Late night meeting ▬ Hailey

Dim 8 Mai 2022 - 12:09

Dimanche 14 Aout 2016
Forêt de Sherwood, aux alentours de 23h30

Les yeux clos, debout au milieu d’une clairière, je laisse mes sens dériver vers tout ce qu’ils peuvent capter. Les odeurs, l’humidité nocturne du cœur de la forêt, celles des créatures qui s’agitent ou dorment paisiblement. Les sons : un hululement, les pas feutrés d’une martre ou d’une souris. Sur ma nuque la caresse de la lune, bientôt pleine, je ressens déjà tout plus intensément. Entre les doigts de ma main gauche la lanière de cuir que je porte autour du poignet habituellement, comme une besoin de concentrer mon attention sur un mouvement physique répétitif alors que tout le reste de mon corps est immobile. Je perçois les battements de mon cœur, irréguliers mais assez calme. Accrochée à mon poignet droit, prête à servir, ma baguette. Je ne sais pas à quoi m’attendre, à aucun moment je n’hésiterai à m’en servir si j’en ressens le besoin.
Non loin de là, même si je ne le capte pas, je sais que Ben est là. Pas un seul instant je n’ai envisagé venir ici, rencontrer cette femme, sans le prévenir. Je n’ai pas peur, si je ressens des tas d’émotions celle ci n’en fait pas partie.
J’ai quitté la Californie où le soleil brûlait le début d’après midi, ici à peine une heure après la nuit est fraîche. Un contraste auquel je suis habitué et mes pensées dérivent vers une autre créature qui aime se déplacer la nuit. Chasser, la nuit. Je n’associe pas cette forêt qu’à de bons souvenirs mais l’endroit est magiquement immense aussi je me trouve à des kilomètres de ces endroits qui ont marqué mon esprit. A des kilomètres de son terrain de chasse à elle, Azalea. La contacter la dernière fois était une erreur, pourtant je ressens toujours ce même paradoxe latent. Proche de l’espoir de la voir sortir de l’ombre. Ça ne dure qu’une seconde, un réflexe de la part de celui que j’étais il y a quelques années.

Un craquement sur ma droite me sort de mes pensées, j’ouvre les yeux et tourne lentement la tête. Mon acuité visuelle nocturne est meilleure que celle d’un humain, les rayons de lune permettrait à n’importe qui de deviner la silhouette furtive du renard qui s’avance à pas hésitant vers moi. Homme ou animal ? Danger ou semblable ? Il ne sait pas quoi en penser, moi je ne me bouge pas. Je reste là, à l’observer silencieusement en pensant à ces nouveaux mordus qui d’ici quatre jours sentiront leur corps se déchirer. Est ce que le renard perçoit la tension monter un instant dans mes veines ? Après une hésitation teintée de curiosité il disparaît entre les arbres pour ne plus être qu’un songe dans la lueur argentée de la nuit.

Pourquoi lui avoir donné rendez vous ici ? Parce que Londres n’était simplement pas une option pour moi et que ces lieux là, je les connais. Je les ai parcouru de nombreuses fois autant sur mes deux pieds que sur mes quatre pattes. J’y ai des repères, j’y vois la confidentialité, autour de moi un sortilège de protection invisible malgré tout. Benjamin n’est pas le seul à avoir les coordonnées exactes de l’emplacement où je me trouve. William, bien sûr, pas vraiment emballé par l’idée mais compréhensif. Ismaelle et Leiv, aussi. Quand le nombre de fois où vous avez côtoyé la mort explose les scores certaines choses deviennent non seulement essentielles mais surtout un réflexe. Vis à vis des autres, surtout. J’ai la chance aujourd’hui d’avoir autour de moi une famille si vaste, ça change entièrement la donne.

En une seconde l’atmosphère change, mes épaules se tendent, mes doigts et ma paume se serrent autour de la lanière de cuir et mon rythme cardiaque accélèrent. Je le contrôle, le tempère, conscient de l'attrait d'un cœur qui bat si vite pour une créature de la nuit. Pas humain, elle recracherait mon sang instantanément mais la tentation de la morsure reste présente.
Les yeux braqués sur l’obscurité je ne la vois pas encore mais perçois son odeur. J’aurai capté celle d’un humain sans problème, celle d’un Vampire c’est encore un cran au dessus. Je n’ai oublié aucun de ceux que j’ai croisé, je n’ai pas plus oublié leur odeur. Elle n’est pas de ceux là, nouvelle née, je ne sais pas à quoi m’attendre alors reste sur mes gardes. Attentif, près à réagir s’il le faut mais suffisamment détendu pour simplement attendre qu’elle décide d’elle même à approcher. Elle n’est pas l’ennemi, simplement une créature qu’on vient de plonger dans une existence qu’elle ne doit pas maitriser.

Mar 10 Mai 2022 - 16:24

The animals who play

with the most abandon are the predators

Enzo Ryans ✧ Hailey Harding

Hailey ne pouvait pas expliquer pourquoi elle avait accepté l'invitation de l'inconnu. Une partie d'elle était en alerte face à l'idée que quelqu'un connaissait son identité, l'autre était enflammer par une curiosité malsaine. Qui était le fou qui donnait rendez-vous à un vampire au milieu de la forêt? Il devait bien savoir que personne n'entendrait ses cris lorsqu'elle plongerait ses crocs dans sa chair. La civilisation serait loin à atteindre tandis qu'elle poursuivrait sa proie à travers les arbres. Il y avait bien la possibilité qu'il soit un sorcier puissant, qu'il saurait l'arrêter dans sa folie meurtrière. C'était ironique, de ne pas savoir si elle avançait vers sa prochaine victime ou sa propre mort. Était-ce un piège? Ou peut-être son créateur qui l'appelait enfin à lui! Elle parcourait agilement la forêt, atteignant enfin la cime d'une clairière où elle s'arrêta un instant. Elle avait passé la majeure partie de sa vie en ville, le parfum du marécage et le chant des cigales tout près était apaisant. Elle ferma les yeux et inspira profondément, une habitude qu'elle avait conservée même si elle n'avait plus de souffle.

Une odeur. Ses yeux s'ouvrirent brusquement, de petites rainures rubis apparurent à travers ses prunelles émeraudes. C'était différent de tout ce qu'elle avait senti auparavant. Son instinct vampirique s'affola, quelque chose lui hurlait de repartir, de quitter la forêt! Qu'elle allait mourir! Pourtant, Hailey ne pouvait pas reculer, elle devait savoir, découvrir la source de ce parfum qui semblait la déconstruire. Non, Hailey, n'y va pas! Retourne à Londres, parmi les petits et fragiles humains. Là où tu a le contrôle, là où tu es le prédateur! Hailey sentait la frayeur du vampire l'engloutir, mais elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle avançait avec précaution, suivant son nez comme un félin dans la jungle. Plus elle s'approchait, plus elle pouvait distinguer le battement de son cœur accéléré. Était-il lui aussi nerveux? La créature garda une grande distance entre eux, l'encerclant prudemment pour s'assurer qu'il était seul. Une fois qu'elle fut convaincu que personne ne l'attendait avec un collier et une cage, elle se décida enfin à approcher. Elle courue le plus rapidement possible, trouvant refuge derrière un buisson à la manière d'un petit lapin. Ses yeux reluisaient sous l'éclat de la lune, mais elle s'en moquait. Elle devait poser les yeux sur cette chose, savoir ce qu'elle était et surtout, découvrir pourquoi son instinct s'alarmait autant en sa présence.

Elle le voyait enfin, l'homme qui l'avait appelé dans cette forêt. Elle fut surprise de voir que ce n'était qu'un humain, avec deux jambes et deux bras. Son odorat lui jouait-il des tours? Non, ce n'était pas son imagination. Il y avait quelque chose qui clochait avec lui, quelque chose qu'elle pouvait reconnaitre sans même le voir. L'aura du prédateur. Il avait détecté sa présence, elle le savait, pourtant il ne bougeait pas. Elle détailla un moment ses mains, un sourire s'afficha lorsqu'elle remarqua la baguette qu'il tenait en main. Elle avait compté jusqu'ici sur l'élément de surprise pour attaquer ses proies, cette fois elle devrait affronter le danger droit devant. Un grognement, lourd et rauque fit vibrer sa gorge, plutôt pour confesser sa présence que pour l'intimider. Elle se releva enfin, ne pouvant résister à l'envie de s'approcher. Son regard était dur, sa posture impressionnante pour une jeune femme de sa carrure. À nouveau son petit nez se trémoussa dans l'air, le vampire humait le parfum de la bête sans pouvoir totalement la déchiffrer. Ses canines s'allongèrent secrètement derrière ses lèvres, une réaction involontaire qu'elle eut tandis qu'elle amincissait la distance entre eux. Le visage qui se détaillait enfin sous ses yeux n'avaient rien de familier, ses doigts se tendirent en poings alors qu'elle le jaugeait de la tête au pied. Elle avait du mal à contenir son anxiété face à ce nouvel ennemi, tremblant légèrement tandis qu'elle avançait à pas de félin, décrivant de grands cercles autour de lui.

- Qui ou quoi que tu sois, c'était une grave erreur de me faire venir jusqu'ici… Souffla-t-elle d'un ton neutre, trahis par un mince sourire en coin

Son regard restait fixer sur l'homme, incapable de décider s'il était proie ou prédateur. L'adrénaline qu'elle ressentait était excitante, Hailey était fascinée par cet être étrange tandis que le vampire mourrait d'envie de lui prouver sa supériorité.

Starseed

Mar 17 Mai 2022 - 22:47

Rien qu’un bruissement, le tissus qui frotte contre la peau, pas de coeur qui bat mais une odeur si particulière que je ne peux l’ignorer. Je sais qu’elle est là, qu’elle m’observe, qu’elle se demande sans doute ce qu’elle fout là ou peut être même si elle ne devrait pas m’abattre. L’envie de mordre, de boire, aussi, éventuellement. Des l’instant où elle gouttera mon sang elle comprendra qu’il n’y a rien à en tirer, moi je serai bon pour un aller retour chez Maxence comme au bon vieux temps. J’ai l’air détendu, je le suis en partie, à l’affût néanmoins et près à réagir s’il le faut. Se trame en moi un léger complexe de supériorité je dois l’admettre, un truc qui se manifeste de temps en temps quand je suis en pleine possession de mes moyens et c’est le cas. L’esprit vide au maximum, pas de pensée parasite, j’ai fait le tri avant de venir. Non je ne me sens pas pousser des ailes ni ne considère un jeune vampire comme inoffensif mais j’ai confiance en mes capacités.

Ce qui sort de l’ombre n’a rien du monstre sous le lit, celui qu’on dépeint dans les livres pour enfant, qu’on se raconte pour se faire peur. C’est une jeune femme, un peu plus âgée que moi peut-être. Un âge et une apparence dans lesquels elle restera figée. Blonde, élancée, les yeux clairs mais cerclé de l’ambre de la soif. Elle me jauge, je la laisse faire. Mon rythme cardiaque accélère un peu, j’ai appris à le canaliser et sans ciller l’observe moi aussi. Fière mais inquiète, pas un bruit quand elle se déplace sur le sol, parfois j’envie cette agilité dont ils disposent. Surtout la possibilité d’en user chaque fois qu’ils le veulent. Ça, c’est juste avant de me rappeler que j’ai tout le loisir de me promener au grand jour, de profiter du soleil, un truc que je m’estime heureux de posséder encore. Mon corps se casse en une myriade de morceaux chaque mois et je ne peux pas changer de forme comme je le souhaite mais ma liberté de mouvement ne dépend pas du jour ou de la nuit. Une chance à mes yeux.

« Qui ou quoi que tu sois, c'était une grave erreur de me faire venir jusqu'ici… »

Rien qu’un souffle, le ton et neutre et sur son visage je devine un sourire. Mince mais bien présent. L’arrogance comme protection ? Peut être, qui suis-je pour interpréter ses façons d’être ? Mes lèvres s’étirent en un sourire elles aussi, je ne débloque pas mon corps et instinctivement garde cette posture non pas dominante mais imposante.

