Miss Nothing - Naveen

Mer 17 Juin 2020 - 18:04

18 Mars, en soirée

Besoin de changer d’air, de renouer avec la civilisation et de… ça semble sans doute con, mais de s’assurer que là, dehors, le monde continue de tourner, que les gens peuvent sortir sans mourir crucifiés dans l’heure. Besoin de se retrouver aussi, un peu. Sortir. Prendre l’air, surtout vu le contexte. Rencontrer quelqu’un dans un lieu public. Elle en était là, envisager de rencontrer une amie dans un lieu où elle ne risquait rien parce que le comportement de cette amie l’inquiétait et qu’elle ne savait pas si elle serait réellement en sécurité avec elle. C’était ce que faisait ce monde, cette société, des gens. C’est ce qu’il avait fait d’eux. Des gens inquiets, soupçonneux les uns des autres. Adossée au bar, elle observait en silence les gens aller et venir, attendant, calmement, qu’une ancienne amie pointe le bout de son nez. Qu’elle lui explique ce qu’elle foutait avec son ex, avec un type violent qui aimerait l’enterrer, elle. Plusieurs fois des hommes étaient venus l’aborder, systématiquement rejetés. Elle n’était pas là pour ça, n’en avait pas envie. Bien sûr, ça y ressemblait. Une jolie jeune femme blonde, au bar, seule, maquillée… passons sur l’aspect sexiste de ce genre de suppositions.

Anna n’était pas venue. Mais un autre fantôme de son passé avait fait son apparition.

Jordane ne l’avait pas remis immédiatement, son regard s’accrochant à son visage alors même qu’il ne la voyait pas, détaillant ses traits jusqu’à poser le doigt sur l’origine de cette impression de déjà vu. Ça remontait à six ou sept ans et elle n’était alors qu’une adolescente. Une ado en colère, perdue, qui en avait marre de jouer les adultes responsables chez elle et qui avait fini par lâcher du lest et accepté de fuir le marasme de sa propre existence. Une ado qui débarquait dans un autre pays, parlait mal la langue et avait dilapidé l’argent de son compte en banque en un temps record. Juste une ado. Une ado jolie et débrouillarde qui ne faisait pas tout à fait son âge et qui avait fini par trouver un moyen de gagner du temps, consciente qu’elle devrait rentrer chez elle tôt ou tard. Bref, elle n’était qu’une môme à la dérive et si elle ne s’en rendait pas compte à l’époque, Jordane en avait à présent conscience. Elle ne lui avait jamais donné son âge, ni expliqué les raisons de sa présence ici. Elle ne lui avait pas dit que sa mère était décédée, qu’elle allait mal et qu’elle ne pouvait plus supporter d’être qui elle était. Il avait su qu’elle était là depuis deux mois et qu’elle n’avait nulle part où aller. Il l’avait su, à vrai dire, sans qu’elle ait besoin de dire quoi que ce soit. Elle l’avait abordé avec ses grands yeux magnétiques, ses fringues un peu sexy, son maquillage pour masquer la jeunesse de ses traits, avait été charmante, joueuse, drôle. Et il n’était pas tombé dans le panneau. Il n’avait jamais répondu à ses avances et l’avait accueillie pour quelques jours, avant qu’elle ne disparaisse sans prévenir ni s’expliquer. Il avait été tout ce qu’elle n’attendait pas du monde. Correct.
Et jamais elle ne lui avait accordé ne serais-ce qu’un ‘merci’, toute adolescente frustrée, blessée, en colère qu’elle était.

Alors l’adulte qu’elle était devenue avait fini par se redresser et par le rejoindre, s’asseyant à ses côtés, un petit sourire aux lèvres, interceptant le barman pour payer sa consommation avant qu’il n’ait le temps de bouger.

« C’est pour moi. Merci. »

Un sourire et elle reportait son attention sur Naveen, un petit regard en coin, brillant, un peu moqueur.

« A la recherche d’une pauvre âme en perdition à sauver ? »

Est-ce qu’il allait seulement la reconnaitre ? Une chance, elle était blonde également à l’époque, le roux était venu après. Les cheveux plus longs, une frange. Son visage s’était affiné, affirmé aussi, mais gardait cet aspect de poupée, les traits parfaits qu’elle ne supportait pas à l’époque mais dont elle se servait déjà. Une façon de mépriser les autres autant que de retrouver un peu de contrôle. Une façon de se mettre en danger aussi, alors, pourtant, qu’elle crevait de peur.

L’avant-bras sur le bar, elle se retournait finalement vers lui, son regard clair, franc, braqué dans le sien, détaillant les traits d’un des seuls hommes qui s’étaient refusés à elle. Sa version adolescente avait pourtant de bons goûts, manifestement.

Un homme, surtout, qui lui avait permis de reprendre foi en l’humanité.

Détachant son regard, elle avait fini par déposer un billet sur le bois, devant lui, un petit sourire en coin.

« j’te les dois. J’étais partie avec trente balles dans la poche à l’époque. »

Cinquante euros donc, posés devant lui.

Lun 22 Juin 2020 - 21:29

24H heures de garde, voire même un peu plus pour pallier au sous-effectif depuis qu’un de ses collègues s’était blessé. Il avait l’impression d’avoir qu’une envie dormir mais au moment de rentrer chez lui, il s’était finalement dit que non. Il s’était donc arrêté dans un petit bar non loin de chez lui où il avait quand même quelques habitudes ! Avec un peu de chance, il ferait une charmante rencontre, ce qui pourrait remonter un peu le niveau de la journée ! On ne pouvait pas dire qu’elle avait été mauvaise, mais plutôt longue et fatigante ; alors il ne disait pas non à un peu de réconfort.

Naveen était donc allé directement jusqu’au comptoir pour commander une bonne grosse bière. Il était en train de sortir sa carte bancaire pour régler lorsqu’une jolie demoiselle blonde se planta (ou plutôt s’assit) à côté de lui tout en disant qu’elle allait régler. Il fronça les sourcils, regardant rapidement un peu autour de lui à la recherche d’un visage connu d’un de ses collègues, ou d’une connaissance/d’un ami. Bref quelqu’un susceptible de lui faire une blague mais non. Il n’y avait personne de sa connaissance. Certes, il avait « besoin » de « réconfort », mais il ne s’était pas imaginé de se faire aborder comme ça par une nana qui devait avoir au moins 10 ans de moins que lui. Elle semblait majeure, elle était belle, dire le contraire serait mentir, mais elle restait jeune quand même. C’est donc en l’observant pendant quelques nouveaux instants que son cerveau sembla vouloir lui faire passer un message : que ce n’était pas probablement une totale inconnue. Ce visage semblait connu, mais ou ? quand ? comment ?

« A la recherche d’une pauvre âme en perdition à sauver ? »
« Merci pour le verre !» T’as pas l’impression d’avoir une réponse de retard mec ? Si. Bon maintenant il devait répondre à l’autre question. «Donc si tu connais mon métier sans que je sois en uniforme… »

Il laissa la phrase en suspens en essayant de réfléchir où est-ce qu’il avait déjà bien pu voir cette femme… demoiselle. La mémoire lui revenait doucement, il avait l’impression de la voir beaucoup plus jeune. Et tandis qu’enfin la lumière se faisait dans son esprit fatigué, elle venait de poser un billet sur le bois. Il fronça un peu les sourcils lorsqu’il vit qu’elle avait posé un billet sur la table.

« Jordane, c’est bien ça ? Ca fait longtemps, content de voir que tu vas bien et que tu es en vie.»

Non, il n’y avait aucune pointe de sarcasme. Il est vrai qu’à l’époque il avait été blasé de voir que l’adolescente avait disparu comme ça sans laissé de trace, mais au final il avait été plus inquiet qu’autre chose.

« j’te les dois. J’étais partie avec trente balles dans la poche à l’époque. »
« Tu as meilleure mémoire que moi, ça m’était sorti de l’esprit. Et… C’est ma meilleure qui est toujours défaillante ou tu n’as plus le genre de même accent ? Et interdiction de dire que je suis grabataire.» il désigna le billet d’un petit mouvement de la tête « Tu peux le garder. Il ne me manquera pas.»

Certes, sa paye n’était pas mirobolante, mais en vivant seul dans un petit appart’, il avait un niveau de vie correcte ! Alors, il pouvait bien lui laisser.

« Voit ça comme un cadeau d’adieu !»

Il prit la boisson avant de la lever vers la jeune femme.

« Tu veux trinquer ?»

Lun 22 Juin 2020 - 22:34

Qui étais-je il y a sept ans ? La question pouvait sonner étrangement, Jordane en convenait. Pourtant, cette époque pas si lointaine lui semblait appartenir à une toute autre existence. Elle avait tant vécu depuis, finissant par trouver une voie bien que bancale à l’adolescente en colère de l’époque. Elle n’avait finalement pas tant cessé de fuir, mais ne ressemblait plus à celle qu’elle était. La rage s’était transformée en détermination. La peur fébrile, en certitudes. La gamine de l’époque s’était avancée, pas parfaitement sûre de ce qu’elle faisait, mais sûre d’une chose : son physique. Et ça la dégoutait profondément, ce qui avait dû se voir. Adolescente en vadrouille, elle s’était sentie comme une proie chaque jour pendant des mois. Un putain de morceau de viande. Si ce jour-là, elle avait choisi d’en jouer, elle avait fini par faire de ce dégout quelque chose de plus constructif. Jordane ne se sentait plus tant en danger et ce, malgré les évènements récents. Elle avait grandit, mûri, s’était découverte également plus forte qu’elle ne le craignait à l’époque et, bien sûr, cela jouait sur son attitude. C’était alors avec des yeux rieurs, un petit sourire en coin amusé et une assurance toute adulte qu’elle dévisageait Naveen, observant en silence son regard se planter sur elle, la découvrir, la quitter, chercher quelqu’un dans l’assistance pour revenir à elle.

Oui, c’est bien à toi que je m’adresse, et non, personne ne m’envoie.

« Merci pour le verre !»

Manifestement, il cherchait à analyser la situation, comprenant qu’il la connaissait … ou elle ne venait sans doute pas sans arrières pensées. Une réflexion qu’elle ne comprenait pas particulièrement puisque son sauveur de l’époque était toujours aussi bourré de charme qu’alors.

«Donc si tu connais mon métier sans que je sois en uniforme… »

Un double sens, pour le coup, puisque lorsqu’il l’avait « secourue », elle ne connaissait rien de son emploi. D’ailleurs elle ne l’avait pas approché en imaginant qu’il puisse faire ce qu’il allait lui proposer.

« Jordane, c’est bien ça ? Ca fait longtemps, content de voir que tu vas bien et que tu es en vie.» Un sourire. « Bingo. » Elle y ajoutait un clin d'oeil. Son regard clair tranchant avec le noir de ses cils ne le quittait pas, amusée. « Félicitations, je ne me vexerai pas d’avoir disparu dans les tréfonds de ta mémoire. »

Pas comme dans celle d’un certain Logan Rivers cela dit en passant. Et oui, elle avait intégré la pique. Elle décidait simplement de s’en amuser. Elle était en vie, oui, malgré sa disparition soudaine et totale, effacée dans l’anonymat de cette grande ville qui l’avait accueillie et rejetée par intermittence durant sa première année de fuite du domicile familial. Une gamine à problèmes, voilà ce qu’elle était à cette époque là. Rien qu’une môme problématique qui n’avait pas la gueule de l’emploi. Un gros avantage pour elle, Jordane en avait toujours eu conscience. Pourtant, c’était bien elle qui était partie de chez celui qui l’avait accueillie sans rien demander en retour… en emportant un billet au passage. Parce que c’était plus simple ainsi, parce qu’elle en avait besoin à vrai dire, plus que par réflexe.

« Tu as meilleure mémoire que moi, ça m’était sorti de l’esprit. Et… C’est ma ~~meilleure~~ mémoire qui est toujours défaillante ou tu n’as plus le genre de même accent ? Et interdiction de dire que je suis grabataire.»
Un rire franc, amusé, moins charmeur que ses paroles pouvaient le sous-entendre. « Eh ben si tous les grabataires te ressemblaient… » Elle avait failli dire que le monde ne s’en porterait que mieux… mais si visuellement c’était le cas, elle préférait le voir debout et en bonne santé qu’alité dans un service de fin de vie.

« Tu peux le garder. Il ne me manquera pas.»
Un sourire en coin. « Ça, ça serait limite vexant. »

Est-ce qu’il en avait réellement moins besoin qu’elle ? Sans doute. Après tout, avec le recul, si la jeune femme semblait avoir bien changé et murit, elle n’avait pas l’impression profonde d’avoir tant changé. Après tout, elle restait à la fois sans emploi et… sans réel domicile fixe – oui, soyons honnêtes, elle ne resterait pas à vie chez Dorofei non plus – ce qui dénotait d’un manque affreux de stabilité dans sa vie.

« Voit ça comme un cadeau d’adieu !»

Un souffle amusé. « Ok mais ne t’étonne pas si je débarque dans dix ans pour t’offrir un nouveau verre. »

La rencontre au bar qui devient un running gag, ça pouvait être amusant. Pour être tout à fait honnête, elle doutait d’être toujours en vie ou dans le coin dans dix ans, mais ça n’était pas le sujet.

« Et pour l'accens, oui, j'me fais moins remarquée comme ça. Je débarquais de France, j'ai eu un temps d'adaptation. »

L'accens n'était pas si mauvais, tout comme la pratique de la langue - non pas celle-là, Lex - grace à son père, mais quelques années d'entraînement quotidien nécessaire avaient changé les choses, rendant son phrasé moins dissonant.

« Tu veux trinquer ?»

Un petit rire sur les lèvres, elle n’avait pu s’empêcher de répliquer « Si c’est une façon de vérifier mon âge, cette fois-ci c’est vraiment vexant. » avant de se tourner vers le barman, qui avait saisi la situation, et de demander un whisky (normal, n’est-ce pas Johan) – c’est son côté bonhomme – avec un sourire, le remerciant lorsqu’il le déposa face à elle…. Et le payant avec le billet laissé sur le comptoir.
Pourquoi cette blague ? Il n’avait jamais vraiment su son âge et il fallait avouer qu’avec son foutu visage de poupée, elle faisait parfois à la fois adulte et particulièrement jeune, toujours un peu hors du temps… une situation qui, elle s’en doutait, ne durerait pas.

« Aux rencontres improbables alors. »

Ils trinquaient et Jordane ne pu s’empêcher un coup d’œil vers la porte en entendant celle-ci s’ouvrir. Toujours pas Anna. Elle ne viendrait pas, la jeune femme l’avait parfaitement compris, ce qui l’agaçait passablement. Elle se mettait dans la merde avec ce type, réellement.

Imagine si tu étais tombée sur quelqu’un comme Lilian à l’époque… et pas Naveen…
A vrai dire, en agissant ainsi, c’était ce qu’elle imaginait. Ce qui l’amenait à se demander ce qu’elle cherchait, dans le fond. A se faire du mal ?

« Alors comment tu vas ? Toujours secouriste ? Dans tous les sens du terme d’ailleurs… »

Qui fait ça, sérieusement ? La question tournait toujours en elle depuis cette époque. L’enfant suspicieux qu’elle était restait persuadé qu’il y avait anguille sous roche. Mais, au fil des années, elle avait fini par accepter que, peut-être, il y avait du bon aussi parmi les gens. C’était sans doute con mais cet homme lui avait permis, par ce geste, d’avancer et de cesser de se complaire dans un esprit tout adolescent de rejet de l’ensemble de la société.

« Merci, Naveen… Vraiment. C’était… assez impensable ce que tu as fait à l’époque. Même si j’étais sans doute une gamine franchement ingrate à ce moment-là ; j’t’en suis vraiment reconnaissante. »

Même si j’ai disparu sans explication comme une garce et que c’était la première d’une longue lignée de fuites immatures desquelles je ne suis sans doute pas encore parfaitement devenue étrangère.

Ven 26 Juin 2020 - 21:29

Il n’aimait pas spécialement quand sa mémoire avait tendance à lui jouer des tours, mais en même temps… au bout de plus de 6 ans, avec tout le passage qu’il y avait dans son boulot, le nombre de patients et de famille qu’il voyait défiler tous les jours, même en étant un minimum physionomiste ce n’était pas la chose la plus simple ! Il avait donc fini par la remercier tout en cherchant où est-ce qu’il avait déjà pu vor ce doux minois. Au final, ce n’était pas très compliqué et sa matière grise avait vite repris le relais.

« Bingo. Félicitations, je ne me vexerai pas d’avoir disparu dans les tréfonds de ta mémoire. »

Il eut un petit sourire amusé trouvant que c’était plutôt une remarque à destination comique que quelqu’un de réellement vexé. En même temps, cela faisait longtemps, ils ne s’étaient pas côtoyés si longtemps que ça ; et puis elle était partie sans donner de nouvelles. Il s’était d’abord inquiété, puis avait fini par oublier, puisque de toute manière elle avait l’air d’être ce genre d’ado/de jeune femme. Il n’était pas grand pour elle et vice-versa – du moins dans sa tête-, il ne pouvait même pas donner un réel signalement à la police cela ferait probablement trop suspect même s’il connaissait bien certains flics.
Il avait donc continué de parler, un peu pour poser quelques questions instants en plus, ce qu’il jugeait essentiel pour entretenir une conversation et pour satisfaire sa curiosité personnelle. Après tout c’était toujours intéressant de savoir ce genre de choses.

« Eh ben si tous les grabataires te ressemblaient… »
« Tu as le droit de finir ta phrase, j’aimerai bien savoir à quoi elle ressemble.» répliqua-t-il un peu taquin

Quant au billet qu’elle lui avait « volé », il préférait qu’elle le gade. Il en avait même oublié cette histoire, alors bon !

« Ça, ça serait limite vexant. »
Toujours un sourire aux lèvres, il avait répliqué «En même temps, je n’ai jamais promis de ne pas l’être. »

Bien sûr qu’il plaisantait, ça n’avait jamais été son but. Si ça se trouve, elle faisait un métier qui rapportait bien plus que le sien – ce qui n’était pas non plus très difficile-. Il avait donc finir par dire de voir ça comme un cadeau d’adieu

« Ok mais ne t’étonne pas si je débarque dans dix ans pour t’offrir un nouveau verre. »
« Cette fois, j’essayerai de me souvenir un peu mieux de toi, mais je ne te promets rien»

Par ce que clairement, même s’ils se voyaient une heure ou deux, si elle redisparaissait de sa vie ensuite pendant dix ans, clairement, il l’oublierait. L’esprit humain était ainsi fait et même si elle était franchement belle ça ne serait pas forcément ça qui l’aiderait à bien la mémoriser. De toute manière qui sait où il serait dans dix ans : mort au boulot, pour les Inqui, autre chose ? C’était possible.

« Et pour l'accens, oui, j'me fais moins remarquée comme ça. Je débarquais de France, j'ai eu un temps d'adaptation. »

Il s’était contenté cette fois d’acquiescer doucement. Autant passer à autre chose, et il lui avait donc demandé si elle avait voulait trinquer et sa réaction ne fut pas vraiment celle qu’il attendait, même si au final c’était plus comique que réellement offusquant..

« Si c’est une façon de vérifier mon âge, cette fois-ci c’est vraiment vexant. »
«Cette fois, je n’ai pas réel doute… »

Il aurait bien voulu lui demander quel âge elle avait à l’époque, mais ce n’était pas forcément quelque chose qui se faisait, et, par ailleurs au final c’était le passé, on s’en fichait un peu à présent, n’est-ce pas ?

« Aux rencontres improbables alors. »
« Aux rencontres improbables !» répliqua-t-il avant de faire tinter leurs verres.

