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La vérité d'ici trahit les mensonges d'ailleurs | Enzo

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse
Mar 29 Aoû 2023 - 13:28

La vérité d'ici trahit les mensonges d'ailleurs


🙤 Edimbourg
🙤 21 Janvier 2017

 ft. @Enzo S. Ryans
— … et c’est comme ça que fonctionne le tâtonnement walrasien. Tu me suis ?
— Oui, ça y est ! J’ai compris. Merci, Gab’, t’explique tellement mieux que le prof.

Le téléphone contre son oreille, Gaby esquisse un sourire tandis qu’elle parcoure du bout de son style ses notes de cours. Des croix dans la marge marquent les points incompris par son amie Ivy dans leur dernier cours d’économie, et elle raie au fur et au mur celles qu’elle a déjà expliquées. Normalement, elles auraient dû se retrouver dans leur salon de thé préféré le samedi après-midi, mais Gaby a préféré profiter du weekend pour rentrer chez Leroy - une ‟trahison” pour Ivy, surtout à l’approche de leur prochain TD.

— Et c’est pour ça que le marché est le meilleur allocateur de ressources selon les néoclassiques ?

Gaby sirote la fin de son chocolat viennois en tournant la page de ses cours avant de répondre.

— Une des raisons. Vu la pléthore d’économistes, c’est pas la seule.
— Mais c’est l’idée, non ? Le marché permet de trouver le meilleur prix, celui qui permet à l’offre d’égaler la demande ?
— C’est ça, c’est le principe de l’équilibre général, même si cet équilibre est plutôt décrié quant à son application arbitraire à tout type de marché - comme le marché du travail. C’est…
— Gaby ! J’essaie de comprendre, pas que tu m’en rajoutes trois couches.

A l’autre bout de la ligne, Gaby imagine sans peine son amie lever les yeux au ciel pour accompagner son soupir. L’image lui tire un sourire, bien qu’elle ne partage pas l’avis d’Ivy. Étudier dans le détail toutes ces théories, puis comprendre leurs critiques s’avère fascinant. L’économie est une remise en question perpétuelle, où le paradigme en place ne cesse d’évoluer selon les évolutions des thèses et le retour sur expérience. Sans parler des évènements locaux ou internationaux qui modifient le fonctionnement d’une théorie pourtant prouvée, et qui poussent les économistes à se renouveler pour rester à la page. Ou encore les nouveaux domaines qui apparaissent avec l’avancée technologique et qui n’ont encore jamais été traités ! Dans quelques décennies, tout une branche de la discipline serait dédiée à l’économie des intelligences artificielles, un domaine si vaste à débroussailler.

— T’es dans la lune, Gaby.
— De toute façon, faut que je te laisse, j’ai trois courses à faire. Tu me rappelles ce soir si t’as besoin ?
— Tu peux être sûre que je t’appelle ce soir…
— Mais non, fais-toi confiance un peu ! Tu vas comprendre.  

Après un autre soupir de la part d’Ivy, Gaby lui promet d’être disponible dans la soirée si elle a encore besoin d’aide, puis elle raccroche. Le téléphone dans la poche, elle range ses cours et ses stylos sur le bureau, enfile un pull puis descend sa tasse vide dans la cuisine pour la laver. L’horloge du salon lui indique seize heures passées, et si elle ne dépêche pas, elle arrivera en retard pour sa course. Avant de partir, Leroy lui a demandé de retrouver un jeune homme - un certain Enzo - en ville pour récupérer un colis. Gaby n’a pas posé de questions, malgré sa curiosité. Elle aura tout le loisir de noyer Enzo sous les questions lorsqu’elle le rencontrera.

Une fois fin prête, manteau sur le dos et chaussures aux pieds, elle quitte la maison et ferme à clef derrière lui puis se met en route pour un petit café à l’écart du centre-ville d’Edimbourg.

Dans ses oreilles, les écouteurs scandent Gasoline de Maneskin tandis qu’elle s’interroge. Qui est donc Enzo ? Comment Leroy l’a connu ? Que contient le colis qu’elle doit récupérer ? Tout un tas de questions sur lesquelles elle ne peut que spéculer, sans le moindre indice en sa possession pour découvrir la vérité par ses propres moyens. Alors elle imagine un collègue de travail, ou le fils d’un collègue, ou encore un commerçant qui lui a offert la possibilité du click and collect. Une hypothèse douteuse, compte tenu qu’elle retrouve Enzo dans un café, et non à sa boutique. Alors qui est-il ?

Sur le trajet, elle lui imagine quantité de vies, plus insolites les unes que les autres, sans qu’aucune ne trouve grâce à ses yeux. Elle l’imagine peintre, maraîcher, commercial, journaliste, chapelier, livreur, étudiant, aviateur… et bien d’autres encore. Mais toutes ces hypothèses se volatilisent quand elle aperçoit la devanture du café. Elle éteint la musique, enlève ses écouteurs, puis franchit le seuil. Tout sourire, elle commande un chocolat viennois, puis s’installe à une table contre la fenêtre comme elle ne voit pas Enzo. Leroy lui a brièvement décrit le jeune homme, histoire qu’elle sache le reconnaître.

Puis il arrive, une poignée de secondes après le service de son chocolat viennois, saupoudré de cannelle comme elle l’aime. Elle se fige aussitôt.

Gaby ne le connaît pas. Et pourtant, elle le connaît, d’une manière ou d’une autre, sans qu’elle ne l’explique. Les mots se bloquent dans sa gorge, les pensées s’entassent dans sa tête sans la moindre cohérence. D’un coup, elle refait face à cette existence à laquelle elle ne prête pas attention, parce qu’elle ne veut rien avoir avec.

Dans toutes ses théories farfelues, elle n’a jamais imaginé un seul instant Enzo comme un sorcier.

Rien ne l’indique, pourtant. Enzo ressemble à un jeune homme comme n’importe quel autre, de son âge ou presque ; le genre qu’elle croiserait sur les bancs de la fac avec le sourire, voire avec qui elle sympathiserait.

Mais au plus profond d’elle-même, elle sait, sans pour autant savoir pourquoi son sang se glace dans les veines.

Alors elle déglutit avec peine, boit une gorgée de chocolat viennois qui la brûle plus qu’elle n’en apprécie les saveurs. Ses doigts souffrent du contact avec la tasse chaude.

Puis elle s’efforce de parler. Elle sourit ; tout va bien.

— Salut ! Leroy m’a envoyée à sa place récupérer son colis.

Tout va bien. Elle ne le connaît pas, n’est pas censée non plus connaître l’existence du monde magique. Elle n’est qu’une moldue, rien de plus ordinaire. Puis elle remarque qu’elle a oublié l’essentiel, alors elle l’ajoute, toujours avec le sourire. Elle tend la main.

— Gaby.
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Gaby Reynolds
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Ven 1 Sep 2023 - 10:20



Mercredi 18 Janvier 2017
Ventura, Californie

5h30 du matin. L’eau claque contre la proue du Silver Wave à mesure qu’on s’éloigne des côtes. Ivan derrière la barre, à surveiller le sondeur et le GPS comme le bruit des machines qu’il identifie comme personne. Alan et Laurie préparent le matériel de traçage, Arun s’affaire autour des caméras pendant qu’un groupe de dauphins bleu et blanc s’éclate dans l’étrave. On les devine à peine dans la pénombre, le ciel ne s’éclaircira pas avant encore une bonne demi-heure et si le froid n’est pas mordant on est tous bien planqué dans des vêtements chauds.
Si mes yeux sont attirés par les mammifères en contre bas je reste concentré sur mes propres taches, une mécanique réglée comme du papier à musique désormais. Remonter les pare-battages, enrouler et ranger les cordes, sortir les données de la dernière expé et préparer le matos pour celles qu’on récupèrera aujourd’hui. L’objectif n’est pas figé mais au-delà de la mission première on doit récupérer une caméra GPS qui s’est détaché d’un des squales dans la nuit et envisager dans fixer une nouvelle sur un autre spécimen. Les embruns viennent déposer du sel dans mes cheveux, la houle n’a jamais été un problème, si mon épaule vient cogner parfois contre les parois je n’y fais même plus attention.

Je laisse tout le reste à terre, y compris et surtout l’entrevue d’il y a deux jours avec l’une des membres de la Police Magique. J’suis fiché sans trop de surprise et oui l’angoisse m’a collé aux os pendant des heures mais j’essaie de me rassurer en me disant qu’ils ne viendront pas me chercher jusqu’ici. Mon havre de paix, ma vie douce, ils ne me prendront pas ça pas plus qu’ils ne bousculeront l’existence de mes proches.

Après une heure de navigation le soleil s’apprête à percer l’horizon et les choses sérieuses peuvent commencer. La caméra a été récupérée, le premier squale est repéré – un jeune mâle Grand Blanc « Tu l’reconnais ? » J’acquiesce sans le quitter des yeux alors qu’il nage tranquillement juste sous la surface de l’eau. Laurie le prend en photo sous tous les profils, répertorie chaque marque sur sa peau. L’index tendu par-dessus bord je désigne à distance la cicatrice qu’il arbore sur la pectorale droite « C’est une nouvelle celle-là. » Sur ma droite Laurie s’écarte et cherche un meilleur angle « Ils ne sont pas toujours très tendres entre eux. » Mais ils ont toujours une raison rationnelle. Pas comme l’humain, oui, c’est un peu le sous-titre.
Trois femelles gestantes et quelques juvéniles, voilà pour l’observation du jour alors qu’un sourire étire mes lèvres en voyant les trois silhouettes présentes sur le quai lorsqu’on rentre au port.