« Le fait que tu ne saches pas ce que je suis montre qu’il te manque quelques clés. »

Rien d’arrogant, de condescendant. Ça n’est pas ma volonté en tout cas mais je ne suis pas responsable de la manière dont elle pourrait prendre mon attitude et mes mots. Entre mes doigts j’ai cessé de faire passer la lanière de cuir, elle demeure désormais tranquille au creux de ma paume. Des vêtements propres, l’odeur de la lessive pour camoufler celle de William qui flotte en permanence autant sur le tissus que sur ma peau depuis qu’on vit ensemble. Un Vampire à s’approcher de lui par ma faute, pas deux.

« Je ne suis pas ton ennemi. »

Je roule des épaules comme pour délasser le haut de mon corps, reprendre une posture un peu plus décontractée. Un réflexe, l’instinct, appelez ça comme vous le souhaitez. Je ne baisse pas garde pour autant, les sens aux aguets, méfiant. Et si elle n’était pas toute seule ? Et si c’était un piège ? A force de se prendre la crasse de l’humanité en pleine gueule on fini par envisager tous les scenarii catastrophe, question de survie. Mieux vaut en faire trop que pas assez.

« Enfin, selon certains si mais j’ai jamais aimé rentrer dans des cases. »

Le sourire se fait plus amusé, presque carnassier, je plisse les yeux et hausse les épaules en penchant brièvement la tête sur le côté. Vampire contre Loup-Garou … Jamais compris ce truc ancestral. Pourquoi est ce qu’elle serait mon ennemi ? Pourquoi est ce qu’ils serraient mes ennemis et moi le leur ? Ça n’a pas de sens à mes yeux.

« Je m’appelle Enzo, on a un ami en commun visiblement. Et il a pensé que tu pourrais avoir besoin d’aide. »

Ou de réponse à tes questions.

Ven 20 Mai 2022 - 17:57

The animals who play

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Enzo Ryans ✧ Hailey Harding

La forêt était calme, son silence brisé uniquement par le bruissement des arbres et le murmure d'un hibou. L'air frais faisait danser des mèches de cheveux contre sa joue, ses yeux incapables de quitter l'homme du regard. L'instinct. À défaut, on croit souvent qu'elle nous vient naturellement, ou que parfois c'est quelque chose qui se développe au fil du temps. La vérité, c'est que bien peu de gens sont dotés de cette petite voix qui vous murmure à l'oreille que vous devriez fuir, ou combattre. C'est la raison pour laquelle tant de gens reste figer, incapable de réfléchir ou même d'agir. Pour Hailey, c'était différent. Bien que son mental n'avait pas la force de réprimer le démon en elle, ses méninges restaient suractivés en toute circonstance. Il avait bien raison, ils lui manquaient beaucoup d'information sur le monde magique, encore plus sur ce qu'elle était. Pour toute réponse son jolie minois grimaça, comme si elle se fichait bien de son manque d'éducation, continuant à l'encercler comme une pouliche qu'il était en train de longer. Sa voix s'éleva à nouveau, lui proclamant qu'il n'était pas son ennemi. Le vampire eut un rictus étouffé de voir à quel point il avait confiance en lui. Voulant faire un pas vers lui, elle se figea brusquement à ses paroles.

Une boite. Ça représentait plutôt bien la prison dans laquelle Hailey se sentait piéger. Sa boite crânienne. Contrairement à lui qui se sentait prisonnier de l'avis du monde, Hailey était en perpétuel conflit avec elle-même. C'est vrai ce qu'on dit; c'est le premier meurtre le plus difficile. Ceux qui suivent ne font que glisser comme du beurre sans même qu'on le réalise. La preuve étant que Margaret hantait toujours son sommeil, alors que le molosse qu'elle avait dévoré ensuite ne méritait même plus une simple pensée. Un ami. Un mot qui fit relever son échine. Elle s'esclaffa d'un ton mesquin, hochant la tête négativement.

- Le fait qu'il goûte la fraise n'en fait pas mon ami, se moqua-t-elle en ricanant

C'était faux. Juste l'évocation de sa personne l'avait traversé d'un frisson, mais elle n'en dirait rien. Sans compter qu'elle se sentait encore une fois mise à nue. Il connaissait sa méthode, était au courant de ses crimes. C'était une position qu'elle détestait. Prisonnière de ses actions, comment pouvait-il prétendre la paix et l'amitié alors qu'il savait ce qu'elle était. Un monstre. Une créature de la nuit qui se nourrissait de sang. Une meurtrière. Elle leva une main en l'air, agitant les doigts en signe de salutation.

- Hailey… Dit-elle d'une petite voix douce, prétendant ensuite un bâillement qu'elle éventa de sa main. Je trouve cette conversation… Particulièrement ennuyeuse. Et si on jouait un peu, qu'en dit tu?

Le corps de la blonde se contracta soudainement, ses épaules se voûtant vers l'avant tandis que ses doigts se braquaient à la manière de griffes. Son sourire s'étira, laissant apercevoir ses canines qui s'allongeaient dangereusement, un grondement prédateur fit vibrer sa petite gorge, la forêt autour d'eux se tue soudainement. Hailey pouvait sentir le temps ralentir dans toute cette adrénaline. Non, elle n'avait pas envie de parler. Pas envie d'être expliqué. Elle préférait de loin éviter la réalité. Celle qu'elle refusait d'accepter. Qu'elle et le vampire ne faisait qu'un. Qu'elle était la responsable de tous ce sang, de tous ces meurtres. Son instinct de survit tentait de la protéger, puisque le prix de la vérité signifiait la mort, la vraie. Supporterait-elle le poids de la culpabilité? Pourrait-elle accepter qu'elle fût ce monstre qui pointait son nez chaque fois que les choses devenaient trop durs pour elle. Faible. Voilà ce qu'était véritablement Hailey. Incapable d'accepter sa mort, ni sa vie de vampire. Incapable de faire la paix avec elle-même.

Souhaitait-elle sa propre mort lorsqu'elle s'élança vers son opposant? Peut-être. Malgré l'adrénaline qui s'activait dans ses veines, malgré cette impression d'invincibilité qui l'animait, elle avait pleinement conscience que les vampires n'étaient pas vraiment éternels autrement on en rencontrerait à tous les coins de rue. Tandis que ses pieds écrasaient le plancher de la forêt, son esprit semblait libérer. Aucune crainte, aucun remords. L'abandon. Elle laissait totalement ce démon prendre le dessus sur elle, préférant se réfugier sur son île. C'était immersif, elle pouvait sentir le sel dans l'air tandis qu'elle était face à cette vague noire et immense qui l'engloutissait, lui permettant de trouver un peu de paix pendant que son corps se mouvait instinctivement. Elle ne savait pas si elle survivrait, mais elle s'en moquait. Ses prunelles brillaient d'un rouge aussi sanglant que l'état son cœur à cet instant. La pression montait en elle, tambourinant contre ses tempes alors que son bras droit se relevait en l'air d'un geste menaçant.

Starseed

Dim 29 Mai 2022 - 22:39

L’arrogance peinte tant sur les traits que dans l’attitude, je suis à l’affut du moindre de ces gestes et regards. Elle expose une assurance qu’une personne dont la vie vient d’être chamboulée si violemment ne devraient pas arborer. Pas selon ma logique et ma vision des choses en tout cas. A l’aise avec son corps, avec son esprit, est ce que la transformation lui a fait péter les plombs ? Elle ne serait pas la première à perdre pied, après tout. Mordu depuis combien de temps ? Une question de jour si j’en crois ce que m’a dit Alec – et je le fais – mais c’est simplement difficile à admettre quand elle me tourne autour comme si j’étais sa proie. Tu m’excuseras, c’est loin d’être le cas.

« Le fait qu'il goûte la fraise n'en fait pas mon ami. »

Des mots qui glissent sur moi sans s’arrêter, ils n’ont pas la moindre importance. Je m’en souviendrai peut être plus tard, face au concerné probablement, mais pour l’heure l’agacement prime sur tout le reste. Je reste prudent, attentif, pas le moment de relâcher quoi que ce soit au profit des nerfs qui se tendent. La tension monte d’un cran en moi et l’animal s’énerve, rageant bruyamment dans mon esprit. Une présence fantôme qu’on a l’impression de ressentir comme un membre qu’on n’aurait plus, il s’agite et réclame de remettre à sa place cette Vampire insolente.

« Hailey… »

Doucereux, moqueur, de quoi alimenter la nervosité de la Bête et d’éveiller plus encore l’agacement de l’homme. C’est pas ce que j’avais en tête en débarquant ici, pas à ça que je m’attendais. Le Samaritain se fait prendre à son propre jeu et se retrouve embarqué dans un vortex imprévu.

« Je trouve cette conversation… Particulièrement ennuyeuse. Et si on jouait un peu, qu'en dit tu? »

L’esprit s’éteint presque instantanément, les pensées parasites disparaissent pour ne laisser place qu’à l’instinct et aux réflexes. Les muscles se bandent, les nerfs se tendent, les pupilles s’étrécissent sans doute aussi. Mâchoires serrées autant que les points, le cœur qui cogne et le sang qui tape dans les tempes.
Un frémissement, quelque chose qui ne dure qu’un instant, toute trace d’humanité s’efface pour laisser place à un tel shot d’adrénaline que l’animal prend soudainement toute la place. Une sorte de frénésie meurtrière, un besoin de sentir le sang couler, la mort éclater. Elle s’élance, je cligne des paupières, l’humain revient. L’habitude des gestes, des heures et des heures d’entraînement, l’instinct de survie qui vient claquer comme un élastique qui cède. La paume et les doigts refermés autour de la baguette jusqu’à en faire blanchir les jointures, le cerveau a juste le temps d’analyser la situation pour envoyer les chocs nerveux dans les membres.

« Everte Statis ! »

Everte Statis : Propulse en arrière la personne visée.

Le geste du bras est ample, la magie grésille partout dans le corps et lorsque le sortilège jailli il transcende l’obscurité de la nuit. La suite est floue, je vois à peine son corps s’échouer brutalement contre un tronc d’arbre. Est ce que ses os craquent ou bien les branches cèdent? Les deux ? La fureur dans le regard je capte à peine les mouvements de mon corps, comme possédé, shooté à l’adrénaline.

« Immobilus. »

Immobilus : Immobilise la cible visée.

Est ce que c’est moi, vraiment, qui vient l’attraper par la gorge et la soulever jusqu’à plaquer son corps contre l’écorce ? Est ce que c’est mon regard, ardent de colère, que je plonge dans le sien ?

« J’en dis que j’ai pas envie de jouer. »

Mauvais. Menaçant. Est ce que c’est ma voix, rauque, presque caverneuse, qui s’évade d’entre mes lèvres quasiment scellées ?

« Tu trouveras ça toujours aussi drôle quand on t’aura balancé dans une cage, Hailey ? »

Devant mes yeux pourtant grands ouverts ça n’est plus son visage que je vois mais des flash, souvenirs ou éventualité, moi ou d’autres. Je tuerai sans ciller celui ou celle qui essaiera de s’en prendre à ceux que j’aime, une évidence mise sous clé mais toujours aussi véritable.

« Y a pas que sur toi que t’attire l’attention et si j’suis là pour t’aider crois moi t’as pas envie de devenir une nouvelle source d’emmerdes. »

Mince équilibre, pourtant solide. Comme ma prise autour de sa gorge.

