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On the edge [Pawel et Armis]

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Soho.
Mar 31 Oct 2023 - 19:54
Le 17 février 2017 à 22h30,
Club 49, 49 Greek Street,
Soho à Londres,


L’ambiance irréaliste de ce mois d’hiver colle à la peau comme une mauvaise sensation qui ne disparaît pas.  Dans ces langueurs anglaises, le froid s’invite à l’intérieur des blousons et des écharpes, pourtant bien fermement tenus contre les corps. C’est que l’humidité ambiante n’aide pas les badauds à se réchauffer réellement. Le bruit des semelles collent les trottoirs parce qu’une pluie a déjoué le beau temps qui s’était pourtant installé depuis quelques jours. Malgré tout, rien de morbide, les passants s’arrêtent prendre un chocolat chaud sur leur route ou une tasse de thé dans un bar cosy pour continuer leur balade. Les plus téméraires s’aventurent dans les parcs mais, ils sont peu nombreux, préférant pour beaucoup le confort d’un endroit chauffé.

En longeant le Soho Square Gardens, depuis l’arrêt Tottenham Court Road en métro, on peut rejoindre plusieurs rues menant à des pubs ou des clubs. Ce côté de Soho, très animé la journée et assez mixé se retrouve dans une ambiance différente la nuit. Plus animé encore, il faut attendre des heures tardives pour apercevoir les fêtards s’orienter vers les endroits où la musique se propage.

Qu’est-ce que je fais ici ?

Plus j’avance, plus l’ambiance semble joyeuse et ça allège un peu mon estomac noué depuis le début d’après-midi. La situation au travail est parfois tendue et autant dire que cette après-midi a été stressante de bien des manières. Par moment, j’ai l’impression que rien n’avance, que les choses sont un peu figées. L’impression désagréable que les sorciers sont contraints à une vie qu’ils ne méritent pas, en somme. Le temps est affreusement long, surtout quand aucune mission intéressante n’entre en jeu. Et aujourd'hui la paperasse a élu domicile ! Depuis les quelques mois que je suis au ministère, j’ai plus l’impression d’être un sous-fifre qu’un réel employé. Sans doute pour tester ma patience, ma capacité à obéir aux ordres, aussi déplaisant soit-il. Pour autant, j’ai espéré avoir fait mes preuves déjà avant, sous les directives de mon père. Montrer mon sérieux. Il semblerait que ce ne  soit pas encore le cas, et j’ignore à qu’il il faut graisser la pâte pour pouvoir obtenir un peu plus de responsabilité.

En passant, deux femmes, habillées bien trop découvert pour la météo semblent se diriger au même club que moi. J’observe le visage de celle qui passe le plus près de moi, le rouge à lèvre mange son visage et elle semble ravissante. Je laisse volontairement attarder mon regard dans le sien, sur ses courbes lorsqu’elle me dépasse, un sourire sur les lèvres, bien consciente de l’effet qu’elle peut faire. De l’image qu’elle renvoie. Évidemment, ce petit jeu de charme s’arrête-là, juste dans le respect consensuel de deux adultes, qui se croisent, se plaisent un instant. Peut-être plus tard ? Qui sait ?

La réalité, c’est que j’ignore pourquoi je viens ici. J'étais venu quelques fois avec mon copain à l’époque et avec quelques amis depuis sa mort. Les choses ne sont plus les mêmes, il a fallu se construire avec des occupations différentes. Ne pas se morfondre trop longtemps. Les choses…ne seront plus jamais comme avant. Ce soir, cela mérite de se changer les idées. L’objectif était un club de sorcier, le problème étant qu’ils ne se trouvent pas si facilement, et pas sans invitation. Alors, le but de la soirée n’est pas vraiment de côtoyer les moldus, parce que pour la plupart, je n’ai aucune envie de les fréquenter. Plutôt de rencontrer un sorcier, ou une sorcière qui aurait un accès à une soirée plus “magique”. Les chances sont de mon côté, il suffit de parler à la bonne personne.

Esquivant l’entrée principale, je passe sur le côté dans une petite ruelle latérale. C’est la clef de mon entrée, l’endroit est un peu glauque mais je sens ma baguette magique à mon mollet, fermement tenue et en place. En cas de danger quelconque, il suffira de m’en saisir. J’approche lentement de la porte de service, bien décidé à trouver un sorcier pouvant me guider vers une salle réservée au monde magique. Dans ce genre d’endroit, il y en a à coup sûr, il faut juste savoir chercher  un petit peu.

Ps : L'adresse du club mentionné, qui existe vraiment. juste ici
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Armis Moore
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Mer 15 Nov 2023 - 2:53
Vendredi 17 Février 2017





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Club 49, Soho, dans la soirée








Situé au cœur du quartier de Soho, le Club 49 n’était pas un lieu inconnu. Pawel appréciait non seulement y travailler, mais également venir y boire de bons cocktails de temps en temps. Ici, il avait l’habitude de rencontrer des jeunes femmes plutôt sophistiquées, riches, à qui il pouvait soutirer autant de sang que d’argent, si il s’y prenait bien. L’ambiance rappelait celle des plus grands clubs new-yorkais, ou parisiens, que le vampire avait pu découvrir lors de ses voyages, quelques années auparavant. Le dress code chic imposé par le Club 49, ainsi que le prix exorbitant pour daigner y mettre un pied, le plaçait en tête des night-clubs fréquentés par la progéniture de la jet-set londonienne. Ce qui signifiait, un tas de jeunes filles qui prenaient soin d’elles, toujours bien habillées et maquillées, parfois même très vulgairement, et prêtes à dépenser sans compter l’argent de leurs paternels adorés. Tout pour plaire au polonais, en somme…
Ce soir-là, il n’était pas là pour s’amuser, mais pour travailler. Ce qu’il n’avait pas fait à temps complet depuis l’assassinat du gardien du zoo, et il avait grand besoin de renflouer ses caisses bientôt vides. L’héritage des Szlarski lui avait permis de tenir ces dix dernières années, mais Pawel avait encore l’éternité devant lui. Piller une ou deux filles du Club 49, en plus de sa paye minable de gardien de sécurité, était son objectif de la soirée.

Assis au comptoir, sirotant un cocktail à base de vodka tout en échangeant quelques mots futiles avec la barmaid, le grand brun scrutait la salle discrètement, laissant traîner son regard perçant un peu partout, à la recherche de quoi égayer le reste de sa nuit lorsqu’il finirait son service. Draguer n’était ni son genre ni son fort, il préférait attendre que les filles en général, soient plus éméchées, plus tard. Ainsi, elles se rendraient plus faciles et ouvertes, d’elles-mêmes. Pourtant, le polonais n’avait pas manqué de capter certains regards féminins qui se posaient sur lui, puis des murmures aux oreilles des copines. Pawel dégustait sa boisson avec un large sourire aux lèvres, il était inutile de se priver de ce genre de pétasses superficielles. Et justement, par chance, il allait peut-être avoir l’opportunité de les aborder sans n’avoir aucun effort à faire…
Un homme, d’un certain âge et vêtu d’un costard qui le boudinait, s’était approché de l’une des jeunes filles. Au début, rien de mal, un simple échange, jusqu’à ce que l’expression de la blondinette n’ait changé. L’air répugné, nul besoin d’avoir inventé l’eau chaude pour deviner la teneur de la conversation. Alors que la jeune femme souhaitait s’éloigner en compagnie de ses amies, l’homme avait l’air d’être insistant. Pawel focalisa son attention sur eux, et écouta ce qu’il se disait, de son ouïe fine vampirique, qui lui permettait d’entendre assez loin. Tout dépendait de sa concentration et de sa forme. Effectivement, il s’avéra que l’homme avait fait des propositions aux filles, qu’elles avaient refusé, mais il insistait lourdement. Le gardien de sécurité fît donc son travail…Il délaissa son cocktail et alla se poster entre la blondinette et le lourdingue. Le surpassant en long et en large de son imposante carrure, le grand brun planta ses yeux clairs dans les siens, l’air menaçant.

« Si la fille dit non, c’est non. Dégage, enfoiré. » D’un simple geste, il le poussa en arrière. Sa force surhumaine naturelle, fît reculer l’homme de plusieurs mètres, ce qui ne manqua pas de le surprendre, à la grande satisfaction du vampire.

Dans le même temps, il se pavanait au passage auprès des filles. Il n’avait pas le choix que de correctement faire son travail si il espérait être payé. Et donc, protéger ces petites pétasses de bourgeoises blindées. Un sourire charmeur aux lèvres, il se tourna vers elles, en admiration et reconnaissantes de son geste. Elles gloussaient autour de lui, mais l’autre n’avait pas dit son dernier mot. Éméché, il revint à la charge et tenta de décocher un coup de poing au gardien, en l’insultant, un geste bien stupide de sa part. Car Pawel n’eut aucun mal à l’arrêter, de la paume d’une main. Il pouffa de rire un instant.

« N’essaye même pas, t’as aucune chance. » Il le sentait en train de s’échauffer. Il soupira. Ce vieil imbécile ne lui laissait pas le choix, Pawel allait devoir le mettre dehors. Alors, il l’empoigna par le col de son costard et le souleva du sol aussi aisément qu’une brindille.

« Bon, tu commences à me saouler. La soirée s’arrête là, pour toi. »

Il l’entraîna à l’arrière du Club, l’homme avait beau se débattre et déblatérer dix insultes à la seconde, il ne pouvait rien faire contre la force vampirique qui le traînait en public.
Pawel ouvrit d’un coup la porte de service qui se trouvait à l’arrière du night-club, et se retrouva nez à nez avec un visage connu. Il s’apprêtait à jeter l’autre imbécile tel un déchet dans la rue, mais maintenant face à cet autre homme, le polonais restait immobile et décontenancé. Décidément, un esprit frappeur avait décidé de lui faire affronter son passé, depuis quelques jours. Déjà le loup-garou Ryans le mois dernier, maintenant ce snobinard d’Armis Moore. Qui avait d’ailleurs un peu vieilli depuis la dernière fois, rien de plus normal. Mais Pawel, lui, était toujours le même, excepté un teint un peu plus blafard. Comment dire…Il ne s’attendait absolument pas à croiser un sorcier au sang-pur par ici. Pourquoi venait-il traîner là ?
Pendant ce labs de temps, il avait toujours le malotru qu’il tenait à bout de bras, qui se débattait. Le gardien du club s’en débarrassa facilement, il le jeta violemment sur le sol humide de la ruelle dissimulée.

