Smells Like Dog [ft. Theodore Blagden]

Lun 25 Mar 2024 - 1:53

Samedi 2 avril 2017, vers 21h00

Les pleurs d’Elliot se firent entendre dans toute la maison. Coincé entre le sommeil et la réalité qui devenait de plus en plus omniprésente, Adonis émit un grognement. Il avait mal dormi et il était clairement en manque de repos. Commençant à connaître les habitudes de son fils, il était certain qu’il devait être assez tôt. Le morveux n’en faisait qu’à sa tête, réveillant la maisonnée à tous les matins comme une nuisance. Malgré l’acharnement des pleurs qui étaient de plus en plus forts, les paupières d’Adonis restaient closes.

- Evelyn.

Sa voix était rauque. Sa gorge sèche.
Aucun mouvement. Saloperie.

- Evelyn.

Cette fois-ci il ouvrit un œil. Son épouse était couchée à ses côtés, sur le dos, les yeux grands ouverts. Adonis poussa un soupir.

- Tu t’en occupes ou tu attends qu’il aille chercher son lait tout seul?

Quel dommage que les effets magiques ne se manifestent pas plus tôt. Au moins le gamin pourrait satisfaire ses besoins primaires et lui foutre la paix au lieu de rechigner. Encore un bon dix ans à attendre et à endurer ses moindres caprices. La patience d’Adonis était mise à rude épreuve. Il était généralement impassible lorsque Elliot le réveillait si brutalement, mais le manque de sommeil y jouait pour beaucoup. La stoïcité d’Evelyn n’aidait pas la cause. S’il était un bon mari et père, il pourrait se lever. Rejoindre son fils et le prendre dans ses bras. Le cajoler et le rassurer. Lui préparer son lait et son petit-déjeuner en essayant de le faire rire. Passer du temps et peut-être même jouer avec lui. Mais Adonis n’était ni l’un, ni l’autre. Chez les Devonshire, c’était la femme qui devait s’occuper des enfants et ce en tout temps. Son rôle à lui était de travailler, ramener les gallions à la maison et subvenir aux besoins vitaux. Les gamins c’est une perte de temps. Ils sont là pour continuer la lignée et rien d’autre.

Soupirant une nouvelle fois, Adonis se redressa légèrement, les yeux tous deux ouverts. Evelyn n’avait pas bougé, le regard fixé au plafond. Des larmes coulaient sur ses joues. Il fronça légèrement les sourcils.

- C’est lui le gamin ici, pas toi. Arrête de pleurer et va t’occuper du bébé.

Les iris bleutés d’Evelyn se posèrent sur lui.

- Je ne suis pas heureuse Adonis, fit-elle entre deux sanglots.

Pour toutes réponses, Adonis se leva brusquement du lit. Il se frotta les yeux avec ses paumes et se posta devant le miroir. Il croisa son regard fatigué tandis que sa femme continuait de larmoyer. Il n’avait pas envie d’en discuter. Ce qu’il voulait, c’était la paix, le calme. Le mal de crâne faisait doucement son apparition et il savait que s'il restait plus longtemps, son état allait empirer. Adonis passa ses doigts dans ses cheveux dans une tentative d’effacer l’effet saut du lit avant de prendre un pantalon et une chemise propres.

- Je vais aller chez Madison.

Il observa Evelyn tout en enfilant ses vêtements. Elle n’avait toujours pas bougé. Elle était tellement pathétique. Il ne comprenait pas pourquoi il avait été couplé avec elle. Parmi toutes les familles de sang pur, c’était sur elle qu’il était tombé. Il ignorait si elle allait finir par bouger ses fesses, mais pour l’instant, c’était le dernier de ces soucis. Il devait sortir au plus vite.

- Arrange-toi pour ne pas qu’il meurt de faim.

Sur ces dernières paroles, il agrippa sa baguette et transplana.

…

La journée avait mal débuté, mais la bonne humeur et l’enthousiasme de Madison avaient tout changé. Le mal de crâne avait disparu au moment où il était arrivé chez elle. Heureusement qu’elle était là. Il aurait voulu rester plus longtemps, mais il avait quelque chose de prévu en ce samedi soir.

Une mission plus spécifiquement.

Il était arrivé au point de rendez-vous à l’heure convenue, attendant son partenaire. Adonis était déçu de ne pas avoir été jumelé avec Cody, mais ce n’était que partie remise. Son absence n’empêchait pas le fait qu’il était motivé à obtenir le plus d’informations possibles.

