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But this time I stuck around | Alec

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Angleterre
Dim 17 Déc 2023 - 22:23

But this time I stuck around


🙤 Un village d'Angleterre
🙤 13 février 2017

 ft. @Alec Kaleb Rivers
Le café ne paie pas de mine.

Les vitres troubles, encrassées par des années de saleté ; l’enseigne rouillée par le vent et la pluie ; la porte qui grince à chaque ouverture et qui laisse passer les courants d’air ; non, décidément, tout est réuni pour offrir un cadre des plus accueillants. Ajay a rarement connu café plus miteux que celui de ce village d’Angleterre, à quelques heures de Londres ; à part peut-être ce bouge perdu au fin fond de la cambrousse du Cambodge. Le patron était certes sympathique, avec son sourire édenté, mais il servait un café dégueulasse dans un établissement qui mériterait une bonne rénovation - pour ne pas dire une reconstruction intégrale pour purger les lieux.

Il réprime un soupir, puis s’allume une cigarette tandis qu’il attend sur la petite place attenante au café. Le lampadaire voisin grésille et peine à illuminer la place sous le brouillard hivernal de la soirée. Il était mieux en t-shirt à Cilaos sous un soleil écrasant, en dépit des longues journées où il a plu des cordes des heures durant. Deux semaines plus tôt, il a aidé en catastrophe André à couvrir les goyaviers pour les protéger des intempéries, avant de sauver le chat de Thérèse qui a failli être emporté par la crue. Elle leur a offert le repas - son cabri massalé maison - en remerciement. Un quotidien simple, ponctué par les soirées à boire du rhum arrangé sorti du congélateur ou à jouer au mahjong avec les riverains. Une vie simple, qu’Ajay envie malgré lui. Retourner crécher à Cilaos lui fait de l’œil, poser ses valises là-bas, loin de la criminalité et de ses tourmentes habituelles. Repartir de zéro. Tout oublier pour vraiment vivre, au lieu de survivre par monts et par vaux.

L’idée est alléchante, mais irréaliste. Une parfaite idée de merde. Si Rossignol a su retrouver sa piste à Londres, rien ne l’empêche de le pister jusqu’à Cilaos.

Et dans le genre ‟autre idée de merde”, sa présence dans ce village en est une belle. A mesure que les minutes s’écoulent, Ajay s’interroge, remet en question ses choix. Ajay n’a aucune raison d’être là, mais comme avec Beck, Aldric a pris le dessus, revenu d’entre les flammes de l’incendie. Lorsque son prépayé a vibré dans sa poche, affichant un texto signé Alec, la séparation entre ses deux identités s’est effritée une fois de plus. Il n’a guère pris le temps de réfléchir avant de lui répondre. Le geste s’est fait automatique, l’instinct régissant le mouvement. Comme s’il ne pouvait en être autrement.

Il n’aurait jamais dû répondre. Ajay aurait dû jeter ce prépayé et tourné les talons, comme il aurait dû pousser Beck dans le vide en contrebas - ou, plus sympathiquement, l’oublietter. Effacer les traces de cette vie partie en cendres, puis relancer les dés. Changer de nom à nouveau, recommencer, encore et encore. Au fond, il sait qu’il est déjà resté trop longtemps à Cilaos. Une semaine était amplement suffisante, deux, à la rigueur ; mais pas davantage.

Mais non. Il préfère accumuler les idées pourries, les collectionner sur une belle étagère, tout ça parce qu’Aldric a déniché il ne sait trop où un élixir de résurrection pour rester dans un coin de sa tête. Aldric a choisi délibérément de mourir, parce qu’il n’avait pas d’autre choix, mais il en est incapable. Il s’accroche, s’agrippe, et cohabite avec Ajay - une abomination qui n’aurait jamais dû avoir lieu.

Les erreurs s’enchaînent les unes après les autres, et pourtant, Ajay - ou Aldric ? - ne rebrousse pas chemin. Il reste planté sous ce lampadaire grésillant, la clope au bec, à fixer ce café miteux qui sert très certainement un café dégueulasse. Il a beau réussir à donner le change depuis plusieurs semaines, au fond, rien n’a changé. Il ne cesse de fuir, incapable qu’il est d’affronter la réalité. La vérité. Et s’il a réussi toutes ces années à conserver la distance nécessaire pour multiplier ses identités, les changer comme une paire de chaussettes à chaque fois, cette fois, ses barrières s’affaissent.

Cette vérité tourne en boucle dans sa tête sans qu’il ne l’accepte, alors même qu’il se tient dans ce village britannique perdu au milieu de nulle part pour retrouver Alec. Sans Aldric, Ajay ne serait pas là.

Au fond, même un incendie n’aura pas raison d’Aldric ; de la même manière que les balles d’un rival de Rossignol n’ont jamais eu raison de Bryn. Ils restent là, tapis dans les ombres, comme les deux faces d’une même pièce.

Mais Ajay préfère se voiler la face. Comme d’habitude.

Il jette sa cigarette sous son pied et l’écrase. Il réprime un soupir. Les mains enfoncées dans les poches de son manteau, il abandonne le lampadaire grésillant pour rejoindre le café, non sans observer une fois de plus les lieux autour de lui par prudence. Il pousse la porte, qui grince autant que s’il essayait d’être discret au beau milieu de la nuit. A l’intérieur, plusieurs paires d’yeux se tournent vers lui - Ajay s’étonne qu’autant d’habitués soient présents dans ce café miteux - mais ne lui accordent pas davantage d’attention. Il ne s’en formalise pas. S’installe plutôt à une table dans un coin, proche d’une porte de sortie mais loin de toute fenêtre. De sa chaise, il a une vision d’ensemble de toute la salle.

Ajay vérifie ses messages sur son prépayé, puis commande un café. Grogne contre le prix entre ses dents, mais s’en accommode. Avec un autre prépayé, il envoie quelques messages. Être à Cilaos ne l’a pas empêché de poursuivre ses affaires. L’argent ne tombe pas du ciel, et jouer les faussaires rapporte beaucoup, quand on est assez doué pour éviter la justice. Il ne compte pas abandonner de sitôt, encore moins s’il se décide à changer de nouveau d’identité pour disperser les traces. Être toujours en mouvement, ne jamais créer de routines ; des règles qu’il a appliquées pendant des années, et qu’il a quelque peu délaissées à Londres.

Du coin de l’œil, il aperçoit Alec qui entre dans le café, accompagné du grincement désastreux de la porte. A nouveau, les paires d’yeux se braquent sur le nouveau venu mais ne s’attardent pas bien longtemps. Ajay ne redresse même pas la tête. Il n’a pas changé d’apparence, alors Alec viendra à lui sans peine - à moins qu’il ne décide soudain de faire demi-tour ? C’est une possibilité.

Le serveur lui apporte son café. Ajay le remercie brièvement avant de boire une première gorgée brûlante.

Sans surprise, le café est dégueulasse.
(c) Taranys
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mer 27 Déc 2023 - 10:02
“Qu’est-ce que tu fous ?” Il a le regard flou, droit et dur comme à son habitude, mais pas perçant. Bien au contraire, il s’égare quelque part. Les doigts refermés sur un verre vide, le dos sur le dossier du fauteuil du bureau et les avants bras sur leur accoudoirs respectifs, Jethro reste immobile face à la question de son fils.
Ce dernier le dévisage alors un instant sur le pallier de la porte puis fini par hausser des épaules et plonge ses mains dans ses poches en s’avançant dans le grand bureau. Statues, reliques, ecusson de la maison, riches tapis et  tenture au mur, tout est ici fait pour rappeler la grandeur des Rivers autant que leur austérité.
“Je réfléchis.” Fini-t-il par lâcher d’une voix las qui ne lui ressemble pas.
“’Va pas te froisser un muscle…” Une grimace cynique sur le visage, Alec ignore le bruit que font les poumons de son père lorsqu’ils se gonflent d’un bloc et se stoppent dans un grondement qu’il connaît pourtant trop bien. L’enfant en lui se crispe, guette le bruit du ceinturon qui se défait. L’adulte, lui, rejoint la bibliothèque à la gauche du bureau, face au fauteuil de son père, et en extrait un livre.
“Ma bibliothèque t’es interdite.” Gronde ce dernier.
“Et tu n’as jamais su m’en tenir éloigné. Je propose d’arrêter les faux semblants et d’accepter cet état de fait…” Fait le jeune homme en s’adossant aux rebords de bois jonchés de traités, d’essais et de mémoires. Tout en feuilletant l’ouvrage, il fait alors mine d’oublier le regard perçant de son père à quelques mètres de là qui s’est manifestement rappelé comment affûter le tranchant de ses prunelles.
Le silence tombe et les couvre de sa chape de plomb. Pourtant ni l’un ni l’autre ne changent de position. Ni le père qui le foudroie, ni le fils qui s’obstine à consulter l’abrégé de droit qui pèse lourd dans ses muscles fatigués par ses insomnies.
“ça concerne une affaire ?”
“Ouais.”
“Tu me dis laquelle plutôt que de faire ton gosse borné ?”  
“Les Lopez.”

Une histoire complexe de détournements de fonds amenant à une exploitation des enfants de la famille autant que de leurs arrières grands parents.
De nouveau, le silence tombe comme s’écoule le plomb en fusion dans l’eau : en crépitant.
Les minutes s’égrènent et chacune de leurs secondes, annoncées par l’horloge  au fond de la pièce, crissent aux oreilles du père comme du fils.

