Crown Court of Lancaster

Sept mois. Le temps d’attente de recevoir un nouvel ordre de mission de la part de la Garde, depuis la capture de Walters. Rain n’avait pas spécialement été enchantée de la nouvelle, mais elle devait bien reconnaître qu’une once de soulagement s’était emparée d’elle lorsque les détails de la mission lui étaient parvenus, comme avant. De quoi relancer un tant soit peu la motivation de l’Ambassadrice, qui était au plus bas depuis quelques temps, ainsi que de savoir Jane œuvrer dans la même organisation. Elle n’était pas pour autant prête à passer l’éponge avec les dirigeants, elle se doutait que la confiance ne serait pas intégralement rétablie, et ce ne sera probablement jamais le cas, mais l’américaine ne s’arrêtait pas à ça. Au contraire, elle le leur rendait bien. Et aujourd’hui, après l’aide qu’elle avait déjà apporté pour capturer Johan, on la missionnait comme avant, et elle avait bien l’intention de leur prouver une nouvelle fois à quel point elle était un élément indispensable.
Cependant, l’ordre restait assez vague. Il s’agissait d’informations à récolter auprès du consul britannique, qui organisait une réception ce soir du 13 février au Château de Lancaster, qu’apparemment il avait privatisé pour l’occasion. Cette branche de la diplomatie n’avait jamais intéressé la Garde jusqu’à présent, les enjeux étaient souvent superficiels par rapport au reste. Et Rain n’était pas du genre à obéir bêtement et aveuglément, aussi pendant plusieurs heures, elle avait cogité sur la plu-valu que pouvait apporter le consulat moldu à Myrdinn. Jusqu’à ce que l’heure de la réception n’arrive.

En tant qu’invitée, l’ambassadrice ne portait ni tenue sorcière ni tenue chic de travail, pour l’occasion elle avait dû sortir du placard l’une de ses robes de soirée taillées par de grands couturiers renommés. Celle choisie, dans les tons hivernaux, se mariait bien avec l’épais manteau molletonné qui la recouvrait pour supporter la froideur de l’hiver. Les cheveux noirs coiffés en chignon, le visage sublimé par une touche de maquillage discrète, un collier et des boucles d’oreilles assorties ornées de petits diamants, l’informatrice ne se reconnaissait qu’à peine. Elle était prête à aller se comporter comme une invitée de marque, une Dame du monde. Elle ne s’était pas aussi élégamment vêtue depuis un sacré bout de temps. Même pour une belle femme, elle ne sortait pas ce plus bel apparat. Mais pour la Garde, elle le faisait. Qui pourrait le croire.

La soirée déjà bien entamée, Rain se présenta à l’entrée du château de Lancaster. Monsieur le Consul n’avait vraiment pas dû inviter n’importe qui pour réussir à privatiser une partie du château, habituellement utilisée au profit du ministère de la justice moldue, comme cour pénale. Ouvert également aux visiteurs, ce soir, il n’en était rien. La cour extérieure et le hall d’entrée étaient remplis de moldus d’horizons peu variés, tous issus de la Haute. Sans doute y avait-il des sorciers dans le lot, mais le plus difficile allait être de trouver la personne à interroger, sans réellement savoir quelles informations lui faire cracher. Peut-être que le garde du corps que la Garde lui avait assignée pour la soirée, s’était déjà faufilé parmi la foule et l’avait à l’œil, de loin.
La brune soupira devant la densité du peuple présent. Mais à un moment, il fallait bien y aller. Près du buffet ou du bar, elle était certaine de rencontrer des personnes avec qui discuter et qui pourraient la mener là où elle le souhaitait. En fin de compte, elle n’avait même pas eu besoin de faire un pas de plus, qu’un serveur en costard vint lui proposer une coupe de champagne, qu’elle ne refusa évidemment pas. Les manières de bourgeoises ne l’avaient jamais quittée, Rain évoluait dans ce monde comme un poisson dans l’eau, et s’y sentait bien, il fallait bien l’avouer. Elle se laissa aborder par un couple de magistrats qui travaillaient à la cour pénale du Château, justement. L’ambassadrice se laissa emporter dans la conversation, autour de la reconnaissance d’un bon champagne dans un premier temps. Jusqu’à ce que son regard divague et rencontre une silhouette connue.
Elle n’insista pas trop de préféra s’éloigner des magistrats en leur souhaitant une bonne soirée. L’homme que l’américaine avait reconnu parmi la foule semblait avoir du mal à se fondre dans la masse, ce qui ne manqua pas d’amuser la brunette. Elle se dirigea vers lui après avoir attrapé une autre coupe de champagne sur le plateau d’un serveur qui était passé à côté d’elle, puis tendit le verre cristallin à celui qui n’avait clairement pas sa place ici.

« Vous ici, qui l’eut crû. »

Un sourire amusé au coin des lèvres, Rain trinqua de manière sympathique avec Dorofei, en usant d’un accent faussement « british », avant de finalement reprendre son sérieux habituel. Enfin, en plus détendue quand même, car l’image d’un jeune homme qui ne savait pas où se mettre restait assez amusante.

« À force d’être autant crispé, on va finir par remarquer que tu n’as absolument pas ta place ici. »

Elle prit une gorgée puis attrapa le menton de Dorofei, pour le lui relever légèrement. Lui aussi était de retour en mission visiblement. Rain était contente pour lui, cela avait dû lui manquer. Elle ne manqua pas de lui faire part de ses conseils pour s’intégrer à une telle réception.

« Relève le menton et ait l’air plus arrogant. Tu seras plus crédible. »

Lundi 13 Février 2017, dans la soirée,

Il avait relu son ordre de mission une bonne dizaine de fois en se disant qu’on avait dû se tromper de personne. Ce n’était pas possible. Pourtant, l’éloigner du terrain des Balkans semblait certainement une bonne idée… mais pourquoi le coller dans cette mission qui n’avait pas vraiment d’intérêt à ses yeux si ce n’est protéger l’ambassadrice. Ok, c’était quelque chose d’important, mais il y avait certainement beaucoup d’autres personnes qualifiées pour cela et qui étaient surtout moins connues des Supérieurs – même s’il n’était pas certains qu’il y en aurait tant que ça et qu’ils seraient occupés à bien d’autres choses-. Est-ce que c’était un test pour lui, pour voir comment est-ce qu’il réagissait dans ce genre de milieu ? Ou alors, peut-être que c’était tout simplement par ce qu’il était le plus à même de supporter Rain pendant toute une longue soirée sans hurler ou avoir envie de lui fracasser la tronche contre un mur. Elle, ou un autre des snobinards qui devaient être là-bas et qui devaient avoir un égo plus que surdimensionné. Il ne voyait pas vraiment plus d’explications que cela.

Quelques prothèses magiques pour changer de tête et revêtir l’apparence de celui dont on lui assigné l’identité – un nouveau garde du corps, fraichement embauché-. Une fausse certainement, mais assez lointaine de ce qu’il était tous les jours. Il avait même dû mettre des lentilles pour changer totalement son regard, et concernant son œil de verre, il avait calé ses cheveux pour le cacher un maximum juste au cas où. Il se doutait que l’ambassadrice avait dû recevoir une explication approximative d’à quoi il devait ressembler. Il savait qu’il n’était pas à l’aise dans ce genre de lieu avec tous les Grands -cette connerie !- du monde d’affaire/de consulat.