« Que je n’te revois plus ici, sinon j’te fracasse la gueule. »

L’autre ne demanda pas son reste. La face en sang suite au choc contre le bitume, il disparut au détour de la ruelle. Pawel pouvait à présent focaliser son attention sur Armis. Non sans appréhension. Il s’attendait à une série de questions toutes plus embarrassantes les unes que les autres. Mais, pour ne pas perdre la face, le vampire conservait ce sourire et cet air arrogant que Moore lui connaissait bien.

« Snobi-Moore… » Surnom puéril qu’il lui avait donné la dernière fois, en référence à ce côté snobinard que Pawel ne supportait pas.

« Qu’est-ce que tu fous là ? C’est pas là, l’entrée. J’peux pas te laisser passer. »








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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Mer 15 Nov 2023 - 22:49
La ruelle n’est pas non plus comme dans les films. Soustrayez vous l’idée de bennes à ordures dégoûtantes, d’une fumée nauséabonde et du bitume mouillé réverbérant les néons. Ce n’est pas New-York, ici, le sol est certes, tout de même humide -merci au temps angalis- mais l’espace est plutôt propre. S’il y à quelques poubelles, elles sont plus loin, dans un espace fermé. Le bruit du club se fait entendre, de manière étouffée et distante.

Du moins, jusqu’à ce que la porte s’ouvre, plutôt brusquement il faut se le dire et que la silhouette de deux hommes se distinguait à peine dans la pénombre. C’est mon moment, le seul que je peux saisir pour entrer, il suffit de patienter pour pouvoir retenir la porte et pouvoir s'infiltrer. De toute façon, elle n’est probablement pas fermée à clef mais, personne n’est à l'abri qu’un employé ou un vigile soit prostré devant.

« Que je n’te revois plus ici, sinon j’te fracasse la gueule. »


La phrase est lancée avec véhémence et l’homme, plutôt grassouillet semble s’exploser non loin de moi sur le bitume. Outch. Avec la chute qu’il vient de faire, il semble plutôt sonné. Quoiqu’il ait fait, il semblerait que ça n’a pas plus aux employés du lieu. Rien de très dramatique, l’homme se redresse, peste une ou deux fois et semble proliférer un chapelet d’insultes, qui me surprend assez pour que j’en lève les sourcils. Dans mon monde, ce genre de langage n’a pas sa place. Si vous voulez menacer, insulter quelqu’un vous le faite avec classe et en usant d’un élément tranchant. Inutile d’être grossier, on perd la face et le peu de crédibilité qu’il nous reste. Et ensuite quoi ? Nous n’obtenons pas vraiment ce que nous souhaitons. Une insulte veut faire mal, pour le faire, autant toucher là où ça fait mal.

L’homme qui ne demande pas son reste et s’enfuit, ne semble pas avoir intégrer la notion. Sans doute blessé, au vu des gouttes de sang sur le bitume, il s’esquive en me voyant, sans doute effrayé que je l’attaque également. A quoi bon ? Saisissant mon opportunité pour ce qu’elle est, je franchis l’écart qui me sépare de la porte ouverte et approche. De loin, l’homme aurait pu être n’importe qui. Indistinct.

En avançant, les contours de la silhouette ont transpercé l'obscurité apparente. C’est pourtant lui qui me reconnait avant, sans doute car il a une bonne vue. Le ton est employé à la rigolade, peut-être avec ce brin de défis que je lui connaissais déjà avant. Mon regard se pose dans le sien, inchangé. Je fixe son visage, penchant le visage sur le côté, comme si une pièce du puzzle manquait sans en trouver la raison.

C’est sa voix qui transperce le silence qui s’est installé lors de mon inspection. Au fil des années, j’ai rencontré Pawel pour des soirées ou des dîners avec la haute société de sorciers. Jusqu’au jour où il n’est plus jamais venu avec sa famille. Aucune information, aucun commentaire, il a juste cessé de venir. Finalement, j’ai cessé également. D’abord parce que j’étais amoureux, occupé dans mon couple, au ministère. Puis avec la disparition de mon homme, tout à un peu changé et mes relations avec ce genre d'événements ont été compliquées.

Hésitant juste une demi-seconde, le coup part avant même que je réfléchisse à le retenir. Un coup de poing en plein visage, car je viens tout juste d’arriver à sa hauteur, comblant ce qui nous séparait d’une enjambée.

“C’est pour la dernière fois qu’on s’est vu.”

Le calme revient, aussi simplement que cela. Je n’ai jamais été un gros bagarreur mais, il serait stupide de ne pas savoir adresser un coup de poing. A la vieille école. Inutile de sortir ma baguette pour lui. La dernière fois que je l’ai vu, disons que la soirée ne s’est pas terminée dans de bonnes conditions.
De toute façon, son attitude me démange, assez pour mériter qu’il arrête son cinéma.

“Je t’ai pas vraiment demandé ton avis Aleks. - le poussant légèrement, pas avec violence, juste pour passer - et aucun compte  à te rendre, d’ailleurs. “
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Armis Moore
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Lun 20 Nov 2023 - 15:47
Vendredi 17 Février 2017





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Club 49, Soho, dans la soirée









Après avoir littéralement jeté hors du Club l’autre type, Pawel était sur le point de retourner auprès des jeunes femmes harcelées afin de se faire bien voir. C’était sans compter l’arrivée impromptue d’un fantôme de son passé. Une personne que le polonais se serait bien gardé de revoir un jour. Mais maintenant que le fils Moore était là, il n’avait plus le choix que de le confronter. Armis avait pu reconnaître en lui son air irritant et provocant, probablement la seule chose qu’il lui reconnaîtrait aujourd’hui par rapport à la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Et le côté belliqueux, peut-être, après avoir vu le vampire mettre à mal l’autre malotru et le balancer dans la rue à bout de bras, d’une facilité déconcertante. Le surnom, l’héritier Moore l’avait sans nul doute reconnu. Pawel faisait le malin, comme d’habitude. Alors qu’en réalité, il n’en menait pas large. L’une de ses craintes depuis qu’il était un vampire, était de se retrouver dans une situation comme celle-ci, face à quelqu’un qui l’avait connu lorsqu’il était humain, et à l’époque qui était également un héritier d’une famille au sang-pur, respectée et reconnue dans le monde magique, avec à la clé un poste prestigieux au Ministère du pays. Heureusement que les Szlarski, en dehors de la Pologne, n’étaient pas si connus, en particulier depuis le divorce d’Helena et Eugeniusz qui avait complètement fracturé la dite famille.

Mais les Moores, eux, ne pouvaient s’en souvenir, suite à cette fameuse soirée qui s’était mal terminée entre leurs deux familles, dix ans auparavant. La fin d’une entente entre Moore et Szlarski. C’était bien l’appréhension du regard d’Armis sur ce que Pawel était devenu, qui l’habitait. Cette vieille histoire datant de dix ans, était loin pour le grand brun aux yeux bleus, si loin qu’il ne s’en souvenait à peine. Ou plutôt, il refusait de se souvenir. Pour l’autre, cela ne faisait pas assez longtemps apparemment, et la rancune était encore bien pressente. Au point que le polonais ne vit pas le coup venir, il encaissa donc le poing du fils Moore en pleine figure. Malgré sa condition physique hors du commun, la surprise du coup le fît reculer d’un pas.

« Putain, mais quoi ! »

Le Vampire gueula et grogna sur Armis tout en se passant machinalement la manche de son manteau noir de videur sur sa lèvre que l’autre avait éraflé de son coup de poing. Le léger écoulement de sang avait déjà disparu, soigné instantanément par sa capacité de régénération. Ainsi dans l’obscurité, l’héritier Moore ne l’avait pas vu. Sans réfléchir, alors que l’autre le poussait légèrement pour passer, Pawel lui administra à son tour un direct du droit en plein visage, plus fort encore que le coup qu’il avait lui-même reçu. Puis, il attrapa Armis par le col et le souleva légèrement du sol, avant de le rejeter en arrière, lui aussi, tout de même avec beaucoup moins de puissance que le type précédent.
Si le britannique s’était calmé après avoir frappé, autant c’était le contraire pour le polonais. Il avait beau avoir l’habitude de prendre des coups, cela le rendait toujours aussi susceptible et bagarreur. Il s’avança alors vers le sorcier, le regard noir et menacant, frappant son poing contre sa paume comme si il voulait en découdre.

« J’vais pas le répéter une troisième fois. C’est pas l’entrée, et tu ne passeras pas. »

Difficile de ne pas craquer, de ne pas se laisser aller à la colère qui l’envahissait face à Moore. Le coup de poing n’était rien à côté de revoir son visage de snobinard. Ses canines de vampire luttaient pour ne pas apparaître, il ne pouvait pas se le permettre. Mais comment avouer à son ancien camarade ce qu’il était à présent, et ainsi justifier pourquoi il ne pouvait pas le faire passer ? Pawel tourna la tête un instant, ils étaient seuls et personne ne semblait écouter. Alors, il reporta son attention sur Armis et laissa échapper un grognement.