La voyant regarder la porte il fronça un peu les sourcils.

« Tu attends quelqu’un ? Je ne voudrais pas te faire rater ton rendez-vous.»

Pourquoi rendez-vous, forcément ? Il n’en savait trop rien, c’était le mot qui lui était venu à l’esprit car il était assez large ça pouvait inclure aussi bien les amis qu’un rencard, alors bon !

« Alors comment tu vas ? Toujours secouriste ? Dans tous les sens du terme d’ailleurs… »
« Ca va, ça va …. Et ouais, c’est à croire que ce foutu c’est toute ma vie ! On se refait pas ! Ca doit être une vocation je suppose de toute manière pour pouvoir y rester.»

Il y a des métiers comme ça, difficiles, si c’est pas une vocation, ce n’est pas la peine d’y penser. Voir des choses horribles, les encaisser, savoir gérer les situations de crise, c’est pas donner à tout le monde, sans compter les cris, les hurlements, les insultes, les risques…

« Et du coup tu deviens quoi, enfin tu travailles dans quoi ?»

Simple retour de question.

« Merci, Naveen… Vraiment. C’était… assez impensable ce que tu as fait à l’époque. Même si j’étais sans doute une gamine franchement ingrate à ce moment-là ; j’t’en suis vraiment reconnaissante. »

Il haussa un peu les épaules. Il trouvait ça normal, même s’il avait peut-être pris des risques. En même temps, il voyait tellement de drames, de choses horribles qui pouvaient arriver aux jeunes femmes comme elle, qu’il n’avait pas voulu courir de risque. Bien sûr il n’aurait pas insisté si elle n’avait pas voulu le suivre mais voilà ….

« Je suis certain qu’il y a plein d’autres personnes qui auraient fait la même chose, même si tu ne dois pas avoir forcément ce point de vue. Il y a pas mal de bonnes personnes, qui savent être décentes… ou au minimum que leur femme arrive à maintenir décentes. Ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel, juste un toit pour quelques jours, on fait mieux niveau B.A et trucs exceptionnels. Et puis, tu sais ; quand on voit ce que je peux voir en intervention, on fait peut-être un peu plus attention à son prochain. Mes collègues auraient probablement fait la même chose que moi»

Ven 26 Juin 2020 - 22:47

C’est parfois étrange de regarder en arrière pour observer le chemin parcouru. Pas qu’il soit toujours positif, bien entendu, mais quelles que soient les expériences de vies, elles avaient toujours le mérite d’exister. Jordane était arrivée ici la haine chevillée au corps, persuadée que le monde était profondément mauvais, qu’elle n’avait aucun avenir, pas plus que l’ensemble d’une société décadente. Comment pouvait-elle se trouver ici quasiment sept ans plus tard, quatre jours après une agression sur sa personne… en se découvrant bien plus sereine que l’adolescente furieuse qu’elle avait été à l’époque ? Comment, alors qu’elle savait se trouver au plein centre d’une guerre idéologique la frappant de plein fouet, pouvait-elle estimer que le monde recelait sans doute autant d’horreurs que de belles choses ? Comment avait-elle pu trouver un peu d’espoir alors qu’elle gardait une marque de brûlure magique sur le bras droit qui s’apaisait enfin, doucement, après des mois de souffrance constante, qu’elle gardait les marques de l’attaque de Lilian sur le cou, les bras, les cotes… Comment, après avoir été enfermée auprès de ses bourreaux pendant des années, pouvait-elle se comprendre moins défaitiste à présent qu’à l’époque, toute naïve qu’elle eut pu être.

La réponse se trouvait sans doute là. Face à cet homme-là. Ce soir-là, quand elle l’avait abordé, toute charmeuse qu’elle avait été, tactile et souriante, elle savait ce qu’elle risquait. La Jordane de l’époque comme celle du présent ne se faisait strictement aucune illusion sur les dangers qu’elle prenait ni ce qu’elle promettait à mi-mot. Pourtant, non seulement il n’y avait rien eu, mais sans lui réclamer la moindre contrepartie, il l’avait accueillie, l’avait mise à l’abri. Alors oui, des galères, elle en avait vécu ensuite, c’était certain. Et oui, elle avait fuit parce qu’elle n’était pas capable de gérer le moindre début d’attachement émotionnel à l’époque. Mais ça n’était pas ce qui importait. Il lui avait simplement prouvé quelque chose ce soir-là, et aussi peu que ça puisse paraitre, peut-être qu’un tel évènement avait compté pour l’aider à simplement se détacher de son défaitisme adolescent pour se diriger vers une vision plus mature et contrastée du monde écorché dans lequel elle évoluait.

« Tu as le droit de finir ta phrase, j’aimerai bien savoir à quoi elle ressemble.»

Un petit rire amusé. Assume, ma fille, assume.

« Ok : si tous les grabataires te ressemblaient, je me mettrais sans doute à m’intéresser sérieusement à eux. »

Physiquement, moralement, sans doute les deux.
Et si elle parlait d’être vexée, il paraissait évident qu’elle ne l’était pas le moins du monde. Déjà parce que pour la vexer, il faudrait sans doute sacrément y aller, mais aussi parce qu’elle usait essentiellement d’humour. A vrai dire, des deux, c’était lui qui aurait pu l’accueillir avec agacement étant donné qu’elle les avait traités avec un manque de déférence assez évident en fuyant sans les tenir au courant de ses intentions. Au moins ne les avait-elle pas volés ou quoi que ce soit d’approchant.

«En même temps, je n’ai jamais promis de ne pas l’être. »

Un claquement de doigt qu’elle terminait en le pointant de son index. « C’est vrai ! »
Elle riait, amusée, acceptant finalement de garder le billet.

« Cette fois, j’essayerai de me souvenir un peu mieux de toi, mais je ne te promets rien»
« C’est noté. J’pourrais pas me plaindre de ne pas avoir été prévenue au moins.. ! »

C’est beau l’honnêteté.
Finalement la jeune femme s’était commandé un scotch – l’alcool hein – afin de pouvoir trinquer avec Naveen, utilisant le billet qui trainait toujours sur le bar plutôt que de sortir de nouveau le portefeuille. Définitivement, elle aurait gardé cet argent. Tout en agissant, elle se moquait de lui –et sans doute d’elle-même – en sous-entendant qu’il puisse faire ça pour connaître son âge.

«Cette fois, je n’ai pas réel doute… »

Un rire franc. « J’sais pas trop si c’est une bonne ou une mauvaise chose pour le coup. »

Ils trinquaient et, attirée par le bruit d’une porte qui s’ouvre, la jeune femme n’avait pu s’empêcher de jeter un coup d’œil vers l’entrée du bar. Mais pas de traces d’Ana.

« Tu attends quelqu’un ? Je ne voudrais pas te faire rater ton rendez-vous.»

Les lèvres trempant dans sa boisson, Jordane niait déjà d’un signe de tête, finissant de déglutir, un bout de langue se délectant un instant des dernières gouttes de l’alcool sur ses lèvres.

« Oh non non, ne t’en fais pas. J’attends une amie mais je suis assez persuadée qu’elle m’a plantée. »

Pas de rendez-vous particulièrement important donc, ils avaient tout le temps.

« Ca va, ça va …. Et ouais, c’est à croire que ce foutu métier c’est toute ma vie ! On se refait pas ! Ca doit être une vocation je suppose de toute manière pour pouvoir y rester.»
« Ah ben pour faire ça, oui, ça a intérêt à l’être. Entre les galères du domaine, le salaire qui ne suit pas et ce que tu dois voir à longueur de journée, ça a intérêt à être une vocation. »

Comme quoi, il y en a des comme ça… dont la vocation est d’aider les gens. Pas de les détruire.

« Et du coup tu deviens quoi, enfin tu travailles dans quoi ?»
« Oh ben tu sais le truc classique, je débusque des beaux-mecs dans les bars pour les pigeonner en m’invitant chez eux… »

Un clin d’œil. Ça vaaaa, je déconne. « J’suis de retour dans le coin depuis peu, je me cherche un boulot. Si t’as des pistes, je suis preneuse. »

Donc non, elle ne gagnait pas plus que lui. Une gamine à la ramasse, larguée à des dizaines de kilomètres de chez elle, dans un pays étranger, à deux doigts de dormir sous les ponts… ça fini rarement directrice d’une multinationale. Du moins pas dans la réalité.

Un instant de silence et elle avait fini par le remercier, humblement, de ce qu’il avait fait pour elle à l’époque.

« Je suis certain qu’il y a plein d’autres personnes qui auraient fait la même chose, même si tu ne dois pas avoir forcément ce point de vue. Il y a pas mal de bonnes personnes, qui savent être décentes… ou au minimum que leur femme arrive à maintenir décentes. Ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel, juste un toit pour quelques jours, on fait mieux niveau B.A et trucs exceptionnels. Et puis, tu sais ; quand on voit ce que je peux voir en intervention, on fait peut-être un peu plus attention à son prochain. Mes collègues auraient probablement fait la même chose que moi»
« Sans doute oui. Mais ce soir-là c’est sur toi que je suis tombé et c’est ce choix-là que t’as fait. Donc tu peux jouer ton humble sauveur autant que tu veux, il n’empêche que c’était chouette de ta part. »

Chouette, oui, parce qu’elle ne voulait pas trop en faire et que la reconnaissance effusive, ça n’était pas trop son genre.

« Nan mais franchement, t’imagines ?! J’aurais pu te voler; revenir avec une bande de potes ; te faire chanter, j’en sais rien… Ou revenir des années plus tard avec un plan en tête pour t’aborder de nouveau à un bar et le mettre à exécution avec un rire diabolique… enfin quelque chose dans ce goût-là … »

Un grand sourire un peu idiot. Pourtant, derrière l’humour, la réalité était bien là.

« D’ailleurs ton écran plat il y a deux ans… bah en fait c’est moi qui te l’ai piqué. Quelle idée aussi de laisser ta clé sous le paillasson franchement… »

Son écran plat n’avait sans doute pas disparu, pas plus que sa clé trônait sous le paillasson, et sans doute n’habitait-il plus là-bas.

Seule chose crédible : à l’époque, elle serait sans doute tombée sous le poids d’une grosse télévision et ça n’était plus le cas à présent. Mais la vraisemblance s’arrêtait-là.

Jeu 2 Juil 2020 - 15:21

Il avait envie de plaisanter, de rigoler un peu sur la situation, par ce qu’au final, c’était quand même assez drôle non ? Il n’y avait pas mort d’homme, pas de blessé, jute des souvenirs, plus ou moins bons, juste probablement quelques non dits. Rien de bien important. Elle avait commencé une phrase qu’elle n’avait pas terminée et il voulut bien savoir la connerie qu’elle aurait pu sortir. Juste pour rire.

« Ok : si tous les grabataires te ressemblaient, je me mettrais sans doute à m’intéresser sérieusement à eux. »
« Humhum. Intéressant. Je vais le prendre comme un sérieux compliment, moi qui m’attendait à une phrase pleine de bassesse et de dureté, je serai presque déçu.»

Ouais, juste presque. Parce que bon, il ne fallait pas non plus abuser. Surtout qu’il ne savait pas ce qu’elle aurait réellement pu sortir comme connerie ! Ils continuèrent de plaisanter sur cette veine des choses.

« C’est noté. J’pourrais pas me plaindre de ne pas avoir été prévenue au moins.. ! »
« Ouais, j’suis comme ça moi, je n’aime pas donner de faux espoirs ! Au moins, on sait à quoi s’attendre même si ce n’est pas quelque chose de vraiment très reluisant !»

Ils avaient finalement essayé de parler de l’âge qu’elle pouvait avoir aujourd’hui, cette fois c’était certain qu’elle soit majeure, majeure, mais la fois précédente par contre il n’en savait toujours rien. Aucune importance ceci dit ce n’étais pas comme s’il y avait eu une quelconque relation charnelle n’est-ce pas ?

« J’sais pas trop si c’est une bonne ou une mauvaise chose pour le coup. »
«Tout dépend comment tu veux voir les choses non ? Je ne vois pas pourquoi ça en serait une mauvaise ? »

Ils avaient fini par trinquer tandis qu’une porte s’ouvrir et qu’elle fixa de nouveau la porte la petite blonde, il s’enquit alors de savoir s’il ne la dérangeait pas. Oui, même si c’était elle qui était venue le voir et pas le contraire ! Dès fois, on ne sait jamais !

« Oh non non, ne t’en fais pas. J’attends une amie mais je suis assez persuadée qu’elle m’a plantée. »
« Pas cool, si elle prévient pas, es-tu certaine que c’est vraiment une amie ? Sauf en cas de gros pépin ne pas prévenir que je ne peux pas venir… je trouve ça vraiment moyen, mais j’suis ptet un vieux con, un ou réac, c’est possible !»

Elle lui avait posé une question sur son métier et il avait essayé de répondre au mieux tout en continuant sur la bonne humeur, mais bon, il fallait être réaliste c’était compliqué dans la vie de tous les jours.

« Ah ben pour faire ça, oui, ça a intérêt à l’être. Entre les galères du domaine, le salaire qui ne suit pas et ce que tu dois voir à longueur de journée, ça a intérêt à être une vocation. »
« Comme infirmiers, pompier et compagnie.» Il haussa un peu les épaules. « Il y a pas mal de corps de métiers comme ça ! Ce n’est juste pas dit ! Mais effectivement, il faut vraiment que ce soit une vocation, je le confirme, sinon ce n’est pas quelque chose de tenable.»

Naturellement, il lui avait retourné la question.

« Oh ben tu sais le truc classique, je débusque des beaux-mecs dans les bars pour les pigeonner en m’invitant chez eux… J’suis de retour dans le coin depuis peu, je me cherche un boulot. Si t’as des pistes, je suis preneuse.»
« Là, comme ça je n’ai rien qui vient, mais tu cherches dans quoi ? Est-ce qu’il y a des contraintes, des trucs que tu ne veux pas faire ? Je vois pas mal de gens par jour … J’aurais ptet quelques pistes rapidement.» Il lui fit un clin d’œil avant rajouter en rigolant. « Ca fait beaucoup de compliments sur ma personne en quelques minutes. Je me disais aussi que ça cache quelque chose de louche, mais j’ai toujours un canapé confortable.»

Ouais canapé, crois-pas qu’il va te reposer son lit ! Faut pas rêver non plus ! Même s’il se doutait que ce coup-ci elle plaisantait plus qu’autre chose, il préférait lui laisser une porte de sortie discrète. Non, il n’invitait pas toutes les pauvres âmes en détresse, ce n’était humainement pas possible. Mais il essayait de leur trouver des solutions, pour les SDF, avec Jordane c’était différent, on pouvait dire que c’était une connaissance ! Il avait ensuite lancé une grande tirade, lui assurant que ce qu’il avait fait à l’époque n’était pas grand-chose au final que d’autres l’auraient aussi fait. Il ne se pensait pas exceptionnel. Il essayait juste de bien faire les choses en les rendant plus justes du moins de son point de vue.

« Sans doute oui. Mais ce soir-là c’est sur toi que je suis tombé et c’est ce choix-là que t’as fait. Donc tu peux jouer ton humble sauveur autant que tu veux, il n’empêche que c’était chouette de ta part. »
« S’tu le dis !»
« Nan mais franchement, t’imagines ?! J’aurais pu te voler; revenir avec une bande de potes ; te faire chanter, j’en sais rien… Ou revenir des années plus tard avec un plan en tête pour t’aborder de nouveau à un bar et le mettre à exécution avec un rire diabolique… enfin quelque chose dans ce goût-là … » Il eut un bref rire tandis quelle continuait « D’ailleurs ton écran plat il y a deux ans… bah en fait c’est moi qui te l’ai piqué. Quelle idée aussi de laisser ta clé sous le paillasson franchement… »
« Visiblement, tu as volé le mauvais pauv’ type. Dommage pour lui, tant mieux pour moi ! . ;. Et pour toi ? Par ce qu’il me reste quand même quelques postes flics ... tu vois ? J’suis pas trop fan du chantage et tout, je ne me serai surement pas laissé faire, j’suis sympa mais y’a des limites.» Il prit le temps de siroter un peu sa boisson avant de continuer « Néanmoins, cette histoire d’écran plat –imaginaire- m’intéresse, je veux bien tu me racontes cette anecdote.»

Vas-y invente cocotte ! Il lui tarde d’entendre cette petite distraction.

Lun 13 Juil 2020 - 21:06

« Humhum. Intéressant. Je vais le prendre comme un sérieux compliment, moi qui m’attendait à une phrase pleine de bassesse et de dureté, je serai presque déçu.»
« Oh, navrée, je peux me rattraper hein si tu me préfères en mode garce. »

Pas de soucis, je sais faire aussi.
Etait-elle plus acerbe à l’époque encore ? C’était possible oui, surtout une fois sortie de son rôle de nana abordable en pleine drague ouverte. Elle ne s’en souvenait pas bien, mais se connaissant, elle avait pu en effet faire preuve de rudesse.

« Ouais, j’suis comme ça moi, je n’aime pas donner de faux espoirs ! Au moins, on sait à quoi s’attendre même si ce n’est pas quelque chose de vraiment très reluisant !»
« Ouh, grand philosophe ! »

Oui, elle se foutait de lui, ça semblait assez évident. Bien vu Sherlock, merci Captain Obvious. Bref, elle répondait sur le même ton d’humour que celui qu’il s’était attribué lui-même. De même, il continuait sur sa lancée à propos de son âge.

«Tout dépend comment tu veux voir les choses non ? Je ne vois pas pourquoi ça en serait une mauvaise ? »

Un petit rire amusé. N’est-ce pas la peur généralisée de beaucoup de femmes – de personnes en général, sans doute, mais essentiellement de femmes, au vu du jeunisme dont cette société pouvait être capable – que de vieillir et que cela se voit ?

« Tout dépend de l’âge qu’on veut faire je suppose. »

Pas qu’elle ne veuille faire plus ou moins jeune que le sien cela dit. Actuellement et dans le contexte actuel… franchement, ça ne revêtait pas le moindre début d’importance. Pour autant, elle savait qu’elle pouvait décontenancer de par ses traits. Pourquoi, comment, à cause de quoi, elle n’avait pas creusé jusque là.

Toujours la même histoire : franchement, Jordane avait d’autres chats à fouetter que des histoires de physique et ce, même si le sien avait toujours été un sujet un peu sensible pour elle. Si elle l’utilisait depuis des années en en faisant un atout, ça n’était pas pour cela qu’elle l’appréciait spécialement, bien au contraire. Ce qui semblait étonnant à première vu, mais elle avait ses raisons. Et pour le moment, en parlant de chats à fouetter, sa principale préoccupation actuelle était l’arrivée ou non d’Anna… et ça semblait être un échec cuisant.
Supérieurs 1 – Jordane 0.

« Pas cool, si elle prévient pas, es-tu certaine que c’est vraiment une amie ? Sauf en cas de gros pépin ne pas prévenir que je ne peux pas venir… je trouve ça vraiment moyen, mais j’suis ptet un vieux con, un ou réac, c’est possible !»
« Oh, oui, tu l’es sûrement. » Un clin d’œil amusé. Vieux con réac’, les deux ensembles. Non, en réalité elle le charriait par réflexe plus qu’autre chose. « C’est une amie oui mais… c’est un peu délicat. Son ex est un connard fini, ils ont rompus à cause de moi… et disons que manifestement, là c’est lui qui gagne. »

Une idée qui lui déplaisait particulièrement. Si elle le pouvait, Jordane ne lui laisserait pas une miette de victoire. Pour autant, il ne servait à rien de jouer l’effrontée en débarquant chez l’un ou l’autre sous peine de se retrouver dans une posture bien délicate.

