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[OS] Is it ever gonna be enough ?

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Mer 12 Juil 2023 - 11:36

Is it ever gonna be enough ?


🙤 Londres, Club L'Adamant
🙤 1er Janvier 2017

 One-Shot
Aldric n’a jamais aimé la nouvelle année.

Il ne saurait l’expliquer. Toutes ces festivités, ces attroupements et cette joie ambiante le mettent mal à l’aise. Peu importe le pays et les traditions à l’œuvre, il ne trouve jamais sa place pour célébrer la nouvelle année. Il ne se joint pas à la liesse du décompte, à la préparation du repas de la Saint-Sylvestre, et encore moins aux soirée endiablées pour profiter de l’évènement. Peu importe le pays, quelque chose le dérange et l’empêche d’apprécier l’instant.

Peut-être est-ce un héritage de Bryn, qui a toujours trouvé cette soirée des plus angoissantes. Sa mère le traînait de famille en famille pour qu’il parade devant les autres sang-purs. Les exigences, les regards perçants ; il n’a jamais connu la joie habituelle de la nouvelle année. Chez lui, la nouvelle année n’était qu’une fête mondaine parmi d’autres, où le gratin de la société néo-zélandaise se retrouvait pour célébrer dans leur intimité puritaine.

Ou peut-être est-ce dû à cette nouvelle année passée dans la cave, avec le chant du rossignol pour seule indication temporelle.

Le verre claque sur la table. Les glaçons tressautent. Vide. Plus que quelques gouttes d’alcool qui refusent de glisser le long du verre pour finir dans sa gorge. L’envie de boire davantage démange Aldric, qui reluque sur le placard, à côté des assiettes. Il range là ses bouteilles, qu’il sort quand l’envie lui dit, jamais à l’excès. Il apprécie le goût de l’alcool mais ne boit pas jusqu’à se rendre ivre mort. Il tient à rester maître de ses capacités. Oublier par l’alcool n’aide pas, encore moins dans des situations où il doit rester concentré.

Il déglutit. Soupire. Détourne le regard. L’envie d’oublier est forte. Trop forte. La fatigue creuse ses cernes tandis qu’il se refuse à l’usage de somnifères pour apaiser son âme. Il soupire encore. Les dernières semaines ont été longues. Laborieuses. Ismahane s’est inquiétée pour lui, avec la discrétion d’un cachalot échoué sur la plage. Murphy aussi, à sa manière taciturne - il lui a offert des sablés aux épices. Brook est restée égale à elle-même, mais l’a défié plus régulièrement sur le ring. En revanche, Nicholas lui a passé un savon et lui a prescrit des somnifères, qui ont aussitôt fini dans les toilettes. Aldric apprécie l’attention, mais non, jamais n’en prendra-t-il, même si son sommeil est devenu des plus aléatoires.

Personne ne l’a interrogé quant aux raisons derrière sa soudaine fatigue. Et à raison ; ils savent tous qu’il n’aurait rien répondu, et qu’il vaut mieux ne pas insister. C’est comme ça, et les employés de l’Adamant se sont habitués aux airs d’ours grognon mal léché d’Aldric. Il ne parle pas de lui. Ne se confie pas. Ne partage pas ses peines, pas plus que ses joies. Par contre, s’il s’agit d’étaler quelqu’un sur le ring, il est toujours partant.

Murphy l’a d’ailleurs étalé plusieurs fois ce mois-ci, nouvelle preuve de son état désastreux. Il peine à redresser la barre. A se ressaisir, alors que les souvenirs tournoient dans son esprit.

La période de l’année n’aide pas non plus. Toutes ces familles qui crachent leur bonheur à l’approche de Noël, tous ces amis et ces proches qui rayonnent à l’idée de fêter la nouvelle année ensemble. Ses employés ne font pas exception. Ismahane retourne dans sa famille pour l’occasion. Nicholas compte passer les fêtes avec son compagnon, entre deux interventions d’infirmier. Brook vadrouillera à droite à gauche, de bar en bar surtout, comme à son habitude. Seul Murphy ne bouge pas vraiment. Il reste au club, sauf en cette soirée, où il épaule une association d’aide aux sans-abris.

Aldric est seul.

Le pire est bien sûr quand il s’imagine soudain passer les fêtes en compagnie de Dante. Ils auraient lu, échangé au sujet de leurs lectures, se seraient offert des livres.

Le verre vide le nargue. Il se redresse d’un bond, attrape son paquet et allume une clope. Le tabac ne le détend pas, mais il s’occupe, les mains, l’esprit. Peu importe quoi. Il ne veut pas trop réfléchir, se perdre dans ses pensées. Il ne peut pas. Alors il tire une longue taffe sur sa clope, exhale la fumée, tapote la cigarette contre le cendrier. Il balaie son studio du regard. Pas un bruit ne lui parvient du rez-de-chaussée ; le club a fermé depuis de longues heures, et aucun de ses employés ne se trouve dans les locaux. Dehors, des feux d’artifice retentissent pour célébrer la nouvelle année.

