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Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum - Aldric

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Le Chaudron Baveur. :: « Allée des Embrumes »
Mer 10 Mai 2023 - 22:48

 06 décembre 2016



Les gouttes s’écrasent et résonnent sur les murs de pierre. À chaque chute, le son fait écho et claque sur chaque brique, chaque flaque, chaque foutue fissure de cette cellule. J’en connais par cœur les rainures, les creux, les bosses. Je sais la texture de la corde et l’odeur de vase de la geôle. Elle est devenue mienne autant qu’elle m’a fait prisonnier. Alors je sens la fibre sous mes doigts blessés. Chacune de mes plaies s’y accroche alors que j’y passe les phalanges. La douleur y est devenue une alliée, je l’attise ou la calme, j’interroge le chemin du serpent de flammes sans ma chair, je perçois chaque parcelle de peau qu’il brûle lorsque le sort avance au hasard pour me dévorer vivant. Ils font ça pour me rendre fou. Le hasard de la douleur, la faim, la soif, les gouttes qui tombent au loin et résonnent sur les nerfs de mon corps attaché. Je pourrais tracer chaque contour de ce trou sans en ouvrir les paupières, je l’ai tant fait. Je connais l’endroit exact où les arches brisées qui constituent le plafond perdent de leur inclinaison : l’eau s’y écoule en rigoles et durant le premier mois, je n’ai fait que compter le temps entre chaque goutte. Vingt-sept secondes exactement. A la fin, la durée s’était abaissée à treize secondes. L’hiver. J’étais là depuis six mois.

Six mois…

Et je parle au passé. Pourtant les gouttes s’écrasent. Leur bruit se brouille, le son enfle à mes oreilles. Mes bras tremblent, mes jambes ne me tiennent plus, la douleur pulse dans mes paumes percées. Ça vient par vagues, remonte mes nerfs, décale chaque os, tors chaque tendon, arrache la chair. Il y a vingt sept os. Les métacarpes humains… Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum. Je le sais. Je le sais aussi bien que je revois la lumière des torches dans le couloir, l’oscillation fébrile des lumos quand on vient me trouver pour une nouvelle séance et le son des bottes sur les pavés de Poudlard.

Je le sais. Car je ne suis pas là.

Pourtant la lumière passe sous la petite porte, elle balaye l’espace puis se picte de deux longues traînées sombres. Et le battant s’ouvre. Ça tremble sur les murs. Ça ne tremblait pas sur les murs. Trois gouttes se crashent sur mes épaules et encore une fois, il me semble qu’elle me percent et relancent la douleur dans mes paumes. Que j’ai mal putain… J’ai mal à m’en damner. Sous la peau du torse, les doigts, les paumes, la mâchoire, les poumons. Ça me brûle jusque dans mes prunelles et sillonne mes veines d’un feu infernal. J’ai mal. J’ai mal à en crever mais ils ne me laisseront pas faire. L’ombre entre, m’aveugle et le feu se change en marteau sous ma cornée. Ça me frappe, ça vrille sur le nerf optique et sans raison apparente, j’ai l’impression de me noyer. L’homme entre. S’approche. Il souffle un rire sur ma gorge et dans ma chair, le serpent s’agite comme s’il reconnaissait son maître. Mais ses maîtres sont légions et mon corps ne répond plus. Alors l’homme me fait face et sourit. Aucun visage n’est là pour me le confirmer, pourtant c’est certain, il sourit. Sa face lisse me rit à la gueule. Elle se délecte de mes plaies avec tant d’insistance que je sens la langue de son regard les lécher. Ça pulse plus fort de douleur, les pans de la peau se soulèvent, mon esprit vacille et les abysses de mon âme appellent à m’engloutir pou y échapper. Mais je ne le fais pas. Car le bourreau ne bouge pas. La douleur est fantôme. L’humidité des geôles, le souffle du boucher, la faim atroce sous mes côtes, la soif mordante sur ma langue, la plaie des chaînes et la menace des supplices à venir. Tout ça n’est que strige de mes sens malmenés par un esprit malade. Je reste immobile, contient la violence de la réponse qui boue dans mes veines.
Combien d’hommes et de femmes pourrais-je tuer si je laissais cours à ce qui bouillonne en moi ? Quel massacre le bâtard Rivers pourrait-il commettre ? A quel point pourrais-je être le monstre dont ils m’accusent depuis l’enfance ? Oh je pourrais. Je pourrais arracher tant de complaintes et de sang, je pourrais rendre palpable le regret de ne m’avoir tué quand j’étais à leur merci. Car ils m’ont eu. Faible et tremblant. Je n’ai jamais lâché un mot, craché autre chose que sang et rires saccadés. Mais il m’ont eu.

Et ils m’ont encore. Sinon je ne serais pas là, à contempler le visage du vice quand en moi la peur résonne. Le cœur s’affole, les oreilles bourdonnent, la douleur tonne. Ils m’enfoncent mille pieux dans les paumes, tranchent mes phalanges, calcinent ma chair. Alors je tremble encore, incapable de déterminer le temps qui me sépare des pierres humides de ma cellule du confort d’un lit dans la vieille Angleterre. Je cherche pourtant. Personne n’a idée du labyrinthe qu’est devenu mon esprit au fil des ans. Il m’a permis de m’y camoufler, d’endurer la douleur, de me sortir des geôles.

Alors comment avouer que j’y retourne ?
C’est cyclique. Le clapotis des gouttelettes me rattrape et d’un souffle sur ma nuque je me noie en enfer.

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum…

Je suis sorti de là. Ils m’ont sorti de là. J’ai ouvert les yeux à la Garde, pris une vie, on m’a immobilisé, paralysé. J’ai refait surface sans vraiment m’éveiller. J’ai mis des mois à refuser la lumière. Des mois à prévoir la fin. A jurer en silence de sauver Alec, d’achever mon existence par quelque chose de bien. Mais j’ai renoncé, par lâcheté et affection, pour un goût de la vie que je n’ai jamais eu et une rage de me battre qui m’avait pourtant quitté. Je suis en vie. Ailleurs.

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum…

J’ai appris d’autres choses que je ne savais pas à l’époque. Alors je me refais les livres de Sanae. Comment connaîtrais-je les potions adaptées au soin de la Scrofulite ou de la variole du dragon ? La physiologie moldue. Je connaissais les soins utiles aux blessures des jeunes, aux miennes, aux dangers quotidiens des duels. Mais pas ça. Non. Où aurais-je appris ce qu’est la cytokinine si Sanae n’existait pas ? Ça je le sais parce que je suis dehors. J’ai lu des auteurs moldus ces dernières semaines. J’ai vu des films. Regardé des séries. Je ne suis pas enfermé dans cette foutue tombe. J’ai seulement scindé mon esprit d’abysses et de recoins. J’y ai creusé des caves et des douves, j’ai sillonné mon âme de dédales pour y stocker chaque parcelle de moi. Et tant de légilimens s’y sont perdus. Derrière les murailles se trouve l’abyme. S’ils ne se sont pas fracassés sur les premières, il se sont perdus ensuite pour revenir bredouilles des donnés qu’ils venaient me voler. Certains s’y sont même égarés, peinant à revenir en eux-mêmes. En aurais-je rendu fous, même sans les attaquer à mon tour ?
Oui… oui, j’ai fait ça. J’ai brisé tant d’âmes. Rendu coup sur coup. Ils ont enfermé le monstre mais ne l’ont pas dompté.
Vous ne m’avez pas.
Vous ne m’avez pas.
Vous ne m’aurez pas.
Jamais.

Alors lentement les cachots s’effacent et mon corps re-parait. Le cottage est calme, noyé dans les ombres. Les bruits de la nuit ne me parviennent pas, seules les gouttes tombes des caveaux quelque part dans mes souvenirs. Mais ça va revenir. Pas ma première excursion en enfer. Pas la dernière. Ça reviendra.
Ça coule dans mon dos quand je me redresse. Et je crois que je serais incapable de savoir s’il s’agit de sueurs froides ou d’une vue de l’esprit. J’essaie de rester rationnel. Je crois l’être d’ailleurs.

Je crois l’être, toute la journée.

Je me suis levé, ai pris ma douche, raccroché petit à petit avec la réalité. Mais le bourreau n’est jamais loin. Son souffle sur ma gorge. Le clapotis de l’eau, l’humidité sur ma peau. Horaires ou problèmes au boulot : qu’importe, de la journée, Sanae n’a pas eu beaucoup de temps libres. Et je n’ai eu que le temps de m’interroger de sa présence. Etait-elle véritable ? N’était-ce pas ça le jeu de mon esprit ? Aurais-je inventé toute l’histoire avec Kezabel, l’accident avec le vampire, voire même la relation entre Sanae et Margo, une femme que j’ai engagé trois ans auparavant, et qui faisait partie des gardiens que j’ai instauré à Poudlard. La Garde ne découle-t-elle pas de cet ordre là ? N’ai-je pas inventé tout un monde pour me maintenir à flot pendant que mon corps, lui, est soumis à la torture ?
Chaque interrogation a pris sa place dans mon subconscient. Contre chacune, je me suis battu. A chaque fois, j’ai trouvé la parade, forcé le réel à revenir, choisi lequel était celui qui me convenait le mieux. C’est un procédé aliéné, j’en ai conscience. Alors durant toute la journée, je me suis accroché à ce qui faisait sens. Pourquoi j’aurais imaginé une telle relation avec une femme que je n’ai jamais vu ? Pourquoi lui aurais-je instigué une relation avec une employée pour qui j’éprouve du respect ? La situation d’Alec ou même le départ d’Aileen, celle avec qui j’ai partagé un semblant de relation durant six ans, ça ça fait sens, même pour un esprit malade. Mais pas le reste.
Je me suis accroché, jusqu’à ce que le réel ne me rattrape par lui-même : elle seule sera capable de comprendre à quel point je perds pied par moment. Avant son retour, il me faudrait retrouver la stabilité, percer la surface, me réaligner.