Gestes mécaniques inversés, il est bientôt 10h et sans trop de surprise j’ai viré le manteau, le pull et les pompes. Mes pieds nus claquent sur le ponton quand je saute et attache les amarres, du coin de l’œil je devine l’impatience des chiens qui me foncent dessus dès qu’ils en ont la possibilité. J’en suis là, les doigts noyés dans leur pelage, quand mon regard se relève et tombe dans celui de mon petit ami « Même pas tu m’as réveillé. » Un sourire sur son visage, nonchalant comme tout le reste de son attitude, celui qui lui répond est amusé « Tu ronflais trop bien. » C’est faux mais pour ce qui est de dormir il était clairement retenu en otage par Morphée et après ces dernières 48h dans le stress j’avais pas envie de l’en arracher. Et puis soyons sérieux ? A 5h du mat ? J'me serai fait envoyer chier « Tu pourras m’apporter le p’tit dej au lit samedi matin. » J’affiche mon plus bel air de branleur en me redressant, abusant de ma taille pour le toiser jusqu’à ce que ses mains glissent sur mes hanches « Joyeux anniversaire Love. » Mes avants bras se posent sur ses épaules, je croise les poignets dans le vide derrière sa nuque et me penche jusqu’à réceptionner le baiser qu’il dépose en douceur sur mes lèvres « Merci. » Wax et Einstein sont occupés à dire bonjour à Ivan descendu à son tour, je devine l’arrêt du colosse alors qu’il a capté un truc que je n’ai jamais formulé « Et il nous a rien dit ! » Pour une fois mes réflexes ne font pas le taf et je me retrouve ceinturé, arraché à mon petit ami et balancé sans préambule dans l’eau du port. La première chose que je vois en remontant à la surface c’est le visage de Liam où j’peux y lire facilement ce qu’il pense : Cheh ! C’est mérité, pour une fois que c’est moi qui finit à la flotte.

20 ans.

Un creux dans le cœur à l’idée de franchir un cap de plus sans mes absents mais le bonheur dans les veines de pouvoir partager ça avec ceux qui peuplent mon présent et mon avenir.


Samedi 21 Janvier 2017, début de matinée heure locale
Ventura, Californie

J+3.

Je ne me sens pas différent et je sais que ça n’a rien d’illogique mais je crois que je m’attendais à quelque chose malgré tout. Comme une impression d’avoir ramé pendant un sacré paquet de temps pour arriver en vie à cet … Non, ça n’était pas un objectif mais il m’a semblé à la fois très clair et complètement abstrait pendant un moment. Dans un peu moins de deux mois ça fera cinq ans. Cinq ans sans eux, cinq ans depuis l’accident et la Morsure. Une éternité et à la fois un clignement de paupières. Un battement de cœur. Tout ce qui s’est passé avant et depuis devient flou, peut être que c’est une bonne chose finalement.
Un bouquin entre les mains, le téléphone posé sur la table du salon de jardin qu’on a installé sur la terrasse, je me laisse porter. Par les lignes qui défilent sous mes yeux, par la caresse des doigts de Will sur mes chevilles que j’ai croisé sur ses genoux. Un frisson vient m’attraper parfois, affalé dans l’un des fauteuils tout comme lui, les chiens tranquillement en train de dormir à nos pieds. Lune dort sur le creux du ventre de mon petit ami, une patte posée nonchalamment en travers du clavier de son ordinateur qu’il tient sur l’accoudoir comme il peut sans essayer de la déloger.

Le bip répétitif qui résonne me rappelle que notre vie n’a rien d’un truc normal. On est posé là comme deux touristes sur la terrasse de notre baraque surplombant le Pacifique, comme si William n’était pas en train de coder pour rendre des téléphones hermétiques à toute intrusion et ce à la demande d’une Générale de la Garde. Jane, une amie de Benjamin qui a décidé d’envoyer se faire foutre l’anonymat et que je n’ai pas encore rencontré physiquement mais avec qui j’ai fait connaissance par téléphone récemment. Le but ? Les apporter à son frère en Écosse pour équiper ceux qui ont besoin de se protéger. Les notre sont blindés, ceux des potes et de la famille aussi, la manip s’étend à certains Lycans désormais. L’idée ça n’est pas qu’on y passe tout notre temps libre en mode agents secrets mais ce sont des décisions qu’on a prise à deux et qu’on assume « C’est bon. » Je décroise les chevilles, mes pieds nus retrouvent le sol et je dépose mon livre sur la table avant de réceptionner les petits objets qu’il me tend « Te la joue pas Ethan Hunt, même pour les beaux yeux d’une fliquette. » Derrière ce trait d’humour une réelle inquiétude on le sait tous les deux, en attendant c’est dans les siens que je me perds. Lui, il capte rapidement que sans trop de surprise sa ref cinématographique je ne l’ai pas – l’allusion à Davis je n’ai pas envie de la relever. Pas envie de laisser la moindre pensée glisser vers elle « Parfois j’me demande comment tu fais pour retenir autant de nom d’espèces différentes sans être foutu de t’rappeler de celui du personnage principal d’un film que t’as vu la veille. » Sa paume droite se plaque sur mon front et il me repousse en arrière, Lune râle et décampe à l’intérieur de la maison suivi d’Einstein qui se prend un coup de patte au bout de deux mètres. On n’emmerde pas la Duchesse mais malgré les mois qui passent il continue de tenter « J’livre le matos et j’me tire. » Une main sur son épaule au passage je le contourne et mes doigts glissent contre sa nuque, un geste à peine conscient, une habitude, la tendresse ancrée dans notre quotidien depuis le début « J’ai ma réunion à l’asso ce soir mais demain je t’emmène quelque part. » Une main sur le cadre de la baie vitrée, un pied sur le carrelage de l’intérieur, je m’arrête. Dans ma poitrine c’est l’accélération, lui ne se retourne même pas après m’avoir balancé ça l’air de rien « On va choisir mon poney ?! » Un jour j’arrêterai peut-être. J’espère bien que je n’arrêterai pas et si j’entends son sourire dans sa voix j’esquive à peine l’objet non identifié qu’il me balance « Dégage, tu m’fatigue. » Le rire se balade partout dans mon organisme mais au-delà de ça c’est la fierté qui flambe, l’amour aussi, quand je le vois s’engager comme il le fait. Même si j’ai pu souffrir de ça je n’ai pas pris la violence et l’intolérance de plein fouet comme lui les a subis, sa démarche est d’autant plus importante et la détermination que je vois dans son regard quand il en parle me touche.
Je reviens sur mes pas et passe mes bras autour de lui, embrasse son cou et resserre un instant mon étreinte « T’es un mec bien Jackson. » Et je crois que ça nous rapproche, cette volonté de nous engager chacun à notre façon pour des communautés qui nous tiennent à cœur. Des communautés dont on fait partie.

¥

Fin d’après-midi, heure locale
Édimbourg, Écosse

Ça n’est pas Londres et ça n’est pas grand-chose. On parle d’une livraison de colis, rien qui me mette en danger ni ne m’expose d’une quelconque façon pourtant c’est là, comme une marque laissée par celle qui me braque encore les nerfs quand j’y repense malgré les jours qui passent. Une piqure de rappel en quelque sorte et c’est sans doute pas plus mal. Sans aller dans les extrêmes je fais attention, pousse mes sens et mon instinct partout autour de moi alors que mes pas foulent le pavé en direction du lieu de rendez-vous : Un café quelconque dont j’ai repéré l’emplacement sur le GPS en arrivant. Mains dans les poches de mon manteau, sac à dos sur les épaules, je me fonds dans la masse et me laisse porter par les accents que j’entends partout autour de moi. Écossais mais pas seulement, sans doute des touristes en vadrouille dans cette ville qui par bien des aspects me rappelle le Chemin de Traverse ou Pré-Au-Lard.
Une pensée pour Killian, une autre pour Ever, parce que j’ai prévu de passer en coup de vent je ne les ai pas prévenus et je peux déjà les entendre m’insulter quand elles le sauront. Ça me fait sourire, là dans le vide, sapé comme un type qui se protège approximativement du froid mais dont le teint halé ne colle pas tellement avec le climat local.

Pas d’appréhension quand je pousse la porte du café, pas vraiment de surprise non plus quand la personne qui interpelle mes sens ne ressemble en rien à celui que je devais voir à l’origine. Le message de Leroy est arrivé il y a quelques minutes et alors que la chaleur de l’intérieur vient m’enrouler je me dirige elle sans trop m’inquiéter. Les taches de rousseur sur ses joues font ressortir le bleu de ses yeux, mon sourire vient faire écho au sien « Salut ! Leroy m’a envoyée à sa place récupérer son colis. » Mélange de cannelle et de chocolat, ce sont les effluves que mon odorat capte et qui ne masquent pas celle de l’animal en elle ni la présence fantomatique de celle de Leroy. Son cœur bat vite mais se calme, le loup en moi effleure sa nervosité sans s’y arrêter mais il y a quelque chose d’autre. Dans ce qui émane d’elle, dans la volute brumeuse qui traverse mon esprit, je choisis de ne pas y faire attention « Salut. » Elle me tend la main alors que je pose mon sac sur la banquette face à elle « Gaby. » La même chaleur traverse sa paume et la mienne quand elles se rencontrent « Enzo, enchanté. » Une façon de parler, un tic de langage peu importe, ni un mensonge ni une vérité si ce n’est une raison commune pour être là. Rendre service.
Je me défais de ma veste pour me noyer dans le décor et m’assoie face à elle alors qu’un serveur s’approche. Je lui demande un café et le regarde s’éloigner sans vraiment le voir avant porter toute mon attention sur la petite rousse face à moi. Rien de péjoratif là-dedans mais si on se tenait debout côte à côte j’aurai sans doute la même sensation qu’avec Sovahnn « Ils sont chargés. » Les téléphones, ceux que je fais glisser jusqu’à elle dans une boite sortie de mon sac après avoir rendu notre conversation privée sans que personne ne le remarque. Factuel, je récite un discours qui semble appris par cœur et même si je comprends de mieux en mieux tous ces rouages on est sûrement pas loin du compte « Tu peux mettre ta carte sim dedans directement, ils sont opérationnels. T’as juste à enregistrer ton empreinte digitale et si qui que ce soit d’autre essaie d’y entrer, physiquement ou à distance, toutes les données disparaissent immédiatement. » Qui a dit que la Magie surpassait tout ? Alors oui, si l’un de vos potes essaie de vous faire une vanne il aura une surprise mais on ne peut pas tout avoir « Et celui qui aura tenté se prendra un virus qui risque de l’occuper un moment. » Voilà comment j’ai arrêté de stresser après ce qui s’est passé l’année dernière quand ces tarés de Non-Magiciens ont enlevé Will et fouillé son téléphone. On ne prend plus de risque et ce qui était à la base un truc perso s’étend plus largement aujourd’hui « Y a déjà un numéro dans le répertoire, c’est celui que tu peux appeler si t’as un problème technique avec tout ça. » Pas son vrai numéro, évidemment, mais un moyen de le joindre si vraiment ça coince quelque part.