« Je bosse. J’suis le mec de la sécurité. » Il avait été obligé de lui dire, maintenant il s’attendait aux questions embarrassantes, ou aux sarcasmes moqueurs du snobinard qu’était le fils Moore à l’époque. Peut-être avait-il changé, après tout ? Le grand brun ne lui laissa pas le temps de réagir avant de continuer :

« Ton statut, ton rang…Peu importe, ne te laisse aucun passe-droit ici. Alors, tire-toi. »

Ou alors…

« À moins que tu veuilles qu’on règle nos comptes dehors ? »

Il pouvait bien prendre dix minutes de pause pour lui démolir la tronche, si jamais Armis allait trop loin. Ou alors la force qu’avait démontré son ancien compagnon de soirée mondaine, l’avait impressionné et dissuadé de lui lancer la moindre pique désobligeante. Et puis, pourquoi venait-il ce soir-là se mêler au monde moldu ?







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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Lun 20 Nov 2023 - 20:03
“Putain, mais quoi !”

Bien. Au moins une réaction  à la hauteur de l’enjeu. Je penche la tête mais n’ai pas le temps de réagir plus rapidement. D’un geste très rapide - trop rapide sans doute - il parvient à m'assène un coup depoing en plein visage. La force me surprend et je grimace, car je sens déjà un liquide chaud et gluant dégringolé de ma lèvre. Fendue en deux, j'essuie grossièrement la blessure de ma manche en le regardant. Si j’étais calme un peu avant, l’ambiance ne fait rien pour m’aider. Dans l’obscurité qui nous englobe, je ne parviens pas à distinguer correctement le visage de l’héritier Szlarski. Inutile d’élaborer trois heures pour imaginer qu’il est énervé. Peu importe après tout, il l’avait bien cherché. Si dix ans nous séparent de l’incident qui a eu lieu chez mes parents, le souvenir est encore présent. Il méritait au moins ça.

Sentant l’homme face à moi me repousser, la tension me clout une seconde l’estomac, m’empêchant de respirer. De la distance, au moins un mètre de plus qu’à l’initiale, apparaît entre nous.

Recule Armis.

Une petite voix murmure cette rengaine dans la tête. La tension grimpe d’un cran lorsque je cède le peu d’espace entre nous pour le fixer.

“Tu ne me touches pas Aleks, je te préviens. Et j’en ai rien à faire que ce soit pas l’entrée ! “

Le ton lui aussi monte, suffisamment pour faire tourner la tête à des passants dans la rue. Rien de trop inquiétant, pas assez pour qu’ils s’arrêtent et interviennent. Pourtant, en observant la tension qui m’anime soudainement, ils devraient peut-être venir en renfort. L’héritier polonais ne fera pas long feu. Mes épaules sont d’une rigidité affligeante et il y à eut peu de situations où une telle violence a émané de moi. Refaire le portrait de ce petit prétentieux me tend. Serrant plusieurs fois les poings, avant de les détendre à nouveau, soufflant profondément.

Respire, encore. Éloigne- toi.

Malgré moi, je fais tout l’inverse. Comme si j’étais incapable de me détacher de lui. Électrique, la sensation qui m’hérisse les poils. L’envie de le frapper est si soudaine que pour retenir le prochain coup je l'administre au mur à côté de lui, d’une violence telle que les phalanges de ma main gauche en ressortent rouges et violettes. Le coup a été plus fort que je l’imaginais et même si l’élancement m'arrachait presque un gémissement de douleur, c’est un rire nerveux qui en ressort. A en rire de moi-même. Qu’il me mette dans cet état, dix ans après m’énerve. Qu’il fasse fondre la retenue d’une simple réplique me surprend, car je ne suis pas très connu pour mes emportements. Jamais en fait.

Recule.

Écoutant ma voix intérieure, je mets un peu de distance entre nos deux corps. Reculant de deux mètres, j’ouvre les bras excédé. Soufflant plusieurs fois par le nez, recouvrant un tout petit peu de calme.
“Grand bien te fasse, tu bosses ici. Et ? Tu fermes les yeux, on en parle plus.”

Plus à vif que je l’imaginais, je passe une main dans mes cheveux, les désorganisant. De toute façon, quel qu’ait été le plan plus tôt pour cette soirée, le voilà érodé face à cette rencontre. Observant ma main, puis, touchant l’état de ma lèvre encore en sang je calcule mes options : insister  et risquer  une bagarre qui semble se planifier bientôt, renoncer et m’éloigner le plus possible de lui.

“Laisse tomber.”

Sans rien ajouter de plus, je recule d’un ou deux pas. La distance est un peu plus respirable. Les frissons diminuent et la pression redescend d’un cran. Le cœur encore emporté se calme de nouveau, pas autant qu’avant mais ce sera suffisant. Contournant un des coins d’un mur, je me retourne pour sortir de cette ruelle et si possible le plus possible de lui.
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Armis Moore
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Mer 29 Nov 2023 - 7:13
Vendredi 17 Février 2017





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Club 49, Soho, dans la soirée










La tension entre les deux héritiers au sang-pur n’était pas seulement due au fait que l’un refusait à l’autre de rentrer dans son Club, ce qui avait poussé Armis à frapper le premier était bien plus ancien, et la blessure toujours profonde et non refermée malgré les années qui avaient passé, visiblement. Le simple son de la voix de Pawel, et l’apparition de ses traits à peine visibles dans l’obscurité pour un humain, avaient suffit à faire sortir l’autre de ses gonds. Impensable pour un homme réputé calme et impassible, à l’image de ce que le polonais se souvenait de lui lorsqu’ils s’étaient rencontrés dix ans auparavant. Maintenant les faits étaient là, et l’un comme l’autre ne s’étaient pas laissés faire. Bouillonnant de rage belliqueuse difficilement contrôlable, après s’être pris le poing de son ancien camarade en pleine face, l’héritier Szlarski ne pensait qu’à une chose, se mesurer à lui et le défier comme la première et dernière fois qu’ils s’étaient battus d’une toute autre manière. Les baguettes magiques, au milieu de cette ruelle moldue, devaient rester cachées.
La respiration accélérée et les narines dilatées par l’envie de combat, le vampire ne s’attendait pas à ce que le prochain coup de poing d’Armis ne finisse droit dans le mur, alors qu’il était prêt à l’esquiver et à répliquer aussi sec, cette fois. Signe que Snobimoore refusait finalement, de régler ses comptes comme Pawel le lui avait proposé. La déception était palpable dans l’esprit de ce dernier, qui aurait bien passé ces quelques minutes de pause à refaire le portrait de se snobinard, juste pour le plaisir de cogner. Mais l’autre riait. Il avait le poing en sang, et il riait…Nerveusement, sans doute. La tension belliqueuse s’apaisa légèrement, à présent l’attention du polonais était focalisée sur autre chose que le combat, c’était bien l’odeur du sang humain qui venait à présent titiller ses sens vampiriques. Il savait qu’il ne devait pas ne serait-ce que baisser les yeux vers la main ensanglantée de l’héritier Moore, alors qu’il ne s’était pas nourri depuis plusieurs jours et avait justement attendu avec impatience de pouvoir retravailler pour se trouver une victime. Vider de son sang un sang-pur du Ministère ne faisait pas parti de son programme.

Il poussa un léger grognement et détourna le regard, faisant mine d’ignorer superbement son ancien camarade. Difficile de penser à autre chose. Heureusement, Armis préféra s’en aller. Le vampire l’observa s’éloigner du coin de l’œil. Tant mieux, bon débarras, pensa-t-il. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, Pawel refusait inconsciemment de le laisser partir. Dix ans qu’ils s’étaient quittés sur un très mauvais terme, maintenant Armis l’avait vu comme travailleur dans ce club moldu, et il n’avait rien dit. Et c’était inacceptable. Sans parler de ce qu’il s’était passé entre eux, que l’héritier Szlarski refusait catégoriquement d’évoquer, voire d’y penser, il devait affronter le sorcier. Même si cela impliquait de se replonger dans le passé, de risquer de s’exposer d’avantage, que Moore trouve étrange que son ancien camarade n’ait pas vieilli d’un pouce en dix ans, ou qu’il ne découvre l’attirance exacerbée pour le sang qui dégoulinait de son poing. Si son regard ne déviait pas sur les blessures d’Armis, il pouvait réussir à se contrôler. Du moins il l’espérait. Il prit alors de grandes inspirations pour se délivrer de l’odeur qui était venue titiller ses narines, et se lança à la poursuite du snobinard. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour arriver derrière lui.

« Tu te dégonfles, lopette ! T’as peur de perdre, comme la dernière fois ! »

Même si Snobimoore savait mieux se servir de sa baguette que de sa force physique, c’était indéniable. Sur ce point il n’aurait de toute façon rien pu faire contre le grand vampire. Le sarcasme se lisait dans ses pupilles, il avait retrouvé l’air arrogant et joueur qu’Armis lui avait connu autre fois. Mais cela fut bref, car la tension était toujours vive chez le polonais, et il n’avait guère envie de s’amuser face à Armis, comme il l’aurait fait dix ans auparavant.

« Mais j’en ai pas fini avec toi. Tu peux pas te pointer comme ça et juste me frapper, alors que ça fait dix ans qu’on s’est pas vu. »

Rester concentré sur sa tête de blondinet, ne pas regarder plus bas, ignorer les faits et gestes de Snobimoore. Seulement il n’avait aucune envie de parler comme ça, en pleine rue sombre et humide. Il n’avait pas non plus la garantie que son ancien camarade soit ouvert à la discussion, et qu’il insiste pour s’en aller le plus loin possible de lui. Ce qui n’empêchait guère Pawel de retrouver de nouveau son air taquin l’espace d’un instant.

« J’te fais entrer…File-moi 50£ et ça ira. »

L’entrée pour les autres était plus chère que ça. Il lui faisait donc une sacrée fleur. C’était bien à la portée d’Armis, quand même.