“Il ne t’es jamais venu à l’esprit d’être du côté de ta famille ?” Fait soudainement Jethro en se redressant dans son fauteuil. Penché en avant, paume gauche sur l’accoudoir, coude droit sur le second, il garde le dos droit en dévisageant son fils sans lâcher son verre.
“Et toi ?” Le ton est égal quand Alec redresse le regard pour le planter dans les prunelles de son père. Glace contre glace.
Celui-ci se fige. Mais le fils reprend. “Il ne t’es jamais venu à l’esprit d’être de mon côté ?”




Chaque mot lui est tatoué dans la chair lorsqu’Alec s’arrête enfin, plusieurs heures plus tard. À force de transplaner et de prendre divers portoloins illégaux, il a le cœur au bord des lèvres, le visage gris et les jambes flageolantes.
Aucun regard vers les marques que l’altercation qui a suivi ont laissé. Courte. Fulgurante.
Ayant pourtant abouti à un “Fais tes affaires et celle de ta femme. Je vous autorise à déménager.” qui lui cogne sous les côtes à chaque battements de cœur si fort qu’il semble à Alec avoir cessé de respirer tant ça prend de place dans sa gorge. Tant de mois à se battre pour retrouver un semblant de liberté. Tant de temps à espérer qu’Azalea le lâche et à présent que ça se fait, tout lui apparaît comme irréel. Comme piégeux.

Alors de nouvelles fois, il transplane.
Au cas où.

Tout ça pour revenir sur ses pas et pointer sa gueule dans un petit village perdu où le nombre de moutons dépasse celui des Hommes. Ou peut être les Hommes sont-ils des moutons. Va savoir.
Une heure trente de surveillance. Une heure trente pour s’assurer ne pas avoir été suivi, masqué par des sorts de dissimulation. Une heure trente dans le froid, à attendre, surtout, que son pouls finisse par se normaliser. Tout le rend nerveux, de l’absence d’Azalea à la décision de son père en passant par la discussion avec Julian la veille et la connaissance des atrocités perpétrées par le père d’une femme avec qui il passe sans doute trop de temps. Trop de temps intime. Et s’il n’y avait que ça. La situation d’Enzo, les histoires de triangle amoureux entre Warren, Ella et Mily, la maigreur de Mack à force de peiner à avaler quoi que ce soit, l’absence de ses proches, le silence de Jordane qu’il sent cacher bien des choses. Blackblood, toujours dans les environs.
Le corps tremble. Non plus le peur mais de froid. Cette brise salutaire enfin infiltrée jusque dans ses muscles, qui anesthésie tout sur son passage. C’est le signe de lever le camp, de changer de lieu. Celui grâce auquel il s’écarte de son spot de surveillance pour en atteindre un second. Vue sur le café, entre les murs décrépis, les enseignes fermées et les habitations vides. Quelques tables de zinc abandonnées à l’extérieur. Du lierre vert en été, il ne reste que quelques tiges qui pointent comme des griffes. Deux pots de fleurs vides à distance de l’entrée. Des vitres piquetées. Une enseigne en biais dont la typographie s’est faite ronger par les ans.

Un endroit loin de tout, où personne ne les connaîtra, qui n’est relié ni à l’un, ni à l’autre. D’ailleurs, l’idée ne vient même pas de lui.

Lorsqu’Aldric se pointe, Alec bouge légèrement dans sa position et contre son épaule, la brique du mur sur lequel il est appuyé s’émiette en silence. Ces quelques débris laissent pour vestige une trace blanchâtre sur le cuir de sa veste lorsqu’il entre dans le troquet. Formules de politesse, banalités : Alec rejoint comme si tout était normal un homme qui devrait être mort.
S’il n’en a jamais vraiment douté, là encore, ça s’agite un peu sous sa poitrine et s’il passe le bout de son pouce sur ses autres doigts c’est pour faire refluer les picotements qui s’y invitent.

- Salut, fait-il, se rendant soudainement compte qu’il ne sait que dire. Si cet homme est là, il ne le devrait pas, c’est aisé à deviner. Sa disparition a-t-elle un rapport avec sa sœur ? L’ont-ils retrouvé ? Tout se bouscule, comme s’il raccrochait soudainement aux emmerdes de Bryn, les ayant jusque là repoussées pour laisser place aux siennes.
Trop à traiter en une seule vie.

C’est le type du bar qui, en lui apportant son café, lui offre quelques temps de répits pour trouver quoi dire. De nouveau ; formules de politesse, échange court, puis tous deux sont de nouveau seuls face à face. Le mort libre et le vivant captif. Par habitude ou par réflexe, Alec prélève déjà une gorgée qui brûle son corps glacé. Une grimace, donc, passe sur ses traits.

- Et dire qu’on te répétait que ton café était dégueulasse, boss…

Au club, bien sûr. Des souvenirs qui datent à présent tant qu’ils lui semblent appartenir à une autre vie. Sans doute une impression commune à cette table.

- J’étais pas sûr que tu répondrais. Plus que la possibilité d’être vivant, c’est une question de choix qui se tisse en sous texte dans ces mots-là. Tout comme il a mis un temps à décider de faire confiance à cet homme, ce dernier aurait pu prendre la décision la plus sécuritaire pour lui.
Il ne l’a pas fait.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mer 27 Déc 2023 - 16:20

But this time I stuck around


🙤 Un village d'Angleterre
🙤 13 février 2017

 ft. @Alec Kaleb Rivers
Alec apparaît dans son champ de vision, par-dessus le café dégueulasse. Trop tard pour faire demi-tour. Trop tard pour se défiler une fois de plus.

Vraiment ?

La porte n’est pas loin ; il a choisi cette table exprès. Un écran de fumée pour faire diversion, un sortilège d’oubliettes pour effacer toute trace de son existence dans l’esprit du gamin, puis il met les voiles. Un piège parfait, qu’Ajay a sans doute concocté à l’insu d’Aldric pour tirer un trait pour de bon sur cette vie qui n’est plus. Qui n’a plus lieu d’être. Ses muscles se tendent, prêts à bondir afin d’appliquer ce plan infâme. Sa baguette peut fuser entre ses doigts en un claquement de doigts. Avec l’état des canalisations et le froid dehors, personne ne soupçonnera l’usage de la magie ; tout le monde s’accordera pour mentionner un malheureux incident à cause de la vétusté des lieux. Rien d’étrange, rien pour le trahir, si ce n’est la présence incongrue d’Alec dans ce café sans explications. Il pourra toujours lui implanter un faux souvenir, quelque chose de flou, de stupidement banal pour dissiper les soupçons.

Les sacrifices nécessaires pour survivre ; pour avancer, surtout, sans se laisser enchaîner par les connaissances du passé. Appliquer les mêmes réflexes, encore et toujours, pour assurer son anonymat et ainsi toujours échapper aux serres du rossignol. Parce qu’au fond, Alec est une menace. Plus qu’une faiblesse que Rossignol ou Fauvette peuvent exploiter, il représente un danger imminent. Une faille dans ses défenses, la fissure qui attaque les fondations et qui cause l’effondrement de nombreuses années de travail. L’erreur de calcul digne d’un débutant ; digne du libraire qui périt dans les flammes.

Au fond, le libraire a toujours su que Bryn lui attirerait des ennuis. Le gosse d’un riche, d’un mafieux ? C’était évident, plus évident encore que le jour qui se lève. Et pourtant, cette information n’a pas arrêté Dante. Il a persisté. Persévéré. Il s’est condamné lui-même, à trop vouloir jouer avec le feu.

Et Ajay se déteste pour penser une telle chose ; mais n’est-ce pas Bryn qui prend le dessus depuis des années ? Ajay ne connaît pas Dante.

Il étouffe son soupir dans son café dégueulasse, se soucie à peine de la salutation d’Alec. Encore une fois, il se voile la face ; il le fait depuis des années. La lâcheté est plus facile à endurer que le reste.

Et il prétend pouvoir prêter main forte au gamin ? Il ne parvient déjà pas à s’aider lui-même.

Derrière son café, Ajay ne bouge pas. N’esquisse pas le moindre geste pour créer un écran de fumée, attraper Alec par le col et l’oublietter. Au fond, son plan n’a jamais été d’actualité. Dès l’instant où il a reçu le message de ce chaton mouillé, il a su qu’il répondrait, et qu’il viendrait, si une demande de rencontre apparaissait sur son prépayé. Des semaines plus tôt, il a pris un engagement, et il s’y tient, peu importe qu’Aldric soit mort. Au fond, s’il se montre honnête avec lui-même, Aldric, Ajay, quelle importance ?

— J’ai toujours dit que mon café était correct.

Pas le meilleur, certes, mais correct. Toujours meilleur que celui servi dans ce bouge miteux. Peut-être qu’après Cilaos, il devrait aller en Italie, profiter de bons ristrettos et peut-être apprendre aussi sur le tas. Ou peut-être est-ce une mauvaise idée ; devenir plus exigeant en matière de café lui causera la vie dure, avec ses nombreux voyages.

Puis la conversation délaisse la banalité du café pour fleurter avec les limites du raisonnable. Derrière sa tasse, Ajay balaie la salle du regard, ne remarque rien qui sort de l’ordinaire. Quelle est la probabilité que quelqu’un les espionne dans ce trou paumé ? Personne n’est entré après eux. Il n’y a que des habitués en ces lieux ; ils sont les deux intrus.

— J’espère que tu m’as tiré des Bahamas pour autre chose qu’un café dégueu.