Lun 25 Mar 2024 - 18:55

Amy installée à côté de lui sur un banc public dans un parc moldue, ils regardaient les Moldus passer tout en mangeant une gaufre. Ils avaient passé une partie de la journée à crapahuter en ville, à essayer de se faire toujours plus au monde Moldu, à passer le plus inaperçu possible. Enfin, disons du moins, à passer pour des étudiants lambdas ou de jeunes travailleurs. Ils avaient passé un peu de temps à la bibliothèque à feuilleter quelques bouquins, avant de passer dans un magasin où on pouvait retrouver des risques, DVD et jeux. Ils pouffaient doucement régulièrement, se donnant de temps en temps des coups de coudes pour faire voir leur « trouvaille ». La vérité c’est qu’ils restaient quand même un peu perdus dans tout cela, les Moldus étaient quand même prolifiques là-dedans. Ils avaient pu écouter quelques Cds qui étaient en démo’, ainsi que quelques jeux. Pour les derniers ils avaient vraiment été mauvais mais avaient quand même été subjugués par cette technologie… quant à la musique, c’était quand même assez différent de ce qu’ils avaient l’habitude d’écouter. Il avait eu à plusieurs moments une petite pensée pour Hailey, leurs sorties étaient tellement différentes, avec la jolie blonde il découvrait les choses différemment, ce qui était utile et avec une certaine douceur… mais au final avec Amy c’était généralement beaucoup plus drôles vu qu’ils n’y connaissaient rien l’un et l’autre, ils se sentaient comme des boulets mais se comprenaient parfaitement. Ici, il ne se sentait pas complètement débile ou perdu. « J’vais devoir y aller ; j’te ramène jusqu’au passage ? » Même si sa meilleure amie était totalement capable de se débrouiller seule ici et de se repérer, il n’aimait pas l’idée de la laisser seule avec toutes les histoires de faits divers que l’on pouvait lire dans les journaux. Et si elle n’avait pas le temps de sortir sa baguette ou qu’elle ne le pouvait pas ? C’était stupide, certainement, plein de femmes vivaient dans la capitale et n’étaient pas tout le temps avec quelqu’un… mais elles étaient Moldues et connaissaient leur monde.

Ils avaient fini par se mettre d’accord et il l’avait raccompagnée jusqu’au monde Sorcier avant de transplaner pour aller sur le lieu de rendez-vous. Il aurait préféré travailler avec un de ses frères, voire même avec quelqu’un qu’il connaissait un peu mieux – à la limite Connor aurait pu faire l’affaire au moins il n’aurait pas eu à faire la conversation-, mais non, il était tombé sur Adonis. Il se méfiait toujours un peu des sang-purs qu’il ne connaissait pas ne sachant pas bien comment est-ce qu’ils pouvaient réagir en sa présence – comment le traiter-. Même s’ils valaient plus que lui, certains n’avaient vraiment pas de limite. M’enfin bref, c’était comme ça. Il s’était rapidement approché d’Adonis en lui faisant un bref signe de tête pour le saluer « Bonsoir Adonis, vous allez bien ? » Pour commencer, vouvoyer lui semblait correct, déjà c’était signe de respect et pour certains cela faisait bien gonfler leur égo. Il jeta un coup d’œil à sa montre « Il ne va pas tarder à débaucher.» Leur mission : vérifier les agissements d’un individu suspecter d’être un lycan avant que les rafleurs agissent -ou d’ailleurs peut-être les activistes-. Le type en question était un sorcier qui bossait dans un restaurant -gérés par des sorciers-, de nuit généralement, et qui d’après certaines sources – les gérants- n’était pas venu travailler prétextant être malade la dernière pleine lune. « Vous souhaitez que l’on procède comment ? » En sachant qu’ils ne devaient pas se faire repérer comme étant des Supérieurs, même si avec un petit Oubliette dans le pire des cas, l’affaire pourrait être réglée. Theo pourrait aussi se servir de son Don pour tenter de percevoir quelque chose, même s’il préférait au maximum éviter cette option. Il devait être sensible à certains sons et odeurs, il y avait matière à agir sans forcément entrer dans la confrontation.