« À l’intérieur, ce sera plus discret. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un sorcier du Ministère peut bien venir faire dans ce genre de quartier ? »

Car il ne lui avait pas répondu la première fois. Trop occupé à cogner…







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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Dim 3 Déc 2023 - 0:25
La tension accablante de l’envie de le cogner ploie encore sur mes épaules. Assez pour que j’ai envie de cogner de nouveau. Mon pied se retient tout juste, dans ma quête de fuir, de renverser un carton posé négligemment sur le sol. Il suffirait de cet emportement,  un de plus, pour avouer à l’homme derrière moi combien il influe sur mes pensées. Du coin de l'œil, je regarde derrière moi l’homme me suivre, malgré la menace évidente d’une tempête. C’est qu’il devait au moins se douter, même des années après de cette réaction. Elle est née d’années à penser à l’évènement qui a eut lieu chez mes parents et les répercussions que cela à eu juste après. Pawel est loin d’être stupide, il sait juste mannipuler et jouer avec son public pour parvenir à ses fins. C’est un homme opportuniste, qui se fiche des obligations sociales et qui s’amuse tout simplement.

Dommage pour lui, ce soir, je n’ai pas spécialement envie de joueur avec lui. Tout l’inverse en réalité, j’aimerais mettre le plus de distance possible entre nous pour éviter de lancer une bagarre devant ce club. En entendant l’homme me poursuivre et me parler, mes pieds se figent dans leur course, la tension grimpant de nouveau, malgré moi. Je soupire une première fois, jouant de toutes ces années de self-control pour éviter de lui en mettre une de nouveau.

Fulminant, je me retourne vivement, le fixant froidement en avançant de deux pas pour lui faire face. D’aussi près, il peut voir la colère sur mes traits, mes yeux de glace qui se figent dans les siens.

“Tu vois c’est ça ton problème Aleks ! Tu veux quelques chose et on doit s’y plier comme si on était à tes ordres. Dommage pour toi mais tu n’es pas le roi tu vois.
Tu la méritais depuis des années et ça tu le sais. Je n’ai rien à te dire figure toi. Je venais passer une soirée figure-toi.”


Loin des dramas. Loin de la pression quotidienne d’une famille trop stricte, d’un Ministère  pour lequel je travaille et de ma déraison de vouloir intégrer les rangs des Supérieurs. Les choses sont différentes depuis notre précédente rencontre, elles sont moins lisses. J’étais dans le service de mon père à l’époque, jouant dans son sillage en essayant de me faire un nom. Depuis plusieurs mois je suis dans un autre service, seul, en intégrant délibérément les Supérieurs qui plus est pour pouvoir agir concrètement sur le terrain. Du moins, j’en ai bon espoir pour le moment, il suffit juste d’un entretien, d’un tout petit rien pour que tout bascule. Depuis, il y à eut Lui…sa disparition  et son absence qui me colle à la peau.

Pawel ne peut pas lire toutes ces informations et après tout, il n’a pas mérité non plus de les entendre de ma bouche. Il peut seulement lire ce petit quelque chose, brisé en moi. Si j’étais froid à l’époque, aujourd’hui je suis glaciale.  Loin de Lui, tout est plus brutal, tout est moins affiné…

Sortant de ma poche 50 livres, je les lui tend, presque mesquin. J’aurais pu poussé le vice plus loin en les jetant au sol mais, même si je suis en colère, je n’ai jamais été irrespectueux. Pas même envers un homme qui ne mérite pas tant de considération.

“Tiens, maintenant disparaît de ma vie.”

Ce ne serait pas le seul. Bien que, l’homme de ma vie ne l’ai jamais fait de son plein gré. Que reste-t-il quand on perd son amour ? Les restes ,des souvenirs, le chagrin qui se farde sur nos traits à jamais. D’une humeur massacrante, visiblement, j’avance, contournant Pawel. En me déplaçant, je le frôle d’une épaule, la main encore ensanglantée. Il serait peut être temps de s’occuper de ça, aussi. Fais chier.

Avançant vers le club, je murmure plus que je donne une réponse :

“Je voulais juste me changer les idées. C’est raté.”

Grimaçant, je récupère un mouchoir dans ma poche et essuie les traces de ce coup porté.  Le tissu souillé termine sa course dans une poubelle ouverte.
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Armis Moore
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Jeu 7 Déc 2023 - 5:05
Vendredi 17 Février 2017





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Club 49, Soho, dans la soirée










Belliqueux, Pawel aimait sentir la colère et l’exaspération monter dans l’organisme de Snobimoore, qui n’avait de ce premier abord, plus rien à voir avec l’homme qu’il avait connu dix ans auparavant. Difficile de juger et de connaître complètement une personne l’espace d’une soirée, manifestement ils ne se connaissaient pas tant que ça. Le polonais ne se souvenait pas d’un héritier au sang-pur aussi froid et colérique, lui qui s’était toujours vanté de savoir faire preuve de sang-froid, il ne s’était pas privé pour frapper le premier, et cracher sa haine en plein visage du vampire. Cette histoire vieille de dix ans, ce dernier l’avait oubliée et supprimée de sa nouvelle vie d’immortel. Ce qui n’était pas le cas du britannique, l’un et l’autre n’avaient pas la même notion de ce qu’il pouvait être grave, ou non. Pawel avait toujours eu ce côté insouciant, provocateur et tendance à se penser intouchable, s’octroyant ainsi le droit de s’attirer les pires ennuis, sans prendre en compte les conséquences, ni les assumer. Cette attitude désinvolte et ce sentiment d’invulnérabilité lui avaient porté préjudice de nombreuses fois lorsqu’il était humain, à Durmstrang notamment, et bien sûr lors de cette soirée au Manoir Moore, qu’Armis n’avait pas oubliée et qu’il lui reprochait encore, d’une immense rancune.
Le vampire pouvait aisément lire ce sentiment dans ses pupilles glacées qu’il avait posé sur lui, il ne souhaitait qu’une chose, s’éloigner le plus possible, il avait toujours été plus fuyant. Pawel au contraire, voulait le confronter face à face, lui rentrer dedans et crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Deux personnalités diamétralement opposées, celle du polonais était d’autant plus prononcée sous sa forme vampirique et la moindre tentation pouvait lui faire perdre le contrôle. Ce que Sarah avait tenté d’enrayer depuis sa transformation. Mais, face à un Armis rancunier et haineux, l’autre n’avait vraiment pas envie de se forcer à se maîtriser. Plus il sentait la colère grimper et résonner dans l’organisme de son ancien camarade, plus il cherchait à le provoquer.

Snobimoore fulminait, Pawel l’avait vu réagir du regard lorsqu’il l’avait rattrapé, il était décidé à ne pas le laissait partir pour qu’ils règlent leurs comptes. Alors qu’il disait être venu pour passer une bonne soirée, le gardien de sécurité du Club 49 avait bien l’intention de la lui gâcher. Il avait pourtant tenté de lui proposer d’entrer finalement, pour un tarif moindre, afin de parler de cette fameuse histoire qui hérissait le poil du fils Moore, mais celui-ci s’enfermait dans sa rancoeur. Il était si gonflé d’énervement qu’il lui donna quand même l’argent, tout en refusant d’entrer avec lui. Le vampire attrapa la liasse non sans exaspération. Ce gosse de riche qu’Armis avait toujours été, se permettait de dépenser sans compter sûrement pour montrer à son ancien camarade que lui, avait bien réussi dans la vie. Un geste qui eut le don d’énerver le polonais, et le conforter dans l’idée qu’il avait de continuer de le provoquer et de le pousser à bout. Il rangea soigneusement la liasse dans l’une des poches de son long manteau, tandis que l’autre jeta un mouchoir ensanglanté dans la poubelle la plus proche. Lorsque Snobimoore lui frôla l’épaule au passage, Pawel put sentir d’avantage l’humeur massacrante en lui. Toisant son ancien camarade de haut, il siffla entre ses dents :

« Très bien, comme tu voudras. » Il haussa les épaules nonchalamment. « Mais, quand même, par rapport à la dernière fois, je voulais que tu saches… »

Le polonais avait commencé lentement, puis soudainement il percuta volontairement l’héritier Moore à l’épaule, comme lui juste avant. Malgré les fulminations d’Armis, le sourire espiègle et provocateur de Pawel flottait toujours sur ses lèvres.

« …Que je n’ai AUCUN regret. »

Il ricana, et attrapa fermement la manche de l’héritier au sang-pur pour l’empêcher de se diriger vers la foule qui attendait devant la boîte de nuit, puis le vampire le contourna pour lui barrer le passage. Plus grand que lui, il n’aurait aucun mal à l’empêcher de passer. Pas avant que ces vieux comptes ne soient réglés. Tant qu’à faire, Pawel avait aussi envie de savoir jusqu’à quel point il pouvait tester les limites de ce petit snobinard gosse de riche. Avec toujours le même sourire agaçant sur le visage, il continua.

« C’est pas pour toi, là-dedans. Tu ferais mieux d’aller dans des quartiers arc-en-ciel, LGTeuB je ne sais plus quoi. Tu y trouveras tes amis les pédales. »

Il le poussa alors violemment en arrière, tout en ricanant de toutes ses dents, tout dans son attitude n’étaient que sarcasmes et provocations. Il n’avait aucune honte à lui cracher au visage ce genre de propos. Son poing vint cogner contre la paume de son autre main, comme s’il voulait en découdre.