A l’heure indiquée, il s’était donc pointé en tant que Garde du Corps de la Dame Godwin… Dame qui n’était pas encore arrivé. Un autre garde du corps qui semblait aussi attendre, lui proposa de rentrer pour vérifier que leurs boss n’étaient à l’intérieur. Il regarda longuement autour de lui, absolument pas à l’aise mais se disant que ça serait une bonne soirée pour qui voudrait foutre la merde s’il y avait quelques morts.. mais ça c’était certainement sa parano qui parlait ou l’expérience ou encore l’envie de voir s’effondrer la plupart des têtes pensantes du Royaume-Uni. Il inspira un bon coup, mais il remarqua d’autres gardes du corps, il y avait aussi quelques Moldus de la Haute. Super. Une soirée géniale en perspective rien qu’en imaginant les discussions qu’ils allaient pouvoir avoir, il sentait le mal de crâne poindre. Heureusement, il n’était pas censé trop parler, cela aiderait bien. Parler de façon guindée en riant aux conneries qu’ils pouvaient débiter, ce n’était pas vraiment quelque chose dont Dorofei se sentait capable, alors que Rain serait dans son élément.

Et l’ambassadrice ne tarda pas à arriver avec visiblement une coupe de champagne en plus dans la main. Il eut un bref sourire. « Vous ici, qui l’eut crû. » Ouais. Il trinqua avec elle avant de répliquer « Vous êtes bien généreuse ce soir, Madame.» Et de souffler « Tu sais que je suis censée te garder à l’œil ?» Et de reprendre un peu plus fort « Merci.» Une nouvelle réplique de sa part et il s’empêcha de lever les yeux au ciel, en même temps qui est-ce qui serait à l’aise ici en étant de la plèbe ? « Ne t’inquiètes pas, pour eux je débute.»

Après avoir bu une gorgée supplémentaire, elle lui avait attrapé le menton pour lui faire relever la tête. Ouais, là, si quelqu’un les voyait, il allait plus passer pour son escort qu’autre chose… ce qui le faisait quand même sourire intérieurement, mais il ne fit aucun commentaire, du moins aucun commentaire sur cela … « Relève le menton et ait l’air plus arrogant. Tu seras plus crédible. » bon, c’est vrai que les autres gardes du corps semblaient plus pédants, comme si à force de côtoyer des personnes de la Haute, ils étaient eux aussi des personnages importants. Foutu monde. Foutue soirée.  Il se mordit un peu la lèvre pour ne pas avoir à répliquer ce qu’il avait en tête et se contenter d’un petit « Oui Madame, désolé. » Et il lui obéit bien sagement, la dardant néanmoins du regard pour lui faire comprendre de ne pas trop abuser de la situation. «Après vous Madame. » Autrement dit, va faire ce pourquoi tu es là qu’on en finisse.

Vraiment amusante, cette nouvelle apparence qu’ils avaient assigné à Dorofei. La description qu’avait reçu l’ambassadrice était fidèle, elle l’avait reconnu immédiate dans la foule. L’apparence n’était pas la seule qui comptait, même si l’œil de verre était dissimulé derrière ses cheveux et que c’était un indice non négligeable, l’attitude comptait aussi. Le jeune homme n’était pas à l’aise, cela crevait les yeux, et cette seule pensée fit sourire l’américaine, même si c’était déplacé. Il n’était pas dans sa tête, alors cela n’avait aucune importance.
Une coupe d’un champagne de renommée internationale entre ses doigts fins, Godwin s’était amusée à relever le menton de son nouveau garde du corps assigné pour lui donner un air plus hautain, ce qui pouvait éventuellement l’aider à se fondre d’avantage dans la masse pour ne pas éveiller de soupçons. Bien que, à en juger par les présences autour d’eux, les hauts dignitaires du consulat britannique avaient l’air de n’en avoir rien à faire. Tant mieux pour eux, dans un sens. Rain acquiesça à la remarque de Dorofei, l’un comme l’autre trouvaient sans doute étrange qu’il ait été assigné à cette tâche. Il ne semblait pas qu’il était qualifié pour cela, habituellement. La brune haussa les épaules et prit une légère gorgée de champagne.

« Cela devrait être vite réglé. »

L’air sûre d’elle, l’ambassadrice tourna les talons et s’éloigna du jeune homme. Ils auraient plus de temps pour discuter et débriefer une fois les informations recueillies, dans les souvenirs de Godwin, le consul britannique était un homme assez loquace, en particulier avec quelques verres d’alcool dans le sang. La posture de la brunette restait professionnelle, malgré les sourires hypocrites qu’elle adressait aux visages connus présents dans l’assemblée, les congratulant sur leurs tenues ou leurs récentes déclarations, si il y en avait. Malgré la dominante non-maj, il était toujours surprenant de constater qu’ils avaient bien des points communs avec les sorciers au sang-pur de la Haute. Comme quoi, ces histoires de supériorité de statut de sang, devenaient de plus en plus ridicules et dépassées.
Tandis que Rain continuait son tour du propriétaire, son regard finit par se poser sur certaines courbes féminines, qui accompagnaient ces messieurs les hauts dignitaires, ou qui étaient là en tant que représentantes. L’avantage de ces soirées mondaines, avoir l’opportunité de côtoyer des femmes tout aussi sophistiquées que l’ambassadrice. Mais celle-ci n’était pas là pour ça, même si l’une d’elles avait bien remarqué le regard qui s’était posé sur elle, ainsi leurs prunelles se croisèrent un bref instant, suffisamment pour laisser apparaître un semblant de sourire gêné au coin des lèvres de l’américaine. Elle se racla la gorge et s éloigna, elle ne pouvait perdre de vue sa mission. D’autant plus que Dorofei risquait de capter cet échange, et elle préférait éviter toutes questions embarrassantes.

Le voilà enfin, le consul britannique. Thomas Rycroft était un homme respectable, Rain ne le connaissait surtout que dans un cadre professionnel à l’Ambassade, cette rencontre allait être pour le moins inédite. Bien entendu, il l’avait reconnue tout de suite, et s’approcha d’elle pour la saluer comme l’on se devait d’accueillir l’Ambassadrice des États-Unis.

« Madame Godwin, quel plaisir de vous recevoir ! Bienvenue à la Cour du Château de Lancaster. J’espère que vos affaires se passent pour le mieux. Puis-je vous offrir un verre ? Tenez, prenez donc un brandy. »

Minauderies, flatteries, langage soutenu et musique classique d’ambiance en fond sonore, Rain reconnaissait bien là les manières pompeuses de Monsieur Rycroft, qui ne se distinguaient pas vraiment des autres hauts placés des sociétés européennes. La brune afficha un large sourire, loin de la femme hautaine qu’elle était dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui elle avait revêtit le masque de l’hypocrisie et de la mondanité dans un apparat sophistiqué. Dorofei ne devait pas avoir l’habitude de la voir aussi souriante et avenante, même si c’était faux.

« Merci, Monsieur Rycroft. Quelle réception réussie, vraiment. Avec grand plaisir, je serais bien curieuse d’en apprendre d’avantage sur les vôtres, également. »

Manifestement, le Consul avait déjà l’air d’avoir un coup dans le nez, ce qui faciliterait grandement la tâche. Rain avait terminé sa coupe de champagne avant de s’avancer vers Rycroft, maintenant elle allait devoir enchaîné avec un verre d’eau-de-vie de vin rouge qu’elle n’aimait pas particulièrement. Mais, elle n’allait pas risquer de refuser. Elle trinqua élégamment avec son homologue, s’en suivit une conversation très professionnelle.

