L’alarme hurle dans ses oreilles comme une banshee ; Edda s’arrête de frapper le sac de sable, dégoulinante de sueur et à bout de souffle, avant de tendre la main pour attraper son téléphone et éteindre son réveil. Il y a un goût de cendres dans sa bouche alors qu’elle récupère sa bouteille d’eau pour étancher la brûlure dans sa gorge, avant qu’elle ne s’écroule au sol, le poids de ses souvenirs à nouveau sur ses épaules.
Elle boirait bien pour noyer le poisson, mais elle a besoin d’avoir l’esprit clair ce soir. Elle ne peut pas se rendre à nouveau chez Kolyovski sans maîtriser ses émotions. Elle l’a fait une première fois, pas deux. Un soupir lui échappe et elle se relève lentement, une main devant son visage, avant de se diriger vers la salle de bains, pour effectuer un rituel presque automatisé, désormais. Elle risque de réfléchir, sinon. Et elle ne peut pas se permettre de trop réfléchir seule, ou ses démons risquent de l’avaler.
Douche. Maquillage. Vêtements et changes dans un sac à dos pour semer un pion de Rossignol au besoin. Un visage quelconque pour le temps du trajet. Un simple visage dans la foule londonienne, un spectre auquel personne n’accordera la moindre importance.
Une inconnue dans le miroir, même pour moi.
Des couteaux cachés sous les pans de son manteau, sa baguette dans un holster à son avant-bras, son téléphone dans sa poche, avec une alarme au cas où le chien dans la cave tente quelque chose d’inhabituel. C’est peu probable, vu qu’Edda a cassé sa baguette et le maintient léthargique à coup de somnifères, mais la vie lui a appris qu’elle n’est jamais assez prudente, surtout lorsqu’elle joue avec le feu.
Elle n’a même pas de culpabilité et n’en est pas tant surprise que ça. Charlie la hait, la jalouse, et prendrait un pied absolu à avoir sa laisse entre les mains, quand bien même elle a brûlé les liens qui la reliaient à Rossignol. Elle ne versera pas une larme sur sa mort ; il a bien de la chance qu’elle ait besoin de lui en vie. Il respira encore quelques temps. Quoique de son point de vue, cette situation est peut-être pire que la mort.
Tss, bien fait.
La porte de la minuscule maison de mineur claque derrière elle, avant qu’elle ne la verrouille d’un tour de clé. Edda n’a même pas besoin de consulter un plan pour se rendre à l’office de l’avocat ; elle a déjà établi son itinéraire, passant du métro au bus en passant par les vélos en libre service. Le trajet de vingt minutes se transforme aisément en un voyage de plus d’une heure, mais elle s’en moque. De cette manière, elle est sûre d’a minima repérer si elle est suivie, voire de semer quiconque assez con pour vouloir la filer.
Les sorciers ne sont pas toujours doués avec les transports en commun Moldus et certains gens de Rossignol ne penseront pas que la fille chérie du patron s’abaisse à une telle chose.
Que des conneries Sang-purs, comme d’habitude.
Un soupir de soulagement lui échappe lorsqu’elle arrive finalement dans le bâtiment où se trouver l’office de Kolyovski. Elle vérifie d’un coup d’œil qu’elle est bien à l’heure – 2 minutes d’avance, même – avant de rejoindre l’office. Il n’y a plus sa secrétaire, vu l’heure, ce qui leur permettra de discuter sans risquer d’avoir des oreilles indiscrètes.
Son visage se détend pour reprendre son apparence usuelle et elle frappe doucement à la porte, attendant l’autorisation avant d’entrer et de saluer son peut-être allié, si les négociations se terminent bien.
— Bonsoir, Maître Kolyovski.
Edda espère qu’elle n’aura pas besoin de mettre toujours autant de forme tout au long de leur discussion, mais il lui semble important de brosser l’avocat dans le sens du poil. On ne se met pas à dos ses potentiels alliés, à moins d’avoir de quoi les mener par le bout du nez, ce qui n’est pas vraiment son cas. Elle pourrait bien le menacer de le tuer, mais ce serait risible. Elle a besoin de lui, pas l’inverse.
