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A Taste Of Blood - Hailey M. Harding & Alec K. Rivers

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Soho.
Sam 16 Avr 2022 - 19:11
TW : sangs, vomissements


       
A TASTE OF BLOOD
Alec Kaleb Rivers & Hailey Moira Harding
 
Heureusement pour la jeune vampire, la lune était déjà bien haute dans le ciel lorsqu'elle déboula de l'escalier pour se diriger dans la petite ruelle arrière de l'immeuble. Elle courait si vite qu'elle ne sentait pas les marches sous ses pieds, renversant la poubelle de métal grise posé près de la porte. Le vacarme lui déchira les tympans, un cri étouffé glissa d'entre ses lèvres toujours rosées par le sang d'Anna. Hailey laissa tomber son sac au sol et se couvrit les oreilles de ses deux mains. C'était insupportable! Tous ces bruits de voitures, de gens qui parlent et l'éclat des lumières. Elle pouvait entendre la cuillère qu'on échappait sur le sol de bois durs à l'intérieur du petit café situé sous son appartement. L'aboiement d'un chien de Grosvenor Square dans le quartier Mayfair. La désorientation était-elle que la petite blonde s'effondra momentanément sur les genoux. Malgré le sang de sa colocataire qu'elle venait tout juste d'ingérer, c'était loin d'être suffisant pour effacer les sombres et veineuses marques qui entouraient ses yeux ordinairement verts. Ils étaient maintenant deux billes vide de toute humanité, injecter par le sang d'Anna et la soif déchirante qu'elle ressentait en même temps. Son esprit était déchiré entre ce sentiment divin d'invincibilité et de délicieuse destruction, et la culpabilité et le remords que ses actes entraînaient. Cette sensation tranchante à l'intérieur de son estomac qui lui disait, non, qui lui criait de boire davantage. Une faim inhumaine, une faim bestiale. Son esprit avait beau trembler à l'idée de recommencer, son corps se bougeait instinctivement à travers la ruelle en direction du parc. Les rues de Soho était beaucoup trop bruyante pour la nouvelle créature, les néons trop illuminés pour ses yeux de sang qui recherchait l'obscurité.

Il y avait beaucoup moins d'odeurs entre les grands arbres du parc de Grosvenor Square. Il y avait bien quelques piétons qui se promenaient au clair de lune, mais Hailey était prisonnière de son esprit déchiré. Elle tomba de nouveau contre l'herbe fraiche sous ses pieds, ce qui lui avait semblé une éternité d'agonie n'avait en fait pris que quelques secondes. Elle jeta un regard autour d'elle, le monde semblait ralentir et basculer tout à la fois. De chaude larmes coulaient sur ses joues froides, ses poumons immobiles lui donnait l'impression qu'elle étouffait, incapable de comprendre qu'elle n'avait plus de souffle. Elle entendait les pas s'approcher, mais était incapable de bouger ou de parler. Elle aurait voulu crier à cette vieille femme de courir! Qu'elle était dangereuse, létale. Entre leurs deux corps, une cible parfaite. Une trentaine de kilos de Basset Hound gambadant joyeusement devant sa maitresse. En trois pas, sa main agrippa la bête par le coup et la souleva comme un chaton. La femme au manteau de tweed n'avait jamais vu venir le coup. Avant qu'elle réalise, l'américaine se tenait droit devant elle, les crocs bien enfoncer dans la gorge de l'animal. Dès que le sang rempli la bouche d'Hailey, la part de vampire en elle s'éveilla et elle recracha immédiatement ce sang différent. Il n'avait pas le même arôme que le sang humain. Elle pouvait goûter à travers le liquide la diète horrible du chien. Elle le relâcha, il s'enfuit si vite que sa maitresse perdue pied en libérant la laisse. Le chien aboyait en s'éloignant, la vampire se fondit sur Margaret dans une frénésie animale. Allongé sur le bitume du petit chemin qui traversait le parc, Hailey se permit enfin de boire à sa faim. Ses crocs acérés pressaient si fort contre sa gorge que même ses dents humaines transperçaient la chaire. C'était encore plus fort que l'héroïne, plus fort que l'amour et même la haine. Pendant un moment, un bref instant, il n'y avait aucune douleur, aucun doute, aucune conscience. Uniquement cette sensation délicieuse être au centre du monde et d'absorber toute vie, littéralement.