Le regard d’Aldric retombe sur la table. Il étudie cette carte étalée et coincée aux quatre coins par des verres et le cendrier. Chaque pays est numéroté à la main. Des dés l’attendent. Une nouvelle année pour une nouvelle identité. Aldric repart sur les routes, avec pour seule maison un sac sur le dos. Le retour de l’itinérance, de l’insécurité, mais cette liberté d’habiter partout et nulle part à la fois.

Il récupère les dés, les secoue dans la paume de sa main, puis les jettent. Les dés roulent sur la table. Il cherche ensuite le résultat sur la carte, met plusieurs minutes à le trouver au milieu de ses gribouillis chiffrés.

Une moue sceptique se forme sur son visage tandis qu’il son doigt sur sa nouvelle destination. La France. Il y a déjà mis les pieds, pour une poignée de semaines, des années plus tôt. Il a fait tache dans ce décor. Alors il modifie sa carte, note une autre série de chiffres et relance les dés. Le résultat affine sa destination, et un rire lui échappe quand il pointe l’île. Pas la métropole donc, mais la Réunion. La voisine de l’île Maurice, à trente minutes de vol en avion à peine. Il connaît bien le coin, et l’ironie le fait doucement rire. La coïncidence, surtout.

Il sait déjà quelle identité il compte endosser. C’est stupide de sa part, suicidaire presque d’employer ce patronyme, mais il s’en fiche. Au fond, il en a besoin. Se rattacher à des petits détails qui lui rappellent d’où il vient, et surtout, pourquoi il s’acharne à continuer.

Ajay Veerapen.

Un symbole. Un hommage au second homme qui a marqué sa vie, après Dante.

Toutefois, il délaisse le nom de famille Veerapen pour éviter une trop grande ressemblance. Alors il réfléchit à une autre possibilité, balaie ses quelques connaissances sur la Réunion, des visages qui ont pu lui laisser un souvenir. Il se rappelle cet homme qui l’a un jour accueilli pour une nuit alors qu’il séjournait vers Mafate. Qui lui a offert le gîte et le couvert sans rien lui demander du retour. Il se souvient encore de son cari délicieux

Ajay Tivari, donc.

Un gamin de Cilaos, qui a grandi dans les hauts de l’île en pleine cambrousse, et qui a voyagé dès sa majorité atteinte. Un gamin qui, comme tant d’autres, a sombré dans la criminalité à cause de la pauvreté locale. Un gamin qui serait devenu cuistot dans de meilleures conditions, mais qui a choisi la facilité par la force des choses.

Des grognements étouffés le tirent de ses réflexions. Aldric ne se précipite pas. Il tire à nouveau sur sa cigarette, puis ses yeux se déportent sur le côté. Un homme amoché ligoté et jeté au sol gigote pour se libérer, en vain. Leurs regards s’affrontent, mais il ne cille pas. Il sait ce qu’il a à faire. Ce qu’il doit faire. Il n’a pas d’autre choix s’il souhaite vivre tout en échappant à Rossignol.

Il ne connaît pas cet homme. Il sait seulement qu’il travaille pour Rossignol. Il n’a pas besoin d’en savoir plus. La proie parfaite pour ce qu’il s’apprête à faire en cette nuit de la nouvelle année. Une mort pour acheter un renouveau.

Il dépose sa cigarette dans le cendrier, puis s’approche de l’homme. Il croise son regard encore une fois, mais cette fois, délaisse toute sympathie. Il pénètre ses pensées, fouille son esprit en quête de renseignements dont il n’a pas connaissance, mais rien de bien intéressant. Il persiste, s’acharne, jusqu’à tomber sur un bambin qui refuse de manger sa compote. Aussitôt le lien se brise, Aldric recule, chancelant, et prend appui sur la table. Le choc bouscule ses pensées, passé et présent s’entremêlent. La douleur de la legilimancie brute s’immisce dans son crâne, frappe contre ses temps et l’immobilise. Le sol tangue. L’air lui manque, tandis qu’il mobilise dans un instinct de survie toutes ses défenses d’occlumens.

L’odeur de la clope titille ses narines. Ce tabac si particulier, qu’il importe parce qu’il ne le trouve pas à Londres. Seule l’odeur de la cigarette l’aide à fuir tant les entrailles de la cave que l’entrepôt désaffecté.

« Quand on a déjà du mal à maintenir un armistice avec soi-même, on ne se mêle pas de farfouiller dans la tête d’autrui. »

Il le sait. L’a toujours su, depuis gamin. Les principes de Rossignol se répercutent dans sa tête. Assourdissent le reste de ses pensées. Le calme de l’âme avant de pénétrer un autre esprit, pour ne pas risquer de se perdre. Pour être en pleine possession de ses moyens face à la tempête d’un autre esprit, pour désamorcer toutes les barrières.