« Enfin cela dit, je suppose que c’est plus sympa de se prendre un lapin au bar qu’à l’autel. »

Puisque c’était bien là qu’elle l’avait lâché lui la fois précédente.

… Bon, soyons honnêtes, elle n’était pas du genre à être abandonnée devant l’autel… ça, c’était son rôle à elle. A bon entendeur.

« Comme infirmiers, pompier et compagnie.» Il haussa un peu les épaules. « Il y a pas mal de corps de métiers comme ça ! Ce n’est juste pas dit ! Mais effectivement, il faut vraiment que ce soit une vocation, je le confirme, sinon ce n’est pas quelque chose de tenable.»

Un petit sourire goguenard. « Tu crois vraiment que ça n’est pas dit ? Tous les métiers qui touchent l’humain sont des métiers à vocation avec une rémunération au raz du sol et une reconnaissance quasi nulle. »

Dire que les métiers que ce genre de problématiques n’étaient pas connues du grand public concernant les métiers d’infirmiers ou de pompiers lui semblait parfaitement déconnecté de la réalité. Il n’y a que la vocation qui les fait tenir, tous ces héros du quotidien, balancés dans un métier essentiel mais délaissé. Sans le ‘feu sacré’, pas moyen de tenir le choc et même ainsi, la grand majorité finissait harassée, aigrie, épuisée de se battre. Et l’humain en pâtissait.

« Là, comme ça je n’ai rien qui vient, mais tu cherches dans quoi ? Est-ce qu’il y a des contraintes, des trucs que tu ne veux pas faire ? Je vois pas mal de gens par jour … J’aurais ptet quelques pistes rapidement.» Il lui fit un clin d’œil avant rajouter en rigolant. « Ca fait beaucoup de compliments sur ma personne en quelques minutes. Je me disais aussi que ça cache quelque chose de louche, mais j’ai toujours un canapé confortable.»

De nouveau, la jeune femme riait franchement, amusée par cette réflexion parfaitement honnête.

« Nan, ça va, merci, j’ai déjà manipulé une autre pauvre âme un peu trop serviable et docile, je suis parée côté canapé. »

Docile. Dorofei ? Oui, l’idée même de cette réplique la faisait beaucoup rire intérieurement. Pour le reste, c’était plus ou moins vrai.

« N’importe quoi côté boulot, j’me suis pas dégotée un diplôme de droit ou de finance en cours de route. »

Il l’avait connue en tant qu’ado à problème, paumée à des dizaines de kilomètres de son pays d’origine, clairement décrocheuse scolaire, assurément mal partie dans la vie. Forcément, en sept ans, elle n’avait pas eu le temps de sortir d’une faculté prestigieuse, ça semblait cohérent. Pour le reste, bien évidemment, elle n’irait pas dans les détails. De toute manière, il n’avait jamais rien su d’elle et c’était bien ainsi.
Cela dit, l’ouverture, elle l’avait vue, refusée, mais appréciée. Tout en discrétion, sans insister, sans forcer. Naveen quoi.
Mais non, il ne la sortirait pas de la rue deux fois de suite.

Et c’est con, les lits c’est plus confortable tout de même !

« Visiblement, tu as volé le mauvais pauv’ type. Dommage pour lui, tant mieux pour moi ! . ;. Et pour toi ? Par ce qu’il me reste quand même quelques potes flics ... tu vois ? J’suis pas trop fan du chantage et tout, je ne me serai surement pas laissé faire, j’suis sympa mais y’a des limites.» Il prit le temps de siroter un peu sa boisson avant de continuer « Néanmoins, cette histoire d’écran plat –imaginaire- m’intéresse, je veux bien tu me racontes cette anecdote.»
Un sourire amusé. « Ah ben pourquoi tu crois que j’me suis barrée, j’me doute bien que j’aurais fini rapatriée par l’une de tes connaissances à un moment ou un autre hein ! »Oui, en soit, c’était l’une des raisons de sa décision brutale et définitive. La peur relative à l’attachement et l’abandon concomitant en était une autre.

« Alors, ce fameux écran plat. Ben écoute, tu sais que faire passer une télé par une fenêtre en la descendant par des cordages, c’est pas si simple que ça ? Par contre bizarrement, les gens prennent ça pour un truc parfaitement normal, n’imaginant pas que qui que ce soit puisse se taper le culot de faire un truc pareil en pleine rue en journée... »

Ça… ça n’était pas faux.

« Et donc tu m’aurais dénoncée. Mince, moi qui te croyais serviable benêt, ton altruisme a quand même des limites ? Pas si indulgent que ça le philanthrope … »

Est-ce qu’elle le pensait réellement benêt ? Clairement pas, mais elle restait emmerdeuse.

Dim 19 Juil 2020 - 18:11

« Oh, navrée, je peux me rattraper hein si tu me préfères en mode garce. »
«Oh bah non, ça ne sera peut-être pas nécessaire tu sais, je vais me contenter de cette première version ! »

Hein, ouais, c’est mieux comme ça … Il n’avait pas spécialement envie qu’elle passe en mode garce. Il ne savait pas trop ce qu’elle entendait par là d’ailleurs et il ne tenait pas non plus à le savoir. Ouais, comme ça c’était vraiment parfait ! Non, il n’était pas spécialement peureux mais il n’avait pas non plus envie de se prendre la tête, c’est bien la bonne humeur et la douceur. Ils continuèrent de plaisanter un peu, et il lui fit un petit clin d’œil amusé lorsqu’elle le traitait de grand philosophe ! Oui, c’est vrai c’était tout à fait lui, tiens, il pourrait raconter ça à Ruben, ça serait marrant de savoir comment l’autre zigoto allait prendre ça ! C’était son domaine, ça normalement !
A propos de l’âge, il essaya de nouveau de rester assez ouvert d’esprit.

« Tout dépend de l’âge qu’on veut faire je suppose. »
« Effectivement, c’est vrai que ça joue aussi… Mais bon certains font jeunes sans vraiment le vouloir aussi, et inversement ! On est visiblement pas tous égaux face à la nature !»

Ils avaient ensuite rapidement changé de sujet et elle lui expliqua qu’elle attendait quelqu’un mais que, visiblement, elle ne viendrait pas – et ce sans prévenir-. C’était vraiment quelque chose qu’il avait du mal à comprendre, autant avoir un imprévu ou même la flemme ça pouvait arriver mais la moindre des choses c’était quand même de prévenir ! Mais comme il lui disait c’était juste peut-être une réaction de vieux con un peu trop réac.

« Oh, oui, tu l’es sûrement. C’est une amie oui mais… c’est un peu délicat. Son ex est un connard fini, ils ont rompus à cause de moi… et disons que manifestement, là c’est lui qui gagne. »

Ils ont rompu à cause d’elle… A cause de quelle façon. Il fronça un peu les sourcils, cela ne le regardait absolument ces histoires de jeunes gens, mais il restait quand même assez curieux de base. Il hésita quelques instants sur la réponse à fournir mais se dit finalement que si elle avait voulu expliquer un peu plus la situation elle l’aurait fait. Il devait donc trouver une réponse assez évasive et surtout qui ne fasse pas trop curieuse. Il n’avait pas eu le temps de dire quoi que ce soit que déjà elle avait repris

« Enfin cela dit, je suppose que c’est plus sympa de se prendre un lapin au bar qu’à l’autel. »
«A l’hôtel genre le lieu où on dort tout ça, ou autel pour les cérémonies de mariage. Dans les deux cas je suis plutôt d’accord avec toi de toute manière.»

Il haussa un peu les épaules, après tout c’était des choses qui arrivaient tous les jours. Ce n’était pas quelque chose qu’l trouvait de vraiment choquant, même si c’était dur valait probablement se faire larguer à l’autel même si c’était la honte/l’horreur etc…. plutôt que demander le divorce deux jours après. Bon, le mieux était certes de se faire larguer avant le Jour J, mais certains ne se rendaient compte que de certaines choses ce jour-là. Dégueulasse, il était d’accord, mais ça arrivait. Il n’était pas de ce genre-là, ça ne lui était pas arrivé personnellement, mais il y avait tellement plus grave et horrible dans la vie que c’était le genre de chose qu’il avait tendance à un peu trop dédramatiser.
Ils en étaient venus aux métiers médicaux-paramédicaux.

« Tu crois vraiment que ça n’est pas dit ? Tous les métiers qui touchent l’humain sont des métiers à vocation avec une rémunération au raz du sol et une reconnaissance quasi nulle. »
«Et des gens dans les bureaux par ce qu’ils ont quelques responsabilités se font des couilles en or en travaillant presque deux fois moins ? Ouais. Mais même en sachant ça, personnellement ça ne me ferait pas changer de métier. » Il soupira « Il n’y a pas d’argent pour ce genre de métiers que veux-tu, c’est comme ça …»

Et en parlant de métier vu qu’elle cherchait quelque chose, il voulait bien l’aider, il avait pas mal de connaissances diverses et variées, peut-être qu’il entendrait parler de quelque chose.

« Nan, ça va, merci, j’ai déjà manipulé une autre pauvre âme un peu trop serviable et docile, je suis parée côté canapé. »
«Comme tu veux, j’la plaindrai presque cette pauvre âme… » ricana-t-il, il savait pertinemment qu’il y avait pire comme coloc !
« N’importe quoi côté boulot, j’me suis pas dégotée un diplôme de droit ou de finance en cours de route. »
«ca marche, n’importe quoi, je te tiendrai au courant si j’entends quelque chose…. Mais pour ça, il me faudra tes coordonnées… enfin ton numéro de téléphone. »

Ouais histoire de pas passer trop pour un mec vieux jeux, en plus c’était compliqué à dire coordonnées…. Ils avaient continué en plaisantant sur quelques faits du passé, extrapolant, inventant un peu par la même occasion…

« Ah ben pourquoi tu crois que j’me suis barrée, j’me doute bien que j’aurais fini rapatriée par l’une de tes connaissances à un moment ou un autre hein ! »
« ca fait presque vieux mafieux dit comme ça.»Juste presque.
« Alors, ce fameux écran plat. Ben écoute, tu sais que faire passer une télé par une fenêtre en la descendant par des cordages, c’est pas si simple que ça ? Par contre bizarrement, les gens prennent ça pour un truc parfaitement normal, n’imaginant pas que qui que ce soit puisse se taper le culot de faire un truc pareil en pleine rue en journée... Et donc tu m’aurais dénoncée. Mince, moi qui te croyais serviable benêt, ton altruisme a quand même des limites ? Pas si indulgent que ça le philanthrope … »
«Non, je ne savais pas ça tu m’apprends quelque chose… Ca serait à essayer ça sur quelqu’un sur qui tu veux te venger tiens ! » Promis, il ne ferait pas ça à quelqu’un même à son ex femme. «Ouais, j’suis saint Bernard jusqu’à un moment, toucher à la TV déjà c’est mauvais… Tu vois j’y tiens beaucoup par ce qu’elle me divertit beaucoup. » Il sourit avant d’ajouter «J’te dénoncerai pour le principe tu vois, mais d’un côté j’suis certain que je serai très admiratif d’un si beau coup ! Avoir autant de toupet et compagnie, c’est pas donné à tout le monde ! Merci pour cette histoire divertissante. »

Il but quelques gorgées de sa boisson, cherchant une nouvelle question.

« Du coup je sais les études que tu as pas faites, mais pas le reste. Tu peux m’éclairer un peu ou pas du tout ?»

Est-ce qu’après son départ elle avait suivi des cours ou pas, est-ce qu’elle avait été bien traitée, est-ce qu’elle n’était pas mal tombée bref, question vague, fait exprès au cas où elle n’ait pas envie d’en parler.

Lun 20 Juil 2020 - 18:28

«Oh bah non, ça ne sera peut-être pas nécessaire tu sais, je vais me contenter de cette première version ! »
« Petit joueur… »

Ok, elle se foutait plus de lui qu’autre chose, pour autant en effet, la jeune femme pouvait s’avérer plus mordante que son visage d’ange ne semblait le laisser entendre. Naveen ne pouvait savoir qu’elle n’était pas rentrée chez elle – ou du moins si peu – depuis ce jour où ils s’étaient rencontrés, mais il devait savoir que les gamines comme elle finissaient rarement bien. Du moins si elles s’entêtaient ou ne trouvaient pas refuges. Son air détaché et son sourire, parfaitement opposés aux marques qui barraient encore son cou et ses bras visibles et parfaitement assumés semblaient sous entendre qu’elle n’avait pas fait partie de ceux qui rentraient la tête baissée chez papa maman. Pour peu qu’ils existent et qu’ils soient fiables. Un point partout pour elle. Pas de retour possible. Alors pour être ici et sembler aller relativement bien, elle ne pouvait qu’être capable de sortir les crocs.

« Effectivement, c’est vrai que ça joue aussi… Mais bon certains font jeunes sans vraiment le vouloir aussi, et inversement ! On est visiblement pas tous égaux face à la nature !»
« On me l’a demandé il y a peu. ‘Faut croire que ma gueule d’ange me place dans cette catégorie. »

Gueule d’ange, diable au corps disait sa mère quand elle n’était qu’une gamine. Une réflexion qu’elle ne comprenait pas alors, puisqu’elle s’avérait à vrai dire parfaitement malléable et docile comme enfant. Peut-être devinait-elle ? Va savoir. Les mères ont parfois un don étrange concernant leurs enfants.

Mais en attendant, c’était d’Anna dont il était question.

«A l’hôtel genre le lieu où on dort tout ça, ou autel pour les cérémonies de mariage. Dans les deux cas je suis plutôt d’accord avec toi de toute manière.»
« Plutôt celui où on vous passe la corde au cou. Il a joué au con avec moi quand il était avec elle en oubliant un détail à la con : les femmes ont la capacité de communiquer entre elles. Bref, elle l’a planté et a bien fait. Mais à priori, elle a changé d’avis. Faut croire que certaines personnes aiment s’agripper aux causes perdues. Ce type est un connard violent et ça ne changera pas. »

Elle n’avait pas le moindre doute sur ce sujet, tout comme elle savait la propension de certaines personnes à s’acharner à vouloir sauver ceux qui ne pouvaient pas l’être. Syndrome de l’infirmière. Le genre de personnes accros à la souffrance qui se trouvaient justement bien souvent dans les métiers que Naveen décrivait. Lui-même peut-être. Etait-elle une de ses causes perdues ? A se regarder dans le miroir, il fallait l’admettre, elle y ressemblait.

«Et des gens dans les bureaux par ce qu’ils ont quelques responsabilités se font des couilles en or en travaillant presque deux fois moins ? Ouais. Mais même en sachant ça, personnellement ça ne me ferait pas changer de métier. Il n’y a pas d’argent pour ce genre de métiers que veux-tu, c’est comme ça …»
« Pas de repos pour les braves, pas de tunes pour les héros. Business is business. »

Cynique ? Un peu.
Pour autant, les métiers à responsabilités étaient essentiels aussi, méritant souvent leur rémunération et réclamaient souvent beaucoup plus d’implication que Naveen ne l’entendait. Du moins c’est ce que disait son père à l’époque. Ça dépendait sans doute des corps de métiers.
Un débat qu’elle n’avait pas envie de mener.
Et elle ? Comment gérait-elle les problématiques financières ? En squattant une chambre chez Dorofei. Pas très glorieux mais elle assumait.

«Comme tu veux, j’la plaindrai presque cette pauvre âme… »

Un petit rire amusé avait passé ses lèvres alors qu’elle venait prendre une gorgée d’alcool, posant sur lui un regard un peu mutin.

«ca marche, n’importe quoi, je te tiendrai au courant si j’entends quelque chose…. Mais pour ça, il me faudra tes coordonnées… enfin ton numéro de téléphone. »
« Ouh, c’est qu’il me demande déjà mon numéro, il va vite en besogne. »

Le barman était passé à leur niveau, y avait ralenti avant de s’effacer, la faisant rire, amusée de la situation. Et puis, plus détachée :

« File-moi ton téléphone, je vais rentrer mon numéro. Merci en tout cas. »

Etait-ce pour ça qu’elle était partie ? Dans la crainte de voir débarquer des amis à lui appartenant à la police, la ramenant donc chez elle ? Ça n’avait pas loupé, bien sûr, un certain nombre de fois, tantôt par les moldus, tantôt par les sorciers. Et comme bien d’autres, ça ne l’avait pas empêchée de repartir aussi sec.

« ca fait presque vieux mafieux dit comme ça.»
« Je doute que les vieux mafieux invitent des flics chez eux pour y embarquer une jeunette de passage… donc je pense que ça n’aurait pas été ce genre de types …. Et dans ce cas, j’aurais sacrément bien fait de me barrer en vitesse. »

Oui. Et ça aurait pu arriver, inconsciente que tu étais. Que tu es ? Après tout, qui te disait que Dorofei était quelqu’un de bien ? Le chercherais-tu un peu, dans le fond ? Ouh la belle question à ne pas poser à une victime tient.. mais qui semblait légitime dans son cas.

«Non, je ne savais pas ça tu m’apprends quelque chose… Ca serait à essayer ça sur quelqu’un sur qui tu veux te venger tiens ! »
Un nouveau rire. « Lui piquer sa télé ? Un conseil dans ce cas, passe par l’escalier hein. »

Mais oui, plus c’est gros, mieux ça passe.

….
No comment.

«Ouais, j’suis saint Bernard jusqu’à un moment, toucher à la TV déjà c’est mauvais… Tu vois j’y tiens beaucoup par ce qu’elle me divertit beaucoup. » Tu m’étonnes. Elle en était sacrément désintoxiquée, elle, depuis des années, mais il fallait avouer qu’il y avait de quoi y rester skotchée. «J’te dénoncerai pour le principe tu vois, mais d’un côté j’suis certain que je serai très admiratif d’un si beau coup ! Avoir autant de toupet et compagnie, c’est pas donné à tout le monde ! Merci pour cette histoire divertissante. »

Admiratif hein ? De l’histoire inventée, sans doute moins de la réalité qui pouvait exister en arrière plan mais passons.

« Ce fut un plaisir de te divertir telle une télé bon marché ! »

Bon marché la Jordane ? J’en doute.

L’imitant, portant de nouveau son verre à ses lèvres, la jeune femme posait une nouvelle fois le regard sur la porte d’entrée avant de définitivement tirer une croix sur l’arrivée de la jeune femme. Manifestement, ça n’arriverait pas. Elle avait fait son choix et en souffrirait, c’était certain. Et la née moldue perdait une alliée. Sans compter qu’elle ignorait être en réalité face à un ennemi. Ah ce monde n’est pas simple.

« Du coup je sais les études que tu as pas faites, mais pas le reste. Tu peux m’éclairer un peu ou pas du tout ?»

Ou pas du tout. Elle ne pouvait que sourire du sous-entendu. La jeune femme qui ne communique pas, qui tait toute information sur son propre compte, restant un véritable mystère, une sale habitude relevée par Lex, assez pour que ce reproche lui soit lassant.

« Quelle idée d’être plus intéressé par ce que je fais que ce que je ne fais pas franchement… C'est pourtant tellement plus riche... »

Elle l’avait prononcé avec humour, consciente de ses propres travers, amusée d’être ainsi démasquée dans son refus chronique de trop communiquer sur sa propre existence.

« Alors j’ai pas fait médecine non plus. Ni com’, encore moins de filières artistiques, non, ma vie étudiante est morte avant de commencer, ce qui est con dans la mesure où j’étais plutôt rat de bibliothèque gamine. »

Ouais, ça n’est pas évident comme ça, à première vue.