Quelque chose changea. Le goût qui au départ était si pur et si rafraichissant tournait maintenant en un vinaigre amer et désagréable. La créature n'eut d'autre choix que d'arrêter de boire, se redressant sur ses mains pour dévisager sa victime. Margaret n'était plus. Son regard était maintenant vitreux et sa bouche entre-ouverte restait immobile, Hailey n'oublierait jamais ce visage, ni cette leçon. Une fois mort, le sang devenait mauvais au goût, elle s'en souviendrait. Tout en s'essuyant la bouche avec la manche de sa chemise, elle se releva plus rapidement qu'elle ne l'aurait voulu. Chaque cellule de son corps était en surchauffe, mais son esprit s'éclaircit soudain. Le sang d'Anna n'avait pas eu ce goût putride et repoussant que la vieille femme avait laissé dans sa bouche. Un sentiment de joie remplit ce qui restait de son petit cœur d'humaine à l'idée qu'elle n'avait peut-être pas tué sa colocataire. Elle devait retourner à l'appartement au plus vite. Délaissant le cadavre au milieu du parc, elle s'élança à travers les arbres en direction de Soho. Elle se sentait bien, libre. L'air de Londres était épais et saturer d'un millier d'odeurs qu'elle n'arrivait pas encore à différencier. Ses yeux étaient maintenant moins affectés par les lumières de Soho, son ouïe en revanche était toujours aussi sensible. Avant qu'elle n'atteigne la ruelle de son appartement, un violent vertige l'a ralenti dans sa course.

Son dos se courba sous les pincements déchirants qui traversait ses entrailles. Elle réussit à se trainer dans la ruelle, son corps pesait maintenant le poids du ciment. Ses pas trainant s'allongeaient alors qu'une fièvre alarmante lui frappa la tête, puis elle se mit à vomir le sang de cadavre qu'elle venait d'ingérer. Par chance, son palais l'avait empêché d'en consommer trop, mais le précieux sang dont elle avait besoin pour retrouver ses esprits se répendait en parti sur le bitume de la ruelle sombre. À nouveau, son esprit s'embrouillait entre son âme qui criait à l'aide et son instinct qui s'injuriait de recommencer. L'appartement était encore à quelques pâtés de maison, aucune chance qu'elle y arrive dans cet état. Elle s'agenouilla un instant, contemplant son reflet dans la mare de sang qu'elle venait de répandre au milieu de l'allée. Ses crocs se refusait de disparaitre, la démangeant comme une piqure de moustique. Un tiraillement, l'appétit du chasseur qui n'était toujours pas assouvit. La première soif était toujours la pire et sans personne pour la guider, Hailey n'avait aucune chance contre le poison qui s'infiltrait dans son esprit. Cela devenait chaque fois plus facile de mordre, de boire. Comment pourrait-elle arrivé à contrôler cette bête, ce démon qui existait maintenant en elle? Et dire qu'hier elle ne croyait pas aux vampires.
             