D’un œil extérieur, Ajay apparaît sûrement comme fermé. Pas hostile à la conversation, mais pas jouasse non plus d’être là. Mais si Alec réfléchit deux secondes, ses neurones feront la connexion. Les Bahamas. La plaisanterie qui n’en est une qu’à moitié. Leurs échanges précédents, la promesse faite par Aldric. Une aide proposée, une main tendue. Les semaines se sont écoulées sans réponse tangible, mais Aldric n’a pas oublié. Ajay a pris le relais.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Lun 1 Jan 2024 - 20:19
Il n’est pas seulement las, cet homme. Il est crispé ; en colère peut être. Tiraillé, sans doute. Il incarne ce qu’Alec aurait pu être en d’autres vies. Ce que Logan pourrait devenir. Ou Janie. Tant de figures fraternelles. De celles qui auraient dû l’aider, lui a un jour dit Kezabel, mais qui n’en ont rien fait.
Pas tout à fait vrai. Pas tout à fait faux non plus.
Des figures d’absents, surtout.

Se pointeraient-ils avec cette gueule s’il les appelaient ? Cet air renfrogné, ce menton dur, ce regard sombre. Auraient-ils sur leurs traits des marques d’une vie qu’il peut à peine deviner ? Ces sillons qui tracent des entailles dans les valeurs que l’homme porte pourtant avec lui quoi qu’il en dise.

— J’ai toujours dit que mon café était correct.
- Il est pourtant infâme. Rien n’est lourd dans ces quatre mots, pas même taquin. La rudesse d’Aldric l’alerte mais l’héritier Rivers se maintient. Calme, un brin cynique, une forme de tendresse, surtout, au creux de ces quelques mots posés-là par la force de l’habitude. Il y a là quelque chose d’assumé, de la même manière qu’Alec pose sur lui un regard qui ne se détourne pas. Tout comme il assumera avoir peur - de tout et de lui tout autant - il ne reniera pas sa décision. Et avec elle, l’affection qu’il a pour cet homme.

Aldric balaye les lieux du regard. La phrase est banale. La tension, palpable.

— J’espère que tu m’as tiré des Bahamas pour autre chose qu’un café dégueu.
Un souffle amusé, une nouvelle gorgée ; impossible de déterminer lequel des deux est le plus acide.

- C’est dont ça le bronzage… C’aurait pu être les flammes, se retient-il d’ajouter.

Dehors, sans prévenir, une jetée de grêle provoque un mouvement général dans le bar : d’un même élan, chacun braque le regard vers l’extérieur, là où les grêlons rebondissent sur les toits et les pavés. Du même temps, les réflexions sont communes chez les moldus : leurs voitures, les toitures, les tracteurs. Des histoires de récoltes, de quotidien, de matériel et d’assurance. Des trucs de moldus.
Ça ne dure que quelques minutes, car la grêle se calme comme elle était arrivée, rien de si gros pour inquiéter véritablement qui que ce soit. Seuls les souvenirs remontent à la surface et les habitués évoquent des anecdotes que tous connaissent sans doute déjà par cœur.

Alec, lui, attend encore une minute ou deux que sa méfiance ne reflue, conscient qu’il en vient à soupçonner la météo. Idiot. Mais son regard s’attarde un instant encore au travers de la glace. Aucun signe de nervosité pourtant. Pas de genou qui tremble, de talon qui bat la mesure, d’ongles ou de peau à arracher. Maître de cette assurance apparente devenue le plus solide de ses masques. La voix posée, pas réellement de sourire mais aucune dureté pour appuyer les paroles, il s'exprime comme s'ils parlaient négoce, contrat ou association quelconque.

- N’en déplaise à ce café, tu sais très bien pourquoi j’ai appelé. Si on est deux à cette table, c’est que je suis ok. Et t’as pas l’air de revenir sur ta parole. Ou alors ça fait cher le déplacement pour m’envoyer chier…

Par “cher”, c’est le terme “risqué” qui élance en sous texte.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mar 2 Jan 2024 - 1:49

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 ft. @Alec Kaleb Rivers
Ajay ne relève rien. Ni la remarque cynique sur le café d’Aldric, ni sur son bronzage. Il balaie ces frivolités, dans l’attente d’une discussion plus tangible. Il est peut-être venu, soupçonnant les motivations du gamin, mais il ne fera rien sur une supposition. N’entamera rien sur un simple doute. Si Alec veut quelque chose de lui, qu’il s’en donne les moyens et qu’il le formule. Ajay reste fidèle à cette idée, demeurant de marbre, comme indifférent à tout ce qui l’entoure. Une sensation qui se maintient et perdure lorsque la grêle s’abat contre le toit de ce bar miteux. Les habitués de la tête se redressent, plus vifs encore que les vieilles commères du village installées derrière le rideau de la fenêtre pour épier la rue au moindre mouvement. Le ton des conversations évolue, des préoccupations terre-à-terre, qui les ancrent dans une réalité profonde. L’espace d’un instant, Ajay se revoit à Cilaos, sur la terrasse de la case d’André, à jouer au mahjong avec ce dernier et Marie et Maurice. Lorsque la concentration ne prend pas le dessus, ils parlent de tout et de rien. Maurice parle de son épicerie, de la clientèle et des touristes qui s’arrêtent parfois pour lui acheter quelques spécialités locales. Marie raconte des anecdotes sur les enfants de l’école où elle est enseignante, un sourire au coin des lèvres la plupart du temps. Des banalités du quotidien, d’un quotidien dont Ajay ne peut que rêver sans parvenir à le toucher du bout des doigts.

Sans qu’il ne bouge d’un iota, Ajay reconnaît dans ces discussions d’agriculteurs de ce village britannique ses connaissances de Cilaos. Pas le même décor, mais des préoccupations similaires, si éloignées de son quotidien, de la vie tourmentée qu’est la sienne.

Face à Alec, il ne cille pas. Il attend. Il finit d’une traite son café dégueulasse, l’imaginant encore plus infect une fois froid. Il observe le gamin. Sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi, quelque chose a changé dans son regard.

Il s’en passe des choses, en plus de deux mois.

Ajay mentirait en prétendant qu’Aldric a gardé un œil sur le gamin. Il n’a pas vu passer son mois de décembre, plongé dans un entre-deux trouble et douloureux. Son mois de janvier, il l’a passé à Cilaos, à tirer un trait sur l’existence d’Aldric disparue entre les flammes. A nouveau, il songe qu’il ne devrait pas être là. Ses différentes identités cognent dans sa tête, dans son cœur, mais aucune ne triomphe vraiment. Et s’il cesse de se voiler la face, il ne reste plus qu’une seule vérité ; qui est-il vraiment, derrière ces simulacres d’identité qui s’accumulent jour après jour ?

Une question qu’il a noyée dans son café dégueulasse et à laquelle il ne prête aucune attention, même si elle est là, toute insidieuse qu’elle est.

— Ouais. Puis j’aurais pas quitté les Bahamas pour ce bled miteux.

Il répond sans vraiment répondre. Encore des demi-mots, sans véritablement entrer dans le sujet qui les intéresse tous deux. Ajay tourne autour du pot, chose qui ne lui ressemble pas. Attend-il véritablement qu’Alec fasse le premier pas ? Ou une autre raison se tapit-elle dans le creux de ses pensées ? Au fond, il sait ce qu’il en est. S’il ferme les yeux, à cet instant précis, il revoit cette nuit dans l’entrepôt, Logan Rivers. Son esprit fracassé par la legilimancie brutale. Une seule altercation ; c’est tout ce qu’il a fallu pour effriter ses défenses. Qu’il se prénomme Aldric ou Ajay, le constat reste le même. Possède la même violence.

« Quand on a déjà du mal à maintenir un armistice avec soi-même, on ne se mêle pas de farfouiller dans la tête d’autrui. »

Les mots de Rossignol se heurtent contre ses pensées, des préceptes qu’il n’a jamais oubliés en dépit des années et de la rancune, des préceptes qui persistent à le guider encore aujourd’hui. Il a peut-être recouvré son calme depuis fin décembre, mais le compte n’y est pas.

— Je pensais pas que t’accepterais.

Les quelques semaines se sont transformées en mois sans aucune explication. Ajay entend qu’il a certainement sa part de responsabilité, ou plutôt Aldric, qui a soudain disparu dans les flammes, mais il a trouvé long ce silence. Et d’autant plus inexpliqué ce revirement soudain.

— Pourquoi ce changement ?  

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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Sam 6 Jan 2024 - 19:37
— Ouais. Puis j’aurais pas quitté les Bahamas pour ce bled miteux.

On dit souvent d’un homme tel qu’Aldric qu’il est fait de marbre. Alec le voit de briques. Solide et fier sans doute, inébranlable d’apparence. Dense. Froid. Fermé. Une brique n’est rien d’autre que de la glaise pressée, vidée de leur substance, cuite. Elles finissent par s’effriter. Inéluctablement, à mesure sur le temps passe, l’érosion trace ses sillons et désolidarise les fondations. Alors à un moment, oui, elles finissent par s’effriter.
Il a cet air là. L’air de celui qui retient tout si fort qu’il espère donner le change pour faire oublier toutes ces miettes de lui qui s’échappent à chaque tempête trop puissante.
Une impression miroir.