Mar 31 Mai 2022 - 19:19

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Enzo Ryans ✧ Hailey Harding

Hailey se souvenais la première fois qu'elle était tombée de son cheval. Comme pour beaucoup de choses, la petite blonde avait pris un peu trop confiance en elle, décidant d'ignorer les recommandations de son professeur et de son père pour s'élancer vers les obstacles. Elle n'avait jamais oublié l'adrénaline et la peur qui l'avait envahi quand l'animal c'était braqué sur ses sabots arrières, son manque de coordination ne lui avait pas permis de s'accrocher à temps au pommeau. Le sentiment de se sentir glisser hors de sa selle western ne la quitterait plus jamais, ce moment où vous réaliser que le monde ne se plie pas à vos envies, que vous n'êtes pas maître de votre propre univers. Pourtant, malgré la chute, malgré la douleur et la peur, elle avait également appris une leçon importante. Qu'il faut toujours se relever, peu importe la douleur, la peur et la honte. Essuie tes larmes et remonte à cheval Hail, lui avait dit Mr Harding. Une leçon qu'elle n'avait pas oublié durant son premier match de foot, ni lorsqu'on lui avait brisé le cœur. C'était cette sensation qui avait envahi Hailey lorsque le sortilège la frappa en pleine poitrine, cette impression de glisser dans l'air et de perdre pied dans la vie. Son dos se fracassa contre le tronc d'un arbre, elle pouvait sentir les éclats d'écorce lui lacérer les lombaires. Avant même qu'elle ai retombé au sol elle s'étirait déjà à nouveau vers lui, heureusement le sorcier lui lança un second sort en pleine gueule qui l'immobilisa instantanément. Elle cracha son mécontentement d'un grognement sourd, lui montrant les dents à la manière d'une bête pris au piège. Il lui parla d'une cage, elle pouffa d'un rire quasi hystérique en levant les yeux en l'air. À ce moment précis, Hailey aurait préféré une cage physique plutôt que la cage mentale dans laquelle elle était prisonnière. S'il avait une once de bon sang, il l'aurait enfermé dans ce cachot et aurait jeté la clef.

Lorsqu'il posa sa main contre sa gorge, elle eut un frisson. Il y avait plus d'impact dans ce geste que dans tout ce qu'il pouvait dire. Hailey revit le regard d'azur de sa dernière victime, ayant du mal à accepter que son cœur ne débattait pas à cet instant. Il y avait un vide en elle, une noirceur qui s'étendait de plus en plus chaque fois que le monstre ressurgissait. Elle n'en pouvait plus de cette fissure qui lui déchirait le crâne, elle n'en pouvait plus de la soif douloureuse qu'elle ressentait dans son estomac. Peut-être que si elle l'enmerdait suffisamment, il mettrait un terme à toute cette douleur.

- Je parie que tu ferais moins le malin sans ta stupide baguette, Enzo, cracha-t-elle d'une voix étranglée en essayant de se pencher sur lui, y mettant assez d'effort pour que des violacés apparaissent sous ses yeux luisants

Elle pouvait sentir la puissance physique impressionnante de son ennemi, poussant son démon à vouloir le défier, le combattre. Cela n'avait rien à voir avec ses balivernes d'une lutte immémoriale entre les vampires et loups-garous. C'était quelque chose de personnel, le premier mur que le vampire rencontrait sur sa route. Le premier véritable adversaire, malgré tous ces sorciers et leurs sortilèges. Elle ressentait l'animalité qu'il dégageait si fortement qu'il recouvrait tout ce qu'elle était, l'enterrait sous la puissance de son don. Oui, il ferait l'affaire.

- Qu'est-ce que tu attends, va y. Met fin à mon cauchemar, s'exclama-t-elle d'une voix tremblante de hargne. Tue-moi, allez! Ce n'est pas un meurtre si je suis déjà décédée…

Prisonnière entre la colère et la tristesse, elle ne savait pas si elle pleurait de rage ou de peine. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne voulait plus tuer, elle ne voulait plus boire de sang, aussi goûteux et addictif qu'il puisse être. Elle n'avait pas envie de risquer la vie d'un autre humain, encore moins celle du jeune homme aux yeux couleur ciel qui l'avait fait sentir humaine à nouveau. Comment pouvait-il comprendre, lui qui semblait si solide et en contrôle. Elle aurait voulu fendre son crâne en deux et extirpé le mal qui s'y était infiltré, toujours incapable de croire qu'elle avait la force de résister, d'avoir le contrôle sur son démon.

Starseed

Ven 10 Juin 2022 - 15:13

La violence est une pulsation brutale, un battement de cœur plus agressif, je la sens parcourir l’intégralité de mon corps à mesure que mon sang se déplace dans mes veines. Est ce qu’elle le sent elle aussi ? Est-ce qu’elle capte toute cette hémoglobine qui ferait perdre l’esprit à n’importe quel être de la nuit s’il n’était pas celui d’un des leurs. Chaque bruit nocturne s’est tu, plus rien ne bouge, comme une respiration en suspens. Le monde retient son souffle, tremble face la bestialité qui s’exprime … Si tu bouges, tu meurs. Tel semble être le message. Alors plus rien ne bouge, plus rien ne bruisse.

« Je parie que tu ferais moins le malin sans ta stupide baguette, Enzo. »

Facile de plonger droit dans la provocation, que ce soit pour satisfaire l’égo de l’homme ou l’impatience de la bête. Tellement facile. Dangereusement facile. Mais on apprend, on grandi, on gagne en ce que certains appellent sagesse pour ne plus tomber dans ce genre de piège. Combien de blessure, de larmes, de litre de sang versé par refus de baisser les yeux ? On a tous joué à ça n’est-ce pas ? Là-bas, quand la crasse du monde s’est matérialisée en geôliers.
Je le sais que si je la lâche elle aura le dessus sans problème, que si je range ma baguette c’est moi qu’elle enverra voler contre un arbre jusqu’à entendre mes os craquer, se briser. Alors pourquoi je ferai ça, dis-moi ? Pourquoi je perdrai l’avantage que j’ai sur toi ? Juste assez de force pour la maintenir à distance malgré la Magie, le combat se joue autant dans la puissance que dans le regard.

« Qu'est-ce que tu attends, va y. Met fin à mon cauchemar. »

Cauchemar.

Un mot qui vient claquer dans l’air et contre ma cage thoracique à m’en faire avoir un infime mouvement de recul. Une seconde à peine durant laquelle l’emprise de mes doigts autour de sa gorge se relâche. Une seconde qui pourrait m’être fatale si je ne reprenais pas immédiatement mes esprits. Quelque chose change dans l’atmosphère, se mue en autre chose, comme si la brutalité se voyait scindée en deux. Et par cette faille c’est autre chose que j’entrevois : De la détresse. De la peur même peut être. Des sentiments qui viennent trouver un écho en moi, un truc enterré depuis longtemps, ravivé par ce qu’elle exprime volontairement ou pas.
J’ai été ce gosse paumé, hanté par une entité qu’il ne comprenait pas, dont il ne voulait pas. J’ai été cet être happé par la violence et la brutalité, affamé de sang, de destruction, de pouvoir même parfois. Des souvenirs bien rangés dans un recoin de mon esprit et je réalise à quel point je n’étais pas si prêt à les voir ressurgir. On s’habitue à l’aisance avec laquelle on gère ce genre de choses une fois le pire passé, tout simplement, alors trouver les mots me semble ici si compliqué. Ever, Caitlyn, Tristan, même Maxime. Solàs à un autre degré. Ils ont été instinctifs avec eux, spontanés, mais face à Hailey je me sens muet. Illégitime, aussi.

« Tue-moi, allez ! Ce n'est pas un meurtre si je suis déjà décédée… »

Est-ce qu’il existe cet instant d’hésitation pendant lequel on se demande si ça ne serait pas le geste le plus humain ?

Ça ne prendrait qu’une seconde pour faire taire les hurlements dans son crâne et cette sensation d’être dépossédée de tout libre arbitre. Annihiler la soif, cette faim destructrice et meurtrière que je n’ai sans doute qu’effleuré en comparaison. Oui, il existe cet instant et lorsqu’il s’évade quelque chose vient cisailler entre les côtes jusqu’à faire mal. La conscience fait face à la supplication, la terreur, l’épuisement sans doute aussi. La notion du bien et du mal devient étau autour de ma propre gorge cette fois.

« J’peux pas faire ça Hailey, désolé. »

Désolé de ne pas vouloir te tuer.

Rien de plus que de la sincérité, de l’empathie, mais je ne serai pas celui qui mettra fin à ses souffrances. Pas de cette manière en tout cas, pour le reste je n’ai aucune promesse à faire. Il n’y a plus d’animosité dans mon regard, plus vraiment de brutalité dans mes veines, je desserre l’étau de mes doigts autour de sa gorge et la libère avant de faire quelques pas en arrière. Sur mes gardes, toujours, prêt à me protéger encore et encore car au fil du temps j’ai compris à quel point ma vie avait de la valeur. Pour moi comme pour les autres. Je sais le risque que je prends en la libérant du sortilège d’immobilité, mon calme soudain contraste sans doute radicalement avec ce qu’elle éprouve et exprime.

« Tu dois te faire aider. »

Autant pour les autres que pour toi mais seul tu n’y arriveras pas. J’ai pas la prétention d’être celui qu’il faut pour ça, loin de là, conscient qu’au lieu d’un lycan c’est d’un autre vampire qu’elle a besoin. Mais si je peux ne serait-ce que la soulager un instant, lui montrer qu’elle n’est pas seule, qu’on peut s’en sortir, alors je reste.

« Celui ou celle qui t’a transformé, est ce que tu peux compter sur sa présence ? »

Question sans doute stupide, si c’était le cas il/elle ne la laisserait pas dans cet état.

Ven 10 Juin 2022 - 19:26

« J’peux pas faire ça Hailey, désolé. »

Encore une fois, le monde lui offrait plus de compassion qu'elle en aurait eu pour elle-même. C'était peut-être parce que c'était elle qui était en train de se briser sous le poids de sa nouvelle vie, hanté par le visage de ceux qu'elle avait tué, incapable de trouver une bride de rédemption pour ses actions. Lorsqu'il libéra son corps du sortilège, la blonde se laissa simplement choir contre le tronc de l'arbre, abaissant la tête avant de s'esclaffer douloureusement. Ce moment ou ça fait si mal que vous pourriez en pleurer, mais que votre esprit tourne en ridicule pour arriver à gober. Une farce à ses dépens, voilà à quoi tout ça ressemblait. Cette idée que vous mérité la pire des punitions infliger par dieu, vous, personnellement. Mais tout comme la nuit précédente, un nouveau phare apparaissait dans la tempête. Malgré la noirceur du monde, malgré le chaos et le désordre il semblait rester une pointe de résistance dans l'humanité. Des gens qui ne sont pas effrayés par la violence et le mal, ceux qui combattent chaque jour pour rendre le monde un peu meilleur. N'était-ce pas pour ça qu'elle avait quitté l'Amérique? Pour prendre part à cette grande guerre qui changerait le monde, libérer les opprimés et ramener l'ordre dans le monde magique. Bon, c'est vrai qu'elle ne s'attendait pas à autre chose que bosser pour une bibliothèque du ministère avec beaucoup de chance, mais quand même! De beaux rêves qui étaient maintenant impossibles à entrevoir pour un vampire hors de contrôle.

« Tu dois te faire aider. »

Elle redressa la tête si brusquement qu'elle se frappa la tête contre l'arbre d'un geste qui semblait volontaire, ses poings se serrant si fort que ses mains en tremblaient. Elle aurait voulu rire, se débarrasser d'une part de la tension qui la lacérait dans le cœur, mais elle n'y arrivait pas. La colère, la peine, la faim. Trop d'émotion dans un si petit contenant qu'elle allait exploser. Elle ferma les yeux, inspirant profondément l'odeur de l'homme devant elle. Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait que son vampire ne semblait pas attirer par son sang, un instinct primitif qui lui criait qu'il goûtait l'enfer. Il y avait également le battement calme et régulier de son cœur qui aidait, l'excitation de la chasse était moins grande lorsque la proie ne s'agitait pas. Elle se concentra sur sa voix, essayant de résister à cette petite voix qui lui criait qu'il était l'ennemi, qu'elle était en danger. Une peur viscérale à l'image du félin devant le loup. Même si elle ne le comprenait pas, elle le ressentait dans chaque fibre de son être. La panique, celle qui vous apporte méfiance envers tout ce qui est. L'impression de ne pas avoir le contrôle.

