si elle était une sainte. Elle laissa retomber ses épaules, son visage ridé d'un profond embarra.

‘' La vérité c'est que le sang d'animaux est super en théorie, mais ça me rends plus imprévisible quand je suis exposé a... ‘' Elle laissa son regard glissé contre sa gorge, se demandant si tous les vampires avaient des préférences? Elle n'aimait pas le goût des femmes ou des gens parfumés, elle adorait la piqûre de sueur qui se mêlait à la chaire des hommes vaillants et l'épice du chromosome qui s'y rattachait. Elle détourna les yeux un instant pour se ressaisir, retrouvant une légère confiance après avoir laissé échapper un long soupir. ‘' Au sang humain. ‘'

La bonne nouvelle c'est qu'elle ne s'était pas enflammer, ça faisait du bien de pouvoir cracher le morceau en regardant quelqu'un dans les yeux. Il y avait quelque chose de libraire dans son apparence, quelque chose qui avait toujours rassuré Hailey dans sa vie jusqu'à aujourd'hui. Il n'y avait rien de mal à trouver des réponses chez les plus érudits, ils étaient toujours de bons conseils. Son sourire faiblit, elle baissa à nouveau les yeux, elle n'avait rien à prouver, simplement quelque chose à demander. ‘' Il n'y a pas assez de mourant à l'hôpital ou la maison de retraite pour me nourrir plus d'une fois par semaine ‘' Dit plutôt que tu ne veux pas vivre avec le fardeau de toutes ces vies que tu a écourtées, que tu voudrais être suffisamment nourri pour ne pas tuer chaque personne que tu mords. Dit que tu as envie de mourir chaque fois que tu entends un cœur s'éteindre et de pleurer chaque fois que celui de Theodore se tord d'effroi devant tes crocs acérés. Avoue que tu as peur de ne pas résister à l'envie de planter tes canines dans la chaire d'Alec chaque fois qu'il est à proximité.

‘' J'ai aussi mangé quelques sans abri, mais le dernier avait tellement de substances dans les veines que ça m'a mis sur le cul pendant deux heures ‘' Une pointe d'humour pour essayer de détendre l'atmosphère, étirant à nouveau son sourire caractériel tandis qu'elle repoussait ses boucles derrière son oreille. ‘' Je dois trouver quelque chose de plus viable... Et surtout qui n'implique la mort de personne ‘' Elle le sentait fourcher sur sa langue, c'était presque trop beau pour être vrai.

Maxence ne s’y attendait pas. C’était une évidence. S’il avait  bien intégré les informations données par Enzo, comment imaginer que la jeune femme ait pu débarquer alors même que l’ancien Griffondor n’avait pas eu la possibilité de lui donner un point de chute. Encore moins son nom. D’autant qu’il ne l’aurait jamais dirigée ainsi et ici, il aurait sans doute pris le problème dans l’autre sens et lui aurait proposé, à lui, de la rencontrer. Et non l’inverse. Ainsi, il ne s’agissait sans doute pas du jeune homme mais de quelqu’un d’autre. Qui ? Milles options et l’interrogation ne lui resta pas bien longtemps à l’esprit. L’important était ailleurs, dans ce que vivait la jeune femme et la demande d’aide qu’elle lui faisait à l’instant.
Ainsi l’ancien soldat s’était apaisé. Non parce qu’il estimait qu’il n’y avait aucune menace - de danger, il en existait bien - mais simplement parce qu’il connaissait trop bien les situations de tensions pour se laisser déborder par elles. Qu’il s’agisse d’une vampire ou d’une autre raison, ses gestes et paroles se étaient mesurés, réfléchis, cadrés. La force de l’habitude.
Obtenant la validation de la jeune femme concernant la magie, Maxence sortit en douceur sa baguette et, d’un geste sous le comptoir, protégea l’espace.

L’entrée du laboratoire se faisait au rez-de-chaussé, juste en dessous, où un large bureau mangeait les lieux et permettait l’accueil des visiteurs. Un grand escalier amenait à cet espace. De larges paillasses striaient les lieux. Trois au centre, deux le long des murs. Différentes machines qui étaient déposées tandis qu’ici et là traînait encore la verrerie qu’il avait utilisée quelques heures plus tôt et qui, à présent, séchait tranquillement. D’autres pièces se trouvaient à droite et à gauche du labo, répondant à certains besoin spécifiques. Une salle d’analyse avec larges hottes pour les produits dangereux, une chambre noire, une salle informatique, un espace privé et une pièce de stockage. Lui se trouvait à droite, là où un bureau de bois qui n’avait rien à faire là avait fini par être disposé pour bloquer l’espace mais permettre l’ajout d’une zone informatique facile d’accès. Au fil du temps, les employés avaient dû être lassés de devoir faire des allers retours dans la pièce prévue à cet effet. Ainsi le large bureau de bois clair séparait-il Maxence et Hailey tandis qu’elle s’approchait de lui de quelques pas. ‘' Le problème c'est qu... ‘' De gestes fluides évoquant une certaine grâce, la jeune femme aux airs timides vint prendre un tabouret un peu plus loin pour le tirer à elle et s’y asseoir. Ramenant les talons sur l’une des barres en métal, elle y posa les mains, semblant tenter de défaire la tension qui, inscrite dans son dos, l’amenait à se tenir bien droite. ‘' La vérité c'est que le sang d'animaux est super en théorie, mais ça me rends plus imprévisible quand je suis exposé a... ‘'   Son regard remonta le long de l’analyste qui n’eut aucun mal à comprendre où il s’était arrêté. La carotide. Rien qu’un instant avant de détourner le regard et de se ressaisir. ’' Au sang humain. ‘'

Toujours le sourire. L’attitude tranchait profondément avec Sunniva qui n’en décrochait jamais. Paradoxalement, c’était justement ce sourire qui le perturbait le plus. Peut être était-ce justement parce qu’il supposait qu’elle était cette jeune vampire mordue récemment dont Enzo lui avait parlé et qui était incapable de tout à fait se contrôler. Ou bien la conscience vive et évidente qu’effectivement, elle n’était pas apte à tenir les rennes de son addiction face à lui ou simplement sa jeunesse ; mais l’ensemble de ce qu’il percevait de cet air de gentille petite fille le perturbait. Maxence n’était pas tout à fait certain de percevoir de l’inquiétude chez elle, ou de la culpabilité. Et pourtant elle ne semblait pas non plus en être dénuée. Difficile à dire tant tout était noyé derrière ce sourire constant.
Instable pourtant ; il faiblit lorsqu’elle baissa le regard et reprit. ‘' Il n'y a pas assez de mourant à l'hôpital ou la maison de retraite pour me nourrir plus d'une fois par semaine ‘' En douceur, ne cessant de l’écouter, Maxence laissa l’une de ses cuisses se caler contre la paillasse blanche derrière lui. Ainsi coincé entre le bureau de bois, l’installation informatique dégueulant de câbles en tout genre à sa droite et la paillasse sur laquelle traînait café et bouquins entassés là pour la nuit, il observait en silence la jeune femme et les sous-textes qu’elle faisait. D’ordinaire, il l’aurait rejoint. Dans ces circonstances, le médicomage préférait éviter. En cas d’attaque, il y aurait au moins le bureau pour la ralentir et lui permettre de sortir sa baguette de nouveau rangée et facile d’accès. ‘' J'ai aussi mangé quelques sans abri, mais le dernier avait tellement de substances dans les veines que ça m'a mis sur le cul pendant deux heures ‘' De l’humour et le retour du sourire. Un portrait inhabituel dont il ne savait encore que faire. Ou plus exactement, comment l’interpréter.
‘' Je dois trouver quelque chose de plus viable... Et surtout qui n'implique la mort de personne ‘'  
“Effectivement, ça semble judicieux.” Fit-il, sans trace de critique dans la voix. Factuel sans être froid, la paume droite posée sur la paillasse de carrelage blanc, l’autre main dans sa poche, Maxence adoptait une attitude ouverte et avenante, bien loin d’une posture fermée.
Etrange, cette manière de faire. Tout à la fois souriante et détachée face aux morts dont elle affirmait être la responsable et en même temps à la recherche d’aide, raison pour laquelle elle était ici. Une attitude physique disant tout et son contraire. Le sourire et la démarche souple et fluide, les épaules et le dos droit, déterminant une forme d’assurance et de fierté tandis que le discours pointait les horreurs dont elle se disait responsable tout en se dégageant d’une forme de culpabilité. Par ailleurs, elle exprimait avoir fait des choix parmi “les moins pires” pourrait-on dire, une grimace au visage, ne sachant comment exprimer autrement les choses. Toute vie humaine se vaut-elle ? Pas le moment de partir dans des débats philosophiques… et pourtant le questionnement était fort à propos.
Maxence se pencha en douceur pour passer une main dans le sac que Lotar avait laissé pour son amie éternelle et en sorti une large pochette de sang.

“T’attrapes ?” Il se donnait alors l’impression d’être le grand frère, prêt à jeter un ballon à un enfant. Ou peut être était-ce seulement parce que son propre frère lui manquait et que malgré les recherches de Néolina au Ministère ou de Riley et son ami William sur le net, le jeune homme restait introuvable. Lançant la pochette de sang à Hailey, Maxence balaya rapidement cette pensée. Ainsi la pochette atterrissait entre les mains de la jeune femme.

“D’ordinaire on vient plutôt me voir quand on perd du sang… pas quand on en cherche.” Fit-il avec un petit sourire amusé. “Il est en effet nécessaire de trouver comment faire autrement. Tu ne peux pas continuer comme ça, c’est certain.” En silence un instant, il estima les réserves conservées dans les congélateurs. Ça faisait un moment qu’il avait sympathisé avec Lotar et échangé sur la situation. Sunniva prélevait dans plusieurs laboratoires pour elle et sa compagne, ne pouvait-il pas en faire de même ?
Estimant que la pochette de sang lui permettrait d’être davantage repue, l’ancien soldat sortit du petit espace délimité par le bureau et le coin de mur pour s’adosser à une paillasse.  Ainsi il restait entre elle et lui une paillasse et l’espace pour pouvoir gérer un moment difficile, quel qu’il soit. “Je ne sais pas exactement pourquoi ni par qui tu m’as été envoyée mais je pense que certaines herbes et potions peuvent t’aider à te maîtriser. J’ai un ami qui tient une herboristerie. Si je m’absente un peu, personne ne le remarquera je pense. On peut y faire un tour cette nuit ; je pense que ça peut être un premier bon point. Quant au sang… je ne suis plus ici pendant longtemps, mais je suppose que je peux t’extraire quelques poches d’ici là. J’ai surtout un contact avec qui il y aura peut être moyen de s’arranger.” Est-ce que quelqu’un savait que Lotar agissait ainsi ? La question pouvait se poser tant la coïncidence tombait juste. Pas Enzo en tout cas, même s’il avait sans doute et depuis bien longtemps senti la présence d’une vampire dans l’environnement proche de Maxence. Mais le jeune homme était déjà éliminé de l’équation de part ses habitudes et son comportement. Son respect surtout. Quelqu’un, donc, qui lui enverrait une vampire potentiellement dangereuse, droit sur son lieu de travail, sans le prévenir et en sachant des choses que personne n’était apte à savoir ? Sans qu’il ne s’agisse ni de Sunniva qui ne communiquerait jamais quoi que ce soit sur sa propre nature vampirique, ni de Lotar qui aurait limité les interactions. Une personne assez irrespectueuse et intrusive pour se foutre des conséquences possibles de sa décision ?

Logan  ?

Judicieux, il n'aurait pu trouver un meilleur mot même s'il fouillait le dictionnaire. Voilà ce qu'elle était, judicieuse dans son choix de se présenter au sorcier pour quémander de l'aide. Même si elle se sentait comblée et puissante lorsqu'elle vidait un corps de son liquide, il était impossible d'ignorer la vague de culpabilité et de remords qu'elle ressentait une fois qu'elle avait eu sa dose et qu'elle restait planter avec un cadavre entre les bras. Elle pouvait bien se mentir en prétendant n'être qu'un ange de miséricorde qui délivrait les plus souffrants de la vie qui les trahissait, la part humaine qui brillait toujours en elle s'en voulait pourtant drôlement de s'en prendre à ceux sur qui le sort s'acharnait déjà. Il y avait bien ceux qui l'attendait à bras ouvert, qui remerciait le ciel que la fin les emportent dans un monde sans douleur... Mais il y avait aussi les plus vaillants, ceux qui continuaient de combattre jusqu'à leurs derniers instants.

Coupable, voilà ce qu'elle était. Fautive de frissonner tandis que ses yeux glissaient contre la silhouette parfaitement proportionner de l'homme dans la pièce. Son esprit imaginait déjà la diète décente qui le nourrissait, rendant son corps aussi alléchant qu'une glace en été pour sa petite gorge assécher. Il aurait été si facile de se glisser contre lui, de lui arracher cette chemise qu'il avait sur le dos pour accéder à une peau nerveuse sous la force de sa poigne. Si bon de sentir la chaleur d'un corps se débattant contre elle tandis qu'elle se laissait glisser dans le vide immense de la bête. Non, elle devait garder la tête froide, se concentrer sur ses mots plutôt que son cœur vaillant qui lui murmurait combien il en avait envie.

Non, il n'y a que Lui pour voir la créature et éprouver une dangereuse attirance, Lui qui avait une armure forgée aux coups du même poison qu'elle. Comment pouvait-ils comprendre, comment expliquer à ceux qui ne savent pas que la douleur pouvait donner force et vitalité. Qu'elle pouvait être familière et engageante, parfois même jusqu'à nous en faire oublier notre nom.

Non, ce n'était pas ce qu'elle désirait, quant bien même qu'il avait un regard sombre et une jolie fossette qui distinguait son menton lorsqu'il parlait.

Ça ne l'empêchait pas de le détailler avidement de ses petits yeux perçant, restant à l'affut du moindre son étouffer qui venait flatter son ouïe dans l'appréhension de quelque chose. Elle ne savait pas trop ce qu'elle attendait de lui après avoir mit son âme à nue, probablement qu'il la juge ou qu'il se répugne de ses manières narcissiques. Prétendre avoir plus d'empathie qu'elle en avait vraiment l'aurait peut-être aider, mais sur sa langue maintenant devenu presque animal le mensonge goûtait toujours le péché. Elle crachait donc la vérité, aussi imprudemment que sincèrement en attendant son jugement.

Elle sentait la panique l'envahir quand il se déplaça à une lenteur presque agaçante vers le sac qui contenait sans nul doute le sang qui l'avait attiré jusqu'ici. Qui sait ce qu'il pouvait contenir de plus, aucun don ni aucune magie ne pouvait l'aiguiller sur le danger à venir. Elle fut soulagée de pouvoir enfin poser les yeux sur le liquide familier qui tirait son estomac pour lui rappeler combien le sang animal était ordinaire. Elle encra un pied solide contre le plancher ciré, son corps se penchant vers l'avant alors que ses bras remontaient dans le vide dans une forme bien américaine. Le sourire qu'elle affichait semblait soudainement plus sincère, tout comme l'éclat dans ses yeux qui trahissaient son individualité face à une telle pratique.

Elle aurait bien aimé ne pas être unique, avoir quelqu'un qui aurait partagé sa vie et son histoire, quelqu'un qui lui aurait ressemblé et l'aurais accompagné à travers toutes ses longues journées d'ennui. Mais il n'y en avait qu'une, une unique fille sur qui déversé tout le poids de leurs attentes, sur qui parier l'avenir de leurs noms et de leurs sangs... Qu'elle mauvais choix ils avaient tous fait.

Elle attrapa la poche qu'il lui lança et aussitôt, Hailey pouvait sentir le léger tremblement d'excitation qui lui fouettait dans les mains. Il avait une apparence beaucoup plus liquide qu'à l'habitude, elle détaillait la texture du sang emprisonner sous le plastique avec une nouvelle fascination. Il y avait donc de l'espoir, une manière de vivre qui ne la conduirait pas tout droit à Askaban ou dans les bureaux du FBI.

“D'ordinaire on vient plutôt me voir quand on perd du sang… pas quand on en cherche. Il est en effet nécessaire de trouver comment faire autrement. Tu ne peux pas continuer comme ça, c'est certain.”

Il n'était donc pas le grand baron du sang qu'elle s'était imaginé, il semblait plus enclin à garder les gens en vie qu'à l'en extraire. Ça faisait du sens, son instinct n'éveillait aucune animosité envers lui, il n'avait pas non plus le regard malveillant ou avare de certains hommes qu'elle avait croisée dans le passé. Elle eut un mouvement vif, remontant la précieuse poche vers son visage avant de s'arrêter brusquement, son regard carmin trouvant celui de l'homme à l'opposé de la pièce. Elle vit le mouvement qu'il engagea pour s'éloigner, mais la jeune vampire timide préféra tout de même se lever de son siège pour lui tourner franchement le dos.

Il y avait quelque chose de privé et personnel qu'elle n'avait jamais aimé exposer aux humains, une part de sensualité et de contentement laid qu'elle s'empressait toujours de cacher. Il savait bien ce qui arrivait lorsque ses cernes se violaçaient sous ses yeux et que ceux-ci ruisselaient abondamment. Même si elle usait de l'embout prévu à cet effet en glissant le plastique entre ses lèvres, ses canines proéminentes la chatouillait en s'allongeant sous le coup de l'envie.

Non, ça n'avait rien à voir avec le sang de cerf dont elle c'était repus plus tôt qui était épais et toujours chaud dans la gorge de l'animal. Il était également très pur, presque trop pour la vampire qui rêvait toujours du goût de la nicotine et de l'alcool qui se mélangeait délicieusement dans le corps de sa victime préférée. Traité, comme de l'eau du robinet auquel il manquait tous les nutriments qu'on retrouvait à la source. Stérile, aucune trace de l'humain qui l'avait produit ou du goût de sa vie dans ces globules rouges.

C'était néanmoins satisfaisant pour une créature qui s'efforçait d'en ingérer le moins possible, toujours en quête d'une nouvelle manière de remplir son estomac à coup de thé chaud ou de rongeurs diverses. Elle but trop vite, si vite qu'il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase qu'elle avait engloutie le contenu de la pochette qui semblait déjà un lointain souvenir. Elle resta bloquer, son corps s'enflamma sous la force du sang humain, ses sens maintenant excité de sentir la réserve qu'il gardait jalousement dans son sac et dans son corps. Elle avait envie de plus, toujours plus. Elle aurait pu vider le monde tout entier si on lui en accordait la chance, mais la beauté d'une conscience apaiser ne lui permettait pas de se laisser glisser dans de telles contemplations d'horreur. Elle devait rester forte devant l'appétit pour pouvoir préserver ce lien qu'elle tentait de former, à l'image d'Alec il ne l'emplissait pas de honte sous le poids du jugement.

“Je ne sais pas exactement pourquoi ni par qui tu m’as été envoyée mais je pense que certaines herbes et potions peuvent t’aider à te maîtriser. J’ai un ami qui tient une herboristerie. Si je m’absente un peu, personne ne le remarquera je pense. On peut y faire un tour cette nuit ; je pense que ça peut être un premier bon point. Quant au sang… je ne suis plus ici pendant longtemps, mais je suppose que je peux t’extraire quelques poches d’ici là. J’ai surtout un contact avec qui il y aura peut être moyen de s’arranger.”