Nos vies n'ont aucun sens.
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Enzo S. Ryans
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Ven 22 Sep 2023 - 13:27

La vérité d'ici trahit les mensonges d'ailleurs


🙤 Edimbourg
🙤 21 Janvier 2017

 ft. @Enzo S. Ryans
Tout va bien. Ces trois petits mots se répètent avec insistance dans l’esprit de Gaby, à croire qu’ils se concrétiseront de la sorte, sans autre effort de sa part. Une pensée idyllique, si éloignée de la vérité, mais elle n’en a cure. Les doigts crispés sur sa tasse brûlante, le sourire éclatant sur les lèvres, elle fait comme si de rien n’était. Tout va bien. Elle ignore son hypothèse quant à la sorcellerie d’Enzo. Elle ignore cette odeur étrange qui lui chatouille le nez, si proche de l’odeur musquée qui entour habituellement Leroy. Elle ignore tous ces signes singuliers, alarmants même ; pourquoi les relèverait-elle ? Tout va bien. Elle n’est qu’une simple moldue sans histoire. Rien de plus.

Pourquoi quelque chose se passerait mal ?

Le cœur pourtant oppressé par toute cette situation, Gaby boit quelques gorgées de son chocolat chaud sans profiter des saveurs finement épicées, ni même se soucier du breuvage encore trop chaud qui lui brûle la gorge. Malgré ses efforts, sa nervosité prend le pas sur le reste, et son maintien des apparences présente quelques failles - de sérieuses failles, si elle se montre honnête avec elle-même, mais pour l’heure, elle espère encore réussir à donner le change.

Le paquet glissé sur la table en sa direction lui offre une occasion de se changer les idées, et elle penche légèrement la tête sur le côté. Leroy n’a pas pris la peine de l’informer du contenu du colis - un oubli de sa part, peut-être - alors elle avoue son intrigue. Que peut donc lui apporter un jeune homme, qui a sensiblement l’âge d’être sur les bancs de la fac ? La boîte contient deux téléphones d’apparence neufs. Gaby arque un sourcil. Un revendeur de téléphones ? Celui qu’elle possède ne suffit pas selon Leroy ? Elle ne comprend pas la logique derrière cet achat - elle suppose qu’il s’agit d’un achat - car son téléphone n’a même pas un an - et elle n’a aucune envie de le remplacer.

Plus elle écoute les explications qu’Enzo débite d’un ton le plus factuel possible, aussi morne que celui d’un professeur là par dépit plutôt que par passion de son sujet, et plus la stupeur la saisit. Elle recule sur sa chaise, malgré elle, tandis qu’elle ne comprend rien. Pourquoi autant de prudence quant à un téléphone ? Elle sait bien que les pirates informatiques rôdent partout, mais avec un minimum d’attention pour ne pas s’aventurer sur des sites véreux, le danger est facile à esquiver. Alors pourquoi ?

Dans les tréfonds de ses pensées, l’image de Poudlard s’impose, et un tremblement la parcourt. Elle balaie aussitôt l’idée. Elle agite alors les mains devant elle pour appuyer ses propos.

— Woh, woh, stop. Elle braque son regard perdu sur Enzo, avec une question froide en tête : qui est-il vraiment. Pourquoi j’aurai besoin d’un téléphone pareil ?  

Elle ne comprend pas. N’est pas certaine de vouloir comprendre non plus. Elle veut retourner à sa vie d’étudiante, loin des ennuis, à essayer d’aider Ivy comprendre la logique derrière le tâtonnement walrassien qui n’a pourtant rien de si compliqué.

— Pour Leroy, je sais pas, je me doute bien que j’ignore bien des choses à son sujet, et je ne veux pas savoir. Mais il y a deux téléphones, et Leroy ne l’aurait pas envoyée à la rencontre d’Enzo si le second mobile n’était pas pour elle. Mais je n’ai pas l’utilité d’autant de… sécurité. Ce n’est pas comme si j’avais grand chose de précieux sur mon téléphone, de toute façon.  

Et surtout, Gaby pressent des implications sinistres quant à toute cette histoire de téléphones, et elle refuse d’y prendre part, d’une manière ou d’une autre. Elle a déjà assez donné.
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Gaby Reynolds
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Ven 29 Sep 2023 - 16:28
J’aurai dû sentir l’onde de choc se propager j’imagine, j’aurai dû capter l’accélération de son rythme cardiaque, de son souffle, la panique cavaler dans ses veines comme un troupeau d’animaux sauvages lancé à pleine vitesse pour échapper à un prédateur.
Parti dans mes explications je n’ai pas tenu compte des informations que mes sens captent pourtant mais quand elle agite les mains devant moi ça n’est qu’à ce moment-là que je réalise qu’un truc ne va pas « Woh, woh, stop. » Les sourcils froncés dans un mélange d’étonnement et de réaction directe à une agression je me rends compte que l’ordre passe mal. Parce que c’est ce qu’il est, conscientisé ou non. Une façon de me dire « la ferme » que j’ai du mal à accepter quand bien même cette réaction est stupide. Ça l’est d’autant plus quand ce que je sens émaner d’elle n’est autre que de la peur planquée sous une couche de glace « Pourquoi j’aurai besoin d’un téléphone pareil ? » L’incompréhension est flagrante et je capte petit à petit l’erreur que j’ai faite en présument qu’elle savait. Non, elle n’en sait rien et là c’est moi qui perd le fil. Pourquoi ne pas me l’avoir précisé ? Je me serai retenu de lui balancer toutes ces infos qui ont l’air de la terroriser.

Les questions débarquent comme des vagues successives, à commencer par qui est-elle et pourquoi est-ce qu’elle ne semble pas avoir conscience de la raison qui à moi me semble évidente ? Surtout, pourquoi Leroy ne lui a rien dit ? J’ai face à moi une Lycanthrope et pourtant quelque chose cloche « Pour Leroy, je sais pas, je me doute bien que j’ignore bien des choses à son sujet, et je ne veux pas savoir. » Fallait peut-être me le dire avant de me faire traverser les USA et l’Atlantique pour venir jouer les agents secrets.
J’étais bien sur ma terrasse, avec mon chat, mes chiens et mon mec. J’avais pas besoin d’être là. Surtout pas après avoir subi un putain d’interrogatoire il y a de ça quelques jours à peine. Est-ce qu’ils commencent tous à me casser les couilles ? Pour que j’en arrive à me faire cette réflexion c’est effectivement probablement le cas et si je garde mon calme c’est simplement parce que j’ai encore en moi suffisamment de rationalité pour ne pas lâcher mon agacement sur quelqu’un qui ne le mérite pas. Concours de circonstances, c’est tout, et puis personne ne m’a forcé à être là alors on respire, on garde son calme, on essaie de comprendre ce qui se passe « Mais je n’ai pas l’utilité d’autant de… sécurité. Ce n’est pas comme si j’avais grand-chose de précieux sur mon téléphone, de toute façon. » T’es comme moi, comme lui, comme tant d’autres. Bien sûr que t’as besoin de ça. C’est moche, ça devrait pas, mais c’est comme ça. Ce sont les mots qui me passent par la tête mais que je retiens parce qu’ils sonnent putain de moralisateur. Déni ou protection de la part de Leroy qui qu’il soit pour elle j’ai débarqué et tout fait éclater.

On fait quoi maintenant ?

Un soupir, mon dos retrouve le dossier de la chaise alors qu’à mon tour j’expose mes paumes entre nous deux « Au temps pour moi, je pensais que t’étais au courant. » J’ai plus l’envie, plus la force pour ça. Essayer de creuser, comprendre, pousser une porte pour tenter d’aider. Pas comme si elle avait besoin de moi de toute façon et ce que Leroy lui dit ou pas ne me regarde pas « J’peux te les laisser quand même ? » Ces objets que je désigne d’un geste du menton et qui semble avoir provoqué un truc auquel je ne m’attendais pas.  

Mais si elle n'a pas envie de savoir, j'vais pas lui expliquer.
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Mer 18 Oct 2023 - 11:50

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🙤 Edimbourg
🙤 21 Janvier 2017

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Combien de temps compte-t-elle encore se voiler la face ? A se répéter que tout va bien, sans y croire une seule seconde ? A chaque fois, la vérité la frappe de plein fouet, tandis qu’elle s’enfonce toujours un peu plus dans le déni. Combien de temps persistera-t-elle à tourner autour du pot au lieu de saisir le problème à bras le corps ? Au fond, Gaby sait que prétendre que Poudlard n’a jamais existé ne l’aide pas, mais c’est plus fort qu’elle. Après tout, elle s’en est bien sortie ces dernières années. Ce nom n’apparaît nulle part à Cambridge, et personne ne soupçonne un seul instant sa véritable nature.

Elle n’est qu’une moldue parmi tant d’autres, une étudiante un peu trop bavarde et peu à l’aise socialement dès qu’il y a trop de monde.

Et elle aurait pu continuer à vivre de la sorte si la situation ne s’envenimait pas au quotidien. Elle fait mine de rien voir, mais elle remarque bien l’inquiétude dans le regard et dans l’attitude de Leroy. Cette même crainte plus forte lorsqu’elle l’a informé qu’elle se rendait à Londres au début du mois, pour le weekend. La peur que le piège se referme sur elle, alors qu’elle n’a aucun moyen de se défendre. Elle n’est qu’une moldue. Le loup en elle ne l’aidera pas pour se protéger si jamais un danger surgit. Elle s’est figée face à Loan, incapable de prendre les jambes à son cou alors qu’elle ne voulait plus rien à voir avec cette sombre période de sa vie.