Mer 27 Mar 2024 - 22:38

La soirée était fraîche et calme. Bien que la ville de Londres ne dormait vraiment jamais, les soirs de weekend de début de printemps étaient généralement plus tranquilles. Les terrasses n’étaient pas encore sorties, les touristes pas encore présents et la température n’était pas encore à son pic. Adonis adorait ces moments où il pouvait admirer la jolie ville sans être pris dans un brouhaha constant. Il aimait attirer l’attention sur lui et pour ça il fallait un public, mais il appréciait également les moments plus tranquilles comme celui-ci. En attendant son rendez-vous, le sorcier observa un couple assis sur un banc pas très loin d'où il se trouvait. Ils discutaient le sourire aux lèvres et l’homme caressait doucement les cheveux de la femme qui tenait fermement le bras de son compagnon. Les pensées d’Adonis s’égarèrent l’espace d’un instant vers Alcyone. Il se demandait ce qu’elle faisait ce samedi soir. Si elle pensait aussi à lui. Ils ne pourraient jamais être ce couple. Libres. Pouvant s’exposer devant tous. Les difficultés avaient été nombreuses à se dresser sur leur chemin depuis qu’ils s’étaient aperçu des sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Hélas, plutôt que de les réunir une fois pour toute, la vie s’était façonnée autrement. Adonis n’était pas entièrement déçu de ne pas pouvoir être à ses côtés constamment, unis dans les liens du mariage, mais une partie de lui aimerait qu’elle lui appartienne entièrement. Qu’elle porte son nom et soit officiellement dans la famille Devonshire. Il l’a taquinait souvent sur ce propos même s’il connaissait bien la vision d’Alcyone sur la question. Elle était contre cette union officielle et il comprenait ses raisons puisqu’il les partageait. En même temps, la tentation était forte…

Il vit une silhouette s’avancer rapidement dans sa direction, se distinguant des autres passants. Adonis reconnut son partenaire de la soirée et il répondit à son signe de tête avec un sourire.

« Bonsoir Adonis, vous allez bien ? »
- Bonsoir.

C’était un peu étrange de se faire vouvoyer puisque Adonis n’en avait pas l’habitude, mais il aimait bien la formulation. La majorité des gens diraient: vous? C’est mon père ça! Le sorcier n’allait pas reprendre Theodore et accepta le vous avec plaisir. Après tout, lorsqu’il serait finalement dans le merveilleux monde du droit magique, le vous serait certainement plus utilisé: valait mieux s’y faire maintenant.

« Il ne va pas tarder à débaucher. »
- Hum?
« Vous souhaitez que l’on procède comment ? »

Excellente question.

Il ignorait l’expérience de Theodore pour ce genre de missions. N’ayant jamais vraiment eu à collaborer avec lui dans le passé, il était difficile pour Adonis d’analyser son expertise. Il semblait jeune (très jeune), mais il savait que cela ne voulait rien dire. Se fier aux apparences était une erreur de débutant. S’il était avec les Supérieurs, c’est qu’il avait sans doute fait ses preuves et qu’il méritait sa place. Adonis n’était pas dupe cependant: il se doutait que quelques personnes au sein du groupe n’étaient peut-être pas celles qu’elles prétendaient être et c’est pourquoi il restait souvent sur ses gardes et n’accordait pas sa confiance facilement. De quel côté se rangeait Theodore?

- J’ai lu de très bons commentaires sur ce restaurant et pour être honnête, j’ai un petit creux. Apparemment ils font d’excellentes tourtes au bœuf et aux rognons. On commence par manger?

Adonis fit un sourire qui se voulait amical avant d’ouvrir la marche. Quelques mètres les séparaient du restaurant où travaillait la personne d’intérêt. Oui il avait évité la question en lui répondant par une autre, mais dans ces situations, il agissait plutôt selon ses ressentis. Tout dépendait de l’ambiance, des personnes qui se trouvaient sur place, de la manière dont les pions se plaçaient, etc. Il y avait matière à improviser, contrairement à son emploi où il exécutait toujours la même chose. Et il n’avait pas menti: il avait vraiment faim et les critiques étaient bonnes. En bon gentleman, il ouvrit la porte à Theodore avant de le laisser entrer dans l’établissement.

- C’est moi qui t’invite.

Theodore pouvait percevoir cette invitation comme il le voulait. Adonis s’en moquait.

L’ambiance était animée à l’intérieur du restaurant, les tables étant presque toutes occupées. Les elfes de maisons se promenaient un peu partout, les plats volaient doucement dans les airs et les bonnes odeurs fusaient dans l’atmosphère. Il s’installa à l’une des tables libres et regarda systématiquement vers la double porte d’où entraient et sortaient le personnel. Adonis était déjà en mode repérage, tentant de trouver une cible facile à approcher pour commencer.

- Tu as une façon préférée de fonctionner?