Alors j’ai fait ce que je n’aurai pas dû faire.

J’ai pris le large, rassemblé les informations que j’avais, déterré mes démons et rejoint les quartiers sombres de Londres. J’ai juré. Non avec les mots, mais avec sincérité malgré tout, de ne plus laisser Sanae de côté. De lui laisser un espace, une place auprès de moi. C’est là sans doute la pire des hypocrisie.
La pensée est venue puis repartie. Je pourrais affirmer avoir été parfaitement ailleurs, bien trop profondément enfouis que je n’ai jamais trouvé le chemin vers ces pensées. Ce serait faux. Elles ont existé, aussi bien que j’ai su faire comme si durant le peu de temps où nous nous sommes croisés. Ces mots-là, ces sensations d’appartenance et de responsabilité vis à vis de l’autre n’ont pourtant jamais réussi à surnager. Ils ont été engloutis, rongés, happés par le bruit des gouttes qui éclatent la pierre et les os. Ils m’ont brûlé à l’acide chaque fois que j’ai tenté de m’y accrocher. M’ont noyé, chaque fois que je les aient entraperçus. Mais ils étaient là. Je n’ai simplement pas eu la force d’y croire. Ou le désir de le vouloir.
Pourtant de désir, il y en a eu.

Celui de détruire.

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum…

Le bruit de l’eau cogne sur la pierre. Mes talons l’amplifie, brouillent les flaques, fissurent les pavés. Si je baissais les yeux, je verrais la chaussée londonienne intacte. Sans doute sèche, d’ailleurs. Mais je suis incapable d’y penser. Incapable de voir véritablement les hautes bâtisses entrelacées ou les sorciers qui passent ici et là, capuches rabaissées - il pleut peut être finalement - regards fuyants. Si je fixais leurs visages, j’y verrais le même, sans cesse. Je sais. J’ai essayé. Alors j’avance. Je plonge mes mains dans mes poches comme le môme que je ne sais protéger. Comme si je pouvais cacher du regard d’autrui le sang qui les maculent. Mais si des morts jonchent bien une maison un peu plus haut dans la rue, les gouttes ne m’ont pas atteint. Tout au plus quelques unes, sur la joue, que j’ai effacées je crois. Je crois. Peut être pas. J’avance dans une des venelles aux abords de l’allée des embrumes. C’est pas ce qui perturbera le plus les passants. La gueule du type le plus recherché du coin, sans doute un peu plus.
On m’arrête, d’ailleurs. Une main sur l’épaule, ma tronche placardée sur un mur non loin. Le type recule, comme électrocuté. Ça brûle dans mes mains, vibre dans mes veines. L’électrocution n’était pas feinte.
Je me dégage, le pousse, frappe le pavé et bifurque. Les ombres me happent, je passe une arche, puis une autre, emprunte une ruelle et la suivante jusqu’à m’arrêter dans une traboule.
Une porte. Un hall. Trois couloirs. De l’eau au sol. Le ploc régulier. La force de l’habitude.

Je sais que je confonds tout. Réel et passé. Méandres et abîmes. Je sais. Tout autant que j’ai conscience que le temps m’atteint de façon anarchique. Un peu comme lorsque le pur feu vous inonde les veines et que le cerveau n’arrive plus à suivre. Ma journée n’est qu’un enchaînement de flashs informes sans grande continuité. Sans doute un jour a-t-elle été continue et logique. Ou peut être le deviendra-t-elle demain. Pour l’heure, tout est haché et j’atteins la gorge d’un type sans véritablement savoir comment j’en suis arrivé là.

J’ai la sensation d’une rigole d’eau dans le dos. Illusoire, je m’en doute, mais elle me vrille les nerfs malgré tout. Deux hommes au sol, l’un d’eux ne se relèvera pas, le second tremble dans un coin, le regard vague, la peau si grise qu’elle en a pris des teintes olives. Et puis il y a lui. Son visage tremble, semble par moment se décoller de ses propres os. Ridicule petite chose. Ils sont étranges, ces bourreaux. La pièce a beau s’étendre vers le haut, s’étirer et perdre ses murs peints de rouge pour m’être perçu comme le boyau d’une grotte sombre et humide, lui ne change pas. Et oui, ils sont étranges ces bourreaux. Là-bas, ils souriants ou crachaient. Ils suintaient - comme les murs - et rougissaient de rage. Mais là… là… là il n’est rien.
Ce visage pourtant, je pourrais le dessiner avec toute la précision d’un peintre, bien que je n’en ai pas le talent. Les dents en avant, étrangement petites, deux yeux enfoncés dans leur orbite, un liseret doré sur des prunelles de jade, étrangement beau derrière la rage tonique qu’ils ne cessent d’exulter. Menton pointu assorti d’une fossette, cheveux châtains, toujours rejetés en arrière, larges fentes dessinées par le creux des joues. J’y enfoncé à présent un pouce, presse la peau meuble, y voir le sang refluer. L’homme semble chétif à présent. Et pourtant je n’ai jamais été particulièrement massif, moins encore après six mois privé de mouvement et d’alimentation et ce… ce même si tout ça date d’un an. Un an. Tu m’as tenu en joug pendant un an. Tes yeux de fouine, ton pas alangui, tes sifflements qui claquent sur les murs de pierre à chaque arrivée. Un parmi d’autres.

Un parmi d’autres qui ne verra pas la lumière se lever à l’aube.

Sauf qu’avant d’être mon bourreau, il a été l’un des types qu’enfant, j’ai tenté d’impressionner. Le genre à agir sous les ordres de mon père, donc à m’en donner tout autant. Le genre qui me faisait peur.
Qui m’a toujours fait peur. Même dans ce cachot.
Surtout dans ce cachot.

Et qui tremble maintenant. Qui tremble si fort sous mes doigts blessés. Sa gorge se tord, sa glotte se soulève. Il geint. Supplie. J’entends pas mais il le fait. J’entends rien en vérité, mais je me vois sourire. Je sens mon esprit se glisser comme une langue dans le sien. Il sait ce dont je suis capable. La violence avec laquelle je vais faire imploser chacun de ses souvenirs, chacune de ses pensées. Je serais dans ses joies et ses peines, ses échecs et ses réussites. De son enfance à ses rêves les plus secrets.
Et j’y détruirai tout.

Jusqu’à ce qu’il ne reste pas la moindre parcelle d’âme en lui. Je serais partout. J’exterminerai la moindre forme d’humanité en lui.

Alors la glotte tressaute plus vivement encore sous ma paume. C’est lui qui les a percées, lui qui m’a hissé sur une croix pour me crucifier. Lui qui a coupé ma première phalange, arraché mon premier ongle. Lui… Qui halète pourtant sous ma poigne.
Le plus amusant dans tout ça, c’est que je n’ai pas de poigne. Je lâche les verres quand je les porte à mes lèvres, je suis incapable d’écrire et tenir une baguette me demande une concentration de chaque instant. Je n’aurais que deux mains inertes et inutiles si je n’avais pas appris durant ces FOUTUS six longs mois à projeter ce qui palpite actuellement sous le bois. La magie, ça s’utilise autrement.
Eux m’ont appris à le faire.

Alors ils mourront par elle.

Il y a autour de son corps des stries d’argent. Bloqué, ciselé, ça s’enfonce à chaque instant un peu plus profondément dans sa chair comme il me l’a fait durant les premières semaines d’enfermement. La peau tire, lutte, les muscles s’écartent, les os grincent. Et puis ça fini par lâcher. Ça se fend comme une lame. Il le sait, l’a vu, devine les marques sous mes vêtements, imagine son corps d’ici quelques minutes. Il sait que je pourrais utiliser le serpent de flammes, que je pourrais tordre chaque foutue parcelle de son corps pour rendre justice au mien. Mais il sait aussi que son âme entière explosera avant que la viande de sa carcasse ne le fasse. Les murs sont de nouveau des murs.
Mes doigts se resserrent sur la baguette, son corps se crispe, je coule jusque dans ses pensées les plus intime et vole chaque morceau de son existence. Puis je m’ébroue, fouette son âme, la lacère. Il hoquette. Hurle.

Et se tait.

Non pas happé par la mort, mais seulement par la surprise ; la mienne.

Un homme est entré.

La rage me poignarde les côtes d’une frustration atroce tandis que les gouttes cognent de nouveau mes tempes. Une fraction de seconde suffit avant qu’un sort ne fuse vers le type, offrant à mon bourreau quelques battements de cœur supplémentaires.

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum…

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M. Logan Rivers
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M. Logan Rivers
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M. Logan Rivers
Lun 22 Mai 2023 - 10:01

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum


🙤 Londres
🙤 6 Décembre 2016

 ft. @M. Logan Rivers
« J’espère qu’il sera libre un jour. »

La cigarette entre les doigts, vautré sur une chaise de son studio au-dessus de son club, Aldric fixe le plafond grisâtre. Son regard se perd sur les taches sans s’interroger sur leurs origines, tandis que ces quelques mots tournent en boucle dans son esprit. Ils se répètent, inlassablement, sans jamais varier d’un iota. Tout y est ; les paroles, le ton, la gestuelle, ce regard, et surtout ce fin sourire, malgré la douleur qui se lit sur son visage. Le libraire n’a jamais cédé. N’a jamais renoncé à ses convictions, peu importe qu’il soit roué de coups, que sa librairie ait brûlé. Il savait ce qui l’attendait, mais il n’a pas renoncé. Il a cru jusqu’au bout, et à présent, ce souvenir hante son ancien protégé. Aldric n’a même pas besoin de fermer les yeux pour entendre sa voix, ses derniers mots, ou revoir ce fin sourire tordu par la douleur. Puis le choc froid de Fauvette, qui manque de perdre pied face à cette attitude, et qui l’exécute sans plus attendre pour garder contenance. Rossignol qui la félicite, l’air mauvais. Rossignol, satisfait d’enfoncer toujours plus profondément ses serres dans ses pantins désarticulés.