L’entrevue dura plusieurs minutes, l’ambassadrice n’en avait pas tiré grand chose d’intéressant. À présent, son estomac commençait à se tordre sous l’effet des plusieurs verres d’alcool ingurgités, il était grand temps qu’elle aille se sustenter avant d’être trop barbouillée. Elle soupira et attrapa une assiette de petits fours sur le buffet, non loin de là elle capta le regard d’un Dorofei déguisé qui l’observait attentivement. Rain lui fît signe de la tête, discrètement, pour qu’il la suive. Elle sortit prendre l’air, et prit soin de s’éloigner de la foule de non-Majs qui discutaient à l’extérieur.
À l’abris des regards, à l’arrière de la Cour et adossée à la grille pour déguster ses amuse-bouches, la brune fut rejointe par son garde du corps improvisé. Le sourire mondain avait disparu, laissant place à une profonde déception. Elle s’adressa alors à Dorofei.

« Je déteste le brandy. Ça me rend malade. »

L’ambassadrice râleuse était de retour.

« Je ne comprends pas en quoi les affaires de Rycroft intéressent tant nos « amis communs ». » La Garde, donc. « Il est plutôt banal. Et les consulats en général, ne servent pas à grand chose. »

« Cela devrait être vite réglé. » Il l’espérait en tout cas, par ce qu’il n’était pas certain d’arriver à tenir longtemps dans ce rôle – même si oui, il le ferait jusqu’au bout-.. La question du pourquoi lui tournait toujours dans sa tête et il n’arrivait pas à vraiment définir le pourquoi : si c’était pour le tester – mais pourquoi alors qu’il allait sur le terrain ?- ou plus pour bien surveiller l’ambassadrice et supporter d’être à ses côtés pendant toute une soirée sans que cela ne fasse louche, sans qu’on l’envoie balader  ou se mettre à pleurer/hurler de rage. Il le savait Rain pouvait vite mettre les gens dans tous leurs états et peu la supportaient avec son caractère, alors ce n’était pas forcément si illogique si cette piste était vraie. Ceci dit, ni l’un ni l’autre faisait partie des têtes pensantes de la Garde et il pouvait il y avoir d’autres réponses qui pour l’instant ne lui passaient même pas à l’esprit. Quoiqu’il en soit il écouta les conseils de la femme et les appliqua du mieux qu’il le pouvait, laissant trainer ses oreilles ci et là, pour tenter de capter des conversations intéressantes. Et il fallait bien avouer que Rain était admirable dans ce rôle, avec ses petits sourires, sa tenue et tout ce qui pouvait s’en suivre. La seule chose qui l’intrigua ce fut son attitude envers une des femmes, mais il préféra ne pas poser de questions. Du moins pas pour l’instant.

La suite de la soirée une fois qu’ils furent près de Rycroft fut tout aussi ennuyante que le reste. Mais il y avait quand même quelque chose d’instructif : Godwin savait bien jouer la comédie à être avenante et souriante avec ce type… la connaissant c’était presque vomitif. On aurait dit une autre femme et c’était presque à se demander à quel moment est-ce qu’elle était le plus sincère : lorsqu’elle faisait la tronche ? Ou ces moments de grâce ? Il avait bien son idée sur la réponse et c’était son attitude la plus naturelle, son ‘mood’ le plus fréquent. Et enfin au bout d’un moment elle le remercia et il sut qu’ils allaient enfin pouvoir partir. Par Merlin, ce n’était pas trop tôt ! il en avait marre de faire la plante verte à côté d’elle… même si au final le tout avait dû durer tout au plus une dizaine ou deux dizaines de minutes. Pour quelqu’un dans l’action comme lui qui détestait ce genre de fête chaque minute semblait durer des heures, surtout vu les propos tenus.

Bientôt, ils purent se retrouver dehors loin des sorciers et des Moldus de cette petite sauterie… pardon de cette soirée pour la Haute. Et comme par hasard – non-, le sourire de l’ambassadrice s’était évaporé laissant apparaitre à l’œil de Cooper une Rain beaucoup plus naturelle et moins souriante ! Il ricana doucement lorsqu’elle dit qu’elle dit qu’elle détestait le Brandy « Tu ne pouvais pas demander une autre boisson, ce n’était pas ce qui manquait là-bas.» ne put-il s’empêcher de faire remarquer. « Je ne sais pas, ils le soupçonnent peut-être de quelque chose  ? Et voulaient vérifier si tu trouvais son attitude habituelle ou pas…  Je n’en sais pas plus que toi, mais c’est peut-être pas plus mal pour ne pas que tout ce qu’il pouvait nous dire soit faussé.» Il haussa les épaules. « Je crois que je ne cherche même plus à les comprendre.» par ce qu’ils n’étaient pas si souvent que cela sur la même longueur d’onde !

Rain respectait Rycroft de par son statut, et en tant qu’individu, mais n’avait en réalité que peu de considération pour les employés du consulat. Servant d’intermédiaire entre l’ambassade et la communauté qu’ils protégeaient, son rôle était assez restreint et il n’avait quasiment aucune marge de manœuvre dans les négociations entre pays, ce qui, aux yeux de l’Ambassadrice, n’était qu’une palanquée de fonctionnaires payés pour pas grand chose, une branche de la « sous diplomatie », en quelque sorte, à laquelle elle ne prêtait guère d’attention. Pourtant, il lui arrivait d’être souvent en collaboration avec eux, d’où le fait que la mission imposée par la Garde semblait être un jeu d’enfant. Rain et Thomas se connaissaient depuis plusieurs années maintenant, mais n’avaient que de rares occasions de se côtoyer face à face.

Dorofei, à côté, n’était pas du tout dans son élément, et il le montrait rien. Peut-être qu’il avait tenté d’expliquer les conseils de la brune, mais c’était un échec total. Du coin de l’œil, elle le voyait s’ennuyer, refusant de faire le moindre effort pour s’intégrer, du moins c’était l’impression qu’il donnait. L’ambassadrice espérait que cette attitude passe inaperçue. Il était fort possible qu’en effet, personne n’y prête attention. Après tout, ce n’était qu’une soirée organisée par un consulat.
Une fois à l’extérieur, Godwin avait pu souffler un peu, malgré son estomac qui la barbouillait et lui rappelait sans ménagement qu’elle supportait mal le brandy. Les britanniques et leurs vins distillés façon eau-de-vie imbuvables, elle s’en passerait bien. Mais il était de mise qu’elle ne pouvait pas refuser, ce que son garde du corps improvisé ne semblait pas comprendre. Pour lui, il aurait été plus simple de demander autre chose à boire. Malheureusement pour lui, maintenant qu’ils étaient dehors et hors de vue de quiconque, l’ambassadrice n’avait plus aucune raison de jouer son rôle d’hypocrite. D’une manière hautaine, elle leva les yeux au ciel en soupirant légèrement.

« Là d’où tu viens, j’aurais pu. »

Sous-entendant qu’en soirée organisée par des gens du tout-venant, un monsieur tout-le-monde tel que Dorofei pouvait en effet demander la boisson qui lui plaisait. Seulement voilà, il n’avait pas les codes de la diplomatie. Pour s’intégrer et se faire bien voir, Rain ne pouvait se permettre de refuser un digestif, elle n’était pas sûre que la langue de Rycroft se délie aussi facilement si elle avait commencé à pinailler sur ce qu’il lui proposait à boire. Elle avait préféré ne pas prendre le risque pour en finir le plus rapidement possible.
Comme la représentante du MACUSA s’en doutait, Dorofei n’avait pas plus d’informations qu’elle sur les raisons de cette mission. Les propositions du jeune homme étaient plausibles, peut-être était-ce simplement pour s’assurer que ce cher consul ne dissimulait pas d’informations à sa collègue ambassadrice, qu’elle-même ne possédait pas. Mais, lors de l’entrevue, ça n’avait pas l’air d’être le cas. Rycroft ne mentionna rien d’inhabituel ou de suspect, selon elle. Rain haussa alors machinalement les épaules.