Lun 1 Avr 2024 - 21:23

Un bon point pour cet Adonis, il ne semblait pas trop bavard – par Merlin, merci-, même si parfois du coup c’était quand même un peu plus compliqué de communiquer. Il verrait bien, ça serait toujours peut-être plus simple de suivre tout ce que l’homme dirait. Avec certains, qui avaient un fort débit, il avait souvent l’impression de rater des étapes en plus de ne jamais trop savoir quoi répondre. Theodore avait donc décidé d’aller directement dans le vif du sujet, après tout, il n’était pas là pour se faire un nouvel ami mais bel et bien pour une mission – confirmer des soupçons-. Du terrain, mais pas trop. Se fondre dans la masse, ce qu’il savait bien faire. Le tout était que son partenaire sache faire la même chose, pour l’instant en tout cas le sorcier ne détonnait pas particulièrement ce qui était quand même une bonne chose – il ne se montrait pas forcément dédaigneux envers ceux qui n’étaient pas de son rang-.

- J’ai lu de très bons commentaires sur ce restaurant et pour être honnête, j’ai un petit creux. Apparemment ils font d’excellentes tourtes au bœuf et aux rognons. On commence par manger?

Quoi ? Celle-là, il ne s’y était pas attendu. Manger ? Il cligna des yeux mais opina doucement, il avait certainement une idée derrière la tête, peut-être qu’ils faisaient des choses à emporter, il paraissait que c’était quelque chose qui était à la mode, ainsi l’homme qui allait bientôt finir de travailler ils étaient sûrs de ne pas le rater. Ceci dit, Adonis voudrait peut-être procéder d’une autre manière. Il n’eut pas encore le temps de répondre que déjà l’autre avait ajouté après avoir ouvert la marche

- C’est moi qui t’invite.
« Okay, comme tu veux, merci.»

Il était quand même un peu perplexe. Il ne savait plus trop si l’homme n’essayait pas de le tester par la même occasion. Est-ce que ses parents où Darshan auraient pu suggérer quelque chose comme ça ? Possible, mais pourquoi ? Néanmoins, ce n’était pas le sujet principal, probablement que c’était juste pour être sympa et paraitre plus « normal » qu’il proposait cela. Rien à voir avec sa famille – en théorie-. Il lui avait quand même un grand sourire pour le remercier et que tout ça paraisse plus « normal ». A l’intérieur, tout semblait « normal », les plats volaient, l’odeur sentait bon. Ils avaient pu s’installer à une table libre et son camarade regarda rapidement vers la porte des employés.
Il avait sorti sa baguette discrètement pour que les tables à côtés ne puissent pas entendre trop leur conversation, ils entendraient des bruits, voire comprendre quelques mots mais comme s’ils étaient assez loin, ce qui semblait assez « normal » entre le bruit environnant, et en plus s’ils parlaient à voix basse. Bref, en soif rien qui puisse paraitre trop suspect, personne ne remarquerait qu’ils avaient jeté un sort – en théorie-. Il connaissait des sorciers qui, pour des conversations personnelles agissaient aussi de la sorte, au pire on croirait qu’ils étaient ensembles et qu’ils voulaient couvrir leur arrières par exemple.

- Tu as une façon préférée de fonctionner?
« Observer, principalement. Mais sinon, pas spécialement je peux m’adapter.» il fit un silence de quelques instants. «Il devrait bientôt quitter son travail, tu penses qu’il repassera par-là ou par derrière, il y a parfois des entrées différentes pour les employés. »

Bon ceci dit, ce n’était pas certain que le type finisse à l’heure vu le monde qu’il y avait. Il ne s’y connaissait pas trop dans ces métiers. Mais il avait souvent l’impression que les horaires restaient quand même des choses assez variables. Il avait attendu quelques instants avant de lui fou

«Et toi, tu voudrais que l’on procède comment ? Est-ce que tu as une idée spécifique ? »

Lui avait toujours plus été un suiveur qui obéissait aux ordres qu’autre chose, ce que n’était pas forcément Adonis. Ce qui pouvait les faire devenir un bon duo dans la théorie du moins. Complémentaires. Theodore observait les tables un peu autour d’eux comme s’il était juste curieux mais posait de temps en temps son regard sur les serveurs et compagnie, repérant ainsi leur manière de procéder pour chaque table ; avant de finalement reporter son attention sur son camarade pour ne pas que ça paraisse non plus « trop ».