Elle ne prend même pas la fuite face à Enzo, qui s’affaire à déconstruire toutes ses croyances erronées. A lui mettre le nez face au danger qui la guette.

Est-ce pour cette raison que Leroy l’a envoyé à sa rencontre, sous prétexte d’une indisponibilité de sa part ? A-t-il estimé qu’une rencontre avec un sorcier d’à peu près son âge faciliterait le contact et la compréhension ?

— Oui, bien sûr.

Réponse machinale, sans réelle réflexion. Les mains serrées autour de sa tasse chaude, elle dévisage Enzo en quête d’une explication qui ne vient pas. Elle-même hésite quant à la marche à suivre alors qu’il lui ouvre grand la porte pour fuir. Il ne propose rien, tant qu’il peut délivrer son colis en bonne et due forme. Rien de plus. Pas d’explications, pas de sous-entendus effrayants quant au danger qui plane au-dessus de sa tête.

Gaby hésite, plus que jamais. Elle a l’opportunité rêvée pour retourner dans sa bulle d’inconscience. De prétendre une fois de plus que tout va bien.

De nier encore une fois les efforts de Leroy pour qu’elle sorte de sa bulle et qu’elle prenne conscience de son monde, au lieu de l’ignorer et de le subir.

Car c’est bien ça, au fond. Elle subit sa propre existence. Sa propre nature. Ses retrouvailles avec Loan en sont la preuve absolue. Sa réaction face à Enzo concorde une fois de plus.

Elle n’a jamais surmonté ce qui lui est arrivé, par peur comme par lâcheté.

La gorge nouée, Gaby avale quelques nouvelles gorgées de chocolat chaud, sans pour autant savourer l’arôme subtil de la cannelle. L’hésitation la paralyse.

— Tu…

Sans surprise, les mots lui manquent. Le vide s’installe dans sa tête. Elle prend la parole sans savoir quoi demander. Sans savoir ce qu’elle peut demander. Qui est Enzo ? Pourquoi est-il là ? A quoi servent ces téléphones ? Pourquoi autant de sécurité ?

A-t-elle déjà mis le doigt dans l’engrenage, en fin de compte ?

— Tu… elle bloque encore, mais elle se force à respirer et à aller de l’avant. Qui es-tu, au juste ?

Commencer par le commencement. Par le plus simple. Le plus terrifiant, peut-être. Es-tu un sorcier ? Et cette seule question débloque le reste.

— Je ne comprends rien à ce que tu racontes, et tu ne m’expliques rien. Donc… si on reprenait depuis le début ? Pourquoi j’aurais besoin d’un téléphone pareil ?

Savoir. Le premier pas pour récupérer un semblant de contrôle sur sa vie.

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Gaby Reynolds
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Mer 25 Oct 2023 - 20:46


Fin d’après-midi, heure locale
Édimbourg, Écosse

« Oui, bien sûr. » Et on en reste là. J’en sais rien, c’est bien tout ce qui me pousse à ne pas bouger alors qu’elle bloque son regard sur moi et que son organisme semble complètement balayé par une tempête interne. La peur, l’incompréhension, une sorte de panique qui ne transparaît pas vraiment extérieurement tandis que ses mains sont fermement accrochées à sa tasse. Je la laisse me passer au crible sans bouger, sans rien dire, les secondes passent et je me demande qui elle est. Gaby, certes, et une proche de Leroy en principe mais c’est tout ce que je sais d’elle. D’où elle vient, depuis quand elle a été mordu, à quoi ressemble sa vie … Je n’en sais rien et jusqu’ici je ne m’étais pas vraiment posé la question. Elle serait sans doute restée une intermédiaire, ni plus ni moins, je dois admettre qu’avec le nombre effrayant de nouveaux lycans je ne m’attarde plus vraiment sur les uns et les autres.
Je peux simplement deviner les nœuds qui se font et se défont dans sa tête au travers de ce regard clair qui ne me lâche pas mais ne me vois plus vraiment. Elle a le myocarde qui s’emballe, détourne sa propre attention en reportant sa tasse à ses lèvres pour boire quelques gorgées et je me dis que ça y est, c’est le moment, je vais y aller parce qu’à quoi bon rester ? Le malaise est palpable de son côté comme du bien et ces derniers temps j’ai plus la force de prendre en compte les émotions des autres s’ils ne font pas partie de mon cercle de proche « Tu… » Sans avoir eu le temps d’amorcer le moindre geste j’ouvre à nouveau mon esprit. Je ne sais pas bien ce qu’elle veut, je ne peux que supposer les questions qu’elle essaie peut être de formuler dans ses hésitations « Tu… Qui es-tu, au juste ? » J’entrouvre les lèvres, rien ne sort, comme pris au dépourvu par cette question. Je m’attendais à des tas de choses, étrangement pas celle-là alors qu’elle est on ne peut plus logique. Pas que j’en veux à Leroy mais je ne comprends pas vraiment la façon dont il a géré cette situation. Pourquoi l’envoyer elle ? On aurait simplement pu décaler, j’aurai pu passer par Ever « Je ne comprends rien à ce que tu racontes, et tu ne m’expliques rien. Donc… si on reprenait depuis le début ? Pourquoi j’aurais besoin d’un téléphone pareil ? » Est ce que c’est vraiment à moi de faire ça ?

J’oscille c’est vrai, entre l’incompréhension et l’envie d’être franc. Comment est ce qu’elle a pu passer à côté de tout ce qui se trame ? Surtout, qui je suis moi pour briser ça ? Cette fois c’est moi qui hésite, laisse s’évader un soupir mon dos posé contre le dossier de la chaise et mon regard posé dans le sien avant de le laisser glisser sur les alentours. Rien de suspect ici, entouré de Non-Magiciens dans un univers qui semble plutôt calme et serein. Est ce qu’il ressemble à ça son quotidien ? Si c’est le cas, je l’envie. Pas mon genre de me plonger dans le déni, de ne pas regarder les choses en face, mais certains jours j’envie ceux qui en ont la capacité « On peut aller marcher ? » Rajouter du mystérieux au mystère, tant qu’à faire même si ça n’est absolument pas mon but. Je me sens simplement à l’étroit, tant dans la pièce que dans cette situation.

Il n’y a que lorsque l’air vient jouer dans mes cheveux et qu’il caresse mes joues que je me détends vraiment, acceptant l’instant présent tel qu’il est et le rôle que j’endosse sans trop comprendre comment on en est arrivé là. Je ne la sens toujours pas vraiment à l’aise à côté de moi, sensation peut être accentuée par notre différence de taille et de carrure. Sous mes semelles défile le pavé humide, loin de Londres je garde mes réflexes et pousse mes sens à leur maximum pour appréhender le danger s’il rode. Mains dans les poches, ma baguette dans la paume droite à l’abri du moindre regard, on a simplement l’air de deux étudiants qui se promènent « J’suis juste un type qui fait ce qu’il peut pour aider les personnes comme lui. » J’sais pas, je ne vois pas bien comment je pourrais résumer ça autrement. Il ne s’agit pas de moi, pas en tant que personne en tout cas. C’est pas pour ça que je suis ici, pour moi, non c’est pour une Cause bien plus large que j’ai embrassé sans vraiment le voir venir. J’y suis ancré maintenant, j’ai embarqué ma famille dans ce merdier et ne se passe pas un jour où la crainte de les voir se tirer ne m’effleure pas. Pensée que je chasse de mon esprit en tournant le visage vers elle, inclinant légèrement la tête pour capter son regard « Comme toi. » Parce que t’as pas tellement réagit et ça me perturbe, presque comme si t’avais pas conscience de ce que t’es « Je sais pas de quoi t’es au courant mais c’est pas tellement une bonne période pour les gens comme nous et malheureusement on a besoin de se protéger. » Crois en l’expérience d’un gars qui aurait dû se méfier bien plus qu’il ne l’a fait., un mec qui a officiellement la Police Magique au cul et qui lute chaque jour pour garder son calme et ne pas foncer dans le tas « Les téléphones ça fait partie du process, pour pas qu’on puisse nous tracer ni stalker nos échanges. » Parce qu’avec la chance qu’on a le danger vient des deux côtés, Magique et Non-Magique.

Les monstres sous le lit, les bêtes à abattre, les erreurs de la nature … Ils ont tous différentes façon de nous appeler mais c’est la peur qui les fait réagir. La peur et le dégoût. Un truc que je ne suis plus capable de tolérer aujourd’hui et des raisons pour ça j’en ai un paquet. Le ton mielleux de Davis continue de résonner dans mes oreilles même des jours après mais parce que je perçois les battements de cœur de la petite rousse à côté de moi je tempère les miens. A l’instinct, comme souvent.

« Tout ça, c’est nouveau pour toi ? » Besoin de comprendre, de savoir qui on m’a envoyé déloger de son ignorance « J’veux dire, être ce qu’on est. » Le ton est doux, s’il n’y a pas de sourire sur mon visage c’est parce que j’ai compris que ça ne change rien, qu’elle n’y est pas réceptive.

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Enzo S. Ryans
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Jeu 26 Oct 2023 - 10:24

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Oser poser ses questions a tout l’air de sauter à pieds joints dans un lac glacial. Un frisson la parcourt alors qu’elle étouffe soudain dans ce café. Son cœur tambourine dans sa poitrine et elle peine à réfléchir correctement face aux peurs qui l’assaillent. Un pas en avant pour deux en arrière ; ou presque. Dans l’attente d’une réponse de la part d’Enzo, elle imagine tout et son contraire, sans jamais se focaliser sur une seule hypothèse - et les possibilités de dénouement heureux, ou à défaut neutre ne sont guère légion dans son esprit. Le pire occupe toujours une place prédominante, parce qu’elle n’a jamais réussi à se débarrasser de ses peurs comme de ses angoisses.

Vouloir découvrir la vérité pour arrêter de se voiler la face et de reculer est une chose. Assumer ce choix en est une autre, et Gaby se fait violence pour ne pas soudain prendre ses jambes à son cou, le colis sous le bras.