« T’es vraiment une chiffe molle. T’as juste pas les couilles de te battre contre moi, comme un homme. »

Bien avec des poings, et non une baguette. Mauvaise idée, pourtant. Si Pawel blessait encore une fois Armis, les effluves de son sang risquaient encore plus de lui titiller les sens et de provoquer son envie de se nourrir. Mais le belligérant prenait le pas sur la raison…









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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Sam 9 Déc 2023 - 18:25
Des frissons, c’est la nouvelle parure qui décore désormais mes bras. Et ce léger tremblement apparaît à la seconde où mon interlocuteur se saisit de mon bras. Le soudain tremblement qui se lève en moi est un mélange délicat de plusieurs choses : la froideur de sa peau, rien d’étonnant en ce mois de février, l’odeur qu’il dégage, la sensation de sa peau sur la mienne et surtout la colère qui grimpe. C’est une chape de plomb qui se lève et le peu de calme que j’avais regagné, après des secondes laborieuses d’effort dégringole de manière vertigineuse. Pendant une fraction de seconde, il y à cette vibration dans l’air comme une forme d’attente entre nous deux. Si aucun de nous ne dit quelque chose, le temps pourrait rester figé ainsi. Mon regard bleu perdu dans le sien, s’y accrochant durement. L’héritier polonais n’a plus rien de l’homme que j’ai connu dix ans en arrière. Les amusements d’avant semble laisser place à une forme de violence qui saute au visage, à qui veut bien le regarder.

« Très bien, comme tu voudras. »
« Mais, quand même, par rapport à la dernière fois, je voulais que tu saches… »
« …Que je n’ai AUCUN regret. »


Pawel l’a dit fortement, le ton haussé de quelques décibels devant ce club, dans une rue trop silencieuse. De tout ce qu’il aurait pu dire, c’est sans doute ce qui m’a figé, lui laissant l’opportunité d’avoir sa main sur ma manche, contre mon poignet. Mon pouls s’est accéléré un peu, la respiration retenue pour éviter de lui enfoncer le crâne contre le mur qui se trouve à côté de lui.

Lorsque je l’entend le dire, une crispation réapparaît, durcissant mes épaules, comme mon regard. Je me suis retourné, me retrouvant donc, les yeux figés dans son regard, l’évaluant avec rage. D’un regard presque doux, comme on pourrait caresser des yeux son amant, j’observe sa main sur mon poignet et sur la manche de ma veste. Ce soir il fait frais, je porte un manteau d’hiver gris avec un pull en dessous. Pourtant, je ne pourrais pas avoir plus froid qu’en cet instant.

“Je ne m’attendais pas à ce que tu en aies. “

J’entends la phrase sortir de moi, presque en dissociation, d’un ton posé, distant et d’une froideur qui surpasse probablement celle que je ressens. L’envie soudaine de mettre plusieurs mètres entre nous se fait sentir. Une nausée se fait sentir, rien que de la proximité entre nos deux corps. Comme s’il m’avait brûlé. Pourtant, son corps irradie autre chose : l’amusement ? L’insolence ? Relevant les yeux de ma constatation, je prononce la phrase avec limpidité, articulant les mots comme si je m’adressais à un imbécile.

“Lâche moi tout de suite.”

Pas besoin de le dire plusieurs fois. Je n’ai à vrai dire même pas le temps de réagir, je me sens repoussé d’une puissance qui me bloque la respiration. Perdant l’équilibre, je me retrouve au sol, trois mètres plus loin. Si je voulais de la distance, celle-ci est imposée, brutale et encore plus abjecte lorsqu’un déferlement de haine se propage dans la bouche de l’homme face à moi. Le ton monte encore et il ne cache même plus vraiment le dégoût qu’il sous-entend sur ma sexualité, vociférant désormais ses paroles. Sans doute un peu étourdi, je me redresse lentement, un peu interloqué. D’ailleurs, plutôt interloqué par la force dont il a fait preuve, plus que de ses commentaires. Comment est-il aussi fort ? Loin de moi l’idée de le penser faible, au contraire. Plusieurs années en arrière, j’ai pu me battre en duel contre lui. J’ai aussi constaté sa musculature, Pawel est un homme dessiné, qui semble connaître sa force. Justement, le portrait du jeune homme qui m’a affronté en duel, des années plus tôt, amusé, provoquant, naturellement joueur ne colle plus vraiment à celui belliqueux, brutal, haineux que je vois. Les deux portraits semblent se juxtaposer dans mon esprit, sans en avoir la clé de compréhension.

“Me battre ? Et pourquoi je me battrait contre toi exactement ? Je te l’ai dit, je ne veux plus te voir.”

Ni entendre parler de lui, maintenant, comme dix ans avant. Encore moins de ce qu’il s’est passé ! Des semaines ont été nécessaires pour défaire le mal qu’il a fait et des mois avant que mon père ne cesse de m’en parler. Sans compter sur Lui, qui l’a forcément appris. De ma bouche, car il était intolérable de ne pas le lui dire.
Posant une main sur ma lèvre abîmée par le coup de poing, je sens le sang frais et je grimace légèrement.

Recule, Armis.
Encore.
Un pas.
Puis un autre.


Sans même m’en rendre compte, comme si un fil me tendait à lui, je fais même tout l'inverse. Mes pas se rapprochent de lui et le pousse de mes deux paumes de main - dont l’une un peu ensanglantée - contre le mur derrière lui. La brutalité n’est pas similaire à la sienne, elle est pourtant vive. Le mur réceptionne le corps du polonais et plutôt hors de moi je dis :

“Ni entendre parler de toi. Ni savoir ce que tu penses de ce qu’il s’est passé il y à un an. Tu veux que j’aille ailleurs ? Le club t’appartient ?”

La phrase est lancée avec excès, un rire dans la voix comme si je riais de la situation. En un sens, sans doute. Le parallélisme entre le duel il y à dix ans et maintenant en est risible. Le frisson qui m’avait tenu le corps réapparaît, cette proximité à nouveau m’usant les nerfs.
Le poussant de nouveau, je le fais reculer un peu plus en me prenant les pieds et me rattrapant à une poubelle pas très loin. Lui, j’ignore où il atterrit. Je sais juste que j’ai mis un peu plus de force que précédemment, mon poing s’enfonçant dans son visage à nouveau avec violence. La douleur de mes phalanges ne surpasse pourtant pas tout à fait celle que je sens dans ma jambe. La grimace s’accompagne de mon regard, qui descend sur mon pantalon éventré sur la cuisse, une légère coupure apparaissant.

“Merde ! Putain de merde !”

Ma propre colère explose, en cet instant plus qu’avant. Probablement parce que le pouvoir qu’il semble s'octroyer sur moi, sur mes réactions me révulse. Et plus que d’être en colère pour mettre blesser à le repousser, c’est l’impact qu’il a sur moi, sur les frissons qui ne me quittent plus ou sur mon envie de cogner le mur qui me dépasse. Excédé, je donne un coup de pied dans le carton qui me faisait de l’oeil un peu plus tôt, me dirigeant vers les marches du club. Inutile de tenter d’y entre, visibelement je ne suis pas le bienvenu.

Tournant en rond comme un animal en cage, une nouvelle insulte sort de ma bouche. Puis je donne un nouveau coup de poing dans le mur près des escaliers. A plusieurs mètres de Pawel, l’homme ne doit probablement voir que ma silhouette et entendre partiellement. Peu importe, il est presque sûr qu’il va revenir à la charge.

“Je suis sûr que tu aurais ta place dans les bars LGBT. Peut être que ça te rendrait moins coin et moins refoulé. Tu veux m’accompagner ? Viens on y va. On va faire en sorte que tu te détestes un peu moins dans ta vie, parce que - un rire sort de mes lèvres - ça doit etre vraiment dur de se détester chaque jour. Je compatis, vraiment.”
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Armis Moore
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Sam 9 Déc 2023 - 18:25
Le membre 'Armis Moore' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Blessures légères' :
On the edge [Pawel et Armis] 181012035711853218
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Ven 15 Déc 2023 - 16:33
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Club 49, Soho, dans la soirée










Les émotions et les frissons qui parcouraient le corps d’Armis en cet instant, Pawel pouvait presque les sentir également si il n’était pas lui-même concentré sur le regard de son ancien compagnon de soirée, les deux hommes ne se lâchaient pas des yeux, et l’un comme l’autre était bien décidé à ne pas céder. Au fond, les mêmes raisons les animaient, mais s’exprimaient de manière différente. Plus profonde, probablement, chez l’héritier Moore, étant donné le coup de poing sorti aussi vite que naturellement. Certaines personnes étaient rancunières et ne passaient pas l’éponge aussi facilement, et cela même après plusieurs années après. La rancune était si présente en Armis, que ses paroles étaient aussi peu réfléchies, que contradictoires. Pourtant, ses pupilles bleues ne cillaient pas, et affrontaient celles du polonais, bien décidé de son côté à tester les limites de ce snobinard, et de le pousser dans ses retranchements. Alors qu’il avait le souvenir, que Moore était un homme plutôt réfléchi, calme, qui prenait le temps d’analyser la situation avant de faire claquer ses sournoiseries. Pawel se plaisait à voir ce soir-là, un homme rancunier, belliqueux et empli de haine.
Comme lui, le britannique cherchait à se battre, même si il semblait prétendre le contraire. Rien d’étonnant, compte tenu des provocations répétées du vampire, qui n’avait donc aucun regret par rapport à ce qu’il s’était passé dix ans auparavant. La famille Moore avait été déshonorée devant toute la communauté sang-pire d’Angleterre, et il avait fallu des mois pour réparer les dégâts causés par l’héritier Szlarski, suite à cette humiliation, qu’Armis n’avait toujours pas digéré, visiblement. Ce qui rendait la situation de ce soir, inédite et absolument jouissive. L’idée d’être détesté même après tant d’années, contribuait à rendre Pawel encore plus belliqueux et provocateur. Alors que, dix ans plus tôt, il s’en était voulu. Un peu…

Maintenant, il avait envoyé valser Armis à plusieurs mètres de lui. Il avait tenté d’y mettre moins de force pour ne pas éveiller de soupçons quant à sa vraie nature, mais l’envie de se battre était trop présente. Le polonais l’avait également provoqué sur la sexualité douteuse du britannique, qu’il avait à l’époque. Un simple test, peut-être était-il revenu sur le droit chemin également, avec les années. En tout cas, Pawel avait pu voir briller dans ses yeux une lueur plus haineuse encore. Sans doute avait-il compris qu’il ne pourrait rien contre la force physique du grand brun, il ne cessait de répéter en hurlant de rage presque, qu’il ne voulait pas se battre, s’éloigner le plus possible de lui, de ne plus jamais vouloir le revoir. Mais l’héritier Szlarski éclata de rire en voyant son adversaire se rapprocher au fur et à mesure de gueuler le contraire. Effectivement, la tension était plus que palpable. Arrivant à son niveau, Armis le poussa en arrière, il semblait avoir gagné en force depuis tout à l’heure. Le polonais le laissait faire en ricanant, peu importe ce que l’autre tente contre lui, il sera toujours moins fort.