« Nan, j’me suis baladée. Je pense que mon accent de l’époque m’avait trahie hein, mais je suis française et après Londres j’ai un peu navigué. D’autres coins de Grande Bretagne, d’Asie, de Russie… Disons que j’ai vu du pays. »

Sans rentrer dans les détails. Un road trip de plusieurs années qui expliquait bien des choses. Il la savait sortie du système scolaire, elle n’y était pas spécialement retournée, y trouvait là bien des raisons d’être celle qu’elle état aujourd’hui sans avoir à évoquer Poudlard. Une excuse toute trouvée.

« Donc j’ai pas fini dans la drogue ni pute engagée par un mac des quartiers louches si c’est la question. Enfin pas trop. La Russie, tout ça… »

Humour ? Un peu, beaucoup même mais pas que. Oui, parce qu’il s’agissait des tenants de sa question, elle n’en avait pas le moindre doute. Une gamine larguée hors du système scolaire, manifestement exilée dans un pays qui n’est pas le sien et qui disparait soudainement sans qu’il ne puisse l’aider réellement… elle était peut-être l’un de ses échecs. L’une des causes perdues, oui.

Je vais bien. Je suis bardée de bleus, j’ai traversé l’horreur et j’en sors avec un regard franc qui pourrait percer n’importe quelles pupilles, un menton levé, un air effronté qui n’a jamais voulu s’effacer. Je vais bien. J’ai juste appris à porter bien des armes. J’apprends encore.

Toi aussi.

Mar 21 Juil 2020 - 18:52

« Petit joueur… »
« Ouais. Il parait.» dit-il en rigolant.

En réalité, il n’était pas forcément si petit joueur que ça, mais ça l’arrangeait bien que l’on pense le contraire. Au moins on se méfiait généralement de lui, c’était donc assez avantageux et il tenait à ce que cela continue de cette manière. Se passant une main dans les cheveux. Ils avaient continué à parler de l’âge que l’on pouvait faire et compagnie. Il est vrai que la nature ne gâtait pas les gens de la même manière.

« On me l’a demandé il y a peu. ‘Faut croire que ma gueule d’ange me place dans cette catégorie. »
« Des gens qui te pensent plus jeunes que ton âge, ou l’inverse ? Ce n’est qu’un chiffre, les mentalités et maturités sont différentes d’un individu à l’autre, alors qu’est-ce qui doit vraiment compter ?»

Bref, en soit ce n’était pas forcément de quelque chose très intéressant, il fallait bien l’avouer. C’était un peu trop philosophique et n’apportait pas grand-chose à leur discussion ! Ils avaient heureusement bientôt changé de sujet pour en venir à l’amie de Jordane qui lui avait posé un lapin. Naveen essayait de comprendre la situation mais avec le peu d’indice qu’elle connait ce n’était pas franchement simple. Il avait plusieurs théories, mais là encore juger sans totalement comprendre c’était toujours délicat, surtout s’il voulait donner de bons conseils.

« Plutôt celui où on vous passe la corde au cou. Il a joué au con avec moi quand il était avec elle en oubliant un détail à la con : les femmes ont la capacité de communiquer entre elles. Bref, elle l’a planté et a bien fait. Mais à priori, elle a changé d’avis. Faut croire que certaines personnes aiment s’agripper aux causes perdues. Ce type est un connard violent et ça ne changera pas. »
« Malheureusement, elle ne sera pas la première ni la dernière.» Il grimaça, il en voyait peut-être un peu trop à son goût au travail. « Je pense que le principal c’est qu’elle sache que tu es là… mais si elle l’a larguée…. A l’autel, si j’ai bien tout suivi… pourquoi tu parles de changer d’avis ? Tu me perds un peu-là.»

La seule chose dont il était certain là-dedans c’était que le soutien d’une amie dans ce genre de situation compliquée était quelque chose de primordial. Par ce que pour lui, vu ce qu’elle racontait elles étaient de bonnes amies ; qui pouvaient compter les unes sur les autres.

« Et peut-être essayer de ne pas donner de leçons. Elle en aura pas forcément besoin, mais je sais bien que c’est plus facile à dire qu’à faire.»

De là, ils en étaient arrivés aux métiers médicaux, para-médicaux et compagnie. Et forcément, lui était un peu agacé de certaines choses : avec la pénibilité du travail, les horaires et compagnie, ils gagnaient avec ses collègues rois cacahuètes tandis que d’autres dans leurs bureaux bien confortables et avec moins de responsabilités que des vies humaines à gérer gagnaient très bien leur vie. Il n’était pas à plaindre, il le savait, il avait un toit de quoi se nourrir et compagnie.

« Pas de repos pour les braves, pas de tunes pour les héros. Business is business. »

Il eut un rire franc, c’était tellement ça dans la réalité. A vrai dire c’était difficile de faire plus vrai comme cynisme ! Il secoua la tête plus amusé qu’autre chose. En attendant, pour la tenir au courant s’il lui trouvait un boulot, il lui fallait son numéro de téléphone pour la joindre.

« Ouh, c’est qu’il me demande déjà mon numéro, il va vite en besogne. »
« Du moment que ça reste juste en demandant ton numéro que je vais vite en besogne, ça devrait rouler pour la suite, non ?»

Hey, c’est elle qui lui tendait une énorme perche en même temps – sans sous-entendu, merci-, lui ne faisait que la saisir et d’y répondre avec la même subtilité, n’est-ce pas. Il aurait aussi bien pu répondre « jusque-là, personne ne m’avait dit que j’allais trop vite en besogne ».

« File-moi ton téléphone, je vais rentrer mon numéro. Merci en tout cas. »
« Peut-être que je n’aurais aucun tuyaux… Je n’en sais rien » ajouta-t-il tout en lui tendant son téléphone où il avait laissé une photo de sa fille en fond d’écran, il avait des périodes comme ça. « Mais au moins, si c’est le cas, ça sera plus simple que d’invoquer le saint esprit ou de t’attendre dans ce bar où tu remettras sûrement pas souvent les pieds, je me trompe ?»

Ouais. Voilà. Et en parlant d’anecdote….

« Je doute que les vieux mafieux invitent des flics chez eux pour y embarquer une jeunette de passage… donc je pense que ça n’aurait pas été ce genre de types …. Et dans ce cas, j’aurais sacrément bien fait de me barrer en vitesse. »

Il ricana mais préféra ne rien répliquer à cela vu qu’il n’avait plus franchement trop rien à dire…

« Lui piquer sa télé ? Un conseil dans ce cas, passe par l’escalier hein. »
« Je tâcherai d’y penser… De toute façon ce n’est pas comme si c’était réellement d’actualité.»

Il avait vite enchainé sur autre chose, continuant de plaisanter sur la question. Il était enchanté qu’elle lui raconte ce genre d’anecdote, c’était un peu nul mais divertissant quand même !

« Ce fut un plaisir de te divertir telle une télé bon marché ! »
« Enfin bon marché… je ne sais si j’aurai utilisé ce terme. Parce que si la prochaine fois je dois te payer un verre pour avoir une anecdote, ça revient quand même drôlement cher !»

Bon, maintenant que c’est fait. Il essaya quand même de prendre quelques renseignements sur ce qu’elle faisait depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus.

« Quelle idée d’être plus intéressé par ce que je fais que ce que je ne fais pas franchement… C'est pourtant tellement plus riche... »
« Ouais je sais, les illusions et l’imagination sont deux choses totalement merveilleuses.»
« Alors j’ai pas fait médecine non plus. Ni com’, encore moins de filières artistiques, non, ma vie étudiante est morte avant de commencer, ce qui est con dans la mesure où j’étais plutôt rat de bibliothèque gamine. » Ca faisait beaucoup de choses qu’elle n’avait pas fait ! Il eut un sourire en coin mais la laissa continuer « Nan, j’me suis baladée. Je pense que mon accent de l’époque m’avait trahie hein, mais je suis française et après Londres j’ai un peu navigué. D’autres coins de Grande Bretagne, d’Asie, de Russie… Disons que j’ai vu du pays. » Il acquiesça doucement, c’est sûr que lui ne bougeait pas souvent, il voyageait peu même si ça lui arrivait de temps en temps « Donc j’ai pas fini dans la drogue ni pute engagée par un mac des quartiers louches si c’est la question. Enfin pas trop. La Russie, tout ça… »
« Humhum, intéressant tout ça. Réellement, sans trop de sarcasmes, je trouve ça vraiment intéressant tous ces voyages, il parait que ça forme la jeunesse !» Il eut un temps de silence avant de reprendre la parole «Donc tu as visité la Russie et après ? Il y a un lieu sympa, pas trop cher que tu me conseillerais pour des vacances ? Des vacances entre amis, plus… D’ailleurs tu as pensé à travailler dans une agence de voyages ? Cela pourrait … disons te faire un certain CV. » Ouais, il pourrait en parler avec Ruben comme ça après !

Jeu 23 Juil 2020 - 13:07

« Des gens qui te pensent plus jeunes que ton âge, ou l’inverse ? Ce n’est qu’un chiffre, les mentalités et maturités sont différentes d’un individu à l’autre, alors qu’est-ce qui doit vraiment compter ?»
Un petit sourire amusé, ajoutant sur un ton léger... « Qu’est-ce que ça peut foutre ? »... bientôt accompagné d’un clin d’œil. Pas envie de philosopher sur l’importance ou non de l’apparence ou de l’âge qui y était rattaché, encore moins de l’impact que ce que cela pouvait représenter sur les mentalités. Des gens qui la pensaient plus jeune, il y en avait. Tout comme des gens qui l’imaginaient plus vieille, surtout quelques années auparavant alors qu’elle se démerdait seule en se baladant aux quatre vents. Tout est une question de maturité, de présentation, d’apparences. Maintenant, oui, ses traits fins qui faisaient parfois un peu trop penser à une poupée pouvaient lui donner un physique un peu hors du temps. Du moins c’était ce qu’on lui avait dit un jour, justement en tentant de poser un âge sur ses traits.

« Malheureusement, elle ne sera pas la première ni la dernière.»
« C’est ça.. »
« Je pense que le principal c’est qu’elle sache que tu es là… mais si elle l’a larguée…. A l’autel, si j’ai bien tout suivi… pourquoi tu parles de changer d’avis ? Tu me perds un peu-là.»
« Parce que j’ai eu la joie de le croiser hier, qu’elle a débarqué et qu’ils ont parlé. Je lui ai demandé de me retrouver là… et la connaissant, si elle se pointe pas, c’est sans doute parce qu’elle est avec lui. »

Réalité trafiquée pour coller à l’univers moldu. De la part d’une personne n’ayant pas grandit dans une famille de sorciers, ça n’avait rien… eh bien, de très sorcier justement.
Jordane faisait des efforts pour ne pas effleurer sa gorge marquée de ses doigts. Ni la gorge, ni les bras, les deux étaient marqués d’hématomes qu’elle ignorait et assumait tout à la fois.
Qu’elle sache qu’elle était là si elle décidait de l’appeler à l’aide ? Ouais, sans doute. Cependant elle n’irait pas non plus s’acharner pour elle. Anna était une grande fille, apte à faire ses choix. Si elle choisissait les Supérieurs, grand bien lui fasse. Mais un jour, elles se retrouveraient l’une contre l’autre… et elle ne retiendrait pas les coups.

« Et peut-être essayer de ne pas donner de leçons. Elle en aura pas forcément besoin, mais je sais bien que c’est plus facile à dire qu’à faire.»

Jordane aussi les épaules, d’un air détaché. « Oh je ne lui ferais pas la leçon, elle sait ce que j’en penses et est assez grande pour faire ses choix. Si elle a besoin de moi pour s’enfuir ou que je calme l’autre con je le ferais, en attendant c’est pas le genre de choses qui peuvent venir des autres. »

Jo avait vu Aileen se détruire au contact de Logan, elle n’avait fait que tirer les sonnettes d’alarme, s’était battue dans le vide pendant des mois, des années avant de comprendre que ça n’avait simplement pas de sens. Tant que la démarche ne venait pas de la victime, ce serait de l’énergie gaspillée. Et il y a une sacrée tripotée de con qui méritent qu’on leur réserve un peu de dynamite…

S’il riait à son cynisme, elle n’avait pas tardé à faire de même alors qu’il répondait avec le même humour à ses piques.

« Du moment que ça reste juste en demandant ton numéro que je vais vite en besogne, ça devrait rouler pour la suite, non ?»
Un rire amusé donc, un brin taquin. « Ça devrait le faire ouais.. »

Aucun sous-entendu. Aucune perche d’ailleurs voyons, ça n’est pas le genre de la maison enfin ! Jordane est une dame ! Et ça a de l’éducation une dame …. Ça ne vanne pas, ça ne parle pas fort, ça ne sourit pas trop et ne prend pas trop de place. Ça ne s’affirme pas. Ouais. Il y a tromperie sur la marchandise.

En attendant, laissant s’attardé un instant un regard mutin sur Naveen, elle avait fini par prendre son téléphone, y entrant son numéro, s’appelant par la même occasion pour le récupérer. Ça pouvait toujours être utile. Elle ne fit pas de commentaires sur sa fille, consciente de la situation dans laquelle la petite était à l’époque, n’osant pas mettre les pieds dans le plat, son esprit dérivant une seconde vers le fils de Dorofei.

« Mais au moins, si c’est le cas, ça sera plus simple que d’invoquer le saint esprit ou de t’attendre dans ce bar où tu remettras sûrement pas souvent les pieds, je me trompe ?»
Un regard en coin, éclat d’espièglerie. « T’auras plus de chance avec le bar qu’avec le saint esprit si tu veux mon avis… »

Le saint esprit n’avait pas tendance à s’en faire beaucoup de son sort, alors à choisir, mieux valait s’approcher de l’alcool pour espérer la croiser. Pas un portrait très flatteur cela dit, elle en avait conscience mais s’en amusait. Tout comme si Naveen ricanait sans réellement trouver son humour noir hilarant, elle s’en raillait, parfaitement consciente de ce à quoi elle avait pu échapper… mais aussi de ce par quoi elle était passée. Apte à distinguer ce qu’elle acceptait de ce qui déconnait, apte aussi et surtout à assumer ses choix. Elle aurait pu être une gentille fille et rester chez elle, elle aurait pu accepter son père et s’en tenir à son rôle. Ça n’avait pas été le cas. C’était ainsi, ni bien ni mal.

« Je tâcherai d’y penser… De toute façon ce n’est pas comme si c’était réellement d’actualité.»
« Oh on sait jamais hein, l’occasion se présente, on dérape, ça va vite. Envisage les PS, c’est moins encombrant… Ou autre hein, selon ce que tu préfères, je sais pas, j’ai pas fait d’étude de marché récente.»

=D

Ahem.

« Enfin bon marché… je ne sais si j’aurai utilisé ce terme. Parce que si la prochaine fois je dois te payer un verre pour avoir une anecdote, ça revient quand même drôlement cher !»
« Ok, version luxe alors ! Je suis un écran plat, télé HD connectée. »

Mais s’il y avait des télés connectées en 2016. Oui hein ?
Et ça va, te la ramène pas, t’as un ventre plat c’est déjà pas mal.

En attendant, elle se permettait un bilan très succin de sa vie des dernières années, les affrontements en moins. Les précisions sous silence également.

« Humhum, intéressant tout ça. Réellement, sans trop de sarcasmes, je trouve ça vraiment intéressant tous ces voyages, il parait que ça forme la jeunesse !»
« Oh ben je me suis bien bien formée dans ce cas. »

Sept ans de ballades si on comptait le temps passé à Poudlard, oui, on pouvait dire qu’elle s’était bien formée pour le coup. Pas vraiment côté études, mais sur l’autel de la vie, elle y avait été bien sacrifiée et en connaissait les rouages.

«Donc tu as visité la Russie et après ? Il y a un lieu sympa, pas trop cher que tu me conseillerais pour des vacances ? Des vacances entre amis, plus… D’ailleurs tu as pensé à travailler dans une agence de voyages ? Cela pourrait … disons te faire un certain CV. »
« Oui, j’ai fait quelques pays de l’Est façon road trip.. Oh ben en pas cher, t’as Pripiat qui est très abordable … » Ok, c’est en Ukraine mais c’était juste pour la blague. « J’aurais tendance à te conseiller le Lac Baïkal, Les îles Solovki, la Carélie… un sac à dos et c’est parti. Faut voir la mine Mir aussi. J’ai quelques contacts de gîtes si tu veux.. mais bon c’était un peu le mode Jo la débrouille hein. »

Quoi ? J’ai un prénom qui s’y prête, autant en profiter non ?

Et sinon… vacances en amis hein ? Un détail qui ne lui avait pas échappé et l’inquiétant sur ce qu’avait été l’évolution de son bienfaiteur depuis qu’elle l’avait quitté sans donner de nouvelles.

« T’envisages spécifiquement la Russie pour des vacances ? »

Des envies particulières ?

« Et… non, j’avoue que j’y ai pas forcément pensé mais c’est pas con. Au moins je mettrais ma… capacité à me barrer le plus loin possible de chez moi à contribution. »

Elle parlait plus ou moins plusieurs langues, ça pouvait être utile, elle en convenait. Ou dans le social pour servir de traductrice, ça devait se faire ce genre de choses non ? …. Quoi que Jordane dans la social, c’était sans doute une idée parfaitement abrutie.

Mar 28 Juil 2020 - 21:06

Bon ce souci de copine avait l’air plus compliqué qu’il n’y paraissait et franchement, parfois, il ne comprenait pas bien cette nouvelle génération… enfin, il ne se sentait plus forcément trop en adéquation avec. Il essayait de bien tout comprendre histoire de pouvoir suivre ce que disait Jordane.

« Parce que j’ai eu la joie de le croiser hier, qu’elle a débarqué et qu’ils ont parlé. Je lui ai demandé de me retrouver là… et la connaissant, si elle se pointe pas, c’est sans doute parce qu’elle est avec lui. »
« Bah écoute, ils ne font peut-être que parler et régler deux ou trois choses, c’est toujours possible non ? Et puis si non, je pense qu’elle est grande, si elle a su lui dire « non » en quelque sorte une fois, et qu’elle veut lui donner une deuxième chance, peut-être qu’elle saura lui dire stop une autre fois s’il déconne. Tu sais, des fois, certains méritent une deuxième chance même si vu ce que tu as l’air d’en penser j’en doute. La rédemption, ça existe.»

Ceci était dit, et il rajouta bientôt qu’elle n’avait pas forcément besoin de leçon… Facile à dire, lui savait que dans son cas c’était compliqué de ne pas agir, de ne pas essayer de résoudre certains conflits, certaines situations.

« Oh je ne lui ferais pas la leçon, elle sait ce que j’en penses et est assez grande pour faire ses choix. Si elle a besoin de moi pour s’enfuir ou que je calme l’autre con je le ferais, en attendant c’est pas le genre de choses qui peuvent venir des autres. »
« Fais quand même attention à toi, s’il est un peu … étrange qui sait ce qu’il pourrait faire, surtout s’il est du genre revanchard !»

Il fallait toujours faire attention aux vengeances que ce soit celles des filles ou bien des garçons. De là, ils en étaient arrivés à parler boulot, il lui avait donc demandé son numéro pour qu’il puisse la joindre s’il entendait quelque chose, s’en était suivi quelques joutes verbales.

« Ça devrait le faire ouais.. »

Il avait eu un petit ricanement amusé. Tandis qu’elle entrait son numéro de téléphone et s’appelait.

« T’auras plus de chance avec le bar qu’avec le saint esprit si tu veux mon avis… »
« Même si je suis plutôt d’accord avec toi, ça fait presque quand même un peu alcolo cette phrase.»

