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Si j'avais su - OS

 :: Autour du monde :: Autres Continents :: — Asie
Dim 29 Jan 2023 - 11:35

Partie I


Si j’avais su, tu crois que j’aurai fait les choses autrement ? Si j’avais su, est-ce que tu penses que j’aurai su quoi te dire, que je serais venue avant, que j’aurais su me confier ou seulement te trouver ? Et maintenant que je sais… pourquoi j’ai pas moyen de savoir quoi faire de ça, quoi faire de moi. Quoi faire de tout ce bordel qui me latte la gueule.
Je voudrais, tu sais. Je les cherche ces putains de mots. J’essaye de réparer ce qui est en train de foutre le camp, j’essaye de résoudre l’impossible. J’essaye. J’essaye depuis le début, t’as pas idée.
Mais je crois que c’est jamais assez.

J’arrête pas de me refaire le film tu sais.

Je revois ton corps se tendre sous le mien, ton regard devenir flou. Je pourrais presque sentir les tremblements de tes mains, le fracas de ton cœur dans tes veines. Peut être que je confonds tout aussi. Peut être que c’était moi. Peut être que je ne saurai jamais vraiment ce qui s’est passé entre nous tant tout est brouillé à présent. Toi, moi, les souffles se mêlaient autant que les pensées et je crois que l’espace de quelques mois, on a simplement vécu l’une au travers de l’autre. C’est un truc que je ne connais pas tu sais. Exister dans les yeux d’un autre. Avec le recul, j’ai le sentiment ignoble que c’est tout ce que je voudrais ; y revenir. Exister dans tes yeux.

Et putain ce qu’ils sont beaux tes yeux. T’as pas idée de ce que j’y ai vu pendant ces derniers mois. L’horreur et l’abandon, le trouble terni, la fatigue et la douleur. Pourtant ce jour-là quand je t’ai amenée, ce qu’ils ont brillé. J’ai pas passé beaucoup de temps en Thaïlande pendant mes diverses balades mais j’y ai très vite pensé. Je voulais t’amener là-bas, te voir dans ces petites cahutes qui bordent les rizières. Tout est étagé là-bas, tout est vert, tout est calme. Ça faisait un moment que j’imaginais que ça pourrait te plaire alors oui, j’ai un peu insisté. Et putain, que ça a valu le coup. Rien que te voir t’embourber dans l’eau, manque de tomber sous les rires des gens du coin… avec tes cheveux qui partaient en live et ton visage noyé de lumière, t’étais juste sublime. Et puis la lumière a décliné, elle jouait dans tes boucles brunes et y traçait l’or et l’ocre qu’on trouve si bien dans tes prunelles. J’aurais voulu te prendre en photo histoire de garder une trace de ces moments mais je crois que sur le coup, j’y ai juste pas pensé. J’avais peur pourtant, de ce que je faisais à passer le cap avec toi. Je savais que ça foirerait. Que je ferais tout planter. Et pourtant j’y ai pas pensé. Comme si la conne que j’étais imaginais naïvement que ça durerait maintenant. Qu’après tout ce temps à me battre contre moi-même.. Je sais pas ; l’univers me devrait au moins ça. C’est con hein ? Ouais je sais c’est con. Et qu’est-ce que j’étais con quand je t’ai vue là-bas. Ils font ça tous les mois là-bas et j’avais assisté à cette fête qu’une fois mais vraiment, je voulais te montrer ça. Les sorciers avaient fait voltigé des loupiottes partout dans la rizière et s’étaient réunis pour chanter, jouer d’instruments dont je suis pas sûre d’avoir jamais connu le nom. Ils étaient peu ; on étaient peu. Une dizaine, pas plus. Il s’agissait là de ceux qui m’avaient fait un peu de place quelques années auparavant. Juste quelques jours avant de repartir, je me souviens avoir été blessée bêtement cette fois-là. J’t’en ai pas parlé. C’est idiot mais je m’en veux maintenant.
Enfin. En tout cas tu as vu ce que je voulais te montrer. C’est la grand mère de la ferme qui faisait ça. Elle peignait dans l’air, sans plume ni pinceaux, juste avec sa baguette et les lumières qu’elle modulait, tordait, fondait sur l’horizon de jade. T’aurais vu ton regard. Ça brillait si fort putain. Je crois que même maintenant c’est moi qui pourrait te peindre si je savais le faire. Enfin voilà, je voulais… je sais pas. T’inviter dans ce petit coin de verdure loin de tout, simplement parce que j’ai pensé que ça te plairait. Simplement pour voir ce regard-là, qui ne souffrait ni du passé ni de l’avenir et qui, l’espace d’un instant, aurait brûlé le monde entier tant il avait de flammes à faire cramer. Moi en tout cas, il m’a embrasée. ‘Pas nouveau tu me diras. Tu m’as toujours calcinée.

Putain, je sais même pas ce que je fais là. J’y suis retournée, voilà, si je pouvais te le dire, je te le dirais. J’y suis, là. J’ai le cul assis dans les joncs, les pieds dans le riz et je sais même pas pourquoi je me retiens de chialer. Après tout, personne me verra ici. Toi tu me verras pas. Pas comme t’as vu du moins les tremblements que j’ai tenté de cacher quand on t’a mutée. Pas comme t’as vu que je refusais de tourner les yeux vers toi. Pas comme ces regards qu’on a eu après, ces mots qu’on n’a pas dit, ces tentatives qu’on n’a pas avoué.
Ils feraient quoi, tu crois, s’ils avaient su que dès le premier instant, on n’avait pas accepté de suivre les ordres. Ils feraient quoi s’ils savaient qu’on a décidé à l’instant même où l’info est tombée, qu’on se verrait quand même ? De la même façon que j’ai débarqué dans ta chambre à l’hosto, de la même façon que j’ai décroché ce putain de téléphone quand Sanae est tombée. De la même façon qu’on aurait continué, quoi qu’ils disent, quoi qu’ils se passent. C’est quand même sacrément hypocrite quand on sait que j’ai passé ces deux derniers mois à vouloir garder notre relation secrète. J’en ai conscience tu sais ? De mes contradiction. Je sais que ça fait pas sens pour toi ; d’ailleurs je suis même pas complètement certaine que ça le soit pour moi. Alors je sais hein, je sais que certains savent, certains se doutent. Et une a vu. Je sais. J’le gère pas mais je sais.

Je sais, surtout, que ça fonctionne pas. On n’y arrive pas.

Alors j’suis là, comme une conne. A fixer les vagues du chaume qui ploie à chaque coup de vent. Ça faisait ça aussi en Angleterre, quand je t’ai rejoint sur le toit.
Mais cette fois, je crois que c’est moi qui ait envie de sauter.
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Jordane Suzie Brooks
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