- Tu parles comme si ça intéressait quelqu'un, dit-elle sur un ton moqueur en hochant la tête négativement

Depuis combien de temps était-elle à Londres? Combien de temps faudrait-il pour que quelqu'un réalise qu'elle n'était plus du monde des vivants? Son père continuerait-il à garnir sa carte de crédit sans jamais demander de nouvelles, comme il l'avait fait durant ses années d'études? Trop préoccupé par sa nouvelle femme avec qui il construisait une nouvelle vie. Et que dire de la famille Harding qui l'avait abandonné avant son entrée à Poudlard pour une raison qu'elle ignorait, reprenant contact avec elle simplement parce qu'elle avait bougé des montagnes pour les retrouver. Non, il n'y avait personne en ce monde qui se souciait d'elle. C'était surement sa faute après tout, elle était la définition personnifier de l'inconnu qui passe et qu'on oublie aussitôt. Une simple ombre qui avait traversé la vie en se disait qu'elle avait encore le temps, qu'elle était encore jeune. Si elle avait su, elle aurait probablement passé moins de temps dans ses livres et plus à vivre sa vie. Mais c'était fini, elle était morte. On l'avait tuée.

« Celui ou celle qui t’a transformé, est ce que tu peux compter sur sa présence ? »
- Si quelqu'un le croise avant moi, dites-lui d'aller se faire foutre, répondu-t-elle sèchement en se relevant difficilement du sol, secouant sa veste pour déloger la poussière d'arbre qui s'y était accroché

Elle jeta un nouveau regard à l'homme, prenant le temps de le détailler plus calmement cette fois. Il y avait quelque chose de solide dans son regard sombre, elle fixa ensuite la baguette qu'il tenait en main tout en souriant du coin des lèvres. Décidément, chasser le sorcier était plus dangereux qu'elle ne l'aurait cru, elle n'oublierait pas cette leçon la prochaine fois. Il y avait tout de même quelque chose dans ce fait qui lui flattait l'égo, oui, sans cette baguette elle l'aurait probablement mis en pièce. Heureusement il était venu armer, elle aurait détesté devoir expliquer à l'homme aux yeux de ciel qu'elle avait dû enterrer son ami au fond des bois. Elle huma à nouveau l'air avant que son nez ne se retrousse en une grimace retenue.

- Tu n'es pas un vampire, ni un humain, alors pourquoi veux-tu m'aider? Demanda-t-elle enfin sur un ton qui se voulait plus calme

Elle se doutait qu'il devait bien avoir des appartenances envers au moins un humain, autrement il ne serait sans doute pas là… Mais ça n'expliquait pas pourquoi il l'aidait elle. La plupart des gens sensés refuserait de donner rendez-vous à une bête qui était passée à deux doigts de tuer leur ami. A moins qu'il l'ignorât? Même si c'était le cas, c'était un risque plutôt déraisonné que d'accepter un tel marché. Il ne semblait pourtant pas fou ou idiot, loin de là. C'était difficile pour la jeune femme de comprendre pourquoi les gens étaient aussi généreux avec elle, probablement parce qu'elle croyait sincèrement ne pas le mériter.

- C'est quoi ton plan, on dévalise une banque de sang tous les deux? Termina-t-elle d'un ton piquer d'humour en lui offrant enfin un véritable sourire, sa voix tremblait toujours sous le coup de l'adrénaline

Mar 14 Juin 2022 - 21:05

« Si quelqu'un le croise avant moi, dites-lui d'aller se faire foutre. »

Taylor. Je me rends compte à quel point j’ai zappé cette pourriture de mon existence jusqu’à ne plus jamais penser à lui. Il est à l’origine de tout pourtant, de la mort de mes parents à mon changement radical de vie. J’ai tout perdu par sa faute, tellement gagné aussi paradoxalement. Je crois qu’il y aura toujours une partie de moi satisfaite d’avoir senti sa nuque se briser entre mes crocs, un truc que je garde au plus profond de moi mais que certains devinent sans doute. Ceux qui savent, qui étaient là. Ceux qui ont attendu que je me réveille une nouvelle fois.
Instant présent. Je chasse ces pensées de mon esprit et me concentre sur elle et uniquement elle, cette Vampire aux apparences fébriles qui pourrait tout aussi bien me sauter à la gorge sans que je ne le vois venir si je relâche ma vigilance ne serait-ce qu’un instant. Non je ne lui fais pas confiance, bien sûr que non, rien de personnel juste l’instinct de survie. La logique, tout simplement. Son regard vient sonder le mien alors qu’elle se relève, je ne sais pas vraiment ce qu’il voit, ce qu’elle y cherche, ce qu’elle peut y trouver. Stoïque je n’exprime rien, mon rythme cardiaque est un océan à peine bousculé par quelques vagues. Rien qu’un vague sourire sur le coin des lèvres quand je la vois fixer ma baguette.

« Tu n'es pas un vampire, ni un humain, alors pourquoi veux-tu m'aider ? »
« Peut-être justement parce que j’ai envoyé se faire foutre celui qui m’a transformé. »

A plusieurs reprises, j’ai luté contre lui jusqu’à ce qu’il m’abandonne dans un cachot chevilles et poignets bloqués par des chaînes. Autour du coup un collier de fer, ironique de se dire que j’aurai du crever mais qu’un Vampire m’a délivré. Jamais revu, comme tous en dehors de Shanelle à vrai dire. Gavyn ? Disparu, complètement, je n’ai jamais réussi à le retrouver. L’imaginer mort me fait quelque chose malgré tout, pourtant une certaine forme de soulagement est là aussi. Menace ou pas il s’est approché de William et s’il avait fallu faire un choix il aurait été rapidement fait.
Mais oui, j’aurai du mourir cette fois encore. Au lieu de ça c’est moi qui ai tué. Une fois encore. Pour finir au bord de la mort, ramené sans doute de justesse. Une fois encore. Pas certain de vouloir revenir. Une fois encore.

J’suis là, face à elle, conscient que je ne suis pas la réponse idéale.

« C'est quoi ton plan, on dévalise une banque de sang tous les deux ? »

Un sourire sur ses lèvres, un rire bref qui secoue mes épaules. L’atmosphère se détend mais je ne relâche pas ma vigilance pour autant. Ça peut vriller en un quart de seconde, j’ai pas le sentiment d’avoir face à moi quelqu’un dont la stabilité est inébranlable. Ça n’a rien d’un jugement, ce n’est qu’un constat. Que je me fais d’après ce que je viens de voir, d’après ce que m’en a dit Alec aussi.

« Pas vraiment non. »

Même si à vrai dire … pourquoi pas ? Je ne me poserais sans doute pas la question si ça devenait nécessaire. Pas pour moi mais pour eux, si dans l’élan ou l’urgence ça semblait la chose à faire.

« J’ai pas de plan, j’sais juste que c’est pas le moment pour les personnes comme toi et moi de se faire remarquer et attaquer des gens en pleine rue c’est pas l’truc le plus discret à priori. »

Là encore pas de jugement, la tête légèrement penchée en avant et le regard relevé je cherche ses yeux. Presque amusé. Ça n’a rien de drôle et je ne minimise pas le drame qui se joue pour les personnes prisent en chasse parce qu’elles représentent la terreur, l’exemple qu’ils veulent faire. J’en fais partie, de ces personnes-là. Aujourd’hui les Lycans pour des raisons qu’on ne peut renier mais demain ? C’est toutes les particularités qu’ils voudront foutre sous clé.

J’y retournerai pas, j’le sais, au pied du mur c’est la liberté que je choisirais et qu’importe la forme qu’elle prend.

« Donc oui, tu dois te faire aider et non, j’suis clairement pas le mieux placé pour ça mais j’peux essayer de trouver des gens qui le sont. »

Des gens comme toi, qui connaissent cette soif incontrôlable que tu dois ressentir et qui te pousse à devenir ce que t’es pas. Ou pas. J’en sais rien, j’te connais pas, mais de ce que je viens de voir t’as pas l’air de si bien le vivre que ça n’est ce pas ? T’en as laissé combien derrière toi des traces de sang ? Des hurlements ?

« Je suis un Lycan, c’est pour ça que ton instinct est sans doute en train de te dire qu’il y a un truc pas net chez moi. »

Et dans deux secondes tu me diras sans doute que je pue le chien, moi je te répondrai que tu sens la mort. Éternel refrain.

« La perte de contrôle, la soif ou en tout cas la faim, les émotions qui se barrent en couille, j’suis passé par là aussi. »

La forme n’est sans doute pas totalement la même, le fond reste similaire. Tu changes, tu comprends pas ce qui t’arrive, t’as pas choisi ce qui t’arrive mais t’as pas d’autre choix que de faire avec. Ou d’y mettre un terme, à ta vie y compris.

« Peut-être justement parce que j’ai envoyé se faire foutre celui qui m’a transformé. »

C'était comme un rayon de lumière qui traversait l'océan de sa solitude alors qu'elle ne s'y attendait pas. Dans la plupart des bouquins, on parle souvent de clans, de meutes ou de familles pour représenter les êtres d'une même nature. Comme si c'était de mise qu'on était censé apprécier son créateur ou les siens, quelque chose qu'Hailey n'avait jamais ressenti elle. L'impression qu'elle n'était pas seule dans son délire, que détester celui qui nous a offert la vie éternelle était justifiée, elle faisait du sens. En réalité, c'était peut-être simplement une nouvelle façon de s'accrocher à quelque chose tandis qu'elle se sentait glisser dans la noirceur de son âme brisée. Un sentiment d'appartenance que son cerveau lui avait refusée, la laissant dérivée dans l'univers sans espoir d'être secouru. Le mot transformation l'avait également choqué, puisqu'il n'était pas un vampire; elle en était sûre. Qu'était-il donc alors? Comprenait-il sa soif de sang? Sa pique d'humour n'était qu'une futile tentative de se détendre, mais ce n'était pas aussi simple. Bien qu'elle voulût trouver quelque chose en cet homme pour s'accrocher, son instinct refusait de lui offrir la plus petite pointe de confiance. C'était l'odeur. Elle n'arrivait pas à passer outre cette odeur qu'il dégageait.

« Pas vraiment non. »

Un long soupire s'échappa d'entre ses lèvres sans qu'elle puisse le retenir. Elle n'était pas totalement affamée, le goût du sang d'Alec planait toujours contre son palais en un souvenir lointain. Pourtant, elle sentait la panique du futur s'écraser sur ses épaules. Du sang, elle en avait besoin. Ce n'était pas un choix, mais une nécessité primordiale. Elle devait se nourrir avait que le démon prenne toute la place dans son crâne, avant que la bête s'affame et détruise quiconque se trouve sur son passage. Combien de temps faudrait-il pour qu'elle se noie? Elle l'ignorait, cela ne faisait qu'un jour et elle avait déjà l'impression d'avoir gruger dans ses réserves. Ou était-ce simplement son vampire qui n'était jamais satisfait, rêvant de s'allonger dans une baignoire de sang tout chaud.

« J’ai pas de plan, j’sais juste que c’est pas le moment pour les personnes comme toi et moi de se faire remarquer et attaquer des gens en pleine rue c’est pas l’truc le plus discret à priori. »

Ce qu'elle redoutait le plus lui tombait enfin sur le dos. Non, il n'y avait pas de solution miracle, simplement une contradiction violente entre se nourrir et être discret. La jeune femme se demandait comment les vampires se nourrissait vraiment, peut-être avaient-ils la chance d'avoir un créateur qui les nourrissaient à la cuillère jusqu'à ce qu'il ait un contrôle suffisant pour ne pas se nourrir de passant? Elle détourna le regard un instant, incapable de regarder Enzo tandis que les mots s'échappaient de sa bouche.