Hum, passons donc à un autre sujet …. Comme le vol d’une télé ? Sérieusement, comment est-ce qu’ils en étaient arrivés là et surtout comment est-ce qu’ils pouvaient encore en parler comme ça…

« Oh on sait jamais hein, l’occasion se présente, on dérape, ça va vite. Envisage les PS, c’est moins encombrant… Ou autre hein, selon ce que tu préfères, je sais pas, j’ai pas fait d’étude de marché récente.»
« Ouais, je ne sais pas trop non plus, les téléphones, peut-être ? Humn aucune idée, ce n’est pas vraiment quelque chose à laquelle je m’intéresse réellement…»
Humhum et donc ?
« Ok, version luxe alors ! Je suis un écran plat, télé HD connectée. »
« Super luxe alors !»

Ouais, probablement que ça existait déjà, on va comme si oui. Et maintenant, ~~que vais-je faire ♪♪~~ ils en étaient à parler voyage, ou plutôt, il serait plus exact de dire que Jordane lui vendait du rêve à avoir voyager comme ça … et que c’était ptet une bonne conseillère ! Pour un futur voyage avec Ruben cela pouvait le faire – ouais un voyage entre deux meilleurs amis à 35 et quasi 39 balais, et alors ?-.

« Oh ben je me suis bien bien formée dans ce cas. »
« C’est vraiment et réellement je pense une bonne chose à ton âge, ça doit être assez rare, tant fais quelques qualités qui pourraient être intéressantes pour un patron !»
Ou pas. Il n’en savait trop rien au final. Il lui posa quelques questions et l’’orienta sur la piste d’un boulot en agence de voyages.

[colortomato] « Oui, j’ai fait quelques pays de l’Est façon road trip.. Oh ben en pas cher, t’as Pripiat qui est très abordable . J’aurais tendance à te conseiller le Lac Baïkal, Les îles Solovki, la Carélie… un sac à dos et c’est parti. Faut voir la mine Mir aussi. J’ai quelques contacts de gîtes si tu veux.. mais bon c’était un peu le mode Jo la débrouille hein. »[/color]
« Après, tu sais c’est juste pour partir quelques jours, ou une semaine avec mon meilleur ami ! On a pas besoin d’un truc grand confort, moi je suis plus dans le monde … disons aventurier, lui peut-être un peu moins… mais» Regard amusé. « Il n’est pas obligé de savoir à quel point il risque de galérer.» Coucou Ruben, tu vas en chier s’il te prépare ça.
« T’envisages spécifiquement la Russie pour des vacances ? Et… non, j’avoue que j’y ai pas forcément pensé mais c’est pas con. Au moins je mettrais ma… capacité à me barrer le plus loin possible de chez moi à contribution.»
«Un vrai, plutôt un truc o il y a du soleil, mais pas trop cher, et pas une chaleur ou un pays où il y a des extrêmes dans les températures. Bref, un truc assez pépère pour deux vieux presque croulants. » Il se tut quelques instants avant de continuer « Ouais voilà, après je ne sais pas s’il faut des … diplomes spécifiques pour bosser là-dedans, mais j’suis sûre que si tu y vas au culot, tu peux baratiner, montrer ton expérience dans les pays et ça passera peut-être … tu peux, je suppose apprendre sur le tas.»

M’enfin, lui disait ça mais il n’était sincèrement sûr de rien. Cela lui semblait logique, il y a certains métiers, si on a quelques bases, on peut les pratiquer sans aucun souci… mais après tout il se trompait peut-être, il ne connaissait pas toute la palette des compétences qu’on devait avoir.

Dim 9 Aoû 2020 - 11:17

« Bah écoute, ils ne font peut-être que parler et régler deux ou trois choses, c’est toujours possible non ? Et puis si non, je pense qu’elle est grande, si elle a su lui dire « non » en quelque sorte une fois, et qu’elle veut lui donner une deuxième chance, peut-être qu’elle saura lui dire stop une autre fois s’il déconne. Tu sais, des fois, certains méritent une deuxième chance même si vu ce que tu as l’air d’en penser j’en doute. La rédemption, ça existe.»

Un haussement d’épaules. « Sans doute. Ecoute j’suis pas secouriste moi. A un moment, si elle veut de l’aide, il faut qu’elle prenne mes perches, j’en ai pas quarante en stock. »

Les journées qui avaient passé s’étaient avérées particulièrement difficiles pour la jeune femme qui, pourtant, prenait sur elle et semblait passer outre. Ça n’était pas tout à fait vrai et les liens qu’elle pouvait cesser de développer avec Anna s’en feraient ressentir. Non, elle n’avait pas quarante mains tendues dans sa besace. A ne pas venir aujourd’hui, la jeune femme se privait sans doute d’une amie qui pourrait l’aider dans ces situations délicates.

« Fais quand même attention à toi, s’il est un peu … étrange qui sait ce qu’il pourrait faire, surtout s’il est du genre revanchard !»

Un demi sourire en coin, l’air de lui dire ‘tu es sérieux ?’. Mec, fais-tu ton maximum pour tenter de ne pas voir les hématomes qui barrent ma gorge et mes bras ou est-ce simplement un manque de déduction particulièrement développé ? Ou une envie de fermer les yeux.

Bref, passons à autre chose. Elle n’avait pas spécialement envie de s’étendre sur l’agression dont elle avait été… victime. Même si victime n’était pas le terme le plus judicieux vu la façon dont les évènements s’étaient déroulés. Et oui, elle l’imaginait toujours passer cette porte, une sensation angoissante qui risquait de la poursuivre encore un moment.

« Même si je suis plutôt d’accord avec toi, ça fait presque quand même un peu alcolo cette phrase.»
« Disons que je dois plus tendre vers l’alcolo que la sainte. »

Petit sourire appuyé. De toute manière, face à lui et vu la façon dont elle lui avait fait du rentre dedans à leur première rencontre, elle n’aurait pas pu se faire passer pour telle même si elle l’avait voulu. Et ça faisait une petite dizaine d’années ! Qu’était-elle devenue entre temps au vu du chemin bien tortueux qu’elle avait pris à l’époque ? Ça avait d’ailleurs été la question suivante, l’amenant sur le terrain bien glissant de son passé.

« C’est vraiment et réellement je pense une bonne chose à ton âge, ça doit être assez rare, tant fais quelques qualités qui pourraient être intéressantes pour un patron !»
« Oh oui, sans doute. Les tarées qui se barrent de chez elles avant leur majorité pour faire le tour du monde avec un sac à dos, ça ne doit pas courir les rues, j’imagine sans problème que j’ai un profil atypique oui. Tu peux rajouter ‘capacité d’adaptation manifestement pas trop dégueulasse’ à mon cv en plus des différentes langues. Et arnaqueuse professionnelle vivant au crochet du canapé de parfaits inconnus dans mon graaaand palmarès d’adolescente butée et un peu cintrée. »

Dit celle qui vit TOUJOURS chez un parfait inconnu. Bon. Certaines choses ne changent pas parait-il. Cependant, elle avait tout de même besoin d’un temps pour se remettre sur pied, économiquement parlant notamment, avant d’avancer plus sereinement de nouveau. Mais ce qui l’avait amenée là, elle n’en parlerait évidemment pas. En attendant : autodérision. Il y a un moment où c’est la meilleure des choses à faire. D’autant que… quelque part, oui, dans le fond, la jeune femme était assez fière de s’en être sortie avec les moyens du bord, même s’il s’agissait parfois de situations un peu délicates.

« Après, tu sais c’est juste pour partir quelques jours, ou une semaine avec mon meilleur ami ! On a pas besoin d’un truc grand confort, moi je suis plus dans le monde … disons aventurier, lui peut-être un peu moins… mais… Il n’est pas obligé de savoir à quel point il risque de galérer.»
« Ouh… l’idée de faire galérer ton meilleur pote qui est un parfait inconnu m’amuse assez j’avoue. J’peux vous préparer un super trip à base d’auberges, de lieux paumés, de randos et de coins improbables, super chouettes mais PUTAIN de chiants à atteindre ? Nan parce que j’le sens bien moi. Et j’le vois déjà me maudire de loin. D’ailleurs au passage, j’ai rarement eu beaucoup de confort, donc t’en fais pas, ça fait pas partie de ma palette de prestations. »

Et c’est quoi tes prestations, jeune femme ? Non, juste pour informations et parce que cette affirmation est très sujette à dérapage et vannes incontrôlées.

«Un vrai, plutôt un truc o il y a du soleil, mais pas trop cher, et pas une chaleur ou un pays où il y a des extrêmes dans les températures. Bref, un truc assez pépère pour deux vieux presque croulants. »
Regard en biais. T’es sérieux là ?
« Ouais voilà, après je ne sais pas s’il faut des … diplômes spécifiques pour bosser là-dedans, mais j’suis sûre que si tu y vas au culot, tu peux baratiner, montrer ton expérience dans les pays et ça passera peut-être … tu peux, je suppose apprendre sur le tas.»
« Oh t’en fais pas, j’suis pas mauvaise pour baratiner en général. J’ai rarement eu des jobs autrement qu’au culot. »

Ou au cul te dirait Alec, mais il n’est pas là. T’y penses aussi, avoue.

« Va vraiment falloir que tu arrêtes de te considérer comme un vieux croulant, j’te promets, j’suis sûr que c’est vexant pour les arthritiques. Encore une fois, putain, si c’est ça un vieux, j’vais devenir… »

Blocage. Il y a un nom pour l’inverse d’une cougar ? Non, puisque c’est un principe très sexiste de base.

« Bref. J’vais pas finir cette phrase en fait. Changement d’avis. Bon du coup tu n’as pas du tout bougé d’ici depuis ? »

Dim 9 Aoû 2020 - 18:04

Essayer de donner son avis sur deux gens qu’il ne connaissait et le tout avec deux ou trois phrases de présentation ? Compliqué mais il essayait de faire de son mieux avec ce qu’il avait sous la main. Les deuxièmes chances n’étaient pas forcément à donner à tout le monde, mais certains savaient changer de leurs erreurs. Certains. C’était peut-être un conseil un peu dangereux, ou une pensée dite comme ça qui pouvait mener à beaucoup de malheur mais en même temps… Pourquoi pas. Elle haussa les épaules tout en répliquant :

« Sans doute. Ecoute j’suis pas secouriste moi. A un moment, si elle veut de l’aide, il faut qu’elle prenne mes perches, j’en ai pas quarante en stock. »
« J’en ai pas non plus énormément en stock.»

Et après le boulot, il n’avait peut-être pas non plus énormément de patiente. Ou alors cela dépendait aussi pas mal des gens qu’il avait en face. Il lui demanda ensuite de faire attention à elle et avec le demi-sourire en coin, il comprit enfin d’où venait les hématomes. Il est vrai qu’il les avaient à peine remarqués, il est vrai qu’il avait été plus regardant sur le visage de la demoiselle que sur ses bras et son cou. Moment de gêne. Il est vrai qu’il aurait peut-être du poser un peu plus de questions, mais vu qu’elle semblait bien, en pleine forme, qu’il n’y avait pas eu de signaux quelconque, il n’y avait pas fait tant attention que ça. Erreur monumentale, probablement. Il ouvrit quelques instants la bouche avant de la refermer ne sachant pas trop quoi dire d’autres. Quelle triple buse il faisait ! C’était un peu tard pour lui dire que si elle avait besoin d’aide, elle pouvait lui demander. Probablement qu’elle le savait. Probablement qu’elle n’avait pas besoin d’aide.. et elle ne semblait pas vouloir s’entendre sur le sujet. Mais ça faisait beaucoup d’hypothèses. Finalement il se décida à laisser juste quelques mots.

« Enfin si t’as besoin…»

Petite porte ouverte, il ne se voyait pas insister plus. Si elle voulait lui parler, d’être hébergée… En attendant, ils avaient changé de discussion pour trouver quelque chose de plus joyeux.

« Disons que je dois plus tendre vers l’alcolo que la sainte. »
«Intéressant, intéressant ! »

Et puis ils passèrent sur le boulot. Les voyages de la jeune femme était une bonne qualité pour trouver un boulot même si elle n’avait pas vraiment de diplomes, du moins de son point de vue. Les voyages forment la jeunesse, n’est-ce pas ?

« Oh oui, sans doute. Les tarées qui se barrent de chez elles avant leur majorité pour faire le tour du monde avec un sac à dos, ça ne doit pas courir les rues, j’imagine sans problème que j’ai un profil atypique oui. Tu peux rajouter ‘capacité d’adaptation manifestement pas trop dégueulasse’ à mon cv en plus des différentes langues. Et arnaqueuse professionnelle vivant au crochet du canapé de parfaits inconnus dans mon graaaand palmarès d’adolescente butée et un peu cintrée. »
Il eut un sourire amusé mais répliqua assez rapidement «Ouais, alors il y a certains points qu’il vaut mieux oublier quand tu te présentes, ou que tu tournes ça de façon un peu plus positives, même si j’avoue que arnaqueuse professionnelle et compagnie c’est dur de le transcrire … à part dire que tu as du charisme et beaucoup de bagou. »

Peut-être qu’il aurait dû lui demander de nouveau ce qu’elle entendait par ces termes d’ailleurs, mais il s’en fichait, il n’était pas de la police, ça n’était pas vraiment son buissness. Et vu qu’elle s’y connaissait en voyage, il voulait quelques renseignements.

« Ouh… l’idée de faire galérer ton meilleur pote qui est un parfait inconnu m’amuse assez j’avoue. J’peux vous préparer un super trip à base d’auberges, de lieux paumés, de randos et de coins improbables, super chouettes mais PUTAIN de chiants à atteindre ? Nan parce que j’le sens bien moi. Et j’le vois déjà me maudire de loin. D’ailleurs au passage, j’ai rarement eu beaucoup de confort, donc t’en fais pas, ça fait pas partie de ma palette de prestations. »

Est-ce qu’un petit sourire machiavélique s’était affiché sur son visage ? Tout à fait ! Mais elle vendait tellement bien la chose et il voyait tellement les tronches que Shadwell pourraient tirer que c’était presque trop bon.

« Parfait pour moi !» dit-il avant de rajouter quand même que niveau température il fallait que ce soit pas trop chaud et qu’il y ait un peu de soleil…il fallait que malgré la galère ça ressemble à des vacances ! On ne pousse pas mémé dans les orties.
« Oh t’en fais pas, j’suis pas mauvaise pour baratiner en général. J’ai rarement eu des jobs autrement qu’au culot. »
« Je n’ai étrangement aucun mal de te croire !»
« Va vraiment falloir que tu arrêtes de te considérer comme un vieux croulant, j’te promets, j’suis sûr que c’est vexant pour les arthritiques. Encore une fois, putain, si c’est ça un vieux, j’vais devenir … Bref. J’vais pas finir cette phrase en fait. Changement d’avis. Bon du coup tu n’as pas du tout bougé d’ici depuis ?»
« Non, non attends, ça m’intéresse aussi… Tu vas devenir quoi ? Et promis, j’essaye de ne plus utiliser ces termes, je voulais juste dire que je n’ai pas non plus la même fraicheur que toi. Nous voir galérer ça serait bien, surtout lui… mais il faut quand même qu’il fasse beau et ni trop chaud ni trop froid . Ouais en plus j’suis casse-pieds ! Mais j’assume totalement, mon ami n’a normalement aucun souci physique, aucune maladie ou autres.

Il n’avait pas précisé pour lui, vu son boulot, des petites escapades ne lui faisaient pas franchement peur. Il voulait juste en chier un peu, sans non plus qu’il y ait un niveau de difficulté énorme. Des bons souvenirs, entendre Ruben râler toute la journée l’insulter, mais au final qu’il s’amuse un peu l’autre prof.

Dim 9 Aoû 2020 - 19:05

« J’en ai pas non plus énormément en stock.»
« Ouh, pas si philanthrope que ça le grand sauveur de ses dames. C’est rassurant, j’me sens un poil moins garce. »

Sincèrement… elle ne s’attendait pas à ça de lui. Comme quoi, peut-être était-il moins bonne âme bonne poire qu’on pourrait le penser. Elle était peut-être tombée sur un jour de bonté cette soirée-là. Toujours était-il qu’elle répondait sur le ton de la blague. Mais voilà, son rôle dans la vie, pas plus que celui de Naveen était de sauver qui que ce soit. Encore moins si ceux-ci refusaient de l’être. Prendre ce recul et ne pas se bouffer la vie était essentiel également pour ne pas se faire engloutir.
Et d’ailleurs, il n’avait pas tardé à la mettre en garde concernant ce genre de types. Oui, il pouvait être violent et revanchard, elle l’avait remarqué quelques jours plus tôt oui.

Mais c’est bien si tu fixes mes yeux et ma belle gueule, c’est qu’au moins tu ne te perds pas dans mon décolleté.

« Enfin si t’as besoin…»

Elle l’avait vu, ce malaise soudain dans son regard, cette main qu’il lui tendait soudainement.

« Ah attention, tu re-vires philanthrope là. Fait gaffe, les rechutes c’est jamais bon. »

Un petit sourire et elle repoussait la proposition d’un geste de la main. Tout va bien, je gère l’autre con…. Et de toute manière, si ça n’est pas le cas, ça n’est pas toi qui pourra m’aider. Donc on oublie l’idée et on passe à autre chose. Je ne suis plus la gamine perdue qui prenait sur elle pour essayer d’avancer et de se démerder seule… ou plus exactement, si, sans doute, mais maintenant si je suis perdue et incapable… ça se voit moins. Ou pas du tout.
Next donc.

« Disons que je dois plus tendre vers l’alcolo que la sainte. »
«Intéressant, intéressant ! »

Un petit sourire en coin, le verre au bord des lèvres, les prunelles qui brillent une fraction de seconde.

«Ouais, alors il y a certains points qu’il vaut mieux oublier quand tu te présentes, ou que tu tournes ça de façon un peu plus positives, même si j’avoue que arnaqueuse professionnelle et compagnie c’est dur de le transcrire … à part dire que tu as du charisme et beaucoup de bagou. »

Cette fois, elle riait franchement, se contentant d’un clin d’œil amusé sans développer plus ses frasques d’adolescence. Quelque part, tu n’as pas l’impression de t’être fait un peu arnaquer, toi, à l’époque ? Grand bien te fasse.
Est-ce qu’il y avait réellement tant de choses à raconter ? Moins que ce qu’elle sous-entendait, plus que ce qu’elle dégageait au premier abord avec sa bouille de gentille poupée. Juste équilibre. La conversation tendait finalement vers ses voyages et ce qu’elle pourrait bien mettre en place pour une escapade pour les deux compères.

« Parfait pour moi !»
« Ouh, t’es joueur toi.. »

Ce petit sourire, elle ne s’en départait plus, toujours un peu effronté.

« Oh t’en fais pas, j’suis pas mauvaise pour baratiner en général. J’ai rarement eu des jobs autrement qu’au culot. »
« Je n’ai étrangement aucun mal de te croire !»

Petit rire de gorge. « Quoi ça se voit un peu ? » C’était cynique, bien entendu qu’elle pouvait dégager cette impression, c’était bien l’intérêt d’y avoir travaillé durant des années, permettant de se forger une carapace et des capacités d’adaptations qu’elle n’aurait sans doute jamais eu si elle était simplement restée gentiment chez… chez qui ? Maman. Ben non. Papa ? Pas reconnu. Ouais, le problème est là. Passons.