« Va savoir. » Avec les dirigeants de Myrdinn, de toute façon, elle n’avait plus aucune attente. Et apparemment, le sentiment était partagé par son garde du corps, qui n’avait pas l’air plus enthousiaste envers la Garde. Tous deux avaient ce point commun, depuis qu’ils avaient été mis sur la touche pendant quelques temps.

« Pour moi, il n’y a rien d’inhabituel. J’en réfèrerais à Hampton. Mais je reste sceptique sur l’utilité de cette « mission ». »

Inutile de tergiverser pendant des heures sur leur ressenti partagé par rapport à Myrdinn. Godwin avait l’esprit perturbé tant cela était illogique. La Garde avait le vent en poupe en ce moment, et les actions menées ces derniers mois, globalement, n’avaient pas été un échec. Autant si Dorofei n’était pas plus informé, Hampton aurait probablement plus d’informations.
Rain se tourna alors vers le jeune homme, son estomac lui infligeait une sensation nauséeuse et se massait doucement le ventre, mais cela ne l’empêcha pas de faire remarquer à Dorofei ce qu’il lui avait déplu durant le déroulé de la mission.

« Tu ne m’as pas écoutée tout à l’heure. Tu n’étais pas crédible. »

L’ambassadrice se passa une main dans les cheveux et releva légèrement le menton tout en se tournant vers le jeune russe.

« Tu as de la chance que les planqués du Consulat n’aient pas autant de prestige que les réceptions que je fréquente habituellement. Il va falloir faire plus d’efforts à l’avenir. » siffla-t-elle sur un ton prétentieux. Bien sûr ce n’était pas la faute de Dorofei, il n’était pas habitué à ce milieu et ce n’était pas simple de s’y intégrer lorsque l’on voulait faire parti des plus hauts placés.

« Là d’où tu viens, j’aurais pu. » Cette fois, il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, qu’est-ce qu’elle était agaçante lorsqu’elle agissait de cette manière, il avait envie de la secouer et qu’elle réalise dans quel monde elle vivait et qu’on ne pouvait pas traiter les gens de cette manière.   «Là d’où je viens, vu tes manières  je ne sais pas dans quel état tu serais.» dit-il avec un certain rictus. C’était même étonnant qu’elle n’ait pas plus de souci de que cela lorsqu’elle parlait au « communs des mortels » qui n’étaient pas de la haute, mais c’est vrai qu’elle était du genre à ne pas trop se mélanger -sait-on jamais, peut-être pourrait-elle attraper une maladie à leur contact. A cette idée, il s’empêcha de nouveau à lever les yeux au ciel.

Ils étaient finalement passés à autre à savoir ce qu’ils venaient foutre là, aussi bien l’un que l’autre, à quoi ça pourrait servir à la Garde. Il soupira doucement « La même chose. Le rapport sera de toute manière court vu qu’il n’y a pas grand-chose à signaler.» Par rapport à des missions plus compliquées, c’était sûr que pour li ça serait vite rédigé, et ça serait comme la mission ennuyant à mourir. Il avait presque l’impression d’avoir perdu du temps tellement ils n’avaient rien appris, même si c’était parfois nécessaire et qu’il fallait parfois du temps, beaucoup de temps de contacts pour apprendre la moindre petite information. Mais lui n’était pas informateur et ce n’était pas pour rien, ce n’était pas quelque chose qui le tentait de toute manière. Il serait vraiment nul là-dedans.

Et tout ce qu’il entendait à ses reproches c’était plus es « blablablas » arrogant qu’autre chose. Vraiment, c’était l’hôpital qui se foutait la charité, forcément elle était dans son milieu. Facile à dire pour elle. « Je t’ai écouté tes conseils sont vraiment merdiques. Puis tu en as donné un ou deux dont celui de lever la tête, ce que j’ai fait. De toute manière vu comme tu semblais proches de moi, les autres ont dû plus penser que j’étais ton gigolo qu’autre chose.» Il haussa les épaules « Saurais-tu ne pas paraitre hautaine pendant une heure ou deux toi ? Non. On sent la supériorité que tu crois avoir à des mètres autour, Rain. Dans le sens inverse, tu serais certainement bien mauvaise. N’oublie pas ton rôle, et le mien. Viens en terrain de guerre, et on en reparle.» Elle en était presque ridicule à ce petit jeu-là, alors que dès qu’elle était dans la basse société, malgré tous les efforts qu’elle pouvait faire le naturel ressortait vite au tableau. Effectivement, il en avait conscience sa prestation n’avait pas été la meilleure, mais vu comme il savait pour un débutant dont c’était le premier job dans ce genre de soirée, cela n’était pas plus si déconnant que cela et pouvait être compréhensible et c’est bien pour cela qu’il avait choisi ce type de profil – à défaut d’avoir pu échapper à la soirée-.

Du haut de ses escarpins hors de prix, l’ambassadrice sembla déceler l’agacement de son garde du corps improvisé, qui répondit aussitôt à son sarcasme. Ce n’était pourtant pas la pique la plus cinglante que Rain était capable de sortir, au contraire, elle appréciait Dorofei et faisait toujours en sorte de s’arrêter à temps pour ne pas risquer de trop l’énerver. Elle soupira alors légèrement et haussa les épaules, ne prêtant pas attention à la réflexion sur le coup. Que voulait-il dire précisément ? Même le tout-venant n’était tout de même pas tous des sauvages. Dans les hautes sphères, la suffisance et le dédain pour autrui, étaient monnaie courante. Surtout chez les sorciers, bien que certains savaient encore faire preuve de simplicité et de modestie. L’américaine ne faisait pas partie de ce genre, elle se plaisait à se montrer aussi sophistiquée que prétentieuse, parce que son rang le lui permettait, et que ce n’était pas tous les jours faciles d’évoluer dans un monde principalement dominé par des sang-purs, en tant que sang-mêlée non mariée sans enfants, entre autre. Bien que cette tendance semblait s’essouffler un peu aux États-Unis, elle semblait encore bien présente en Europe. Et pour cause, on ne l’appelait pas Vieux Continent pour rien.
Alors en effet, Dorofei avait sans doute raison. Dans son monde à lui, Rain serait sans doute forcée de ravaler sa prétention et son dédain. Elle passa alors une main dans ses cheveux, menton en avant.

« Aucune importance, puisque ce n’est pas le cas. »

Le jeune homme pouvait dire tout ce qu’il voulait, il ne changerait pas les manières de l’ambassadrice. Elle évoluait dans ces sphères-là depuis tant d’années qu’elle n’allait pas se laisser démonter par les propos d’un homme qui avait passé plusieurs mois sur la touche et qui était revenu de combat avec un œil de verre. La brune hautaine se sentait au contraire bien reconnaissante de ne pas être une femme de terrain, même si sa place était difficile à garder et à assurer, elle ne l’échangerait pas.
Pourtant, cette soirée semblait d’un ennui à mourir, Dorofei partageait probablement cette opinion. Tous deux ignoraient le réel but de la mission, qui avait été vite expédiée. Rain n’allait pas se plaindre du manque de difficulté pour une fois, mais trop de facilité cachait sûrement quelque chose, qu’elle ne tarderait pas à découvrir en allant confronter Hampton prochainement, à leur retour de Lancaster.