Retourner à sa vie d’ignorance. Enfoncer sa tête profondément dans le sable pour ne jamais rien voir de fâcheux. Ne jamais rien entendre de plus de terrifiant. L’idée est tentante, très séduisante même, mais peut-elle vivre constamment dans la peur ? Elle repense à ses livres, ceux qu’elle lisait avec son grand-mère avant que toutes ces horreurs ne surviennent. Peu importe le danger, le héros ne faiblit pas. Il prend son courage à deux mains et avance dans l’adversité.

Gaby n’a rien d’une héroïne, elle le sait, mais cela ne l’empêche pas d’essayer.

Essayer de vivre autrement que dans la peur et dans l’ignorance. Prendre son courage à deux mains, et ne pas renoncer dès la première difficulté.

Alors quand Enzo lui propose d’aller marcher, même si elle sursaute sous le coup de la surprise, elle hoche la tête pour accepter. En quelques gorgées encore brûlantes, elle termine son chocolat chaud, songe aussi qu’elle s’en fera un une fois rentrée pour mieux l’apprécier que celui-ci - et de toute façon, il manque de cannelle.

Une fois dehors, la brise balaie son sentiment d’oppression, même si elle n’est toujours pas à l’aise en compagnie d’Enzo. Ne pas savoir qui il est véritablement l’angoisse assez ; l’étiquette ‟connaissance de Leroy” ne suffit pas à apaiser ses craintes. Pas après Poudlard, où elle a appris que même la famille peut se retourner contre elle. Alors une simple ‟connaissance”, dont elle ignore tout ? Et peut-être que sa crainte s’accentue aussi à cause de cette odeur musquée qui flotte dans l’air, presque familière, qui n’est pas la sienne.

Puis les réponses tombent, à demi-mots. Les personnes comme lui. Comme Leroy.

Comme elle.

Gaby encaisse l’information sans un mot, le regard perdu vers le lointain, le nez dans son écharpe, tandis qu’elle marche d’un pas lent sur les pavés. Elle ne sait trop si elle est étonnée, ou si, au fond, elle ne s’en est toujours pas douté. Elle ne connaît pas grand chose au monde sorcier, n’a jamais trop voulu trop se renseigner malgré sa vie avec Leroy, et Jane aussi, mais un monde aussi vaste abrite forcément une communauté de loups-garous, qui s’entraident ou s’entredéchirent selon les factions.

Elle a lu assez de romans pour avoir une idée générale, certes éloignée de la réalité, mais qui l’aide à combler les trous dans les propos d’Enzo. Qui l’aide aussi à rationaliser les évènements, à garder les pieds sur terre, au lieu de sombrer dans la panique.

Elle hoche la tête quant aux explications sur les téléphones ; elle sert le colis contre sa poitrine. Jusqu’à présent, elle a vécu en retrait, loin du monde sorcier pour ne pas prendre de risques, mais jusqu’à quand pourra-t-elle vivre ainsi ? Elle a revu Loan deux semaines plus tôt, un visage qu’elle a cru ne jamais revoir. Qui sait si elle n’en croisera pas d’autres à l’avenir ? Et cette possibilité la terrifie.

— Je connais les grandes lignes. Elle s’arrête un instant, puis rectifie avec un petit rire nerveux. Les très grandes lignes. Juste de quoi être plus prudente qu’à la normale.

Leroy a préféré la tenir informée de certains évènements qui ont frappé le monde sorcier, comme l’attentat du Ministère l’an passé, ou encore la répression qui s’accroît de plus en plus. Gaby ne creuse pas les sujets, mais elle sait que la situation empire, et qu’elle doit faire preuve de la plus grande prudence.

— Non. La réponse tombe naturellement, aussi spontanée que la réalisation de se dire qu’elle vit avec le loup depuis quatre ans désormais. Quatre ans plus tôt, des sorciers l’ont enlevée et séquestrée à Poudlard. Ses mains tremblent autour du colis. Ça fait déjà quatre ans. Leroy m’a aidée, et… Gaby manque de prononcer le nom de Jane, mais elle se ravise, par prudence. Elle ignore si Enzo la connaît. Et ses proches aussi. J’étais perdue au début - enfin, j’étais perdue depuis des mois, à découvrir un nouveau monde sinistre qui n’existait que dans les livres. J’ai cru mourir ce jour-là, puis j’ai reçu de l’aide… Leroy m’a aidée, même si je lui ai souvent claqué la porte au nez au début. J’avais du mal à tout… appréhender.

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Gaby Reynolds
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Ven 27 Oct 2023 - 16:19
« Je connais les grandes lignes. » C’est la première fois que je l’entends rire. Un rire bref et clairement nerveux mais un rire. Une preuve qu’elle se détend au moins un minimum et qui moi me tranquillise parce que la situation m’a prise au dépourvu. J’ai pas débarqué ici pour jouer les oiseaux de mauvaises augures, pas envie de ça « Les très grandes lignes. Juste de quoi être plus prudente qu’à la normale. » Alors je crois qu’elle sait l’essentiel et quelque part je l’envie.
J’ai beau essayer je sais que je n’arriverai pas à faire comme si tout ça n’existait pas, je sais aussi le prix que je pourrais payer à cause de ce choix. Parfois résigné, d’autre fois révolté, j’oscille entre les deux en faisant mon possible pour maintenir une barrière entre deux aspects de ma vie qui s’entremêlent malgré tout. C’est ça le danger quand tu t’engages dans quelque chose de cette ampleur, t’entrainent les autres avec toi.

Mais tout ça je le repousse un instant en essayant de comprendre qui elle est « Non. » Si je fronce les sourcils une seconde c’est parce que j’ai du mal à reprendre le sens des choses. Je dois reprendre ma question, faire machine arrière pour resituer le contexte et capter enfin ce qu’elle exprime avant qu’elle ne le précise elle-même avec quelques mots « Ça fait déjà quatre ans. Leroy m’a aidée, et… » Elle bute, je ne fais aucune supposition, un peu bloqué sur le nombre d’années passées depuis sa transformation « Et ses proches aussi. J’étais perdue au début - enfin, j’étais perdue depuis des mois, à découvrir un nouveau monde sinistre qui n’existait que dans les livres. J’ai cru mourir ce jour-là, puis j’ai reçu de l’aide… Leroy m’a aidée, même si je lui ai souvent claqué la porte au nez au début. J’avais du mal à tout… appréhender. » Mon cerveau tente de faire le tri dans le mystère qui flotte autour de ses confidences, je me retrouve dans certaines mais un peu moins dans d’autres.
Tout ça me semble être une autre existence, je crois que mon corps comme mon esprit ont tiré un trait sur cette partie de mon passé. La Morsure, les premiers changements, les conséquences directes ou indirectes … Pas que je ne veux plus y replonger mais tout à tellement changé depuis. J’ai tellement changé depuis. Ma vie ne ressemble plus à celle qu’elle était à ce moment-là, sans parler de la façon dont j’ai embrassé pleinement cette partie de moi jusqu’à ne plus vraiment me souvenir à quoi ressemblait les choses quand ça n’était pas le cas.

Chacun son rythme, c’est ce que j’essaie de me dire alors que je lute pour ne pas comparer. Sans trop de succès il faut bien le dire mais je crois n’avoir jamais rencontré d’autre Lycan qui semble si … Je sais pas, c’est là, ça flotte autour d’elle comme une aura. L’impression que ça ne colle pas alors qu’elle a peut-être simplement une autre manière de voir les choses. Il y a une distance entre elle et moi, une sorte de barrière invisible à laquelle je ne suis simplement plus habitué. J’ai rencontré et côtoyé plus de Lycans en l’espace d’un an que pendant mes quatre premières années de transformation, en dehors de Jakob, Benjamin et Zari tous ont vu en moi un type expérimenté et ce sont comportés comme tel. Comme si j’étais un modèle, un semblable pour le moins. Je ne ressens rien de ça avec elle, comme si l’humain barricadait l’animal et le maintenait à distance. Même le Loup en moi ne sait pas très bien comment l’appréhender, il ne retrouve pas les codes habituels.

C’est son instinct à lui que je suis la plupart du temps quand je suis face à un autre Lycan, puisque ça ne fonctionne pas j’essaie de laisser l’humain faire le taf sans trop savoir comment m’y prendre. Voilà pourquoi le silence s’installe un instant entre nous alors que je me contente de hocher la tête dans un geste de compréhension muette. Ça n’est qu’après une bonne trentaine de secondes que je reprends, mains toujours dans les poches alors qu’elle garde le colis contre elle comme s’il pouvait la protéger « Je connais assez peu Leroy mais de ce que j’en ai vu il a l’air d’être un type bien. » Une phrase qui me semble bateau là tout de suite mais qui n’en est pas moins vraie. Ça fait quelques mois qu’on communique, on a passé une Pleine Lune ensemble et aujourd’hui on fait partie du même réseau. Le hasard – pas tant que ça finalement – a voulu que sa sœur prenne la tête de cette partie de la Garde avec qui on bosse « On s’est connu par l’intermédiaire d’une amie en commun, ça fait quelques mois de ça. On … bosse ensemble, même si j’aime pas tellement ce terme vu les circonstances. » Regard porté devant moi sans vraiment faire attention à où on va je pince les lèvres sur le côté. C’est pas du taf tout ça, juste … la chose à faire. Il se passerait quoi si on laissait tous ces nouveaux mordus livrés à eux même ? Ce serait un chaos bien plus grand encore que ça n’est déjà le cas et surtout on ne peut décemment pas laisser qui que ce soit sur le carreau. Lycans peut être mais chacune de nos actions vient d’une profonde humanité « On essaie juste d’aider au maximum ceux qui se retrouvent à devoir gérer ce que toi comme moi on a géré y a de ça quelques années. » J’en dis peut-être trop mais je prends le risque, je ne suis pas suffisamment proche de Leroy pour avoir peur d’avoir fait une erreur en dévoilant tout ça à Gaby « Pardon si je vais trop loin mais, tu ne viens pas du monde magique c’est ça ? » Question anodine ou beaucoup trop intime, j’imagine que ça dépend d’une personne à l’autre.  
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Enzo S. Ryans
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Mer 22 Nov 2023 - 12:20

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Les mots se cognent dans sa tête, se percutent les uns aux autres, brouillons, hésitants. Tant bien que mal, Gaby tente de faire le tri dans ses pensées, entre ce qu’elle peut dire, les secrets qu’elle doit préserver, et ce qu’elle devrait dire, si la peur ne la freinait pas. Elle peine encore à assumer son choix d’affronter la vérité, la réalité en face. En a-t-elle seulement les épaules ? Elle ne sait pas. Ne l’a sans doute jamais su. Depuis plus de quatre ans, elle se sent presque étrangère à sa propre vie, dépossédée de son libre-arbitre. Elle n’a pas choisi d’être séquestrée à Poudlard. De découvrir le monde magique. De devenir loup-garou. De perdre le contact avec sa famille. De vivre avec Leroy. Peut-elle d’ailleurs véritablement considérer que ses choix d’aujourd’hui ne sont pas contraints par la peur ? Elle a été incapable de trancher face à Loan. Elle n’est pas certaine de savoir face à Enzo.