       

       

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Hailey Moira Harding
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Hailey Moira Harding
Sam 16 Avr 2022 - 23:48
Tw : vomissements



  Quelque part après le 8 Aout 2016 xD


« Oh Rivers ?! »

La voix lui vint comme au travers d’un brouillard, perçant les brumes avec un temps de latence comme si le temps entre lui et les autres s’écoulait à vitesse variable. L’alcool frappait ses tempes comme un marteau piqueur à intervalles réguliers. Le martellement d’un mécanisme emporté à grande vitesse. Le prolongement des basses sourdes qui s’étaient échouées dans ses tympans toute la soirée. Le sexe et l’alcool n’arrivaient pas à faire passer le gout de bile sur sa langue, la crispation de son estomac, les pulsions destructrices dans ses veines. La nuit avec Azalea lui flambait les nerfs, faisait trembler ses mains, pulser l’acide dans ses neurones. L’envie de violence, de la tuer, de se tuer, tant de désirs meurtriers fusaient d’une valse nocive dans ses pensées embourbées d’éthanol.

Lorsque sa bouteille vola pour s’échouer plus loin, explosant sur les pavés salis de pollution, Alec trébucha, fixant un instant le whisky répandu au sol. L’air de ne rien y comprendre. « C’est bon j’ai ton attention l’alcoolo ? » Les paumes vers le ciel l’air de se demander ce que l’autre avait foutu, Alec resta une seconde figé. Les lèvres entrouvertes d’un petit air moqueur, le jeune homme ne retint pas l’attaque. L’alcool aurait sans doute été identifié comme un problème depuis son adolescence mais à vivre au sein de sa famille, des sangs purs et de leurs dérives, il n’était pas homme à s’arrêter sur un détail pareil. « … …. … Tu sais qu’elle coutait un bras cette bouteille ? » Pas la moindre intention de donner la moindre réelle attention à ce type. « Bon écoute, tu joues au sale morveux avec qui tu veux mais moi ton numéro de pauvre ado délirant, ça va vite me taper sur le système. Ton cousin était censé te gérer, conclusion je te retrouve complètement défoncé. C’est pas dans cet état que tu pourras m’aider. »

Pas de réponses dans la gorge du Rivers qui jugea bon de seulement le fixer avec ce sourire en coin qui ne quittait plus ses lèvres. Piquant, mordant, imprégné d’une envie claire et vivace : faire chier. Le dédain était clair dans ses prunelles, plus encore que le petit air condescendant qu’Alec lui crachait à la gueule dans la moindre gêne. « … Ok donc ton option c’est de ne pas répondre, c’est l’idée ? »
« Ah pardon, c’était à moi ?! J’croyais que tu répétais un monologue.. »

L’insolence dans ses yeux de givres rendus brillants par l’alcool. Oui, Alec avait bu, mais pas au point de réellement trébucher ou de perdre tout contrôle mais le faire croire avait quelque chose de jouissif quand il amenait l’autre à se tendre de colère. Tout mais pas penser à ce qui s’était passé pendant la nuit. Tout mais ne pas songer à la mort de types qui n’avaient rien demandé, à son implication, au son humide et visqueux des crocs d’une panthère perçant leur chair. Tout mais ne pas penser, tout court.

Le frissonnement de colère, Alec pu presque le voir se matérialiser sur le visage rond du colosse que son père lui avait envoyé. Dans un élan brusque, l’homme fit un pas en avant, menaçant. Et d’un léger rire méprisant, Alec plongea simplement les mains dans ses poches avant de reprendre sa route, l’entendant beugler derrière lui. L’indolence dans les veines ne fut heurtée que par ce sentiment de vulnérabilité quand ses doigts ne trouvèrent là que le vide de l’absence de sa baguette. Le type la lui avait prit en le récupérant quelques minutes plus tôt. Sait-on jamais avait-il dit. Connard.

« Tu ne me feras pas ton numéro le traitre, tu m’entends ?! » Oh si…  et ça marchait très bien. Comme sur tous ces dégénérés accros au contrôle et au pouvoir. Comme sur son père. Alec était passé maître à ce petit jeu depuis l’enfance : les faire sortir de leurs gongs. « ça va, tu m’gonfle furoncle, mon père peut te tartiner de toutes les conneries qu’il veut, c’est pas à lui que j’ai juré d’obéir. Gueule autant que tu veux, avec un peu d’chance tu finiras par nous faire un AVC. C’est pas bon le stress pour c’que t’as-tu sais… » Pas tout à fait le temps de finir que l’autre ne rattrapait par l’épaule, manquant de le faire basculer en arrière. Mais ce que l’autre beugla, Rivers ne l’entendit pas, bloqué sur l’image qui se déroulait sous ses yeux.