Sam 6 Avr 2024 - 3:05

Adonis avait remarqué que le vouvoiement s’était rapidement transformé en tutoiement. Il n’avait pas bronché face à ce changement, mais il trouvait ça un peu étrange, surtout qu’à aucun moment il avait corrigé Theodore. Difficile de pouvoir étudier pleinement le personnage qu’était son nouveau partenaire puisque ça ne faisait à peine que quelques minutes qu’ils étaient en contact direct, mais cela démontrait à quel point il était jeune et peut-être moins attentif aux détails. Ce n’était pas un problème pour Adonis. Il savait qu’il devait désormais porter doublement attention aux potentielles informations qui seraient collectées ce soir-là. Il s’était également aperçu de la réaction de Theodore lorsqu’il l’avait invité à manger. Cela n’avait duré que l’espace d’un instant, mais le doute et la surprise étaient là. Était-il nerveux? Peut-être qu’il s'agissait d’une de ses premières missions? Adonis ne prétendait pas être un expert en la matière. Après tout, il avait officiellement rejoint les Supérieurs quelques mois auparavant. Il avait cependant appris à masquer les apparences. À avoir l’air sûr de lui, de ce qu’il faisait. Cela inspirait généralement la confiance chez les interlocuteurs. Restait à voir si cela fonctionnerait sur Theodore.

Ce n’était cependant pas le moment d’étudier son partenaire. Toujours en mode observation, les sens d’Adonis s’activaient. Son ouïe captait des bribes de conversations sans importance parmi le brouhaha des clients qui s'attardaient à leur repas. Son regard distinguait les différents mouvements qui venaient de toutes les directions: les plats, les serveurs, les clients... La bonne nouvelle était que lui et Theodore se fondaient dans le décor. Une soirée aussi achalandée permettait une couverture parfaite surtout lorsqu’il était difficile de prévoir quelles seraient les prochaines actions et si elles nécessiteraient la force ou non.

« Observer, principalement. Mais sinon, pas spécialement je peux m’adapter. »
Pour ça ils étaient sur la même longueur d’ondes.
« Il devrait bientôt quitter son travail, tu penses qu’il repassera par-là ou par derrière, il y a parfois des entrées différentes pour les employés. »

Une autre bonne question. Cependant, Adonis avait déjà une petite idée de comment obtenir ces réponses. Quelque chose de simple et d’efficace.

« Et toi, tu voudrais que l’on procède comment ? Est-ce que tu as une idée spécifique ? »
- Pas vraiment. J’improvise la plupart du temps.

C’était comme un jeu du chat et de la souris et il venait justement de capter le parfait rongeur pour l’occasion. Accrochant le regard de la serveuse qu’il avait visé, il lui fit un geste de la main, l’intimant d’approcher leur table. Il affichait son irrésistible sourire et il savait qu’il avait déjà conquis l’attention (et qui sait, peut-être même le coeur) de la jeune femme. C’était dans la poche.

- Désolée! Je ne vous ai pas vue vous installer!
- Inutile de t’excuser. Il y a tellement de gens, c’est tout à fait compréhensible.

Petit clin d'œil. Adonis entama une courte conversation remplie de banalités. Une distraction idéale le temps qu’il sorte sa baguette de sa cachette (celle en bois hen). Il en profita pour mentionner que son père avait déjà travaillé pour ce restaurant dans le passé. Il ajouta que son paternel avait de bons souvenirs de cet emploi, particulièrement ceux qu’il avait passés dans la ruelle entre deux plats cuisinés. Un ignoble mensonge, bien sûr, mais cette fausse anecdote permit à lui et Theodore de savoir que les employés empruntaient bien une porte à l’arrière de la bâtisse pour entrer et sortir dans le restaurant.

- Dis-moi, il y a bien un James Black qui travaille ce soir, non?
- Oui. Il est encore dans la cuisine. Il devait finir bientôt, mais on a un collègue qui n’est pas rentré et avec tout ce monde…
- Sais-tu à quelle heure il termine?
- Il a accepté de faire une heure supplémentaire. Pourquoi? Est-ce que je dois lui faire un message?

Il l’a sentait sur ses gardes, mais Adonis ne se sentait nullement menacé. Une réaction humaine prévisible.

- J’ai simplement entendu dire que les tourtes au boeuf et aux rognons étaient excellentes ici et que James était le meilleur cuisinier! Je voulais m’assurer qu’il était toujours là.

Elle parut satisfaite de la réponse puisque son corps se détendit légèrement.

- Je confirme qu’il sera celui qui cuisinera votre plat.
- Parfait.

Sous la table, la baguette d’Adonis s’activa. D’un mouvement naturel, il fit un Oubliettes, effaçant ainsi toute la conversation qu’il avait eue avec la jeune femme.

- Mon ami et moi aimerions des tourtes au boeuf et aux rognons.