Par qui, Hailey dirait plutôt par quoi. Un démon vicieux et sadique qui s'était joué d'elle avant de l'abandonner contre le pavé d'une rue sombre. Oh combien elle avait aimé, même si elle ne s'avouerait jamais à elle même l'excitation qu'elle avait ressentie devant un tel être. Puissant comme elle n'en avait jamais affronté, aussi froid et dur que soucieux. Autrement, pourquoi l'aurait-il diriger vers cet homme sans le moindre avertissement? Était-ce un test qu'il lui faisait passer, mettant la vie d'un bel homme en jeu pour voir si elle arrivait à le laisser en vie? Peut-être le test était-il pour lui, qu'il l'avait aiguiller comme une torpille avant de la laisser foncer droit sur lui. Peut-être était-ils sensé combattre pour prouver quelque chose. Elle replia la pochette sur elle-même avant de l'enfoncer dans la poche de sa veste, elle ne l'embarrasserait pas avec des preuves à faire disparaître, il semblait déterminer à la soulager d'un poids elle éviterait donc d'en être un.

Sortir, c'était une bonne idée; elle trouvait toujours aussi insupportable le son des machines vibrantes qui les entouraient et la propreté des lieux ne faisait qu'accentuer le parfum corporel de son interlocuteur qui flottait dans l'air.

Prenait-elle un risque tandis qu'elle s'avançait vers lui, laissant la plante de ses doigts glisser contre le métal froid de la paillasse pour la contourner allègrement, effaçant la sécurité du meuble qu'il avait glissé entre eux. Un moldus aurait sûrement tremblé de peur en voyant ce sourire sulfureux qui s'étirait sur le visage de la bête, pleinement conscience que leurs charmes endiablées n'étaient qu'illusion selon le folklore classique. Qu'elle était une bête à qui on ne pouvait pas faire confiance, que son regard qui se glissait le long de son corps n'avait rien de doux sauf l'envie insaisissable pour son rythme cardiaque.

Que pensait donc un homme de science devant qui la magie se fracassait contre la logique du monde? Il semblait pourtant calme, presque sur de lui malgré la distance qu'elle comblait entre eux pour se planter devant lui. Elle aurait pu lui souffler que l'homme qui l'avait envoyé avait sûrement risqué sa vie simplement pour tester sa volonté, qu'il était un démon aux yeux de glace qui se jouait autant de lui que d'elle. Heureusement elle n'avait pas envie que le sorcier associe son nom avec celui du diable, préférant se représenter elle-même devant l'érudit.

Elle posa une main contre la surface ou était accroché l'homme, tordant légèrement la cheville ce qui tendait le muscle de sa cuisse jusqu'à la poche de son jeans. Une attise beaucoup moins volontaire que ses joues bombés et ses yeux remontant contre lui avant qu'elle ne penche légèrement la tête sur le côté. Elle avait définitivement l'art des manières.

‘' Tu ferais ça pour moi? C'est très gentil d'ta part ‘' Presque trop gentil, pourquoi un étranger voudrait aider un vampire qui mettait en ce moment même sa vie en jeu. Qu'il risquait son travail enfermer dans cette petite pièce remplit de matériel fragile et sûrement hors de prix qu'il mettait à sa disposition. Était-il brave ou inconscient? Après tout, il ne l'avait pas invité et peut-être cherchait-il simplement un moyen poli de la virer de son boulot. Sur qu'il ne serait pas très professionnel de se faire pincer à l'arrière de la pièce à se faire dévisager par une blonde dix ans plus jeune au sourire d'Aphrodite, vampire ou non. Elle détacha pourtant son regard du sien avec un certain détachement, c'était pourtant impossible de totalement refréner l'envie qui la dévorait.

‘' Je n'voulais pas t'interrompre dans ton travail ‘' Souffla-t-elle candidement en dépeignant la pièce d'une œillade, apaiser par le calme de l'endroit et le rythme synchroniser de son cœur avec le cliquetis de l'horloge. ‘' Mais j'ai vraiment besoin du coup de main, alors ‘'

Elle glissa sa main libre contre la surface et se hissa avec une délicatesse impressionnante contre le métal de la paillasse, arquant les épaules pour se donner un air encore plus docile.'' Je veux bien te suivre jusqu'à l'herboriste, mais au premier coup fourré tu sera le premier que je mettrai en pièce ‘' Humour de vampire ou menace d'une sorcière hésitante, qui sait. Son visage s'étira pourtant subtilement, perdant un peu de son humanité caractéristique pour ce durcir sauvagement. Le sourire était toujours présent, mais beaucoup moins crédible ou effectif qu'il l'était plus tôt.

Il n’y a pas de mode d’emploi, il n’y en aura sans doute jamais. On fait face, sans savoir trop comment. Derrière son air calme et avenant, Maxence garde bien des souvenirs délicats où tout aura manqué de foutre le camp. Il n’oubliera jamais ces moments où le patient s’est comporté en ennemi. Ou le patient était peut être, très factuellement, l’ennemi. Où la panique et la situation l’ont amené à devenir un danger pour le soignant.
On vous l’apprend très tôt : se mettre soi en sécurité avant toute chose. C’est beau sur le papier. Mais quand il s’agit de prendre une voie plutôt que l’autre, de laisser en arrière quelqu’un qu’on aurait pu sauver, d’accepter qu’on n’est pas à la hauteur et qu’il faudra vivre avec… disons que ça, c’est pas sur le papier. Ça vous hante, ça vous réveille la nuit. C’est là et il faudra assumer. Il faudra faire face aux familles, au cercueil, aux corps désormais meurtris. Ça fait partie de son quotidien. Être agressé par ceux qu’il tente d’aider aussi. Être face à des sujets qui le dépasse tout autant. Il y aura eu un lycan dans ses jeunes années. Des camés. Des soldats. Il y a eu Logan, au réveil de semaines de torture. On dit qu’il ne faut pas tirer sur l’ambulance. Combien, pourtant, le font ? Alors Maxence se méfie bien sûr, il faudrait être stupide pour ne pas garder une forme de mesure et de sécurité. S’il se rapproche un peu d’elle, c’est pour sortir de l’encadrement du bureau et du mur qui l’empêcheraient de réagir si besoin. S’il lui donne de quoi boire c’est pour apaiser un tant soit peu. Pourtant il sait le danger auquel il s’expose pour oser taper dans les stocks de Sunniva, mais la faim justifie les moyens ; très littéralement.
Un oeil sur la vampire qui se retournait pour boire à même la pochette de sang perchée, Maxence ne commente. Dans d’autres circonstances, il lui aurait probablement donné son intimité mais pour l’heure, les précautions appartiennent aux mesures de première nécessité. Baguette à portée, calme et dialogue pour premières barrières face à un drame possible. Un drame qu’il sent tonner, non loin. La jeune femme est tendue et chaque parole, chaque geste semblent pouvoir faire éclater l’équilibre obtenu. C’est ainsi. Ni une nouveauté, ni un sujet d’étonnement. Pas pour autant que ç’en est agréable mais dans son métier, on s’y attend un peu. Ainsi dans le silence, Maxence re-trace ses options. Il contactera Enzo suite à cette rencontre, c’est certain, mais pour l’heure le jeune homme restera en dehors de tout ça. Simplement parce qu’il n’a aucun moyen de savoir si cette femme est bien celle dont il lui a parlé et qu’il n’ira pas pointer la lumière sur l’ancien Griffondor sans raison. Naturellement, il l’aurait d’ailleurs gardée loin de l’herboristerie et de deux autres anciens élèves dont l’un ayant une place tout aussi privilégiée pour lui qu’Enzo… mais la situation le contraint à certaines obligations.

A présent posté au centre de la pièce, la cuisse contre la paillasse de carrelage et de verre, Maxence observe la jeune femme de l’autre côté du meuble, achever de boire et ranger la pochette de sang. Sûr de lui, oui, Maxence l’est. Ou du moins il le parait en toutes circonstances lorsque c’est le professionnel qui remplace l’homme. Étrange de s’exprimer en ces termes puisque la véritable profession qu’il inscrit sur les registres n’est rien d’autre que celle de laborantin. Mais il y a certains jobs qui vous collent à la peau. Par lesquels on se défini. Medicomage ; Medecin - qu’importe - en fait partie. Le monde du soin, d’une manière très générale, vous est tatoué sous la peau.
Elle s’approche. Contourne le meuble, se présente devant lui. Joue la mijaurée. Et pourtant il y a quelque chose dans l’attitude de menaçant. Peut être justement parce qu’elle joue une nouvelle fois la partition de la gentille petite fille timide et reconnaissante, une attitude qui ne correspond pas aux mots prononcés plus tôt. C’est la dissonance que Maxence note sans la commenter. Sans se crisper ou reculer. Il garde la cuisse contre la surface froide du verre, une main à plat, la seconde lâche contre son pantalon. En le fixant avec son timide air de cocker, la jeune femme reprends.

‘' Tu ferais ça pour moi? C'est très gentil d'ta part ‘'  
“C’est mon job.” Très factuel. Aucune véritable notion de gentillesse là-dedans. Le serment d’Hippocrate dicte ses actes, l’amène à préserver la vie humaine, n’importe laquelle. Pour autant Maxence n’est ni idiot ni naïf et le jeu de la gentille petite ingénue ne prend pas.
Elle garde le regard un moment dans le sien, illuminé de pourpre, quelques veinules noires sous les paupières. Légères. Pas d’urgence. Puis son regard s’en dégage, une légère dilatation des pupilles pour lui indiquer que la poche ne suffit pas ; elle en a envie. Tout devrait donc le pousser à reculer. Mais Maxence sait que la fuite face à un prédateur n’est pas toujours la bonne solution.

‘' Je n'voulais pas t'interrompre dans ton travail ‘'   Toujours son air d’ingénue. ‘' Mais j'ai vraiment besoin du coup de main, alors ‘' Un coup de main, pour éviter de tuer des innocents. Qu’importe la situation, Maxence ne le validera jamais. Ça a toujours été là un sujet de tension entre lui et Logan. Ça le sera sans doute à jamais.
Pour autant, malgré le discours, elle est bien là et ce n’est pas pour rien. La retenue donc, dans ses jugements autant que dans ses actes.
Avec une habileté qui rappelle subtilement son statut de créature de la nuit, la jeune femme se soulève pour s’asseoir sur la paillasse en verre et ramasse légèrement ses épaules en avant.

.'' Je veux bien te suivre jusqu'à l'herboriste, mais au premier coup fourré tu sera le premier que je mettrai en pièce ‘' Le sourire n’est plus celui de l’ingénue.
Moins subtile, soudainement.

Un petit souffle amusé lâché des narines et Maxence sort son téléphone de sa poche. “Honnête…” Sourire en coin et regard de biais. “ On ne peut pas te le retirer.” Pas plus de panique chez lui. Pas qu’il ne soit pas conscient de la situation, son cœur battait plus fort et l’adrénaline jouait dans ses muscles depuis longtemps maintenant. Pour autant, elle n’est ni la première à le menacer, ni n’en sera la dernière. Son corps est rôdé, ça n’empêche pas la peur de le sillonner, alerte sans y céder. “Changement de plan donc, vu l’ambiance. Je l’appelle.” Quelques tapotements sur son téléphone, un œil sur la jeune femme. “Qu’on soient clairs toi et moi. Tu viens me chercher pour obtenir de l’aide. Que tu me menaces à présent est une chose. Sache que l’idée d’en faire de même envers mes proches n’est pas bonne. Dans tous les cas, ce n’est pas comme ça que tu arriveras à quoi que ce soit.” La voix n’est pas dure, pas véritablement douce non plus. Elle est factuelle, calme et droite. Elle ne tremble pas, n’épouse aucune émotion forte, ne sous entends rien. Elle est celle d’un homme qui pose le cadre dans une sorte de tranquillité assurée.

La pièce était aseptique malgré l'espace restreinte et l'ameublement scientifique, tout le contraire de la petite tâche qu'elle était. Une plaie septique qui s'infectait à chaque contact, devant chaque personne qui l'invitait ou la jugeait, qui la regardait ou qui l'ignorait. Elle s'était volontairement imprégné d'Alec, avait laissé le doux poison qu'il était se faufilé à travers ses veines, à travers ses muscles et finalement son âme. Une impression qu'elle n'avait pas été à même de stopper devant les autres habitants de Londres qui l'avaient effleuré. Le loup et son goût pour la liberté forestière, sa force brute endormit qui appartenait à sa bête. Pholos et son grand cœur qui laissait couler les ragots sur son dos comme un canard trop préoccuper à apprécier la vue au bas de sa rivière. Theodore qui savait apprécier la petite tête de linotte qu'elle était, ce mentor-de-la-magie, l'ami trop mignon, celui qu'elle ne voulait pas décevoir même s'il la contentait dans sa personnalité trop ciré.

Et il y avait Lui. Le seul qui l'avait fait trembler d'effroi, ce regard qui la hantait sans jamais arriver à se faire capturer. Elle avait eu du mal à dépeindre les yeux de son ange, jusqu'à réalisé que la tempête détailler était le seul reflet qui rendait justice à son bleu clair. Le démon lui était impossible à déchiffrer, impossible de peindre une couleur aussi translucide et sombre à la fois. Chaque goutte de noirceur sur papier effaçait la clairté, le propre de son regard qui le rendait si démoniaque. Comme un regard de corbeau dissimuler sous des prunelles de Rivers.

D'où venait-il, cet être que même la bête avait voulu fuir, celui qui lui avait appris que beau gibier ne faisait pas toujours bonne victime. Qu'un jour, elle perdrait tout à fait pied, qu'un contentement en elle libérerait la Mort sur terre, une créature qu'elle redoutait, qu'elle aurait voulu achever elle-même si ça ne voulait pas dire abandonner sa propre vie. Avait-il vue ce qu'elle pouvait devenir? Était-ce la raison pourquoi il lui avait laissé la vie sauve?“Honnête… On ne peut pas te le retirer. ”

Hailey ne montra pas tout de suite la satisfaction d'être validé dans une valeur à laquelle elle tenait beaucoup. Elle ne savait pas toujours comment s'exprimer et bien souvent elle n'y réfléchissait pas vraiment, elle laissait simplement sortir les mots en souhaitant pour le mieux. Beaucoup trop impulsive et étourdie pour être calculée, heureusement elle avait d'autre force a usés contre ses ennemis. Le sourire de Max était presque rassurant, il ne faussait pas, mais sa propre naïveté et son tempérament l'inquiétait drôlement, peut-être que le démon avait choisi une manière différente de l'atteindre, utiliser la douceur plutôt que la douleur, un plan ingénieux.

“Changement de plan donc, vu l'ambiance. Je l'appelle. Qu'on soient clairs toi et moi. Tu viens me chercher pour obtenir de l'aide. Que tu me menaces à présent est une chose. Sache que l'idée d'en faire de même envers mes proches n'est pas bonne. Dans tous les cas, ce n'est pas comme ça que tu arriveras à quoi que ce soit.”

Il la craignait donc... Et pourtant, il préférait rester enfermer ici avec elle plutôt que la relâcher dans le monde ou de la chasser pour ses manières... Vampiriques? Car oui, si Hailey jouait un rôle - très mal - c'était bien celui qu'elle s'était fait des vampires. Les rumeurs disaient qu'ils étaient imbus d'eux même, qu'ils ne respectaient rien ni personne. Ils aimaient rappeler à tous qu'ils étaient plus puissants, dangereux. Un vampire aurait-il bue le sang d'un invité durant le grand bal des Hardings dans le confort de l'anonymat? Sans aucun doute. La petite blonde n'était pourtant pas à l'image de ses congénères, quelque chose qui la frapperait dans un futur proche.

Elle aimait pourtant le calme de l'endroit, celui de l'homme qui se tenait près d'elle et la manière presque engourdit avec laquelle il prenait le courant de sa vie. Quelques mois plus tôt, ils auraient sans doute pu passer une bonne soirée enseveli sous des bouquins à chercher la preuve de réactions biologiques et physiques chez les humains quand ils lisent des citations célèbres. Peut-être lui aurait-elle simplement demander d'analyser le papier d'un ancien manuscrit ou la composition d'une vieille encre britannique. Enseveli dans ce sentiment désespéré d'appartenance et d'appréciation, Hailey ne se sentait plus aussi grande dans ses petits souliers. Elle abaissa la tête une seconde, se permettant de se juger avant de relever grassement le regard vers le beau jeune homme. Son sourire était franc, elle avait pourtant du mal à le relever dans ses joues dodues.

‘' Plus un avertissement qu'une menace... Tu sens... ‘' Elle ferma les yeux un moment, inspirant profondément avant de rouvrir ses paupières sur un regard vermeille. ‘' Vraiment très bon ‘' Il sentait la santé, aucun cholestérol, aucun alcool ou tabac pour empoisonner son sang. Le genre d'homme qui part travailler avec une pomme entre les dents, un gibier de choix, un sang naturellement filtrer par un corps propre. Elle se laissa glisser de la paillasse délicatement, atteignant le plancher avant de s'écarter doucement, contournant le meuble pour lui redonner son sentiment de sécurité en les séparant d'une paillasse. Son regard toujours flamboyant se glissa sur lui, elle ne semblait pourtant pas crisper. Elle ne pouvait retenir les souvenirs de fouetter son esprit, retenant sa peur sous un mince sourire sincère. ‘' Si tu savais qui m'envoie, tu comprendrais mieux pourquoi je ressens le besoin de me protéger ‘'

Même s'il ne savait pas qu'elle était une mauvaise sorcière, un vampire pitoyable et une jeune femme encore plus désespérante, elle avait du mal à croire qu'elle avait eu le dessus une seule seconde devant cet homme mystérieux. Peut-être que ce laboratoire lui rappelait un peu la salle dans laquelle elle s'était perdue à l'hôpital lorsqu'elle visitait sa mère. La fiole de sang à tester qu'elle avait renversé en grimpant une chaise et qui avait explosé contre le plancher de céramique lui avait fouetter l'esprit.

Honnête. Je suis honnête. Elle releva les yeux d’un air désabuser comme pour se convaincre qu’elle s’en fichait... Pourtant son regard clair devint aussi épais et sombre que du sang asséché. ‘’ Je ne sais toujours pas s’il voulait m’aider ou me... Me tuer ‘’

Il aurait dû. Le démon avait regarder à l’intérieur, avait lue son âme et avait vue quelque chose qu’il avait décider de préserver. Hailey pouvait cependant sentir que ça n’avait rien à voir avec elle, comme ceux qui l’aimait pour ses manières alors qu’elle ne lui appartenait pas. Que ce n’était pas elle, simplement l’empreinte de quelque chose d’infliger. Laissant ses doigts glisser contre la vitre du meuble qui les séparait. Honnête, soit honnête.

‘’ Je... Je suis désolé, je... Je voudrais vraiment apprendre à survivre sans avoir à...‘’ Tuer. Dans toute sa droiture, le vampire se figea, fermant les yeux en laissant ses bras tendre le long de son corps. Elle inspira profondément une fois. J’ai confiance en toi.  Elle attendu, cherchant à éteindre l’instinct de son vampire qui lui hurlait qu’il était le contact du démon. J’ai confiance en toi. Le vampire se débattait, paniquer à l’idée de finir ses jours enchaîner dans le sous-sol d’un hôpital. Hailey ouvrit les yeux, son regard maintenant vert, mais déchirer entre le calme et une létargie étrange. ‘’ J’ai... J’ai confiance en toi ‘’      

Il n’est pas toujours aisé de savoir se situer par rapport à certains patients. Certains vis-à-vis, plus largement parlant. Maxence avait toujours eu l’impression d’avoir un bon relationnel. Facile d’accès, ouvert d’esprit, il avait toujours su se placer par rapport à l’autre, toujours su naviguer entre ses besoins et les leurs, et faire face à la difficulté autant qu’aux nouveautés. Curieux de nature, apte à sortir des sentiers battus, capable de voir plus large sans laisser peser sur ses opinions le poids des idées pré-conçues… bien des qualités qui faisaient de lui un bon médecin autant que médicomage. Et probablement un soldat bien trop pensif. Ça faisait également de lui un homme gentil. Pas benêt. Gentil. Une gentillesse innée et puissante, qui se foutait bien des frontières et des “on-dit”, qui ne s’arrêtait pas au statut des uns et des autres et qui se montrait apte à entendre la parole de l’autre. A le comprendre. Ou du moins à chercher à le faire. A le placer sur un plan d’égalité, le vrai, pas celui qu’on énonce pour se faire bien voir. Il avait toujours voulu penser que chaque point de vue est valable, si tant est qu’on se place dans le bon angle. Pas qu’il doive supplanter le vôtre, il est simplement essentiel de l’entendre. Une gentillesse qui, comme toutes les autres, l’amenait surtout sur la pente glissante du “trop bon trop con”. Ainsi le regard fixe, le menton haut, un léger sourire aux lèvres mais la méfiance positionnant sa main non loin de sa baguette, Maxence tentait d’estimer le pourcentage de danger dans lequel il se situait. Et le risque, surtout, que d’autres pourraient encourir s’il se vautrait. Pour l’heure, c’était pour Takuma que l’analyste s’inquiétait. La vampire, inconstante, lui donnait mille visages, comme si elle cherchait sans cesse le bon ton pour obtenir ce qui lui importait. Comment se comporter avec lui ? Savait-elle seulement son identité ?