Sans vraiment s’y attendre, l’ambassadrice semblait avoir eu les mots de trop. Pourtant, Dorofei prenait souvent sur lui pour faire en sorte que leur entente perdure, cette fois c’était au tour de l’informatrice d’être allée trop loin, alors qu’elle avait l’impression de ne rien avoir dit de trop acerbe. Surprise de la réaction de son garde du corps, elle haussa un sourcil en se tournant vers lui, dissimulant une légère gêne suite à l’image qu’elle avait donné au jeune russe. Elle balbutia :

« Vraiment ? N’importe quoi. »

Rain secoua légèrement la tête. Quelle drôle d’idée, c’était simplement un geste comme un autre. Elle n’était certainement pas désespérée à ce point. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? Elle chassa alors cette image de sa tête, après tout elle s’était déjà amusée à lancer une rumeur sur une relation et cela lui avait suffit. Mais Dorofei ne s’était pas arrêté là, manifestement il n’avait guère apprécié les commentaires de la brune sur son attitude. Elle ne l’aurait pas pensé aussi susceptible. De nouveau, elle soupira légèrement. Elle n’était pas prête d’oublier dernière fois qu’elle avait mis en rogne une amie avec ses remarques, alors elle ne voulait pas revivre ça. Même si son garde du corps de soirée n’irait probablement pas aussi loin, tout comme elle-même n’avait pas été aussi loin qu’avec Jane.
L’ambassadrice ignora alors les réflexions de Dorofei, agacée par son attitude. Il avait insinué qu’elle avait eu l’air d’une cougar et maintenant, il lui reprochait d’être hautaine et de se sentir supérieure. Comme si il ne l’a connaissait pas avant, et qu’il l’a découvrait ce soir même. Elle ne souhaitait pas non plus rentrer dans ce jeu-là, voilà pourquoi elle préférait ne pas répondre. Elle laissa passer un moment silencieux, se forçant à ravaler sa langue de vipère qui ne demandait qu’à claquer dans l’air.

« J’y retourne. Je vais tenter d’approfondir mes recherches. »

Auprès de tous ces messieurs dames de la Haute. Quant à Dorofei, il avait autant envie d’être là qu’elle. Mais elle doutait qu’il y ait un quelconque danger pour elle, à cette réception, étant donné qu’elle était en bon terme avec tous ceux avec qui elle avait discuté. Et puis, si il était là pour râler, autant qu’il rentre chez lui. Fronçant légèrement les sourcils, d’un regard peu commode, Rain lui rétorqua :

« Rentre chez toi, si tu préfères. Je n’ai pas besoin de toi. »

Après tout, ici non plus, ce n’était pas un « terrain de guerre », alors le russe n’était pas plus utile à l’extérieur qu’à l’intérieur de la réception. Et elle n’avait pas non plus l’intention de le dénoncer à la Garde si il refusait de l’accompagner jusqu’au bout. Alors qu’avec n’importe qui d’autre, ce serait certainement son genre.

Elle ne se rendait vraiment pas compte que si dans « son monde » le dédain et la prétention était la norme, c’était très mal vu et qu’être traité de gueux pouvait vraiment mal finir dans un monde un peu plus « normal », moins guindé. Et Rain semblait vraiment avoir du mal à le voir que suivant où elle se trouvait, suivant les missions, parler de la sorte aux gens pouvait lui attirer de très gros ennuis. Etait-ce par orgueil ou juste par ce qu’elle était déconnectée de la réalité de ce que vivaient la plupart des gens qui n’étaient pas de la haute – à moins que ce soit par ce qu’elle s’en foutait complètement-. Il eut un sourire un coin, certainement plus amusé qu’autre chose lorsqu’elle répliqua et il haussa un peu les épaules. « Qui sait ce que l’avenir peut nous réserver …» Oui. D’accord, c’était peu possible qu’elle vienne un jour à côtoyer réellement sur le long terme les gens « comme lui », mais sait-on jamais, une déchéance pouvait toujours arriver, les aléas de la vie pouvaient être normaux. Il n’avait pas non plus envie d’épiloguer pendant des heures sur le sujet, ils ne seraient jamais d’accord là-dessus. Par contre, s’il y a une chose sur laquelle ils étaient sur la même longueur d’onde, c’était bien sûr l’ennuie de cette soirée.

Dorofei espérait ainsi qu’ils allaient bientôt pouvoir partir. Rain semblait avoir atteint son but – même si elle n’avait pas eu de vraies révélations-. Et vu qu’il savait qu’il pouvait être cache avec elle, ils se faisaient assez confiance pour ça, il voulait lui faire remarquer que sa conduite envers lui n’était pas non plus si irréprochable. Et il voyait bien la stupeur et la gêne dans le regard de l’ambassadrice, c’était quelque chose de beaucoup de rare – et précieux- pour qu’il n'apprécie pas ce moment. Il avait même réussi à la troubler assez pour qu’elle balbutie un peu sa prochaine réplique. Il se retint tout juste de ricaner un peu, ce qui aurait certainement été puéril et ne ferait rien avancer. « Bien sûr que si Rain. Moi je sais que ce n’est pas le cas, mais il faut te mettre un peu dans la peau des gens et arrêter d’être si égocentrée… en plus ça ferait de chouettes rumeurs, non ? Les gens aiment bien ça les bavardages.» Et il savait qu’entre cela et le… reste qu’il avait bien pu dire, il l’avait visiblement vexée. Il soupira tandis qu’elle grogna qu’elle allait y retourne. «Non, je viens avec toi. Ca serait étrange si je partais alors que tu es toujours-là. » Il lui fit quelque chose qui ressemblait vaguement à un sourire – pour lui-. « Tu sais, c’est pas par ce que je te tacle que je ne t’apprécie pas, mais tu as, par … bordel, un foutu caractère bourge qui ne passe pas avec la plupart des gens, et tu le sais aussi bien que moi.» Il la regarda, de son œil unique dans les yeux, avant de reprendre « Je finirai donc cette mission avec toi.»

Déjà qu’elle n’était pas enchantée d’être là, à devoir interroger une figure de la diplomatie britannique qui ne l’intéressait guère vraiment, mais en plus elle devait supporter un énième sermon sur sa façon d’être. L’ambassadrice avait suffisamment de l’autre imbécile de secouriste pour lui rappeler à quel point elle pouvait être odieuse avec les personnes comme lui, parfois. Maintenant, c’était au tour de Dorofei de lui rappeler, que, oh attention Rain, tu es méprisante, c’est pas bien, on ne traite pas les gens comme ça, imaginait-elle dans sa tête en secouant la tête et soupirant d’agacement. Lui, comme d’autres, ne semblaient pas avoir cerné la personnalité impétueuse de la brune, qu’il était inutile de rappeler à l’ordre ou essayer de lui changer sa vision des choses, celle qu’elle avait de qui elle appelait « le petit peuple » ou encore « le tout-venant », pour ne pas tout citer. Par Merlin, qu’elle aurait aimé que la soirée d’hier à Birmingham ne se termine jamais, car ces moments hors du temps où elle ne pouvait qu’être Rain Godwin, et non pas l’ambassadrice du MACUSA ou l’informatrice pour la Garde de Myrdinn, se faisaient rares. Moyra et Riley avaient leur vie, Moyra croulaient sous les affaires, et sa fille se consacraient à ses études de droit, outre-Atlantique. Jane, maintenant qu’elle avait rejoint également la Garde en tant que Générale, n’avait que peu de temps à accorder à une vieille amie. Toutes deux portaient de lourds fardeaux sur les épaules, Rain d’autant plus dans le cadre de son travail.