« Non, non attends, ça m’intéresse aussi… Tu vas devenir quoi ? Et promis, j’essaye de ne plus utiliser ces termes, je voulais juste dire que je n’ai pas non plus la même fraicheur que toi. Nous voir galérer ça serait bien, surtout lui… mais il faut quand même qu’il fasse beau et ni trop chaud ni trop froid . Ouais en plus j’suis casse-pieds ! Mais j’assume totalement, mon ami n’a normalement aucun souci physique, aucune maladie ou autres. »
« Fraiche, bien, je note ce superbe compliment. Ça va me faire ma journée ça j’le sens : je suis fraiche. »

Oui, elle se foutait totalement de lui. Bien entendu, la jeune femme avait compris ce qu’il voulait dire, c’était simplement plus drôle de rebondir là-dessus que d’accepter simplement les choses comme ça.

« Tu m’étonnes que ça t’intéresse… »

Et.. non, pas de suite, parce que j’aime bien faire mariner les gens et qu’actuellement, mes neurones ont besoin de débrancher.

« Bon donc pas trop loin pour éviter l’avion pour les frais c’est ça l’idée ? Climat agréable, baignades prévues mais balades un peu sympa pour en chier pendant la journée mais découvrir des chouettes coin et voir du pays si je résume bien ? Ben tu sais quoi, j’y réfléchis un peu et j’te fais un devis hein. Vous voulez partir quand au juste, que j’ai une idée du timing et de la météo .. »

Oui, ça peut servir. Et oui, elle envisageait réellement de faire ça. Et pourquoi pas ? C’était soit ça, soit se jeter à cœur perdu dans les entraînements avec Doro ou ceux à la salle, et vu qu’elle faisait déjà ça, il lui fallait bien d’autres occupations. Ecumer les bars étant certes une proposition alléchante, mais qui avait déjà démontré ses limites.

Dim 16 Aoû 2020 - 20:52

« Ouh, pas si philanthrope que ça le grand sauveur de ses dames. C’est rassurant, j’me sens un poil moins garce. »
«J’essaye d’en garder un peu pour quand je suis off, mais des fois elle est déjà épuisée à la moitié de la journée… mais promis, je fais de mon mieux ! »

S’il l’avait connue un peu mieux, peut-être qu’il aurait osé lui faire un petit geste amical en plus, mais le but n’était pas qu’elle le prenne mal, surtout que tout était vraiment ok pour lui. Il s’était donc contenté d’un petit clin d’œil avant de rajouter

« Et tu ne peux pas aider les gens contre leur volonté non plus, ça peut être contre-productif et elles peuvent, pour certaines plus se braquer qu’autre chose et c’est contre-productif. Mais tout est dans le cas par cas. Te mettre en danger ne servira pas non plus à grand-chose» Il haussa un peu les épaules avant de continuer «Il faut juste savoir faire de patiente si tu sens qu’il y a une brèche, une réelle façon de l’aider. »

Il voulait bien être gentil et aider son prochain, mais à un moment on ne pouvait plus rien, et tout ce qui concernait les histoires de cœur on ne pouvait pas dire qu’il en avait énormément, ça lui donnait plus envie de les secouer comme il l’avait fait avec Ruben. Excepté, s’il y avait une histoire de violence conjugale dans le lot, là c’était encore différent. Bref sa patiente essayait de s’adapter à ce qui se passait, à la gravité. Il en voyait déjà dans la journée largement assez, sans recommencer dans ses pauses.
Ils avaient viré sur la violence que ce type avait fait preuve envers elle, et il l’avait amoché…. Et lui se sentait mal de n’avoir pas avoir proposé un peu plus son aide.

« Ah attention, tu re-vires philanthrope là. Fait gaffe, les rechutes c’est jamais bon. »
« C’est que ça en vaut la peine, probablement. » répliqua-t-il finalement avec un fin sourire, le même qu’elle avait sur la tête.

Elle n’avait pas l’air de vouloir son aide, mais au moins elle savait qu’elle avait cette possibilité, probablement qu’elle était en sécurité chez la personne chez qui elle logeait.
Ils avaient donc recommencé à déconner un peu, parfois sérieusement sur le boulot que pourrait faire la jeune femme, non par ce que arnaqueuse professionnelle, ce n’était pas très vendeur, et visiblement cela la faisait beaucoup rire. Bon au moins, ça restait quand même un point positif, elle ne le prenait pas mal et même si elle se marrait peut-être qu’elle prendrait un compte ce qu’il disait là. Ils en étaient arrivés à ce qu’elle leur prépare un voyage à Ruben et lui. Il entendait déjà le Comlombien gueuler comme un putois lorsqu’il découvrirait le pot aux roses ! Mais Naveen ferait en sorte qu’ils soient déjà arrivés… ou alors dans l’avion une fois que ce dernier avait décollé. Bref, il serait mis devant le fait accompli.

« Ouh, t’es joueur toi.. »
« Probablement un peu trop pour mo bien vu ce que tu risques de nous préparer, mais ouais. Un peu de folie de temps en temps, ça peut pas faire de mal ! Idem pour l’aventure… mais j’avoue que j’adore emmerder mon meilleur ami, et ça je sens que ça va être au poil.» Enfoiré, petit con . Tout à fait, c’était bien lui ! Il avait quand même un peu pitié de lui et avait précisé deux ou trois petites choses.

« Fraiche, bien, je note ce superbe compliment. Ça va me faire ma journée ça j’le sens : je suis fraiche. »
«T’as échappé au « fraiche comme la rosée » ou un truc du genre… j’en aurais été capable. »

Bon, on reprend son sérieux.

« Tu m’étonnes que ça t’intéresse… Bon donc pas trop loin pour éviter l’avion pour les frais c’est ça l’idée ? Climat agréable, baignades prévues mais balades un peu sympa pour en chier pendant la journée mais découvrir des chouettes coin et voir du pays si je résume bien ? Ben tu sais quoi, j’y réfléchis un peu et j’te fais un devis hein. Vous voulez partir quand au juste, que j’ai une idée du timing et de la météo .. »
« Fin avril, quelques jours, ou sinon cet été. C’bien l’été aussi, il aura plus de temps pour s’en remettre en plus comme ça.»

Ouais comme ça Ruben aurait une semaine ou deux, ou peut-être trois pour se reposer un peu plus. Il n’était pas encore certain qu’il allait lui imposer ça, mais franchement ça le tentait, au moins ça lui occuperait un peu plus l’esprit sur certaines choses…

« Mais sinon, je crois que tu as bien résumé, faut quand même qu’il ait quelques récompenses cool, et que je puisse lui vendre un minimum de rêve ! Ca marche pour le « devis » ! Je suis vraiment curieux de savoir ce que tu peux nous concocter… enfin me ; après faut que je vois comment je peux lui vendre ça, je pense en surprise. En mode «Tu verras ça sera coool, fais-moi confiance », tu penses que je fais crédible quand je dis ça ? »

La réponse était probablement non, il aurait trop envie de ricaner et aurait son petit sourire filou affiché sur sa tronche.

Mar 18 Aoû 2020 - 19:11

«J’essaye d’en garder un peu pour quand je suis off, mais des fois elle est déjà épuisée à la moitié de la journée… mais promis, je fais de mon mieux ! »
« Faire de son mieux, mais quelle idée… »

Arrête de faire de ton mieux. Laisse la philanthropie au placard. Faire de son mieux est fatiguant, ne sert pas toujours à grand-chose. Non, Jordane n’avait pas envie de faire de son mieux. Pas envie d’être quelqu’un de bien, pas envie d’encore faire des efforts. Elle ne le disait pas, bien sûr mais, ébranlée par les derniers événements concernant Lex, une partie d’elle n’avait juste plus envie d’essayer quoi que ce soit. Certainement pas d’être comme on l’attendait d’elle. C’était la fatigue qui parlait, l’impression de ne rien comprendre, la frustration d’être celle qu’elle ne devrait pas, de ressentir ce qu’elle ne devrait pas, l’impression qu’au fond, elle n’y arriverait jamais, alors à quoi bon ?

« Et tu ne peux pas aider les gens contre leur volonté non plus, ça peut être contre-productif et elles peuvent, pour certaines plus se braquer qu’autre chose et c’est contre-productif. Mais tout est dans le cas par cas. Te mettre en danger ne servira pas non plus à grand-chose»

Il disait sans doute ça en évoquant les marques qui bardaient son corps. Pas de connaissance de la situation, évidemment, et elle n’en parlerait pas.

« C’est pas mon intention. »

C’est sans doute pas tout à fait vrai. Est-ce qu’elle avait envie de passer sa frustration en lui arrachant les globes des orbites ? Sans doute un peu. Mais dans le fond, non, elle n’irait pas le chercher, surtout pas après sa déconvenue auprès de la Garde. Jordane n’avait rien cherché de cette situation, avait voulu en tirer partie, ça n’avait pas marché, mais elle resterait à l’écart, gentiment, prendrait sur elle. Encore. Comme quoi, Poudlard avait fini par lui apprendre la patience.

«Il faut juste savoir faire de patiente si tu sens qu’il y a une brèche, une réelle façon de l’aider. »

La patience nous disions.

« Ouais. »

Pas certaine qu’elle en ait autant que ça. Elle verrait bien le moment venu. Actuellement, Jordane ne voulait ni penser à Anna, ni à Lilian et certainement pas à Lex. Elle coupait, c’était aussi bête que ça. L’envie de tout lâcher et de se barrer cognait sous ses côtes depuis ces quelques journées, alors à défaut, elle prenait un verre ici, et chassait de ses pensées le reste. D’ailleurs il était clair dans sa façon d’être qu’elle n’avait aucune envie de développer le sujet : phrases courtes, évasives, fermées. Autant lorsqu’elle parlait d’Anna, Jordane était capable de développer, autant si la conversation se tournait un tant soit peu sur elle et les emmerdes qu’elle pouvait avoir avec ce type – évidentes, pourtant au vu de son état – elle coupait court. Et ne développait pas sur ses propres douleurs, sur l’angoisse sous-jacente, sur les marques qui la bardaient et sur lesquelles Naveen s’était attardé un instant. Non, elle usait d’humour pour l’éloigner de l’idée même de jouer au chevalier servant et au super héro pour venir la sortir de sa merde de nouveau.
Laisse ta philanthropie de merde de côté, je gère.

Et pourtant, il lui avait adressé un petit sourire. Sans doute hésitait-il même à faire un geste vers elle.

« C’est que ça en vaut la peine, probablement. »

Tu en vaut la peine, neuneu, te dit-il.

Sans doute moins que ce que tu penses.

Une réflexion qu’elle n’avait pas faite, ne cherchant pas à être réconfortée, engueulée ou boostée. Pas envie ni de se victimiser, ni de s’étendre sur le sujet. Mais ça restait là, dans le fond de sa caboche, en sous texte alors qu’elle se contentait de lui sourire doucement, passant à totalement autre chose, laissant la proposition en suspens sans y donner suite.

« Probablement un peu trop pour mo bien vu ce que tu risques de nous préparer, mais ouais. Un peu de folie de temps en temps, ça peut pas faire de mal ! Idem pour l’aventure… mais j’avoue que j’adore emmerder mon meilleur ami, et ça je sens que ça va être au poil.»
Un rire joyeux. « Et vu que j’aime emmerder les gens, ça colle bien. Je te confirme, vous repartirez avec des souvenirs. »

Je ne dis pas qu’ils ne seront QUE positifs.

« C’est toi qui le dit : les voyages forgent la jeunesse, faut bien vous la forger en retard du coup.. »

Je vais vous forger moi tu vas voir +out+.

«T’as échappé au « fraiche comme la rosée » ou un truc du genre… j’en aurais été capable. »
« Ah ouais on en est là. Bien bien. Tu sais que même sur l’échelle de la drague naze, personne ne me l’a jamais faite celle là ? Et pourtant j’ai eu le coup du père qui est un voleur ayant piqué toutes les étoiles du ciel … c’est dire. »

Bref, ce voyage.

« Fin avril, quelques jours, ou sinon cet été. C’bien l’été aussi, il aura plus de temps pour s’en remettre en plus comme ça.»
« Pourquoi ; il est prof ? »

Auto-clash.

« Mais sinon, je crois que tu as bien résumé, faut quand même qu’il ait quelques récompenses cool, et que je puisse lui vendre un minimum de rêve ! Ca marche pour le « devis » ! Je suis vraiment curieux de savoir ce que tu peux nous concocter… enfin me ; après faut que je vois comment je peux lui vendre ça, je pense en surprise. En mode «Tu verras ça sera coool, fais-moi confiance », tu penses que je fais crédible quand je dis ça ? »
« Hm ça dépend à quel point il te connait et s’il te voit venir à huit kilomètres quoi. Nan mais fait lui le coup de la surprise intégrale et il n’a pas le droit de poser de questions, c’est bien ça. Ça met un peu de piment dans le truc… Enfin si t’arrives à tenir le truc, j’te vois déjà te marrer et lâcher le morceau beaucoup trop vite. »

Un silence qui s’étend lorsqu’elle y réfléchit un peu. « Faudra que tu me donnes une idée du budget pour deux quand même. J’imagines que vous n’êtes pas autant à la ramasse que moi, donc ça me donnera une vague notion de… dans quoi vous embarquer. »

Non parce que moi j’envisage d’aller voir les baleines gratuitement en Australie un weekend, forcément, nous n’avons pas les mêmes valeurs quoi.

« Et tu sais quoi, je t’envoie un mail le weekend prochain pour te donner des propositions si ça te va. »

Pas ce genre de propositions, oh, ça vaaa. Enfin quoi que… non mais sérieusement, vous avez vu ces yeux ?!

« Tu viens ici souvent ? … Histoire de recharger les batteries en alc… euh en philanthropie ? »

Alcool, philanthropie, c’est la même chose… Il en faut une sacrée dose pour rester bienveillants.

« Quoi que la dernière fois, je t’avais déjà accosté dans un bar… » Accosté, oui, quand on drague ouvertement quelqu’un, qu’on pose sa main sur sa cuisse en riant comme une dingue qui fait semblant d’être à l’aise bien que beaucoup trop jeune pour l’être totalement… oui, on peut parler d’accoster. « .. En fait c’est toi qui lève les petites jeunes et c’est moi qui me suis fait avoir. Moi qui ai toujours cru que la situation était inversée… quelle idiote… »

Un petit sourire aux lèvres, elle reprenait quelques gorgées d’alcool, consciente de siffler ce verre beaucoup trop rapidement. L’ex Serdaigle ne tarderait donc pas à rappeler le serveur.

Sam 22 Aoû 2020 - 22:00

« Faire de son mieux, mais quelle idée… »
« Que veux-tu, je ne peux pas non plus changer du tout au tout, n’est-ce pas ?» répliqua-t-il en plaisantant.

Bon, maintenant que la phase un peu « con » était passée, il voulait tenter de lui donner de « vrais » conseils, ou du moins quelque chose qui pouvait y ressembler, il voulait surtout qu’elle fasse attention à elle et qu’elle se rappelle que l’on ne pouvait pas aider quelqu’un contre sa volonté, ou que si, on pouvait, mais généralement cela avait rarement l’effet escompté ! Il essayait de ne pas aller plus loin, par ce que malgré tout elle était grande et elle avait l’air de savoir prendre ses décisions, bref, de ne pas forcément avoir de conseils de quelqu’un comme lui. Il se contenta d’acquiescer doucement lorsqu’elle dit que ce n’était pas son intention mais ne répliqua pas grand-chose derrière, trouvant cela assez inutile ! Il avait ensuite parlé de patience, mais il savait que ce n’était pas aussi simple que ça… d’ailleurs la jeune femme ne semblait pas si emballée sur ça !
Allez on passe à autre chose … comme par exemple lui laisser un peu une porte ouverte si jamais elle en avait besoin. Ce n’était pas grand-chose, mais si elle se sentait perdue qu’elle n’avait personne ça lui ferait toujours une idée à exploiter. Il se doutait qu’elle avait pas mal d’amis sur qui compter, ça serait bien normal vu son caractère… mais au cas où. Oui, voilà, on ne sait jamais ce qui a pu se passer pour elle ces derniers temps.

Ils en étaient finalement arrivés à un sujet un peu plus joyeux à savoir ses prochaines vacances avec son meilleur ami, et vu que Jordane avait l’air très bonne là-dedans, il lui avait proposé d’essayer de lui trouver une chouette idée !

« Et vu que j’aime emmerder les gens, ça colle bien. Je te confirme, vous repartirez avec des souvenirs. »
« Le principal c’est que l’on reparte en un seul morceau … et pas dans un cercueil… ceci dit une fois mort, je doute que l’on est ait réellement des souvenirs, tout dépend de ta façon de voir les choses.»

La vie après la mort, il n’y croyait pas du tout. Il aurait bien aimé dans un sens croire que sa fille pouvait le voir de là où elle était, mais non, pour lui elle était surtout un tas d’os dans un cercueil de vers – ou autres bêbêtes- à présent. Bref tout ça pour dire qu’il aimait cette idées de souvenirs et qu’il espérait que ça ne finirait quand même pas trop mal ! Vous avez déjà vu un Ruben buté plein de mauvaise fois qui fait son grognon et son mal embouché ? Il était capable de se faire mal tout seule ce con dans ces moments là.

« C’est toi qui le dit : les voyages forgent la jeunesse, faut bien vous la forger en retard du coup.. »

Comme seule réponse, il ricana un peu. Et il avait enchainé sur une vieille blague totalement pourrie… et totalement assumée également.

« Ah ouais on en est là. Bien bien. Tu sais que même sur l’échelle de la drague naze, personne ne me l’a jamais faite celle là ? Et pourtant j’ai eu le coup du père qui est un voleur ayant piqué toutes les étoiles du ciel … c’est dire. »
« J’aime surprendre mon public. Je dois en avoir encore quelqu’unes comme ça en stock… Mais ça explique pourquoi je suis toujours seul dis donc.» plaisanta-t-il.

Non, il ne disait pas ça quand il draguait, il n’était quand même pas vieux jeu à ce point-là… On reprend sur les voyages maintenant, cette petite aparté a probablement assez duré !

« Pourquoi ; il est prof ? »
« Ouaip, à l’Université.»

Si, si l’information était importante pour lui, par ce qu’il avait cette « assurance » qu’ont certains profs d’Université, comme s’ils étaient meilleurs sur les autres faisant ce même métier mais en cursus de lycée, collège. Il adorait Ruben, mais parfois, sur ce sujet-là il le trouvait un peu pédant, mais il se faisait peut-être une fausse idée de tout ça.

« Hm ça dépend à quel point il te connait et s’il te voit venir à huit kilomètres quoi. Nan mais fait lui le coup de la surprise intégrale et il n’a pas le droit de poser de questions, c’est bien ça. Ça met un peu de piment dans le truc… Enfin si t’arrives à tenir le truc, j’te vois déjà te marrer et lâcher le morceau beaucoup trop vite. »
« Tu me connais trop bien, et tu ne sais pas à quel point il peut être relou… s’il s’y met, il va être qu’un gamin en période du « pourquoi » et du « c’est quoi ça » ? C’est peut dire.»Un peu d’amour vache entre les deux, quoi de plus normal ?
« Faudra que tu me donnes une idée du budget pour deux quand même. J’imagines que vous n’êtes pas autant à la ramasse que moi, donc ça me donnera une vague notion de… dans quoi vous embarquer. »
« Faut que je vois ça avec lui et je te tiendrai au courant !»
« Et tu sais quoi, je t’envoie un mail le weekend prochain pour te donner des propositions si ça te va. »
« Ca dépend des propositions que tu fais, mais dis comme ça me va.»

Il eut un petit sourire en coin. Vas-y, fais lui ce genre de proposition qu’il a en tête et tu verras bien sa réponse ! Un peu de tenue Naveen, t’es ptet un peu vieux pour elle, te fais pas trop d’illusion.