D’abord les jeunes filles fragiles, puis les vampires dangereux, finalement le visage de la franchise, les grands yeux clairs rencontrant les siens entre ses cils. Quel est le jeu ? Quel est le but ? Dans un sens, cette manière d’être complètement anarchique avait quelque chose d’intéressant ; d’inquiétant surtout. Ainsi Maxence balaya l’idée de débarquer à l’herboristerie de Takuma. Tenté de faire confiance simplement parce que l’existence de la jeune femme lui avait été soufflée par Enzo, il faisait marche arrière, comprenant l’instabilité de la jeune femme. Ou du moins la craignant. Ryans l’avait dit lui-même, ils n’avaient passé que quelques instants ensembles et il avait perdu sa trace, conscient de la menace qu’elle pouvait représenter. Ainsi il aurait pu regretter que le jeune homme ne soit avec lui, simplement pour avoir un soutien et des informations supplémentaires à son sujet. Mais comme pour Takuma, une volonté de protéger les garçons l’empêchait de penser ainsi.

‘' Plus un avertissement qu'une menace... Tu sens... ‘' Les paupières fermées un instant, elle releva les yeux pour les glisser vers ce qu’il devinait être la perception palpitante d’un cœur qui propulse l’adrénaline à vitesse soutenue bien que mesurée. ‘' Vraiment très bon ‘' Les iris rouges, la jeune femme ne souriait plus véritablement. Ou peut être que si. Peut être était-il simplement trop absorbé par la menace pour intégrer son expression. L’avertissement ; pardon !
La jeune femme se laissa glisser au bas de la paillasse et cette fois, le sourire semblait sincère. Pincé et discret. Maxence ne bougea pas, une paume à plat sur la vitre du meuble, la seconde posée contre la poche de son pantalon, le poids de son corps déporté par sa hanche posée sur la surface blanche, il l’observa faire sans commenter. Pas plus de tremblement ou d’inquiétude, de rejet ou de colère. Les jeux de pouvoirs, le soldat connaissait.
Il ne chercha pas plus à s’esquiver du regard qu’elle coulait toujours sur lui lorsqu’elle reprit, une fois de nouveau en retrait derrière le bureau. ‘' Si tu savais qui m'envoie, tu comprendrais mieux pourquoi je ressens le besoin de me protéger ‘' Oh l’histoire commençait effectivement à se tracer dans son esprit.
Les actes, davantage que les mots : elle s’était retranchée derrière le meuble, pour lui donner davantage de sécurité. Une forme d’empathie, la volonté de bien faire ou simplement la conscience que si l’ancien infirmier de Poudlard était prompt à offrir son aide, il l’était aussi à retirer sa confiance. Pour d’autres, la confiance se gagne. Chez lui, elle s’entretient.
Il faut savoir faire des choix, se mettre en sécurité afin de sauver au final un maximum de vies, voilà ce qu’on lui a appris. S’il lui faut faire face à ceux qu’il se doit de laisser de côté, alors Maxence le fait. Et pourtant il se bat. Constamment. Pour ceux qui sont prêts à en faire de même. Pour les autres aussi sans doute. Dans une mesure floue, arbitraire et atrocement humaine. Qui est-on pour décider qui mérite des soins et qui n’en mérite pas ? Qui vit, et qui meurt ? Ces questions l’accompagneront jusqu’à la tombe.

‘’ Je ne sais toujours pas s’il voulait m’aider ou me... Me tuer ‘’

Le regard a changé. Plus dur, plus sombre, à l’opposé de ces yeux qu’on lève au ciel l’air de dire que rien n’importe.
“Peut être ne le sait-il pas lui-même.” Un sourire en coin. S’il s’agit du démon qu’il imagine, alors la possibilité n’est pas idiote.
A vrai dire, Maxence n’aura jamais su déterminer lui-même ce que Logan pourrait bien avoir dans la tête. Il lui semblait par moment que cet homme n’avait pour volonté que de tout détruire ou de prendre le dessus sur tous et tout le monde. De jouer, simplement, parfois. Comme un marionnettiste avec ses pantins. Et puis pourtant, il y avait chez l’ancien directeur une certaine stabilité dans la ligne de conduite. Il haïssait tout et tout le monde. L’affichait au grand jour, parfois d’un sourire cruel. Il eut été idiot, pourtant, de le penser amoral et dénué de valeurs. Voilà pourquoi la situation l’y faisait penser. Lui aussi, jouait de masques incertains. Ceux du monstre seulement, quand Hailey revêtait ceux de la belle. Implacable et solide d’un côté, fragile et docile de l’autre. Mais le chaos, lui, évoquait assurément le Rivers. Une forme de perversité également.

‘’ Je... Je suis désolé, je... Je voudrais vraiment apprendre à survivre sans avoir à...‘’  
Tuer.

Elle se fige. Ferme les yeux. Libère ses bras de leurs valses sur le meuble vitré, et les ramène bien droit le long de son corps. Il y a quelque chose d’enfantin là-dedans.

Maxence songea un instant à une perte de contrôle, quelque chose aux antipodes de la posture présentée. Mais lorsque la jeune femme ouvrit les paupières, son regard était de jade. Nimbé d’une forme de calme. Véritablement jeune vampire ? Apaisée par le sang avalé ? Simplement décidée à jouer le jeu, cette fois ?
C’est que le médicomage comprenait la démarche, n’en doutez pas. Surtout en cas d’hypothèse avérée.
‘’ J’ai... J’ai confiance en toi ‘’       Ils avançaient, semblait-il.
“Bien.” Ni jugement ni froideur dans ce simple mot, au contraire, une forme d’encouragement subtile. “Dans ce cas-là on peut peut être jouer carte sur table. Je suis toubib. Ancien medicomage militaire. J’aide les gens, c’est tout ce que je fais. Du moins j’essaye.” Contre le meuble, sa hanche se déplaça légèrement, se quoi se repositionner en douceur. “C’est sans doute pour ça que tu as atterrit ici.” Pour ça, aussi, qu’il a déjà des options pour lui apporter des solutions. Pour ça qu’elle n’a pas passé plus de cinq minutes sans avoir une poche de sang dans la main sans qu’il n’évoque la moindre contrepartie. “Tu me raconterais ? Tout ce qu’il s’est passé et qui t’a envoyée là ?”

‘' Qui fait confiance au monde sera trahi ‘' - Hazrat Al

Debout derrière la paillasse, Hailey se tenait bien droite, les paupières maintenant ouvertes pour laisser son regard glisser contre le jeune homme. Elle n'avait pas trop le choix, se débrouiller ne l'avait pas amené très loin jusqu'ici et il semblait beaucoup plus en moyens qu'elle. Alors pourquoi son instinct lui criait qu'il puait la mort, qu'entre le parfum de sa nuque et le désinfectant du savon; il n'avait pas réussi à se débarrasser des arômes distinctes qui lui collait aux doigts.

Il va t'enfermer et te disséquer. Te vendre au plus chérant ou simplement se débarrasser de toi sans cérémonie... Arrête! Taie toi!

Comment était-elle arriver ici? Elle se souvenait du démon qui lui avait donné les coordonnées, la journée entière qu'elle avait passé dans l'hésitation et le coup de patte que Flocon lui avait mis... Comme pour la convaincre qu'elle devait y aller. Elle aurait bien voulu qu'il l'accompagne, mais son appui s'arrêtait toujours avant qu'elle se mette les pieds dans les plats.

Il y avait toujours de l'avancement selon elle, il était le premier qu'elle n'avait pas attaqué à vue, qui n'avait pas porté le titre de victime avant que la vie l'épargne de ses crocs. C'était enfin sa chance de ne pas avoir à être ce qu'on attends d'elle, d'un vampire. Inutile de prétendre être dangereuse, le militaire en avait déjà trop vue pour s'être inquiété de la menace de sa présence ou de ses mots.    

Mais le vampire savait que ça n'avait rien de tel, que c'était innée chez elle et que si le diable se présentait; elle le mordrait. Ignorant l'affection toute particulière qu'elle portait au sang masculin, que certains avaient un parfum beaucoup plus délicieuse que d'autres. Alec sentait l'adrénaline et la testostérone en masse, comme une vague envahissante qui la réchauffait jusqu'en son ventre... Le médicomage avait une odeur discrètement sucrée, comme un fruit mûre enfermer sous une chaire satinée. Oui, si le ciel tombait il serait le premier dont le vampire voudrait se nourrir.

Rien comme un sang vaillant pour enflammer vos sens et vous fouetter dans les veines. Le puissant battement d'un coeur intrépide qui refuse d'abdiquer. Elle avait l'impression qu'elle allait prendre feu, les mots de l'homme raisonnait à son oreille et l'emplissait de souvenirs dont elle ne voulait pas, si bien qu'elle fonça légèrement les sourcils en agitant la tête pour chasser la douleur.

Tout ce qui s'est passé. Que lui était-il arrivé? Elle n'en était pas vraiment sûre.

Machinalement, elle retira sa veste et la déposa minutieusement contre le meuble devant elle, peut-être que le Doc saurait ce qui n'allait pas. Elle savait que sa diète n'allait surement pas, ou bien c'était elle qui ne se suffisait pas du sang animal. Elle quitta son poste et se dirigea lentement vers une étagère, glissant les mains dans son dos comme pour se rapeller de ne rien toucher. C'était beaucoup plus facile de parler tandis que son regard se perdait sur les verres et autres brick-a-brack dont elle ignorait les noms ou l'utilité.

‘' Je ne suis pas tout à faite innocente dans l'histoire... J'étais en train de chasser dans le quartier et son odeur m'a... ‘' Elle se détourna légèrement la tête pour le dévisager en souriant timidement. ‘' Attirée ‘' Aussi rapidement elle revint à sa chasse aux trésors, détournant son attention sur les titres de bouquins plutôt que sur son interlocuteur. ‘' Le sang c'est un peu comme le vin. Il y en a des meilleurs que d'autres... ‘'

Est-ce que tous les vampires avaient des préférences ou était-elle simplement une petite gamine trop gâtée qui jouait les difficile? Pourquoi n'arrivait-elle pas à ressentir un peu de plaisir sans mordre? Pourquoi n'arrivait-elle pas tout à fait à la confiance envers lui. C'était cette foutu odeur, celle qui racontait les derniers jours qu'il avait vécus. Les autres bêtes qu'il avait touché, le sang de la mort qui lui collait aux mains. Le plus dégoûtant était sans doute que le mélange n'arrivait pas à le rendre moins attirant. Malheureusement, il n'avait rien d'un ange déchu et dès qu'il poserait ses mains tièdes contre elle, ses crocs déchireraient son épiderme et elle se nourrirait de lui sans pouvoir s'arrêter.

‘' Dans tous les cas, je suis tombée sur beaucoup plus gros que moi. Il ne m'a pas laissé son nom, mais... Il ne sera pas très difficile à identifier ‘' Elle n'oublierait jamais cette main crochue aux bouts manquant qui venait lui écraser la gorge durant son sommeil. Le regard glacial dissimuler sous ses mèches noires qui lisaient à travers elle, son rire sadique devant la stupide créature pathétique qu'elle était.

‘' Il n'a même pas eu à lever le petit doigt pour m'immobiliser, ou s'il l'a fait, j'étais beaucoup trop frénétique pour le remarquer. ‘' Comme un requin devant le phoque, son instinct prenait le dessus et elle fonçait sur sa proie au profit du danger. Elle ne se souciait ni de son environnement, ni de l'adresse ou de la taille de son opposant. Elle croisa finalement les bras, comme si elle tentait toujours inconsciemment de se protéger de l'agression, abandonnant l'étagère pour faire quelques pas à travers la pièce à la recherche d'autres choses à découvrir.

‘' C'était la première fois qu'on utilisait la légilimancie contre moi, c'est très différent de ce que racontent les manuels scolaires ‘' Comment mettre en mots la sensation d'un esprit qui lèche tendrement le vôtre comme un os entre sa mâchoire. L'impression qu'on infiltre vos rêves et vos pensées sans pouvoir les retenir de pleuvoir. La douleur, la peur et la hargne. La colère de ses rires face à sa fortitude. La déception.

‘' J'ignore toujours si c'était une mise à l'épreuve ou simplement de la torture ‘' Elle avait lu le plaisir dans les yeux de la bête, un reflet qu'elle arborait beaucoup trop souvent pour qu'il lui échappe. Peu importe ce qu'il avait farfouiller dans son crâne, il avait pris son temps et avait été sadique dans sa pratique. Avait-il trembler de satisfaction en la soumettant à sa force mentale? Probablement un peu des deux, ça expliquait surement pourquoi il ne s'était pas arrêté là, pourquoi il l'avait fait plier au point de rupture sans trop qu'elle sache pourquoi. La tuée aurait été plus sage et plus humain, il l'avait pourtant réduite à une simple machine à tuer avant de la diriger vers un inconnu. Il l'avait nourri comme une bête du Gévaudan, oserait-elle avouer au doc qu'elle avait plié l'échine et s'était soumise à sa domination? Que si guerre il y avait le diable avait déjà acheté son démon et qu'elle avait beaucoup trop d'ambition pour ses petits souliers? Non.

‘' Ensuite il m'a jeté un sort mais, je ne me souviens plus trop c'que c'était. ‘' Elle releva instinctivement la main pour la glisser entre ses mèches, caressant la cicatrice contre son crâne comme quelqu'un qui se rappelait une douleur fantôme. Elle rétracta son geste dès qu'elle réalisa l'avoir posé. ‘' J'ignore ce qui s'est passé ensuite, mais quand je suis revenue à moi, il me relâchait. ‘' Elle se sentait déjà plutôt honnête dans ses dires même si elle omettait quelques détails, comme ce qu'elle avait vraiment ressenti ou ce qu'il lui avait cruellement pris. Que même si parfois elle oubliait des moments de sa vie elle ne pouvait feindre l'inconscience totale. Ce n'était pas nouveau, elle l'avait toujours su et ne pouvait s'en prendre qu'à ses propres faiblesses.

‘' Je ne suis pas tout à faite innocente dans l'histoire... J'étais en train de chasser dans le quartier et son odeur m'a... ‘' Oh il se doutait bien que la vampire n’était pas innocente dans l’histoire. Son comportement n’avait rien de foncièrement innocent d’ailleurs. Pas qu’elle puisse véritablement l’être, en vérité, si elle était bien la néo-mordue dont Enzo lui parlait quelques temps plus tôt. Bien sûr, elle aurait pu bénéficier de davantage d’aide si elle l’avait accepté, ou saisie au moment opportun. Pour autant la dire innocente ? Non. Rien que l’idée de cette chasse, à Londres, avait quelque chose de terriblement explicite. La juger ? Oui, sans doute, quelque part bien enfouis. Puisque soyons honnêtes, les pensées existent bien que contenues. En vérité, Maxence gardait souvent cette distance professionnelle qui l’empêchait de véritablement s’impliquer, lui, en tant que narrateur ou qu’observateur, dans la conversation. Sourcier d’informations, il se contentait de chercher à comprendre les choses, de trouver des données pour savoir l’attitude à adopter et les choix à faire. Un truc de toubib, de soldat aussi. Le problème de savoir quand agir et vers quoi se diriger. Quand laisser tomber. Quand insister. Qui croire et à qui se fier.  ‘' Attirée ‘' L’était-elle de cette manière par lui ? Malgré le sang ingurgité plus tôt, était-il repoussoir ou addiction ? ‘' Le sang c'est un peu comme le vin. Il y en a des meilleurs que d'autres... ‘' Une idée qu’il avait pu déjà entendre, bien des années auparavant, face à ce vampire que les Supérieurs traînaient partout comme une arme de guerre et qui, on ne savait par quel miracle, écoutait Logan jusqu’à décider de disparaître totalement du paysage. Lui aussi avait tenu ces propos… à propos de jeunes filles. D’enfants, presque. Rien qui puisse être très réjouissant aux yeux de Maxence qui avait fait de son mieux au vu de la situation et du type incontrôlable. A savoir : laisser Logan gérer. Et très étonnamment, il n’y avait pas eu tant d’attaques que ça. Ironiquement parlant, l’attaque la plus notable s’était justement produite sur une élève pour qui Logan avait quelques… qui ça déjà ? Des sentiments ? Etait-ce possible ? Étonnamment la pensée lui échappa, incapable de s’y arrêter, Maxence reprit le cours du récit d’Hailey. Cette dernière allait et venait le plus des grandes armoires en verre qui contenaient le matériel du laboratoire. Erlenmeyers, béchers, fioles et pipettes disponibles en quelques pas, tout à côté de nombreux flacons et bocaux contenant différents produits qu’ils conservaient en dehors de conditions spécifiques. Pour cela, d’autres armoires réfrigérées se trouvaient un peu plus loin. Dans ce coin-là de la pièce, une petite bibliothèque avec quelques ouvrages. Des manuels d’utilisation abandonnés là depuis des années, des bouquins de science apportés pour x ou y raison, des catalogues de labo, des recueils. Maxence avait fait comme elle au début, puis s’en était tout à fait désintéressé.

‘' Dans tous les cas, je suis tombée sur beaucoup plus gros que moi. Il ne m'a pas laissé son nom, mais... Il ne sera pas très difficile à identifier ‘' En silence, appuyé sur la paillasse, l’ancien infirmier re-traçait la situation, imaginait la chasse, grinçait des dents à cette idée, puis visualisait l’arrivée de l’homme dont, lui, devinait l’identité. Un mauvais jour, Logan ? Ou un bon ? ‘' Il n'a même pas eu à lever le petit doigt pour m'immobiliser, ou s'il l'a fait, j'étais beaucoup trop frénétique pour le remarquer. ‘'   Définitivement Logan. Dans la démarche, le regard, puis la posture, Maxence devinait sa méfiance, sa crainte même.  Il connaissait trop bien son ami pour ignorer ce qu’il pouvait être lorsque l’envie lui en prenait. D’autant plus au contact d’une créature de la nuit.