Depuis sa confrontation avec Fauvette dans ce local, il ne se passe pas une journée sans qu’Aldric ne songe de nouveau à ce souvenir précis. Un disque rayé dont il ne se sépare pas. Un disque rayé qu’il continue de visionner, alors même qu’il le connaît par cœur.  

Puis vient la peur. Les sueurs froides. La terreur d’être éliminée pour cette exécution, parce que Rossignol s’est joué d’elle toutes ces années durant. Il lui a fait croire qu’il savait, alors que Bryn n’a jamais soupçonné l’implication de Fauvette dans le meurtre du libraire. Il a toujours considéré Rossignol comme seul responsable. L’a toujours imaginé comme celui qui avait appuyé sur la détente. Pourquoi aurait-ce été Fauvette ?

A présent, il doit composer avec la vérité. La cruelle vérité, celle qui remet tout en perspective.

Aldric tire une taffe sur sa cigarette, tout en douceur ; un geste presque décomposé.

Et maintenant ? Il est trop tard pour haïr. Il a passé l’âge, aussi. Rossignol a écopé de toute sa haine pour la mort du libraire, parce qu’à défaut de tirer, il en a donné l’ordre. Il a ordonné à Fauvette de le passer à tabac. De l’exécuter sans le moindre remord. Aldric a beau n’avoir aucune considération pour Fauvette, elle n’a pas fait qu’obéir dans ce cas précis – même si cela ne la pardonne pas pour toutes les horreurs qu’elle a pu commettre par le passé. Il n’oublie pas qu’elle l’a trahi à plusieurs reprises, lorsqu’ils étaient enfants. Parce que c’était plus simple pour elle. Moins dangereux. Moins douloureux.

Fauvette a souffert à cause de son don. A subi les entraînements propres à son don et à la mafia de Rossignol. Rien d’autre. Elle n’a pas subi la colère de Rossignol parce qu’elle était une héritière en carton-pâte ; elle n’a jamais été l’héritière de la famille. Par la force des chances, Mésange a enduré davantage, parce qu’il était censé reprendre la suite de Rossignol.

Elle n’a pas subi les conséquences de la fugue.

Le jeu n’en vaut pas la chandelle, il le lui a dit, alors même qu’il a passé ces dernières années à fuir. Parce qu’il n’a pas d’autre choix. Parce que dans son cas, c’est toujours mieux que d’être capturé à nouveau.

Et pourtant… il prend désormais des risques inconsidérés, à croire qu’il méprise le danger. Il devrait être loin, ne plus s’appeler Aldric O’Phellan, mais il est toujours là. Toujours sous le nom d’Aldric, toujours propriétaire d’un club.

Un soupir ; une autre taffe.

Il aurait dû tuer Fauvette, pour des tas de raisons d’une logique évidente. Il aurait dû la tuer dans ce local. Se débarrasser d’elle, puis réduire son corps en cendres, et jeter les cendres dans la Tamise. Tout comme il aurait dû oublietter Alec tant qu’il le pouvait. Il le peut toujours, concrètement. Tout effacer, puis disparaître ensuite. Fuir avant qu’il ne soit trop tard.

Car au mieux, il finira comme le libraire. Au pire… il n’aura jamais autant détesté le chant du rossignol.

Il écrase sa cigarette dans le cendrier dans un énième soupir. Il se redresse, le corps las, l’envie de frapper un mur qui lui démange les poings. Brook ou Murphy ne lui refuseront pas un combat s’il leur demande, mais Aldric sait très bien que cela ne lui suffira pas. Il cherche l’ivresse de l’adrénaline, celle qui lui fait tout oublier, et il se rappelle alors sa conversation avec Riley, ce petit chaton perdu dans son club. Oublier ne résout rien, car cette solution n’est que temporaire. Tôt ou tard, les souvenirs reviennent, accompagnés de la cruelle vérité. Fuir ne résout rien non plus, mais Aldric s’entête depuis des années. Il passe son temps à fuir, à changer d’identité dès qu’il pose ses valises dans une nouvelle ville. Il a perdu le compte de tous les noms qu’il a endossés au cours de ces dernières années ; des noms qui n’ont plus de signification à ses yeux.

Depuis quand est-il aussi lâche ? Ou, au fond, peut-être l’a-t-il toujours été. Incapable d’assumer ses responsabilités. De satisfaire les exigences de Rossignol. Incapable de confronter la réalité droit dans les yeux.

Le pas lent, Aldric attrape son manteau, l’enfile sur ses épaules sans se soucier de la nuit qui règne dehors. Il n’a jamais connu d’heure pour sortir. Il a toujours vécu selon les impératifs qui se présentent à lui. Combien de fois surtout Rossignol l’a tiré du lit parce qu’il avait besoin de sa legilimancie ? Parce qu’il comptait le former, le pousser à répandre le sang pour le besoin de la famille ? Aldric n’a jamais tenu le compte ; il l’aurait perdu depuis trop longtemps.

Les gestes sont mécaniques, non réfléchis tant ils sont habituels. Après le manteau viennent les armes, chacune d’entre elles. Les couteaux, cachés dans les plis des vêtements, puis les deux accrochés à sa ceinture ; le pistolet, et les trois chargeurs rangés dans les poches de son manteau ; la baguette, dans une autre poche. Il vérifie la présence de chacune de ses armes, constate le tranchant de ses lames, nettoie son pistolet au numéro de série rayé. Des précautions qui s’accumulent jour après jour ; des précautions qui le rassurent, qui lui confèrent un sentiment de préparation. D’assurance. Il est rôdé pour ce qui l’attend dehors.

Même s’il sait, au plus profond de lui-même, qu’il ne sera jamais prêt face à Rossignol.

Ses vérifications terminées, il jette un œil aux liasses de papier posées sur la table de son studio. Des feuilles gribouillées au stylo bic ou au marqueur, des photos en pagaille avec au dos l’inscription du lieu et de la date. Un suivi méticuleux, une traque longue qui l’a forcé à user de ses réseaux moldus comme sorciers dans les rues sombres de Londres. Quand il observe ce dossier épais, il se rappelle cette femme qui a su retracer sa piste des semaines plus tôt. Cette femme qu’il a enlevée, puis séquestrée pour ensuite pénétrer son esprit en quête de la moindre petite information. Il l’a ensuite oubliettée, et jetée dans la rue, amnésique ou presque. Il se rappelle Fauvette, qui l’a filé pendant des semaines à son insu à cause de son don de métamorphomage, qui a approché Alec afin de l’atteindre. Rossignol se rapproche, toutes serres dehors.

Ses yeux traînent alors sur le maigre mobilier du studio, puis vers la porte qui donne sur les escaliers du club. Il n’existe qu’une seule solution à tous ses problèmes qui s’accumulent, et il le sait. Seul l’attachement l’empêche de passer à l’action.

Ce même attachement qui lui fait dire que son idée de poser ses valises le plus longtemps possible à Londres était vraiment une idée de merde.

Mais claquer la porte une nouvelle fois ? Tourner les talons sans se retourner, quitter l’Angleterre pour entamer une énième vie dans un énième autre pays ? Le doute l’envahit. L’hésitation empoisonne ses décisions. Le visage d’Alec se superpose à celui du libraire. Il a promis de l’aider, même s’il est sans nouvelles du gamin depuis un mois. Peut-être ne veut-il pas de son aide, et que peut-il faire dans ce cas ? Attendre ? Le libraire a attendu des années, en vain, et il en est mort. Aldric n’a pas le luxe d’attendre.

Un autre regard vers son studio. Combien d’heures a-t-il passé à comater sur ce canapé, entre deux sorties nocturnes pour ses activités illégales ? Un semblant de vie ‟normale” qu’il affectionne, qu’il a façonné pour lui-même, et non pour Rossignol. L’idée d’exister au-delà des manigances des serres de cet homme.

Encore un soupir. Il quitte les lieux. Il reviendra, mais il sait qu’il devra les quitter pour toujours. Dans son esprit, les engrenages s’enclenchent et s’agencent entre eux. Le plan apparaît dans sa tête ; une énième stratégie pour disparaître aux yeux des tout-venants.

Mais pour l’heure, Aldric se focalise sur le plus urgent. Il visualise à nouveau sa liasse de documents alors qu’il avance d’un pas rapide dans les rues noires de Londres. Il profite du couvert de la nuit et de la pluie pour traquer sa proie, aussi parce que ses informations lui indiquent que selon toute vraisemblance, sa cible se trouve dans le coin en cette soirée. Une quelconque affaire l’amène dans le secteur, probablement pour le compte de Rossignol qui tente de s’implanter dans la capitale britannique, mais il n’a pas creusé la question. Il se fiche bien des affaires de Rossignol. Il n’a pas besoin de savoir pour pressentir le danger et l’éviter, quitte à fuir.

Avec ses renseignements en tête, il retrace la piste de cet homme de main, s’étonne toutefois de ne pas l’apercevoir sur la terrasse d’un café où il aime se rendre. Aldric fronce les sourcils. Quelque chose cloche. Un imprévu. S’est-il rendu compte de la filature de ces dernières semaines ? Ou s’agit-il d’autre chose ? L’homme est britannique, un homme corrompu à la cause de Rossignol ; pas l’un de ses hommes durement acquis à sa cause. Peut-être possède-t-il d’autres allégeances, d’autres affaires en cours qui ne concernent pas Rossignol.

De manière méthodique, Aldric tend l’oreille, arpente les ruelles voisines dans l’espoir de retrouver sa trace. Il pourrait revenir un autre soir, mais son instinct lui souffle que s’il ne le trouve pas maintenant, il ne le retrouvera jamais. Londres n’est pas une ville paisible, à l’abri du danger. La lie criminelle se dissimule dans les ombres, sans parler des hommes de main des Supérieurs qui imposent leur loi au nom de la supériorité du sang.