— Je pensais pas que t’accepterais. L’a-t-il toujours eu, ce timbre rocailleux ? Cette voix aux milles ridules qu’on ne sait si elle est naturelle ou si elle n’est due qu’à la dureté des impacts encaissés.
“Moi non plus.” La réponse est nette. Il pourrait la lui masquer, bien sûr, mais à quoi bon ? Quel intérêt ? Tous deux savent trop à quoi s’en tenir pour jouer à ces petits jeux de dupes. Et surtout, Alec n’a pas l’énergie pour ça. Pas lorsqu’il se sait démasqué ou sur le point de l’être.
— Pourquoi ce changement ?   Putain de regard. Bleu, toujours. Pourquoi faut-il qu’ils aient tous les yeux si bleus ? Pourquoi faut-il que ces reflets lui donnent l’impression de scalpels toujours prêts à se planter dans son âme ? Le souvenir de Logan qui se fracasse en lui si violemment que son crâne lui semblait ouvert en deux, celui de l’aura d’Augustus, sale et vile dans ses pensées comme un serpent, un monstre tant avide de lécher chacun de ses souvenirs les plus intimes, tous deux se retrouvent en cet instant dans le regard de cet homme-là. Le point commun : le manque de confiance. Un truc qu’il pourrait retrouver dans les yeux d’encre de Sanae. Il devrait. Inconnue, jusqu’à la fin. Et pourtant l’idée ne le traverse même pas.
Tous sont fracturés pourtant. Tous autant qu’ils sont. Logan, Blackblood, Sanae, Aldric. Lui-même.
Seul reste pourtant ce truc, cette sensation sourde d’avoir fait face à des âmes sales, dangereuses. Des types qu’il vaut mieux avoir de son côté. Ce qui n’est pas le cas pour l’un d’eux, et ce dont il doute parfois pour Logan et Aldric.

Paradoxalement, c’est pourtant ce duo qui l’a amené là. Logan et Aldric. L’un proposant une issue. L’autre l’y poussant comme il l’a poussé vers Sanae.

Alec baisse le regard et le porte au travers des vitres piquetées du café crasseux. Les plinthes s’effritent, elles aussi, note-il, autant que les joints qui encadrent la fenêtre. Détourner les yeux n’était pas sa volonté et la fuite ne dure qu’une seconde avant de retrouver le givre de son ancien chef.

“Une sombre histoire permettant de me rassurer auprès d’un connaisseur…” En inspirant, l’air refroidi le léger interstice qui sépare sa mâchoire supérieure de l’inférieure. De quoi lui rappeler la tension qui existe dans chaque part de son être. Comme s’il était le responsable de la situation. Qu’il aurait dû réagir plus vite peut être. “Et j’ai été pas mal entouré ces derniers temps. Et pas par la meilleure des compagnies.” Un soupir s’échappe lorsqu’il se surprend à l’affût des réactions de l’homme de brique. Alors le jeune homme décide de jouer franc-jeux, lassé de ce ping pong morose.

“T’es flippé.”T’as l’air à l’antipode d’un type flippé, mais me fais pas croire que j’ai tors. “ J’crois que t’attend milles excuses pour me lâcher.” C’est ça ? Dans mes réponses, tu cherches le point de bascule qui te fera lever l’ancre. Un obliviate et on disparaît de nouveau ? On oublie ? C’est toi qu’est venu, gars. C’est toi. Pas moi. “ Mais t’es là. Alors prend une décision : tu m’lâches ou tu m’lâches pas mais t’arrête l’entre-deux. J’ai assez de tortures à gérer pour jouer à ça.”
Et j’fatigue. Putain que je fatigue.
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Alec Kaleb Rivers
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🙤 Un village d'Angleterre
🙤 13 février 2017

 ft. @Alec Kaleb Rivers
Quatre mots.

Quatre mots seulement le sépare de la cruelle vérité qu’Ajay refuse de formuler de vive voix. Comme un aveu de faiblesse, il garde le silence quant à ses vrais sentiments, ceux qui le rongent de l’intérieur depuis des semaines. Ceux qui l’ont déjà mis en péril, parce qu’il a tenté de les ignorer, mais même un mois plus tard, rien n’a changé. Il n’a pas recouvré son calme. Les jours à Cilaos lui ont peut-être permis de s’apaiser, mais le compte n’y est pas. Combien de nuits a-t-il passé sur le perron de la case, les yeux rivés vers les étoiles ? Combien de nuits à se perdre dans la nature, à errer sans but ? Combien de nuits à boire des godets de rhum goyavier avec André, sans échanger un mot ; une acceptation mutuelle, un silence lourd de sens.

Depuis son arrivée sur l’île, il ne réfléchit pas. Il se laisse vivre, oublie le reste. Ajay ne connaît pas Londres. Ajay est un gamin de Cilaos, qui rêvait de devenir cuistot, qui a sombré dans la criminalité, et qui a fini par rentrer au bercail. Rien de plus. Pourquoi réfléchir à quelque chose d’aussi simple ?

Le silence d’André lui convient bien. Pas besoin de parler, de s’exprimer ; les regards suffisent. Pas besoin d’affronter la vérité.

Les quatre mots se fracassent contre l’esprit d’Ajay. Il ne les prononce toujours pas. Persiste à les ignorer.

S’il ne les prononce pas, ils ne peuvent pas exister, pas vrai ?

Rêve d’un gosse. Fuite de l’adulte. Ajay, Aldric, Bryn ; qu’importe le nom qu’il porte, il en revient toujours au même point. La fuite en avant. Ignorer les problèmes et aller de l’avant. Les enfermer dans un coffre verrouillé à double-tour, détruire la clef, puis jeter le coffre dans les eaux troubles des tréfonds de son âme et ne plus jamais repenser à ce qu’il a piégé. Et si la stratégie a fonctionné pendant des années, elle s’effondre au moindre choc. Les explications avec Alec, dans ce petit bureau. La confrontation avec Fauvette, ses souvenirs et ses sous-entendus. Logan et sa brutalité.

Puis cet homme qu’il a tué pour le faire brûler avec le club. Un homme qui travaillait pour Rossignol, et qu’il ne connaissait même pas. Il ne se rappelle même pas son nom, qu’il a pourtant entendu dans ses souvenirs. Il se rappelle seulement de son bambin qui refuse de manger sa compote.

Le rappel cruel à la réalité. La vérité cuisante sur son propre état, celui qu’il n’assume pas et qu’il évite. Tous ces chocs, il les a enterrés. A tenté de les ignorer, alors même qu’ils ont tous fracturé ses défenses une à une. Face à André, Madame, Beck ou Alec, son attitude est la même ; tout va bien. Il ne s’est rien passé. Il n’a pas à en parler.

“Et n’oublie pas de sourire aussi, tu sais bien que tu n’es jamais complètement habillé sans un sourire.”

Les mots de Madame percutent une fois de plus ses pensées. S’entrechoquent avec ses contradictions. Elle le connaît. N’a pas besoin de legilimancie pour voir clair dans son jeu. Pour lui rappeler qu’il s’effrite et qu’il perd pied. La menace sous-jacente, sanglante. S’il ne se reprend pas, autant se tirer une balle maintenant, plutôt que d’offrir une chance pareille à Rossignol.

Les quatre mots cognent encore.

Quatre mots ; il lui suffit de quatre mots pour affronter la vérité.

“Je ne peux pas.”

Des mots qui ne viennent toujours pas. L’aveu de faiblesse qu’il est incapable de formuler. Parce que même treize ans après, Rossignol est toujours là à conditionner son existence, à planer au-dessus de sa vie. A interdire toute trace de faiblesse.

Il ne peut pas.

Il ne sait pas. Il ne sait même plus ce qu’il ne peut pas.

Il ne peut pas quoi ? Aider Alec ? Abandonner Alec ? Partir ? Utiliser sa légilimancie ? Affronter la vérité ? Avouer sa faiblesse ?

Vivre ?

Derrière sa tasse de café, le regard en biais, il regarde Alec sans le voir. Des affirmations, presque des accusations. Des exigences. Une question. L’obligation. Et aucune réponse de sa part. Seulement un silence qui s’étire dans ce bar miteux. A côté, les agriculteurs ont délaissé le sujet de la grêle pour parler du printemps et des récoltes à venir. La trivialité d’une vie qui n’est pas la sienne. Qui n’a jamais été la sienne.

A-t-il un jour vécu pour lui-même ?

Seulement des moments de vie arrachés à droite à gauche, une tentative de reconstitution illusoire. Dante. Ajay. Ismahane, Murphy, Brook, Nicholas ; le club. André. Des rencontres, des semblants de relations, qu’il finit toujours par abandonner pour disparaître. Des liens rattachés à des noms et des identités qu’il oublie du jour au lendemain. Il ne vit pas. Il survit ; parce qu’il n’a jamais réussi à fuir Rossignol. Tout ce qu’il fait, c’est pour Rossignol. Pour lui échapper.

Il a essayé de vivre, à Londres ; à présent, il se perd à travers lui-même, à travers tous les noms qu’il porte.

— T’as d’autres évidences à la con ?

Les premiers mots lui échappent, lourds, acides. Il opte pour l’attaque plutôt que d’avouer la vérité. Son regard tombe sur Alec, incisif ; fatigué, aussi. Surtout fatigué. Il n’a pas l’énergie nécessaire pour maintenir son acidité ou ses barrières. Pas l’envie non plus. Il soupire.

— T’as raison.

Les mots lui échappent. Son regard tombe sur la tasse de café vide. Il en aurait bien pris un autre s’il n’était pas aussi dégueulasse.

Aldric devrait être là. Pas lui. Aldric est mort. Qu’est-ce qu’il fout là ? Il ne sait pas. Il voulait aider ce gamin. Ce chaton mouillé, comme l’appelait Aldric. Mais il ne peut pas l’aider. Il en est incapable.