‘' C'était la première fois qu'on utilisait la légilimancie contre moi, c'est très différent de ce que racontent les manuels scolaires ‘'
« ça l’est en effet.. »

D’autant que les manuels sont en vérité bien pauvres sur le sujet. Ils expriment les bases, préviennent les lecteurs du danger immense qu’un legilimen de naissance représente, louent pourtant ceux qui parviennent à maîtriser le sortilège, comme si l’un et l’autre appartenaient à des mondes parfaitement opposés… mais éveillent malgré tout les esprits au danger de tels sorciers. Des lois sont nées de tout ça. Auprès du Rivers, Maxence n’avait jamais été apte à définir sa propre opinion sur le sujet. Ostracisation nécessaire ou délétère ? C’est Sanae qui lui avait permis de se forger une opinion plus solide sur la question.
‘' J'ignore toujours si c'était une mise à l'épreuve ou simplement de la torture ‘'  Sans commenter, Maxence se sentit se crisper légèrement, agacé par le traitement qu’avait pu lui réserver un homme qui se devrait normalement de protéger les jeunes. Comme si celle dont les bras s’étaient croisés sur sa poitrine, était en fait l’une de leurs élèves. Rivers ne fonctionnait pas comme ça, le médicomage en avait parfaitement conscience. Pour autant, ce fonctionnement lui échappait. ‘' Ensuite il m'a jeté un sort mais, je ne me souviens plus trop c'que c'était. ‘' Sans doute parce qu’il ne l’a pas prononcé, songea l’ancien militaire. L’ancien directeur des Serpentards avait cette habitude depuis qu’il le connaissait. Pas un mot, d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Hailey aurait cependant pu lui apprendre qu’il avait à présent cessé pour certains sorts de se servir de sa baguette. Ce qu’il sait, surtout, c’est que Logan lancé dans un mauvais moment face à une femme présentée comme une prédatrice, ça peut donner des étincelles. Surtout pour celle qui, dans le fond, n’est qu’une gamine un peu larguée face à la situation. Mais peut être celle qui lui faisait face ne l’était -elle pas. Dans quelle mesure était-elle l’humaine face à sa nouvelle condition, et dans laquelle était-elle chasseuse face à des proies potentielles ? Toujours était-il qu’en effet, prendre Logan Rivers pour cible est une affreuse idée. Nombreux s’y sont pris. Nombreux en sont morts. La vérité, donc, c’est que cette gamine a eu de la chance face à lui. Mais pourquoi la lui avoir envoyée ? Ça faisait maintenant des années que les deux hommes se côtoyaient et Maxence gardait toujours ce questionnement sous les côtes : comment le percevoir ? Il l’avait vu prendre toutes les décisions les plus dures pour sauver des mômes ou les protéger. Prendre la violence pour lui. Encaisser avec une solidité admirable. Il l’avait vu gérer, passer ses nuits devant son bureau, ils en avaient fait des réunions avec Ismaelle pour décider de la bonne démarche à suivre. Et pourtant, par moment, il n’était plus qu’un danger parmi d’autres. Plus vraiment un homme. ‘' J'ignore ce qui s'est passé ensuite, mais quand je suis revenue à moi, il me relâchait. ‘'   Plus vraiment un homme.

Sur ces mots, Maxence resta un moment silencieux, le regard posé sur la jeune femme puis ouvrit les bras pour passer une main dans sa poche, la seconde sur le plat du meuble froid.

“Pas simple d’envisager de me faire confiance dans ces conditions”. Pas une question. On pourrait l’imaginer crispé ou tendu face au constat, aucun signe ne l’indiquaient. “Asiatique ? Yeux bleus ?” Nul besoin pour lui de la voir confirmer, un simple regard vers ses réactions suffit. Sans surprise, l’énergumène à jouer avec eux n’était autre que l’ancien directeur de l’école. Un souffle cynique s’échoua hors des narines du medicomage. “J’imagine que tu ne dois pas savoir comment te situer face à moi.” A sa place, Maxence serait bien davantage que sur la défensive et aurait certainement assuré ses arrières. Autrement que par un joli minois pour amadouer son vis à vis. “C’est un..” Ami ? “… collègue.” Factuel. “Un ami dans les bons jours… possiblement un ennemi les mauvais.” A avoir été son médecin, Maxence ne comptait plus les attaques qu’il avait lui-même subi. “ ‘Pas la personne qu’on a envie de croiser dans une ruelle. Encore moins après lui avoir promis une mort prompte et rapide…” De toutes les proies que tu pouvais choisir, jeune Hailey, il n’était pas la meilleure des cibles à abattre. Et pourtant encore une fois, il choisissait au travers de ses décisions controversées… de l’amener auprès de quelqu’un de sécuritaire.  “Actuellement je ne sais pas s’il t’a envoyée ici pour m’emmerder et s’amuser de me mettre en danger. Ou pour t’aider. Ce que je sais c’est que la simple mention de cet homme pourrait t’emmener tout droit à Azkaban auprès des mauvaises personnes. Je te conseillerai donc d’être prudente quand tu l’évoques. Et à toutes fins utiles : je ne sais pas où il est, ni comment le contacter. Ce type fait ce qu’il veut. Contre qui il veut. ” Pas tout à fait juste mais il se garderait bien d’être plus honnête.

“Tu t’en sors seule depuis combien de temps ?”

“Pas simple d'envisager de me faire confiance dans ces conditions”

En effet, elle ne savait toujours pas ce qui l'avait poussé à écouter les conseils du démon, ni pourquoi elle s'était présenté sans protection ou plan de secours. Dans le pire des cas elle pourrait filer aussi vite qu'elle était venue par la fenêtre, ça ne serait pas la première qu'elle traverserait du verre depuis sa transformation. Toujours une petite envie d'autodestruction? Sûrement, elle la ressentait chaque fois qu'elle était loin du tambour de son subconscient. Non. Elle n'était pas venue pour s'éteindre ou pour rendre les choses faciles pour qui que ce soit. Elle avait toujours espoir en cette petite flamme qu'elle s'exténuait à poursuivre.

“Asiatique ? Yeux bleus ?”Ses bras se ressaisirent contre elle en guise de protection, son échine chatouillant d'une peur toujours bien présente dans son esprit. Elle sentait à nouveau une douleur sillante contre son front, fronçant les sourcils dans une tentative d'évasion. Hochant simplement la tête avant de se détourner à moitié. La voix du jeune homme était apaisante, elle se concentra simplement.

“J'imagine que tu ne dois pas savoir comment te situer face à moi.” Ses yeux revint contre la silhouette, l'observant à travers ses mèches bouclées. Son vampire avait envie de grogner, de lui montrer qu'elle ne craignait rien, ni lui ni personne! Elle se retint pourtant, son humanité toujours bien encré dans ses petites émeraudes.

“ Un copain à toi? ” Souffla-t-elle, taisant son jugement comme il le faisait si bien avec elle. Il était hypocrite de sa part d'agir ainsi, mais comment faire confiance à quelqu'un qui complotait avec le diable? “C'est un... collègue. Un ami dans les bons jours possiblement un ennemi les mauvais.”Intéressant, il semblait vraiment avoir une possibilité qu'elle était envoyer ici pour foutre le bordel, se nourrir frénétiquement d'un jeune homme bien portant. Ou alors ils étaient manipuler tous les deux. Qu'il finirait surement vainqueur et que son âme devrait supporter son meurtre?

“ ‘Pas la personne qu'on a envie de croiser dans une ruelle. Encore moins après lui avoir promis une mort prompte et rapide…”Il avait raison, elle avait bien méritée sa torture. S'il n'avait pas été aussi agile avec la magie, si elle avait été une fraction de seconde plus rapide... Elle l'aurait bue jusqu'à la dernière goutte sans même sourciller. Elle aurait planqué son corps avant d'aller chercher sa voiture et l'aurait balancé à l'arrière comme un renard écrasé. Il serait en train de se décomposer avec ses camarades sous la terre jusqu'à ce que le printemps vienne. Là, elle coulerait un béton solide et transformerait le sous-sol en cave à vin.

‘' Coupable ‘' Dit-elle simplement en forçant un sourire, essayant de faire la part des choses entre l'attaque qu'elle avait porté et celle qu'elle avait subi.

“Actuellement je ne sais pas s'il t'a envoyée ici pour m'emmerder et s'amuser de me mettre en danger. Ou pour t'aider. Ce que je sais c'est que la simple mention de cet homme pourrait t'emmener tout droit à Azkaban auprès des mauvaises personnes. Je te conseillerai donc d'être prudente quand tu l'évoques. Et à toutes fins utiles : je ne sais pas où il est, ni comment le contacter. Ce type fait ce qu'il veut. Contre qui il veut. ”

Hailey se détourna enfin complètement vers la fenêtre, lui évitant d'apercevoir l'irritation du vampire qui s'exposait à travers le jade de ses yeux. À nouveau, on lui disait ce qu'il ne fallait pas faire. Et si quelqu'un prenait deux minutes pour se ficher des règles et lui dire enfin ce qu'elle devait faire. Pensait-il vraiment qu'elle criait sur les toits qu'elle avait croisé la route d'un démon? Qu'elle se baladait dans les rues à affiler ses crocs sur la place publique? Conseils, prudence et anonymat. Tout ça était des plus ennuyants. Et le potentiel alors? La dédication et l'acharnement?

Moi je dis accepte le défi du démon et tue cet homme. Vide le de son sang aussi rapidement que la rivière coule au pied du grand chêne. Prouve lui que tu sais être efficace, propre et silencieuse. N'oublie pas les caméras, disparaît dans l'ombre après avoir embrassé son cadavre. Tu voulais une chance de te prouver, alors soit sanguinaire. Meurtrière. Voilà ce que le démon aime, et tu veux que le démon t'aime. Tu veux quelqu'un qui ce soucie de toi, qui t'apprenne à vivre plutôt que te rendre dépendant à eux. Quel est le prix du sang qu'il t'offre? Rien n'est gratuit dans la vie, petite Hailey, tu le sais comme moi. Signe le contrat. Deviens plus qu'une insignifiante créature qu'on dicte. Qu'on contrôle. Qu'on manipule.

‘' Tu crois vraiment que j'aurais envie de le contacter? Non merci ‘' Dit-elle en affichant un mince sourire sincère. Son vampire semblait beaucoup trop ouvert à sa puissance et elle ne saurait pas trop quoi lui dire. Elle avait un vague souvenir de sa voix qui lui demandait ce qu'elle ressentait, de décrire ce qu'elle vivait, mais c'était un mirage brouiller qu'elle ne pouvait pas vraiment atteindre. Ce n'était pas de sa faute, ce n'était pas la première fois qu'elle oubliait. Pas la première fois qu'elle ne se souvenait pas. Pourtant les émotions l'étaient, sa conscience aussi. Était-ce sa mémoire, ou autre chose qui défaillait? Elle semblait parfois douée pour l'anamnèse. Était-ce le monde qui était fracturé ou elle? Pourquoi le vampire était apparue comme une affirmation confortable.

‘' Je ne suis pas non plus intéresser à connaitre son nom, ou à en parler une seconde de plus. La seule raison pour laquelle nous avons cette discussion c'est qu'il m'a envoyé et je suis curieuse de savoir pourquoi. ‘' Elle continuait à se déplacer, jamais bien loin et toujours bien planquer derrière la paillasse comme un félin errant qui enviait le contact tout autant qu'il le détestait.

“Tu t'en sors seule depuis combien de temps ?”

Une réaction viscérale, elle fonça les sourcils et gronda comme s'il venait de dire une connerie, détournant systématiquement les yeux vers une autre surface à découvrir pour éviter son regard. Ses lèvres souriaient, mais la tension dans ses joues étaient flagrantes. ‘' Tout le monde sait qu'on ne devient pas vampire par magie. Nous sommes nombreux! Tous tapis dans l'ombre à faire... Je ne sais quoi ‘' Sa voix était soudainement devenue théâtrale, comme si elle avait simplement changé de tactique pour évoquer des mensonges qui lui coinçaient dans la gorge. Elle tourna pourtant les yeux vers lui et son sourire s'étira, comme si elle avait pleinement conscience de son défaut. ‘' C'est normal dis-moi? ‘' Ses joues retombèrent et ses yeux devint un peu plus gris, elle lui fit enfin face comme une gamine qu'on avait forcé à nous regarder dans les yeux. Son corps disait non, mais ses craintes disaient oui. ‘' Je pensais qu'on avait une sorte de... Responsabilité? Envers ceux qu'on transforme ‘'

Bouhou! Enfant gaté, foutu gosse de riche. Tu voudrais peut-être qu'on t'apporte ton sang sur un plateau pendant que tu te prélasses dans des draps de soies? Pathétique! Toujours à attendre un homme qui viendra régler tous tes ennuis. D'abord ton père, puis Harrison et Samuel.  N'oublie pas ce charmant Theodore. Pourquoi tu ne le manges pas? Il sent tellement bon, je parie que ses veines son aussi généreuse qu'une cascade.

‘' Ça fait un peu plus d'un mois et... J'ignore toujours par qui... Ou... pourquoi... ‘'

Maxence tentait de comprendre et la jeune femme ne l’aidait en rien. Etait-ce à ce point commun aux vampires que d’agir ainsi ? Kazuo s’était présenté comme un démon, avide de sang et de souffrances, il s’amusait de celle des autres et la provoquait en toute cruauté… pourtant ses agissements lui avaient toujours échappé quand, sans raison spécifique, il avait accepté de suivre les ordres de Logan et de limiter ses actes sans plus attaquer les élèves. L’ancien directeur appartenait à la même catégorie d’êtres semble-t-il sans cesse à cheval entre bien et mal. Pas que de telles notions existent, d’ailleurs, mais le Rivers semblait se faire fort de troubler d’autant plus les limites, presque toujours cruel dans leur application, jusqu’à faire passer ses trahisons pour des actes de bonté et sa bonté pou rune trahison. Un homme comme on en fait peu. A raison : ce calibre ferait exploser l’univers si on lui en laissait la possibilité.
Hailey semblait faite non dans un moule similaire, mais d’une couleur qui lui rappelait l’éclat tranchant de ces deux hommes. Amusant, d’ailleurs, de noter comme Logan semblait plus apte à frayer avec la mort qu’une véritable créature de la nuit. Sans doute parce que, quoi qu’elle ait fait depuis sa transformation, il avait malgré tout plus de drames à son actif. Amusant, surtout, comme cet homme pouvait occuper ses pensées maintenant qu’il n’avait aucun moyen de lui parler. Conscient en vérité, que son ami devait traverser des heures bien sombres.
Mais ces dernières ne concernaient pas Hailey et instinctivement, bien évidemment, Maxence le protégeait. Qu’importe leur dernière rencontre, qu’importe la violence de son ami, qu’importe la brutalité avec laquelle il avait pénétré son esprit dans le seul but de le blesser. Ou de le tuer. Qu’importe. Sa loyauté lui était acquise depuis bien longtemps maintenant et il le connaissait assez pour savoir que ce genre de débordements ne venait pas de nulle part. Pas le concernant.
Quant à elle… un mauvais jour, ou de la cruauté ? Un jour, peut être, Maxence saurait-il trancher.

Ce jugement qu’il lui réservait, il n’en était pas tout à fait de même pour Hailey. Délicate à cerner mais sans doute pas autant qu’elle voulait bien le faire croire de ses propres intentions. Son caractère passait tantôt de celui d’une image caricaturale du vampire en chasse à celle non moins ubuesque de la gentille petite fille docile et fragile. Aucune des deux ne semblait adaptée ou complète. Encore moins mises en opposition ainsi.

‘' Tu crois vraiment que j'aurais envie de le contacter? Non merci ‘'

Ce n’était pas ce qu’il disait, mais le fait qu’elle soit véhémente ainsi à le lui affirmer signifiait qu’une part d’elle l’envisageait sans doute. Comme à son habitude, Maxence ne commenta pas et la laissa poursuivre, tant ses mouvements que son narratif. Ainsi la jeune femme évoluait-elle dans la pièce, manifestement mue par un besoin de se déplacer. Lui restait sagement à sa place, calme et ancré au sol.

‘' Je ne suis pas non plus intéresser à connaitre son nom, ou à en parler une seconde de plus. La seule raison pour laquelle nous avons cette discussion c'est qu'il m'a envoyé et je suis curieuse de savoir pourquoi. ‘'

Un petit sourire se dessina sur les lèvres du médicomage. “Je serais bien naïf si j’affirmais savoir ce qu’un tel homme pense.” Très vrai. Même s’il avait en quelque sorte la prétention de penser qu’il n’était pas si naïf que ça face à Logan. Peut être, un jour, celui-ci l’amènerait-il à penser qu’il avait tors depuis le début. Simplement il souhaitait croire ne pas s’être trompé sur son compte. “Si tu veux mon opinion, je pense qu’il t’a envoyée ici parce qu’il y a réellement de l’aide à y trouver et qu’il le sait parfaitement. Une aide sincère, mais pas inconditionnelle.” Précisait-il, avait de rajouter avec un petit air amusé. “… Et sans doute aussi pour m’emmerder.” Le sourire se poursuivit. “Que ce soit par une possible tentative d’assassinat ou simplement s’amuser des problèmes éthiques que tu représente… disons que ça serait bien son genre.” Oui, y compris de le mettre en danger sciemment. Quelque part, de sa part… il y avait là une forme de respect qu’il prenait comme tel. “Ou juste pour me faire virer.” Un haussement d’épaules léger et Maxence décidait de clore le sujet dans une légère grimace de faux agacement.

S’intéressant à sa condition, le sorcier la vit esquiver son regard, le poser sur d’autres surfaces tout en perdant en affirmation dans la voix. Le sujet faisait mal, de toute évidence.

‘' Tout le monde sait qu'on ne devient pas vampire par magie. Nous sommes nombreux! Tous tapis dans l'ombre à faire... Je ne sais quoi ‘'

Un début de prise de parole qui pouvait sonner comme une menace tandis que la fin… s’achevait brutalement, comme si l’évidence lui arrivait à contre-courant. Les joues creusées, la jeune femme fixa encore un moment le lointain avant de relever le regard vers lui, crispée et nue dans sa solitude. ‘' C'est normal dis-moi? ‘ Non. Vous devriez être aidés et accompagnés. Tous. Vampires, lycans, metamorphomages, legilimens, vélanes ou qu’en savait-il, sans doute bien d’autres. Toujours était-il que la situation actuelle ostracisait bien des personnes aux proies à des situations particulières que la société n’était ni capable de comprendre, ni de reconnaître, ni d’améliorer. Et l’ensemble s’en trouvait bien regrettable.

‘' Je pensais qu'on avait une sorte de... Responsabilité? Envers ceux qu'on transforme ‘' Dans un monde juste, oui, sans doute. ‘' Ça fait un peu plus d'un mois et... J'ignore toujours par qui... Ou... pourquoi... ‘'

Une gamine, face à une situation qu’un parent ne pourrait régler.

“Il suffit souvent d’être au mauvais endroit au mauvais moment ces derniers temps…” Sur ses traits, un sourire navré, bien pâle et trop conscient de la véracité de ses dires. “ça n’en demeure pas moins injuste. Et que ça soit par cette personne ou par d’autres aides, il est pas normal que t’ai à gérer ça seule. Toi pas plus qu’un autre. Je crains que la notion de responsabilité qu’on se doit les uns aux autres n’ait pris un sacré coup ces derniers temps. ” Voilà sans doute pourquoi il ne dérogeait pas de sa route. La raison, également, pour laquelle il était si fier de voir certains jeunes comme Enzo ou Takuma rester fidèles à leurs valeurs et s’affirmer malgré les temps difficiles.