La rumeur d’un affrontement ne tarde pas à gagner ses oreilles alors qu’il s’aventure dans des ruelles désertes, à l’écart des avenues passantes. Des coups, de la magie, des cris. La main d’Aldric ne se précipite pas sur sa baguette, mais sur son revolver. Les sorciers négligent toujours la puissance des armes à feu, pensent pouvoir se protéger à l’aide d’un simple protego alors que les balles n’ont rient de magique.

Dans la nuit, Aldric ne reconnaît pas le deuxième homme, celui qui croit bon d’attaquer sa cible, celle qu’il traque depuis des semaines. Sa poigne se crispe sur la crosse, puis il esquive le sortilège qui fuse droit dans sa direction. Il étouffe un juron. Attraper l’homme de main de Rossignol, même simplement le toucher, puis transplaner. Transplaner loin de la menace, et poursuivre ses plans comme si de rien n’était.

Un espoir surréaliste.

Les réflexes prennent le pas dès la première esquive. Pistolet dégainé, un tir, quelques pas, un deuxième tir. Deux balles qui fusent droit vers cet intrus qui bouleverse ses plans, tandis qu’Aldric gagne du terrain vers sa proie. Sa main gauche a aussi récupéré sa baguette, parce que sous-estimer son ennemi serait une erreur stupide. Être ambidextre. Savoir utiliser un pistolet et une baguette en même temps ; un savoir-faire propre à Rossignol. Un équilibre entre le dégoût lié à la personne derrière cette technique et le besoin de survivre.

Il tire à nouveau. Se rapproche encore. Plus que quelques mètres. L’homme l’a reconnu, s’il en juge son regard, mais Aldric ne s’en soucie pas. Il reste vigilant quant aux prochaines actions de l’inconnu. Se rapprocher pour atteindre sa cible accroît les risques, il en a conscience. Il redoute le prochain geste de l’inconnu, qui ne restera sans doute pas en reste. Aldric se fiche d’encaisser des coups ou un mauvais sort, tant qu’il parvient à son but.
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Jeu 8 Juin 2023 - 14:27

 06 décembre 2016

Derrière, la porte s’ouvre. Les murs rouges s’allongent, le battant fait un bruit de ferraille, l’ombre se projette un instant sur de la terre qui n’existe pas sous mes semelles. Je le sais par Morgane ! Alors pourquoi mes yeux se refusent-ils d’y voir autre chose que de la terre battue ? Les murs suintent, l’eau me pique la peau. Rien de tout ça n’existe. Seule cette glotte qui bat ma paume à mesure qu’elle tressaute, seule elle existe véritablement. Pas d’eau qui suinte du plafond, pas à l’intérieur d’une habitation. A droite, j’ai distingué des chaudrons, on doit être dans un vestibule, une pièce organisée pour les potions. Qu’importe, seul ce type m’importe. Les deux autres étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Peut être ne sont-ils même pas des hommes. Peut-être est-ce sa femme, sa fille. Qu’importe, ils n’auraient pas dû être là. Leur faute. Petites choses sans cervelle.
Volte face. L’ombre devient homme. Un homme armé.

Arme à feu, non loin de l’allée des embrumes ? Y suis-je seulement ? Un instant le sens m’échappe, l’instantané prend le dessus : un sort part, l’autre esquive, engage la crosse, le canon. Tire. Pas la première fois, j’espère pas la dernière. Pas vraiment une habitude non plus cela dit. Malgré tout, lorsque la détonation tremble dans l’air, j’apparais à un mètre d’écart et c’est mon bourreau que traverse la balle.
Seconde. Le temps de rien : coup de chance, mal visé, c’est un meuble qui prend derrière moi. Un meuble. La pièce redevient pièce, la grotte disparaît. Alors tant que l’autre dégaine sa baguette et tire une fois de plus, il y a un sourire pour conquérir mes lèvres. Un feu à brûler mes entrailles. Comme celui qui s’engage dans le canon pour la troisième fois, il crame d’un plaisir sournois dans mes rétines. De nouveau, je disparais, pour apparaître plus loin. De nouveau, la balle se fiche dans le plâtre d’un mur. Derrière lui, les surfaces rouges  brillent encore mais ont retrouvé une taille plus habituelle. Une texture plus ordinaire. La geôle n’est pas loin, mais elle recule. Le battement des gouttes sur le sol n’existe plus : il n’y a que l’odeur du souffre, celle de la poudre, le sifflement des coups de feu que les murs renvoient encore.
Alors je projette, la magie part comme part d’ordinaire la légilimencie. Meilleur espoir de sa génération ont-ils dit. Plus forte puissance de feu, certain l’ont clamé. Tous, ont fini par craindre ce qu’ils ont désiré. Non, ce type je ne le reconnais pas, mais sortilège informulé, sans aucun usage de baguette :  l’invisible magie part, passe dans la glissière, remonte le canon, fusionne la plaque d’impulsion et la prochaine balle.
S’il tire : l’ensemble  lui explose à la gueule. Ses balles, j’aurais été incapable de les arrêter autrement. Trop rapide, trop puissant. Trop précis surtout. Garder ma mobilité et construire un bouclier serait incompatible, quant à dévier leurs trajectoires, je n’en ai pas l’habileté. Pas sans baguette. Alors ma main vole déjà pour l’attraper et la luminosité baisse d’un cran dès que mes doigts s’enroulent autour. T’as aucun moyen de deviner la métamorphose dans la chambre de ton arme. Aucun moyen de me devancer. J’te connais pas, mais par défaut tu es un ennemi.
Un ennemi que j’apprécie. Il fait fuir mes démons les plus profonds et réveille la flamme de l’affrontement dans mes veines.

Es-tu avec lui ? Avec mon père ? Les Supérieurs ?

A vrai dire ça ne fait pas la moindre importance. Le temps d’échanger quelques sorts offensifs avec toi, autre chose se trame dans ta nuque. De larges fumerolles glacés ont enroulé tes membres et glissé autour de tes jambes, sous ta chemise ils passent leurs doigts, brûlent ta chair, glissent jusqu’au tour de ta gorge. Plus que quelques mètres hein ? Mais ça, ça s’accroche à ta peau et la tire comme des hameçons, ça déphase chacun de tes sorts, désamorce les premiers sorts auxquels tu penses pour les défaire. Magie noire. Le genre qu’on n’apprend pas si aisément. Le sourire s’élargit. T’es à quelques pas du type qui geint au sol, rampe vers sa baguette. Tu veux poser ta main sur lui et transplaner au loin, c’est ça ?
Le sauver ?

Je lève la baguette. Et soudainement ce ne sont plus les coups de feu qui emplissent l’air : c’est un craquement mat, puis humide. Ça part des cuisses du type, remonte sur son coccyx puis gravit toute sa colonne vertébrale comme le ferait une fermeture éclair : les vertèbres du type viennent de se fendre les unes après les autres.

“M’empêcher de profiter de sa mort est criminel.”

Sans cesse, les sorts partent, s'échangent, s'enchaînent.

Vas-y, tire ta quatrième balle.

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M. Logan Rivers
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M. Logan Rivers
Ven 23 Juin 2023 - 14:04

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum


🙤 Londres
🙤 6 Décembre 2016

 ft. @M. Logan Rivers
Aucune de ses balles ne fait mouche. Un terrible constat l’envahit. Le doute l’assaillit. Il serre les dents. A-t-il rouillé ? Est-il seulement de faire face à Rossignol ? Aldric n’a déjà guère d’espoirs quant à ses chances de réussite, il sait qu’il ne peut pas lui faire face, mais là, la preuve flagrante lui glace les sangs.  Trois tirs précis, trois tirs calculés pour mettre hors de nuire cet homme dont il ne sait rien, et dont il se fiche, mais aucun ne touche sa cible. Il échoue avec une action si simple.

Malgré ses activités criminelles, son quotidien londonien est plutôt tranquille. Il ne participe pas aux combats de rue, ou aux rixes avec les gangs rivaux. Il se tient à l’écart des ennuis. Les missions de la Garde manquent de challenge. Il est informateur après tout ; il se tient dans les ombres, ou en pleine lumière sous une fausse identité, mais rien ne le pousse d’ordinaire au combat. Il maintient certes sa forme physique au club, mais ces combats n’ont rien d’expérience réelle. Ce sont des entraînements. Des compétences amicales. Sur le ring, personne ne risque la mort à la moindre erreur. Personne ne risque d’être capturé, ramené au pays, et torturé pendant des heures et des heures, entre les mains d’un bourreau qui hante vos nuits depuis des années.

La bile amère remonte dans sa gorge. Le constat l’effraie. L’espace d’un instant, il songe à déguerpir. Tant pis pour les informations ; de toute évidence, l’homme qu’il traque est un homme mort. Son problème disparaît, retour au calme. Alors pourquoi s’acharner ? Cette ordure rudement bien gardée n’en vaut pas la peine. Tant pis pour l’image qu’Aldric renverra. S’acharner ne sert à rien. La victoire n’apporte rien. Autant se replier avant de risquer des dégâts douloureux et dangereux pour la suite des évènements.

Mais la fuite n’est pas une option. Son adversaire lui refuse cette option. Les sortilèges offensifs fusent, se brisent contre les barrières magiques. Il ne lui laisse aucun répit. S’il transplane à cet instant précis, il risque à coup sûr d’être touché car il sera obligé de relâcher ses défenses. Et des crépitements qui se heurtent contre son bouclier, Aldric n’a aucune envie de prendre de plein fouet l’un des sortilèges de cet homme.