La serveuse cligna des yeux, semblant un peu perdue. Puis, elle s’activa, laissant Adonis et Theodore seuls à leur table.

- Maintenant on a l’info.

Mer 10 Avr 2024 - 21:05

« Pas vraiment. J’improvise la plupart du temps. » Improviser… c’était effectivement certainement la meilleure idée pour le moment, même s’il préférait généralement les plans un peu plus élaborés pour être certain de ne pas faire d’erreurs. Par ce que c’était plus simple et plus discret, et chacun savait plus ou moins ce qu’il fallait faire même s’il y avait toujours une part d’improvisation. Theodore avait donc un peu acquiescé. « ca marche, on pourra faire comme ça.»

De toute manière, tant qu’ils n’étaient pas sûrs à 100% de son emploi du temps, il y avait forcément des parts d’inconnus. Adonis avait donc fini par regarder la serveuse avec un sourire mielleux qui montrait une certaine compétence à plaire aux femmes. Celle-ci avait d’ailleurs rapidement rappliqué vers eux et histoire de ne pas briser le charme, Theo l’observa faire s’empêchant de soupirer et d’hausser de temps en temps un sourcil. Vraiment… ces façons de faire…. Etaient efficaces, mais il trouvait qu’il y avait quelque chose de malaisant là-dedans. Chose qu’il ne dirait bien sûr jamais, il se doutait que peu de gens comprendraient ce genre de dire. Et Punaise, il débitait tant de choses – inintéressantes- à la minute pour l’occuper, l’attirer dans ses filets que ça en était presque stupéfiant. Ouais, tout bien considéré, c’était bien d’être avec quelqu’un comme Adonis, ça évitait de ramer un peu trop longtemps. Il ne put s’empêcher de s’imaginer ce que ça aurait été avec Connor, avec les deux pas franchement trop bavards et Tveit étant encore moins avenant que lui, il aurait dû se farcir cette partie de sociabilisation. Alors MERCI, Adonis. D’autant plus qu’il était habile dans sa manipulation et ils eurent confirmation que l’employé risquait de se carapater.

L’autre sorcier continua ainsi son interrogatoire l’air de rien, et ils purent avoir toutes les informations nécessaires, même si à un moment, il sentit la femme se tendre lorsqu’il parla de leur cible. Est-ce qu’elle savait quelque chose ? Est-ce qu’elle allait lui en parler et lui mettre la puce à l’oreille ? Ou est-ce que ça se passera juste « bien » et qu’elle croirait juste à ce mensonge éhonté ! Theo observait chacun des mouvements de la jeune femme et elle semblait quand même un peu détendue, mais un mot de travers et James pourrait leur filer entre les doigts. Blagden avait préféré ne pas dire un mot tout le temps quitte à passer pour un abruti ou un malotru… et dès que la serveuse fut partie….

- Maintenant on a l’info. effectivement, et il devait répondre quelque chose à cela. « Bien joué !» fut la première idée qui lui vint en tête. « On peut peut-être ensorceler la porte de sortie au cas où il sorte… même s’il est censé partir dans une heure» il laissa passer quelques instants avant de reprendre « Mais j’ai un peu peur qu’elle touche un mot de cette conversation à James… qui risque de trouver ça bizarre, même si au final ça fait toujours plaisir les recommandations. Il pourrait soit fuir, soit… venir nous voir.» Nouveau silence, froncement de sourcil « Ou s’en foutre totalement, mais s’il est bien ce qu’on nous a dit. Il aurait plus d’odorat, d’ouïe et pourra certainement sentir nos battements cardiaques.» il planta son regard dans celui d’Adonis. Il faut que l’on se prépare à cette éventualité… « Comme à ce que les plats puissent contenir des choses… s’il est vraiment parano.» Pour les tuer, ou juste les neutraliser, pourquoi pas aussi un genre de potion de vérité. Difficile de penser qu’il y ait ça en cuisine, mais en même temps, il pouvait toujours avoir acheté des ingrédients en prévision de ce genre d’éventualité, de souci. Autrement dit, ils allaient devoir être prudents, sur tous les points, par ce qu’il y avait beaucoup d’éventualité à prendre en considération. « Tu en penses quoi ?» il arriva même à lui faire un semblant de sourire.