« Je te trouve bien proche, pour quelqu’un qui ne veut plus me voir… »

Présentement, Moore ne pouvait effectivement ne pas être plus près, ce qui amusa d’avantage le jeune vampire, qui se jouait de la situation tel un prédateur qui jouait avec l’une de ses proies. Ils en revenaient toujours à cette vieille histoire, qui avait un peu chahuté leurs deux familles. Une nouvelle fois, Pawel laissa échapper un rire. Voir Snobimoore dans cet état, était un bien délicieux spectacle, lui qui n’aurait jamais imaginé ce fils à Papa ainsi.

« Vas-y, entre si ça te fait plaisir. T’as payé, alors… »

Alors qu’il ne voulait pas le faire entrer quelques minutes plus tôt. Il l’avait fait exprès, toujours par provocation. Et cela ne faisait pas redescendre la colère d’Armis, au contraire. Il poussa encore le polonais en arrière, le mur de pierre humide l’empêcha de reculer d’avantage, puis un nouveau coup de poing vint s’abattre sur la joue du vampire, plus fort que celui de tout à l’heure. Sa lèvre en fut une nouvelle fois éraflée, puis instantanément guérie. Pawel se tint le visage un instant, avant de se remettre à ricaner. Il devait bien reconnaître que Moore lui avait fait un peu plus mal que tout à l’heure.

« Je croyais que tu ne voulais pas te battre ? Pourtant t’es là, et tu peux pas t’empêcher de me frapper. » Toujours dans la provocation. « Avoue-le, même après dix ans, tu ne peux pas te passer de moi. »

Il n’avait pas vraiment réfléchi au sous-entendu de sa phrase, tout ce qu’il voulait, c’était tester et emmerder l’héritier britannique. Alors qu’en réalité, cette pensée lui déclencherait sûrement une nausée. Mais il était trop occupé à observer les mouvements irrationnels d’Armis, dictés par la haine qu’il ressentait en cet instant. En voulant frapper le polonais, il s’était pris une sorte de conteneur et s’était blessé à la cuisse. Quel idiot. Il envoya ensuite un coup de pied dans un carton non loin d’eux, à présent il rejoignait les marches de l’entrée de service du Club 49. Le pugilat aurait pu continuer ainsi, jusqu’à ce que Moore abandonne, après que son homologue ait trop abîmé sa petite gueule.
Seulement voilà, l’excès de confiance de l’héritier Szlarski s’arrêta net lorsque son regard fut attiré par la blessure sur la cuisse de son interlocuteur. Putain. Être un jeune vampire n’avait pas toujours que des avantages. L’attirance pour le sang humain était souvent incontrôlable, d’autant plus qu’il ne s’était pas nourri depuis quelques temps. Dans d’autres circonstances, il lui serait juste sauté à la gorge et l’aurait vidé de son sang sans se poser de questions. Mais là, il s’agissait d’Armis Moore, un sorcier sang-pur, et si il travaillait toujours au Ministère, il fallait que Pawel se retienne. Alors il fut obligé d’interrompre ce pugilat, à contre-coeur, et ce malgré les vociférations sournoises de son adversaire. Et si il avait raison ? Non, non. Le polonais ne se laissera pas démonter, il avait bien connu ce blondinet et sa langue bien pendue, mais après dix ans, tout ce qu’il pouvait dire au sujet du vampire n’étaient que suppositions. Mais même, ce dernier lui aurait bien mis son poing dans la gueule, en retour, si ce n’était plus.

Il n’en fut rien. Au moment même où le regard du brun avait croisé la blessure sanguinolente, c’était terminé. Les pupilles gorgées de sang, les veines qui apparaissaient et s’affolaient sous ses arcades, il se tourna soudainement vers le mur derrière lui, la respiration haletante. Il se forçait à contrôler le grognement sourd qui s’échappait de ses entrailles. Il cacha son visage du mieux qu’il le pouvait contre sa main, heureusement qu’Armis était à quelques mètres et qu’il ne pouvait pas voir en détails ce qui se déroulait sous ses yeux.

« Fait chier… » siffla-t-il entre ses canines saillantes.

« Faut que je retourne travailler. T’as de la chance, pour cette fois. »

Les fois où Pawel s’avouait vaincu se comptaient sur les doigts d’une main. Il n’avait vraiment pas le choix, si il ne voulait pas griller sa condition vampirique. Toujours la main sur le visage pour se cacher, il passa près de Moore et le poussa de nouveau, au passage, avant de retrouver l’entrée de service et s’engouffra dans le Club. Il fallait qu’il calme ses ardeurs à tout prix, jusqu’au moins la fin de son service.









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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Lun 18 Déc 2023 - 20:41
La tension est comme une sangle ou un élastique trop serré. A un moment donné, il fallait bien qu’elle se relâche, d’une manière comme d’une autre. La sensation ne m'a pas vraiman quitté, pas depuis les dix années qui séparent notre rencontre. L’attente, la provocation, la façon de se défier déjà à l'époque n’ont pas disparu, juste reconvertit. Les événements du passé s'imbriquent dans cette nouvelle rencontre, qui aurait pu se passer de manière très différente encore si j'avais réagi autrement. Ce qui s’est déroulé dans le manoir de ma famille, pour une soirée mondaine, dix ans plus tôt ne me donne pas envie d’avoir un bon cœur et d’être apte au pardon. En fait, c’est même tout l’inverse, car les actions de l’héritier polonais ont eut pendant des mois des répercussions. Sur ma vie de famille et la façon dont mon père l’a perçu, m'a grondé, alors même que je n'étais pas un enfant. A 26 ans, ne pouvais-je pas me comporter mieux que cela ? Faire honneur à la famille Moore ? Ne pas entacher la réputation de la famille ? Evidemment, tout cela, Pawel en avait clairement conscience, car les usages de beaucoup de familles sangs-pures sont les mêmes. La bonne tenue, la discipline, l’honneur, la résilience…ce sont des valeurs primordiales, qu’il ne faut pas trahir.

Ce serait pourtant naïf de penser que c’est le seul comportement de Pawel qui a entaché cet honneur. Les répercussions ont été même au-delà de ma vie de famille, jusque chez moi, dans ma vie de couple. Et comment m’expliquer ? L’alcool ? Peut être, mais, je n'avais pas tant bu que cela et le duel de magie a au moins clarifié mes esprits. Non, en réalité, même si j'aimerais de tout mon cœur blâmer mon compagnon de soirée, les faits sont que les choses se sont déroulées de nos deux volontés. Après tout, le polonais ne m’a pas forcé. Pas pour le duel, ni à l'inviter à aller dans une cave boire au goulot d’une bouteille de vin. Pour toutes ces raisons peut-être, l’animosité entre nous est d’autant plus flagrante. Le temps sait faire les choses.

A un moment donné, il faudra prendre ses distances. Chaque remarque portée par Pawel esquisse encore plus des tensions inévitables dans mes épaules. J'aimerais le plaquer contre un mur et lui enfoncer encore son poing dans le visage. Sortir ma baguette et lancer un duel, plus très amical. Le seul événement qui m'en empêche est probablement ma maladresse. Me coupant sur du métal, je n'ai plus en tête que ma douleur vive et vais vite m’asseoir pour observer les dégâts. Déjà certain d’entendre les altercations orales de mon interlocuteur, je n'observe que très peu ses réactions. Qu’aurais-je vu autrement ? Qu'aurais-je deviner ?

« Fait chier… »

La phrase aurait pu sortir de ma bouche mais elle sort de celle de Pawel.J'observe l’héritier polonais, presque surprit de voir une once d’empathie en lui. Approchant, je me dis que finalement la  blessure a au moins désamorcé l’ambiance belliqueuse et qu’il va s’inquiéter de mon état de santé. C’est plus que surprit - mais peut être pas tant que cela - que je le vois me dépasser, me repoussant proche de la porte pour s’esquiver et fuir. Comme une chape de plomb qui se lève, la colère monte d’un cran alors que je cris, perdant le peu de calme qu’il me restait :

“Alors c’est tout ?! Tu te barres ! Fuis tu sais bien le faire !”

L’observant disparaître à l’intérieur, dans l’obscurité, je n’ose même pas le suivre. Concentrant mon attention sur ma blessure, lâchant :

“Merde fais chier…”

Après plusieurs minutes, j'entre dans le fameux club. L’ambiance y est différente, moins oppressante, joviale. La musique très lascive laisse les gens danser, discuter, des verres à la main. Chaque lumière crée un espace tamisé et les néons apportent quelque chose d’amusant. Strié de lumières blanches quand j'entre, je me décale de quelques mètres pour apercevoir quelque chose. Allant dans les toilettes, je m'empare d’un peu de papier pour nettoyer du mieux que je peut la plaie à ma jambe. Rien de trop grave en réalité, après avoir épongé le peu de sang qui en est sorti, je m’enferme dans les toilettes pour faire une sort pour me soigner, à l'abri des regards. Après tout, avec la musique qui résonne, impossible qu’on m’entende, encore moins me voir. Je ne compte pas avorter ma soirée pour une petite blessure et la rencontre de mon ancien camarade. J'ai de m’amuser, de prendre du temps pour moi. Pourquoi pas de faire une rencontrer ? Plus positive, disons le.