« Tu viens ici souvent ? … Histoire de recharger les batteries en alc… euh en philanthropie ? » Humhum. Vas-y continue tu as l’air bien lancée, là. « Quoi que la dernière fois, je t’avais déjà accosté dans un bar... En fait c’est toi qui lève les petites jeunes et c’est moi qui me suis fait avoir. Moi qui ai toujours cru que la situation était inversée… quelle idiote… »

Oh. Oh.Oh. ~~geant vert~~
Il se contenta de lui faire un petit clin d’œil amusé dans un premier temps… mais il se posait quand même quelques questions : est-ce qu’elle était en train de lui faire du rentre-dedans, ou alors est-ce que c’est son esprit qui divaguait et s’imaginait des sous-entendus là où il y avait une discussion tout à fait normale ?

« Ca dépend aussi de l’âge, tu sais la pédophilie c’pas trop mon truc.» Encore heureux. « Et utiliser un pseudo… disons charme pour lever les petites jeunes et je rajoute perdue, sans forcément te viser, c’est pas très glorieux, pour ne pas dire problématique.» Il haussa les épaules, lui faisant un nouveau sourire radieux. « Ceci dit, aujourd’hui tu es majeure, j’en suis certain, tu es l’es même e plusieurs larges années, tu as caractère et tu n’es pas perdue… donc, ça ne serait en rien problématique. Et ouais, j’aime bien aller me boire quelques coups, pour me détendre et faire des rencontres après le boulot…» Il eut un vague rire avant de continuer « D’ailleurs, e tiens à te faire remarquer, que c’est rarement moi qui fait le premier, mais les jeunes filles qui viennent vers moi. Du moins dans ton cas.» Sourire amusé ; vas-y dis le encore plus clairement Jordane s’il y a vraiment quelque chose à tenter.

Ven 28 Aoû 2020 - 23:30

Faire de son mieux. Pourtant c’était exactement ce qu’elle avait fait. Ce qu’elle essayait encore de faire. Mais Jordane essuyait échec sur échec. Trois jours plus tôt, elle décidait de s’ouvrir face à Lex, de laisser du lest, d’accepter d’être faible et vulnérable face à un homme alors même que la veille, elle en affrontait un autre, décelant dans la foudre de son regard l’envie réelle, honnête, d’en finir avec elle. De lui faire mal, profondément mal. Pourtant c’était bien le second qui y était arrivé. Le premier n’avait fait qu’effleurer les douleurs que son corps pouvait encaisser. Elle avait eu peur, oui, mais ne s’était jamais pensée fichue, n’avait jamais trouvé que la souffrance était intolérable, n’avait jamais perdu espoir.
Le second avait réussi tous ces exploits sans même le remarquer ou comprendre ce qui avait dérapé au juste entre eux.
La veille, elle était là, près de lui, toute porteuse de mauvaises nouvelles qu’elle était. Un mort. Un ami ayant rejoint le clan ennemi, un autre qui risquait de suivre le mouvement. Et lui qui était là, qu’elle tentait d’inclure, qu’elle n’osait pas regarder de peur de s’écrouler face à trop d’informations. Avait-il seulement compris ? Seulement cherché à comprendre ce qui pouvait se passer dans sa tête ? Est-ce qu’il avait cherché à voir tous les efforts qu’elle avait faits ? Est-ce qu’il avait cherché à savoir si la personne qui avait quitté leur monde était un ami ? Est-ce qu’il imaginait le quart des putains de souvenirs qui irradiaient dans ses neurones, venant vriller ses nerfs à chaque instant. Et elle ? Oui, elle s’imaginait comme elle pouvait être impossible à suivre, elle qui gardait toujours ses plaies pour elle, elle qui se réfugiait derrière l’humour ou la violence dès que les choses devenaient compliquées ou simplement trop.
Trop pour elle.

Dommage. Avait elle répondait à ses tentatives de rattraper les choses. Dommage. C’est dommage de m’aimer quand je n’ai apparemment à offrir que violence et désarroi. C’est dommage d’espérer quoi que ce soit d’une âme brisée apparemment.

Le regard braqué sur Naveen, la jeune femme se demandait qui elle était à l’époque, à quel point elle avait pu évolué, changé. Elle était détruite pourtant, ce mois-là. Le seul moyen de survivre, aussi inadapté que ça puisse semble, c’était simplement fuir. Se confronter à autre chose, s’inventer une nouvelle vie, se mettre face à des difficultés telles qu’elle ne pouvait pas s’imaginer bien s’en sortir. Ce qu’elle avait fait pourtant non ?

Là, assise bien droite sur son siège, une jambe sur la seconde, le regard droit, le menton haut, les marques d’une attaque fièrement exposées. Tu ne m’enchaîneras pas. On ne me maintient pas au sol. Ou ne me fait pas taire. On ne me remise pas dans un coin en espérant que j’y disparaisse.

Est-ce qu’elle y croyait ? Non. Mais c’était justement parce qu’elle était ainsi, qu’elle avait mordu la poussière trop souvent, qu’elle avait découvert la vie aux quatre coins du monde et qu’elle avait rit autant que serré les poings qu’elle ne pouvait simplement pas envoyer un seul putain de texto aujourd’hui pour s’excuser. Parce qu’il l’avait humiliée, à sa façon, par son agacement, par son égoïsme. Et parce qu’elle déclenchait ça. Il n’était pas comme ça, elle ne pouvait y croire. Mais elle provoquait ce truc chez lui. Non, elle ne ferait pas plus d’efforts pour ce résultat lamentable. Pas plus d’efforts pour avoir la mort dans l’âme. Pas plus d’efforts pour se faire planter alors qu’elle cherchait juste à aider une amie.

Vous allez tous vous faire foutre avec vos espoirs à la con, vos remords, vos besoins, vos demandes.

Elle laissait ça de côté, raccrochait avec une autre partie d’elle-même. Celle qui vivait beaucoup plus simplement, en cessant de s’accrocher à des gens à s’en tordre les doigts. Celle qui allait de l’avant, cessait de se faire du mal pour rien. Au contraire, celle là prenait et changeait, se réinventant sans cesse, s’amusait à se redécouvrir ailleurs, autrement, auprès d’autres personnes. Pour une fois, elle laissait la Jordane de Poudlard de côté, celle qui avait fait des efforts pour accepter les autres, pour les laisser entrer dans sa vie. Celle qui leur avait donné une chance. Qui s’était donné une chance d’être un peu plus complète. Celle là s’était tue alors qu’elle coupait le son de son téléphone. On laisse tomber. On lâche prise. On laisse de côté les derniers jours, ces larmes et ces cris qui ne sortaient pas. Et on rit. On parle de tout et de rien. On ne s’accroche plus à rien. Une femme et un homme dans un bar, sept ans après leur rencontre, sa main sur sa cuisse, aguicheuse. Juste deux personnes qui se retrouvent et prennent des nouvelles.

Pourtant certains sujets sont évités. Par sécurité et pour ne pas se faire de mal. Ouais… par sécurité donc.

« Le principal c’est que l’on reparte en un seul morceau … et pas dans un cercueil… ceci dit une fois mort, je doute que l’on est ait réellement des souvenirs, tout dépend de ta façon de voir les choses.»
« Boh si moi je peux m’en sortir au fin fond de la forêt Russe, deux grands gaillards comme vous peuvent en faire de même non ? ... Dont un secouriste en plus ! On a rarement ça sous la main. Autant en profiter. »

Une référence à ses amusements quelque peu foireux avec Dorofei en début de mois ? Tout à fait. Mais pas que puisqu’elle avait en effet passé du temps en Russie, pas d’inquiétude donc. Aucune référence à la Garde à l’horizon.
Juste une envie de se rappeler la jeune femme que personne n’attrapait au détour d’une allée pour transplanner avec elle afin de lui faire payer ses frasques à Poudlard. Voilà pourquoi elle disparaissait alors. C’est un luxe de pouvoir tout recommencer à zéro, sans arrêt. Effacer ses fautes.

Effacer Anna. Effacer Lex. Effacer Logan. Effacer toutes ces amitiés si chères qui, pourtant, lui pesaient sur la conscience, lourdes et misérables îlots d’espoirs dans la nuit. Celles qui l’enchaînaient parce qu’elle savait que tôt ou tard, elles partiraient.

Aileen ne tarderait pas d’ailleurs, le choix approchait, mais Jordane n’en avait encore aucune idée. Actuellement elle pensait à Lex qui était parti de chez Alec sans un mot, sans un message. Comme Takuma. Comme Emily.

La fuite. Elle n’était pas la seule à se pendre à ce jeu là.
Ou alors était-ce elle qu’ils fuyaient.

Alors quoi ? Ne me dites pas que c’est simplement plus facile de parler de conneries sans importances, d’évoquer une quelconque drague, de s’accrocher à ce truc-là, beaucoup plus abordable et léger.

« J’aime surprendre mon public. Je dois en avoir encore quelqu’unes comme ça en stock… Mais ça explique pourquoi je suis toujours seul dis donc.»

Seul, donc. Que s’était-il passé ? Rien qu’elle ne chercherait à déterrer.

« Tu sais qu’avec des yeux pareils, tu ferais sans doute mieux de la fermer plutôt que de sortir des conneries pareilles, et ça passerait crème. »

Moi j’dis ça…

Et oui, elle avait compris que ça n’était pas vrai. Ou du moins elle l’espérait.

« Pourquoi ; il est prof ? »
« Ouaip, à l’Université.»
« Ok. »

Pencher sur du voyage intellectuel ? Potentiellement. Mais c’est beaucoup plus drôle de le faire crapahuter dans des randos improbables pour visiter des coins sublimes mais perdus. Ça se mérite ces choses là !

« Tu me connais trop bien, et tu ne sais pas à quel point il peut être relou… s’il s’y met, il va être qu’un gamin en période du « pourquoi » et du « c’est quoi ça » ? C’est peut dire.»
« Tu vois… c’est pour ça que je voyage seule. J’te ferais des croix discretos, ça voudra dire qu’il y a des endroits pour le paumer si t’as besoin de respirer deux secondes. »

Loin de ton enfant d’adoption. C’était ce qu’elle avait failli dire mais qu’elle avait tu. S’il n’y avait plus sa femme dans l’équation, et au vue de l’état de leur fille lorsqu’elle avait été invitée à partager leur vie quelques jours, la jeune femme sentait instinctivement qu’elle préférait éviter d’en parler. Ou de sous entendre quoi que ce soit qui puisse y faire penser.

« Faudra que tu me donnes une idée du budget pour deux quand même. J’imagines que vous n’êtes pas autant à la ramasse que moi, donc ça me donnera une vague notion de… dans quoi vous embarquer. »
« Faut que je vois ça avec lui et je te tiendrai au courant !»
« Et tu sais quoi, je t’envoie un mail le weekend prochain pour te donner des propositions si ça te va. »
« Ca dépend des propositions que tu fais, mais dis comme ça me va.»
Un regard en coin, un demi sourire aux lèvres. « Oh rien de trop indécent, j’voudrais pas te mettre mal à l’aise voyons.. »

Ben ouais, Jordane ne met jamais qui que ce soit mal à l’aise par des propositions indécentes, c’est bien connu. Surtout dans une période émotionnellement dure et alors qu’elle n’a qu’une envie : prendre la poudre d’escampette.

« Ca dépend aussi de l’âge, tu sais la pédophilie c’pas trop mon truc.» Sourcils froncés, un demi-sourire moqueur sur les lèvres : t’es sûr de là où tu vas ? « Et utiliser un pseudo… disons charme pour lever les petites jeunes et je rajoute perdue, sans forcément te viser, c’est pas très glorieux, pour ne pas dire problématique.» « Je confirme. » C’est même carrément problématique en effet.
« Ceci dit, aujourd’hui tu es majeure, j’en suis certain, tu es l’es même e plusieurs larges années, tu as caractère et tu n’es pas perdue… donc, ça ne serait en rien problématique. Et ouais, j’aime bien aller me boire quelques coups, pour me détendre et faire des rencontres après le boulot…»

Merde mais c’est qu’il répondrait aux petites piques qu’elle lui lançait depuis un moment ?
Il riait doucement, amusé. ‘Pseudo charme’. PSEUDO charme ? Non mais il s’est déjà vu dans un miroir quand il plisse les yeux lui pour oser se dénigrer ainsi ?

« D’ailleurs, je tiens à te faire remarquer que c’est rarement moi qui fait le premier pas, mais les jeunes filles qui viennent vers moi. Du moins dans ton cas.»
« Pour les p’tites jeunettes perdues et influençables, félicitations, c’est une bonne chose. » Est-ce qu’elle se considère comme une jeunette perdue et influençable ? Non. Blessée, oui, influençable, il ne faut pas déconner non plus. « Pour ce qui est de moi, j’assume complètement mon premier pas. Hey j’ai logé aux frais de la princesse c’est pas mal déjà. »

Enfin aux tiens quoi.

« Et pour ce qui est de ce soir.. »

D’un doigt, elle glissait sur son avant bras, se levant pour venir l’embrasser, s’attardant un instant sur ses lèvres, y goutant comme elle n’avait pu le faire quelques années plus tôt, pleinement décisionnaire cette fois-ci. Lorsqu’elle les lâchait, s’était pour planter son regard clair dans le sien, ses prunelles brutes dans lesquelles se lisait un amusement dont elle ne se cachait pas. Un simple clin d’œil et elle s’éloignait de nouveau, retrouvant son tabouret pour prendre de nouveau son verre en main. Il y restait quelques gorgées, ça ne se gâche pas enfin.

« … Voilà comme ça t’es fixé côté premiers pas. »

Pas de questions à se poser à priori, elle tranchait dans le vif.

A défaut d’effacer le feu de ses blessures à… ah ben : vif.

Dim 30 Aoû 2020 - 18:37

« Boh si moi je peux m’en sortir au fin fond de la forêt Russe, deux grands gaillards comme vous peuvent en faire de même non ? ... Dont un secouriste en plus ! On a rarement ça sous la main. Autant en profiter. »
«Au fin fond de la Russie, réellement ? Qu’est-ce que tu foutais dans ces forêts, c’pas vraiment un lieu de vacances…» demanda-t-il perplexe, avant de rajouter rapidement « Etre un grand gaillard ne veut pas forcément dire grand-chose quand on a pas de condition physique derrière.» Bon d’accord, il exagérait beaucoup, Ruben restait quand même en forme, ils pouvaient donc gérer. Il laissa donc passer quelques instants de silence avant de reprendre « Donc ouais, on peut se débrouiller.»

Bref autrement dit, tu peux y aller du moment que tu gardes ces critères en tête ! Elle est belle la confiance n’est-ce pas ? Laisser chercher une nana qu’il n’avait pas revue depuis 7 ans lui trouver un lieu de vacances « sympa » avec son meilleur ami. C’était quelque chose qui n’était pas forcément très naturel par ailleurs.
Ils avaient donc continué à plaisanter, par ce qu’au final c’était bien plus simple que le reste, même lorsqu’il y avait peut-être un fond (beaucoup) de drague. En s’en rendant compte plus ou moins, il venait de lui dire qu’il était célibataire, byebye la femme.

« Tu sais qu’avec des yeux pareils, tu ferais sans doute mieux de la fermer plutôt que de sortir des conneries pareilles, et ça passerait crème. »
« Moi qui croyait avoir une voix sexy. Je suis déçu.» fit-il en essayant d’abhorrer une tronche déçue, voire vexée, ce qui était plutôt raté vu qu’il avait plus envie de rire qu’autre chose. Se taire, il savait le faire, parfois, mais là il n’en avait pas vraiment envie.

Un petit retour, court, sur le boulot de Ruben, son « ok » ne lui disait bien de bon ! Oh, oh oh ! Il n’ait pas envie de se triturer les méninges lui ! Est-ce qu’elle serait capable de lui faire ce vilain coup ? Il lui jeta un regard suspicieux mais ne rajouta de rien de peur de lui donner quelques idées… Tu vois quand tu veux Evans, tu peux la fermer. Pas sûr que c’était réellement le moment ceci dit.

« Tu vois… c’est pour ça que je voyage seule. J’te ferais des croix discretos, ça voudra dire qu’il y a des endroits pour le paumer si t’as besoin de respirer deux secondes. »

Pouce levé comme seule réponse. Ca va Ru’ tu n’as pas trop les oreilles qui sifflent ? Non. Parfait ! Question budget, il devait quand même voir ça avec le principal intéressé, ne pouvant pas prendre cette décision à la légère. Sa blague avec quelques sous-entendu avait réussi à lui faire un léger sourire

« Oh rien de trop indécent, j’voudrais pas te mettre mal à l’aise voyons.. »
« Il en faut quand même beaucoup pour me mettre à l’aise.» BIP. Faux. Tout dépendait en réalité, de quoi on parlait et de quelle façon.

Et c’est comme ça qu’il en vint à parler des relations vieux/jeunes et du caractère problématique que cela pouvait avoir lorsqu’ils étaient mineurs ou tout juste majeur, ou alors juste fragilisés psychologiquement. Elle semblait d’accord avec lui, il pouvait donc dire aisément qu’elle était majeure visiblement pas fragile psychologiquement… Voilà, comme ça, elle pouvait le prendre comme elle voulait !

« Pour les p’tites jeunettes perdues et influençables, félicitations, c’est une bonne chose. Pour ce qui est de moi, j’assume complètement mon premier pas. Hey j’ai logé aux frais de la princesse c’est pas mal déjà. »
Il lui fit un petit clin d’oeil avant de rajouter «Princesse s’est un peu coupé les tifs par ce que les cheveux longs ça lui va pas, et elle ne sait pas bien super bien chanter, bref c’est une princesse en carton. Je préfère Prince, ça me va mieux et en plus niveau Disney ça colle pas trop mal.»

Ca l’agaçait d’ailleurs, mais bon autant en rire. Il en avait un peu trop soupé de ces blagues.

« Et pour ce qui est de ce soir.. »

Elle glissa un doigt sur son avant-bras lui soutirant un vague sourire. Oui, là au moins c’était clair, d’autant plus que rapidement elle s’était levée pour l’embrasser. Il avait été surpris pendant un temps tandis qu’elle ne semblait qu’amusée. La soirée allait visiblement finir beaucoup mieux qu’elle n’avait commencé. Tout comme elle, il finit son verre, rapidement, facile en même temps il ne lui restait qu’un fond.

« … Voilà comme ça t’es fixé côté premiers pas. »
«Est-ce que tu veux un autre verre, cette fois aux frais d’la Princesse ? » Ouais, la même expression, faut bien avouer qu’il l’aimait bien. « Ou est-ce que tu préfères qu’on aille chez moi, c’est pas très loin d’ici.»

Autrement dit, ils avaient le temps, quand même. Ils pouvaient quand même se boire un autre verre et continuer de parler… Bon personnellement, rentrer maintenant lui allait mieux mais ils étaient deux. Il aurait bien proposé aussi chez elle, ou dans le canap de son pote, mais … il trouvait ça moyen comme proposition. Chez lui, ils seraient seuls, tranquille, pénard, en étant certain de ne pas être déranger sauf si son bipper décider d’emmerder le monde, mais non, ça ne serait pas le cas.