Et pourtant, Gaby fait ce premier pas en quête de la vérité. Malgré tous les freins qui la tirent en arrière, elle essaie de sortir la tête du sable, parce que faire l’autruche ne lui est d’aucune utilité. Elle a beau prétendre que tout va bien, qu’il ne s’est rien passé, ses efforts ne gomment pas les faits. Ils existent toujours, tapis dans les recoins de sa mémoire et de son cœur, prêts à surgir. Elle l’a bien vu face à Loan ; ils n’ont pas évoqué Poudlard une seule fois, et pourtant, tout s’est emballé dans sa tête. Une simple question, sans la moindre arrière-pensée, a suffi à lui faire perdre pied.

Pour quelqu’un qui se sait devoir être prudente, cela n’a rien de prudent. Cette fois, ce n’était que Loan, un ami, mais la prochaine fois ? Un frisson d’effroi remonte dans son dos à cette seule idée. La prochaine fois, elle n’aura peut-être pas autant de chance, malgré tous ses efforts pour rester à l’écart. La prochaine fois, elle n’aura peut-être pas le choix.

Alors elle s’accroche, lutte contre la peur qui lui serre les tripes. Elle reste aux côtés d’Enzo, attentive à ses paroles. Elle hoche la tête pour Leroy. Un type bien. Gaby ne peut qu’approuver, même si le mot lui paraît faible. Leroy l’a accueillie chez lui, lui a offert le gîte et le couvert, peu importe le nombre de fois où elle a pu se montrer détestable envers lui les premiers mois. Il savait qu’elle était terrifiée, et il lui a laissé le temps et l’espace nécessaires. A présent, sa maison est un lieu rassurant, empli de confiance ; son chez elle.

La suite ne l’étonne pas vraiment. Leroy l’a aidée, alors pourquoi pas d’autres ? Gaby imagine un réseau qui prend forme, qui s’étoffe, pour aider les gens comme elle, comme eux. Une entraide secrète face aux tourments du monde et à ceux qui préféreraient les voir disparaître.

Et surtout, il y a cette idée de faire quelque chose de ses dix doigts. De se rendre utile, au lieu de rester prisonnière de la peur. Et cette idée lui parle plus que jamais.

— Non, pas du tout. Je… Une inspiration profonde. Ne pas se braquer à cause de la peur qui ne la lâche jamais. Affronter les évènements, plutôt que de les enterrer. J’ignorais tout du monde sorcier avant… avant Poudlard.

Un poids lui tombe sur l’estomac, sa gorge se serre un instant. Elle l’a dit. Un simple nom, mais qui évoque tant de souffrance dans sa tête et dans celle des autres. Elle n’a pas été la seule, elle le fait. Elle jette un regard en coin à Enzo ; il a le même âge qu’elle, ou presque. Peut-être a-t-il lui aussi connu Poudlard ? Un sorcier dans la masse grouillante qu’elle a préféré ne jamais voir.

— Je connais toujours pas grand chose, cela dit. J’ai jamais voulu m’y intéresser.

Trop de mauvais souvenirs, trop de peur. Même maintenant, Gaby n’a toujours aucune envie d’y mettre le nez. Alors, un peu malgré elle, elle change de sujet pour revenir à ce qui lui parler.

— Est-ce que… je pourrai aider, aussi ? Je sais pas vraiment comment, mais… Sans Leroy, et… et Jane, ajoute-t-elle dans sa tête. Je ne serai pas là, et d’autres ont sûrement besoin de ce coup de main.

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Gaby Reynolds
Lun 4 Déc 2023 - 19:33
« Non, pas du tout. Je… » Pause. Elle a le cœur qui galope comme un cheval à qui on balancerait des coups de cravache et ça me fout mal à l’aise de me savoir en partie responsable. Par ce que je dis, par ce que je dégage … Juste en étant là et en étant moi. Je sais que ça ne tient pas qu’à ça évidement et qu’à foutre les pieds dans le plat comme je le fais je la mets dans une situation plus déroutante encore mais sa peur je la capte depuis le début contrairement à sa part animale dont je ne capte aucune bribe. Et putain ça me perturbe.
Je lui laisse le temps, absorbe moi aussi le malaise comme je peux jusqu’à ce que ses lèvres se descellent à nouveau. Ça continue de vivre autour de nous, rien de bien transcendant, rien qui n’alerte mes sens pourtant je reste vigilant « J’ignorais tout du monde sorcier avant… avant Poudlard. » Cette fois c’est dans ma cage thoracique que ça vient cogner. Un seul coup, bref mais fort, un truc qu’on voit pas venir et qu’on n’a pas vraiment le temps de comprendre. Elle, à Poudlard ? Je me surprends à la regarder avec plus d’insistance comme si j’essayais de me rappeler de son visage mais rien. Aucun souvenir. On ne peut pas garder tout le monde en tête et ce même quand on a passé autant de temps avec les Non-Magiciens là-bas mais quelque chose ne colle pas. J’aurai pu oublier l’humaine, ne jamais la calculer, mais pas la louve.

Quatre ans.
Elle l’était déjà, non ?
J’aurai du la capter.

Voilà ce que formule la voix dans ma tête alors qu’elle continue sur sa lancée « Je connais toujours pas grand chose, cela dit. J’ai jamais voulu m’y intéresser. » Et qui pourrait l’en blâmer ? Mais là encore ça me perturbe. Je ne sais pas si elle inclut la Lycanthropie dans ce fait, si c’est le cas je me demande comment on peut réussir à nier cette partie de soi. C’est là, tout le temps, d’une manière ou d’une autre. C’est comme avoir une ombre qui vous suit en permanence, quelque chose qui glisse sous la surface de votre peau, une présence qu’on ne peut pas ignorer. Cette fille est une énigme pour moi, un bug dans la matrice. Je sais le cerveau humain capable de bien des choses pourtant mais j’ai du mal à intégrer cette absence de communication animale entre elle et moi « Est-ce que… je pourrai aider, aussi ? Je sais pas vraiment comment, mais… Sans Leroy, et… » Dire que j’ai du mal à raccrocher la conversation est un euphémisme, les sourcils froncés j’essaie de me concentrer sur ce qu’elle vient de dire. Loin de moi l’idée de la mettre plus mal à l’aise encore alors qu’elle semble s’ouvrir, mettre volontairement un pied dans ce monde qu’elle fuyait il y a de ça quelques minutes encore « Je ne serai pas là, et d’autres ont sûrement besoin de ce coup de main. » J’acquiesce. Ça me permet de secouer la tête pour reprendre mes esprits ou en tout cas tenter de le faire.
Sur mon visage un sourire, pas des plus francs qu’il soit mais il a le mérite d’essayer lui aussi « La majorité d’entre nous s’occupe de repérer et prendre en charge les nouveaux mordus pour ne pas qu’ils se retrouvent livrés à eux-mêmes avec une chose si compliquée à gérer. » Là encore je navigue à vue, pas certains de ce qu’elle sait ou non. De ce qu’elle a voulu savoir ou non. Ça n’a rien d’un jugement mais je suis si profondément impliqué dans tout ce qui se passe que j’ai du mal à admettre qu’un Lycan puisse ne pas se sentir concerné « Après c’est une question de connexion, d’organisation et de logistique. » De traque, aussi, mais sans trop savoir pourquoi je n’ai pas l’impression que mettre cet aspect-là de la résistance sur le tapis soit la meilleure idée du siècle. L’envoyer sur les traces de celui qui s’amuse depuis trop longtemps à nous chercher en semant le chaos derrière lui ? Non, y a rien qui sonne correct dans cet éventualité et pour des tas de raisons. Avec le recul je ne suis même pas sûr qu’elle a capté ce que j’étais avant que je l’évoque frontalement alors suivre la piste d’un type beaucoup trop doué pour se cacher … Mais heureusement il n’y a pas que ça et loin de moi l’idée de me montrer sectaire même si j’ai mes doutes « J’suis certain que tu peux trouver une place dans tout ça. » Laquelle, ça je n’en sais rien et quelque part je me dis que ça n’est pas à moi de le déterminer.