Une femme. Une femme qui se trainait là dans un état qu’il aurait sans doute atteint s’il n’y avait pas la crainte brute et épaisse de perdre le contrôle de ses pensées ou de ses lèvres pour alors risquer de mettre en danger les siens. Les amis, les alliés, la masse humaine au regard doux qui attendait loin de toute cette merde qu’un jour, peut-être, on lâche la laisse tendue qui le maintenait enchaîné à un monde aigre d’idéologie. L’homme voulu capter son attention mais son regard dérivait, bloqué sur la créature pliée en deux comme si le poids du monde risquait de lui briser les os. Il vit, même avant que la bile ne sorte, l’estomac se rétracter, le ventre se creuser, les muscles se tendre. L’acide lui déchirer l’œsophage brûla le sien en réponse. Le molosse avait beau lui cracher sa rage au visage, Alec se voyait en cette femme.

Les os qui grincent sous le poids de la journée, l’estomac retourné, le gout du sang, l’acide dans  la gorge. Lui, elle. Le même relent âcre de l’existence. L’impression de souillure dans ce corps tordu sous le poison qui s’échappait de ses lèvres pulsait tout autant dans ses veines. Ces ongles qui s’accrochaient au mur, ripaient contre les crevasses rêches du torchis pourraient être les siens. Elle s’agenouilla et un instant, Alec cru qu’elle ne se relèverait plus jamais. L’alcool fit tourner ses pensées, perturber son équilibre quand d’une poussée vive, l’autre le fit reculer. Peut être était-ce seulement lui qu’il voyait chuter là-bas. Peut-être n’existait-elle-même pas, cette chose que le monde semblait avoir martelé si fort qu’elle s’en était écroulée. Un simple reflet de son épuisement latent.

L’ombre massive de son molosse du jour passa de nouveau devant lui, imposant la rupture de cette apparition. Ses prunelles vertes s’ancrèrent en lui. De la vase..

« T’as à ce point pas de self control pour te foutre de la nana qui se la joue the walking dead là-derrière sérieusement ? » Il n’aurait pas dû, Alec en avait conscience. Que ce soit les références au monde moldu, signe qu’il y avait effectivement des accroches plus importantes que ce qu’il laissait entendre. Apprécier les gens – certains – se foutre du contexte, être assez égoïste pour se moquer du reste ; une posture qu’il tenait parfois mal. Que n’aurait-il donné pour tout lâcher, se laisser couler dans le canapé d’une maison sécurisée pour laisser Lex, l’ami moldu qui avait disparu voilà quelques mois sans laisser de traces le baratiner sur ses histoires de BD. Il n’y comprenait rien alors, s’en agaçait même de ses conneries inutiles. A présent pourtant, ces connaissances sonnaient comme une allégeance étrange.
« De quoi ?! » Ah, enfin une parole plus naturelle.
« Tu vois, faudra pas en vouloir à ton manque de pop culture si elle vient te bouffer les couilles… » L’autre en resta presque interdit avec sa gueule rougeaude, les lèvres entrouvertes, boursoufflées, les veines du front saillant sous sa peau. Des doigts épais comme des buches s’étaient plantés dans la veste de cuir qu’Alec traînait depuis quelques années déjà, froissant l’épais textile. Le sourire mauvais, lâché d’un souffle cynique ne fut même pas retenu une seconde, s’écrasant effronté sur la figure congestionnée de colère.