— Je n’peux pas.

Il ne peut pas quoi ? C’est toute la question. Celle à laquelle il n’a aucune réponse.

Alors il se lève. Il lâche la monnaie pour le café sur la table, jette un regard à la salle, puis sort. Le froid le saisit dès qu’il met un pied dehors. L’ambiance étouffante du café s’étiole. Il s’allume une clope tandis qu’il s’adosse contre le mur du café. Il tire une bouffée, relâche doucement la fumée blanchâtre.

Il devrait partir. Partir avant qu’Alec ne sorte, ne le remarque à côté du café. Ne l’interpelle à nouveau pour demander, exiger des explications. Pour l’acculer une fois encore.

Mais il ne peut pas.

A venir dans ce café, il s’est piégé ; piégé entre ses engagements, ses peurs, ses incapacités. Piégé entre ce qu’il est censé faire, ce qu’un autre devrait faire, et son hésitation. Il ne sait pas. Piégé entre la fuite et le statu quo. Piégé entre la fuite et le principe même d’essayer. Piégé entre la fuite perpétuelle et la vie.

Il ne peut pas.

C’est tout ce qu’il sait.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Dim 7 Jan 2024 - 13:11
T’as l’air aux antipodes d’un type flippé.

T’es droit, cynique. Jamais vraiment de mots inutiles, tu sais ce que tu veux et tu laisses pas d’espace à l’imprévu. Tu contrôles tout, chaque centimètres de ton environnement ; c’en devient une véritable obsession. T’es sans pitié aussi, ça se sent. Implacable. Une erreur et tu n’hésiteras pas.
Pourquoi tu le ferais ? Tu l’as déjà fait mille fois. Tout larguer, repartir à zéro, effacer toute trace des autres et de toi. Une page vierge.

Ça importe ou pas ? Ce qui se passera si tu fais ça. Ta sœur me tourne déjà autour et avec elle, le reste de la clique risque de suivre. En d’autres termes : Le mal est fait. Celui là ou les autres, “qu’importe” j’ai envie d’te dire. Je couche avec la fille d’un taré sociopathe qui fait des spectacles de ses meurtres pour des riches cintrés avides de souffrances d’autrui. Le type a décidé que j’étais un danger sur la base d’un simple regard.
J’ai une cinglée cannibale qui a juré de me briser et redouble d’ingéniosités pour ça. Que je sois coupable ou victime, spectateur ou excuse, j’aurais toujours un rôle à jouer et du sang sur les mains. La nouveauté ? Me faire mariner en attendant le moment où je ne l’attendrai plus. Alors j’dors pas. Parce que j’l’attend.
La suite ? Un grand malade qui a été chargé de m’interroger et estime apparemment drôle de continuer à me promettre des trucs que je sais même pas interpréter, à coup de regards au loin.
Aucune de ces merdes n’appartient à ma famille. A croire que les Rivers sont pas les pires du lot.
Et c’est pas la moitié des trucs qui me terrorisent à chaque putain de minute.

Ce qui me fait flipper ; c’est ça. Ta saloperie d’hésitation insupportable. J’la connais celle là tu sais ? Janie avait la même. Elle me regardait exactement comme ça. Après avoir juré tant de fois, de sa voix trop grave pour la gamine qu’elle était, que jamais elle ne me lâcherait. Qu’elle serait là, qu’importe ce qu’il adviendrait. Qu’on était ensembles contre le reste du monde, soudés jusqu’à la mort ou ce genre de conneries que se racontent les gamins à ces âges là pour se rassurer et se dire qu’il y aura toujours quelqu’un quelque part pour partager avec eux les pires moments de leur foutue existence.
Elle avait cette même gueule fermée. Cette même colère. Ce même truc tremblant qui bousillait les fondations mêmes de ses promesses.
Et puis elle les a dit.

Ces trois
Petits
Mots.

J’peux plus.

J’suis désolée : j’peux plus.

Et elle est partie.

T’as pas idée à quel point il me fait peur ce regard. Et c’est débile, parce que j’ai beaucoup trop à craindre à côté pour vraiment flipper parce qu’un type qui a compté pendant un an de ma vie sans jamais savoir ne serait-ce que son vrai prénom… risque de se barrer. Ça a pas de sens. Et pourtant crois moi que ça me pétrifie.
Sauf que j’arrête d’avoir peur. Ya pas une seule foutue seconde pendant laquelle j’ai cessé d’avoir peur et si je remonte dans le passé, pour être très honnête c’est pire. J’me suis construit sur la peur. J’ai une armée d’angoisses pour soutenir les trop-pleins du quotidien. Alors j’peux le gérer ça. J’peux te dire, la gueule en face, d’arrêter tes conneries, de dire les choses, de prendre des décisions et d’assumer tes putains de choix comme le putain d’adulte que tu es.
Et si tu t’barres… bah mon gars tu seras pas le premier dans ma vie à m’avoir promis d’être là pour au final foutre le camp devant l’immensité de la merde. Tu seras pas le premier vide, la première tombe, le premier abandon. Tu seras pas le dernier. Tu seras même pas celui qui m’aura fait le plus mal. T’es un type avec des belles paroles qui laissera une plaie infectée de plus et des crises à gérer qu’il faudra empiler quelque part sur la montagne des merdes avec lesquelles dealer.
Tu te seras pointé. Tu m’auras balancé des espoirs à la gueule. Tu m’auras dégueulé ton mal être et ta famille. Tout comme ta sœur l’a fait.
Et voilà, c’est tout.
Ça fera un atout de plus dans le jeux du “qui viendra me cueillir en premier et face à qui je me relèverai pas ?”. Super jeu. Tordant, vraiment.
Et j’me relève. J’arrête pas d’me relever. J’sais pas comment mais c’est le cas.
Et tu sais quoi ? J’ai des amies qui ont pas la moitié de ton âge qui auront six fois plus de burnes que toi si tu te barres maintenant.

Ouais. J’me dis tout ça. Des tas de beaux arguments. Des tas de belles superstitions. J’ai même une chiée de bon sentiments à balancer sur le tout, à base de valeurs de l’amitié, de foi en soi et d’assurance d’avoir vécu tellement pire que dans l’fond tu comptes pas.

C’est beau. Ça dégueule d’impulsions primitives. Les souffles de vie qui vous maintiennent quand plus rien ne semble le faire. Ça tient presque du fétichisme.

Mais à la fin, c’cqui en reste : c’est que j’ai putain de peur de ce regard.

— T’as d’autres évidences à la con ?
Des tas. Mais j’ferme ma gueule. Parce que ce ton-là aussi j’le connais. J’le balance à qui veut l’entendre quand à l’intérieur je manque d’air.

Ton regard, je le soutiens sans ciller. T’y fous tellement d’énergie à le tenir acéré que tout c’que je vois c’est que la seule patate que t’as c’est celle que tu voudrais te mettre pour réaligner tout ce qui merde dans tes silences.
C’est ça ? Tu veux t’barrer.

— T’as raison.

Officiellement déclaré moyen optimisé de torture validé par le CNC. Deux mots et j’ai l’impression de me prendre une balle. Deux mots et si je ne claque plus aucune réplique cinglante, c’est que j’ai pu d’air pour encaisser une telle trahison. C’est stupide putain. Je n’suis qu’un gosse stupide aux attentes stupides.
J’bouge pas pourtant : j’ai les yeux dans les siens comme si je m’attendais à une attaque là tout de suite, les muscles crispés si forts qu’ils me semblent alterner entre la brûlure de l’effort et le frisson glacé de l’angoisse. Et ces ongles que je voudrai me planter dans la peau jusqu’aux os mais qui ne font qu’appuyer sur mes phalanges.
T’as raison. Bien sûr qu’j’ai raison.

Et malgré tout..
— Je n’peux pas.
Malgré tout, ces mots là me fracassent la gueule.

J’réagi même pas. Le regard droit devant, je vois l’ultime vibration dans ton regard, comme l’onde qui balaye le café noir quand tu te lèves. Je vois ton corps défiler. Le t-shirt miteux, la veste, la ceinture limée, le pantalon. J’ai pas la force d’accompagner ton mouvement du regard, c’est aussi con que ça. Même pas la force de m’interroger réellement : c’était l’ombre d’une baguette que j’ai vu passer ? Celle d’un flingue ? Ou une simple illusion issue de mon cerveau en vrac.
Pas un mouvement quand tu traverses la pièce. Pas un quand dans le fond, des éclats de voix percent le fond sonore, pas un soubresaut quand les gars s’exclament sur des histoires de jeux et qu’en arrière plan, le grincement sinistre de la porte accompagne son claquement définitif.

T’es parti.

Il me faut ça pour que je comprenne avoir cessé de respirer et même là, l’idée de reprendre une goulée d’air m’est parfaitement impossible. Le corps renâcle, l’esprit refuse et mes doigts convulsent de tremblements brutaux. Alors j’inspire et la boule dans ma gorge devient hurlement muet. Il pousse vers l’extérieur si violemment que j’en serre les mâchoires à m’en filer la nausée. L’élan ou l’instinct vrillent mes nerfs et une seconde, je me vois me lever, frapper la table, la balancer sur les types et leur jeu de merde. Ou alors me lever pour traverser le bouge et m’enfiler une bouteille.