Son calme a foutu le camp depuis des semaines. Il dort à peine, ressasse une vie qu’il pensait avoir enterré depuis des années. Sursaute presque à chaque mouvement d’ombre. A comme une envie de flinguer chaque oiseau qui vient chantonner à sa fenêtre au petit matin - et même à n’importe quel moment de la journée.

Alors la légilimancie se retourne contre lui, vive, cruelle, et un rappel cuisant de qui il est. De qui il tient. Malgré lui, les paroles empoisonnées de Fauvette s’incrustent dans sa mémoire pour mieux le hanter.

« Tu savais qu’un cancer diminuait grandement la fertilité ? Que Papa ait eu trois enfants tiendrait du miracle… Surtout vu la vitesse à laquelle l’hirondelle a changé de nid. »

Non. Il ne savait pas. Ne voulait pas savoir. A présent, il vit avec ce spectre dans son ombre, cette vérité qui le tourmente mais qui n’éclatera jamais à moins de confronter Hirondelle ou Rossignol. Ses mains se crispent contre la table. Il ressasse son enfance, cherche une preuve dans le regard d’Hirondelle. Le dédain. Le mépris. L’a-t-elle autant méprisé parce qu’il est le fils de son premier mari, celui qu’elle n’a jamais aimé ? Ou parce qu’elle a dû le faire croire toutes ces années ?

Puis ce vieux souvenir se rappelle à lui, ce jour où il a par mégarde retourné sa légilimancie contre Rossignol, parce qu’il ne contrôlait pas son don. Ce jour où, sur un coup de peur ou de colère, ou peut-être des deux, il a balayé l’esprit de Rossignol. Des pensées confuses, distordues, rapidement brisées par la lame de l’occlumencie. Des scènes de Rossignol et d’Hirondelle dans le même lit, bien avant le décès de son père. Des scènes intimes que son esprit d’enfant n’a jamais compris, mais qu’il cerne désormais.

La nausée le saisit, mais il s’accroche. Il écrase sa clope dans le cendrier, puis remue son studio. Il récupère ses armes, vérifie leur entretien, leur tranchant, et les range à leur place. Il a dû changer de pistolet depuis son affrontement avec le Rivers. L’a d’ailleurs enchanté pour éviter cette erreur de se reproduire à ses dépens.

Il balaie son studio du regard, s’assure qu’il n’a rien oublié. Voilà des jours qu’il prépare cette soirée si particulière, cette soirée du Nouvel An qu’il n’a jamais aimée.

Voilà des jours qu’il prépare soigneusement la mort d’Aldric O’Phellan.

Encore une fois. Au fond, il sait que cette mort n’est ni la première, ni la dernière. Il y a cru, pourtant, mais non. Les noms se succèdent et s’enchaînent sans répit. Ses efforts ne suffisent jamais. Le spectre glacé de Rossignol se glisse toujours dans son dos, à lui susurrer à l’oreille, et à le faire frémir de terreur.

Ce n’est jamais assez.

Il chasse ce pessimisme soudain, repousse l’envie de boire. Il attrape son manteau, puis range la carte et les das dans son sac, qu’il jette sur son dos. Il n’a besoin de rien de plus. Une dernière hésitation, un dernier regard. Il enclenche l’étape suivante de son plan. Il soulève son prisonnier, l’allonge sur le canapé et le pétrifie d’un sortilège informulé avant de défaire ses liens. Une mort pour une vie, voilà ce qu’il se répète tandis qu’il laisse une cigarette allumée dans le cendrier et qu’il allume le gaz.

Puis il se volatilise, réapparaît quelques rues plus loin. L’explosion du club L’Adamant se confond avec les feux d’artifice. Une explosion qui ne laisse derrière elle que des locaux calcinés et un corps non identifiable. Et si les autorités mènent une enquête pour l’identifier, Aldric leur a laissé de quoi conclure à la seule conclusion possible : Aldric O’Phellan est décédée à cause d’un accident domestique.

Il contemple un instant les flammes au loin. Pèse le poids de cette vie qui part en fumée, une vie qui a duré plus de cinq ans. Il a comme un pincement au cœur à voir cette vie s’envoler et se déliter. Des visages apparaissent dans son esprit, des visages qu’il ne croisera plus et qu’il devra faire en sorte de réapprendre à connaître si jamais il les rencontre de nouveau. Des visages qu’il s’efforcera de ne plus jamais croiser pour tourner définitivement la page. Ismahane. Brook. Murphy. Nicholas.

Alec devrait s’ajouter à cette liste, mais au plus profond de lui, Bryn en est incapable.

Il soupire, reste encore là une poignée de minutes. Puis Ajay se retourne et disparaît, indifférent à ce qu’il se passe à l’Adamant.

(c) Taranys
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Ajay « Aldric » Tivari
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