Patiemment, elle attend son invitation à s’assoir, reconnaissant implicitement le jeu de pouvoir entre eux. Elle est peut-être une Sang-Pur, mais dans les faits, actuellement, elle n’est rien. Un fantôme qui fuit un oiseau. Elle est soumise à son bon vouloir et elle en est consciente.
S’il te plaît. Dis-moi que je ne suis pas venue là en vain.
Edda s’installe lorsque Kolyoski le lui permet ; le sourire sur ses lèvres est sans doute aussi faux que celui qu’elle arbore. Ils se ressemblent plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre : ils savent tous les deux endosser un masque pour faire face aux autres et elle a connu des Sang-Purs moins doués que lui à ce petit jeu.
Il y a un serpent sous ce masque. Un homme prêt à beaucoup pour grappiller du pouvoir, même en tant que Sang-Mêlé. Surtout en tant que Sang-Mêlé. Il forcerait presque le respect, si elle ne se doutait pas de ce qu’il a dû faire pour en arriver là.
Il a probablement les mains aussi sales qu’elle.
— Je comprends votre surprise. Je reconnais ne pas m’être présentée sous mon meilleur jour la dernière fois.
La dernière fois, elle était une biche à cours d’options, terrifiée et incapable du moindre mal. Aujourd’hui, elle est le chasseur prêt à mettre sa vie en jeu. L’avocat n’est qu’une arme dans son arsenal. Qu’elle gagne ou qu’elle perdre, Kolyoski restera cela, une simple arme. Et les erreurs du maître ne peuvent être blâmées sur l’objet.
C’est la seule réelle promesse qu’elle peut lui faire. Quoi qu’il arrive, elle fera son maximum pour qu’il n’obtienne que des bénéfices de cette alliance. Elle n’a rien à perdre à part sa propre vie, contrairement à lui, mais il a un empire à gagner et elle, sa liberté factice.
Rien ne lavera le sang sur mes mains. Rien ne me donnera un semblant de raison de vivre.
— Dans ce cas, je vous propose de poser vos questions dans un premier temps, qu’en dites-vous ?
Est-ce que cela se sent, qu’elle n’a jamais réellement mené de discussions de ce type ? Est-ce qu’il est écrit sur son visage qu’elle est perdue et qu’elle sait pertinemment qu’il se rendra maître de l’échange si elle laisse transparaître la moindre faiblesse ?
À vrai dire, l’idée de le supplier l’a effleuré, mais cela ne ferait que la rendre pitoyable et personne ne s’associe avec un tel personnage. Elle doit se montrer ferme ; elle doit montrer qu’il peut accorder un certain crédit à ses paroles, à défaut de sa confiance.
Seul un fou me ferait confiance dès maintenant.
— Sachez seulement que cette idée se fera, avec ou sans vous. J’ai simplement conscience des risques supplémentaires à être seule.
« Des risques supplémentaires », la belle affaire. Les chances de mourir augmentent significativement, surtout. Et elle devrait s’en foutre. Elle n’a pas peur de la mort, après tout, elle danse avec elle depuis sa première mission pour Rossignol. Mais une paire d’yeux sombres la hante, parfois. Souvent.
Si elle peut libérer son frère de Rossignol en mourant, alors elle aura payé sa dette. Elle aura payé pour le libraire. Elle aura au moins fait quelque chose de bien. Elle n’a pas le droit de crever avant ça.
À vrai dire, il y a bien des gens avec qui elle pourrait faire affaire, surtout en-dehors de l’Angleterre. Rossignol a beaucoup d’ennemis et combien sauteraient de joie à l’éliminer sans trop s’impliquer ? Sans risquer de se faire assassiner derrière, puisqu’elle prendrait tous les risques ? Elle n’a pas assez de doigts pour les compter. Mais lorsqu’elle y a réfléchi, seul l’avocat lui est venu à l’esprit.