Et puis parce que ça prend trop de place dans mon esprit je ne peux pas faire autrement. Y a comme un brouhaha de pensées dans mon cerveau depuis que certaines connexions se sont faites, un rouage qui ne s’actionne plus. Je m’arrête, hésite une seconde, ouvre la bouche puis la referme en jetant un regard alentours sans rien observer de particulier « Excuse-moi de revenir là-dessus mais y a un truc qui me … » Pause. Comment formuler ça ? Dans ma poitrine mon cœur s’emballe un peu mais par réflexe j’essaie de le calmer « Si je lis entre les lignes j’ai l’impression de comprendre que t’as découvert la Magie en débarquant à Poudlard. » Une question qui n’en est pas une, plutôt une affirmation maladroite « J’doute que tu y sois allée de ton plein gré. » Et ça c’est une façon pour moi de lui faire comprendre que si c’est bien de ça dont il s’agit alors oui, je sais. Je me doute. Si moi non plus je n’ai pas atterri à Poudlard de mon plein gré ça n’a rien à voir, il me suffit de repenser à Kyle, Cameron, Emily ou d’autres encore pour accentuer cette différence « J’y étais aussi, à cette période-là. » De 2012 à 2015, deux années subies et une troisième parce que ma vie était là bas après tout ça. Bientôt deux ans que j’ai quitté les murs de ce château où j’ai vu, vécu et commis les pires horreurs, ça prend parfois l’apparence d’un souvenir brumeux ou bien d’une clarté saisissante « Je ne t’ai jamais senti. » Et le couperet tombe. Sur les traits de mon visage tout ce qu'elle doit lire c'est de l'incompréhension sincère, rien de plus.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Peut-elle seulement aider ? Gaby n’en a pas la moindre idée, mais cette possibilité est tentante. Alléchante, même. La possibilité de reprendre le contrôle sur son quotidien, sur cette part d’elle-même qu’elle préfère nier par commodité. Les loup-garous n’existent pas chez les moldus, si ce n’était dans la littérature ou dans les films, alors elle n’en parle pas. Ses amis ignorent tout de l’existence de la magie, et c’est justement ce qu’elle a cherché quand elle a repris ses études. L’ignorance pure, cet espoir naïf de découvrir un monde fantastique au gré des lectures variées, l’optimiste enfantin toujours vaincu face à la réalité du monde moldu. Étudier à Cambridge lui apporte une stabilité, une routine qu’elle chérit. Les bancs de la faculté, certains cours à dormir debout, d’autres où elle participe sans cesse et a tissé des relations fortes avec des professeurs qui saluent ses progrès. Ses longues heures d’étude à la bibliothèque, ou dans son studio avec Ivy pour leurs projets de groupe - ou tout simplement pour réexpliquer le cours à son amie. Mais peu importe combien elle chérit ses petites habitudes, le loup n’a pas disparu pour autant. Il se rappelle toujours à elle, d’une façon ou d’une autre ; parfois de manière innocente, lorsqu’elle capte les effluves du repas du midi proposé par le self, parfois de manière plus dure à chaque pleine lune. Il est une partie d’elle-même, qu’elle le veuille ou non, et même quatre ans plus tard, ce fait lui est toujours douloureux - en particulier lorsqu’elle rechute.

Mais face à Enzo, étonnamment, Gaby reste stable sur ses appuis. La peur est toujours là, tenace, et les mots restent difficiles, mais elle reste maître d’elle-même. Elle refoule la panique et l’angoisse, se concentre sur des choses simples, et surtout, elle se décide enfin à aller de l’avant. A faire le grand saut qu’elle rechigne à faire depuis toutes ces années. Peut-être est-ce pour cette raison que Leroy lui a demandé de le remplacer sans rien lui dire ? Pour qu’elle rencontre Enzo par ses propres moyens, qu’elle tire ses propres conclusions. Qu’elle décide par elle seule, pour elle seule, si elle souhaite en apprendre davantage ou non.

Toute cette situation lui rappelle un peu un dessin animé qu’Ivy a tenu à lui montrer, quelques temps plus tôt. Son amie était toute extatique à l’idée de lui partager un dessin animé de son enfance - et sa suite - et elle avait même organisé tout un weekend avec pop-corn à volonté et chocolat chaud pour accompagner le visionnage. Si Gaby ne se rappelle pas de tous les épisodes, des phrases l’ont parfois marquée, certaines plus que d’autres, porteuses d’espoir sans qu’elle n’y croie vraiment. “When we hit our lowest point, we are open to the greatest change.” Mais à présent, face à Enzo, face à cette possibilité d’apporter son aide et de reprendre le contrôle sur son existence au lieu de rester paralysée par la peur, l’espoir se fait plus fort.

Alors, plutôt que de s’accabler avec son manque de force évident par rapport aux sorciers, Gaby réfléchit plutôt à ses atouts, à ce qu’elle peut apporter à ce semblant d’organisation.

— Je suis douée avec les chiffres, alors je peux peut-être aider de ce côté-là ? Elle se permet un fin sourire, bien loin de ses précédents sourires nerveux, et même une pointe d’humour.  Tout groupe a besoin d’une secrétaire ou d’une trésorière, non ?

Tout comme ces téléphones, dont elle sert toujours le paquet contre elle, la logistique et l’organisation jouent des rôles prépondérants. C’est bien beau de dénicher les nouveaux mordus, mais sans infrastructure, sans organisation, comment les aider ? Les protéger ? Depuis qu’elle a croisé Loan, Gaby mesure toute sa chance. Leroy était avec elle pour lui apprendre ce qu’elle avait besoin de savoir ; il est toujours là pour elle. Elle a été accompagnée, protégée, et ce depuis quatre ans. D’autres n’ont pas eu cette chance. Elle ne figure même pas sur les registres officiels, lui assurant  l’anonymat et la tranquillité, à condition qu’elle reste prudente.

Puis l’apaisement s’étiole soudain. La réalité la rattrape. L’espoir ne fait pas disparaître la peur. Au mieux, il la camoufle pour quelques instants. Elle porte un regard hébété sur Enzo tandis que l’angoisse s’empare à nouveau de son cœur. Poudlard. Rien que ce nom suffit à faire trembler ses mains si elle ne fait pas attention. Et avec toute l’incompréhension que lui assène soudain Enzo, elle manque de perdre pied à nouveau. Les souvenirs affluent dans sa tête, tout autant d’explications aux questions posées. Il lui demande de poser des mots sur son vécu, sur ce qu’elle a traversé ; des mots qu’elle n’a jamais vraiment posés auparavant.

Le silence s’étire alors qu’elle s’arrête de marcher. Pas l’attitude la plus discrète, mais elle n’arrive pas à faire autrement. Elle a besoin de temps, de concentration, pour repousser les souvenirs, pour s’empêcher de sombrer. Elle ne veut plus être prisonnière de sa peur. De ses peurs.

Plus facile à dire qu’à faire.

— Je… les mots lui manquent, sans surprise. Elle peine, ouvre la bouche, la referme aussitôt. Ses doigts se crispent contre le paquet pour contenir le tremblement de ses mains. Si elle ferme les yeux, sa mémoire la replonge tout droit dans l’horreur, celle qu’elle a toujours préféré oublier. J’ai été mordue à Poudlard.

Lâcher le pavé dans la mare. Respirer un grand coup - ou tout du moins, essayer, parce que sa gorge ou ses poumons ne sont pas des plus coopératifs. Du revers de la main, elle essuie ses yeux qui deviennent humides contre son gré. L’apocalypse ne se déchaîne pas sur elle parce qu’elle a osé poser quelques mots sur une vérité douloureuse.

Aller de l’avant. Un pas après l’autre. Commencer par les faits les plus généraux. Elle n’a pas besoin d’entrer dans les détails. De toute façon, elle sait d’avance qu’elle n’en a pas présentement pas la force.

— J’ai été isolée après ça, avant d’être secourue. Ça doit être pour ça qu’on ne s’est pas croisés.

Ou s’ils se sont croisés, c’était avant, lorsqu’elle n’était encore qu’une moldue jetée au milieu des fauves, terrorisée par tout ce qui l’entourait. Pas que cela ait trop changé, en fin de compte.
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Ven 29 Déc 2023 - 18:43
« Je suis douée avec les chiffres, alors je peux peut-être aider de ce côté-là ? Tout groupe a besoin d’une secrétaire ou d’une trésorière, non ? » Ce qui me vient en premier sont les prémices de ce qui se destinait à être un rire, jusqu’à ce que je réalise que ça n’a rien de con comme réflexion. On se démerde, on improvise, on se structure au fil du temps et l’intervention plus ou moins directe de la Garde par quelques personnes n’a rien d’anodin mais ça, c’est vrai, on n’a pas.
Will et moi avons la chance d’avoir beaucoup d’argent, pour des raisons diverses, mais de là à s’improviser expert comptable il y a un fossé. Un fossé que je n’ai pas envie de franchir, en toute honnêteté. Chacun son truc, j’ai le luxe de pouvoir choisir et ça n’a jamais fait partie de mes plans même si j’apprends par la force des choses. L’achat de la maison, la rénovation d’Ohana, l’argent que j’ai investi dans le business de Joff … Loin d’être une passion je la regarde et me dis que oui, vraiment, c’est loin d’être con comme réflexion.

Et puis l’humeur change, le discours aussi, y a comme un nuage qui passe de nouveau dans le fond de son regard alors qu’elle s’ouvrait, exprimait autre chose que ce truc nébuleux qui me laisse perplexe depuis le début. Une envie de d’investir, de faire partie du mouvement, peut être une manière détournée d’accepter un peu plus ce qu’elle est en aidant ceux qui lui ressemblent. Pas nécessairement humainement mais dans ce qui coule au fond de nos veines qu’on l’ai choisi ou pas. J’crois pas avoir déjà croisé quelqu’un pour qui c’était un choix et sans aller jusqu’à sourire je me souviens de Lukas, de sa demande que mon très bon caractère – non – a cloué au mur et lui avec. Le mordre ? Mon pote si tu savais l’ironie de cette pensée à cet instant précis …

Retour à la case départ, à ce regard qu’elle pose sur moi et qui étreint ma gorge de culpabilité. Je peux entendre, presque ressentir son coeur recommencer à cogner sourdement dans sa cage thoracique à mesure que l’angoisse revient s’enrouler autour d’elle comme un python affamé. Je fous un pied là où elle n’a pas envie d’aller, pire je l’y embarque avec moi sans lui laisser trop le choix mais il y a cette petite alarme dans ma tête. Un truc qui sonnait déjà en sourdine depuis le premier instant ou presque mais que je n’ai pas entendu, ou plutôt pas écouté. Elle s’arrête, moi aussi, le silence s’étire et se prolonge dans le malaise qui nous entoure de nouveau « Je ... » Impasse, la phrase n’ira pas plus loin et le paquet qu’elle porte toujours contre elle devient bouclier. Un truc auquel accrocher ses doigts comme ses pensées, quelque chose de présent, de concret, qui l’ancre « J’ai été mordue à Poudlard. » La lame de la guillotine tombe, tranchante.
L’humidité qui envahit ses paupières et qu’elle essuie d’un revers de main devient invisible à mes yeux, je crois que j’ai arrêté de respirer. Dans mon crane ça se bouscule, les pensées sont une nuée d’insectes qui ne trouvent pas la sortie et se cognent partout sur les parois. Cette fois c’est moi qui cherche mon air et la regarde sans vraiment la voir, le souffle plus rapide mais silencieux.