La conversation à venir est là, tout près, presque perceptible à mes oreilles.
- Files moi un whisky.
- Vous me la faites avec les politesses ou c’est seulement pour les chiens ?
- Files moi un whisky, je payes le double, et tu ravales tes réflexions de merde j’suis pas d’humeur.
- à cette heure un whisky, vraiment ?
- j'te d'mande de commenter ?

Quelque chose comme ça. Ça n’a même pas grand chose de réaliste mais ça me bourdonne à l’oreille pour cacher le véritable monstre sous la surface. Celui que j’veux pas ne serait-ce qu’effleurer.
Et pourtant il enfle si violemment que la pensée ne peut qu’exploser dans mon esprit. L’envie de choper un truc là, n’importe quoi. Une lame, ma baguette, on s’en fout, et de trancher jusqu’à l’os pour ne plus entendre la moindre minute s’écouler. Ça me fracasse, ça entre en moi avec l’air que j’essaye de respirer calmement et qui se déverse brutalement quand j’essaye d’inspirer.
Alors mes poings volent jusqu’à mon front et j’ferme les yeux pour faire mine de ne pas voir à quel point je tremble. A quel point mes yeux seront rouges quand je me serais calmé. A quel point ce monstre furieux en moi a raison. Ça serait simple. Rapide. Immédiat. Pas de lendemain. Rien d’autre à affronter seul qu’un immense précipice dans lequel je me suis engouffré il y a longtemps déjà.

Et parce que j’pense à ta sœur et sa gueule de défoncée, que j’invoque le môme que t’as été sur les débris d’une librairie calcinée et que, surtout, j’ai bien d’autres personnes à qui me raccrocher quand vous, vous aviez rien ; bah je reprends mon souffle. C’est compliqué, j’ai envie de hurler autant que de gerber sur le zinc, mais malgré tout : je reprends mon souffle.
Parce que j’ai parlé avec Julian, que j’invoque la chaleur de sa paume contre ma peau, que j’ai dans la mienne la pression de Kezabel qui me fait lui jurer que je ne lâcherai pas l’affaire, que j’ai Jordane dans un coin de mon crâne qui me souffle que j’ai une sale gueule et que j’oublie pas Enzo qui conclue d’un “enfin ça va quoi”, qu’on comprend tous les deux.
J’ai surtout un Warren quelque part, qui me fait la morale et me dit de pas lâcher prise.
Et puis j’ai le reste. Le mépris que Logan aurait, la déception de Sanae, la culpabilité de Jayden, la dévastation de Janie et l’effondrement de Mack.
Il y a des tas de raisons pour moi de pas craquer. Alors sous mes poings mon visage se tord plusieurs fois de grimaces lourdes pour ravaler ce qui menace de me détruire. Je respire. J’attends que ça passe.
Ça fini toujours par passer.

C’est juste la réaction d’un gosse qui a peur de finir seul parce qu’il sait que ce genre de face à face est pas beau à voir.
Mais j’en sais plus que lui, alors les tremblements se calment et d’une manière ou d’une autre, je retrouve moyen de respirer normalement.

“Ça fait de toi un survivant” a dit Julian. Et j’sais qu’Aldric ou pas, si j’me pointe là tout de suite chez elle ou chez n’importe lequel de cette liste d’essentiels, il y aura quelqu’un pour me rattraper au vol.
Et toi c’est pas l’cas. Toi t’as personne.
C’est pour ça qu’tu fuis.

Quand la porte bascule et que le froid me cueille, c’est Hailey que je prévois de rejoindre. Pourquoi j’sais pas, mais c’est à elle que je pense. Pourtant j’me fige, et je vais nulle part. Avec mes poings plantés dans mes poches, ma gueule cireuse et mes yeux rougis. J’fais pas de pronostics, mais j’dois avoir une marque rouge sur le front et la gueule du type qui risque de vous coller un pain.

C’est pas l’envie qui manque : t’es là.
T’es parti mais pas tout à fait. Tu veux aider mais t’en as pas la force. T’as l’expérience mais pas l’courage.

‘Pas exactement le sauveteur idéal.
Alors ouais, j’devrais t’en coller un. Ne serait-ce que pour la forme. Ne serait-ce que pour me faire ce truc là. Me faire les montagnes russes de l’espérance émotionnelle. Mais je reste immobile dans les courants d’air qui te donnent cet air encore plus blafard que moi.

Tu peux pas quoi ?
Partir ou rester ?

Si c’est une torture, elle est bonne.
Et si c’est une torture, j’en resterai pas la cible.

Le temps a été infini, avant que je ne le rejoigne.

“Essayer, c’était déjà pas si mal.” La voix a changé. Rauque certes, mais droite. “Merci d’avoir tenté l’coup.” L’onde n’est pas partie. Elle ondule dans ses prunelles claires et reflète la morosité du brouillard qui s’installe. “Tu sais où m’trouver.”
Si tu te décides.
Si t’as b’soin d’aide.
Si tu veux parler de ta frangine, que j’aurais la décence de ne pas évoquer.
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Alec Kaleb Rivers
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Dim 7 Jan 2024 - 17:15

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🙤 Un village d'Angleterre
🙤 13 février 2017

 ft. @Alec Kaleb Rivers
Le brouillard hivernal enveloppe la petite place du village, éclairé par les lampadaires grésillants. Les échos de voix et d’éclats de rires filtrent à travers la porte branlante. Les agriculteurs du coin profitent de leur soirée dans leur bar préféré, sans même considérer l’état miteux de l’établissement.  Quelle importance ? Ils boivent leur bière favorite qui, si elle possède la même qualité que le café servi, doit avoir un vieux goût de pisse d’âne. Certains jouent aux cartes, la clope au bec, les yeux concentrés pour savoir qui bluffe. D’autres restent le cul vissé sur les tabourets du comptoir, à scruter la petite télévision qui retransmet le quinté et à beugler comme des putois pour encourager leurs favoris. Puis, au fil de la soirée, plusieurs se défileront, abandonneront leurs camarades pour rejoindre leur foyer sous les plaisanteries. Les piliers de bar réclameront à nouveau à boire, continueront de jouer aux cartes. Le barman s’invitera à la table de jeu ; il n’aura personne d’autre à service, de toute façon. La lumière restera allumée une bonne partie de la nuit.

Une scène de vie comme une autre, qu’il a déjà vu plusieurs fois à travers le monde. Les voix changent, comme le jeu sportif à la télévision, comme le jeu de cartes, mais le fond demeure le même. Des travailleurs qui se retrouvent le soir pour se prélasser sans réfléchir au lendemain. Des petits moments de vie arrachés au temps.

A Londres, il a essayé de reconstruire des moments de ce genre ; de se créer cette vie qu’il n’a jamais connue. Des semblants d’amitié, des semblants de soirée à jouer aux cartes. Et s’il a aimé ces instants créés de toutes pièces, dans l’ignorance de ses comparses, au fond, il n’y a jamais vraiment participé. Aldric était là. Pas lui ; peu importe qui il soit.

Il tire une latte sur sa clope, remarque l’arrivée d’Alec, mais ne bouge pas. Ne fait même pas signe qu’il l’a aperçu. Partir sans partir. L’aider sans l’aider. Être piégé entre la raison, le cœur, la peur ; et finalement ne rien faire. Conserver le statu quo, fuir plutôt que d’affronter la réalité en face.

Essayer.

Il a essayé, pendant des années. Essayé d’être à la hauteur. Essayé d’être brillant, de faire ce qu’on lui demandait. Essayé d’échapper au carcan familial.

Essayé de vivre.

Mais à chaque fois, essayer n’est jamais assez. Il se heurte à des difficultés, des obstacles toujours plus nombreux les uns que les autres, parfois insurmontables.

Aussi parce qu’il n’a jamais eu la force de tenir sur ses jambes et d’encaisser.

Une vérité cruelle, à laquelle il est obligé de faire face. Il a beau fermer les yeux, au fond, il le sait ; sa propre lâcheté l’entrave et l’entraîne vers le fond. Il ne cesse de fuir, par facilité, simplicité, plutôt que d’affronter l’orage qui gronde en lui.

Les mots presque moralisateurs, qui se veulent bienveillants. La main tendue. Il est loin, le gamin perdu ; le chaton mouillé. Ou peut-être qu’il ne l’a jamais vraiment vu sous ce jour, persuadé de pouvoir l’aider. Parce qu’il était le plus âgé, celui qui a vu l’enfer et qui en est revenu.

Alors qu’au fond, la petite mésange n’a jamais quitté sa cage ; la cage est seulement devenue plus grande.

— Quand est-ce que les positions se sont inversées ?

Il était le mentor, celui qui devait aider ce gamin à ne pas finir comme lui ; parce que le jeu n’en vaut pas la peine. Il l’a dit à Fauvette, le pense toujours, mais il sait aussi que sa lâcheté parle. Le jeu en vaudrait la peine s’il se donnait les moyens d’affronter la réalité. S’il souhaitait simplement survivre, il n’avait pas besoin de fuir à l’autre bout du monde. Il aurait tout aussi bien pu renier toute morale, et suivre les ordres de Rossignol. Être le parfait héritier. Être à la hauteur.

Il lâche un soupir, tend sa cigarette à Alec. Pas un joint, mais le message est là, comme cette autre fois. Puis le nez rivé vers les étoiles, dissimulées par la brume comme par les lampadaires. Il n’est pas assez tard, de toute façon, même la nuit tombe tôt en hiver. Les jours se rallongent déjà. Une part de lui a envie de retourner à Cilaos, à boire des godets de rhum avec André. De profiter de ce silence apaisant mais qui en dit long.