— Et il y a très peu de monde que je respecte assez pour envisager de travailler avec.
Elle a beau l’avoir maudit quelques fois, il a gagné son respect à leur précédente rencontre et ses recherches ont montré qu’il pourrait être intéressé. Et quitte à choisir… Ce ne serait sans doute pas le plus terrible des maris. Moins terrible que celui que Rossignol lui aurait imposé, sans doute.
Peut-être en viendrait-elle à regretter cette décision, un jour, mais au moins elle viendrait d’elle et d’elle seule. Et si jamais cela devenait intolérable, elle disparaîtrait simplement, en lui laissant tout, avant de redémarrer une vie ailleurs, anonyme parmi les anonymes.
Shura la sauve au moins du marasme d’indécision dans lequel Edda baigne, la forçant à montrer son jeu sans passer par des détours. Elle devrait détester être ainsi mise au pied du mur, mais il y a encore quelques mois, quelles années, elle était une simple marionnette sans réflexion. Mieux vaut l’inviter à dévoiler ses cartes, surtout qu’il est peu probable que Kolyovski se retourne contre elle à ce stade. Qu’il décide de ne pas la suivre dans sa folie, cela la surprendrait moins, mais c’est une tout autre histoire.
— Non.
Edda doit être honnête avec elle-même ; elle n’aurait sans doute rien proposé à l’avocat simplement parce qu’elle le respecte. C’est l’une des principales raisons qui l’a fait pencher sur lui, mais pas la seule. Elle serait stupide s’il s’agissait de la seule et elle ne se considère pas spécialement conne, ou elle n’aurait probablement pas survécu jusqu’ici.
Un soupir lui échappe, alors qu’elle énumère l’ensemble des raisons qui l’ont poussée à le choisir lui et pas un autre.
— Vous avez assez d’ambition pour saisir l’opportunité.
Ça, le simple fait que l’avocat l’ait reçue et accepte de l’écouter le prouve, aussi Edda ne s’étend pas sur le sujet.
— Rossignol ne vous a pas fait directement du tort et vous n’êtes pas une accointance officielle des Teller, pour l’instant. Vous serez plus difficilement soupçonnable en premier lieu.
Edda ne dit pas que la famille Kolyovski ne sera pas sur la liste, à un moment ou un autre, mais il est peu probable qu’ils soient visés d’abord. Il n’y a aucun lien, positif ou négatif, entre leurs familles. Tout attaque contre les Teller serait d’abord imputée à des dissidents connus.
— Je n’ai tué personne de votre famille. Pas de rancune personnelle.
À une époque, elle se serait bien foutue de savoir si elle avait tué quelqu’un ou non. Maintenant, elle a conscience qu’il est peu probable qu’elle sorte vivante d’une telle alliance si elle avait le sang d’un membre de la famille sur les mains. Indirectement, elle ne peut en jurer, mais personnellement ? Elle n’a jamais tué un Kolyovski.
— Vous êtes un Sang-Mêlé. Épouser une Sang-Pure peut représenter un avantage conséquent, surtout avec la situation actuelle au Royaume-Uni. Aussi, cela devrait m’assurer une certaine… tranquillité concernant l’après dans le cas d’une réussite. Si c’est pour échanger une cage dorée contre une autre, non merci. Je peux tenir mon rang, mentir comme un arracheur de dents sans sourciller et me faire passer pour la parfaite petite Sang-Pure en public, Shura, mais j’apprécierai ne pas avoir à porter un masque en privé.
Elle utilise son prénom, avec un instant d’hésitation qu’elle espère imperceptible. Est-ce qu’elle en a le droit ? Shura se l’est certes permis, mais elle n’est pas certaine que l’inverse soit possible. Et elle a conscience de lui montrer une de ses faiblesses, comme si ce n’était rien. Comme s’il ne pouvait pas l’utiliser contre elle par la suite. Une Sang-pure, apprécier la culture Moldue ? Un scandale, sans aucun doute, surtout vu l’atmosphère actuelle au Royaume-Uni. Mais Edda ne peut que parier et prier pour survivre à ses choix.