N’en déplaisait à Dorofei, et aux autres personnes qu’elle avait malencontreusement blessé par sa langue de vipère trop pendue au cours de sa vie, mais elle avait d’autres préoccupations que celle  d’être une gentille dame au quotidien et de faire preuve d’empathie en se mettant à la place des autres. Quelle hypocrisie. Ce genre de discours lui passait clairement au-dessus du cigare. Mais la brunette n’était pas là pour se disputer avec Dorofei, alors elle voulut simplement retourner à l’intérieur pour continuer son interrogatoire, seule si il le fallait. Mais le jeune homme refusa, il ne pouvait faillir à la mission et devait continuer à jouer les gardes du corps, il avait même insinué légèrement plus tôt, qu’il serait amusant qu’il se fasse réellement passer pour un gigolo. Heureusement que Rain n’avait pas les lèvres dans un verre, elle aurait tout recraché. Néanmoins elle releva avec satisfaction, la volonté de son camarade de mission, de vouloir lui rappeler que malgré tout, il l’appréciait. Malgré son « foutu caractère de bourge », comme il le disait. Certes elle avait été piquée au vif, elle avait beau être rancunière, elle n’en voulait pas à Dorofei pour si peu. Mais elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire satisfait, tournant la tête vers le jeune homme.

« Merci, très cher, tu es bien aimable. »

Air espiègle et un brin moqueur, l’ambassadrice accentuait ses manières « Bourges » exprès pour le narguer. Puis elle reprit, plus sérieusement :

« Tu vois, tu m’apprécies quand même. Malgré mon « foutu caractère », comme tu dis, ce qui prouve bien que je n’ai pas besoin de faire preuve d’empathie ou de bons sentiments humains ennuyeux. »

Les rares personnes qui comptaient pour elle, se comptaient sur les doigts d’une main, et ces personnes-là toléraient son mauvais caractère. C’était le principal, alors pourquoi changer ?

« Je n’ai pas besoin de plus d’amies, je suis mieux seule, et les autres, ne m’intéressent pas. »Elle désigna d’un geste de la tête un groupe de bourgeois non loin de la porte du hall, qui riait aux éclats d’une manière faussement distinguée. « C’est déjà fatiguant de flatter ces Messieurs Dames de la Haute à longueur de journée, je ne vais pas faire ça avec tout le monde. »

En effet, l’hypocrisie perpétuelle était éreintante, mais Rain y était obligée. Alors, elle n’avait aucune raison de faire l’effort de l’être aussi avec tous les autres, qu’elle ne côtoyait pas au travail. Peut-être que Dorofei comprendrait mieux, ou non. Les personnes naturellement altruistes comme lui ou l’autre imbécile de secouriste, chez qui la gentillesse était naturelle, ne pouvaient sûrement pas comprendre le mépris de Godwin envers le monde.

« Et navrée de te décevoir, mais je n’ai aucune envie de jouer les vieilles cougars. »

Une touche d’humour pour finir, avant de rentrer dans le château. Malgré tout, avoir légèrement dépassé la quarantaine la travaillait un peu au fond d’elle.

Est-ce qu’il avait conscience qu’il devait l’agacer ? Tout à fait, mais il s’en fichait totalement, cela ne changeait rien pour lui. Il l’appréciait assez pour être franc avec elle, tout comme elle le connaissait assez pour savoir que c’était juste factuel et pas forcément méchant. Il disait ce qu’il pensait tout simplement. Il n’aimait pas lorsqu’elle se comportait comme ça, même si ça devait être ancré d’une manière ou d’une autre dans son ADN. Il avait l’impression que parfois elle ne se rendait pas compte des préjudices que cela pouvait lui causer, et c’était sans compter blesser peut-être des gens fragiles. Alors certes, lui non plus n’avait pas la langue dans sa poche et n’était pas franchement diplomate pour ne pas dire qu’il était bien souvent rude… mais comparé à elle, il se trouvait généralement assez soft quand même. M’enfin, il savait qu’il ne pourrait pas la changer quoiqu’il arrive alors, il lui répétait tout en se doutant que c’était comme de pisser dans un violon (quelle expression étrange, non ?) ça ne servait à rien ! Les deux « amis » continuaient donc de se chercher un peu, et elle avait bien réussi son coup, il pouvait le voir au sourire satisfait qu’elle arborait. Il eut un léger sourire en retour mi amusé ni cynique.

« C’est avec grand plaisir, my Lady.» dit-il en lui faisant une petite courbette histoire d’en rajouter encore une couche. Il pouvait le faire lui aussi, même si ça serait toujours moins bien que sa camarade. « Pas avec moi. Certes. Mais avec d’autres ça serait quand même bienvenue. Personnellement, si t’es chiante ou odieuse j’te le dirait en te regardant dans le blanc des yeux et sans avoir peur que tu me jettes un sort sur dix générations.» Autrement dit, elle pouvait être flippante et impressionnante et son statut au Ministère en faisait quand même aire plus d’un. Lui n’allait pas se laisser impression par un quelconque statut. Il eut un nouveau léger rire lorsqu’elle parla de flatter les gens «Vu comme ça, effectivement, mais sans flatter les gens, tu vois ne pas les traite de manière hautaine et comme des sous-merdes, j’pense que ça suffirait à pas mal de gens. » il haussa les épaules avant de continuer « Enfin ceci dit on voit un peu comme un ours… alors bon, les gens sont peut-être aussi un peu trop sensibles.»

La fragilité des gens l’agaçait bien souvent bien qu’il sache que ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait dire. Chacun avait sa sensibilité et on était censé la respecter mais parfois c’était trop. Il y a bien des gens qu’il avait souvent envie de secouer… alors quelque part, il pouvait comprendre Rain. La suite le fit de nouveau ricaner.

« Tu n’as même pas besoin de la jouer… Tu l’as très bien fait sans même t’en rendre compte.» répliqua-t-il un sourire aux lèvres plus pour l’agacer et la taquiner qu’être détestable. « Ce n’est pas forcément… disons une chose totalement négative non plus.» essaya-t-il quand même de tempérer juste au cas où.

Dorofei était toujours là-dessus, à rappeler que les bases de la bienséance s’appliquaient aussi avec tous ceux qui n’avaient pas le même rang social que Madame l’ambassadrice. Mais lui n’était pas du genre à laisser passer un tel comportement, elle le savait bien. Depuis le temps qu’ils collaboraient pour la Garde, que tous deux avaient été mis sur la touche, elle avait vite su que le mépris n’était pas la meilleure arme contre l’ancien Auror, car cela ne l’impressionnait pas. Il n’avait jamais hésité à lui dire en face ce qu’il pensait, et malgré tout, il était toujours là. Beaucoup auraient lâché l’affaire depuis longtemps. Mais Dorofei était différent, même ses remontrances avaient souvent le don d’agacer Rain, il prenait néanmoins la peine d’apaiser les tensions, ce que beaucoup ne faisaient pas. Alors, à quoi bon continuer dans un jeu à sens unique, la brune hautaine n’appréciait guère le pugilat en réalité, elle ne pouvait juste pas s’empêcher d’avoir le dernier mot, dans certaines circonstances. Lorsque ses interlocuteurs s’écrasaient, mis à part si elle avait une dent contre eux, elle ne voyait pas l’intérêt de répliquer. C’était justement le cas du jeune homme, dont l’intention n’était pas de se fâcher avec l’ambassadrice. Voilà pourquoi leur amitié, collaboration, peu importe, fonctionnait plutôt bien. Preuve en était qu’il était le seul dont elle se souvenait, après qu’Arthur ait ordonné l’effacement de sa mémoire. Et Hampton, mais son grade de Générale l’imposait.