“Ecoute, ils sont nombreux, ceux qui savent pouvoir compter sur moi. Et tu peux en faire partie si je peux avoir confiance en toi. Ça implique de faire de ton mieux pour éviter d’ajouter des morts à la liste, d’éviter au maximum la violence, de ne pas mettre en danger mes proches, de ne pas attirer l’attention … et de ne pas jouer avec moi. Du genre pas comme l’autre névrotique.” Oh, ça, Logan le lui ferait payer un jour ou l’autre ! “Si on est ok avec ça, alors je demande à un ami de confiance d’apporter quelques produits pour t’aider à gagner en contrôle. Et je vois pour négocier avec un … contact, pour te fournir en poches de sang. J’te promets rien, mais je vais essayer de voir ça avec lui. Auquel cas tu te fournis régulièrement, tu n’es jamais en retard, et tu gardes le contact pour donner des nouvelles. Je sais que tu n’as aucune raison de me faire confiance… si ce n’est que c’est toi qui vient à moi, et que c’est pas innocent.” Les mots pourraient paraître secs mais ne le sont pas entre ses lèvres, une douceur évidente dans la voix et le regard. Ils sont factuels, directs, non pour écraser mais pour rendre le propos clair et intelligible. “Tu parlais de responsabilité : tu as raison, chacun en a une. Par conséquent si celui qui t’a fait ça refuse de jouer son rôle, ça ne t’empêche pas de prendre la tienne. A chaque débordement, la tension dans le pays ne fait que monter. Chaque mort appelle une chasse, non pas aux sorcières mais aux créatures magiques. Ils sont beaucoup d’innocents à en payer le prix. Et ça non plus c’est pas juste. Je te demande de ne pas faire aux autres ce qu’on t’a fait à toi. Pour vous protéger, le mieux c’est d’éviter d’attirer l’attention, à fortiori s’il s’agit de faire couler le sang. Certains n’ont pas pour vocation de louper leurs cibles, autant éviter de leur en offrir sur un plateau.” Dans un soupir, son regard s’obscurcissait d’un éclat mat et usé avant d’être de nouveau évacué pour retrouver l’air du professionnel plus solide qu’il ne l’est véritablement. “Est-ce le deal te semble valable ?”

Apparemment, ils étaient tous les deux dans une situation semblable avec le démon, tous les deux un peu paumés sur la raison de sa présence ici et de ce que l'homme pouvait bien manigancer. Peut-être une union bénéfique qui pourrait lui rendre la vie plus facile, ou une arme envoyée dans sa direction simplement pour s'amuser. Dans tous les cas, elle se demandait toujours ce qu'elle pouvait bien offrir pour justifier l'échange d'informations et de contacts. Rien n'est gratuit dans la vie, elle le savait très bien. Même si elle avait toujours été plus que gâté, elle avait toujours du payer le prix de son confort.

Heureusement, l'homme devant elle n'avait rien de l'idée qu'elle s'en était fait en chemin. Il n'avait pas l'air de faire dans le trafic humain, ou plutôt de vampire, ni d'être un proxénète. Il disait son aide sincère, elle aurait voulu y croire beaucoup plus qu'elle y arrivait réellement.

Pas inconditionelle. Y'avait-il quelque chose qui l'était vraiment? Pas dans son monde, même l'amour de son père avait des conditions, pourquoi en serait-il différent pour les autres? Pouvait-elle attendre autre chose d'un inconnu?

Et pourtant, elle avait envie d'y croire. Croire qu'il disait la vérité et qu'il allait l'aider, lui donner les moyens de réellement pouvoir s'abstenir de tuer comme elle prétendait faire maintenant. Un mensonge qui ne trompait sûrement personne, mais qu'elle ne pouvait s'empêcher de souffler compulsivement. Rien de pire pour la petite Harding que de laisser tomber son masque et accepter qu'on la voyait pour ce qu'elle était vraiment.

Détester ce qu'on est, qui ont est. Comment exposer quelque chose qu'on haie, qu'on renie comme la peste et qui pourtant nous définit complètement. Rien d'une femme ou d'une princesse. Ni étudiante ou travailleuse. Pas une soeur, ni une fille. Elle comprenait maintenant les légendes des miroirs qui ne dessinaient aucun reflet quand les succubes s'y admirait. Le néant. La mort.

Bien sûr qu'elle ne voulait pas attirer des problèmes autour d'elle, qu'elle voulait protéger les créatures magiques, ceux qui lui filaient un coup de main ou qui l'appelait une amie. Elle n'était pas de celle qui laissait les cadavres polluer le sol, prenant bien soit de les empiler dans sa cave de terre comme des momies sacrificielles qu'elle offrait au dieu des vampires. Nosfératus. La voix dans son crâne qui la harcèle, qui la trompe et la manipule.

“Est-ce le deal te semble valable ?”

Deal. Elle ne se souvenait pas d'avoir signé un contrat avec le diable, elle ne se souvenait pas non plus de tout. Comme une fracture, un état inconscient qui la protégeait de ce qu'elle ne pouvait endurer, qu'il reconnaissait comme insurmontable et pourtant si familier. Ou était-elle allée? Combien de fois avait-elle grimpé la tour? Comment savoir si hier était vraiment hier, que mardi était entier? Non, elle se perdait encore dans les fabulations de son esprit. Comme chaque fois qu'on lui parlait de responsabilité.

‘' C'est la faute de cette maudite gamine! ‘'

Hailey fronça légèrement les sourcils, posant mollement sa main contre son front un instant dans un vain espoir de refréner son crâne de fendre en deux. Qui mérite de mourir, qui mérite de vivre. Coupable. Elle était coupable.

‘' Tout ça ne serait jamais arrivé si elle n'avait pas été là! Si elle n'avait jamais vue le jour! Malédiction! ‘'

Maudite. Elle l'était depuis la naissance. Depuis qu'elle avait rejoint ce monde qui n'avait jamais voulu d'elle, qu'on avait gardé à l'écart par peur... Peur de ce qu'elle était? De ce qu'elle pouvait faire? Non. Personne ne craint un bébé dans son berceau. Et pourtant.

Pourtant elle se tenait devant lui, démuni de ce qu'on considère comme naturel, indéniable. 21 ans c'est très long quand on doit s'avouer impotente dans le vrai monde, devoir faire face à ce qu'on est vraiment et payer le prix de notre incompétence. Peut-être que si on avait su, on lui aurait offert un peu plus de crédit, peut-être n'aurait-elle pas besoin de jouer un aussi grand jeu pour camoufler les nombreuses failles de sa personnalité.

Est-ce que ça l'était vraiment? Sa personnalité? Elle n'en savait rien. Un don de divination aurait pu l'exposer à son futur. Lui montrer celle qu'elle deviendrait, celle qu'elle travaillerait tant à devenir. Elle saurait qu'elle n'est pas aussi matérialiste qu'elle s'imaginait, qu'elle pourrait vivre facilement sans argent ou sans père. Oui, si elle avait vu la femme qu'elle deviendrait la peur l'aurait abandonnée.

C'est pourtant plein de doute et haine de soi qu'elle accepta les termes de son contrat. Dans le doute qu'elle était peut-être encore manipuler, abuser et tromper. Elle contourna le meuble d'un pas lent, laissant retomber sa main le long de son corps en relevant la tête pour affronter le regard du scientifique à l'odeur d'antiseptique.

Responsabilité. Porter le poids de sa vie, ou plutôt sa mort et de ses actions. De son appétit et de ses faiblesses. Et d'un coup, le poids des corps engloutit sous la terre d'une petite baraque dans les bois trouvèrent leurs places légitimes sur ses épaules qui se voûtèrent légèrement sous leurs pesanteurs.

‘' Je... Je promets de faire de mon mieux pour ne pas... Ne plus tuer... Et protéger ceux qui le méritent ‘' Souffla-t-elle en soutenant son regard, acceptant qu'il la voit pour ce qu'elle était vraiment, mais aussi pour ce qu'elle voulait devenir.

Malédiction ou don? Avait-elle le choix? Pourrait-elle faire tourner le vent froid qui avait envahi son corps et son âme et en faire quelque chose de bon? De bien? Elle avait envie de tenter le coup, même si ça pouvait prendre cent ans, mille ans. Elle se battrait contre ce mal qui s'était écrasé sur Alec tandis qu'il se tenait seul au pied du crime qu'elle avait provoqué. Pour toutes les créatures comme elle qui n'avait pas choisi leurs conditions et qui espérait tout de même la paix malgré le vitriol qu'on leurs crachaient au visage.

Un bon vampire, est-ce que ça pouvait même exister? Pouvait-elle enterrer la voix de son cœur qui lui soufflait combien le jeune homme serait délicieux. Elle tendit la main jusqu'à ce qu'il la prenne, resserrant légèrement sa poigne pour lui prouver l'honnêteté de sa promesse. Elle le libéra pourtant rapidement, la chaleur de son corps provoquant un fourmillement dans son estomac.

‘' Je n'ai pas d'or pour payer, que de l'argent moldus... Mais je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour me nourrir... Proprement? ‘'

Qu'est-ce que ça voulait dire au juste? D'où venait tout ce sang qu'un moldus semblait prêt à vendre à de nombreux vampires? Y'avait-il d'autre créature comme elle? Des ‘'bons'' vampires? Il semblait pourtant parler de son semblable comme d'une bête effrayante qui le traitait comme une sous catégorie. Comment pouvait-il lui faire confiance si une espèce entière lui avait démontré le pire?

‘' Au fait, d'où viens tout ce... Produit? J'ai du mal à imaginer un monde ou les humains offrirait volontairement leurs sangs pour nourrir mon espèce... Est-ce que vous détournez des camions de la croix rouge? Ou alors vous payer les sans-abris en manque de came? ‘' La jeune femme semblait vraiment s'inquiéter de la source, plutôt hypocrite pour quelqu'un qui jouait à dieu en parcourant les rues de Londres à la recherche d'une victime idéale. De l'autre, le vampire qui espérait que ce sang qu'il lui offrait n'était pas de piètre qualité. Celui qui lui avait offert était pas mal, si on considérait le fait qu'il était froid et moins goûteux que celui qui giclait d'une gorge fraîchement mordu.

‘Un jour ta foi en l’humain te perdra.’
‘Peut être oui.’

Maxence n’a jamais changé de cap. Il a échoué, faibli, s’est planté et a douté. Mais la constance ne lui a jamais fait défaut. C’est la constance, aujourd’hui, qui lui fait observer la jeune femme sans s’en détourner. La constance qui lui fait penser qu’en vérité, si Logan la lui a envoyée, ce n’est pas par barbarie. Parce qu’il l’a vu être cruel, intransigeant, violent même, voire injuste. Mais il a été fidèle à un certain code moral lorsqu’il s’agissait de ses élèves. Peut-être Maxence se trompe-t-il. Peut-être lui envoie-t-il une véritable bombe à retardement. Peut-être a-t-il la cruauté d’observer de loin les méfaits de son humour et s’attend-t-il à voir l’idiot du village, trop confiant et moral se faire prendre au jeu de ses valeurs.

Peut-être.
Peut-être pas.

‘' Je... Je promets de faire de mon mieux pour ne pas... Ne plus tuer... Et protéger ceux qui le méritent ‘'

Le regard droit, les épaules basses, une crispation dans la lèvre, une autre sur les paupières. Non seulement elle semble sincère, mais elle a surtout la gueule d’une môme qui se tient trop droit pour que ce soit vraiment crédible. Pas si simple de ne pas se cacher derrière un masque, hein ?
La question pourtant demeure : n’est-ce pas ce qu’il veut entendre ? Ne fait-elle pas ce qu’il attend, tout simplement, pour obtenir ce qu’elle veut. Qu’il s’agisse du sang ou d’autre chose. Car oui, tout valeureux - au sens primaire - qu’il puisse être, il y a aussi cette posture amère qui sait devoir se rétracter si le “mieux” se transforme en “pire”. Si à vouloir aider quelqu’un, il risquerait de se mettre lui ou d’autres en danger. Alors bien sûr, Maxence pourrait user de veritaserum ou autres subterfuges. Bien sûr. Mais il n’a rien d’un parrain de la mafia magique et ne se balade ni avec l’envie de l’être, ni potions du genre dans ses poches. Non, il n’est qu’un type qui se sent dépassé parfois, face aux demandes qui lui sont faites autant que par ses choix.

‘' Je n'ai pas d'or pour payer, que de l'argent moldus... Mais je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour me nourrir... Proprement? ‘'

Sans se crisper, Maxence sent son front se plisser et le coin de sa bouche se pincer. Le payer. Un concept auquel il n’a même pas congé.

‘' Au fait, d'où viens tout ce... Produit? J'ai du mal à imaginer un monde ou les humains offrirait volontairement leurs sangs pour nourrir mon espèce... Est-ce que vous détournez des camions de la croix rouge? Ou alors vous payer les sans-abris en manque de came? ‘'
“Lorsque les moldus font des dons du sang pour les associations ou le système médical, l’ensemble passe par un tri et des analyses puis est redistribué.” Il hausse des épaules, songe aux prélèvements de Lotar pour deux vampires. “Un… collègue - ça fait beaucoup de collègues ton histoire Max - se charge de redistribuer ce qui ne sera pas utilisé pour x raisons. Son but est de fournir deux amies vampires. Je m’arrangerai avec lui.” Et puis l’autre, le sang récupéré lors d’opérations.

En inspirant, le médicomage déverrouille son téléphone, compose le numéro de son ancien apprentis. “Je ne suis pas là pour exploiter les difficultés des autres. Paye-moi en loyauté. C’est de ça dont on a besoin. Ça et d’éthique.”

Sois pragmatique deux secondes, le philosophe à la manque.. “Mais si tu veux vraiment fournir un dédommagement ; faire les choses bien ça a un coût. Donc je prends. C’que tu veux. Uniquement pour payer du matériel médical ou des soins pour ceux qui en ont besoin ; toi y compris.”

‘T’es chiant comme mec, avec ta morale en étendard..’ Lui a balancé Alec un jour. ‘C’est vrai.’ Lui a-t-il répondu. ‘Mais j’fais ce qu’il faut.’ Et je l’assume, contrairement à d’autres a-t-il eu envie de répondre au gamin mal embouché qui n’en faisait qu’à sa tête quitte à blesser un maximum de monde autour de lui pour se sentir moins mal.

“J’appelle.” Fait Maxence en coupant court à la possibilité de devenir il ne sait quel baron du trafic de sang.
“Salut… dis, désolé de te déranger en pleine nuit, ça va ? Ouais… J’ai une personne là devant moi qui aurait besoin de deux trois produits pour apaiser un certain besoin brutal et irrépressible en hémoglobine. T’as des idées ? Et du stock tant qu’à faire ? Tu me retrouves au rez-de-chaussée ? Yes, niquel..”

Conversation rapide et le téléphone se coupe. Sans se départir de son naturel, Maxence le plonge dans sa poche arrière. “Il arrive. Lui par contre ça serait pas mal de le payer. Parce qu’il est capable de tout faire par bonté d’âme mais il a un business à faire tourner le jeune…” Un sourire s’esquisse, souffle l’affection. “Je vais le retrouver en bas. Tu restes là et.. Je vais le…”

Mais à peine a-t-il le temps de finir ses injonctions que le craquement caractéristique d’un sorcier venant de transplaner le crispe.

“Salut boss !”

Takuma, sourire aux lèvres, lui adresse un clin d’oeil joyeux. Clin d’oeil auquel Maxence répond dans un soupir en levant les yeux au ciel sans vraiment lâcher son attention envers Hailey.

“Qu’est-ce que tu comprends pas dans le “tu restes en bas”..”

Et Takuma de le rejoindre en lui claquant la main avant de joindre leurs deux points. Depuis quand ce genre de chose était-elle devenue naturelle entre eux ? Récemment, sans doute. Un sourire de la part de l’herboriste avant de saluer Hailey d’un signe de deux doigts du front vers elle.

“Je pense que j’ai deux trois trucs qui devraient aider.”

De toutes les manières qu'elle avait imaginé le sang être collecté, celle-ci semblait la plus sensée. Elle avait déjà lue quelque part que tous sang n'est pas toujours du bon sang, ça expliquait largement le manque de produit constant malgré la quantité de dons impressionnant que cette cause attirait toujours. Elle se souvenait très bien y être allée avec des copines un après-midi de juin. Deux d'entres elle avait fièrement clamé que leur b.a. annuelle était accompli, Hailey avait tournée de l'oeil et la dernière s'était désister sous le spectacle.

Elle était pourtant bien loin de cette gamine aujourd'hui, pouvant apprécier l'art et la manière de son nouvel allié d'une façon qui lui aurait été impossible sans son nouvel appétit particulier. Ensuite vint l'éthique et la loyauté, de très grands mots pour quelqu'un avec d'aussi grandes dents, Hailey ne savait pas quoi en penser. Elle s'en savait capable et déterminée, mais ça ne voulait rien dire aux oreilles de la bête qui dormait tranquillement dans son estomac. Puis, encore cette foutu impression de porter des souliers trop grands, comme quand tous les autres gamins jouaient et qu'elle était attendue à la table pour réciter du Chaucer. La différence étant qu'elle détestait c'est vers et poèmes qu'elle apprenait par cœur pour l'artifice de divertir, alors qu'elle se fascinait vraiment du trafic qu'il avait établi, et encore plus l'opportunité d'avoir une mission. Le vampire détourna la tête vers la grande pièce, réalisant bien vite qu'elle ne pouvait pas estimer le prix d'aucun article qu'elle contenait. Elle revint ensuite vers lui, hochant légèrement la tête en guise de promesse.

‘' Il y a une vente aux enchères dans quelques jours, j'ai inscris une de mes pièces. Je ne sais pas encore combien je vais en tirer mais... ‘' Avoua-t-elle en haussant les épaules de manière presque timide. ‘' Mais ça devrait nous contenter tous les deux ‘'

Dur dur de grandir et d'être indépendante, heureusement son père avait redécoré son espace, comme il l'avait fait au lycée, puis à l'université. À la maison, en vacances. C'était sans doute pourquoi elle avait trouvé Poudlard aussi beau, loin de ses peintures aux yeux vides qui la regardaient, sans parler de la poussière qu'elles attiraient. Elle avait un tas de dépenses à payer loin des yeux de son père à présent, la dernière chose qu'elle avait besoin était de Thomas qui la pinçait à transporter un corps à travers la ville.

Elle le laissa donc passer un coup de fil, impatiente de voir qu'elle genre de ressources sorcier était disponible pour son espèce. Il n'y avait sûrement pas de pilule miracle, mais tout était mieux que tuer pour l'instant. Les mots étaient distinct dans la conversation téléphonique, elle détourna la tête sous le poids du remords alors qu'elle ne pouvait retenir son ouïe sensible. Le payer? Sans problème, elle sentait déjà sa présence alors que le scientifique parlait toujours, Hailey afficha un mince sourire et se détourna vers le nouveau venu qui apportait avec lui une odeur de forêt, ou plutôt d'herbes et de plantes. Ça lui rappelait les mandragores, rien à voir avec l'allure de l'homme qui se trouvait devant elle.

Boss. Intéressant, il y avait donc une hiérarchie claire entre les deux ‘'associés''. Pas le temps de réfléchir, il lui offrit une attention et son sourire distinct s'afficha contre ses lèvres. Le même qu'elle offrait a son père et son oncle. Même si le vampire aimait avoir des idées salées en regardant une potentielle victime, elle détestait qu'on lui rends la pareille. Elle enfouie donc ses mains dans les poches de sa veste, ne manquant pas le soupire explicatif de Maxence. C'était donc un simple rituel de présentation, rien à voir avec un réel intérêt pour elle. La vampire le détailla silencieusement tandis que les deux hommes se saluaient, notant ses doigts tatouer qui avait une odeur cirée typique qu'elle reconnaissait bien. Un artiste. Intriguant. Il n'écoutait pas non plus les consignes. Amusant.

“Je pense que j'ai deux trois trucs qui devraient aider.”

Enfin, elle allait enfin pouvoir apaiser sa faim pour de bon, ou au moins se sentir plus gavé que cette perpétuelle agonie qu'elle ressentait. Manger et se nourrir, se nourrir et manger. C'était tout ce à quoi elle réfléchissait, l'unique chose à laquelle elle pensait constamment.