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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Dim 17 Avr 2022 - 17:37

       
A TASTE OF BLOOD
Alec Kaleb Rivers & Hailey Moira Harding
 
- Un jour tu feras de grandes choses ma petite Haile.

Pendant un court instant, la voix de Mme Harding raisonna dans sa tête. Elle se revoyait gamine, un bouquin immense sur ses petits genoux assis. Le souvenir se mouvait sous ses yeux, les sternes qui s'envolaient pour la migration, le balancement des arbres au courant de la brise anglaise qui disparaissait à chaque automne. Sa mère restait pourtant immobile, comme une victime de Médusa abandonnée dans les jardins. Hailey aimait rêver de sa mère, du moins lorsqu'elle était en vie, mais les souvenirs s'effaçaient un peu plus chaque année. Une chose qui la torturait, la rongeait de remords malgré le jeune âge à laquelle elle avait été arraché de ses bras. Certains souvenirs restait pourtant marquer plus que d'autres. Comme ce chapeau de paille au ruban bleu qu'elle aimait porter l'été ou l'odeur vanillé de son parfum. Dire qu'il fut un temps où elle était une véritable sorcière! Bien avant Poudlard, bien avant la baguette et les sortilèges. Cette douce époque ou son père faisait apparaitre des étoiles au plafond de sa chambre pendant que Mme Harding lui lisait une histoire de sorcière célèbre.

Comment sa vie avait-elle basculer à ce point? Il y a quinze jours encore, elle se préparait à rendre visite à sa grand-mère et à acheter une nouvelle baguette. Voilà qu'elle était accroupie dans une ruelle crasseuse à se vider les tripes de sang humain. Elle avait toujours cette douleur vive qui lui fendait le crâne, incapable de différencier les pas du square à ceux qui approchait dangereusement vers elle. Elle se traîna lentement sur ses genoux, chaque muscle de son corps difficilement mobile comme s'ils étaient devenus marbre. Deux pas, elle dû se retenir contre le mur pour ne pas s'affaler de nouveau. La bête en elle ne supportait pas les faiblesses d'Hailey. Elle avait faim, envie de retrouver ce sentiment de supériorité qui l'avait habité quelques minutes auparavant. Ses griffes s'enfoncèrent dans la brique rouge, ses canines presqu'aussi dérangeante que le son des voix qui s'approchaient. Son ouïe sensible n'arrivait toujours pas à se fermer à tous ses sons agressants. Un seul mot s'échappa de ses lèvres ensanglantées; silence. Celui-ci s'effaça entre ses crocs aiguiser et l'air nauséabond de la ruelle. Vain chuchotement. Sa main libre vint se plaquer contre sa tempe dans un ultime effort, l'odeur des deux hommes vint lui chatouiller les narines, elle frémit. La tension était palpable entre eux, même sans les regarder elle pouvait entendre le battement de l'un cœur s'accélérer sous l'effet de la colère. C'était hypnotisant. Une part d'elle s'excitait à l'idée de les entendre criés, de boire ce nectar divin qui coulait dans leurs veines. L'autre se demandait pourquoi deux idiots allaient à la rencontre de quelqu'un qui gerbait du sang partout.

Perdu entre les brides de réalité qui l'atteignait et ce cauchemar sombre qui semblait vouloir l'envelopper pour l'éternité, elle n'arrivait pas à comprendre. Prenant tout ce qui lui restait de volonté en elle, son regard se posa sur sa propre main. Certes elle était plus pâle qu'autrefois, sans réellement avoir changé. Peut-être que tout ça n'était qu'un rêve? Et si elle était encore couchée dans son lit, fiévreuse. Cependant, le goût du sang dans sa bouche et cette sensation qu'on la fixait n'était pas qu'une impression. Elle se releva tranquillement, un genou après l'autre, ses ongles de fer s'effritait contre le mur de l'immeuble. Quelque chose en elle devenait de plus en plus solide. Le sang de mort avait quitté son corps et elle en voulait maintenant plus. Cette ambroisie qui effacerait le goût de cadavre qui hantait encore sa bouche et lui donnerait la sensation de voler plus haut que les nuages. D'un coup, la jeune créature bondit sur ses pieds et fit volte-face vers eux. Elle ne voyait plus que le dos large du molosse, son sang chauffé par les émotions avait une odeur particulière. L'instinct de chasseur ne pouvait résister à une proie aussi alléchante. L'humaine en elle aurait voulu se prévenir que ce type était trois fois sa taille, mais la vampire n'en avait que faire. Elle était toujours bercée par cette enivrante sensation d'être au sommet du monde, d'être invincible.