-Je me suis lever sans même savoir que j'étais morte, dit-elle en fronçant d'un air dégoûter par le souvenir, Je… Je ne pouvais plus m'arrêter.
« Donc oui, tu dois te faire aider et non, j'suis clairement pas le mieux placé pour ça mais j'peux essayer de trouver des gens qui le sont. »

L'aider, c'était un concept étrange pour son esprit qui n'arrivait pas à voir ce qui pouvait bien se trouver au bout du chemin. Les vampires pouvaient-ils être bons? Dans leurs essences, ils étaient des meurtriers. Des voleurs de sang. L'idée de planter ses crocs dans la chair poilue d'un cerf lui donnait la nausée juste à y pensé. Car bien qu'Hailey détestait ce qu'elle était au plus haut point, elle ne pouvait nier le goût succulent du sang contre sa langue. C'était plus prononcer qu'un whisky et plus doux qu'une crème tout à la fois. Chaud et onctueux comme un bon chocolat chaud. Oui, elle était accro.

Du calme, Hailey. Ne laisse pas le folklore moldus faire dérailler ta morale. Il est le miroir de ce que tu es, simplement en plus poilus et moins désespérer. Ne gâche pas tout avec de stupides préjugés.

Elle avait conscience que sa panique n'était pas que dû au fait qu'il était un loup, c'était plus viscéral. Sa conscience savait ce qu'elle méritait. Était-il ici pour évaluer le danger qu'elle représentait? Était-il son juge, son bourreau, son exécuteur si elle s'avérait être un vampire hors de contrôle? Était-il envoyé par cette fameuse justice magique? Non, impossible. Il ne l'aurait pas trahi.

Un lycan. Le vampire sorti de ses songes et se replanta dans cette forêt à la vitesse de l'éclair. Son échine la chatouillait tandis que son instinct lui criait qu'il était bien l'ennemi, l'autre bête. Il fallait tout l'effort du monde pour qu'Hailey enchaîne la panique qui remontait contre ses vertèbres.

« La perte de contrôle, la soif ou en tout cas la faim, les émotions qui se barrent en couille, j'suis passé par là aussi. »

Enfin, un petit brin de relâchement. L'impression que quelqu'un comprenait ce qu'elle n'arrivait pas à mettre en mots elle-même. Ce tiraillement dans les entrailles causé par la faim, l'assèchement de la gorge qui se meurt de l'or liquide parce que votre odorat vous submerge. L'excitation de l'écho d'un cœur qui panique, la sensation d'invincibilité lorsque vos muscles se resserre contre vos nerfs enflammer. Ressentait-il lui aussi ce sentiment contradictoire de plaisir et de honte lorsqu'il laissait sa bête ressurgir du plus profond de son âme? Endurait-il le poids de la peur qu'elle éprouvait à l'idée d'exploser? Pour toute réponse, elle serra les dents, écartant les lèvres dans une grimace écœurée pour lui exposer ses canines à moitié rétracter dans un geste douloureux avant de refermer la bouche. Il n'y avait rien de provocant dans son geste, peut-être juste une façon maladroite qu'elle avait de lui partager le grondement de son cœur de manière silencieuse. Elle se détourna, lui exposant son dos sans vraiment savoir si cet ennemi en était un ou pas. Elle s'en fichait, puisque le soleil avait abandonné son existence. Tuer pour vivre. Vivre pour tuer. Elle ne savait plus.

Elle regardait la forêt qui s'étendait au loin, réalisant avec effroi qu'elle ne trouvait pas de route à poursuivre, aucune indication lumineuse pour la ramener chez elle. Le vampire frissonna tandis que le silence lui rappelait l'absence de pulsation.

- Je n'ai jamais voulu tuer qui que ce soit, dit-elle en abaissant le regard. Mais je sais aussi que je recommencerai. Si je ne mange pas, la bête prendra le dessus. Si je me nourris, je dois être discrète et faire taire mes victimes. Si je tue, je serai pourchassée comme un monstre.

Lun 27 Juin 2022 - 16:15

N’importe qui de censé tremblerait devant ces crocs exposés. Tranchants, létaux, ça n’est pourtant pas la mort que je vois mais un être perdu et vulnérable. S’il y avait de l’affect entre nous je me sentirai peut-être touché qu’elle se dévoile ainsi mais je n’éprouve qu’une neutralité teintée d’empathie. La distance est là, nécessaire sans doute, un moyen de trouver le juste milieu pour ne pas trop m’impliquer sans pour autant la laisser livrée à elle-même comme elle semble l’être. Le prédateur en moi gronde de tentation dès l’instant où elle me tourne le dos, je le tempère d’une pensée. Toujours cette image mentale, celle de ma main qui se refermerait sur son échine jusqu’à sentir la puissance animale s’apaiser. Sensation étrange d’avoir cette présence perpétuelle avec soi, comme une autre entité, un compagnon. La plupart du temps l’harmonie est totale, parfois la lutte s’installe et garder le dessus demande une consommation d’énergie importante. Face à une Vampire le Loup s’agite mais l’Humain reste serein, la symbiose des deux se focalise avant tout sur l’humaine.
Le silence s’installe quelques secondes et je ressens l’envie de fermer les yeux pour m’imprégner des lieux de nouveau. Le vent se lève un peu et les fins cheveux sur ma nuque se dressent, un mouvement entre les cimes des arbres attire mon attention sans sursaut. Silencieux, un hibou moyen duc traverse la clairière. Rien entre les serres, ni enveloppe ou clos, ni proie. Sa nuit ne fait que commencer.

« Je n'ai jamais voulu tuer qui que ce soit. »

Moi non plus.
Enfin, pas au début.

Ça vient ricocher contre mes tempes, redescend jusque dans ma cage thoracique comme une bille en fer dans un flipper. Des mots crus, réels, un vestige du passé qui reviendrait des limbes selon les circonstances. Est-ce qu’elle ressent ce que j’ai ressenti quand au petit matin j’ai réalisé ce que j’avais fait ? Mon corps et mon esprit en ont imprimé les effets de manière indélébile, l’inconscient est parvenu à mettre ça de côté. Une sorte de protection sans doute, la mort des autres pourritures semble bien plus ancrée dans le réel aujourd’hui.

« Mais je sais aussi que je recommencerai. Si je ne mange pas, la bête prendra le dessus. Si je me nourris, je dois être discrète et faire taire mes victimes. Si je tue, je serai pourchassée comme un monstre. »

Je pourrais lui dire que ça ira, que ça n’est pas si grave que ça en a l’air, mais à quoi bon quand chacune de ses affirmations n’est rien de plus que la réalité ? Oui elle recommencera, à moins d’être enfermée ou mise hors état de nuire. Et si elle ne se nourrit pas ? Elle mourra. Comment être discret quand on ne se contrôle pas ? A laisser des cadavres derrière soi comme une signature elle attirera l’attention. Surtout elle devra vivre avec ces morts sur la conscience et les larmes de ceux qui resteront après son passage. Et si c’est à Sovahnn qu’elle s’en prend ? A Kezabel ? A Will lorsqu’il affronte ses angoisses et revient trainer sur Londres de temps à autres ? A Eleanor alors qu’elle rentre tard le soir de sa boutique sur le chemin de traverse ? Le frisson qui me parcoure l’échine à cette idée fait trembler la bête en moi, l’espace d’une seconde le besoin d’éradiquer la menace potentielle se fait sentir à nouveau. L’exacte sensation expérimenté quand Gavyn s’est rappelé à moi d’une manière des plus sournoises, pourtant j’aurai aimé être capable de le retrouver ne serait-ce que pour cet instant.

Ce ne sera pas Gavyn, ni Jun Ki ou celui dont je n’ai jamais connu l’identité dans les méandres de Poudlard. En revanche, et même si je n’ai pas réussi à la contacter, reste une option. D’un moulinet du poignet je fais venir à moi un morceau d’écorce séchée tombée au sol lorsque le dos d’Hailey a percuté l’arbre concerné. Une fois dans ma paume je commence à y graver 3 chiffres suivi des premières lettres de l’adresse de l’échoppe de Shanelle. Lourdement protégée par des sortilèges je sais que je ne la mets pas en danger en agissant comme je le fais.

« A cette adresse il y a quelqu’un qui ... » Les mots meurent entre mes lèvres alors que je suspens mon geste. Quelque chose change dans l’atmosphère, une sensation vient éveiller mes sens et quand je relève le regard c’est pour le plonger dans celui de la Vampire. Ça ne vient pas d’elle, ce bruissement sourd qui se fait de plus en plus présent. Ça ne vient pas non plus des oiseaux de nuit qui se taisent ou du mulot qui traverse la clairière comme s’il avait la mort à ses trousses. Un renard ou une martre ? Aucune information olfactive ne m’indique la présence d’une de ces espèces en dehors de celle passée plus tôt et si je sens mon rythme cardiaque accélérer c’est parce que mon organisme se souvient bien avant ma conscience. Une … non, deux … Peut être trois. Le pas n’est pas si lourd qu’un individu adulte, sans doute trois jeunes à la recherche d’un nouveau territoire. De nouvelles proies, surtout, et l’adrénaline met en branle mes perceptions. L’excitation s’invite, se mêle à l’instinct de survie.

« J’espère que t’as pas peur des araignées. »

Une pensée pour Kezabel et Riley, un demi sourire sur mes lèvres qui me donne sans doute l’air d’un cinglé vu les circonstances. Amusé d’être encerclé par des Accromentules ? Manifestement.

Contrairement au loup, Hailey n'était pas vraiment à l'aise dans la forêt. Ce n'était pas que l'odeur des feuilles moisies qui gisait en un tapis humide ou le grouillement incessant des insectes qui la perturbaient hautement. Il y avait aussi le bruissement des branches arbres et l'écho de la faune à distance qui l'empêchait de se concentrer totalement et la rendait anxieuse. Après tout, une partie d'elle était une fille de grande métropole urbanisé jusqu'aux bouts de ses petits doigts. Ça se voyait facilement dans le blanc immaculé des chaussures de sport qu'elle venait tout juste de ruiner durant cette entrevue,

Eh merde.

Être en présence d'un loup-garou n'aidait pas la situation, le vampire pouvait ressentir jusque dans son échine qu'il avait l'avantage du terrain, question d'instinct. Il connaissait surement ces bois aussi bien qu'elle connaissait Coney Island, était-ce la raison pour laquelle elle voulait tant rejoindre le bord de l'eau? Un besoin de flotte. Son ile, sa maison, oui, sa jungle de béton lui manquait atrocement. Pas le temps de chialer ou chouriner, elle avait toujours du boulot. Elle ne pouvait peut-être pas dévorer l'homme,

C’est odeur, vraiment.

Mais elle devrait quand même tirer le plus possible de cette soirée, même si son vampire semblait prédestiné à le détester. Il avait de bonnes connections, elle devait l'avouer, ce qui lui donnait un peu d'espoir. Elle ne devait pas non plus gâcher sa réputation aussi tôt, elle avait tendance à parfois sous-estimer les gens. Qui sait qui était vraiment cet homme, elle avait suffisamment de remords d'avoir déjà rendu la vie d'Alec encore plus difficile.

Oh, ça va. Il survivra.

Son attention revint sur l'homme lorsqu'il se mit à agiter sa baguette, par précaution. Il était peut-être sympa, mais elle ne pouvait pas se permettre le moindre écart, surtout après hier soir. Combien en avait-elle tué? Deux pour sûr, deux autres qui avait disparus. Plus l'autre sorcier qu'elle avait mordu. Ça commençait à faire beaucoup. Elle savait que les deux hommes terrifiants de la veille ne laisseraient pas le mémo se perdre facilement.

Quelque chose approche.
Silence, je réfléchis!

Il semblait graver quelque chose sur le bout d'écorce, décidément, ça commençait à ressembler à une chasse aux œufs de Pâques. D'accord, elle allait jouer. Dans le pire des cas, c'était un piège, dans l'autre, un peu d'aide. Elle ne cracherait pas dessus. Il était peut-être un test pour qu'elle prouve qu'elle pouvait se calmer, contrôler cette chose à l'intérieur. Non, il n'est pas idiot, il savait qu'elle avait toujours envie de le mettre en pièce. Alec avait vu le monstre, il n'aurait pas envoyé un copain à l'abattoir.