Elle s'approcha ainsi de l'homme à l'odeur de racines et de flore séchée, reconnaissant le souvenir d'un rêve qui lui coulait dans les veines, un assaisonnement distinct qu'elle n'avait pas senti depuis... Elle extirpa sa main gauche de son antre, ses doigts glacés enroulé autour d'une liasse de billet enroulé qu'elle exposa avant de lui tendre. ‘' Je prends tout c'que t'a ‘' Répondit-elle en souriant, ouvrant la main pour lui offrir avec enthousiasme. ‘' Moi c'est Hailey ‘'

Il y avait quelque chose de beaucoup plus cavalier dans son approche avec l'inconnu, elle se retira pourtant de quelques pas une fois les présentations faites vers le scientifique à l'odeur plus antiseptique. C'était comme être coincée entre un rôti saignant et un gâteau au chocolat, le sang pulsait heureusement toujours dans ses veines, freinant son appétit, du moins pour l'instant.

Ses doigts picotaient toujours lorsque Takuma apparu dans le laboratoire d’analyse. Ça cognait vivement sous ses côtes. De peur, sans doute, dans une certaine mesure. D’un besoin humain, surtout, de revoir celui qui lui avait tant appris. C’était idiot, d’autant plus que le jeune homme avait conscience que Maxence n’avait rien d’un père ou d’un frère en tant que tel. Et pourtant il y avait chez lui ce quelque chose de rassurant dont il avait besoin. Ou plutôt dont il aurait eu besoin s’il l’avait un tant soi peu admis. Camouflé derrière une part de déni, se retrouver auprès de son ancien chef l’apaisait. Et ce, même si ce dernier lui avait martelé de ne pas venir, sous entendant un potentiel danger. Pourtant ce que l’ancien infirmier ignorait, c’était que le véritable danger se trouvait dans le vide de ses veines, non pas dans les crocs d’une quelconque vampire. Qui qu’elle soit. Si ses doigts lui piquaient, c’était qu’il avait joué jusque tard, s’accrochant à cette transe salvatrice pour l’empêcher de vriller.
Ce moment où les notes l’emporte, où il ne fait plus qu’un avec les cordes, le bois, les particules de l’air autour de lui, cet instant hors du réel, très paradoxalement, l’amène à refaire surface.

Tout ça, c’est encore là lorsqu’il adresse un sourire à son ancien boss, s’amuse de son inquiétude, se retourne vers la vampire. Pâle, un sourire figé, la jeune femme lui fait face. Elle a dans les yeux ce truc hagard, brutal, cette faim inconditionnelle qu’il ne connaît que trop bien. Non celle du sang, pour sa cause, mais la plaie est la même. Alors oui, il sourit, fait comme si de rien, s’adresse à Maxence avec son détachement habituel, comme s’il n’y avait aucun danger ou qu’il était à jamais le gamin insouciant pour lequel il se fait passer depuis des années. Mais dans le fond, ce regard, il lui parle. Il le blesse même. Peut être y a-t-il quelque chose du miroir à l’observer ainsi. Pas qu’il s’y attarde cependant. Il est des vieux de la vieille, les vieux briscards des rues. Les ânes bâtés que l’addiction n’a pas fait plier. Le môme devenu vétéran sans passer la trentaine. Comme pour Sanae, il y a ce truc d’incarner un futur possible. Ou peut être fait-il seulement des associations idiotes. Des conneries auxquelles on se raccroche quand on sent dans son fort intérieur que ça déconne. Que les côtes se fendent à chaque respiration, que les os plient, que les veines se creusent. Que la crise de manque, là, n’est pas si loin.

Les mains plantées dans sa veste, les épaules un peu basses, elle lui fait penser à Enzo, ou à Alec. Mais là aussi, c’est sans doute l’esprit qui se raccroche à ce qu’il connaît. Le fait est que son cœur bat moins fort lorsque Maxence pose sa main sur son épaule pour le saluer. Qu’il a un môme sous la caboche qui voudrait être pris en charge, encadré par un adulte.
Est-ce qu’il le sait, au moins, qu’il incarne cette image ? Peut être la jeune vampire elle-même s’y raccroche-t-elle, d’ailleurs, songe-t-il lorsqu’elle s’approche pour lui tendre la main. Par un réflexe un peu absurde, acquis en Angleterre depuis quelques années, Takuma tend la sienne en réponse, s’attend à la lui serrer, puis perçoit l’argent. Trop tard, sa main y est déjà posée. Alors toujours sans vraiment le prévoir, il va pour prendre la liasse de billets…
‘' Je prends tout c'que t'a ‘'  
Atrocement froide. Comme celle d’un cadavre. Un contraste étrange quand il connaît la chaleur du corps des lycans. Ainsi ses recherches remontent à la surface mais il n’en siffle mot.
… et laisse retomber sa main en lui souriant en retour.
‘' Moi c'est Hailey ‘'
“Takuma.”

Du coup de l’œil, il perçoit Maxence aux aguets, les deux mains sur le plan de travail d’un bureau fait de carrelage, sans doute pour faciliter le nettoyage dans cette ambiance très scientifique qui lui était inconnue… et le mettait mal à l’aise. Seule la présence de l’ancien infirmier rattrapait l’ensemble.
Jouant le jeu de l’aisance, le jeune homme nota qu’Hailey reculait  de nouveau pour lui laisser un certain espace. Ou pour éviter de craquer. Maxence ne lui avait-il pas donné de quoi s’abreuver ? Ou peinait-elle malgré cela ? De quoi interroger sa conscience autant que son imaginaire. L’esprit en vrille, curieux par nature, Takuma ne tarde pas à se hisser sur la surface plane, pose une sacoche sur ses jambes, en sort différents produits sous le regard attentifs de ses deux vis-à-vis.

“Alors ! J’ai quelques herbes qui peuvent apaiser les tiraillements de la faim… Celle-là surtout, fait pas mal ses preuves à priori, à prendre en tisane. L’idée ça peut être d’en balader une gourde sur toi ou une vasque.. Enfin c’que tu veux.” peu à peu, le garçon aligne sachets et fioles sur le plan de travail, à côté de lui. “ Ça c’est un onguent à base de dictame, à mettre sous les yeux pour que ça diffuse, en synergie avec d’autres produits, l’idée c’est de rappeler au corps qu’il n’est pas en danger de destruction, d’apaiser le sentiment d’urgence… ça, c’est une breloque ensorcelée, si on l’active elle peut bloquer le corps plusieurs minutes, le temps de retrouver le contrôle. J’te l’ai mise, après c’est si tu veux. Ah oui, bien sûr ! J’ai ça aussi, une potion. C’est mon ancien chef qui la faisait mais il me reste un stock, va falloir que je la maîtrise, mais en attendant t’as déjà deux fioles. C’est .. J’vais pas dire anesthésiant, mais ‘ya quelque chose de ça. Un peu façon anxiolytiques si tu veux, ça peut te shooter un peu, mais ça devrait aider le contrôle. Et puis le dernier, pavot des Indes. C’est pas mal pour l’addiction.”
“Wow… t’es équipé pour un mec qu’on sort de son lit à deux heures du matin…”
“C’est ça d’être un pro, chef ! J’ai appris du meilleur !” Sur sa droite, les produits bien alignés font face à Hailey, à gauche, Takuma balance un clin d’oeil à son ancien formateur. Dans le fond, quelque chose grince et lui pince douloureusement le palpitant. La vérité, c’est qu’une bonne partie de ces produits, il les utilise déjà sur lui depuis des mois, avec l’espoir un peu désespéré d’éviter de replonger.
Mais là encore : il se retourne, ignore le regard de Maxence et sourit.
“Alors, t’en penses quoi ?”

Mécanique, voilà comment se sentait la jeune femme entourer de deux hommes qui n'avaient pas peur de se montrer de l'affection. On pourrait croire que c'était le vampirisme qui avait refroidit ses veines, qui l'avait rendu aussi détacher envers ceux avec qui elle interlocutait, et pourtant. Si ça avait été le cas, elle aurait sûrement eu moins de mal à falsifier un comportement humain pour leur confort, elle qui avait toujours été gauche et craintive durant sa vie. Tout ce qui lui restait était ses souvenirs et ses expériences, cette manière machinale et presque mafieuse de lui filer une liasse de gros billets à la manière que son oncle adoptif payait ses employés.

Tout comme son besoin de protection n'était pas disparue, même lorsqu'elle se savait la plus forte des trois, la plus dangereuse. Alors pourquoi avait-elle toujours l'impression qu'on allait l'enfermer, qu'on allait lui arracher son masque souriant pour regarder ses crimes et la juger? C'est probablement ce qu'on appelle la conscience, l'impression que tout le monde sait parce qu'on se trouve si laide, si horrible.

Elle rebroussa ainsi chemin, retrouvant le confort et la proximité du scientifique qui était beaucoup moins attirant que l'exotique jeune homme qui venait de les rejoindre. Il y avait quelque chose chez lui qu'elle ne pouvait pas encore identifier, mais qui lui mettait l'eau à la bouche, comme une saveur - une épice bien précise - qui rehausse le plat. Car même si le vampire venait d'engloutir une pleine poche de sang, ça faisait quelques jours qu'elle ne s'était pas nourrie, incapable de se résoudre à sortir pour aller chasser. C'est pour cela qu'elle était ici, à risquer sa vie et la leurs; dans l'espoir de calmer sa faim d'une autre manière que celle qui lui était innée.

Takuma. Il s'appelle Takuma. C'est donc avec l'estomac légèrement tiré qu'elle détailla l'étranger dénommer Takuma s'installer contre la surface, un peu comme elle l'avait fait plus tôt ce qui lui décrocha un sourire fantomatique aux coins des lèvres. Il avait de jolis mains, mais pas autant que celle qu'elle recherchait désespérément depuis sa transformation. Alec. Il s'appelle Alec.

Qui aurait cru un jour voir l'héritière Harding détailler des sachets d'herbes qu'on joli tatoué lui vantait comme la meilleure came possible pour son état. Il y avait beaucoup d'information à retenir, ses yeux distraient vacillait d'un produit à l'autre incapable de décider si c'était la faim ou l'addiction au sang.

L'addiction. Hailey releva discrètement les yeux, fermant les paupières une seconde pour inspirer l'odeur de l'homme qui lui rappelait maintenant l'Albert Bridge. La bête resta fixée contre lui, celui qui était aussi empoisonné qu'elle et qui semblait pourtant arriver à sourire et être sincère dans son bonheur. Étrange. “Alors, t'en penses quoi ?”

Elle s'approcha d'un pas, étirant une main pour la laisser glisser sur les sachets de gauche à droite, arrêtant enfin ses doigts contre la corde de cuir qui servait de chaîne au bijou qui lui rappelait les amulettes qu'elle avait aperçus dans les musées. Il était sans doute plus vieux que son père, les odeurs de son passé toujours accrocher à sa surface. Un vampire l'avait mit, il y avait très longtemps. Elle le releva dans les airs, laissant la babiole tournoyer sur elle-même au niveau de ses yeux en se demandant ce qui était arrivés à son porteur. Peut-être n'en avait-il plus besoin, peut-être qu'il y avait une chance pour qu'elle règne un jour en maître sur son appétit vorace. Son oeil bifurqua pourtant d'une oblique, croisant celui de son nouveau dealer avec une certaine appréhension. Après tout, ce dispositif avait été créé pour immobiliser, quelques secondes disait-il mais qu'en savait-elle? Peut-être que c'est ainsi qu'ils avaient décidé de s'en débarrasser, Hailey se voyait déjà couler au fond de l'océan, des chaînes entourant son corps pour l'empêcher de regagner la baie. Une éternité enfermer dans un tombeau à son éloge, un cercueil étroit où elle serait seule pour l'éternité avec pour seul compagnon les plaintes de ses pleurs.

Elle dégluti, se décidant enfin à passé la corde autour de sa petite tête blonde, penchant le menton pour admirer le bijou qu'elle roulait entre ses doigts.

‘' Je pense que nous allons faire beaucoup d'affaires toi et moi ‘' Souffla-t-elle en se glissant gracieusement vers la tablé où elle empoigna la fiole de pavot, son cerveau surchauffant d'informations qui lui rappelaient le cours d'histoire ou on avait avancé la théorie qu'elles auraient été introduite en Indes par Alexandre le Grand peu avant sa mort à Babylone.

L'addiction. Ce n'était pas que le sang, c'était aussi les cris, les morts. Elle le ressentait chaque fois qu'elle se nourrissait, ce froid engourdissant qui l'empêchait d'être aussi triste et fautive que la fois d'avant. Elle retira le bouchon senti rapidement, ne pouvant refréner la grimace de son vampire devant l'odeur du lait. La bête n'en voulait pas, elle ne voulait pas être soignée, elle n'était pas malade! Il cherchait lui aussi à la répresser, tout comme son père l'avait fait avant lui. Un véritable combat à l'intérieur de son estomac, elle trouva tout de même la force de le refermer avant d'enfoncer le produit dans la poche de sa veste. Oui, l'addiction prenait priorité sur sa faim et son confort, elle ne se fit donc pas prier pour emballer le produit sous toutes ses formes. En liquide, en fleurs et même en joint, n'importe quoi tant qu'elle pourrait un jour prendre le dessus sur son démon. Protéger les autres étaient plus importants que sa survie. Retire ce collier avant qu'il ne souffle un mauvais sort et qu'il t'enferme dans le marbre de ta peau.

Elle n'eu aucune hésitation à attraper la potion qu'elle s'envoya directement, laissant ses paupières tomber en attendant désespérément le résultat qui ne se fit pas tarder. Ce n'était pas que son vampire que ça apaisait, elle avait toujours eu cette boule serrer entre ses tripes qui la pinçait chaque fois que son cerveau s'activait. Ses épaules s'affaissèrent comme du sable, ses poumons inspirant enfin sans retenue tandis que ses lèvres pâles s'étiraient toujours plus sous le réconfort de cette sensation nouvelle.

‘' Impressionnant ‘' Avoua-t-elle visiblement détendu, ses yeux légèrement graisseux de contentement. Ça lui rappelait un peu le médicament qu'elle prenait autrefois, cependant beaucoup plus puissant et efficace. La deuxième fiole trouva également le chemin de sa poche, tout comme les herbes dont elle ignorait le nom, elle semblait pourtant avoir une confiance aveugle en cet homme, sûrement appuyer par l'impression que le scientifique sans nom lui donnait. Elle ignorait le prix de tout ça, quelque chose qui ne semblait pas la déranger en vidant la table comme un bar à volonté.

Son attention revint pourtant vers le médaillon qui pendait contre sa poitrine, elle le repris en main, le détaillant à nouveau avec une appréhension distincte avant de croiser à nouveau le regard sombre du nippon, dans ses yeux une certaine clarté caractéristique qui semblait beaucoup plus franche que son visage vampirique. Il y avait aussi un mélange gazeux qui faisaient briller ses émeraudes, un mélange de sang et de potion qui lui donnait l'impression de flotter.

‘' Tu me montres comment ça fonctionne? ‘' Demanda-t-elle, le collier toujours enfiler contre son cou qui était dangereusement près de sa gueule

Un vampire est-il capable de percevoir l’addiction passée dans les veines de celui qui se bat chaque jour pour ne pas replonger ? Voilà bien une question qui tournait dans l’esprit du nippon dès lors qu’il fit face à Hailey. Un détail auquel il n’avait pas pensé avant de se pointer. Trop obnubilé par une simple idée : se réfugier près de quelqu’un de confiance. Une réflexion idiote, bien sûr, compte tenu du risque que la vampire constituait. Trop à penser dans un esprit déjà saturé. Vient alors cette réalisation.
Enzo n’a rien perçu. Une envolée du myocarde, une certaine fébrilité. Oui. Sans doute y porte-il une attention particulière depuis qu’il le sait. Mais … elle ? Cinq ans de sobriété ont-ils laissé ses veines purgées de leur poison ? Ou au contraire son sang poisse-t-il ses sens ?
Maxence est-il le seul ici à ne pas se battre contre un démon invisible ? Ou peut être le fait-il.

Takuma l’observe s’approcher sans esquisse d’esquive. Un instant en silence, elle fait face à la panoplie qu’il lui a déplié sur le plan de travail à gauche de ses cuisses croisées en tailleur. Comme ça, elle a des airs de touriste devant les étals d’un marché. Et pourtant lui, mieux que qui que ce soit ici sait ce qu’il y a derrière. Rien d’étonnant à ce qu’il ait une attention particulière pour ce domaine. Du moins, rien de son point de vue. Sans doute la raison pour laquelle le regard de Maxence s’attarde un instant vers lui. Chose à laquelle il répond avec humour et balaye le sujet du revers de la main. Pourtant, Takuma refuse de poser les yeux dans les siens et se contente de braquer son attention sur Hailey. Elle passe la main sur les différents produits et prend le médaillon entre ses doigts.

‘' Je pense que nous allons faire beaucoup d'affaires toi et moi ‘' Il esquisse un sourire, la voit passer l’amulette et prendre le pavot. Nommé “lait”, ça n’a pourtant rien de similaire. Trop peu de nutriments pour que le corps de vampire se révulse mais il est clair qu’elle se crisperait à le boire. Malgré tout, après bien des recherches, c’est là le meilleur calmant qu’il ait pu trouver… pour lui-même. Sans doute perçoit-elle la même odeur sur son corps, jusqu’au creux de ses cellules. Sans doute est-il imprégné d’une grande partie de ces produits, les joints de pavots les premiers sur la liste. Oui. Bonne probabilité qu’elle devine. Un instant alors, le jeune homme échange avec elle un regard tandis qu’elle débouche la fiole et en avale quelques gorgées.
Crispation, dégoût… et puis soulagement. De nouveau, Takuma esquisse un sourire. La première fois, il est tombé au sol, en larmes.
‘' Impressionnant ‘' Ses muscles se détendent, son regard change. Quelque chose dans ses traits n’est plus le même. Quelque chose de plus vrai, songe Maxence à quelques mètres de là, tout aussi attentif à la scène malgré son calme apparent.
“Il semblerait que l’élève a dépassé le maître..” Glisse-t-il avec un petit sourire envers Takuma qui trouve enfin son regard, lâche un souffle, baisse les yeux. Des mots qui le touchent.
“Le jour où j’aurais à gérer n’importe quel ado blessé avec la Gestapo pour me coller au train, on en reparle.” Maxence, les mains posées en arrière sur la paillasse, lâche un rire léger.
“J’te le souhaite pas.”

Un regard, entre les deux hommes, puis Takuma en revient à la jeune femme qui achève d’examiner le stock apporté par l’apothicaire. Il apporte quelques explications ici, là, donne des précisions.
Puis vint le moment où, le regard tombé sur sa poitrine, la jeune vampire vit son attention revenir sur le collier.

‘' Tu me montres comment ça fonctionne? ‘'
“Ouaip !” D’un saut au bas du sol, le jeune homme la rejoint. Un pas, puis deux, et la main qui part près de sa gorge sans atteindre tout à fait le bijou sur lequel son regard s’arrête. “Je peux ?” Un regard qui remonte jusqu’au sien, soudainement gêné d’être si proche.
A sa droite, Maxence s’est décalé de trois quart, une main près de sa poche. Prêt à réagir sans doute.
Un pincement sous ses côtes. La peur du prédateur l’amène à poser le regard un peu plus bas, sur ses lèvres, comme pour s’assurer de n’y voir des crocs. La gêne, alors, enfle d’autant plus que cette proximité avec la jeune femme comporte soudainement un caractère plus.. Intime. D’autant plus souligné lorsqu’il racle sa gorge et se saisi du talisman.

“Faut le dire hein, s’il faut que je vous laisse les jeunes...”

Regard en coin droit vers Maxence, chargé d’un reproche mutique, puis il y revient.

“Du coup, il faut que tu l’ais au cou comme ça, tu poses ton doigt là..” Les explications s’enchaînent jusqu’à ce que, gêné, il recule.