Godwin poussa un long soupire, tout en levant les yeux au ciel. Dorofei n’avait pas tort, rien ne l’empêchait de se montrer plus aimable, elle n’en voyait juste pas l’intérêt dans l’immédiat. Une nouvelle fois, l’une de ses mains passa dans sa chevelure de jais.

« J’essayerais, si tu y tiens. »

Enfin, si elle se rappelait les énièmes remontrances de son garde du corps d’une journée, si elle se retrouvait de nouveau face à Naveen ou n’importe quel autre gueux peuplant ce monde. La conclusion du jeune homme l’amusa, en revanche, et laissa apparaître un sourire sur le visage difficile à dérider, de l’ambassadrice. Il avait bien raison en qualifiant le tout venant de sensibles. La moindre réflexion était surinterprétée…

« C’est vrai que tu n’es pas le plus sociable non plus… »

Sauf quand il parlait de cougar. Là encore, Rain n’avait pu s’empêcher de s’en amuser, mais il n’aurait pas fallu que Dorofei ne pousse le bouchon un peu trop loin. Elle avait peut-être eu un geste qui sous-entendait quelque chose entre eux, sans s’en rendre compte, mais elle n’avait jamais eu d’arrière pensée. Son coéquipier se rattrapa comme il le pût, mais le « mal » était déjà fait. À y réfléchir, sa réputation risquait d’en prendre un coup, mais peut-être pas dans le mauvais sens du terme. Avoir un plus jeune homme qu’elle sous le bras, pouvait accentuer sa posture de femme influente. Lui jetant un regard narquois, elle lui tendit donc, son bras.

« Viens, alors. Nous allons vite savoir si c’est négatif, ou non… »

Ainsi, ils retournèrent dans le hall central du château de Lancaster. Quelques regards se tournèrent vers eux, mais la plupart n’y prêtait guère d’attention. Tant mieux, finalement. L’ambassadrice était fatiguée des rumeurs et des ragots qui pouvaient circuler à longueur de journée. Même si il fallait bien avouer que parmi toutes les mauvaises nouvelles, un peu de légèreté ne faisait pas de mal.
Rain se décida à lâcher Dorofei, que pour prendre une coupe de champagne. Elle en avait bien besoin, après un brandy qu’elle n’avait guère apprécié. Elle se força à adresser un large sourire de remerciement au serveur, et s’éloigna, verre à la main, suivie de l’ancien Auror.

« J’y retourne. Même si je doute qu’il y ait d’avantage à en tirer. Pendant ce temps, tend les oreilles et ouvre les yeux. » Courte pause, elle avait oublié un détail, et n’en était pas très fière. « Enfin, l’œil. »

Il la connaissait assez bien pour savoir comment est-ce qu’elle fonctionnait la plupart du temps, bien sûr, il devait toujours il y avoir des exceptions…mais pour l’instant il ne se débrouillait généralement pas trop mal. En même temps, il pouvait la comprendre sur pas mal de points, même s’il était…. Disons beaucoup moins orgueilleux et hautain. Alors oui, il n’hésitait pas à la remettre à sa place « gentiment » et lui rappeler que ce n’était pas des manières de faire de traiter les gens comme des rien que rien. Il avait toujours cette impression qu’elle ne se rendait pas compte de l’impact de ses paroles… et un jour elle risquait fort d’être surprise du retour de bâton. Est-ce qu’elle l’aurait méritée ? Certainement, dire le contraire serait mentir. A force de titiller les gens et de mal leur parler, le retour de bâton est inévitable à un moment donné, mais ça elle n’était pas prête à l’entendre. Il se disait juste qu’à force de l’entendre de lui – et vu qu’elle lui faisait confiance- peut-être qu’un jour elle comprendrait ce qu’il avait voulu dire tout ce temps, et qu’elle prendrait enfin en compte ses dires. Il la regarda passer sa main dans ses cheveux, soupirer mais il fait bien avouer qu’il ne s’était pas attendu à sa réponse et la mine étonnée de l’ex auror, même si elle ne dura que quelques furtifs instants devait d’avoir de l’or, il s’était néanmoins bientôt repris arborant à la place un sourire mi-amusé mi narquois. L’entendre dire qu’elle essayerait sonnait tellement étrangement à son oreille. Il haussa les épaules, pour ne pas se montrer trop victorieux ce qui serait contre-productif et il laissa encore quelques instants avant de reprendre la parole

«Ouais, ça pourrait peut-être être pas mal… mais c’est toi qui voit. » avait-il fini par répliquer.

Il avait bientôt enchainé avec un peu d’autodérision, il savait qu’il était loin d’être le plus facile à vivre et d’ailleurs Rain le confirma sans aucun état d’âme. Oui, il n’était pas sociable et avait du mal avec la plupart des personnes ; pourtant avec ses amis proches il était du genre loyal et à être toujours présent s’ils en avaient besoin -ainsi que sa famille- . Heureusement de vrais amis, il n’en avait pas tant que ça, il y avait bien entendu en tête Jordane et Logan. Neolina d’une certaine façon ainsi que Margo même si leurs relations n’étaient pas toujours au beau fixe. Rain avait quelque chose qu’il appréciait aussi et c’est pour cela qu’il prenait toujours du temps à la rabrouer, à tenter de lui faire comprendre des choses…

Il avait aussi parlé de son comportement de « cougar », ne pouvant pas s’empêcher de s’en amuser un peu, et la seule raison c’était par ce qu’il savait pertinemment qu’il n’y aurait jamais rien entre eux, sinon, il aurait certainement était plus mal à l’aise qu’autre chose. Et si elle ne voyait pas la choses ainsi, sa façon de se comporter avec lui aurait pu porter à confusion si quelqu’un les avait remarqués et avait l’esprit un peu retors ou pervers. Cette personne pouvait faire ainsi du tord à l’ambassadrice ou la mettre juste dans l’embarras. Bref, cela pouvait être à double tranchant et il ne savait pas si ça serait plus positif ou négatif. Rain ne tarda pas à lui saisir un bras, qu’il lui tendit, quand même un peu perplexe. « Viens, alors. Nous allons vite savoir si c’est négatif, ou non… » Si simple vu comme ça …

Ils étaient finalement revenus au hall du château, et il n’y eut au final que quelques regards qui se tournèrent vers eux. Rain le lâcha et Dorofei se demanda si elle était soulagée ou alors déçue ? Elle prit un nouveau verre d’alcool avant de reprendre la parole. Il eut un léger rire amusé lorsqu’elle se reprit. Venait-elle réellement de craindre de le blesser ? Certes, ça pouvait être un sujet sensible, mais ça dépendait dans quels termes on le disait ; c’était plus une expression qu’autre chose à ses yeux – enfin son œil… comme elle s’était bien reprise-. Il se racla la gorge avant de soupirer et d’acquiescer.