Ils sont là.
Chut!
Trop tard…

« A cette adresse il y a quelqu’un qui ... »

Tout se mit en place comme des blocs autour d'elle. Le cœur d'Enzo, la panique de la forêt, même le bruissement des arbres s'étaient évanouis. Lui, eux, elles. C'était étrange, le battement de leurs cœurs étaient différents d'un mammifère ou d'un grand lézard. Sourd, probablement protéger par l'exo squelette qui les enveloppait. Comme les fourmis qui n'émettaient qu'un bourdonnement régulier avec leurs petites pattes à travers la terre de leurs tunnels. L'odeur était également étrange et tout à coup, le loup ne puait plus autant qu'avant.

« J'espère que t'as pas peur des araignées. »

Hailey retroussa le nez si fort qu'elle en ferma les yeux sous le coup du dégoût, comme une gamine qui aurait goûté du citron pour la première fois. Elle aurait préféré des kappas, des bicornes ou même des trolls! Tous sauf ces saloperies! Il existait beaucoup de créatures avec un grand nombre de pattes, être velu n'avait rien de spéciale et leurs sécrétions s'apparentait à la soie des vers et les cocons de papillons. C'était les yeux qui la dérangeaient. Elle avait passé suffisamment de temps dans les musées pour savoir que l'évolution est un grand tout, que malgré nos différences, nous ressemblons quelque part aux mammifères, à l'arbre et au feu. Huit yeux étaient du jamais vu, une erreur de l'évolution. Qui sait s'ils ne venaient pas d'ailleurs, prêt à conquérir la terre!

Bon, retourne à tes bouquins Hailey, je m'occupe du problème. Comme d'hab.

Elle se retourna vers la forêt, prenant lentement un pas de recule vers Enzo, puis un autre pour se rapprocher de l'arbre sur lequel elle avait été projetée. Sa grâce vampirique et ses pieds qui glissaient silencieusement contre le sol était un atout, elle se pencha pour attraper une branche assez solide qu'elle cassa contre son genou pour en faire une pique improvisée. Des cliquetis s'élevèrent de toutes parts, le vampire devinait que c'était les mandibules des créatures qui chantaient pour eux. Elle posa un regard semi-paniquer vers le jeune homme en souriant nerveusement.

- J'imagine que ce n'est pas le bon moment de t'apprendre que j'ai perdu ma baguette?
Perdu mon cul.

Elle avait heureusement fait un peu de javelot durant sa première année de collège et s'en sortait pas trop mal dans tout ce qui était physique jusqu'ici. M'enfin, rien n'était parfait et il y avait beaucoup d'improvisation, mais elle s'en sortirait. Pas vrai?

Bien sûr, maintenant tu veux bien me laisser conduire?
J'y arriverais.
Azy, j'ai hâte de voir ça. Je m'assois juste ici et je regarde, tien.

Elle fit un nouveau pas en avant pour rejoindre le jeune homme, se positionnant à ses côtés en pointant le bout de sa lance vers l'obscurité. Elle pouvait les voir se mouvé autour d'elle, mais la panique de la peur ancestrale qu'elle ressentait pour ses bestioles la fit déglutir.

Jeu 7 Juil 2022 - 19:32

Ça cogne dans les tempes, dans la poitrine, pas d’affolement mais d’autre chose. Une espèce de fascination pour le danger, pour l’adrénaline qu’il provoque, un truc que je cherche quand je décide de dévaler une montagne enneigée, que l’océan est beaucoup trop déchainé, que je devine la présence d’un squale quand j’évolue dans son élément. N’importe qui de censé se serait déjà barré mais non, on reste là elle comme moi, aussi cinglé l’un que l’autre peut être. Je suis pourtant un mec posé, raisonné, un gars qui a déjà pris trop cher pour courir encore après ce sentiment d’alarme qui éveille l’esprit et le corps en entier. Pas d’instinct de survie ? Putain que si et la peur est bien présente. Le problème c’est qu’elle est tout aussi grisante et les frôlement d’exosquelette de mastodontes contre le sol et les arbres font moins de bruit que les battements de mon cœur.

Il dirait quoi le tien s’il battait encore ?

Elle a l’harmonie du félin quand elle bouge et l’espace d’un instant Azalea traverse mes pensées. Un Lycan ça n’a rien à voir, mâle ou femelle notre force est brute et si l’agilité est bien présente elle est forcément plus lourde. Un côté fascinant, un frisson le long de l’échine quand tu te rappelles qu’elle pourrait tuer n’importe qui – ou presque – même éveillé sans qu’on ne l’entende jamais venir.
Poupée de porcelaine démontre qu’elle n’en est pas une en brisant sans effort une branche contre son genou. Le bois, son pire ennemi, il se passe quoi s’il atterri droit dans ta poitrine ? Mais cette fois l’arme n’est pas contre elle je le devine et entre nous une sorte d’alliance implicite s’installe. Deux prédateurs devenus proies, un concept qui agace le loup autant qu’il éveille son envie d’en découdre.

« J'imagine que ce n'est pas le bon moment de t'apprendre que j'ai perdu ma baguette ? »

Je ne quitte pas l’obscurité du regard, mes sens aux aguets, mais c’est un regard en coin que je glisse jusqu’à elle « Ah. » Après tout elle s’en serait peut être servi contre moi quand je n’ai pas hésité à utiliser la mienne. J’incline la tête sur le côté et hausse les épaules, malgré l’odeur qu’elle dégage et qui chatouille mes sens comme la mienne doit agresser les siens je n’ai pas peur de la savoir si proche. Alliés, plus ennemis si tant est qu’on l’est été. Un but commun : Survivre. Suffirait de pas grand-chose pourtant, simplement que je pose ma main sur son bras et que je nous fasse transplaner ailleurs. Au delà du risque que ça implique pour moi vis à vis d’elle – Vampire, oui, mais inconstante donc dangereuse – je ne suis pas certain de vouloir m’extraire si rapidement de ce qui se trame ici. So me hurlerait dessus mais dans le font comprendrait, Will sans doute moins. Je peux déjà voir Isma me faire les gros yeux, Mateo me claquer l’arrière du crane, Takuma et Caem secouer la tête en silence. Amusés, pas franchement étonnés, confiants. Keza ? Je crois que comme moi elle repenserait à cette nuit là et je peux déjà voir son sourire s’esquisser quand je le lui raconterai. Les gros yeux d'abord, le sourire après.

Si tu survis …

Si je survis. Coincé entre un Vampire incontrôlable et des créatures capables de me couper en deux sans trop d’effort.

« Tu vois c’est là où je t’envie d’être en permanence à 100% de tes capacités « animales ». » En rien soumise à la Lune.

Pas parce que j’ai pas confiance en l’humain que je suis ni en mes capacités magiques mais parce que ressentir de l’intérieur ce qu’on ne peut exprimer à l’extérieur à un côté frustrant. Étrange de se sentir limité alors que son corps se brise chaque mois et que la douleur vous rapproche d’une sensation de mort lente, interminable ? Sans doute un peu, pourtant c’est le cas et probablement pas toujours pour les bonnes raisons je l’admets « Je m’amuserai beaucoup plus en étant sous mon autre forme. » Courir, bondir, esquiver, mordre et ne pas lâcher. Regarde tout ce que t'as, maigre consolation peut être mais c'est là, ça étreint ton être tout entier et te propulse au sommet de la chaine alimentaire. Tu la sens cette puissance dans tes veines asséchées, non ? La mienne bouillonne à l'intérieure, la cage s'ouvre parce qu'il est là sous la surface, l’animal excité par l’appât du sang et de la chasse. Par la traque qu’il rêve de mener comme quand sous son poids la terre meuble s’enfonce. La frénésie, ce sentiment inexplicable, là où le cerveau se met en veille et seul l’instant compte. Seul l’instinct s’exprime.

« Lumos. » Bras tendu droit devant moi la lueur de la magie inonde la clairière jusqu’à laisser apparaître les formes crochues et sombres des Accromentules. Pas adultes comme je l’imaginai mais je peux presque sentir le frisson qui parcoure ma comparse imprévue. Les mandibules s’agitent, les crochets claquent, les pattes bien trop nombreuses tricotent contre le sol légèrement humide. Un cri strident perce alors le silence et me force à plaquer mes deux mains sur mes oreilles en me pliant légèrement en deux. Les sens aussi affûtés que les miens j’imagine qu’il en va de même pour Hailey mais je n’ai pas le temps de m’en préoccuper. L’attaque est lancée, peu coordonnées mais létale à la moindre seconde de relâchement.

Le geste du bras est pris avec élan « *Aragna Exime Maxima ! » L’une d’elle s’envole vers l’arrière pour s’écraser entre les arbres dans un fracas qui fait résonner toute la forêt.

*Propulse en arrière l'araignée visée.

« Tu vois c’est là où je t’envie d’être en permanence à 100% de tes capacités « animales ». Je m’amuserai beaucoup plus en étant sous mon autre forme. »

Enzo n'avait visiblement aucune idée à quel point Hailey aurait voulu échanger sa place avec lui. Si seulement son démon pouvait prendre forme uniquement une nuit par mois, sa vie serait beaucoup plus facile à vivre. Elle aurait pu venir à ce rendez-vous avec un esprit plus ouvert, elle aurait voulu parler plutôt que mettre en pièce. Elle n'aurait pas eu à combattre ce feu ardent qui la dévorait de l'intérieur et lui faisait perdre le contrôle sur ses émotions et ses actions. Quel sentiment de libération se devait être que de ressentir cette flamme brûlante s'extirper de votre peau, pouvoir devenir autre chose plutôt que devoir combattre une entité parasite. Certes, Alec n'aurait surement pas survécu à l'attaque si elle avait été louve, doutant qu'une fois lancé, le sang plein la gueule, ils pouvaient s'arrêter comme elle l'avait fait. C'était son coté humain en elle qui avait sauvé le jeune homme tandis que la bête ne pensait qu'à se nourrir.

« Et moi je donnerais n’importe quoi pour me transformer qu'une seule nuit par mois »

Et pouvoir m'empêcher de boire le sang de tout le monde. Oui, c'était les remords qui parlaient. Savait-il ce qu'on ressentait lorsqu'on posait un regard envieux sur ceux qu'on aime? Le déchirement de ressentir autant d'affection pour Theodore qu'elle ressentait l'envie de le goûter, de le posséder. Voyait-il lui aussi toutes ses images de mort sanglantes qui déferlaient dans sa tête lorsqu'elle posait les yeux sur la nuque d'un humain? Avait-il déjà été effrayer à l'idée qu'il pourrait dévorer un bébé sans même sourciller? Un million d'idée qui mourut aussi rapidement qu'elle avait pris naissance dans son esprit. Elle ressentait un étrange mélange d'émotions. Sa peur et son excitation se mêlait à travers son corps, lui donnant un regain d'énergie qui mettait tous ses sens en alertes.

« Lumos. »

Un frisson désagréable la traversa tandis qu'il illuminait la nuit autour d'eux. Hailey se dit qu'elle préférait nettement lorsqu'ils se tapissaient dans l'ombre même si elle pouvait toujours les voir. Il y avait quelque chose de dégoutant qui émanait de leurs poils rudes et de l'éclat de leurs nombreux yeux qu'elle tolérait mieux dans la pénombre. Malgré tout, elle ne fit que retrousser le nez, ayant suffisamment de volonté restante pour garder la face devant Enzo. Un cri strident s'éleva dans les airs, l'écrasant brusquement jusqu'à ce qu'elle pose un genou au sol, échappant son arme improvisée pour plaquer ses paumes sur ses oreilles. Elle avait également ressenti le changement chez son compagnon, il devait souffrir tout autant qu'elle. La créature réussie tout de même à se relever, laissant tomber ses bras le long de son corps avant d'ouvrir sa bouche crispée pour laisser échapper un son animal. C'était à mi-chemin entre un cri d'humain et le grognement d'une bête. Dans son chant se déversait toute la colère de ses derniers vingt-quatre heures. Cela eut un certain effet silencieux sur les créatures qui chargèrent rapidement vers eux. Le corps du vampire se crampa, reprenant son arme juste avant que l'homme jette un sort contre l'une d'elle. Hailey eut une pointe de compassion pour la créature qui soudainement lui rappelait… Elle-même.