André lui rappelle un peu Veerapen, en moins loquace. La même force tranquille, la même volonté derrière les idéaux. Une vie simple, avec les amis et les voisins du quartier. Pas de prise de tête. Un petit havre de paix. L’un comme l’autre ne lui ont jamais demandé quoi que ce soit sur son passé, sur son identité. Ils l’ont accueilli sans rien demander en retour, si ce n’est un coup de main dans leur quotidien.

Les mains dans les poches, il fixe les étoiles qu’il ne peut pas encore voir.

— C’est pas une question d’essayer. Quand parviendra-t-il à respecter ses engagements ? A maintenir son cap, au lieu de se défiler ? De fuir parce qu’il a peur ? J’en ai assez d’essayer.

Enseigner l’occlumencie à Alec ; il sait que c’est une une idée de merde. Elle rejoint sa petite collection toute brillante. Il ne sait même plus où il en est, mais s’il se défile maintenant, il ne le saura jamais. Il reprendra ses habitudes, à changer d’identité plusieurs fois par mois pour semer d’éventuels poursuivants. Il survivra encore, jusqu’à la prochaine fêlure ; jusqu’à ce qu’il s’effondre pour de bon.

Il ne peut pas se défiler une fois encore.

Il ne peut pas fuir encore une fois.

— J’ai dit que je t’aiderai. Que je t’enseignerai l’occlumencie. Je vais en chier - à quoi bon mentir ? Alec s’en rendra compte bien rapidement - mais je le ferai.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mar 9 Jan 2024 - 12:15
Parfois, on ne se sent pas capable. On projette des espoirs absurdes. Des volontés fébriles de gosses. Des rêves. L’envie que quelqu’un débarque avec les solutions toutes trouvées, tende une main, et vous sortes de là.
Et puis on se rend compte que la main tremble et que le gars à l’autre bout n’est qu’un Homme comme un autre. Un type qui n’a pas toujours la force. Qui fait des promesses en l’air. Qui manque d’air et ne sait plus comment se rattraper. Juste un type.

C’est soit ça, soit un stratagème alambiqué dont le plan ne marcherait qu’une fois inséré dans le scénario lunaire d’un film de Nolan.

Alors Alec lâche l’affaire. Manquer d’air, espérer, sentir le sol s’ouvrir sous ses jambes est une chose… mais les pensées qui l’ont envahi ne sont pas acceptables. Qu’importe la situation ; Donner à l’autre la possibilité de le faire basculer comme il l’a fait n’est pas concevable. C’est laisser les salopards gagner. Se donner à l’autre.
La bascule, cette fois, s’engage pour protéger son cerveau à la dérive. Comme une sécurité mentale, une bouée qui le rattrape, Alec raccroche à ce truc de l’enfance. Quand il comprenait que ce qui plaisait à son père était de le garder sous contrôle et qu’il refusait d’être ce qu’on attend de lui. Son effondrement pourrait être le véritable but de la manœuvre d’Adric : cette simple pensée suffit à endiguer l’élan de mort. D’étrangler la panique.

Et Alec engage le départ. Tu sais où m’trouver. Voilà. C’est tout. L’espoir s’arrêtera là.
Mais sa voix le rattrape.

— Quand est-ce que les positions se sont inversées ?

Le mouvement s’arrête à peine initié et Alec retrouve le regard de son mentor. Un souffle amusé lui échappe, entre le cynisme et l’ironie. Rien ne lui semble avoir fondamentalement changé que la manière dont il perçois son boss. Ce dernier se révèle à chaque rencontre par des failles, des craquelures profondes dans son être qui fendent petit à petit l’espoir de l’enfant qui espère être sauvé. Pourtant ce dernier sait que ça n’arrive pas. Les gens détournent les yeux, quand ils ne se détournent pas eux-mêmes. Et à la fin, il est seul face à ses propres démons. Ceux qu’il garde sous sa caboche et ceux qui s’approchent parfois trop près, dans le monde bien réel où les coups ne sont pas que des entailles dans sa psyché.
Il ne répond pas, choisi le silence au profit du départ. Que répondre ? La réflexion l’amuse autant qu’elle l’attriste, c’est là une constatation douloureuse que de se rappeler être adulte. Non, personne n’a les solutions. Tous font avec et malgré leurs barrières et Aldric n’échappe pas à la règle.
De là à dire que les positions sont inversées ? Elles n’ont jamais cessé de l’être. A l’image d’Edda sans doute venue se charger de lui pour finir la nuit à frôler le suicide devant sa surveillance morose. Aldric fuit, Alec fait face. Et chacun des trois meurt d’angoisse.
Pourtant lorsque l’ancien gérant du club lui tend une cigarette, Alec ressent encore et toujours la même bouffée d’affect. Le gosse n’est jamais bien loin, qu’importe ce que l’adulte sait.
Quand Aldric lève les yeux vers le ciel, Alec tire une taffe et savoure sur sa langue le goût du passé à Poudlard. C’est vrai, il fume moins. Du tabac du moins. Mais il boit plus… Les choses évoluent sans vraiment changer. Une addiction pour une autre et toujours la même en filigrane.

— C’est pas une question d’essayer. C’est toujours une question d’essayer. J’en ai assez d’essayer.” Et moi dont.

Sans répondre, Alec observe cet homme et ses mystères. Sans doute est-il le premier depuis bien longtemps à s’approcher de vérités profondément enfouies. Le premier à croiser frère et sœur et repartir sur ses deux pieds, conscient de noms d’emprunts et de reflets de l’enfance. Le gardien des secrets. Un gardien émoussé, percé, fatigué. Le pire des gardiens qui soit, mais celui qui se doit d’assumer ce rôle qu’il n’a pas hésité à supplier d’accomplir. Tout pour ne pas redevenir l’homme d’hier. Tout pour ne pas être seul. Alors oui, Alec observe Aldric et repasse l’ensemble des images qu’il connaît de lui.
Cet homme qui part sans partir.
Qui promet et disparaît.
Qui revient pour ne pas s’engager.

On est tous pétris d’incohérences.

Il inspire ; léger mouvement qui froisse ses affaires et soulève les pans de sa veste. Une décision ? Alec reste muet pour cette raison. Laisser le temps au temps, cesser de se mouiller lui pour laisser à l’autre l’espace qu’il se doit de remplir. Ce boulot, il ne le lui mâchera pas.
Et puis vient la réponse, quand il relâche la fumée qui s’élève en brume devant lui.

— J’ai dit que je t’aiderai. Que je t’enseignerai l’occlumencie. Un coup d’œil alentours. Cette fois c’est lui qui manque de le daronner. Je vais en chier… mais je le ferai.
La secousse d’un rire bref et silencieux agite un instant sa cage thoracique puis c’est un soupir qui le remplace et Alec rend la clope à son propriétaire avant de poser le regard sur la place noyée par les ombres de la soirée. Que d’ombres à venir.
Le soulagement devrait être là, il devrait l’envahir et réchauffer ses veines mais s’il sait à quoi il s’engage depuis le premier jour, Alec peine à en ressentir la moindre joie. C’est injuste ça aussi, incohérent face à sa demande, sa colère et la désespérance de l’abandon. Mais voilà, encore une fois : on a tous nos contradictions.
“Et c’est sans doute en deçà de la réalité…” Un sourire triste passe ses lèvres et Alec retrouve son regard. “Merci..” Pour l’engagement. A voir la réalisation.

Les contradictions.
Envisager de tuer Edda, puis rester à ses côtés pour s’assurer qu’elle serait en vie au réveil.
Apprécier Aldric mais ne pas croire en sa fiabilité.
Avoir peur de Logan, celui qui jamais ne lui a fait de promesses, mais lui faire une pleine confiance.
Ne pas connaître Sanae, mais remettre plus que sa vie entre ses mains.

Étranges, ces gens qui gravitent autour de lui et s’engagent dans des chemins brumeux semble-t-il portés par l’envie brumeuse de lui apporter leur aide. Étranges, ces accords tacites qu’il noue en attendant que n’arrive le point de non retour.

Une inspiration ouvre ses poumons. “T’as un lieu sous le coude ? Dans lequel le café serait pas immonde ?”
Le pragmatisme pour les éloigner tous deux des sujets les plus délicats.
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Alec Kaleb Rivers
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Sam 13 Jan 2024 - 1:03

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La cigarette revient. Un geste simple, mais qui rétablit l’échange brisé avec la mort d’Aldric, parti en fumée en même temps que le club. Un geste qui ravive leur vieille relation, celle qui perdure malgré tout, tout comme leurs engagements. Il n’oublie pas ses promesses ; autrement, il ne serait pas là. Il n’aurait jamais répondu à ce maudit téléphone, serait resté mort et aurait mis les voiles pour de bon. Il a promis d’aider Alec, et il le fera, peu importe ce que cela lui coûte. Il ne l’a pas pris sous son aile pour le rejeter plus tard, même si l’idée lui a traversé l’esprit. Tout serait plus simple. Repartir sur les routes, changer encore et encore d’identité, jusqu’à s’oublier lui-même, une fois de plus. C’est ce qu’il aurait dû faire, dans les faits - mais ce serait fuir encore une fois.