La brûlure glacée affaiblit soudain ses défenses, et il recule de deux pas pour se protéger. Des fumerolles l’entourent, phénomène peu naturel dans ce bâtiment désaffecté. En zone moldue, Aldric aurait pu accorder le bénéfice du doute à des composants chimiques laissés à l’air libre en toute absence de sécurité, mais l’Allée des Embrumes ne correspond guère à la définition de “zone moldue”. Un maléfice est à l’œuvre, cuisant, retors. Les fumerolles s’accrochent à sa peau, enlacent ses membres, et déséquilibrent ses gestes. Ses sortilèges ne font l’effet désormais que d’un pétard mouillé. Il peine à se mouvoir, tout juste esquive-t-il les assauts et se maintient en vie et entier. Son ventre se serre alors qu’il se débat pour se libérer des entraves du maléfice. Magie noire. Aldric ne fraie pas avec ces milieux, une ligne à ne pas franchir qu’il s’impose depuis des années, depuis sa fuite en vérité alors même qu’il a déjà côtoyé la magie noire au quotidien. Rossignol ne se prive pas quant aux ressources à employer. Combien de fois a-t-il répété à ses enfants que la magie noire en tant que telle n’existe ? Qu’il n’existe qu’une seule magie, universelle, dont les usages sont aussi variés que bénéfiques ou dangereux ? Et pourtant, Aldric s’est toujours tenu éloigné de la magie noire, alors même qu’il a grandi avec ces principes. La magie noire laisse des traces.

Ces fumerolles glacées ne feront pas exception.

L’habitude des combats avec Rossignol ressurgit. Ces entraînements qui n’en étaient pas, trop violents, trop cruels. Des “entraînements” qui n’en ont eu que le nom, aux erreurs douloureuses, marquées au fer rouge. Alors Aldric fait fi de la douleur, des brûlures, pour se dégager de cette étreinte dangereuse. Il lutte, la mâchoire serrée, un dernier effort pour atteindre sa cible et transplaner avec elle. Il prend un ultime risque, malgré toutes ces précédentes réflexions, parce qu’il a besoin de ces informations.

Les craquements des os interrompent les échanges de feu. Les os se brisent, fracassés par une magie sordide, par un homme tout aussi sordide. Aldric fait volte-face, change ses plans. Détourner l’attention, le distraire la poignée de secondes suffisantes pour se volatiliser. Alors il se recule d’un pas, braque son pistolet sur sa nouvelle cible, et tire.

Seuls ses réflexes forgés dans le sang lui offrent la chance de dresser un bouclier entre son arme et lui pour se protéger de lui. Au moment où il a pressé la gâchette, le déclencheur a résonné de manière étrange. La sensation n’a pas été la même, sans aucune explication. Ce pistolet, il l’a nettoyé une heure plus tôt, avant de quitter son studio. Il en connaît chaque pièce dans le détail tant il le choie depuis des années. Cet incident est tout sauf naturel.

Toutefois, bouclier ou non, l’explosion le souffle. Projeté en arrière, épargné de la majeure partie des dégâts malgré tout, il heurte un mur. Sonné. Coincé. La situation précaire par excellente qu’il préfère éviter à tout prix.  
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Lun 10 Juil 2023 - 15:03

 06 décembre 2016

Je le tiens. Il n’en sait rien encore, mais les sorts se referment sur lui. Chaque erreur nourrit ma réponse. Chaque coup se retournera contre lui. Tout de suite ou dans quelques minutes, moi blessé ou non, qu’importe : je le tiens. C’est dans mes veines une lave froide, un désir brûlant de briser l’autre, de tordre le fer et de relever le défi. Malsain, oui, sans doute. Mais tu ne m’auras pas. Ni toi ni les autres : je passerai de nouveau au travers des balles et des morts.

Sur ce champ de bataille, je contemplerai les morts.

Ils sont si nombreux, ceux qui ont cru m’enfermer. A enfermer mes poignets, exploiter jusqu’à la puissance d’un regard. Vous m’avez enchaîné, humilié, isolé. Je ne serai jamais le docile petit outil que vous escomptiez. Jamais le servile esclave de vos demandes. Et encore moins le détenu fragile. Je ne tomberai pas sous vos coups. Vous n’êtes rien. Je refuse. Je ne vous donnerai ni mon âme ni ma peur.

L’autre se débat. Pourquoi es-tu là, petit moucheron ? Moi ou un autre ? C’est cet homme, ta cible ? Tu tires à vue ? Ou bien es-tu là comme les autres, à vouloir me ramener dans la crasse de mes cachots ? Veux-tu me fendre le crâne pour y trouver ces secrets que personne n’a su déterrer ? Tu t’y perdras, moucheron. Tu y égareras ton âme.

Tant que je suis en vie, je suis invaincu.

Les fumerolles t’entourent, les attaques s’enchaînent et je sens la frustration de l’échec t’emplir. C’est jouissif. Jouissif de passer entre les balles, jouissif de me sentir en vie, seul contre tous. Les inconnus deviennent ennemis par ma simple existence. Je vois ton regard, le frisson de faire face au monstre. Jouissif, de nouveau.

Tout autant que la détonation qui te prend par surprise et bloque la balle dans le canon. Je crois que celle-là m’aurais eu - trop de choses à gérer en même temps - mais c’est toi qu’elle vise. L’esclave de métal qui se retourne contre son maître, ça en serait presque poétique.
L’onde de choc te souffle. Un frisson de plaisir me remonte sous la peau et autour de toi, le bruit régulier des gouttes sur la pierre d’une geôle qui n’est pas là recule. Le réel gagne du terrain quand toi, tu accuses le choc.
Ton corps percute le mur et quelques morceaux de plâtre tombent du plafond, venant blanchir tes cheveux et les miens. Qu’importe, tu clignes des paupières, sonné. Et je te souris, dressé dans la brume et la poussière.

Un regard. Il me suffit d’un seul regard. C’est pourtant là une option que j’ai depuis le début et que je n’ai pas utilisé. Par égo ? Peut être. Cynisme aussi sans doute. Mais la vérité est plus triviale : par amusement. Par défi. Par envie. Il est là ce sourire. Il prend racine dans la délicieuse folie qui me gonfle les poumons et enfle sous ma peau. Il passe dans chaque plaie, chaque stigmate laissé au fil des ans. Il y a des sillons de plaisir dans chaque cicatrice que ce monde m’a laissé. Une fracture railleuse qui ouvre le cyclone de mon âme, droit sur la tienne.
La faille se fend dans mon regard au bleu d’acier hérité d’un père impitoyable et d’une existence vouée à l’échec. Elle ouvre les ténèbres dans l’éclat de mes prunelles et se déverse droit dans les tiennes.
Pas de surprise : tu en es un. Plus brutal encore, tu es comme moi : un inné. Il me suffirait de t’effleurer pour le comprendre : il y a une sauvagerie sèche dans ce don que tu portes en arme et en fardeaux. Un chaos interne dans lequel je me déverse. Ton âme est mienne, malgré chaque défense, chaque piège. J’y deviens multitude, étire la légilimencie comme des tentacules s’abattant sur chaque digue de ton âme. Je suis marrée. Tempête. Déluge. Je m’insinue dans chaque faille, attaque les fissures, trouve tes faiblesses. J’y perçois une force que peu possèdent. Une puissance qui m’attire et me brûle. Ça bat plus fort dans la poitrine, flambe mes veines et étire mon sourire.
Je te fracasse. Je m’écrase sur tes barricades et érode chaque digue que tu m’opposes. Je creuse des sillons de mon âme dans la tienne, laisse des crevasses dans son esprit, m’insinue dans tes failles et tes plaies jusqu’à déterrer le passé, l’enfance, le présent et ces émotions contraires qui ont sillonné ton existence.

L’exaltation, brutalement, se prend un mur.

Alec. L’affection. La présence. La volonté profonde de le protéger.
Et puis cette enfance qui exhume chez moi bien des similarités douloureuses.

En arrière de mes tempes, le bruit d’une goutte de pluie frappe mes tympans et fait remonter le long de ma colonne vertébrale un long frisson glacé.
Cet homme, là. C’est moi. C’est une autre version de l’homme que j’aurais pu être.
Cet homme, c’est aussi celui qui cherche à avoir une place auprès d’un cousin que je ne sais protéger comme il le faudrait.

Y arriverait-il mieux ?
Mieux que Sana et moi.
Mon rôle pour Alec s’arrête-t-il ici ?

Sous ma peau, les blessures inertes brûlent et tirent comme au premier jour tandis que nos esprits s'affrontent et brouillent réel et illusions de mon âme écharpée.

Tu cherches notre place auprès de ce gosse. Notre rôle arriverait il à sa fin ?
Te tuer serait si simple.

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum…

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M. Logan Rivers
Lun 10 Juil 2023 - 18:58

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum


🙤 Londres
🙤 6 Décembre 2016

 ft. @M. Logan Rivers
Ses pensées chahutent dans sa tête alors que le sol tangue autour de lui. Il ferme les yeux, s’exhorte au calme. Ne pas céder à la panique et au doute qui menacent de le balayer. Rester maître de ses émotions. Maîtriser la barque contre vents et marrées. Il ne craint pas la tempête. Il a appris à la dompter avec la force de l’âge, aussi parce qu’il n’a jamais eu le choix. C’était ça, ou cracher du sang contre les pavés. C’était ça, ou souffrir de la cassure de ses os. Rossignol ne l’a jamais ménagé. Lui enseigner à contrôler son don comme l’occlumencie n’a toujours été qu’une étape parmi d’autres. Depuis tout gamin, Rossignol a cherché à le façonner à son image. A briser son esprit pour le modeler ensuite comme il l’entendait. Pour en faire le parfait héritier, un bras droit loyal incapable de toute trahison.