Dim 30 Aoû 2020 - 21:13

Pourquoi agir ainsi ? Il était clair qu’elle glissait par-ci par-là quelques répliques aguicheuses, parfaitement consciente que s’il n’avait pas donné suite à l’époque, c’était qu’il n’était pas intéressé. Une façon d’être générale face à une personne qui l’attirait ? Oui. Ce qui ne l’empêchait pas poursuivre ou non la chose ensuite si l’envie se faisait, si l’alchimie se faisait etc. Pourtant, toute « salope » qu’elle puisse être – ce sont ces mots ! – Jordane n’avait été avec personne depuis que Lex avait exprimé sa volonté qu’ils soient exclusifs. Pas qu’elle ait voulu l’être, mais ça se faisait tout naturellement… avant qu’il ne se mette à insister plus cruellement, mettant fin à ce qui commençait à se construire entre eux. Si elle avait dit ne voir personne d’autre, peut être en aurait-il été différemment. S’il avait compris qu’elle n’était pas capable de s’engager ainsi la première fois qu’elle l’avait expliqué, peut être n’en seraient-ils pas là non plus. Toujours était-il qu’elle n’avait vu ou approché sensuellement personne d’autre depuis plus d’un mois. Alors pourquoi là ? Pourquoi lui spécifiquement ?

La frustration, la colère, la peur et l’envie de vengeance, provoqués d’un côté.
La confiance, l’envie, la légèreté… inspirés par l’autre.

Alors c’était vers cet autre qu’elle se tournait aujourd’hui, souriante et amusée par la situation. Manifestement, elle ne lui évoquait plus une enfant perdue ayant besoin d’être secourue. Cette gosse avait laissé place à une femme sûre d’elle, refusant l’aide là où l’adolescente s’était laissée faire – plus ou moins – apte à se défendre, à faire ses choix, à porter un refus clair si besoin… et une invitation tout aussi claire si elle en avait envie. Nier cette envie aurait été à la fois ridicule et hypocrite. Elle était là à l’époque ; n’avait pas disparu depuis. Et puisqu’elle n’avait cessé de se brider depuis des jours, ne faisant qu’échouer à ressembler à celle qu’on attendait d’elle, Jordane lâchait simplement prise, retrouvant cette qu’elle était quelques mois plus tôt, renouant avec sa spontanéité. Elle ne plaisait pas à Lex ainsi, peut-être d’autres seraient-ils plus réceptifs ?
Peut-être réussirait-elle, surtout, à retrouver plus de sérénité vis-à-vis d’elle-même.

Suivre ses envies sans s’interroger outre mesure sur l’avant ou l’après. Déconnecter. Ne plus se poser de questions.

«Est-ce que tu veux un autre verre, cette fois aux frais d’la Princesse ? …Ou est-ce que tu préfères qu’on aille chez moi, c’est pas très loin d’ici.»

Et là, elle avait envie de lui.

« Tu dois bien avoir de l’alcool qui traîne chez toi… » Disait-elle en retrouvant le sol, lui adressant un clin d’œil joyeux.

Désirs partagés, manifestement. La problématique se limitait là. Bien sûr, la femme… l’ex femme, très probablement de Naveen restait dans un coin de son crâne, tout comme Lex, deux fantômes qui murmuraient par moment par-dessus sa nuque mais qu’elle envoyait valser sans broncher. Elle lui avait dit, elle voulait vivre sans regrets. Pleurer sous sa couette pendant trois jours ne faisait pas partie des options. Alors elle sortait du bar, un petit sourire amusé aux lèvres, entraînant son ancien bienfaiteur avec elle dans l’air froid de la soirée.

« Je te suis. »

Lun 31 Aoû 2020 - 19:41

Au moins, maintenant tout était clair ! Il savait exactement à quoi s’attendre avec la jeune femme. Le plus simple à présent c’était de savoir si elle voulait s’attarder encore un peu ici ou si elle préférait directement aller chez lui. Il lui avait donc posé la question afin d’être fixé et savoir s’ils recommandaient un autre verre ou pas. La réponse n’avait pas tarder à se faire entendre à son plus grand plaisir, il fallait bien l’avouer.

« Tu dois bien avoir de l’alcool qui traîne chez toi… »

Et la voilà qui quittait déjà son siège, il ne tarda pas à l’imiter rapidement en lui faisant un petit sourire en coin. Cette situation était franchement pour lui plaire ; il savait qu’il avait un certain charme – suivant les goûts- mais les jeunes femmes dans sa trance d’âge, c’était quand même plutôt rare et il n’allait pas s’en plaindre vu la beauté de Jordane.

« Ouais, un peu.»

Bon disons qu’il avait quelques bouteilles de différents alcools, certains plus vieux que d’autres et il avait surtout des bières au frigo ! Bref, il en avait un peu pour tous les goûts, mais là n’était pas la question. Ils sortirent ensemble du bar tandis qu’elle lui disait qu’elle le suivait. Heureusement ceci dit, sinon, elle risquait de se paumer ne sachant pas où il habitait !
Il la dirigea donc dans les rues de Londres et finalement entra dans un petit immeuble, monta les escaliers avant de s’arrêter à son palier, il ouvrit la parole et la laissa entrer dans son chez lui : pas très grand, pour ne pas dire petit par rapport à ce qu’il avait avant mais en vivant seul et en étant pas trop là, une petite cuisine ouverte sur un minuscule salon ou il ne rentrait qu’un canapé un meuble Tv et une vague table basse. Heureusement que tout était rangé, un minimum nettoyé comme ça il ne passait pas trop pour quelqu’un qui se laissait totalement aller.

«Installe-toi, tu veux boire quelque chose, je dois avoir de quoi faire un rhum arrangé, d’la vodka, des bières. » Temps de silence avant qu’il ne rajoute « La porte à gauche c’est les toilettes- salle de bain.»

Et donc la porte à droite c’était ce qui lui servait de chambre et si elle voulait directement s’y diriger, elle le pouvait totalement. Ne sachant pas trop où ils allaient, il préféra fermer la porte de son appartement à clefs, laissant ces dernières sur la serrure, si elle voulait partir elles n’étaient donc pas cacher.

« J’suppose que j’ai pas besoin de te faire visiter mon palais ?» crut-il bon de plaisanter. La visite se faisait d’un coup d’œil, n’est-ce pas et ce n’était pas comme s’il avait beaucoup décoré, c’était même plutôt un peu vide parce qu’il ne voyait pas l’intérêt d’investir dans des « machins » décoratifs. Bref, il y avait plus ou moins le strict minimum.

Jeu 3 Sep 2020 - 20:36

Il y a quelque chose de terriblement excitant à partir avec un quasi inconnu en qui on a parfaitement confiance. Car après sept ans, non, Jordane ne connaissait plus cet homme. Elle connaissait des brides de sa vie, connaissait sa personnalité, assez pour ne pas se sentir en danger en s’éloignant avec lui sous le regard amusé du barman. Assez pour garder cette sensation qui s’était imposée en elle chez Lilian de côté, la reléguer au passé, la refuser. Elle restait là pourtant, sous la surface alors qu’elle passait la porte, découvrant les lieux sans un mot, retirant sa veste de cuir pour la poser sur un accoudoir du canapé. Les choses avaient bien changé en sept ans, pour lui comme pour elle. Déjà rude à l’époque, elle n’en demeurait pas moins une ado à problème coupée de tous repères, fuyant la seule personne qui aurait pu lui servir de modèle parental. Quelques maigres années de sport de combat au compteur, elle était restée sur le qui vive durant tout son séjour, c’était donc avec un petit sourire que Jordane sentait cette légère tension toujours présente dans ses muscles. Il y a des choses qui ne changent pas. Son sourire d’effrontée, l’attention qu’elle prêtait à tous les détails, mais aussi cette boule au bas ventre quand elle posait son regard sur celui qui l’accueillait. Sauf que cette fois, il s’agissait de deux adultes, manifestement libres de leurs envies, qui se côtoyaient.

«Installe-toi, tu veux boire quelque chose, je dois avoir de quoi faire un rhum arrangé, d’la vodka, des bières. »

Ah ouais ? Littéralement ; un nouveau verre ? Ok.

« Je ne suis pas contre un ti punch ou un rhum, merci. »

Alcool fort, depuis toujours. Comme un besoin de se prouver qu’elle était rude, forte, qu’elle ne flanchait pas, une doctrine de vie, presque, qui s’était répandue en elle comme un poison à la mort de sa mère. Une façon d’être qui se répercutait dans bien d’aspects de sa personnalité ou simplement de son corps.

« La porte à gauche c’est les toilettes- salle de bain.»

Dans un assentiment calme, elle investissait les lieux, se déplaçait doucement, l’observait avec un petit sourire.

« J’suppose que j’ai pas besoin de te faire visiter mon palais ?»

Un petit rire flottait sur ses lèvres alors qu’elle l’observait se diriger en cuisine, laissant son regard glisser sur lui, détailler ses traits, les confrontant presque involontairement à ses souvenirs. Un œil plus rude pourtant toujours aussi rieur, doux d’il le voulait, une mâchoire plus tranchée délimitée par une barbe naissante. Un bel homme dont le charme l’avait toujours attirée, ça n’était que d’autant plus vrai actuellement.

« Plains-toi tient, officiellement ça doit faire dix piges que je suis sdf. » Elle en riait, se moquait gentiment de lui autant que d’elle-même. S’il fallait réellement la mettre dans une case, ce serait sans doute celle-là. Toujours domiciliée chez son père officiellement, si elle s’y était posée quelques semaines en sortant de Poudlard, ça faisait pourtant des années qu’ils ne l’y avaient pas vue. Et la réalité était nette : ça n’était plus chez elle depuis bien longtemps. Les routes, les auberges, les tentes et même une école remplie de néo-nazis en puissance lui correspondaient étonnement sans doute bien plus. Il faut de tout pour faire un monde, sans doute n’était-elle pas tout à fait faite pour poser ses affaires dans un chez elle qui serait le sien.

Il faut avouer que de varier d’habitations ainsi avait un avantage net : celui de rencontrer des gens. Sous le tissu bleu de sa robe, la jeune femme senti sa peau frissonner, ne tardant pas à rejoindre Naveen dans la cuisine où il s’affairait. Là, elle en effleurait le dos d’une main, lentement, sur toute sa longueur, ne s’arrêtant qu’au contact de sa ceinture, son regard accrochant le sien, s’en délectant alors qu’elle attrapait du bout des doigts le verre qu’il préparait pour le porter à ses lèvres.

Un dos si fin…
Je t’interdis d’y penser.

Comme pour chasser le souvenir, le malaise, la culpabilité, elle prenait deux gorgées de rhum, brûlure bienvenue soufflant sur ses démons, éveillant les braises de son organisme.

« Et la porte à droite ? »

Un sourire en coin se dessine, les pupilles brillent d’envies.

Lun 7 Sep 2020 - 13:46

Quelle idée est-ce qu’il avait encore eu de vouloir faire un autre verre ? Peut-être parce que quelque part dans sa tête une petite voix lui gueulait dessus de ne pas faire ça, Jordane avait l’air d’être bien blessée physiquement, peut-être psychologiquement et qu’il n’avait pas envie d’abuser de cette situation, un autre c’était donc une façon de ne pas la brusquer de la laisser changer d’avis pendant encore quelques instants. Ou alors c’est par ce que c’était un gros troll et que parfois il aimait prendre littéralement les choses. Bonne ou mauvaise solution ? Il ne pouvait pas vraiment le dire actuellement, il essayait juste de faire au mieux pour elle, qu’elle n’ait pas de regrets ou qu’elle ne se sente pas agressée d’une quelconque façon. Trop de précautions dans ces circonstances en valaient mieux que pas du tout.

[colo=tomato]« Je ne suis pas contre un ti punch ou un rhum, merci. »[/color]

Il acquiesça doucement, ok deux pi punch du coup, il lui présenta rapidement l’appartement, au moins, c’était vite fait ! Comment ça ce n’était pas le but à la base, merde ! Il la laissa s’installer tandis qu’il comptait faire les cocktails.

« Plains-toi tient, officiellement ça doit faire dix piges que je suis sdf. »
« Mais tu as le canapé d’un pote… mais c’est vrai ; c’est mieux que rien.»

Il le savait pertinemment, et il n’avait pas besoin de plus grand de toute manière, il aurait pu trouver mieux dans un coin plus excentrer de la ville, mais il préférait être proche de la caserne, cela pouvait toujours servir… et puis lorsqu’il rentrait d’une ou deux jours de garde ne pas se taper « trop » de trajet en plus était quelque chose de bien, pour sortir le soir aussi sans souci c’était pas trop mal ! Bref, il plaisantait mais c’était lui qui avait choisi ça. Il essayait donc de se concentrer sur ce « cocktail » qui était des plus simples, mais il fallait bien avouer que la proximité physique de Jordane avait tendance à le détourner de sa concentration, surtout là avec sa main qui se baladait sur son dos.
Concentration on a dit. Pourtant ça aurait simple, d’un petit geste elle aurait pu se retrouver sur le plan de travail, qui heureusement était presque vide.
Concentration. Plus que les tranches de citron. Puis la chambre, si elle avait d’autres bleus autant qu’elle soit bien installée. Vu son boulot, c’était quelque chose qu’il connaissait bien les contusions. Ou plus exactement le boulot à présent et son père gamin.
Mais le plan de travail…..
FOCUS.

Verre prêt qu’il lui tendait. Il prit le sien, le faisant doucement tinter avec celui de la jeune femme.

« Et la porte à droite ? »
« Et bien je te propose de prendre ton verre et que l’on aille voir.» lui murmura-t-il doucement à l’oreille, avant de boire une très grosse gorgée de l’alcool.

Pour un peu, il aurait jeté le verre pour passer aux choses sérieuses directement. Un peu de patience, padawan. Ils s’étaient donc dirigés vers la chambre, il se mordit la langue pour ne pas sortir une blague stupide une fois la porte ouverte. Il posa le verre sur la table basse pour éviter quand même d’en foutre partout mais bon même s’ils se renversaient ça ne serait pas bien grave. Quelques instants plus tard, il s’était collé à elle s’emparant doucement de ses lèvres, ses mains passant sur le tissu de sa robe, caressant doucement le dos de la jeune femme.

Mer 9 Sep 2020 - 16:31

Une envie de se venger ? Un désir d’oubli ? Oui, peut-être un peu. Mais surtout ce truc qui lui entaillait les veines depuis plusieurs jours, ce besoin vital, cette poussée viscérale. Vivre. Elle avait senti la haine, la violence au plus profonde sa chair. L’envie d’un homme, de la dominer, de la briser. Hors de question d’internaliser ça. Hors de question d’être une loque quand Lilian la voulait inerte, vaincue. Hors de question non plus d’être assommée par la souffrance de sa (ses ?) disputes avec Lex. Elle ne voulait pas être sage, ne voulait pas correspondre à ces idées qu’on se faisait d’elle et qui ne lui ressemblaient simplement pas. Tant pis si ça dérangeait. Tant pis si elle dérangeait. Ça restait là, dans ses veines, l’envie d’être simplement autre chose. Autre chose qu’une victime. Et si ça faisait d’elle le bourreau, tant mieux. Elle aussi pouvait jouer à ça ; pouvait être égoïste, centrée sur elle même, sur ses peines, sur ses désirs.
Oui, c’était une réaction viscérale, instinctive, et non, ça ne serait sans doute pas arrivé sans les derniers événements. Mais ça serait sans doute arrivé si Lex n’avait pas été dans les parages, parce que ça lui ressemblait, tout simplement, et que celle qu’elle s’acharnait à essayer de devenir pour lui, non. Cette femme en revanche, était indépendante, entreprenante. Après tout, c’était elle la méchante dans l’histoire non ? Celle qui n’était pas capable d’entendre les souffrances de l’autre, celle qui ne savait pas communiquer, celle qui ne donnait jamais assez, celle qui ne faisait aucun effort, celle qui n’était simplement pas à la hauteur. Alors rien à foutre. Elle ne pouvait pas continuer ainsi, avait besoin de se retrouver. L’ancienne elle, celle qui ne souffrait pas. Et celle-ci savait ce qu’elle voulait. Lui, en l’occurrence. Naveen. Depuis des années à vrai dire. A l’époque, elle était une ado blessée. A présent, malgré les marques sur son corps, c’était en conquérante que l’adulte avançait, certainement pas en victime.

« Mais tu as le canapé d’un pote… mais c’est vrai ; c’est mieux que rien.»

Elle en riait doucement. C’était surtout tout ce dont elle avait besoin en ce moment. Elle était bien chez Dorofei, savait qu’elle devrait se décider à partir un de ces quatre mais la relation qui se construisait avec lui restait étrangement essentielle, lui permettant de trouver une certaine stabilité une existence qui lui échappait par moments totalement. Une relation sans contraire, sans pression, de l’affection sans demande en retour. C’était là, c’était tout, jamais tout à fait avoué, et ça lui allait très bien. Alors oui, ce ‘canapé’ n’était pas un motif de plaintes, bien au contraire. Clairement pas un motif non plus pour entrer dans une quelconque négativité, Jordane se rapprochait de Naveen, un sourire moqueur aux yeux alors qu’elle l’observait préparer ce fameux cocktail qu’il lui avait proposé. Une façon de lui laisser du temps pour prendre ses décisions ? Sans doute oui. Il semblait bien étrange de considérer quelqu’un cherchant à épargner sa sensibilité ou … à simplement agir au mieux. Faire les choses bien. Être correct. Et elle l’observait avec ce petit sourire alors que dans ses prunelles flamboyait l’envie, ses doigts glissants, malicieux, dans son dos.

Tu tiens comme ça combien de temps au juste ? Je me fous que tu sois correct, à moins que ce soit en me prenant correctement sur ce plan de travail. Et dans chaque geste, chaque regard lancé à la dérobée, elle le voyait y penser, voyait l’envie grimper doucement contre sa peau. Les tranches de citron rajoutées et elle griffait lentement le tissu de son haut, demandant très peu innocemment ce qui se trouvait derrière la dernière porte.

Son verre à la main, elle souriait alors qu’il se penchait vers elle, murmurant quelques mots à son oreille, sa simple présence dans ce geste mesuré, son souffle glissant dans son cou lui arrachant une onde de frisson.

« Et bien je te propose de prendre ton verre et que l’on aille voir.»

Il fallait avouer que là, s’il s’agissait d’un bureau, d’une salle de bain ou quoi que ce soit d’autre qu’une chambre… Elle serait tombée des nues. Verre aux lèvres, elle en prenait quelques gorgées avant de le suivre. Une chambre donc, sans surprise. Et déjà il posait son verre sur la table de chevet sous son petit sourire entendu avant de venir prendre ses lèvres, ses mains glissant dans son dos. Rien qu’un toucher à travers ses vêtements qui se froissaient sous ses doigts et elle sentait sa peau s’embraser. L’envie était là depuis des années et elle ne s’était jamais cachée de son attirance pour lui. Alors le sentir rompre la distance entre eux, venir gouter la saveur de ses lèvres, chercher son corps, la désirer, revêtait comme une saveur de victoire. Détachant légèrement son visage de lui, elle accrochait son regard, s’y plongeait un instant, une main glissant de nouveau dans son dos. Un mouvement de côté et elle posait à son tour son verre sur un meuble avant de revenir prendre ses lèvres, une main sur sa nuque, l’autre déjà partie s’égarer sur son dos, à l’orée de son jean, glissant sur ses cuisses, y remontant de quelques doigts griffant son jean avant de remonter contre son torse, sa paume venant froisser le tissu de son t-shirt au fur et à mesure qu’elle s’y abandonnait. A chaque baiser, chaque caresse, sa peau s’échauffait un peu plus, son souffle appelait au désir.

Elle glissait contre sa taille, cherchait la chaleur de sa peau à travers le tissu de coton, prenait possession de son corps et, d’une pression, le faisait basculer sur le l’y où elle le rejoignait, une jambe de chaque côté de ses hanches et les doigts qui glissaient le long de son torse, son regard glissant contre lui, s’en délectant avant de venir chercher ses lèvres une nouvelle fois. Elle la voulait, la chaleur de ce corps qui s’enflammait contre le sien, qui s’éveillait sous ses caresse, tout en frissons de désir.