Araignée, vampire, qu'importe. Elles semblaient animées par le même désir qu'elle avait de survivre. Elles fonçaient à son image vers le loup sans se poser la moindre question. Aucune hésitation, aucun remords, aucun ressentiment. C'était animal, instinctif. Incontrôlable. La faim. Elle connaissait bien le sentiment. Malgré tout, c'était elles ou eux et le vampire ne se fit pas prier pour prendre position. Sa jambe droite s'étira d'un pas, son dos s'allongea et l'angle de son bras tenant la lance au-dessus de son épaule était bien définie. Pendant une fraction de seconde, Hailey avait l'impression d'être retourné au collège, participant à une activité pour gagner des crédits de plus.

« Regarde ça! » Souffla-t-elle avec un peu trop d'assurance à Enzo avant de lever son bras libre et prendre son élan

Malgré le fait que sa lance semblait immobile tandis qu'elle traversait l'air, son élan n'était pas parfait, faisant dévier légèrement le bois, ratant de peu la tête de la créature pour aller s'enfoncer dans la partie arrière de son corps. Le cri déchirant de la bête ne l'effleurait même pas, elle frappa de son poing dans l'air de manière déçue malgré le fait que l'araignée avait été immobilisée au sol par le javelot qui s'était enfoncé dans la terre. La vampire fit quelques pas rapide vers la cible, trop exciter par les évènements pour faire attention aux alentours. Elle posa un pied assuré contre le monstre, attrapant son arme des deux mains pour la retirer difficilement, une matière visqueuse s'échappant de la plaie. Heureusement, son instinct était suffisamment aiguisé pour qu'elle ressente la patte de l'autre rapace glisser dans l'air. Le vampire fit une roulade vers l'arrière, évitant de justesse la pointe affiler d'une mandibule avant de s'élancer vers le loup.

Lorsqu'elle se retourna, elle réalisa quelque chose qu'elle ignorait de ces créatures, c'était des foutus cannibales. Son visage se fripa d'un dégout évident tandis que l'araignée plantait sa gueule dans ce qui devait autrefois être un frère ou une sœur.

« Dégueu! » s'exclama-t-elle sur un ton plein de jugement, ignorant que ses bêtes étaient suffisamment intelligentes pour prévenir la récolte de mandibule, une ressource plutôt populaire qui valait assez cher sur le marché noir sorcier. Sans parler qu'elle était mal placer pour juger une créature se nourrissant de ses congénères...

Jeu 21 Juil 2022 - 20:35

Rien de sensé dans ce qu’il se passe ici, même la luminosité s’amuse à créer une ambiance stellaire dans ses nuances. L’ombre de la nuit, l’éclat d’argent de la lune croissante, mon lumos qui persiste entre deux sortilèges puisqu’il y en aura certainement d’autres.
Ils ne pourraient pas comprendre, ceux vers qui mon esprit s’égarent accompagnés de messages d’alerte, de mise en garde. Penser à eux avant de penser à moi et ce pour des raisons évidentes car mes motivations ne sont pas celles qui ressemblent à l’expression d’un instinct de survie à vif. Pourtant c’est le cas, ce qui s’exprime ici n’est rien de plus qu’un attrait brutal pour la vie. Une envie de sentir mon sang battre dans mes tempes, mes muscles se tendre sous l’effort, mon cœur cogner avec force dans ma poitrine. Bien sûr que la peur est là mais n’est elle pas elle aussi une manifestation de vie ? Le principe est simple : Fuir ou attaquer. A l’instinct, voilà les deux manières qu’ont les êtres vivants de gérer ce genre de mise en tension. Hailey comme moi avons fait notre choix et je peux voir l’éclat dans son regard, le même qui fait briller l’ambre sombre de mes yeux.

Elle est aussi agile que je suis réactif, puisant dans des années de pratiques avec des sorciers expérimentés. Mon frère, Logan, d’autres encore mais principalement ces deux là. La Magie s’agite dans mon être tout entier, elle crépite dans le bout de mes doigts et s’embrase en traversant ma baguette comme conducteur. Et ça fait du bien. Un truc auquel je ne m’attendais pas car au fil du temps cette Magie qui pourtant me compose en partie me semblait de plus en plus abstraite. Ce soir elle est là, elle hurle, s’exprime, me défend. L’égo se gonfle un peu c’est vrai, rien de plus que la satisfaction de voir la réussite qui accompagne mes gestes depuis le début.

« Regarde ça! »

Et je ne pense pas me tromper en disant que je ne suis pas le seul.

Si mon regard quitte l’Accromentule à peine disparu dans les ombres et ses comparses c’est pour se poser sur la Vampire. Sur mes lèvres un sourire, le mouvement est si vif que j’ai du mal à suivre la trajectoire de cette lance improvisée. Ça n’est que lorsqu’elle s’enfonce dans la partie arrière de l’abdomen de l’une des araignées que je parviens à la retrouver. Hailey exulte sa joie, la bête hurle sa douleur. De la compassion, voilà ce qui me traverse de part en part en voyant ces créatures souffrir à cause de nous. Prédateurs, elle comme moi, sans doute les mieux placés pour comprendre que tout ça n’est rien de plus que l’expression de la Nature. La chaîne alimentaire, tuer ou être tué, manger ou être mangé. Un Vampire et un Lycan au menu, ça n’a rien de différent des êtres que je prive de vie lorsque la lune est pleine, rien de différent des carotides dans lesquelles Hailey enfonce ses crocs. Pire encore, on a la conscience de notre côté aussi je me demande qui sont les véritables monstres ici ? Enfin j’ai la conscience, je l’ai acquise au fil du temps. Ce pouvoir de décider qui je tue et qui j’épargne, quel sang coulera dans ma gorge ou non. Elles, non. Les Accromentules comme Hailey.

Deux araignées au sol, une autre que je sens, que j’entends mais que je ne vois pas. Camouflée dans les ombres je sais qu’elle attend le bon moment pour attaquer tandis que la Vampire laisse éclater les dons que lui confèrent sa nouvelle condition. Si elle savait comme je la comprends, comme j’aime embrasser la puissance, la vitesse et la force de mon autre moi. Le paroxysme sera bientôt là et la simple idée de retrouver cette forme que j’ai appris à aimer avec le temps fait battre mon cœur plus encore.

« Dégueu! »

Sur mon visage pas d’expression particulière alors que l’une des Accromentules plongent ses crochets dans le corps de sa semblable. Le regard posé sur ce spectacle mais l’odorat et l’ouïe occupées à autre chose je ne prends pas le temps de profiter de ce moment d’alliance avec la Vampire. C’était mal barré et nous voilà liés par un combat commun : La survie. C’était déjà le cas dans un spectre bien plus large et mes pensées s’envolent dès l’instant où le monstre attaque. Je n’ai qu’à peine le temps de pousser Hailey avec violence pour l’écarter que le choc me coupe le souffle. Un coup de ce que je suppose être une patte vient me frapper directement dans le ventre et m’envoie voler quelques mètres plus loin où je roule sur le sol. Assommé, des feuilles mortes partout dans les cheveux et accrochés sur les vêtements, je crache la terre qui s’est invité dans ma bouche en étouffant un grondement. Mélange de frustration et de colère, une rage animale éveillée par l’égo mis à mal d’avoir été soufflé si facilement. La baguette dans la paume droite je prends appuie sur la gauche pour me redresser. Je ne sais pas lequel de mes sens parvient à me prévenir avant l’autre, est ce que j’entends l’élan avant de voir le danger ? Est ce que l’odeur lointaine puis plus proche me fait réagir ? J’ai juste le temps de rouler à nouveau sur le côté, la douleur qui me cisaille les côtes n’est pas celle qui est la plus vive. Bras droit braqué je lance un sortilège comme je peux pour éloigner la menace sans me douter de celle qui vient de s’ajouter à la liste.

D’abord l’odeur métallique, celle qui vient immédiatement activé mes glandes salivaires dans un réflexe bestiale. Ensuite c’est ce filet carmin sur mon avant bras que je perçois et la douleur enfin s’invite. La coupure est nette, environ quinze centimètres de longueur, profonde de quelques millimètres « Et merde. » Ça n’est pas ça qui m’inquiète.

Le regard braqué dans celui d’Hailey je me relève et adopte une position défensive, laissant le loup prendre la place qu’il veut. La main gauche plaquée sur la blessure je retiens un nouveau grondement dans le fond de ma gorge « Hailey ... » et je sais qu’elle perçoit les battements de mon cœur qui s’emballe. L’appât du sang, même différent, une énième pensée pour JunKi. Une autre pour Maxence.

« T’approche pas. »

La voix est rauque, menaçante. Elle en gerbera tripes et boyaux mais ça passera, si ses crocs s’enfonce dans ma chair son venin m’empoisonnera.

Entre mes doigts le sang s’écoule … Leçon n°1 : Apprendre à gérer la pulsion.

Bien que l'adrénaline du combat se propulsait avec force dans son corps, Hailey se sentait étrangement à l'aise, comme si elle avait été conçue pour ça. De petite fille qui n'ouvrait pas soi-même sa portière à machine à tuer assoiffer, la différence était sciante, et pourtant elle ressentait que c'était en elle depuis toujours. Il y avait aussi la part de vampire qui était heureux de pouvoir mettre les choses en pièces, protégeant de ce fait le compagnon à ses côtés. Une bonne chose puisque le parfum des créatures à huit pattes rendaient son odeur beaucoup moins abjecte malgré son arrière-goût de poison qui alarmait ses sens. Dans la sommes des évènements, elle ne pris pas la peine de réagir devant le loup qui fonçait sur elle, comme convaincu qu'ils ne pouvaient plus être des ennemis mortels. Lorsqu'il la repoussa, elle fût choquée de se retrouver au sol, découvrant pour la première fois la force physique d'Enzo. C'était différent de la sienne, beaucoup plus brute et violent. Il était également très chaud, encore plus qu'Alec lorsqu'elle le tenait dans ses bras. Elle se releva agilement, le sorcier lança ensuite un sort sur la bête qui la fît reculer d'un coup de baguette sûr. Pas le temps de penser à combien la vie serait facile avec une baguette, elle fonça vers la créature qui s'enfuyait déjà vers la forêt. L'excitation se transforma rapidement avant même qu'elle le réalise.

L'odeur qui, malgré sa touche canine, remonta dans ses narines avant de redescendre dans sa gorge. Son corps tout entier se braqua soudainement et elle perdue son sourire, se retournant vers lui, ses yeux brillaient déjà de vermeille. L'homme laissa échapper un juron, le vampire resta plonger dans une immobilité cadavérique tandis qu'elle ne pouvait quitter son bras des yeux. Avant même d'apercevoir le sang elle pouvait détecter la source. Son cerveau pouvait déjà esquisser la blessure contre sa peau, l'épaisseur du sang et ses tons de rouges. Le cœur de l'humain s'excite, Hailey avait de plus en plus de mal à rester sur place, comme si son corps était déjà prêt à se jeter sur sa proie. Pour quelques gouttes, il n'était plus Enzo le patient, l'empathique. Il était lui, ça. De la chair, du sang et des os.

« Hailey ... »

Elle pencha la tête vers la gauche comme un animal, hypnotisé par les pulsations de son organe qui lui criaient qu'il était en vie. La peur qu'elle ressentît dans ses mouvements lui infligeaient un drôle de picotement. Il semblait la défiée, l'appeler. La bête se demandait à quoi l'écho de ses cris pouvaient ressembler, s'il était de ceux à s'étendre en plainte ou rester froid face à sa propre mort. Elle releva la tête et avança d'un pas.