Sortant des toilettes, je retourne dans le bar, bien décidé à éviter Pawel pour le reste de la soirée. Ce dernier est sûrement retourner travailler, grand bien nous fasse ! Alors, se dirigeant vers le bar, je commande un verre de vin pour commencer, buvant pensivement. Mes pensées l'entraînent dix ans en arrière.


Des frissons sur la peau.
Le bruit du vin qui éclate puis coule sur le sol en pierre.
L’odeur du vin.
La sienne.



Secouant la tête, un début de frisson sur les bras, sans doute de mauvaise humeur de repenser à cela, je termine d’une traite mon verre. Une femme à côté me regarde faire, sifflant, sans doute impressionnée. Si elle savait…La belle rousse jette son dévolu sur moi et trouvant cela distrayant, même si les femmes ne m’intéresse pas le moins du monde, je lui offre un verre pour m’amuser. Son parfum de vanille se porte à moi, quand à chaque fois, elle rit aux éclats quand on discute. Elle a au moins cela pour elle, en plus de sa plastique très agréable. Une jeune femme naturelle sous l’artifice, qui rigole, simplement. Avec plus de respect, j'aurais pu lui dire que je ne compte pas l’inviter dans mon lit. C’est d’ailleurs ce que je finis par faire, à la fin du second verre, respectueux, m’excusant en disant juste que je suis attendu ailleurs. Ce n’est pas tout à fait vrai, et pas vraiment faux. Je n'ai plus rien à faire ici. Deux heures se sont passées, cinq verres, dont trois seul. Il est temps de rentrer.
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Armis Moore
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Mer 27 Déc 2023 - 22:06
Vendredi 17 Février 2017





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Club 49, Soho, dans la soirée










Dans sa fuite, Pawel n’avait malheureusement pas manqué la remarque de son ancien compagnon de soirée, dont il pouvait ressentir l’immense colère qui émanait de lui, alors qu’il s’était maintenant éloigné. Rien de plus logique, il avait laissé Armis en plan alors qu’ils étaient sur le point de réellement régler leurs vieux comptes de dix ans d’ancienneté. Qui aurait pu penser qu’une simple soirée mondaine qui avait mal tourné, pouvait marquer l’héritier Moore à ce point, lui que l’héritier polonais avait connu auparavant, d’ordinaire si calme. Posé, réfléchi. Plus rien ne correspondait désormais à cette description, face à Pawel il s’était aussi montré aussi belliqueux et agressif que ne l’était le premier. Comme si il avait une forte influence sur lui. Mais qu’importait maintenant, car le grand brun avait été obligé de lâcher l’affaire, en fin de compte il l’avait bien cherché. Il savait au fond de lui que cela se terminerait ainsi, qu’Armis allait finir par être blessé d’une manière ou d’une autre, et que son ancien compagnon de soirée aurait du mal à contrôler sa condition vampirique, à cause de l’odeur du sang humain, mais aussi l’adrénaline et la colère que lui provoquaient ses incessantes remarques agressives, et les coups de poing successif en plein visage.
Le jeune Szlarski laissa l’autre ruminant sa haine contre lui, et disparut tout simplement dans le couloir de service du Club 49, sans laisser de traces. Aucune formalité, il était parti sans prévenir, au fond du corridor se trouvaient les toilettes pour les employés, le vampire s’y engouffra et s’y enferma en manquant de peu de casser la poignet, tant il ne contrôlait pas grand chose en cet instant. Le visage entre ses grandes mains, s’agitant furieusement en laissant échapper une série de grognements roques, Pawel peinait à retrouver son calme et à faire évaporer cette envie de meurtre et de sang qui lui taraudait l’esprit sans relâche. Il ne pouvait pas vider Armis de son sang, il en était conscient. Et en avait-il même l’envie ? Non plus. Et c’était sans doute ce qui l’énervait le plus, ne pas vouloir lui faire de mal alors qu’il l’avait lui-même frappé violemment. Deux fois.

De longues inspirations et son esprit concentré sur les filles de tout à l’heure. L’heure de retourner à son poste. Voilà qui avait contribué à calmer momentanément la bête, et qui avait fait disparaître les veines gonflées sous les yeux, ainsi que le sang dans les pupilles bleues. Un peu d’eau sur le visage, et un frappement à la porte des toilettes, un collègue lui demanda si tout allait bien là-dedans. Pawel soupira légèrement.

« C’est bon, j’arrive. »

Puis, comme si rien ne s’était passé, il était retourné surveiller la salle. Mais, l’envie de sang était encore et toujours bien présente, malgré tout. Chaque gorge, chaque carotide sur laquelle son regard se poser, lui donnait envie de mordre dedans. Avec violence, pour aspirer jusqu’à la dernière goutte de sang. Et les filles de tout à l’heure, sa cible ? Plus aucune trace, elles avaient dû partir pendant que l’agent de sécurité se battait avec une ancienne connaissance. Une frustration de plus pour le vampire, qui n’avait plus qu’à se trouver une nouvelle potentielle victime. Ses oreilles grandes ouvertes, concentré sur le moindre bruit ou échange suspect, qui pourrait lui donner une raison de virer quelqu’un puis de le bouffer, le polonais déambulait dans la salle, entre les jeunes qui dansaient et les autres qui sirotaient tranquillement des boissons alcoolisées autour d’une table. Il n’avait même pas cherché Armis dans la foule, convaincu qu’il était déjà parti.

La soirée se déroula ainsi, Pawel n’avait plus eu d’occasions comme celle précédemment. Il allait devoir attendre la fin de son service pour aller chasser. L’attente allait être longue et pénible, il avait grand hâte que toutes ces gorges bonnes à croquer ne quittent le navire. Lorsque la salle se vida un tant soit peu, l’attention de l’héritier Szlarski se porta aussitôt sur une silhouette familière, comme si il n’avait pu contrôler la direction de son regard. Cet imbécile de Moore était en train de boire des verres, attablé avec une jeune femme rousse. Son poing se serra, sa mâchoire se crispa, la colère revenait incontestablement. Il déglutit et prit une grande inspiration. Puis, il s’approcha des deux jeunes gens, interrompant cette scène navrante d’hypocrisie. Comme si ce snobinard de blondinet s’intéressait à cette fille insignifiante.
Pawel s’approcha d’eux, et se planta devant leur table, menaçant du regard. Il s’adressa dans un premier temps aux deux jeunes gens.

« On va fermer. Ne tardez pas. »

Puis, il se tourna vers la jeune femme exclusivement.

« Il vous embête ? Vous voulez que je le vire ? De toute façon il s’en tape de vous. »

Aucune expression ne passa sur son visage, mais en y réfléchissant quelques secondes, le vampire se dît que cette jolie rousse pouvait très bien lui servir de proie ce soir. Une fois qu’il aurait évincé et réglé une bonne fois pour toute, ses comptes avec Armis.










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Pawel A. Szlarski
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Pawel A. Szlarski
Dim 31 Déc 2023 - 8:14
« On va fermer. Ne tardez pas. »

Le ton est ferme s’adressant à la belle demoiselle comme à moi. Et mon regard se perd déjà dans celui de Pawel, sans plus s’occuper de celui de la jeune femme. Loin de se sentir mal à l’aise, elle accroche probablement un sourire espiègle, déposant près de ma main un papier, comportant son numéro. Les moldus. Elle n’a aucune chance, comme elle semble l'apercevoir en partant, incapable d’attirer plus de mon attention que les effluves de l’alcool. C’est un échec pour elle. Pour moi ? La certitude d’avoir esquivé précisément le visage qui est devant le mien. Amoché, très certainement par mes coups, ce qui n’enlève rien à la beauté presque insolente dont il fait preuve. Loin de sa beauté à Lui, mon homme. Pawel a ce qu’on appelle du charisme quelque chose de brut, pas travaillé. Il est beau comme il est néfaste.

Lentement, j’observe les contours de son visage, remarquant finalement qu’aucune blessure n’apparaît sur sa mâchoire. Pourtant, j’ai bien le souvenir d’avoir frappé assez fort pour marquer sa peau. Non ? Curieux, j’incline la tête, cherchant probablement un meilleur angle pour observer sa peau, sans comprendre pourquoi elle est dépourvue des altercations d’un peu plus tôt.

“Il ne m’embête pas non, merci à vous.”

La demoiselle s’éloigne et j’observe sa silhouette disparaître. C’est vrai que l’endroit s’est cruellement vidé depuis mon arrivée, la nuit est bien entamée. Quelques badauds s’attardent sur les tables, leur verres vides. Le barman nettoie méticuleusement le bar, désormais clos. Très bonne chose, ce qui m’évitera de prendre un autre verre pour accentuer mon alcoolémie. Cette dernière est tolérable d’ailleurs, plus que les frissons qui se collent à ma peau en apercevant à nouveau Pawel.

“Je m’en vais.”


Je le dis lentement, comme pour lui faire comprendre que la rengaine de notre bagarre ne continuera pas à nouveau. La colère est retombée, il ne reste que les vestiges de tous ces sentiments, imbriqués les uns dans les autres, me déroutant. La colère, de cet évènement dix ans en arrière, qui a conduit à des remontrances de mon père. Le souvenir du duel, l’excitation. L’odeur du vin par terre…La discussion en polonais entre Aleks et son père…. Fort de cette résolution à éviter le combat, je me redresse, récupérant ma veste pour l’enfiler.

“Je pensais taper fort, j’ai du me tromper.”
que je lance quand même, un geste du menton en direction de sa mâchoire. L’allusion est à peine dissimulée, dans mon regard, une forme d’intelligence lui laisse entendre que je ne suis pas dupe. Il a sûrement utilisé un sort pour se soigner ? Ou bien…”Je pensais pas que tu étais de nature à fuir un combat, tu n’es plus le même.”

