Miss Nothing - Naveen

Tais-toi, emporte moi simplement, loin des sanglots et de la boue. Loin de ma réalité, de la tienne, du cor strident des espoirs qui s’écroulent. Loin de la rage et de la perte, loin des maux, des mots, des morts. Loin de tout, simplement plus haut. Je veux que ça cogne, que ça m’emporte, que ça détonne, que ça me percute. Je veux juste jouir, être libre, rugir, gémir. Et que ça emporte tout le reste rien que quelques instants de perfection sublime. Rien qu’un moment où tout cogne, où le plaisir ne laisse plus place à rien, pas même aux pensées, pas même au passé, au présent ou pire, à l’avenir. Un instant où tout s’efface jusqu’à l’essence même de la douleur qui détale, s’écrase avec les soupirs, se noie à son tour dans ce truc si simple qui brûle tout sur son passage. Le plaisir. Cru, physique, évident. Ce truc partagé dans un souple qui s’étire, s’étend, se retrouve finalement, doucement, peau contre peau, essoufflement sublime qui se perd dans les abîmes quand les corps cessent de danser, de se retrouver, de s’entrechoquer. Et les hormones affluent, défilent, grillent chaque nerf, chaque synapse, font crépiter la jouissance dans chaque cellule alors que les corps s’immobilisent, profitent de nouveau de ce sublime moment de calme. La satisfaction griffait tout son organisme alors qu’un petit sourire se dessinait sur ses lèvres tandis qu’ils se redressaient, son regard à lui s’attardant un instant sur elle tandis que ses cuisses se détendaient, glissant plus bas contre ses hanches avant qu’ils ne se détachent finalement l’un de l’autre.
Les jambes retombent le long du plan de travail, dans le vide tandis qu’elle le regardait avec un petit sourire lui servir un nouveau verre qu’elle prit avant de le porter à ses lèvres. Combien en avait-elle bu dans la soirée ? Cinq ? Six ?

« Tu veux peut-être grignoter quelque chose ?»
« Euh.. » C’est pas faux, il se fait tard à force. « Si t’as un bout de fromage et du pain qui trainent ouais. Et je vais choper au vol la proposition de douche de tout à l’heure tient. »

Elle n’attendit pas de bénédictions, sautant au sol dans la seconde pour rejoindre les lieux d’où elle s’était douchée sans prendre la peine de réellement fermer la porte. Bien sûr, elle y pensait, les souvenirs en pleine gueule, le retour de bâton dans le plexus. Et pourtant, Jordane repoussait ça du plus fort qui soit, se saisissant d’une serviette dans un placard – pas gênée, non – pour se sécher avant de passer ses anciennes fringues et de ressortir de la pièce tout en rabattant son haut.

Si elle avait en effet avalé quelques bouchées avec Naveen, elle ne s’était pas attardée toute la nuit non plus, riant, bavardant, déconnant encore quelques longues minutes – peut être plus même – avant de se décider à quitter les lieux, refusant évidemment qu’il la raccompagne chez elle. Elle s’en sortirait, aujourd’hui mieux qu’hier, comme toujours. Et avec un sourire et sans lourdeur aucune, elle avait quitté les lieux, étrangement assez persuadée que, oui, ils seraient amenés à se recroiser.