Quant à la dernière raison… Elle ne peut pas vraiment appeler ça une raison, plutôt un pressentiment.
— Votre famille n’a probablement que très peu à voir avec la mienne, même si je ne peux que parier sur le fait que je ne serais pas autant maltraitée. Que vous me demandiez au besoin d’utiliser mes compétences pour la protéger ne me dérangerait pas, mais il y a des choses que je ne veux plus jamais avoir à subir.
Edda trace la ligne qu’elle refuse que Shura franchisse. Elle peut supporter beaucoup de choses, mais elle ne veut plus être une marionnette meurtrière, dont le bien-être autant mental que physique ne compte pas. Elle ignore si elle pourra à nouveau toucher des doigts le bonheur – cela lui semble si improbable, actuellement – mais elle veut au moins pouvoir protéger son intégrité. C’est tout ce qu’elle demande, et pourtant, elle sait qu’elle ne l’aurait pas eu en s’alliant avec d’autres. D’autres ne seraient pas mieux, voire pire, que Rossignol.
Un frisson de dégoût la traverse, avant qu’elle ne se reprenne et n’ajoute, comme pour essayer de se rattraper d’avoir défini des limites.
— … J’étais sincère, quand j’ai dit que je ferais tout pour que ça ne vous retombe pas dessus, et par extension sur votre famille. Je ne suis pas égoïste à ce point, même si je peux comprendre que ce doit être difficile à croire, venant de ma part.
Franchement, Edda n’est pas l’étoile la plus lumineuse du ciel nocturne. Pourquoi a-t-elle menacé l’avocat à leur première rencontre, déjà ? À chaque fois que Shura ouvre la bouche, il la rassure sur son choix. Il n’essaye pas de se mettre en position de force, pour l’instant, mais plutôt sur un pied d’égalité, avec un contrat qu’ils peuvent établir à deux plutôt qu’il ne le lui soit imposé.
Peut-être avait-elle encore trop à perdre, à cette époque. Enfin, trop ; si elle avait su la vérité avant la mort de Levy, aurait-elle encore réussi à le considérer comme quelque chose à protéger ?
Mieux vaut pas aller sur cette pente.
Un sourire fin lui échappe alors que Shura indique poliment qu’il est peu probable qu’il ait jamais recours à ses services. Même si elle n’en montre rien, elle est soulagée. Il n’y a même pas accordé une minute de réflexion. Il ne veut pas se servir d’elle, pas de cette façon-là, en tout cas, et Edda en vient presque à ce demander si elle peut réellement changer, si elle peut couper ses fils de marionnette pour devenir un véritable être humain.
— J’aime bien votre façon de faire. Beaucoup plus propre.
Edda se détend peu à peu et elle n’est pratiquement pas surprise lorsque Shura lui demande d’étoffer ce qu’elle ne veut plus subir. Elle n’aime pas particulièrement mettre des mots sur ses souffrances, mais elle croit comprendre la raison derrière ; le carnet ne laisse guère de place au doute. Shura souhaite certainement mettre par écrit leurs limites et leurs exigeances, afin que nul ne puisse jouer les ignorants, ni que ce contrat ne devienne un piège qui les empoisonne à petit feu.
Elle n’a pas vraiment besoin d’y réfléchir. Si elle peut tirer un avantage de sa relation passée avec Kerry, c’est qu’elle a conscience désormais de ce qui est normal ou non, ce qu’elle est en droit de refuser.
Dommage que tout ça n’ait été qu’un beau mensonge, au final. M’a-t-elle même jamais aimé ?
— Pas de violence physique ou verbale, ni d’utilisation de sorts ou de potions dans l’intention de nuire ou de blesser l’autre. Cela comprend aussi la Legilimancie et évidemment les Impardonnables.