Plus tout à fait. Qui l’est encore après dix ans ? Quand il m’a rencontré, j’étais droit, rigide, ferme. J’étais amoureux, tellement que l’amour de ma vie englobait chacune de mes pensées. Le polonais l’ignorait, il a renversé cette constante. J’étais constant, habitué à ce monde de sang-pur. Maintenant toutes ces vérités ne sont plus vraiment les même qu’autrefois, elles sont anéantis par des années à chercher une vérité qui n’est jamais venue. Un monde dans lequel Lui n’est plus. Parfois, la présence d’une personne stabilise tout. Ne plus l’avoir c’est perdre un point de repère et la boussole en est complètement détraquée.Est-ce que Pawel peut voir tout cela ? Ces rêves amoureux qui se tarissent à chaque anniversaire de la disparition ? Les larmes, la nuit, loin du Ministère. Si la froideur apparente dont je fais preuve trompe encore quelqu’un, sûrement pas lui. Lassé, je suis fatigué d’avancer.

Pourtant il le faut bien, esquivant son regard et sa silhouette je murmure, plus pour la forme :

“A une prochaine ?”

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Armis Moore
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Mar 16 Jan 2024 - 10:10
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Club 49, Soho, dans la soirée










Pawel tentait de garder son attention focalisée sur la jeune femme, mais du coin de l’œil, il captait le regard pesant et observateur d’Armis, qui ne semblait pas vouloir le lâcher des yeux, jusqu’à ce que la rousse finisse par quitter la table et s’en aller. Encore une qui allait lui passer sous les crocs, si il restait planté là. Mais la colère grondait de nouveau fort en lui, il ignorait pourquoi un simple regard de ce snobinard l’énervait autant, et pourquoi il l’empêchait de bouger, pourquoi le vampire préférait le défier, plutôt que de courir après cette jeune femme pour la mordre et la vider de son sang, lui qui avait pourtant eu tant de mal à réprimer sa soif tout à l’heure. C’était incompréhensible pour lui, de rester à se prendre la tête avec l’héritier Moore. La vérité était pourtant simple, bien que le polonais refoulait les raisons de la colère qui l’envahissait. L’attirance qu’il avait eu pour le britannique, le temps d’une soirée, aussi fugace et désinvolte qu’elle ne l’avait été, il ne l’avait pas oubliée, malgré tout. Et c’était tout bêtement la raison qui le poussait à rester, au lieu de courir après la proie désignée. Pawel avait beau se forcer à ne pas repenser à ce qu’il s’était passé dix ans auparavant, la simple vision du visage d’Armis l’empêchait de ne pas avoir ces images en tête. La correction d’Eugeniusz n’était rien en comparaison de ce simple contact échangé, qui, à l’époque, signifiait beaucoup trop, pour deux héritiers au sang-pur.

Le vampire ne comprenait pas, sur le coup, pourquoi cet agaçant snobinard le dévisageait à ce point, mais finalement, il se leva et enfila sa veste, prêt à partir. Pawel le toisa de bas en haut tandis qu’il faisait ce geste, le regard toujours aussi menaçant, qui ne faiblissait pas. Il comprit ensuite pourquoi le britannique ne le lâchait pas du regard, il avait dû observer attentivement sa peau, aussi lisse et parfaite que celle d’un poupon, qui n’avait pas été marquée par les coups. Il pensait avoir frappé fort, ce qui était vrai, mais pas assez pour déstabiliser ou blesser un vampire. Cette seule pensée fit ricaner ce dernier, dont le regard ne se radoucit guère à cause de ce qui suivit. Les poings serrés, le polonais eut envie de lui faire ravaler sa langue de vipère. Heureusement pour lui, plutôt, qu’il avait fuit le combat. Certes il ne devait pas révéler sa nature vampirique, mais les manières de l’héritier au sang-pur pouvaient possiblement lui faire perdre le contrôle, alors qu’il avait réussi à tenir bon tout à l’heure. Il ne fallait pas que Moore ne le cherche trop longtemps. Lui-même semblait l’avoir compris, puisqu’il avait réellement l’intention de partir. Sauf que Pawel n’avait pas envie de le laisser partir. La mâchoire crispée par l’agacement, il ne put s’empêcher de le confronter, une nouvelle fois. D’un geste rapide, il vint se placer devant Armis, l’empêchant d’avancer.

« J’ai eu un coup de mou tout à l’heure, et je devais retourner travailler. »

L’une de ses mains puissantes attrapa le jeune homme en face de lui par le col de sa veste, encore une fois, le menaçant de nouveau du regard, et vociférant entre ses dents :

« Estime-toi plutôt heureux d’être en vie. J’aurais pu te faire souffrir, te tuer…T’as aucune idée de quoi je suis capable, maintenant. »

D’un coup sec, le polonais lâcha le col de la veste d’Armis et le jeta en arrière, tentant de contrôler sa force pour ne pas paraître suspect. Bien qu’il ne voulait pas vraiment que l’autre s’en aille, il n’avait pas le choix que de le laisser partir, maintenant, pour ne pas risquer une esclandre à l’intérieur du bar. Pawel laissa échapper un grognement sourd du fond de ses entrailles, difficilement réprimé. Il avait grand besoin de se nourrir. Et ne pouvait se permettre d’attaquer un sorcier du Ministère. Au plus profond de lui, quelque chose l’empêchait de se jeter au cou du blondinet, et ce n’était pas seulement parce qu’il était un sorcier.
Une dernière fois, il lâcha :

« À jamais, plutôt. »

C’était mieux ainsi. Il n’avait pas prévu de revoir un jour ce sale snobinard qui ferait ressurgir des sensations en lui qu’il avait mis tant de temps à refouler en lui.
Le polonais passa derrière le comptoir du patron du club pour récupérer sa paye, et quitta les lieux après avoir croisé une dernière fois le regard d’Armis.









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Pawel A. Szlarski
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Sam 27 Jan 2024 - 21:25
La jeune femme s’éloigne déjà, libérant une place que je refuse que le polonais prenne. L’envie dérangeante de planter encore mes poings dans son beau visage me prend et me surprend encore maintenant. Les teneurs de mon énervement ne sont fondées que sur un seul évènement, durant lequel, lui comme moi avons dérapé et au cours duquel nos deux familles respectives ont essuyé notre écart. Pourtant, bien que nous étions tous les deux impliqués dans les méfaits à l’époque, le sorcier face à moi ignore réellement les enjeux de cet évènement dans ma famille. Il ne peut pas savoir, combien la déception dans les yeux de mon père, même encore maintenant, est un sujet difficile. Il est l’homme qui m’a élevé, m’a tout appris et à prit soin de m’offrir un monde dans lequel je suis en bonne position, entouré, aimé par une famille solide. L’honneur, c’est d’être capable d’offrir à cet héritage tout le respect qu’il se doit. A l’inverse du polonais, même à l’époque, je n’aurais pas été capable de remettre en question ni sa déception et encore moins son jugement. Plus le temps passe, plus cette vérité est en place, même si mon père demeure un homme bureaucrate inactif qui laisse à la Cause le soin d’être réglée par d’autres. Un sentiment que je ne partage pas tout à fait. Malgré tout, dans les dissensions qui nous opposent, même politiquement, notre alliance tient toujours.

Ici, à côté de Pawel les choses sont différentes. Elles me ramènent dix ans en arrière et me projetant brutalement dans une réalité qui n’existe plus. Un monde dans lequel j’étais amoureux et partageais ma vie - bien que probablement de manière un peu camouflée par mon père auprès des familles sangs-purs - avec un homme. Un homme qui n’avait ni le droit de s'approcher de ma famille ou du monde politique, vivant lui-même des oppressions familiales inhérentes à la vie d’un sang-pur. Pourtant, c’était tout un univers.
Sa disparition laisse autant de questions que de soulagement, pour la famille Moore sans doute bien trop heureuse de ne plus avoir à cacher cette honteuse déviance aux yeux de tous.

« Estime-toi plutôt heureux d’être en vie. J’aurais pu te faire souffrir, te tuer…T’as aucune idée de quoi je suis capable, maintenant. »

La phrase me ramène brutalement au regard du polonais. Je le fixe froidement, ma veste enfilée rapidement annonçant mon départ sans le dire vraiment. C’est après tout une bien mauvaise idée d’être ici, dans un club moldu alors que je cherchais après-tout à rejoindre en soirée sorcière. Etre ici, c’est bien loin de mes habitudes et bien loin aussi de mes envies personnelles. Le monde moldu est un endroit que je me refuse à côtoyer plus que nécessaire, sauf quand une mission m’y amène. Le ton d’avertissement de Pawel ne m’effleure qu’à peine et c’est froidement que je me fige devant lui. En réalité, il ignore aussi ce dont je suis capable également, quand un homme tel que lui bouscule chacune de mes tentatives pour rester calme.

D’un sourire presque lascif, insolent, je l’observe, penchant la tête sur le côté avec une attitude amusée. Jouer avec le feu, ou basculer d’un c^pté ou de l’autre du gouffre en une seconde. Il ne suffirait que de cela, d’une étincelle pour faire repartir le feu qui menace entre nous. Les crépitements sont aussi évidents que nos regards, qui ne savent pas s’éloigner l’un de l’autre. Qu’est-ce que je risque si je le pousse un peu plus dans ses retranchements ? Mourir ?
J’aimerais lui dire que beaucoup se targuent de vouloir me tuer et que la liste est longue et qu’il faudra attendre probablement son tour pour cela.

Sans me départir de mon sourire, j’acquiesce juste au message d’adieu formulé, pour cloturer une rencontre qui n’aurait pas dû avoir lieu. Pour une fois, lui comme moi décidons de rendre les armes et d’éloigner cette tension naissante. Une seule bataille par soir, et celle de tout à l’heure n’a pas suffit à effacer nos accrochages.

M’éloignant, je ne parviens pourtant pas à tourner la tête vers lui pour le regarder une dernière fois. La sensation désagréable d’être au bord du vide, et qu’à un moment donné, lui comme moi allons tomber.


Fin
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