Alors il reprend la cigarette, tire une bouffée dessus dans le silence de la nuit qui tombe. Il laisse Alec faire le tri dans ses pensées, tandis qu’un calme apaisant s’installe dans les siennes. La précédente question du gamin lui a fait l’effet d’un électrochoc, mais à présent, la tranquillité occupe son esprit. Il cesse de réfléchir, de se prendre la tête, surtout. Il a désormais un objectif clair en tête, même s’il sait d’avance qu’il régressera tôt ou tard, qu’il se perdra en chemin et peinera à garder le cap. Mais s’il tient à aider Alec, il n’a pas vraiment d’autre choix ; il doit cesser de fuir, de se défiler. S’il ne le fait pas, il ne sera jamais en état de lui enseigner l’occlumencie - ce ne sera pas seulement douloureux, mais impossible.

Au remerciement d’Alec, il hoche la tête. Pas vraiment de quoi le remercier pour l’heure, mais qu’importe. Il sait qu’il aurait très bien pu abandonner là Alec, partir sans se retourner après lui avoir donné le faux espoir d’être là pour lui. Il a d’ailleurs cru instant qu’il partirait pour de bon, après cette question cruelle posée de but en blanc. Il n’a pas su la gérer, pas su quoi répondre, et il a pris la fuite. Comme d’habitude.

Il tire une autre latte sur la cigarette, le regard toujours perdu vers les étoiles invisibles. Il a envie de retourner les observer avec André, sur le perron de la case, les godets de rhum goyavier tout juste sorti du congélateur entre eux. Pourquoi pas avec un peu de gâteau banane pour éponger l’alcool. De retrouver ce silence tranquille qui les unit au quotidien, cette banalité de l’existence qu’il découvre et savoure à la fois. Il expire un nuage blanchâtre, rend la clope à Alec.

Des lieux sous le coude, il en a des tas. Dans l’appréhension de ses retrouvailles avec Alec, il a préparé des planques à travers le pays, à travers l’Europe aussi. Certaines pour des situations générales, d’autres pour des cas très précis ; une longue liste qu’il n’a pas partagé avec personne d’autre. Beck en connaît quelques unes, puisqu’elle l’a aidé à les sécuriser, mais sans doute ne soupçonne-t-elle pas la longueur véritable de cette liste. En même temps, il n’a pas cherché à le lui faire savoir.

Toutefois, malgré cette longue liste, la plupart avec de quoi faire un bon café - ou à défaut, buvable sans avoir envie de verser la cafetière à ses ennemis -, il n’en fournit pas un seul à Alec. Un soupir lui échappe d’abord pour toute réponse.

— Laisse-moi deux semaines.

Deux semaines ; pas une de plus, pas une de moins. Un objectif tangible, connu d’eux deux, même s’il n’en confie pas tous les détails à Alec - il le laisse supposer. Il a besoin de temps pour faire le point de son côté, pour se préparer à sonder l’esprit du gamin. S’il s’y aventure dès maintenant, il n’est pas certain de l’état dans lequel il ressortira ; et il n’a pas la moindre envie qu’Alec le voit dans un état pareil, ni même de le subir.

— On reste en contact, je te donnerai l’emplacement du lieu. Et dans deux semaines, on commence.

Il a besoin de temps, et le nier ne lui apportera rien de bon.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Lun 15 Jan 2024 - 17:31
— Laisse-moi deux semaines.

Cet homme est un glissement de terrain. A la fois dévastateur, impressionnant, minéral et fermé et toujours sur le point de céder. Peut-être aurait-il été différent si Alec s’était décidé plus tôt. Peut-être craint-il lui même la fuite possible de l’héritier Rivers. Peut-être ce pas est-il son dernier, déjà prêt à s’enfuir après s’être engagé. Et peut-être fait-il ça dans une volonté sadique de jouer avec les nerfs du jeune homme. Peut-être est-il avec eux. Peut-être se plante-t-il et Logan avec lui. Peut-être n’était-ce même pas Logan ce jour-là…

Tant de questions et la nausée de douter de tout et de tout le monde. Il n’a que la logique pour le rattraper au vol. Pour écraser la portée de ses inquiétudes et faire taire l’enfant qui tremble si fort qu’il n’a qu’un désir, hurler sur cet homme qui le blesse bien malgré lui. Volontairement, peut être. Ça ne sera ni le premier ni le dernier.

Les Rivers n’ont jamais été très doués avec l’espoir..
Et pourtant c’est ce que Sanae a fait de lui. Soldat d’espérance… La clef de voûte du putain de bordel qu’est sa vie.

C’est d’armes dont il a besoin ; pas d’espoir.. Lui a dit Logan.
Mais il a tort.
L’espoir est une arme.
Et Alec l’a en travers de la gorge, toute prête à la lui trancher.

Le souffle d’un rire déforme ses traits et agite sa cage thoracique d’une unique secousse.
Deux semaines, donc.
Ça t’en fais du temps pour prendre la tangente..

— On reste en contact, je te donnerai l’emplacement du lieu. Et dans deux semaines, on commence.
Deux semaines pour se faire à l’idée de replonger dans les méandres de son passé. Voir l’horreur exhumée. Ses failles, ses faiblesses, ses erreurs et ses drames exposés à la gueule d’y type qui pourrait bien le lâcher lorsqu’il saurait. Ou dès maintenant.
L’éclat froid de leurs prunelles se rencontre et Alec hésite un instant à lâcher le cynisme qui lui barre la langue. Mais il renonce. A quoi bon ? S’il ne se pointe pas, il ne se pointera pas ; point final.

“Bien chef. Un instant, il demeure ainsi, le regard dans le sien, la tension dans ses paupières, la peur de son ancien boss étrangement palpable derrière son visage impassible. Est-ce cet air, que lui reproche Julian lorsqu’elle lui dit qu’il faut qu’il accepte de s’appuyer sur les autres et de leur laisser une part de son mal ? Est-ce à ça qu’il est destiné ? L’estomac d’Aldric se tord-t-il aussi fort que le sien, quand il est ainsi, à se prétendre solide ?
Une inspiration dénoue les tensions et le plus jeune fini par accepter qu’il n’y peut rien. Ni pour les décisions d’Aldric, ni pour le respect de ses engagements. Que, peut être, cette rencontre est leur dernière et qu’insister n’y changera rien. Tout comme il a dû accepter un jour que sa sœur devait partir pour survivre, qu’elle revienne ou non vers lui ne pourrait lui appartenir. La balle est dans ton camp.” achève-t-il en haussant des épaules. Aucune accusation dans le ton, seulement les faits dont il ne cherche pas à se détourner. Jusque là, c’était son rôle. Lui, aussi, qui a mis tant de temps avant de le contacter.
Deux semaines, cette fois. Une date butoir, un point de bascule parfaitement identifié sur le calendrier ; et entre deux, les exercices donnés par Logan et Sanae qu’il n’a jamais cessé d’exercer.

- ça sonne comme un "fini pour moi" -
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Alec Kaleb Rivers
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Jeu 25 Jan 2024 - 15:39

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Deux semaines.

Deux semaines pour aller de l’avant, se reprendre surtout. Deux semaines pour se ressaisir et pour faire face. L’objectif est délicat, il en a conscience, même s’il refuse de se défiler face à la difficulté. Il le tiendra. Dans moins de deux semaines, il recontactera le gamin pour lui fournir la date exacte et le lieu  de rendez-vous, puis il répondra présent le jour-j. Il ne décalera rien. Les deux semaines sont inscrites dans le marbre, car s’il se défile maintenant, il se défilera à jamais.

A ses côtés, Alec ne bronche pas. Peut-être a-t-il lui aussi besoin de ces deux semaines pour se mettre en condition. Apprendre l’occlumencie n’a rien de simple, d’évident. Revivre les évènements d’un passé lointain s’avère toujours douloureux, peu importe la douceur employée pour parcourir les souvenirs ; mais avec la force d’une personne qui cherche à découvrir contre son gré ces mêmes souvenirs ? Cet apprentissage ne s’annonce guère être une partie de plaisir, pour aucun d’entre eux.

Mais pour l’heure, il ne compte pas y penser. Pour l’heure, il songe plutôt aux palmiers, à la case d’André, au rhum goyavier, au cabri massalé et aux parties de mahjong. Un cadre tranquille, sans la moindre préoccupation du quotidien, où il n’a pas besoin de se préoccuper de questions personnelles, de rendre des comptes, ou n’importe quoi d’autre de cet acabit. Une existence simple, à l’abri du monde, accompagnée d’un silence des plus agréables.

— On se voit dans deux semaines.

Il n’ajoute rien d’autre. Il n’y a rien d’autre à ajouter. Il se décroche du mur, s’aventure dans la brume hivernale qui recouvre toujours la place, puis disparaît dans les rues voisines. Il transplane dès qu’il se sait à l’abri des regards - et pendant un long moment, il alterne des phases de marche et de transplanage, de quoi perdre d’éventuels poursuivants, jusqu’à arriver enfin à Cilaos. La nuit claire lui tend les bras, et la dernière tempête tropicale n’est plus qu’un vague souvenir. Les services municipaux ont élagué le palmier tombé deux jours plus tôt. Les lumières brillent derrière les fenêtres des habitations, beaucoup paressent sur la terrasse de leur case.

Et sans surprise, André attend sur le perron de sa case, la dodo dans une main, les yeux rivés vers les étoiles. Il marmonne les noms des constellations dans sa barbe inexistante. Puis, à l’entente de ses pas, André baisse la tête, lui jette un regard, puis lui adresse un sourire. Il lui tend une dodo qui attendait à côté de lui.

C’est étrange, cette sensation d’être chez lui, alors qu’il ne connaît qu’André que depuis quelques semaines. Mais il ne la troquera pour rien au monde.
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Fin aussi pour moi :boom:
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