Hey, du con, s'écria-t-elle d'une voix basse et ferme qu'elle n'avait jamais eue auparavant

Le molosse se retourna vers elle, son regard était toujours injecté de rouge et ses crocs d'un blanc étincelant malgré tout le sang qu'elle avait ingéré. D'une seule main, elle attrapa le col de l'homme, tout comme il tenait sa propre victime quelque seconde plus tôt. Malheureusement pour la jolie blonde, la force herculéenne qu'elle avait ressenti plus tôt s'évaporait doucement à mesure que son corps filtrait le sang de Margaret. Elle le réalisa aussitôt, lui aussi. D'un revers de la main, il la frappa en plein visage, la créature s'écroula sous le coup de la surprise, son corps s'étalant de nouveau contre le bitume sale. Elle ne ressentit aucune douleur, simplement une rage animale qui lui fit montrer les crocs et grogner comme une hyène contre lui. C'était un bruit lourd qui venait du plus profond, faisant vibrer sa gorge et sa mâchoire. D'un bond, elle se jeta de nouveau vers l'homme, il l'attrapa agilement par la gorge et la souleva de terre, son sang maintenant bouillant était une délicieuse agonie pour la vampire. Plus il s'énervait et plus elle se mourrait de le dévorer.

Dans un ultime effort elle lui balança un bon coup de pied dans l'aine, il la relâcha avant de plier sous l'effet de la douleur. Hailey avait retombé sur ses pieds, sa proie maintenant pencher devant elle, presqu'à genou. Sa main glissa entre les mèches du colosse, lui relevant la tête avant de fondre sur sa gorge. Elle s'arrêta un moment, poussant un grognement, mélange entre satisfaction et colère contre la veine ouverte dont elle se nourrissait, se moquant du précieux liquide qui disparaissait dans la fabrique de leurs vêtements. Cette rage instinctive lui donnait plus des airs d'animal que de vampire. Ses crocs n'ouvraient pas suffisamment cette gorge, elle en voulait plus, plus vite. Elle voulait se baigner dedans. Elle était si enivrée qu'elle se moquait totalement de l'autre humain posé dans la ruelle. Elle connaissait son odeur, elle pourrait le traquer et le dévorer à son tour.
             
       

       

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Hailey Moira Harding
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Hailey Moira Harding
Mar 19 Avr 2022 - 18:41


  Quelque part après le 8 Aout 2016 xD


Sur les pavés, la blague brillait d’un éclat étrange, noyé de l’ombre de la femme qu’il lui semblait voir se relever. Pas certain, le colosse se rappela à sa conscience, ses grosses mains plantées dans la veste de cuir vieilli. Les prunelles avivées de rage, il le considérait avec les traits durcis, burinés, gonflés de colère. Alec, lui, restait stoïque. Indifférent même. Il lui semblait que par moment il en venait à se détacher de sa propre existence, comme s’il ne devenait qu’une simple copie de lui-même, un spectateur averti des scènes à venir. Rated 16 ou 18. Impossible pourtant de zapper la scène, ça n’existait pas dans son monde pas plus que la possibilité de mettre une pause à l’image, de se laisser le temps de respirer. Bien au contraire Alec était en apnée, l’acide pulsait dans ses veines, tournait sa conscience, fusait dans ses tympans. L’homme allait frapper, bien sûr, ils finissaient tous ainsi comme des gentils petits esclaves bercés à la violence. Comme son père, sa mère, son oncle, comme son précepteur et tous ceux qui avaient construit sa vie. Et lui ne répliquerait pas. Pas encore, pas comme ça, pas ainsi. Ça viendrait bien sûr, le diable tenait son âme en servitude mais il n’y avait qu’une démone à qui il ne pouvait s’en prendre. Lui, ce porc rendu bouffi de colère, il lui suffirait d’un rien. Juste un rien pour s’en débarrasser.