Mordue à Poudlard.
Les calculs sont pourtant simples à faire.

« J’ai été isolée après ça, avant d’être secourue. Ça doit être pour ça qu’on ne s’est pas croisés. » J’peux me voir froncer les sourcils, l’incompréhension plus large encore parce que ça, ça ne colle pas. Secourue ? Par qui ? Pourquoi ? Personne ne s'est donné cette peine là pour moi.
Je compte et recompte, essaie de choper le détail qui me manque mais 4 ans … Impossible que je sois passé à côté d’elle. Et j’étais le seul à ce moment là. Le seul Lycan a tacher de son sang les pavés du château, le seul a faire régner la terreur à chaque Pleine Lune.

Ever n'était pas encore arrivée, Jakob non plus.

J’ouvre la bouche, la referme, chacun son tour. L’impression d’avoir les jambes en coton me rend fébrile sur mes appuies, les questions fusent. Ça, ce rendez vous, un hasard ? Vraiment ? A l’intérieur ça s’agite, il s’agite « Tu ... » Mimétisme involontaire, je sais même pas ce que je veux dire mais la petite voix dans ma tête refuse tout en bloc. Elle répète la même chose, inlassablement.

Non. Non, impossible. Ça ne peut pas … Non.

Si je ferme les yeux très fort et que je me plaque les mains sur les oreilles, peut être que ça disparaîtra ? Peut être qu’elle disparaîtra « Tu t’en souviens ? De cette nuit là. Tu te souviens de celui qui t’a fait ça ? » Les mots sortent, bruts et malhabiles. Je voudrais disparaître, les ignorer, oublier son existence.

Est ce que j'aurai pu oublier une chose pareil ?
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Enzo S. Ryans
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Lun 1 Jan 2024 - 2:06

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Son cœur tambourine contre sa poitrine. Chaque respiration se fait difficile, brûlante dans sa gorge, tandis que ses yeux restent braqués sur le bitume droit devant elle. Accorder un regard à Enzo est au-dessus de ses forces. Gaby ignore ce qu’elle pourrait bien lire sur son visage, et elle ne veut pas le savoir. Si cela ne tenait qu’à elle, elle n’aborderait même pas ce sujet si épineux. Même avec Leroy elle n’est pas entrée dans les détails. Elle s’y est toujours refusée. Elle ne parvient pas à faire face à cette nuit emplie d’horreurs, qui s’est terminée dans la souffrance et le sang, avant un réveil des plus difficiles - sans parler des jours qui ont suivi, jusqu’à la pleine lune d’après. Une part d’elle a toujours essayé d’enterrer ces souvenirs jusqu’au plus profond d’elle-même pour ne plus jamais avoir à le regarder.

Et voilà qu’un inconnu tente de le déterrer contre sa volonté.

Poser des mots sur les faits généraux lui a déjà demandé des efforts considérables pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Gaby essaie d’aller de l’avant, parce que cette idée de mouvement d’entraide lui donne l’envie de triompher ses peurs et de briser les chaînes qui la paralysent. Mais ça ? C’est comme devoir courir sans avoir appris à marcher, et avec des briques en guise de pieds. Elle en est incapable, et la peur revient au grand galop. Ses efforts précédents s’effritent les uns après les autres, et ses mains se crispent davantage contre le paquet pour s’empêcher de trembler.

Elle ignore tout d’Enzo. Elle ne sait que ce qu’il a bien voulu lui dire. Leroy a beau travailler pour lui, elle ne sait rien de leur relation, et Gaby a lu assez de romans pour savoir que les secrets et la trahison ne rôdent jamais bien loin. Il s’agit peut-être de fiction, mais celle-ci s’inspire toujours de la réalité ; s’avère même souvent en-deçà, comme incapable de reproduire toutes ses horreurs ou encore toute sa complexité. Alors elle opte pour la prudence la plus stricte, celle de la confiance zéro, parce qu’Enzo n’est rien d’autre qu’un parfait inconnu à cet instant.

Un inconnu qui lui a glacé les sangs dès les premières secondes où elle l’a vu, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Et si elle a d’abord supposé qu’il était un sorcier, d’où sa peur, la vérité prend soudain une toute autre tournure si elle lit entre les lignes.

Gaby n’est pas certaine de ce qu’elle croit comprendre. A dire vrai, Enzo non plus, à présent qu’elle lui jette un bref regard. Son assurance s’est envolée au profit de l’hésitation, de l’incompréhension. Des suppositions passent dans ses yeux, que Gaby saisit à moitié. Elle recolle les morceaux du puzzle avec les quelques informations lâchées depuis leur rencontre. Chaque nouvelle pièce qui s’assemble avec les autres la foudroie un peu plus, jusqu’à ce qu’elle recule d’un pas, puis de deux.

Elle n’aime pas ce qu’elle croit comprendre.

Elle voudrait faire demi-tour, disparaître dans les rues d’Édimbourg pour fuir tous ces sous-entendus, mais ses jambes refusent de lui obéir. Elle voulait aller de l’avant, pas faire quinze pas en arrière. Pas replonger lors de cette nuit terrible qui a piétiné tous ses rêves, qui a réduit à néant sa vie. Même si elle ne répond rien, même si elle a toujours essayé d’oublier, cette nuit d’horreur reste à jamais gravée dans sa mémoire. L’espoir d’échapper à ce château, à cet enfer, avant d’être rattrapée par la cruelle vérité. La poursuite désespérée dans les bois, alors que tout était déjà joué d’avance. Puis le loup-garou, massif, imposant, qui fond sur elle, plante ses crocs dans son épaule.

Piégée entre la réalité et les souvenirs, Gaby ne remarque pas les larmes qui dévalent le long de ses joues. Elle veut fuir, disparaître. Ne pas affronter la vérité. Être ailleurs. Être lovée sur le canapé, le vieux chat Gripsou de ses grands-parents sur les genoux, à écouter les histoires de son grand-père. Ou encore être dans les bras de son père pour chercher un peu de réconfort. Ou dans la cuisine, à aider sa grand-mère à pâtisser - Gaby n’est pas très douée, elle préfère lécher la spatule pleine de chocolat, mais sa grand-mère se montre patiente pour lui apprendre.

Elle entrouvre les lèvres, mais aucun son n’en sort. Ses propres cris, tout droit issus de cette nuit, résonnent dans sa tête. Les images se superposent, la confusion s’installe et s’entremêle à la peur qui se transforme en terreur.

Ses jambes font un autre pas en arrière, et c’est le déclic.

Elle prend la fuite. Manque de trébucher, mais tient bon. Les pas s’enchaînent pour courir le plus loin possible, dans l’espoir de trouver un abri, n’importe quoi ; quelque chose pour l’aider à passer la tempête qui la fracasse.

Peut-être qu’elle a tort. Peut-être qu’Enzo n’a rien à voir, et qu’elle saute sur une conclusion hâtive, mais Gaby ne contrôle plus rien. Elle passe en pilote automatique dans un geste désespéré de survie ; comme cette nuit-là.
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Jeu 4 Jan 2024 - 10:37
Un regard, des larmes si lourdes qu’elle laisse derrière elles un sillon de sel sur les joues, un silence de mort et tout est dit.
Pas même besoin des battements de cœur, les siens comme les miens, l’évidence est si bruyante.  Sa peur éclate dans l’air, enroule mes épaules, énerve le prédateur.  Un pas en arrière, un autre, j’suis pas foutu de réagir quand elle s’éloigne jusqu’à courir puis disparaitre.

Moi je reste là, comme un con, comme un type qui a … avait devant lui une preuve de plus du chaos qu’il a semé derrière lui pendant un temps devenu abstrait. Quatre ans. A la fois une éternité et un clignement de paupières. Comment j’ai fait pour oublier ça ?

Est-ce qu’il y a une chance pour que ce soit une chimère ? Un mauvais calcul peut être, une impression, des souvenirs qu’on aurait manipulés … Mais c’est là, ça griffe de l’intérieur, comme si le corps s’en souvenait brutalement pour ne plus laisser la moindre place au doute.

Seul au milieu d’une grande place j’ai l’impression que le monde accélère autour de moi. Il tourne, tourne et tourne encore, de plus en plus vite jusqu’à m’en faire perdre l’équilibre. J’entends mon cœur battre dans mes tempes, dans ma gorge remonte l’acidité et l’amertume, l’arrière de mes genoux cogne contre quelque chose et seulement là je réalise avoir reculé. Mes jambes lâchent, je me laisse tomber sur ce qui se trouve être un banc de pierre dont le froid humide traverse mon jean mais je ne le sens pas.  

Qu’est-ce que t’as fait ?
Pourquoi tu ne t’en souviens pas ?
Pourquoi … Pourquoi est-ce qu’elle a disparu ? Comment ?


Qu’est-ce que je dois faire ? La rattraper ? La terreur que j’ai vu dans ses yeux me serre la gorge. Coudes sur les cuisses, les mains plongés dans les cheveux comme si ça pouvait faire taire les voix je ne sais pas quoi foutre de moi.

« J’peux passer te voir ? »

Combien de temps s’est écoulé entre le moment où la voix de Benjamin résonne contre mon oreille au travers du téléphone et celui où j’ai perdu tout contact avec l’instant présent ? Est-ce que ça a vraiment de l’importance ?
Le regard paumé autour de moi je ne sais même plus par où aller pour transplaner, comme si j’avais perdu toute notion de l’endroit où je me trouve. Les premiers pas sont malhabiles, bancales, les réflexes reviennent plus sûrement au bout de quelques mètres.

L’odeur qui flotte dans l’atelier à ce don de me tranquilliser, la sienne comme celle du bois qu’il travaille avec autant de calme que celui dont je fais preuve en façonnant mes planches. A qui d’autre je pourrais parler de ça si ce n’est lui ?

▬ FIN ▬
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