Aldric a rapidement appris que les entraînements n’en portaient que le nom. Il a craché ses tripes à chaque erreur cuisante, payé cher son incompétence qui n’a très vite été plus qu’une vaste souvenir. Tout gosse qu’il était, il a bien vite songé qu’à la victoire, peu importe les moyens employés. Parce qu’il n’a pas eu d’autre choix pour échapper à cette douleur vive. Et lorsque ses efforts n’ont pas suffi, il a cohabité avec la souffrance. Parfois, il la considère comme une vieille amie ; cette vieille amie qui lui rappelle à quel point il est vivant, envers et contre tout. Cette vieille amie qui lui a tenu compagnie dans les pires heures de sa vie, et qu’il a maudit de toute son âme pour la faire disparaître.

Dans un grognement, il rouvre les yeux. S’ordonne de bouger, de se relever. Depuis quand reste-il à terre si longtemps ? Une poignée de secondes est déjà de trop. Aldric n’oublie pas la menace qui se tient dans la même pièce, et qui jubile très certainement de la réussite de ses russes. Il peste dans sa barbe tandis qu’il tire sur ses bras pour lever sa carcasse. Son dos a cogné contre le mur et n’apprécie pas ses gestes forcés, mais il l’ignore. Il se focalise sur le plus important, sur l’essentiel ; fuir. S’il ne fuit pas, la situation lui glissera entre les doigts sans qu’il puisse la rattraper. Là, il a encore une chance. Il lui suffit d’une diversion, même la plus basique, pour transplaner et échapper à ce merdier. Rien d’exceptionnel. Parfois, la simplicité fait des miracles.

Mais face à cet homme, la simplicité ne suffit pas.

Face à cet homme, la simplicité le condamne.

Aldric n’a pas réfléchi. Il a simplement redressé la tête, balayé du regard son environnement proche pour dénicher la source d’une diversion potentielle. Croisé les yeux bleu givre de l’homme, l’une des erreurs les plus cruelles de toute son existence - en prime de sa naissance.

Un bleu givre familier ; trop familier. Mais l’information se dissipe aussitôt, balayée par la distraction soudain offerte à cet homme qu’il a reconnu un bref instant. Une distraction cruelle, qui ne dure qu’une seconde, mais qui est largement assez pour créer la brèche dans laquelle il s’engouffre avec force.

Son cœur se soulève. S’emballe dans sa poitrine. Ses tripes se serrent. Le choc brise les maigres défenses qu’il érige dans la précipitation. Le haut-le-cœur qui le saisit achève ses misérables résistances alors que l’empreinte de Rossignol sur son âme se réveille. Et dans le flot de souvenirs qui l’assaille, il peine soudain à différencier les deux hommes qui emploient les mêmes méthodes exécrables. Qui usent de la même force pour atteindre leurs fins, avec ce même sourire satisfait et de complaisance. Rossignol a le pouvoir, et lui rappelle ainsi qu’il n’est rien. Que sa vie lui appartient de bout en bout. Et qu’il aura beau fuir, il le retrouvera et l’enchaînera de nouveau pour le faire sien une fois de plus.

L’occlumencie ne lui est d’aucun secours. Dans la douleur qui lui vrille le crâne, il tente de résister, de fermer les portes à cette présence intrusive, mais en vain. Ses remparts cèdent l’un après l’autre, tout se brouille dans sa tête face à la puissance de l’agression, et il perd pied. Il s’enfonce dans les abîmes, comme à chaque fois que Rossignol a pénétré son esprit pour lui arracher jusqu’à la plus petite bribe d’intimité et que de sa voix d’enfant il implorait pitié.

֍


— Bryn.

Rossignol se tient devant lui, la voix froide, le regard dur. Il le surplombe de toute sa hauteur tandis que l’enfant se ratatine, acculé contre le mur. A chaque fois, Rossignol lui coupe toute retraite sans mot dire, avançant seulement un pas après l’autre, et Bryn se coince tout seul. Il pourrait fuir, tenter de courir hors de ces murs maudits, mais la peur le paralyse à chaque fois.

Une fois de plus, la peur lui broie les côtes et sa respiration s’emballe. L’air lui manque tandis que Rossignol ne le lâche pas du regard.

Aldric ferme les yeux, à défaut de protéger son passé douloureux. Échec de la legilimencie ou nouvelle escapade pour se rendre à la librairie, il ne sait plus ; quelle importance ? Ce souvenir existe dans de pléthores de variantes, qui se terminent toutes de la même façon ; Rossignol fouille son esprit pour lui arracher la vérité, et les coups pleuvent. Dans un ordre comme dans l’autre. Rossignol n’a jamais varié sa façon de faire. La violence mentale et physique, pour graver ses erreurs dans son corps comme dans son esprit. Des erreurs dont il porte encore aujourd’hui les conséquences, même si elles ne sont plus les plus visibles, remplacées par d’autres plus cruelles encore.

Sans surprise, le souvenir se répète. De jour, de nuit. L’été, l’hiver. Dans le salon, dans la chambre, dans les geôles secrètes de la pègre familiale. Aldric ne compte plus.

֍

Le regard froid de sa mère le saisit. Elle le dévisage comme si elle regardait la verdure par une fenêtre. Il n’existe pas, et dans son cœur d’enfant, il ne comprend pas. Il serre la petite main d’Edda, qui piétine l’herbe d’ennui et parce qu’elle a mal aux pieds. Elle est trop jeune pour comprendre ce qu’il se passe. Elle lui a posé des questions pendant la cérémonie, malgré le silence pesant, mais Bryn ne lui a pas répondu. Il s’est contenté de serrer sa main, comme maintenant. Mais Edda ne remarque pas le regard de leur mère. Elle contemple plutôt le monticule de terre, là où auparavant un trou béant s’ouvrait pour accueillir le cercueil de leur père.

Sa mère détourne le regard. Ne lui adresse aucun mot.

Elle ne lui parle pas du reste de la journée. Ne lui adresse aucun mot réconfortant alors que le décès de son père lui pèse. Il aimerait bien recevoir un peu de son attention, comme la petite Ruiha, une cousine, qui a pleuré dans les jupes de sa mère et qui a eu des mains douces dans les cheveux.

Bryn n’a rien de tout ça.

Les jours d’avant comme les jours d’après, sa mère ne lui offre aucune affection. A croire qu’il a disparu en même temps que son père.

֍

Alors que Bryn franchit à peine le seuil de la librairie, le libraire l’alpague aussitôt, un grand sourire sur les lèvres. Il lui désigne une pile de livres entreposée sur le comptoir ; des tas de lecture qu’il lui conseille pour les prochains jours. Le regard de l’adolescent s’illumine, peu importe la journée qu’il passait avant d’entrer dans cette échoppe qui sent bon le papier et l’encre. La bonne humeur de Dante est contagieuse, et il partage rapidement son entrain pour tous ces romans qui n’attendent qu’à être dévorés à toute vitesse.

Pour quelques heures, Bryn oublie le reste. Le temps se suspend, sa famille n’existe plus, et il plonge dans des univers multicolores et bariolés, tous plus passionnants les uns que les autres. Une joie rêvée ; éphémère, surtout.

֍

Bryn n’a jamais aimé l’école. Il n’aime pas l’école sorcière de la région, où ses parents l’obligent à se rendre chaque année pour sympathiser avec d’autres enfants sang-purs. Tout est une question de prestige et de relations, de faux-semblants et d’accords officieux.

Les autres enfants lui jettent en pleine figure le fils qu’il est censé être. Le fils qu’il est incapable d’être. La déception qu’il est pour sa mère, pour son beau-père, et il est incapable de savoir ce qu’en dirait son père. Approuverait-il sa résistance enfantine ? Ou au contraire, emploierait-il la même violence que Rossignol pour le recadrer et lui rappeler sa place ?  

֍

Sa sœur. Edda. Fauvette.

Ses trahisons. Sa haine. Leurs retrouvailles. Ses souvenirs vus par la force des évènements. Ses sous-entendus. Et cette rencontre amère, qui s’achève sur un entre-deux indécis qui ne convient ni à l’un, ni à l’autre.

Le spectre d’un passé lointain qui le rattrape, parce que fuir ne sera jamais assez pour échapper à Rossignol.

֍

Il a fui, pourtant. A de nombreuses reprises. Il a même simulé sa propre mort pour ne pas être retrouvé dans l’immédiat.

Des mois et des années de fuite, sans jamais poser ses valises plus de quelques mois. Des noms qui s’enchaînent, les uns après les autres, sans aucun lien. Des identités qui se succèdent et qui disparaissent aussi vite. Bryn n’existe plus. Aldric n’est qu’une construction pour Londres.

Et au fond, depuis le début, Aldric a toujours été voué à disparaître. Comme tous les autres avant lui.

֍

La joie du libraire ne suffit plus pour lui tirer les mêmes sourires éclatants. Son sourire manque désormais de sincérité. Les non-dits et les absences grèvent l’ambiance de la librairie, et Bryn n’ose pas mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il craint de briser ces instants éphémères, mais dont il a cruellement besoin pour survivre à son quotidien.

Alors, souvent quand il se glisse dans l’échoppe, il s’assoit dans le silence et bouquine jusqu’à l’heure du départ. Il n’a plus besoin de Dante pour l’avertir de l’heure ; Bryn n’oublie plus. Il reste sur ses gardes. Vigilant.

Il part avec un sourire triste, appréciant toujours autant ces moments hors du temps en compagnie du libraire. Appréciant toujours ces univers bariolés qu’il découvre au fil de ses lectures.

Pourtant, tous les souvenirs de la librairie se terminent de la même façon ; dans le sang et les cendres.

֍

Le grand soleil détonne avec l’orage qui gronde en son cœur. La main froide de Rossignol contre son épaule le dégoûte au plus profond de son être. Lui rappelle les conséquences de sa fugue ratée.

Les débris et la cendre l’entourent. La librairie est partie en fumée. Le vieux Dante est mort, passé à tabac par Rossignol. Un rappel cruel du pouvoir de cet homme sur lui.

La gorge nouée, la sueur froide dans le dos, Bryn ne bouge pas au milieu des cendres. Ses jambes sont paralysées. Il ne pleure même pas. Il en est incapable.