Edda essaye d’être le plus large et le plus neutre possible pour bien indiquer à Shura qu’elle n’exige pas une telle règle à sens unique. S’il l’accepte, elle devra en faire de même, quand bien même l’idée de lui faire du mal ne lui traverse actuellement pas l’esprit. Si jamais elle en a marre, elle se contentera de disparaître.
Son frère lui a bien montré l’exemple pour simuler sa propre mort.
— J’accepte l’existence d’un compte commun et le fait de l’alimenter, mais chacun garde ses biens séparés. Je ferai un testament qui te léguera tous les biens des Teller en cas de décès, cependant.
Si jamais Edda part, elle compte bien lui laisser tout ce qui la relierait à cette famille qu’elle déteste, mais pas le reste, pas ce qu’elle a amassé elle-même. Bien peu, en comparaison avec la fortune des Teller, mais suffisant à ses yeux pour vivre.
Vient le dernier point auquel elle pense ; le moins agréable de tous, à ses yeux, et celui où elle redoute le plus une opposition franche de Shura.
— Je sais qu’il est probable qu’un héritier soit attendu de notre mariage.
Edda ne niera pas qu’elle a déjà réfléchi au sujet, bien avant de rencontrer Shura. Mettre un enfant au monde la terrifiait, auparavant, persuadée qu’elle ne pourrait pas l’aimer, persuadée qu’il finirait comme elle, un pion au service de Rossignol ; un autre ennemi au sein de sa propre famille. Il est probable qu’elle se serait assurée de ne pas pouvoir enfanter si un mariage arrangé par Rossignol avait pu voir le jour, quitte à en crever.
Elle n’est toujours pas à l’aise avec l’idée, mais elle peut l’envisager, dans une certaine mesure. Non ?
Un frisson de dégoût la parcourt et sa gorge se serre. Il y a des cauchemars qui se réveillent sur son corps malgré elle, des spectres de caresses que Kerry avait su apaiser. S’il y a bien quelque chose qui la dégoûtait encore plus que de tuer, en tant que Fauvette, c’était de devoir appâter les hommes par le sexe pour pouvoir les assassiner loin des regards.
Putain. Pourquoi doit-elle être brisé à ce point ? Pourquoi doit-elle être faible à ce point ? Ce ne sont que des souvenirs. Des fantômes. Elle les a déjà tués une fois, elle peut bien recommencer. Sa main passe devant son visage pour qu’elle ait le temps de reprendre contenance, cherchant la meilleure façon de formuler les choses à Shura.
Edda essaye vraiment d’être de bonne volonté, elle ne serait pas là, sinon, mais il y a encore trop de cordes qui l’enchaînent à ce passé qu’elle veut brûler une bonne fois pour toute. Soit elle meurt, soit elle pourra enfin évoluer et reconstruire par-dessus, oublier Rossignol, Kerry, Levy, tous ceux qui lui ont menti et se sont servis d’elle. Elle veut changer. Elle veut être autre chose qu’une marionnette, même si c’est éphémère, même si elle est condamnée à brûler aussi vite qu’une étoile filante.
Et peut-être qu’un jour, je pourrais dire à mon frère qu’il n’a plus besoin de fuir.
— Je ne peux pas promettre que j’arriverai à vous laisser me toucher avant d’avoir pris l’habitude de votre présence. Ne me forcez jamais. Que ce soit pour un héritier ou autre chose, d’ailleurs. Comme vous l’avez si bien dit, nous sommes deux adultes, nous pouvons discuter.
Les mots francs qu’elle souhaitait prononcer meurent finalement dans sa gorge. Edda aurait aimé être sincère. Elle aurait aimé expliquer à Shura les raisons de cette limite, mais elle ignore ce qui l’a retenu. Peut-être a-t-elle honte, finalement, d’avoir été une marionnette entre les mains de son père, une diversion dans les mains d’autres hommes.
Si tant est que la honte soit une émotion que je puisse ressentir.