A moins qu’elle ne l’ait bouffé en cours de route, du moins.

“Il semblerait que l'élève a dépassé le maître..”

Il y avait donc un lien très fort entre eux, beacoup de savoir qui se transmettait d'un esprit à l'autre comme on le fait entre parents ou professeur. Une propagation d'informations qui plaisaient bien à Hailey, trop souvent les gens gardaient jalousement les résultats de leur travaille sans se soucier du bien collectif. C'était également une bonne nouvelle que s'il arrivait quelque chose à l'un, l'autre pourrait poursuivre la mission. Il y avait pourtant quelque chose qui l'appelait vers cet homme à la tête de toutes ces machines. Un magnifique mélange de technologie moldus et de magie sorcière qui avait déjà excité sa matière grise. “Le jour où j'aurais à gérer n'importe quel ado blessé avec la Gestapo pour me coller au train, on en reparle.”

Des mots qui surprit Hailey, elle passa du scientifique au dealer tandis qu'un million de questions explosait dans son crâne. Parlaient-ils d'eux? Des hommes qui sont venu hanté sa ruelle? On ne devient pas aussi puissant en restant dans son coin, sûre que la toile d'araignée dans laquelle ils étaient tous pris était beaucoup plus grande et puissante qu'elle l'aurait cru. Peut-être avait-elle trouver un plus gros requin que celui qui la piégeait dans son récif. Et si... “J'te le souhaite pas.”

Le tatoué lui fit un cours 101 sur les produits, mais l'esprit du vampire était ailleurs. Elle se demandait à quel point ils pouvaient être fautifs de l'aider, des répercutions qu'ils endureraient si on les trouvait en train de sympathiser avec une succube. Elle n'était pas la première qu'ils rencontraient, mais elle ne pouvait pas ignorer qu'elle s'était pas mal nourrit depuis sa transformation.

T'en fait pas, on c'es débarrasser des corps. Ils ne les retrouveront jamais. T'es même douée pour ça, comme si ça avait toujours fait partie de toi, de qui tu es.

Elle hocha la tête pour se défaire de cette voix qui la torturait, reposant son attention sur le médaillon dans l'espoir de cacher sa fluctuation émotive. Ça n'aidait pas non plus que le jeune homme semblait ressentir un malaise qui n'était pas renforcé uniquement par la peur. Elle le savait, elle le ressentait. Son vampire lui s'en délectait, appréciant toujours l'attention et l'attirance qu'elle provoquait chez les humains. C'était aussi étrange pour elle, de suinté autant le charme et la sexualité alors qu'elle ne savait pas trop quoi en faire.

“Je peux ?”Hailey souri en détournant le visage, lui tendant la breloque du bout des doigts sans manquer le mouvement subtil de Maxence. Soit il était simplement prudent et prenait des précautions face à la proximité, soit le plan se mettait parfaitement en place et il était le support du gardien qui allait bientôt l'enfermer dans son propre corps. Elle ne montra pourtant rien, continuant de sourire timidement à l'homme qui sentait étrange. Peut-on vraiment faire confiance à un junkie?

Elle écouta patiemment, cherchant à travers les traits de son visage quelque chose pour justifier ses doutes. Une faille comme celle qu'elle avait vu si souvent à travers les masques, mais il n'y avait rien. Ni dans ses yeux, ni dans sa voix ou ses gestes inspiraient la trahison. Si bien qu'elle fut presque surprise lorsqu'il termina ses instructions avant de s'éloigner, penchant la tête sur le côté comme un prédateur curieux devant une petite boule de poil intrigante. L'instant suivant elle avait reprit sa droiture surnaturel, envoyant un sourire à Takuma avant de se virer vers Maxence.

‘' Tu peux ranger ta baguette, j'ai pas l'intention de le croquer... ‘' Un dernier coup d'oeil sur le jeune homme couvert d'encre. ‘' Enfin, pas sans son accord‘' Un clin d'oeil puis elle l'abandonna pour aller se poser contre un meuble qui lui donnait une vue générale de la pièce et des deux hommes.

Bon d'accord, ils ne l'avaient pas enfermer. Peut-être qu'ils étaient dignes de confiance, elle ne pouvait ignorer la zenitude et le contentement qu'elle ressentait à présent, pleine de sang et de potion magique. Ce duo n'était pas à négliger, surtout si elle comptait mettre en place son plan d'action et changer le monde des vampires. La voie était déjà défrichée, il ne restait plus qu'à pousser un plus loin. Quoi de mieux qu'un addict et un scientifique pour l'aider à soigner ce qui empoisonnait son esprit et son corps?

‘' Merci pour... J'ai pas croisé beaucoup d'humain prêt à aider mon espèce ‘' Elle espérait un jour pouvoir mieux camoufler sa vraie nature, pour l'instant tous les sorciers à 100 pieds devinaient rapidement qu'elle n'était pas comme eux. Elle ne pouvait s'empêcher de flotter sur le plancher dans une discrétion qui les rendaient mal à l'aise, il y avait aussi son regard qu'elle n'arrivait pas à éteindre sous le coup de ses émotions vacillante.

‘' Alors, voici ce que je vous propose ‘' Souffla-t-elle en se soulevant pour prendre place sur le coin du bureau ensevelit sous les dossiers et autre paperasses. ‘'Je renfloue les caisses et en échange, vous m'éduquez sur le sujet... Je veux tout savoir! Connaitre la culture vampire, l'histoire de mon espèce... Je suis même prête à offrir une belle sommes pour un manuscrit écrit de la main d'une succube... Par là j'entends un ancien, pas votre pote Marco qui habite la 34ème ‘' Lança-t-elle comme un exemple au hasard, ne semblant n'avoir aucune honte à exprimer son ignorance, consciente qu'ils pouvaient la flouer s'ils le voulaient. Peu importe, l'argent état le dernier de ses soucis ou d'intérêt. Son petit crâne en feu ne pouvait s‘empêcher de réfléchir. ‘' T'as déjà passé un vampire à l'IRM? ‘' Demanda-t-elle brusquement en fixant Maxence des yeux

Etrange proximité que celle qui vous prend de court. Plus absurde encore d’en être l’investigateur.
Il aurait pu retirer le médaillon, agir différemment.. mais ne l’a pas fait. Perturbé entre la mince distance entre leurs deux corps et la conscience glaciale du risque encouru, Takuma a déroulé son explication sous le regard du médicomage, conscient d’agir sous le regard analyste et protecteur de celui qui, quatre années durant, a été son formateur. Un homme assez à l’aise avec lui pour leur lâcher une remarque en cours de route. Ça ne sonne aucunement comme une réflexion d’enseignant mais davantage de grand frère, de figure de référence ; ce qu’il a toujours été. Pour lui. Pour d’autres. Pour beaucoup d’entre eux en vérité.
Durant toutes ses explications, le jeune homme en est resté à s’interroger de ce qu’observait véritablement la jeune femme. Ses gestes, le collier.. Ou lui.
Pourquoi ? Pourquoi l’observer ainsi ? En redressant le regard vers elle, il lui reste dans les veines l’impression malsaine d’être passé au crible. Un seconde, son attention se porte dans le regard olive de la vampire. Il y a des sillons ocre pour percer l’émeraude, des reflets rougeâtres. Y a-t-il derrière son silence la conscience de ce qu’il est ? Ce que sa parole vaut ?
Tout à ses réflexions, la conscience brusque de leur proximité physique lui revient et dans un même geste, Takuma pince des lèvres et se recule doucement. A sa droite, Maxence se détend un brin et garde le regard droit tandis qu’Hailey y porte un oeil de jugement.

‘' Tu peux ranger ta baguette, j'ai pas l'intention de le croquer... ‘' Pas de réponse. Pas de baguette sortie, du reste. Seulement le regard ferme de celui qui assume ses actes sans s’en cacher. Oui, il a craint pour la sécurité du gamin. Oui, ce peut être blessant. Mais c’était nécessaire. D’ailleurs s’il n’avait pas jugé le comportement déplacé, Maxence aurait probablement interdit à Takuma de jouer avec le feu tel qu’il le fait. Pas plus qu’il ne l’aurait autorisé à arriver ici à visage découvert. Aucune envie de risquer la vie des autres pour des décisions qu’il prend seul. Pourtant Takuma est adulte, intelligent et lui n’est rien par rapport à l’ex Serdaigle. Alors il le laisse faire ses propres choix. Malgré tout, à sa posture, le nippon le devine sans mal : il n’approuve pas.
‘' Enfin, pas sans son accord‘'
Pris de court, Takuma lâche un souffle amusé tandis qu’elle s’éloigne. Une seconde, son regard s’abandonne, glisse sur la peau puis se reprend et à son tour, il détourne les yeux et passe une main dans sa nuque. L’envie lui picote les veines. Encore une fois, les recherches avec Andromeda n’ont été que vains échecs et il y a une frustration en lui qui s’accorde à cette tension qu’il devine chez la vampire. Les manques, qui se rejoignent.

“Certainement pas devant mon boss, et laisse mon sang où il est.”

Un soupir amusé de la part de Maxence lui parvint avant de poser le regard sur lui. Dans ses yeux, une forme d’interrogation mutique doublée d’un certain étonnement. Pas le genre du Serdaigle, c’est vrai. Durant deux ans, le médicomage l’a connu fidèle. Pas un regard, pas une ouverture. Pas qu’il joue un quelconque jeu actuellement, malgré tout la réflexion l’étonne.

‘' Merci pour... J'ai pas croisé beaucoup d'humain prêt à aider mon espèce ‘'

En silence, le premier presse de ses lèvres un sourire quand le plus jeune hausse des épaules sans répondre. Pour l’un comme pour l’autre, il est normal d’agir. Normal de considérer l’autre et de ne pas le réduire à une morsure. Pas de réponse donc, pas d’argument. La normalité n’exige pas de justification.

‘' Alors, voici ce que je vous propose ‘' De concert, tous deux braquent son attention vers la jeune femme. Maxence, sans l’avoir quittée des yeux, redresse seulement le menton. Takuma dont le regard s’était attardé sur les différents produits, déjà occupé à envisager de lui rédiger une liste notice, abandonne le fil de ses pensées pour revenir à elle. ‘'Je renfloue les caisses et en échange, vous m'éduquez sur le sujet... Je veux tout savoir! Connaitre la culture vampire, l'histoire de mon espèce... Je suis même prête à offrir une belle sommes pour un manuscrit écrit de la main d'une succube... Par là j'entends un ancien, pas votre pote Marco qui habite la 34ème ‘' Léger froncement de sourcils de la part de Maxence, les yeux qui s’écarquillent un brin pour Takuma.

Marco ?
Polo.
Merci.

‘' T'as déjà passé un vampire à l'IRM? ‘' Hailey détourne brusquement son attention sur Maxence qui lève un sourcils sans répondre immédiatement, semblant jauger du sérieux de cette question.
“Non… j’ai jamais fait ça.”
Dans un souffle, Takuma esquisse un sourire amusé, conscient que non seulement Maxence ne serait pas du genre à jouer au savant fou pour voir ce qu’il se passe dans l’organisme d’un vampire ou d’un quelconque être surnaturel une fois passé dans un IRM… mais qu’il est assez probable qu’il n’ait pas fait passer tant d’IRM que ça durant sa vie, l’homme ayant passé la majeure partie de son temps sur des champs de bataille sorciers ou enfermé à Poudlard.
“Et j’ai pas d’IRM sous la main.”
Un instant, Takuma tique sur l’utilisation du terme “culture vampire”. Tout ça sonne très américain, tellement même qu’il avise soudainement la similarité des accents de ses deux interlocuteurs. Qu’il s’agisse de Maxence, Will, Matéo ou Aaron, l’asiatique en est arrivé à intégrer la musicalité de la prosodie de chacun. Sans compter Enzo … ou plus exactement, le reste de ses compatriotes n’ayant pas autant de pratique pour gommer leur accent.
Américaine, donc, peut être. Ou ayant possiblement passé quelques années loin de Londres.
Le regard de la jeune femme tombe de nouveau sur lui, lui rappelant par là même qu’il appartient à cette conversation et, plus notoire, à la proposition qui leur est faite.
Il s’interrogera plus tard de l’incongruité de parler de “culture vampire” comme on parlerait de “culture noire”. Quoi que tout ça veuille dire.
“Ça ferait sans doute pas de mal, un peu d’argent à rentrer.” D’un geste du menton, Takuma interroge son ancien boss du regard mais Maxence, les bras croisés, laisse à sa hanche le soin de s’appuyer sur la paillasse sans ajouter un mot. Un instant de réflexion et à son tour, c’est dans le silence qu’il interroge son ancien apprenti.
“’Me regarde pas comme ça. C’est toi qui a des contacts.” L’un comme l’autre, bien mieux informés sur la lycanthropie que sur le vampirisme.
C’est en redressant les yeux que Maxence lui accorde un petit sourire en coin. “Qui est-ce qui te dit que j’ai des contacts ?”
“Quoi ? Tu fais collection de poches de sang pour ton usage personnel ?” D’un coup de menton, Takuma désigne le plastique qui dépasse encore du sac abandonné par Hailey non loin d’elle. De ce dernier.. Puis de l’autre, bien caché derrière le bureau du scientifique.
Un rire bref, alors, lui répond. “Observateur.”
Il sait bien que oui.
“Ok petit génie. Je vois ce que je peux faire pour l’histoire du bouquin. Ou quelque chose dans cette optique. Et toi tu potasses.”
Regard vers Max, puis Hailey, et de nouveau Max.
“Hey moi je suis là pour le business je rappelle. J’ai une boutique à faire tourner. Tu crois que j’ai le temps de vous faire un exposé en deux tomes sur l’histoire des vampires au cours des siècles ?”
“Te connaissant t’en as plus que moi. Tu me rappelles combien de temps tu as pris pour éplucher toute la bibli de Poudlard ? Réserve interdite comprise ?”
“Hm.” Argument valable. Aucune mention qu’il ait s’agit d’un ami. Pas son genre non plus de balancer ce genre d’informations.
“Et c’est toi qui a dit que ça n’ferait pas de mal.”
Deuxième argument valable. D’autant plus avec sa volonté de mettre en place un réseau parallèle concernant le tue-loup. L’argent ; le nerf de la guerre.
Ainsi Takuma lève un instant le regard au ciel, fixe le plafond une seconde et fini par souffler. Et de nouveau : un regard vers Hailey, un vers Max, et de retour sur Hailey.
“Ok deal. Je potasse. Je fournis les produits. Et l’autre qui fait genre de tout gérer ne s’occupe que du bouquin. Un jour faudra que t’arrête de me faire faire le gros du job et de te faire passer pour le boss.” Le tout dit d’un ton léger, sourire et regard en coin dirigés vers Maxence qui lâche à son tour un rire franc.
“C’est noté.” Les sourires s’échangent, la complicité avec eux.
“Encore un dernier truc !” L’infirmier lève le regard. “T’aurais quelques heures à m’accorder ? Une fois de temps en temps. Je voudrais pas perdre la main. On sait jamais, ça peut servir.”
Et l’affection ne fait aucun doute lorsque le plus vieux des deux lui accorde un sourire.
“Tu vois que ça te manque finalement…”
Pas de réponse, seulement un petit coup de menton dans le vide. De quoi valider sans le faire.
Le laboratoire semble moins hostile à présent. C’est idiot sans doute mais les traits familiers de Maxence l’apaisent sans qu’il ne sache exprimer pourquoi. Ce dernier se redresse et lui saisi l’arrière du crâne l’espace de quelques secondes dans un geste affectueux.
“Allez, vendu les jeunes. On s’organise comme ça.”

D’un geste, Takuma balaye la main du toubib et esquisse un léger rire, le coeur plus léger qu’il ne pourrait l’avouer.

“Ok attend, quand tu parles d’allonger le fric, on est sur combien ?” Un regard de Max. “Hey, c’est toi qui a prêté serment. ‘Sans salaire ni engagement’, c’est pas pour moi.”
“Pourquoi ça m’étonne pas que tu connaisses le texte ancien du serment d’Hippocrate ?”

Haussement d’épaule. Regard en coin.

Et retour vers Hailey.

Bien que la belle vampire jouait les familières, elle n'envisageait pas vraiment grand chose avec le nippon aussi mignon soit-il. C'était plus le reflet de ce que la petite farouche avait observé chez les femmes autour d'elle. Cette facilité avec laquelle elles extirpaient ce qu'elles désiraient des hommes. Un jeu qui avait été agréable avec son bel ange, mais qui tombait rapidement à plat avec tous les autres, même envers celui qui sentait la défonce ou le professionnel qui démontrait une distance rassurante. Il répondu négativement à son questionnement, la laissant plutôt surprise que Dr Frankenstein ne s'était jamais interrogé sur les organes et les tissus de vampire. Pour sa part, Hailey aurait bien aimé pouvoir les comparer aux résultats que son père préservait dans son bureau. Combien de fois l'avait-il fait passer dans cette foutu machine à la recherche d'une anomalie, d'un signe précurseur qui annoncerait la fin de sa vie. C'en était devenue une obsession au fil du temps.

Takuma montra ensuite de l'intérêt pour ses richesses, donnant à Hailey une impression de mal aise à l'idée de mettre le jeune homme dans une situation précaire. La petite Harding connaissait l'addiction, elle savait aussi que beaucoup attendait la pauvreté pour arrêter de consommer. Combien de temps pourrait-il vivre avec les poches bien pleines avant qu'il ne décide de se récompenser? Quelle utilitée pourrait-il avoir une fois défoncer sur le sol d'une ruelle sombre? Allait-elle un jour le croiser sous le pont durant la traque d'un repas gratuit?

Peu importe, ce n'était pas à elle de veiller sur lui, qui plus est, Hailey souriait de les voir ce chamailler comme deux frères. Oui, contrairement à elle, le tatouer aurait quelqu'un sur qui s'échouer si le pire montrait le bout de son nez. Silencieuse, elle laissa le flot d'information s'écouler à travers son crâne en les détaillant dans leur ressemblance.

Ils s'échangeaient le noeud du problème, tous les deux préférant laissé la plus grosse partie à l'autre. Hailey aurait presque compatis si elle ne comptait pas les remercier aussi chèrement.

Puis, de la musique à son oreille. Elle se détourna légèrement pour observer Takuma à travers la mèche ondulée qui lui tombait sur l'oeil lorsqu'elle penchant la tête vers lui. Éplucher toute la bibliothèque, ils en parlaient comme si c'était une corvée, pour elle sa ressemblait plutôt à une semaine de bonheur. Il avait même atteint des endroits où on ne lui avait jamais donné accès. La réserve interdite. Décidément, ce revendeur avait bien plus de valeur qu'un simple livreur de came. Le vampire avait soudainement une furieuse envie de lui fouiller le crâne, mais ce n'était pas quelque chose qu'elle pourrait entreprendre par la force, ou même par la magie à laquelle elle était loin d'être assez douée. Ça aurait pu être pire, il serait plutôt joli à regarder quand elle perdra un temps considérable à lui délier la langue.

Les jeunes? Hailey aurait du se sentir insulter, mais le vampire souri malicieusement en jetant un coup d'oeil au docteur qui prenait place de doyen dans l'évèmenent. Elle se demandait quelle genre de femmes pouvait bien l'intéresser, sûrement une de celles qui portent des bas de soie et des jupes crayon. La testostérone avait une odeur aussi caractéristique que le sang et elle engourdissait ses envies qui passaient d'un à l'autre aussi rapidement que son regard qu'ils s'échangeaient involontairement.