Il a tué le libraire. L’a entraîné dans sa chute. Et personne ne saura jamais pourquoi.

Personne ne saura qu’il a tué Dante O’Phellan, un libraire moldu qui n’avait rien demandé à personne, encore moins d’avoir un idiot de sorcier dans les pattes.

֍

Aldric sait ce qui se profile ensuite. L’instinct de survie se réveille, se débat soudain pour repousser cette intrusion malgré ses forces étiolées. Les remparts se dressent, repoussent l’assaillant ailleurs ; n’importe où, mais ailleurs qu’ici.

֍

La Garde. Les entraînements avec ces “camarades”, des personnes en qui il n’accorde aucune confiance, mais qu’il apprécie assez. Certains visages se distinguent plus que d’autres. Casey, pour sa bonne humeur et son entrain. Leurs entraînements communs, où Aldric lui a appris les bases du combat rapproché, où Casey s’est amusé à esquiver ses assauts pour mieux l’attaquer ensuite. Jordane, pour ses airs de chaton sauvage plein de potentiel. Leur mission foireuse, qui les a pourtant rapprochés malgré un début délicat. D’autres visages, moins significatifs, mais qu’il a eu l’occasion de croiser.

֍

Puis le club. L’Adamant. Ismahane qui l’aide dans la gestion, qui se positionne comme son bras droit. Murphy, qui ne décroche pas plus de trois mots à la suite. Brook, son cigare entre les lèvres, toujours partante pour un combat ou pour une partie de cartes. Nicholas, toujours un peu hésitant mais prêt à aider les autres. La fine équipe, comme Aldric les appelle. Ses employés, ses précieux employés, ceux qui donnent raison à sa folie d’être resté à Londres toutes ces années.

Et Alec. Ce gamin, ce chaton mouillé qui ferait mieux d’apprendre à prévenir avant de se pointer à l’improviste au club sous peine de recevoir une paire de claques. Ce gamin pour qui Aldric commet des folies.

Ce gamin dont Aldric ne comptait pas se soucier de sa présence, mais cette décision vole en éclats au moment même où il croise son regard. Un regard qu’il ne connaît que trop bien pour l’avoir vu à de trop nombreuses reprises dans le miroir. Celui d’un gamin pris au piège dans sa propre famille, incapable de se sortir de la merde parce que personne ne lui tend la main.

Alors il l’étale sur le ring. Lui propose un boulot ici, au club.

C’est stupide. Suicidaire, même. Complètement barge. Aldric devrait l’oublier. Tourner les talons et le laisser se démerder. Il a déjà assez d’emmerdes comme ça.

Mais il en est incapable.

D’une certaine manière, ce serait tué le gamin qu’il a tué pour assurer son échappatoire. Bryn est resté sur le carreau, mais peut-être qu’Alec survivra, s’il reçoit de l’aide.

֍

De nouveau, les barrières se dressent dans un espoir désespéré, parce qu’Aldric refuse de conduire le gamin tout droit dans ses emmerdes. Il bloque ses souvenirs, celui de leurs retrouvailles en ce matin de novembre, où ils se sont tant échangés pour aplanir les choses. Personne n’a à savoir. Alec n’est qu’un employé parmi d’autres, qui a disparu du jour au lendemain sans avertir qui que soit.

֍

Une protection qui lui coûte cher. Aldric aurait dû s’en douter, pourtant. Malgré ses années d’entraînement en occlumencie, il n’a pas la force présentement de résister sur tous les fronts. Mener deux combats simultanés joue contre lui, et un rempart s’effondre. Celui qui s’efforçait de protéger les pires démons de son âme. Ceux que Bryn a enterré au plus profond de lui, et qu’Aldric, comme toutes ces identités précédentes, n’ont jamais osé remuer.

֍

— Tu n’es qu’une erreur.

La voix de Rossignol tonne dans l’obscurité de la cave. Elle exsude la colère et le dégoût. Chaque mot est comme marqué au fer rouge sur la peau de Bryn, prostré à même le sol froid et inégal, le visage souillé par le sang et les larmes.

Il ne bouge pas. Il n’en a plus la force. Il s’est trop débattu, pendant des jours, toujours en vain. Les chaînes de métal le retiennent au sol, l’empêchent d’échapper aux gestes de Rossignol. Depuis des jours, son beau-père lui rappelle toute son impuissance, à quel point il ne peut pas fuir son emprise. A quel point il n’est qu’une erreur de la nature, qu’il n’aurait jamais dû naître.

Et pourtant, malgré tout le dégoût profond que dégage Rossignol, il ne le tue pas. A aucun moment la mort ne plane au-dessus de sa tête. La douleur le transperce, les coups ne possèdent pas la moindre retenue, mais la mort ne lui offre aucun répit.

Rossignol n’a jamais eu l’intention de le tuer. Trop facile. Trop expéditif. Mourir est une forme d’échappatoire. Rossignol ne le permet pas. Ne le permettra jamais.

Il siffle le chant du rossignol quand il frappe. Quand il marque sa chair jusque dans les profondeurs de son être.

֍

Le souvenir se répète. Aldric perd le fil. Il s’effondre, vaincu, incapable de maintenir la moindre protection mentale. Et même dans le creux de ses pensées violées, son corps tremble face à ce qu’il fuit sans relâche depuis des années. Des souvenirs qu’il n’aurait jamais voulu revoir, jamais voulu se souvenir.

Bryn et Aldric se mêlent l’un à l’autre. Le passé revient à la charge.

Les mots de Rossignol demeurent ancrés dans son esprit, continuent de le torturer lors des heures les plus noires de la nuit. Il n’a jamais réussi à s’en défaire en presque vingt ans. Il vit depuis dans la paranoïa de faire à nouveau face à cet homme qui a détruit jusqu’à la plus infime trace de confiance en lui.
(c) Taranys
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Ajay « Aldric » Tivari
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Ajay « Aldric » Tivari
Mer 12 Juil 2023 - 0:38

 06 décembre 2016


Oui. ta vie m’appartiens désormais. Dans le chuintement de ton esprit sur le mien, c’est cette peur que je capte. Cette trace du passé que tu gardes comme tatouée dans ton âme. Tu t’offres à l’autre - à moi - par ta peur. Tu me laisses te bouffer, tu me laisses entrer. J’éclate tes défenses, mais tu les ronges toi-même d’acide.

Et puis j’exhume. Qu’il est faiblard, ton bastion. Pourtant il y a quelque chose d’étrange, comme l’impression d’y avoir un laisser passer. Une chose monstrueuse inscrite depuis bien longtemps et me laissant le champ libre. A moi, peut être pas à d’autres. Mais pas à moi en tant que tel. A ce que je représente.
Celui qui m’apparaît comme un phare en pleine mer à peine ais-je passé les portes de ton âme.

Déjà, je vacille. Les chocs, les méthodes, la colère et les efforts sont miens sans m’appartenir. Je connais ce gosse. Je connais ses pensées, ses peurs, ses frustrations et ses échecs. Je sais à quel point ça se tors là-dedans, à quel point il est nécessaire de faire mieux, toujours mieux, chaque foutue fois pour ne plus avoir à…
Je sais. Je connais tout de l’intérieur sans que les décors ou les gens ne me soient familiers. Je ne reconnais ni le père, ni la chambre, la salle, l’entrepôt, la librairie, l’école. Qu’importe là où les pensées que je déterre m’emportent, rien ne m’est commun. Et pourtant… Pourtant je les connais, ces impressions. Je sais ce qu’il en est de voir en sa fratrie un danger mortel, une source de trahison incessante. Le plus jeune, moi aussi je lui ai tenu la main. Ça me revient. J’avais oublié.

Le long de ma colonne, une goutte glacée tranche mes nerfs et l’humidité de la geôle semble soudainement plus proche qu’elle ne l’était il y a quelques secondes.

L’exaltation est tombée.

Je comprends la fuite. On me l’a imposée. Je l’exècre, la juge, la méprise. La tienne, mais la mienne par association. J’attrape des souvenirs, des brides, des morceaux craquelés d’une existence qui ne m’appartient pas. Parce que je cherche à m’imposer, déjà, car j’aime la griffer, cette âme, sentir la douleur que c’est de la sentir se briser sous ma présence. Je ne suis même pas certain d’avoir véritablement cherché à y trouver quoi que ce soit. J’ai écartelé, blessé, fracassé pour le seul plaisir de te sentir plier. Mais dans les décombres de ta cuirasse, je trouve des parallèles qui éloignent le monstre en moi et réveillent l’humain. Le fils. Le bâtard. Et puis le cousin. Celui qui entraperçoit le visage d’Alec parmi les souvenirs d’une autre, qui sent à quel point tout ça t’es important, qui balaye donc les trahisons, les espoirs et les joies. Je cherche à le retrouver, à comprendre, à trouver ce qu’il fait ici.
Mais ça m’échappe.
Le reste apparaît alors, que je balaye sans cesse sans vraiment m’y arrêter. Ça reste malgré tout. J’intègre. Ce qui ne va plus dans la librairie, les incertitudes du gamin, le plaisir à y passer du temps mais le recul et le manque d’outils pour communiquer. Là aussi, je connais.

Les cendres. La main sur son épaule. Et cette sensation au fond de ses tripes. Ce pourraient être les miennes. Ce pourrait être celles d’Alec.
Ça fait tellement sens pour cet homme qu’il réagi immédiatement. Sonné, blessé, affaibli par la marrée que mon esprit propulse dans le sien : il érige de nouveau les digues, se souvient qu’il est censé refermer les vannes, me rediriger ailleurs, tracer des rigoles et des canaux pour m’attirer loin de ce qu’il protège.
J’aperçois, alors, quelques visages. Inconnus. Connus ? Jordane parmi eux. La Garde ? J’essaye d’y revenir, de m’y accrocher, de comprendre qui il est. La Garde, oui. Ce que ce monde est petit.
La Garde donc. Ses sentiments vis à vis de l’organisation, je n’ai le temps de les percevoir précisément mais j’en ai l’idée générale. Une vraie volonté. Une réalisation foireuse peut être.
J’en sais rien. Ce pourrait-être n’être que des sentiments contournés mais ils apparaissent réels malgré tout.