« T'approche pas. »

Elle remarqua alors qu'il était en position défensive, comme si cela pouvait le sauver. Il avait toujours sa baguette en main, voilà ce qui était son plus grand obstacle. Le vampire souriait intérieurement à la pensée qu'elle aurait l'éternité pour étudier la magie et que dans mille ans, elle n'aurait surement plus besoin de ce stupide bout de bois. Ses épaules roulèrent discrètement sous sa veste, son visage restait de marbre, comme s'il s'était endormi les yeux ouverts. Elle pouvait entendre le silence de la forêt, comme un vieux barde qui lui chantait que le moment approchait. Malgré toute l'affection qu'elle avait développé rapidement pour l'homme devant elle, Hailey ne pouvait contrôler la faim qui lui déchirait la gorge et la passion qu'elle ressentait à se nourrir. Le sang d'Alec semblait maintenant si loin dans son estomac, comme un rêve passé qui n'avait jamais vraiment existé.

Son regard quitta les yeux de l'adversaire, glissant suavement sur son corps pour rejoindre ses doigts allongés. Quelque chose lui criait que dans ses gouttelettes accrochées à ses phalanges distales un poison reposait, mais l'esprit de la créature s'enflammait déjà et la curiosité la gagnait rapidement. Elle dégluti, ses yeux se violaçant sombrement et sa bouche s'entre-ouvrit pour laisser de l'espace à ses crocs qui s'étiraient. Il n'y avait aucune décision, aucun choix. Ici dans cette forêt, il n'y avait que l'appel de la nature qui existait. Le vivant et la morte. Le loup-garou et la vampire. Le prédateur et la proie. Ses naseaux s'étirèrent et la blonde huma dans l'air les particules de vie qui s'échappait du jeune homme. Elle ouvrit enfin la bouche.

- Pardonne-moi, souffla-t-elle d'une voix neutre

Il était fort, tout autant qu'elle peut-être même plus, mais il était également lourd. Lent. Le vampire glissa sur l'herbe aussi rapidement que si elle avait transplané, se jetant sur l'animal blessé comme un affamé. Son bras droit se releva solidement sur la gorge, l'autre s'entoura autour de son poignet pour pointer la baguette vers le vide. Sa main se resserrait plus fortement contre celle-ci que sa sœur contre son cou, comme si elle voulait le forcer à délivrer sa baguette. Son grognement était sauvage, son haleine caressant le visage de sa cible exposée à ses crocs reluisant. Ça n'avait pris qu'une seconde et pourtant la jeune femme qui avait combattu avec lui s'était totalement évaporé. Une fracture brutale qui séparait son âme de la créature qui vivait en elle. À l'image inverse et défigurer d'Enzo, il était une parfaite symbiose alors qu'elle était brisée en deux. L'oiseau ne chantait plus, il crachait du venin.

Ven 29 Juil 2022 - 20:09

Envolé la coalition, dans son regard et son attitude les faits sont clairs : Je deviens la proie. Ses yeux glissent sur mon sang qui s’écoule bien qu’il ne tardera pas à coaguler grâce à la particularité de mon organisme. La blessure ne se refermera pas d’elle même, non, si je pouvais relâcher ma vigilance une seconde j’utiliserai la Magie pour la soigner. Si son cœur battait encore je pourrais entendre l’excitation de la chasse, la soif qui prend possession de tout son être. Là, coincé entre une Vampire dont l’humanité a été chassé comme la neige par le soleil et une potentielle nouvelle attaque d’un ennemi que je ne vois plus je ne laisse pas de place aux regrets ni à la culpabilité. Pas de tremblement non plus quand ses crocs s’étirent à nouveau et si mon esprit dérivent une seconde vers les miens je le bloque immédiatement. Je ne peux pas me permettre la moindre distraction.

J’ai fait des choix que j’assume et continuerai d’assumer ...

« Pardonne-moi. »

… sans la moindre trace d’inimitié envers elle.

En un éclair elle est sur moi, aucun de mes réflexes pourtant aiguisés ne peut empêcher ça et la douleur dans mon poignet irradie jusque dans mon coude, puis mon épaule. Un râle profond s’échappe de ma gorge, doublé d’un grondement sourd alors que déjà l’air me manque. Son emprise est brute, animale, solide et puissante. En moi le loup se cabre, claque des mâchoires et griffe le sol de ma conscience. Le poing serré autour de ma baguette, mon regard plongé dans le sien, je n’y vois plus de trace de la jeune femme qu’elle était il y a de ça quelques secondes encore. Elle s’amusait, elle embrassait ces parties d’elle qui sont une force, un cadeau. Face à moi je n’ai plus qu’un prédateur dont l’esprit est focalisé sur une seule chose : Boire.

« Lâche moi. »

Le ton est ferme, la voix se fait rauque, je puise dans toutes mes forces pour tenter de ramener mon bras contre moi alors que mon autre main s’agrippe au sien, celui appuyé contre ma gorge. Impossible d’utiliser la Magie pour me défaire de son emprise, si je lance un sortilège il atterrira dans le sol. Au mieux il sera inutile, au pire il nous blessera tous les deux. Et même là, à sa merci, je n’ai pas envie de la blesser. Elle ou moi. C’est compliqué de luter contre ce qu’on est au plus profond de soi même, compliqué de laisser une place à ces voix qui viennent vous rappeler que vous n’avez pas le droit d’être si égoïste envers ceux à qui vous avez donné une partie de votre cœur. Ceux qui vous ont donné une partie du leur.
Pas de colère, rien de plus qu’une compassion teinté d’instinct de survie et c’est sans doute ce qui me pousse a la repousser violemment d’un coup de genou dans le ventre.

Mais ça n’est pas suffisant.

Si tant est qu’elle m’ait lâché un seul instant elle revient à la charge plus rapidement encore et c’est un cri de surprise mêlé de douleur qui brise le faux silence de la nuit. Le mien, quand ses crocs s’enfoncent dans ma chair. La suite est floue, rapide, je me retrouve sur le sol et elle aussi alors que la magie grésille dans mes veines. Et c’est une énorme patte qui s’abat entre nous deux. Viens alors le moment de faire un choix et si quelque chose me semble passer dans son regard je prends ma propre décision.

« J’peux pas rester. »

Un murmure, qu’elle entendra j’en suis certain. J’ignore lequel de nous deux disparaît en premier alors que déjà la piqûre de son venin serpente dans mon organisme. L’atterrissage n’a rien de de doux et je m’écroule lourdement sur le sol à quelques dizaines de kilomètres de là.
Les falaises grises contre lesquelles la mer vient s’écraser brutalement, l’herbe humide et froide sous mon corps, un grognement de douleur quand je me redresse et reprends mes esprits.
Une minute, peut être deux, à regarder les étoiles étalés sur le dos. T’endors pas me souffle une petite voix alors que l’adrénaline retombe, je glisse une main dans ma poche droite et en sors une petite fiole que je vide d’un coup. Pas totalement inconscient, bien sûr que j’avais anticipé une potentielle morsure. Ça n’arrêtera pas entièrement le venin mais ça le ralentira alors avant de contacter qui que ce soit d’autres le nom que je cherche dans le répertoire est une évidence.

Une sonnerie, deux, c’est le milieu de la nuit ...

« Dispo pour un strip poker là tout de suite ? »

… mais bien sûr qu’il décroche.

C’est comme ça que je débarque à minuit passé chez Fenella, les fringues tachés de sang mais la blessure au bras refermée magiquement. Celle de la morsure en revanche suinte encore et quand je pousse le portillon il est déjà là. Aucune panique dans son regard, presque une sorte de sérieux amusé, à deux doigts de lever les yeux au ciel quand il comprend.

« Ça faisait longtemps. » Bah voyons « J’peux pas rentrer comme ça. » J’pourrais, mais j’veux pas. Un peu lâchement c’est vrai, ça le serait d’autant plus de le nier. Pas parce que j’ai peur de me faire engueuler, plutôt parce que j’ai peur de décevoir et d’inquiéter même si ça ne veut pas dire que je ne serai pas honnête. Loin de là. Aussi parce que ce dont j’ai besoin je sais qu’ici je le trouverai « J’ai pris ça. » Je lui tend la fiole qu’il attrape entre son pouce et son index, un hochement de tête pour accompagner ce geste.

Une fois à l’intérieur je lui explique tout ce qu’il s’est passé, y compris le fait d’avoir perdu la trace d’une Vampire tout juste mordue qui risque de foutre le bordel malgré elle.

▬ FINI POUR MOI ▬

TW; vomissements

Il n'y avait rien comme l'excitation qu'elle ressentait lorsque son vampire se libérait des chaînes de son esprit pour se déverser sur le monde. Hailey n'avait pas les moyens de résister à ses envies qui lui déchiraient l'estomac, beaucoup trop jeune pour ne pas glisser dans l'avarice et la gloutonnerie. Le sang était son poison et il l'avait appelé en se déversant du bras de sa proie. Ça avait été instinctif, impossible à refréner et qui n'avait pas besoin de justification ou même de remords. C'était peut-être pourquoi on appelle le vampirisme une malédiction, l'impression que c'est imposé par une force plus grande que soi-même.

« Lâche moi. »

La main du vampire se resserra contre sa gorge tandis qu'il posait la sienne contre son bras. Elle ne pouvait pas expliquer le déchirement qui l'emportait entre lui briser la nuque ou planter ses crocs dans sa chaire. Il ne sentait pas aussi délicieux qu'un humain, c'était peut-être là l'explication à son hésitation. Le coup au ventre la pris par surprise, elle libéra son emprise sur lui pour se pencher légèrement sous la douleur seyante, relevant rapidement la tête pour le dévisager d'un air mauvais. Si elle hésitait autrefois, il l'avait convaincu de se déchainer contre son sang. Elle bondit contre lui, s'accrochant à ses épaules avant de planter ses mâchoires d'acier dans sa peau. Elle mordue aussi fort qu'elle le pouvait, comme si elle avait plus envie de le marquer que de boire son sang. Le jeune homme chavira contre l'herbe et la prise du vampire se resserra contre son corps, le goût répugnant de poison sans ses veines força la créature à s'arrêter. Elle releva la tête pour dévisager le visage en douleur de l'homme, se saisissant brutalement de voir le visage de cet être pour qui elle avait ressenti autant d'affection.

« J'peux pas rester. »

Le vampire relâcha son emprise sur lui, se relevant sur ses pieds d'un air toujours secouer avant qu'il ne transplane. Le loup disparu aussi rapidement qu'il était venu, emportant avec lui la preuve du danger qu'elle représentait. Même les loups n'étaient pas à l'abris de ses crocs d'ivoires, une nouvelle qui ne réjouirait surement pas quiconque possédant un cœur battant. C'était de mauvaise augure pour un vampire qui était déjà recherché par les mauvaises personnes. Sans compter qu'Alec ne serait surement pas réjoui à l'idée qu'elle avait croqué son ami à la première occasion. Hailey aurait aimé avoir le temps de refléter sur ce qui venait de se passer, mais le sang du loup ne l'avait pas attiré qu'elle.

À travers le tapis de la forêt, elles pouvaient les sentir approcher. Combien de rejeton une araignée pondait à chaque couvée? Le vampire n'avait pas envie de connaitre la réponse à cette question, elle décida donc qu'il était également temps pour elle de partir et trouver un abri pour la nuit. Elle était plutôt loin de sa ville et une simple erreur de calcule pourrais s'avéré fatale. Elle quitta la clairière en vitesse, ignorant le bruit de pattes qui s'éloignaient à mesure qu'elle fonçait à travers les bois.

Curieux qu'un vampire soit suffisamment ébranlé de s'être nourri qu'il trébuche contre une souche pétrifiée dans la mousse verte. Elle ne se révéla pourtant qu'après de longue minute avec l'impression qu'elle allait perdre connaissance. Le sang était lourd dans son estomac, chavirant comme un navire chaque fois qu'elle se remettait à bouger. Une nouvelle leçon apprise; le sang de loup-garou c'est crase. Le vampire tomba à genou, déversant le contenue de son estomac contre les feuilles séchées à l'orée d'une caverne. Après un long moment de douleur et de hoquet, elle se traîna lentement vers l'abri en priant que ce n'était pas le territoire d'un ours.