Jeu 11 Avr 2024 - 23:45

Adonis avait adopté une approche facile et simple pour obtenir l’information recherchée. Demander à une personne de l’endroit était toujours une solution optimale. Il pouvait compter sur son charme et ses bonnes manières pour parvenir à dénicher ce qu’il désirait. Certes, dans certaines situations, il devait user de talents qu’il ne dévoilait pas au grand jour, mais dans ce cas-ci, ça avait été comme sur des roulettes. C’était souvent plus facile avec la gente féminine. Pure chance. Ils avaient désormais accès à des renseignements cruciaux: la cible était bien là et le serait encore pour un certain temps et les employés avaient une entrée et sortie qui leur était réservée. Non seulement ils devraient avoir le temps de manger leur repas (parce que oui Adonis avait bien l’intention de goûter à ce qu’il avait commandé), mais ils pourraient se préparer un peu plus pour la suite des choses.

« On peut peut-être ensorceler la porte de sortie au cas où il sorte… même s’il est censé partir dans une heure. »

Adonis observa la serveuse qui passait les portes menant à la cuisine. Il écoutait Theodore, mais son esprit était aussi en marche. L’improvisation était bien jusqu’à un certain point, mais il n’était pas dupe: trouver une base solide assurerait une potentielle réussite pour la mission.

« Mais j’ai un peu peur qu’elle touche un mot de cette conversation à James… qui risque de trouver ça bizarre, même si au final ça fait toujours plaisir les recommandations. Il pourrait soit fuir, soit… venir nous voir. Ou s’en foutre totalement, mais s’il est bien ce qu’on nous a dit. Il aurait plus d’odorat, d’ouïe et pourra certainement sentir nos battements cardiaques. »

Visiblement, Theodore le sous-estimait. Son geste avait été si discret en dessous de la table qu’il ne s’était rendu compte de rien. Ni même de l’expression perdue de la serveuse un peu avant qu’elle quitte. Cela fit sourire Adonis. En même temps, ces remarques lui permettaient de mieux cerner le personnage. Il semblait anticiper toutes les possibilités, ce qui démontrait une personne logique et peut-être même un peu stratège. Il ne laissait aucun détail de côté ce qui lui permettait d’être plus préparé.

Les yeux du jeune homme s’ancrèrent dans son regard.

« Comme à ce que les plats puissent contenir des choses… s’il est vraiment parano. »

Supposition intéressante. Il était vrai qu’ils ne savaient absolument rien de lui, que ce soit de sa personnalité ou autre. S'il était véritablement un lycan, ils ignoraient depuis combien de temps. Et si c’était le cas, est-ce que James était en mesure de bien contrôler cette double identité et d’utiliser à bon escient les capacités que l’animal pouvait lui procurer? Ils avançaient dans l’obscurité la plus totale. Pourtant, Adonis ne s’alarmait pas autant que son comparse même s'il n’écartait aucune possibilité.

« Tu en penses quoi ? »
- Ton analyse est bonne et tu as raison: on ne sait pas à qui on a affaire et il vaut mieux prendre nos précautions. Par contre, il faut garder en tête que ce mec ne nous connaît pas et donc même si il est ce que l’on croit qu’il est, il n’a rien d’assez familier pour nous repérer et connaître nos intentions. Qui plus est je me suis chargé de faire un Oubliettes à la serveuse et elle ne se souvient plus de notre conversation. Elle n’a retenu que la commande. Elle ne dira rien. Quant aux plats préparés, je doute fortement qu’il va les alterner d’une quelconque façon. À moins qu’il ne tienne pas à son boulot, mais empoisonner des clients c’est assez risqué.

Non seulement pour son emploi, mais aussi pour sa couverture: ses collègues vont se douter qu’il leur cache quelque chose. Ça c'était si ils étaient au courant de sa situation. Après tout, les lycans n’étaient pas recensés comme les animagi et il pouvait vivre perpétuellement dans l’ombre s’il le souhaitait. Adonis reprit la conversation à voix basse:

- Pour le moment, le mieux est de ne pas éveiller les soupçons. Voici ce que je te propose: on mange les plats et ensuite on va voir à l’arrière pour repérer la porte qu’elle a mentionnée. On attend qu’il termine de travailler et quand il sort, on l’isole et on passe aux aveux.

Adonis imaginait déjà très bien la scène: les deux acolytes dans l’ombre, attendant sagement leur proie avant de lui bondir dessus pour le passer au tabac. Enfin dans ses fantasmes, il passait le mec au tabac, mais peut-être qu’il serait un peu plus réservé ce soir. Il allait s’en remettre au veritaserum qu’il avait sur lui et à ses capacités magiques de trouver ce qu’ils cherchaient.

- Ça te va?