Plutôt malin pour un aspirant musicien qui arrondit le loyer à coup de beuh magique. Sur le sujet du nombre, Hailey ressentie une forte envie d'être conservatrice. Après tout elle avait bien l'intention de trouver un endroit quelque part pour s'établir, sans compter chaque dépense qu'elle devrait cacher à son père, à commencer par les narcotiques, potions et autres qu'elle venait d'acheter ce soir. L'argent était pourtant un concept qui différait pour chacun, pour elle c'était aussi facile que d'ouvrir un tiroir, mais ce n'était pas non plus sans risque. Un risque qu'elle avait décidée de bien calculer après avoir passée son adolescence à s'ennuyer dans les soirées mondaines.

‘' Il y a une vente aux enchères ce samedi dans le Mayfair, j'y ai déjà fait certifier un tableau par une vieille connaissance ‘' Expliqua-t-elle aux deux hommes dont elle se ravissait l'attention. ‘' Il y a souvent une pièce ou deux qui sont le clou de la soirée et qui rapporte gros, pour les autres c'est plus un coup de dés. Dans le pire des cas, nous atteignons le prix de réserve et le tableau sera vendu à un musée. Avec un peu de chance, une riche ménagère excentrique appréciera le coup de pinceau et fera exploser la mise. C'est souvent plus une histoire de compétition que d'amour de l'art ‘'

Elle termina enfin sa tirade, un sourire large plaquer sur son petit visage qui détaillait le plus jeune des deux. C'était agréable de s'imprégner d'autre chose que de la peur, elle pouvait sentir l'impatience lui ramper sous la peau. Il se fichait sûrement de savoir si elle devait se tenir en équilibre sur la tête d'un nuage et qu'un simple chiffre lui suffisait. Elle mit fin à son agonie, curieuse de voir la réaction de l'homme qui suintait le pavot et la cire.

‘' Dans les trente-six milles euros. Peut-être plus. On sépare également. Une part pour moi, et une pour vous ‘'

‘' Il y a une vente aux enchères ce samedi dans le Mayfair, j'y ai déjà fait certifier un tableau par une vieille connaissance ‘' La conversation prend des tours inattendus. Un tableau, des enchères, rien qui ne lui semble appartenir à l’univers dans lequel il évolue depuis un bon moment. Un regard furtif vers Maxence laisse Takuma pantois. L’ancien soldat a reporté son attention sur la jeune femme sans la lâcher malgré le mouvement de son ancien apprenti. Totalement attentif à ce qu’elle raconte, les bras repliés sur le torse. ‘' Il y a souvent une pièce ou deux qui sont le clou de la soirée et qui rapporte gros, pour les autres c'est plus un coup de dés. Dans le pire des cas, nous atteignons le prix de réserve et le tableau sera vendu à un musée. Avec un peu de chance, une riche ménagère excentrique appréciera le coup de pinceau et fera exploser la mise. C'est souvent plus une histoire de compétition que d'amour de l'art ‘' Takuma fronce des sourcils, Maxence les lève. Tous deux restent fixés sur ce que raconte la jeune femme. On parle d’un tableau qu’elle met elle-même aux enchères ? On dirait un coup préparé de longue date, quelque chose d’anticipé.
De combien parle-t-elle ? Avec ses histoires de tableaux certifiés et d’enchères ? Tout ça semble issu d’une noblesse qui doit leur échapper à tous d’eux. Mais qui dit noblesse dit argent. A combien se situe la limite ? De quelle proportion parle-t-on ?

Hailey ne le lâche pas du regard. Les questions s’enchaînent dans l’esprit du garçon, ses veines le brûlent et le regard de Maxence, non loin, le dissuadent de se prendre une rasade de pavot ou d’allumer le moindre joint. C’est idiot, c’est certain, mais l’opinion de cet homme lui importe. D’autant que s’il a fait le choix de dire les choses à Enzo et Caitlyn, seules personnes à savoir la vérité, il refuse de mettre Maxence dans la confidence. L’idée le glace d’avance.
C’est bête, mais Wargrave est le seul adulte à l’avoir jamais observé ainsi. Avec une forme d’admiration bienveillante bientôt remplacée par un petit air d’amusement et de complicité. Risquer de perdre ça lui est impensable.

‘' Dans les trente-six milles euros. Peut-être plus. On sépare également. Une part pour moi, et une pour vous ‘'

Il aurait pu boire une gorgée d’une boisson quelconque et s’étouffer, cela aurait semblé plus cohérent. Mais sous le choc, Takuma inspire, la salive claque dans sa trachée et déclenche une crise de toux.
“Combien ?!” La voix de Maxence est posée malgré l’étonnement qui y pointe.  Mais Hailey garde le regard encore sur le jeune idiot en train de s’étouffe sous le choc de l’annonce. A quoi pense-t-elle ? Qu’imagine-t-elle ?
Putain, ce qu’ils pourraient en faire, des choses, avec une somme pareille.

Une somme qu’elle énonce en euros. Pas d’argent sorcier, donc. La changer pour en faire profiter la boutique et le réseau pour les lycans est impossible, il faudrait blanchir l’argent, risquer de se faire repérer…
“ Mais il sort d’où ce tableau ?” lâche le garçon après s’être frappé le torse quelques fois de gestes nerveux. Le temps de se remettre.
“Tu nous proposes 9000 euros chacun, au bas-mot ?”
“C’est pas mal pour un bouquin…”
Maxence ne prête aucune attention au trait d’humour du garçon pourtant, mais fixe Hailey plus intensément. “Je t’ai dit ne pas être là pour exploiter les difficultés des autres. Tu sembles avoir à la fois préparé un bel appât pour une proposition qui me paraît plus réfléchie que ce que tu m’as présenté de prime abord… Ce n’est pas rien, 9K. Encore moins pour une jeune femme de ton âge…”
“Juste pour info Max ; garde les miens : j’ai aucune utilité d’argent moldu et aucune envie de me pointer avec ça à Gringotts. Ça te sera plus utile.”

La voix est sèche quand il prononce ces mots.

Si, bien sûr que si qu’il sait qu’en faire si le change d’une monnaie à l’autre est écartée pour des questions de sécurités. Il ne le sait que trop bien.
Ça pulse plus fort, d’ailleurs, sous sa peau fine. Alors Takuma racle de la gorge et observe le face à face entre Maxence et Hailey. Le premier n’a fait que lui répondre d’un hochement de tête, la seconde… la seconde comprends peut être bien des choses sur la crevasse dans ses veines. Quant à ce face à face, dans le bourdonnement de ses tempes, il lui semble être incapable d’en comprendre la teneur.

Hailey du forcer le muscle de sa mâchoire pour ne pas sourire devant la réaction de Takuma. Visiblement, c'était un gamin qui ne venait pas des mêmes quartiers qu'elle. Sa réaction face à une sommes qui, pour la jeune Harding signifiait un week-end à Dubai, ne mentait pas; c'était beaucoup d'argent pour ses poches trouées. Elle aurait pu détourner les yeux, s'intéresser à la réaction du docteur, mais elle était beaucoup trop fascinée par les alertes physiques que son corps émanait soudainement. Elle pouvait la sentir, cette sueur invisible qu'il dégageait à l'idée de ne pas manquer de fonds dans le futur proche. Son attention se détourna pourtant, attirer par la voix de Maxence qui lui posait une question légitime. Elle haussa les épaules, répondant simplement ‘' Mon père fait parti du circuit. C'est lui qui a monté la nouvelle exposition de la National Gallery ‘'

Un peu trop honnête pour son bien? Peut-être, mais Hailey savait qu'on attire pas les mouches avec du vinaigre. Valait mieux être honnête dès le départ avec ce cher docteur, le mensonge ne pouvait courir qu'à un tas d'ennui, à commencer par une relation teintée par la tromperie.

Elle aurait voulu répondre à la question de Takuma, mais la conversation se poursuivit aussi rapidement qu'on déboule un escalier, la laissant alterné entre les deux hommes jusqu'à ce que le plus jeunes des deux prenne une décision qui surpris le vampire. Il avait donc véritablement l'intention de résister à l'appel de la richesse, et ainsi du vice. Beaucoup auraient simplement sauté de joie à l'idée de pouvoir se vautré dedans, prétendu qu'ils étaient plus forts que leurs addictions. Hailey eut alors un nouveau respect pour ce jeune homme qui, derrière ses tatouages et son style un peu grunge, semblait être un homme honorable. Peut-être l'avait-elle juger trop durement, peut-être qu'elle n'aurait pas dû dandiner une carotte dorée devant lui pour le mettre à l'essai.

‘' Ce n'est pas qu'un bouquin que j'achète ‘' Souffla Hailey en souriant légèrement au musicien. ‘' C'est une alliance que je vous propose ‘' Elle se détourna rapidement vers le doc, approchant de quelque pas de celui qui lui rappelait son père dans ses chaussures bien cirés. ‘' C'est un petit projet que je préparais depuis quelques semaines. J'avais l'intention de m'acheter une baraque dans les Highlands pour pouvoir échapper à mon père, mais mes plans on changés ‘' Elle laissa glisser son regard sur le jeune homme, pensant à ce corps addictif qu'elle ne voulait plus quitter à présent. Sans compter qu'elle avait trouvé une source abondante de nourriture et de calmant chez les deux hommes qu'elle voulait maintenant garder à portée de main.

‘' J'ai beaucoup d'autres pièces, mais je compte les ensevelir pour les mauvais jours ‘' Comment auraient-ils réagit si elle avait vendu son buste indien d'Alexandre? Si elle ne s'était pas limitée au prix exact de la maison qu'elle avait convoité avant d'abandonner le projet? Peut-être devait-elle être plus prudente, après tout c'était le démon qui l'avait mener jusqu'ici. Allait-il entendre parler de tout ça? Une petite partie d'elle le souhaitait. Une partie sombre qui avait envie d'attirer l'attention du dragon sur elle, avide d'en connaître plus, d'en apprendre plus. Sur lui, comme sur elle. Elle sourie, secouant énergiquement la tête comme si une bêtise l'avait traversé.

‘' Au fait, les mecs... Vous savez que les moldus utilisent aussi l'or comme monnaie d'échange? Si c'est ce qui vous tracasse, je fais la négoce à Hatton Garden avant de vous payer vos dues. ‘'

Certes ce n'était pas de l'or frapper d'une insigne sorcier, mais de l'or reste de l'or. C'était également un métal facile à transformer, un lingots pouvant être facilement coulé en centaines de pièces utilisables à peu près partout ou la magie prévalait. Elle ignorait si c'était légal, mais à ce point-ci de sa vie elle ne réfléchissait pas trop à tout ça. Qu'est-ce que le blanchiment d'Argent pour quelqu'un qui porte sur son dos plus de meurtres qu'Edmund Kemper.

‘' Mon père fait parti du circuit. C'est lui qui a monté la nouvelle exposition de la National Gallery ‘'

Maxence acquiesce, note en silence l’information comme il note les réactions de Takuma, sa décision de rester loin de l’argent, ce truc qu’il lit dans son langage corporel et qui attise son inquiétude. Ni le lieu ni le moment, alors il reporte l’attention sur cette histoire d’argent.

‘' Ce n'est pas qu'un bouquin que j'achète ‘' Elle s’adresse à Takuma, puis porte son regard rubis sur lui.  ‘' C'est une alliance que je vous propose ‘' Hanche sur le plan de travail, regard dans le sien, Maxence l’observe faire quelques pas vers lui. Nécessairement se faisant, elle se rapproche de Takuma. Alors sa baguette est à portée. Ce gosse a comme des airs de petit frère, dans le cœur du toubib. Alors oui, s’il reste calme, une part de lui y prête une attention particulière.

‘' C'est un petit projet que je préparais depuis quelques semaines. J'avais l'intention de m'acheter une baraque dans les Highlands pour pouvoir échapper à mon père, mais mes plans on changés ‘' Et s’il fait attention à Takuma, il ne lui échappe pas le regard de la vampire qui glisse sur lui sans qu’il ne sache véritablement la raison d’une telle attention. ‘' J'ai beaucoup d'autres pièces, mais je compte les ensevelir pour les mauvais jours ‘' Un sourire, toujours un sourire, et elle agite la tête avant de passer les yeux sur l’un et l’autre et d’ajouter. ‘' Au fait, les mecs... Vous savez que les moldus utilisent aussi l'or comme monnaie d'échange? Si c'est ce qui vous tracasse, je fais la négoce à Hatton Garden avant de vous payer vos dues. ‘'

S’il ignore de quel sang est Takuma - pas vraiment son premier sujet de conversation, y compris après quatre ans à travailler ensembles, y compris dans une école dont les gestionnaires n’ont que ça à la bouche - lui est né moldu. Il n’ignore ni l’usage de l’or dans quelconque transaction, ni la manière dont une telle somme serait reçue. En revanche, Maxence garde la parfaite conscience qu’elle semble issue d’une monde qui lui échappe parfaitement. Un monde de riches, dans lequel tout est une broutille, le sourire et l’arrogance sont des armes et rien ne manque de porter son prix.

Un regard, un signe du menton, et Maxence fait signe à Takuma de reculer. Ce qu’il fait.

“C’est quand même fou, cette tendance chez toi. Tu arrives en jouant la petite timide inquiète et docile. Puis les airs de dangereuses créatures de la nuit. L’innocence, la gentillesse. La crédulité même. Hésitation, assurance.. T’as tout fait. Et maintenant tu te la joues Soprano version fille des beaux quartiers. Le regard droit, aucune fébrilité chez lui, pas d’assurance outragère mais une forme de frontalité qu’il assume. Je ne sais pas à quel jeu tu joues, Hailey. Mais je suis toubib. Simplement toubib. J’ai juré de soigner. D’être là pour les plus faibles. De porter assistance. Pas d’entrer dans des bails étranges avec une nana qui souffle le chaud et le froid à chaque seconde. Je te l’ai dit : la loyauté est plus précieuse que l’argent ces derniers temps. L’alliance, elle a été proposée il y a longtemps. J’ajouterai que l’honnêteté n’est pas moins précieuse. Et lui semble faire défaut depuis la première seconde de cet échange. Je m’occupe de te fournir des poches de sang. Takuma, tu me déposes tes trucs, je lui transmettrai. Un coup d’oeil vers lui lui permet de comprendre que l’inquiétude de Maxence l’a gagné. Ce n’est pas facile de te faire confiance, Hailey. Tu donnes l’impression de jouer un jeu dont on n’a pas les règles.”
Takuma la fixe, attentif à ses réactions. Et soudainement, il vient à l’esprit du toubib qu’il n’est qu’un gosse qui a grandit trop vite dans un univers trop dangereux. “Et avec 36k, tu auras de la chance si tu déniches un garage, dans les highlands.”

Debout entre l'anglais et le nippon, Hailey ignorait lequel des deux lui donnait le plus faim. L'un était aussi propre et frais qu'un billet de banque tout neuf malgré les traits sérieux et mature qui sillonnait son visage. L'autre avait mille odeurs intrigantes collés aux vêtements et son corps avait légèrement sué aujourd'hui. Hailey se demandait si ce qui l'affligeait ressemblait à ce que l'humain devait endurer chaque fois qu'il tourne un coin de rue et que l'odeur caractéristique de la poudre brûler se mêle à l'air ambiant. Pour Hailey c'était dans chaque seconde de chaque minute, la rapprochant toujours de plus d'une nouvelle victime potentielle. Pire, elle ressentait l'appétit d'engouffrer le monde jusqu'au dernier. Sans doute que ça aurais pu être lui, Takuma, dont elle s'était nourrie la semaine dernière.

“C'est quand même fou, cette tendance chez toi. Tu arrives en jouant la petite timide inquiète et docile. Puis les airs de dangereuses créatures de la nuit. L'innocence, la gentillesse. La crédulité même. Hésitation, assurance.. T'a tout fait. Et maintenant tu te la joues Soprano version fille des beaux quartiers.” Hayley vira brusquement la tête vers le doc pour le dévisager dans son arrogance après qu'il l'ait tirer de ses pensées sordides. Elle souri pourtant, approchant d'un seul pas léger en penchant la tête comme un animal intrigué. ‘' Je le suis vraiment... Gentille et timide ‘' Elle le détailla une seconde, se redressant pour poser les mains contre ses hanches pour ce faire plus imposante qu'elle ne l'était vraiment. ‘' Je suis aussi la fille d'un criminel qui serait jeté en prison si le gouvernement épluchait ses livres de compte ‘' Son sourire resta un instant, puis s'effaça à travers les traits vampiriques qui changeait son visage en quelque chose de beaucoup plus grotesque. Son regard toujours accroché à celui de Maxence vira à une vitesse inquiétante, elle le baisa pourtant, tout comme ses bras qui tombèrent le long de son corps. ‘' Et je suis aussi le monstre qui a manger tous ces gens dans le parc il y a quelques semaines ‘' “Je ne sais pas à quel jeu tu joues, Hailey. Mais je suis toubib. Simplement toubib. J'ai juré de soigner. D'être là pour les plus faibles. De porter assistance.”

À quoi servirait la médecine sur un vampire, évidemment qu'elle y avait pensé. C'était précisément parce que tout le monde reniait l'idée en bloc sans même y jeter un coup d'oeil qui lui était pris des idées de grandeur. Sans compter qu'il ne semblait pas comprendre le manège qu'elle ressentait à couler parmi les émotions et les désirs à chaque instant. ‘' Dis-moi comment te prouver ma bonne foi ‘' Souffla-t-elle finalement sans argumenter “Je te l'ai dit : la loyauté est plus précieuse que l'argent ces derniers temps. J'ajouterai que l'honnêteté n'est pas moins précieuse.” '' Je ne mens jamais ‘' Rétorqua-t-elle à faible voix de la même manière qu'elle l'avait répété cent fois à son père.

“Je m'occupe de te fournir des poches de sang. Takuma, tu me déposes tes trucs, je lui transmettrai.”Autrement dit, il ne lui offrirait pas la chance de revoir le gamin de sitôt. Elle comprenait, après tout elle était un jeune vampire à peine ressuscité et le jeune homme avait une odeur particulièrement alléchante. Sans compter qu'il semblait beaucoup plus à l'aise de sa présence que ce cher docteur qui n'avait toujours pas décrispé. “Ce n'est pas facile de te faire confiance, Hailey. Tu donnes l'impression de jouer un jeu dont on n'a pas les règles.”

Elle hocha négativement la tête, détournant le regard vers la fenêtre noire qui donnait sur la ville qui l'appelait doucement. ‘' Ça doit vraiment être géniale d'être comme toi ‘' Souffla-t-elle avant de braquer son regard à présent émeraude sur lui. ‘' De savoir exactement qui on est et de n'avoir aucun doute ‘' Qui suis-je? Je ne suis personne. Je n'existe pas. Le suis la morte-vivante qui hante votre ville et qui à dévoré vos frères et vos fils. ‘' Je ne savais pas trop comment faire confiance à un humain qui vends du sang aux vampires, comment tu pouvais être différent de tous les autres trafiquants. ‘' De la drogue, de l'art... Du sang. La provenance l'avait inquiété, l'idée d'un piège aussi.

‘' C'est en te voyant avec lui que tout à changé ‘' Dit-elle en hochant la tête vers Takuma en effaçant un sourire à nouveau timide. ‘' Et c'est avec des billets qu'on dit merci par chez moi ‘' “Avec 36k, tu auras de la chance si tu déniches un garage, dans les highlands.” Hailey se tourna enfin vers le plus jeune des deux, haussant les épaules ‘' C'est pour ça que j'ai décidé de squatter un taudis pas trop loin d'ici et de faire quelque chose de plus utile avec mon argent ‘' Répondit-elle pour expliquer son changement de plan. Aucun loyer, aucune hypothèque. Personne ne réclamait ce petit bout de monde qu'elle avait déniché la nuit suivant sa rencontre avec le loup.

‘' Bon allez, je sens que j'ai étiré ma bienvenue ‘' Elle recula de quelque pas vers la porte adjacente qu'elle avait emprunté pour arriver