« Promis, je vais être un sage garde du corps.» lui murmura-t-il au creux de l’oreille.

Mais il comptait en réalité être bien attentif à tout ce qui pouvait bien se passer.

Les choses avaient été mises plus au clair, maintenant les deux Gardiens pouvaient se consacrer au reste de la mission. Rain était toujours sceptique quant à la pertinence des informations que Myrdinn lui avait demandé de rapporter du Consul, mais elle n’avait pas eu vraiment le choix que d’accepter pour prouver son allégeance. Cette simple idée l’avait agacée, étant donné qu’elle n’en avait jamais eu besoin. Ce malheureux verre partagé avec l’ancien Chef des Supérieurs un soir de février l’année dernière, avait en quelque sorte coûté à l’ambassadrice sa place au sein de la Garde, alors qu’elle leur avait toujours ramené moult informations des hautes sphères. Son intégration avait toujours été laborieuse, mais désormais il ne fallait même pas compter dessus. Bien entendu, la brune hautaine ne s’en portait guère plus mal, et les blessures narcissiques s’estompaient peu à peu, bien que la rancune perdurait, et resterait gravée pendant encore longtemps. Elle ne saurait sûrement jamais qui se cachait derrière les traits d’Arthur, qui l’avait si injustement accusée de traîtrise, et heureusement.

Une fois revenus à l’intérieur du château de Lancaster, Rain avait lâché le bras de Dorofei, qui semblait maintenant habitué à son unique œil, étant donné qu’il n’avait pas l’air vexé le moins du monde par sa remarque. Que pouvait-elle user d’autre, comme expression, en tant que consultante dans le milieu politique, elle était la seule à pouvoir mener et déguiser les interrogatoires. Dorofei, quant à lui, en tant que garde du corps, ne pouvait que surveiller les personnes présentes et relever les comportements suspects. Bien sûr, en premier lieu, veiller à la sécurité de l’ambassadrice. Mais connaissant Rycroft, elle était persuadée de n’avoir rien à craindre de lui. Elle laissa donc le jeune homme à ses déambulations dans l’assemblée, et se rapprocha de nouveau de son collaborateur consulaire.

Moins d’une heure plus tard, Rain réapparût, plus piquée au vif que jamais, l’impression désagréable d’avoir perdu son temps lui collait à la peau comme un vulgaire bouton de moustique. Dorofei avait probablement deviné sans mal, à en juger par l’expression faciale de l’américaine, que les choses ne s’étaient pas exactement déroulées comme elle l’aurait souhaité. Rapidement, elle se dirigea vers l’ancien Auror, d’un pas vif en faisant claquer les talons de ses escarpins hors de prix sur les dalles qui composaient le sol du hall du château. Elle fit signe à son collaborateur de la rejoindre un peu à l’écart de la foule. Il n’avait probablement pas cherché à comprendre, car il s’exécuta immédiatement. Les joues légèrement rosies par l’exaspération, elle siffla entre ses dents, discrètement, les bras croisés sur la poitrine et la jambe légèrement tremblante d’impatience.

« J’ai vraiment l’impression qu’on a perdu notre temps. Je ne conçois pas le sérieux de cette mission. »

Elle marqua une pause lorsqu’un couple d’aristocrates passa non loin d’eux, qu’elle congratula d’un sourire hypocrite, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de leur champ de vision, dans les méandres de la foule. Aussitôt, l’ambassadrice se tourna de nouveau vers Dorofei.

« Rycroft a simplement abusé de la boisson, et cette réception n’avait pour but que de réunir les pontes de la diplomatie, afin qu’ils se congratulent entre eux d’exploits, qu’ils n’ont aucun mérite d’avoir accompli. »

Là encore, la colère était difficilement dissimulée. Rain prit une grande inspiration pour tenter de se calmer.

« Je vais aller saluer Rycroft une dernière fois. Inutile de rester là plus longtemps. »

Un ultime soupire, et l’ambassadrice tourna les talons pour retourner affronter la foule une dernière fois.

« Tu n’es pas obligé de m’attendre. »

Dit-elle à l’adresse de Dorofei, avant de partir, Elle n’avait incontestablement jamais eu besoin d’un garde du corps dans cette affaire. Le fait qu’on lui attribue l’ancien Auror était tout aussi étrange.

S’ils avaient été seuls, il est fort probable qu’il aurait ricané un peu plus fort, mais il devait quand même rester un minimum dans leurs rôles, alors il fit le strict minimum, même s’il était fort amusé par ce qu’elle venait de dire et surtout par le malaise qu’elle semblait avoir pour sa « faute ». Il ne pensait pas qu’elle aurait pu avoir cette réaction, surtout lorsqu’on connaissait bien l’individu, mais quelque part ça avait quelque chose de rassurant. Comme si cela la rendait un peu plus humaine, il avait vite compris que derrière cette armure et la connasse qu’elle jouait tous les jours, il y avait quand même un cœur -pas forcément tendre- et une certaine loyauté et il avait raison. Du moins, avec les gens qu’elle connaissait et appréciait, elle savait avoir certaines limites et écouter. C’était rare, c’était certain vu le caractère de la Dame, elle avait certainement beaucoup plus d’ennemis qu’autre chose, mais c’était un détail.

Pendant qu’elle parlait à l’autre qui ne représentait aucun danger réel, et même s’il restait non loin d’elle, il avait fait un tour de la réception, essayant de capter des conversations plus intéressantes. Il intégra un moment un groupe de garde du corps, eux voyaient beaucoup et entendaient tout autant, mais ils ne lui apprirent rien d’intéressant ; Dorofei avait juste ouvert la bouche deux ou trois fois pour montrer qu’il avait un avis et qu’il s’intéressait à ce que ses « compères » disaient, mais tout en faisant le type peu bavard. Moins d’une heure plus tard, l’ambassadrice était enfin réapparue et ne semblait pas au meilleur de sa forme. Il avait l’impression qu’elle était agacée plus qu’autre chose et sentait que le retour à ses côtés allait être un vrai calvaire ! Il s’était donc rapproché d’elle tandis qu’elle lui faisait un signe de la rejoindre à l’écart de la foule. Néanmoins, il se posait d’ores et déjà pas mal de questions : est-ce qu’il s’était passé quelque chose ? Est-ce qu’elle avait appris un fait qui la mettait dans tous ses états ou alors au contraire c’est de faire chou blanc qui la faisait s’agacer seule ? Une fois à ses côtés, il pouvait presque ressentir la tension qu’il y avait dans les membres de la femme, et elle reprit bientôt la parole, maintenant qu’ils étaient loin de tout le monde. Il fut rassuré d’entendre que c’était que de l’agacement par ce qu’ils avaient fait choux blanc et perdu leur temps, plutôt qu’il y ait un risque de catastrophe. Rain avait fait une pause tandis qu’un couple passait à côté d’eux avant de reprendre…. Avec aucune information intéressante. Coop’ haussa les épaules avant de soupirer à son tour.

« Je t’attends au cas où, on est jamais assez prudent.» Il se tut quelques instants avant de reprendre «Et puis, Rain, ce n’est pas du temps de perdu, pas vraiment du moins, c’est peut-être juste qu’il n’y avait rien à en tirer et ce n’est pas forcément une mauvaise chose. »

Il avait laissé l’ambassadrice partir sur ces mots, en soupirant doucement. A vrai dire, lui aussi avait l’impression d’avoir pas mal perdu son temps, mais il préférait voir les choses de façon un peu plus positives !