Lun 15 Avr 2024 - 17:18

Il voulait réfléchir à toutes les solutions possibles pour ne pas que le type leur échappe, mais elles étaient certainement beaucoup trop multiples pour qu’il puisse tout envisager. Plusieurs options dans ce qu’il décrivait, la porte de derrière ou repasser devant eux, mais c’est après avoir tout « expliqué » à son comparse du soir, qu’il s’était rendu compte qu’il avait oublié une option et pas des moindre : le transplanage s’il se sentait en danger, ou s’il était super parano – voire fainéant-. Il savait qu’il n’habitait pas très loin d’ici, le faire à pied c’était largement faisable. Mais avant de parler de transplanage, il fallait aussi être certain que les plats qu’il allait leur servir ne contiendrait aucune substance … nocive – ou non voulue-. Ils devaient aussi penser à cette éventualité, même si elle semblait un peu farfelue. Il est vrai, qu’il savait que certains auraient pu y mettre des somnifères ou des laxatifs puissants pour pouvoir fuir tranquillement… et sans risquer grand-chose. Avec ce genre de substance, ils ne seraient ni blessés, ni morts, ni même en danger de mort. Un bon moyen de pouvoir arriver à ses fins.

- Ton analyse est bonne et tu as raison: on ne sait pas à qui on a affaire et il vaut mieux prendre nos précautions. Par contre, il faut garder en tête que ce mec ne nous connaît pas et donc même si il est ce que l’on croit qu’il est, il n’a rien d’assez familier pour nous repérer et connaître nos intentions.

Vrai. Mais il restait quand même un lycan, et pourrait donc les repérer par la suite beaucoup plus facilement, dans la théorie du moins. Il suffisait que la serveuse ne dise trop rien qui puisse lui mettre la puce à l’oreille. Heureusement, Adonis avait vite ajouté une petite précision qui faisait toute la différence

Qui plus est je me suis chargé de faire un Oubliettes à la serveuse et elle ne se souvient plus de notre conversation. Elle n’a retenu que la commande. Elle ne dira rien. Quant aux plats préparés, je doute fortement qu’il va les alterner d’une quelconque façon. À moins qu’il ne tienne pas à son boulot, mais empoisonner des clients c’est assez risqué.

Il pencha la tête un peu sur le côté d’un air songeur. Il ne l’avait pas vu faire et, effectivement si elle ne se rappelait pas de la conversation, cela changeait quand même toute la donne. Bien joué, part’naire. Il y en aurait au moins un sur les deux qui semblait vraiment doué en magie – et ce n’était pas Theo-. Le plus jeune n’avait pas d’ailleurs encore repris la parole, préférant laisser son camarade finir son explication et ce qu’il comptait faire.

- Pour le moment, le mieux est de ne pas éveiller les soupçons. Voici ce que je te propose: on mange les plats et ensuite on va voir à l’arrière pour repérer la porte qu’elle a mentionnée. On attend qu’il termine de travailler et quand il sort, on l’isole et on passe aux aveux. Ça te va?

Que ça lui aille ou pas, est-ce qu’il avait vraiment le choix de réponse ? Il en doutait fortement. Il n se voyait pas dire « non » à un sang-pur, surtout si son idée était logique et que la mission pouvait ainsi réussir. Son « envie » à lui ne comptait pas, seul le résultat devait être pris en compte… et effectivement avec cette méthode, il y avait des chances qu’ils puissent arriver à leurs fins.

« Bien sûr que oui.» mentit-il sans ciller « Ta méthode me semble effectivement totalement adapté, je… suis navré mais tu dois être doué je n’avais pas vu ce que tu lui as fais.» A la serveuse. L’oubliette. Ce qui pouvait expliquer certaines choses. « J’espère juste que notre odeur ne nous portera pas préjudice.» Ou leurs battements cardiaques. Bourrés d’adrénaline ou autre. Quant à l’odeur, il ne parlait pas forcément des parfums… mais de choses qui pourraient les trahir sans être certain que ce soit si discernable que cela…. Surtout à côté d’un restaurant qui devait empester de beaucoup de choses. Il aurait bien voulu savoir ce qu’il voulait dire par « isoler ». « Il faut aussi espérer qu’il ne transplanera pas.» voilà, ce point avait enfin le mérite d’être dit. Il se tut quelques instants avant de reprendre « Du coup, quand tu parles d’isoler… Vu que ça reste une rue un peu « passante », tu as une manière de faire de prédilection ?» Ptite ruelle ? Transplaner avec lui ailleurs sans aucun témoin ? Il se sentait con de poser ce genre de questions, mais suivant les partenaires le mot « isoler » n’avait pas tout à fait la même signification ou plutôt ce n’était pas le même protocole…