[MEXIQUE] Vacances de Noël 2016 ▬ OS

« Y a que toi pour me faire faire un truc pareil. » Sur les lèvres j’ai encore le goût du sel et un sourire de p’tit con. Face à moi Will secoue la tête, ses cheveux trempés lui collent au tempes mais éclaboussent partout autour de lui. Le haut de la combi redescendue sur les hanches, manches croisées autour de la taille, je sais que son cœur comme son esprit sont en train de se remettre de ce qu’il a vu sous la surface. 45 minutes de bateau, une demi heure de plongée, pas plus de 6m de profondeur mais il n’y avait de toute façon pas besoin de plus.

Trop tôt pour les baleines grises, trop tard pour les requins-baleines mais pleine saison pour les requins marteaux et les baleines à bosse. Des dauphins par dizaines, beaucoup de tortues, même le souffle d’une baleine bleue à l’horizon … Tout ça c’est ce qu’on a vu pendant la navigation, une fois sous l’eau des milliers de poissons sont venus éclater leurs couleurs sous nos rétines. Quelques otaries sont venues jouer dans les courants, curieuses, pas vraiment affolées quand plusieurs squales ont commencé à pointer le bout de leur nageoires.
Moi j’étais là, comme un gosse, à déborder de bonheur de partager ça avec lui. Sa main dans la mienne par moment, sa peur ancestrale dans les veines face à des prédateurs dans leur élément, mais il était là. Au delà de la curiosité je sais qu’il l’a fait pour moi, pour plonger au sens propre comme au figuré dans ce qui me fait le plus vibrer. Lui me traîne dans des expo ou des conférences, moi je l’entraîne sous l’eau. Le monde du silence nous a happé tous les deux ensemble et l’adrénaline redescends petit à petit pour laisser place à tous les neurotransmetteurs qui te font planer.
L’avantage d’avoir fait la connaissance d’un local lors de ma venue en Septembre c’est qu’on a les meilleurs spots, pas grand monde avec nous et surtout une petite maison avec vue sur la mer que Juan nous a prêté pour les quelques jours qu’on passe ici.

Ses deux mains posés sur ses hanches, sa langue claque contre son palais et je le sens amusé avant même que ces mots là sortent dans un rire bref « T’es un grand malade. » Mon sourire s’élargit, évidement qu’il le fait « Je sais. » Assis sur un des rebords à l’arrière du bateau, le matos rangé, je le regarde avec cette pointe de fierté presque provocante dans les yeux. Les quelques personnes qui étaient avec nous, des amis de Juan, débriefent avec lui à l’avant et j’en profite pour attraper mon petit ami par le bord de la combi pour l’attirer jusqu’à moi « Joyeux Noël. » Le sourire toujours accroché à mes lèvres disparaît contre les siennes alors qu’il se penche vers moi, ma peau quasiment nue et tout juste rincée frissonne sous l’effet de la brise du large.

Ou peut être que c’est lui qui me fait cet effet là.

Ce qu’on vient de vivre, ce que je ressens, un éclat d’euphorie qui lentement mais sûrement se transforme en autre chose et se nourrit de ce que j’ai sous les yeux. J’ai envie de toucher sa peau, me shooter de ses soupirs, alors peut être que mes gestes sont un peu brusque quand je passe mes paumes derrière ses cuisses et le ramène un peu plus près de moi. Sa main droite vient se noyer dans mes cheveux, le visage relevé je ne le quitte pas des yeux et malgré le bruit du moteur capte les battements de son cœur. Plus sourds, plus vifs, avide d’autre chose en témoigne ses doigts qui glissent jusqu’à ma nuque et s’y accrochent.
Dans ces moments là on oublie le reste, les autres, jusqu’à en devenir parfois indécents diraient certains. Pas ici, pas comme ça, mais dès l’instant où l’on touchera terre ce désir naissant deviendra explosion des sens.

Dans deux jours on sera sous la neige, quelque part dans les montagnes du Colorado à se payer le luxe de pouvoir vivre à fond sans se soucier de rien.

« Va falloir que tu révises quand on rentre. »  Qui a eu cette idée géniale de foutre de partiels après les vacances plutôt qu’avant ? Mais là tout de suite je m’en fous pas mal parce qu’on sait très bien lui comme moi que c’est dans pas dans mes notes que j’vais aller me plonger « Moi j’crois que c’est ton anatomie que j’vais réviser. » Il est là, debout entre mes cuisses, je me retiens tout juste de lui mordre la hanche et de remonter ma paume jusqu’à ses fesses. L’envie de le provoquer, le tenter, elle me chatouille les veines « Et tu ferais mieux de virer ta combi avant d’être coincé. » Petit conseil d’ami, c’est pas génial d’avoir la gaule quand t’es entouré de néoprène.

L’éclat de rire que je laisse s’exprimer attire l’attention des autres pendant que son regard me dit clairement qu’il va se venger. De ça aussi j’me fous, on sait très bien comment ça va se terminer.

Ça fait du bien de retrouver ça, cette insouciance qui par moment nous échappe.
Mais qu’on retient.

C'était toi, que je voulais voir apparaître, dans ma tête, dans ma vie, dans mes choix ▬ Lombre