T’as surtout l’air d’un type qui tente de m’éloigner de ce qui importe, qui panique et se casse la gueule au passage. Voilà ce que je pense.

Alors la tempête se déverse d’autant plus fort dans son esprit. Tout est embrouillé, difficile à extraire, mais par moment, une percée me claque dans les sens et m’emporte vers ces souvenirs.

Des gens. Un club. Des histoires de papiers, de duels, de matériel, de ring.
Rien à carrer.

Et puis Alec. Soudainement. Sorti de nulle part.

C’est une embardée brutale que j’effectue, me déverse sur ces images, bouffe ces émotions, m’emplie de ce qu’il est, de ce qu’ils ont vécu, de chacun des coups et chacune de tes pensées.
T’as voulu l’aider. Vraiment. Sincèrement. Et tu me repousses, chaque fois. Plus encore lorsque je force, entrant l’un et l’autre dans un duel de titans pour l’accès à ces pensées.
Tu sais, tu comprends sans mal que c’est lui qui m’intéresse. Et brutalement, c’est un sursaut de puissance que tu déploies pour me dégager de là.

Là encore : tu cherches à le protéger. Rien que je ne connaisse pas, mais ça t’en sais rien. Alors tu forces, me détournes, me re-dirige, déploie des trésors d’ingéniosité pour m’envoyer au loin et m’offrir autre chose. Comme si j’allais oublier.

— Tu n’es qu’une erreur.

Je pourrais en rire. Ça se dessine d’ailleurs sur mes lèvres, se tord dans un rictus malsain. Tu crois vraiment que je pourrais me faire avoir par ça ? La technique de me montrer le pire, le plus intime, le plus brutal.
J’ai amené Alec à se réfugier derrière un viol. J’ai condamné ce gamin à revivre sans cesse les pires moments de son existences, ceux que je n’ai même jamais admis connaître malgré le temps passé dans son esprit. Je l’ai damné.
Ne crois pas me berner ainsi.

Oui. Je pourrais rire. Mais ce à quoi j’assiste me fend les côtes et choque l’enfant qui, quelque part, connaît trop bien ces mots, ces coups, ces accusations. Je connais ton enfer.
Pire : je le reconnais.

Et tu t’effondres. Tout se confonds, tout s’embrouille. Le château de carte s’effondre et ton âme se disloque sous la violence des souvenirs exhumés.
Voilà ce que j’attendais d’Alec. Voilà l’ultime défense que je prévoyais pour lui… et c’est toi, parfait inconnu, qui tombe dans les travers de ce supplice que j’ai prévu pour Alec. Ça me prend par surprise, me chope à la gorge. L’empathie me prend de court, ramène à moi de vieux souvenirs, de vieilles larmes sèches d’un gosse qui pourrait être ton jumeaux. Des reproches qu’on m’a tatoué au fond des tripes au fer rouge et qui brûlent si fort, maintenant, que je manque de me perdre dans cet esprit qui n’est pas le mien. Mes propres défenses tremblent. Je me brouille, perd de la puissance, me mêle à des plaies qui ne sont pas les miennes. Je crois même que mon esprit, à son tour bats au rythme des coups et des mots. Il prend la tangente, en serait presque à fusionner avec le tien, à mêler le sang de l’enfance au tien. A battre en cadence. A la même fréquence.

Puis je me reprends. Ça me fait le sentiment de m’ébrouer, de forcer d’un bloc les pensées, d’attraper chaque mention d’Alec et d’y trouver ce que je cherche le plus : la sincérité de la démarche. Les risques véritable.

J’ai pas tout. Loin de là. En vérité, j’en ai même l’impression d’étouffé lorsque je m’extrais de là, confronté à cette haine que j’expulse et que je morcelle dans mon âme depuis l’enfance pour en briser la force.

Un pas, deux, je recule, cligne des yeux, manque de souffle.
Père ; n’est pas si loin dans les abysses de mes souvenirs.

Je repousse, déglutis, chope le type étalé au sol. Le risque est réel, bien sûr, de lui avoir véritablement fracturé l’âme. Mais j’crois qu’il a vécu pire. Il tiendra. Son corps se soulève, trop brutalement, aidé par la magie qui sillonne mes veines et compense les faiblesses de mon propre organisme encore marqué par ses récents sévices. Je claque sa joue, plante mon regard dans le sien. Pas de légilimencie cette fois. J’ai ce qui me faut.

“Hey ! L’erreur … ” Il y a bien des mots qui me viennent. Bien des violences dans ma voix rendue rauque par une émotion que je n’attendais pas. Mon souffle est court, s’écrase sur la gueule du type. Pourtant je m’arrête - rien qu’une seconde - à le dévisager.

Je suis l’homme que tu refuses de devenir. Je suis celui que tu fuis. Je suis celui que tu serais devenu, si tu avais suivi la voie familiale.
Et je ne sais ce qu’un tel constat dit de ma propre famille. Et de moi.

Alors je te lâche, sans autre forme de procès.

“Merde pas avec Alec.” De la rocaille, cette voix. “Ou c’est pas le chant du rossignol qu’il te faudra craindre.”

Ça tremble dans mon esprit. Bascule. Je sens le contact glacial des fers et l’humidité de l’eau sur ma nuque. Rien n’est réel. J’ai juste l’esprit qui flanche. Je suis juste faible.
Aussi faible que toi.
Si tu le réalises, bien sûr, tu ne me louperas pas.

Alors la seconde suivante, il n’y a plus que le néant face à Aldric O’Phellan.
Le vide pour narguer Bryn Teller.

Qui suis-je, pour incarner les rives de tes enfers ?
J’emporterai cette question avec moi.

- Fin pour moi -


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M. Logan Rivers
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Mer 12 Juil 2023 - 11:27

Lunatum, triquetum, hamatum, capitatum


🙤 Londres
🙤 6 Décembre 2016

 ft. @M. Logan Rivers
Le sol se dérobe sous ses pieds, dévoile un abîme profond et noir qui l’engloutit. Son corps chute, aspiré par cet abîme dont il ne distingue ni les rebords ni le fond. L’air fouette son visage et ses membres, mais il n’esquisse pas le moindre geste. Il se laisse tomber. Contemple la lumière disparaître dans la noirceur de l’abîme, puis ferme les yeux. Il attend la chute.

La chute qui brisera ses os et abrégera ses souffrances.

Parce que tout ça n’en vaut pas la peine.

Le jeu n’en a jamais valu la chandelle, qu’importe que tout le monde dit. La liberté n’est qu’un mythe qu’on se jette à la figure pour donner un sens à toute cette merde. Il n’a jamais été plus enchaîné aujourd’hui que par le passé. Enchaîné à ce besoin de fuir constant. Enchaîné à cette peur cruelle qui lui taraude les tripes. Enchaîné à un passé qui a planté ses griffes si profond qu’il ne s’en dégagera jamais.

Mais la chute ne vient pas.

Des mains l’empoignent par le col. Il peine à ouvrir les yeux. La douleur vrille ses tympans. Tout le décor tangue autour de lui alors que la magie crépite autour d’eux. Ses pensées reconnectent péniblement avec la réalité, le présent, encore entremêlées avec les souvenirs de la cave.

Mais les yeux d’un bleu de givre ? Cette voix hargneuse, pleine de rocaille et mal assurée ? Il n’en faut pas davantage pour que Rossignol ne disparaisse. Rossignol a sa façon d’être, de parler, d’agir, avec laquelle il ne déroge jamais. L’homme qui le tient a beau lui ressembler, il n’est pas Rossignol. Il fait pâle figure à côté de Rossignol.

Alors Aldric tente d’ouvrir les yeux, aidé par cette gifle qui claque sa joue et qui ébroue ses pensées confuses. Puis il tombe, s’écrase sur le sol. Ne se relève pas. Son cerveau refuse d’imprimer les ordres et de les transmettre à ses membres. La douleur prend le pas. Elle le paralyse. Depuis combien d’années n’a-t-il pas souffert de la douleur cuisante de la légilimancie ? Personne ne l’a touché ainsi depuis Rossignol.

Cette simple pensée manque de lui faire dégobiller le peu qu’il a sur l’estomac. Son ventre se contracte, la nausée remonte, mais rien ne sort.

Le nom d’Alec tombe. Un ordre l’accompagne. Puis une menace qu’Aldric ne relève pas. Il retient surtout le nom d’Alec. Ce nom qu’il a tâché de protéger dans son esprit, en vain. Ce gosse qu’il veut aider et sauver, alors qu’il n’en a même pas les moyens.

Un juron écorché lui échappé, secoué par un rire tordu, totalement nerveux et fracassé par la douleur. Putain. Encore un Rivers. Le foutu cousin. Forcément. Il ne nie pas l’envie qui le démange d’en prendre un pour taper sur l’autre.

Seul le silence lui fait face soudain. L’autre a disparu. L’a laissé en vie, avec pour seul avertissement de ne pas merder avec Alec. Presque un passage de flambeau, le sort du gamin qui lui est confié. Et tandis qu’Aldric reste prostré au sol, incapable de se redresser alors que sa tête menace d’exploser, il n’a qu’une envie. Éclater la tête de Logan Rivers pour chasser toute la douleur. Une colère nourrie artificiellement surtout pour éviter de sombrer une fois de plus dans les ténèbres de son passé, et des souvenirs qu’il a enterrés depuis trop longtemps. Parce qu’autrement, il sait qu’il ne se redressera pas et que la fracture demeurera dans son esprit.
(c) Taranys


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