Il y avait du fantasme dans cette pensée bien sûr. Une envie viscérale, un besoin de liberté qu’il chialerait d’exprimer tant il lui dévorait les entrailles. Mais rien d’autre. Après tout le type était foutu comme une armoire à glace et il pouvait bien avoir fait toutes les séances de muscu qu’il voulait pour passer sa rage, Alec ne faisait pas le poids, il en avait parfaitement conscience. Quelque chose lui indiquait d’ailleurs que le choix n’était pas anodin d’ailleurs. Sa famille craignait-elle qu’il réagisse ? Qu’il rende brutalement chaque coup encaissé, écrase l’adversaire, plante sa chaire d’un fureur brutale, animale ? Sans doute. A raison. Pourtant il laissait faire, encaissant en silence en attendant de sentir la laisse se détendre, les adversaires s’assouplir. Il frapperait, oui, mais pas comme ce type. Pas pour rien. Pas parce que ses nerfs lâcheraient. Pas par vexation ou égo. Uniquement pour frapper à la jugulaire. Détruire. Lacérer les chairs. Profondément.

L’ordre du fantasme, oui, pulsant dans ses veines d’un appel à la haine uniquement retransmis par ce regard de tempête, un petit sourire aux lèvres. Alec jouissait de ce contrôle bien dérisoire, de cette envie profonde de faire sortir de leurs gongs les tortionnaires de son quotidien. Son arme à lui, aussi tranchante qu’un scalpel tranchant la patience bien avant les artères.

 « Hey ducon ! »

Pourtant l’homme s’arrêta. Stoppé par le grondement sourd d’une voix féminine. Peut être en d’autres situations ne se serait-il pas arrêté mais ce timbre n’appelait pas à être ignoré. Ce ton là sonnait comme le roulement lointain du tonnerre, rauque et brut. Alec ne la vit pas immédiatement quand les ongles du type ripèrent contre les pans de sa veste, détachant ses yeux de vase des siens pour se retourner d’un bloc. Une montagne prête à s’abattre, songea Alec. Une vague de rocailles, un tsunami tellurique. Qui qu’elle soit, voilà ce qu’elle s’apprêtait à rencontrer. Pourtant frêle là-bas, apparaissant derrière l’homme qui d’un pas lui dégagea la vue, la créature semblait ancrée au sol, courbée mais solide. Il y avait quelque chose d’étrange inhérent à sa posture. Comme si elle ployait tout à la fois sous le poids du monde sans sembler dégager à présent pourtant le moindre signe de faiblesse. Trop lointaine encore, trop engloutie d’ombres, il lui sembla pourtant distinguer l’éclat brillant de ses rétines, engendrant chez lui comme un déluge de fourmillements. Les dents, lui sembla-t-il, étaient apparentes. Alec savait reconnaître la sauvagerie. Il l’expérimentait tous les jours. Le colosse, non.

Il avança, elle aussi, si bien qu’Alec ne su véritablement, noyé dans les pulsation d’ivresse, qui se jeta réellement sur l’autre cette nuit-là. Qu’importe, elle fut au sol la seconde suivante. Interdit, inerte, Alec resta bloqué, à la fois figé par l’absurdité de la situation, l’alcool dans ses veines et l’habitude désormais tenace d’être simple spectateur de l’horreur.

Mais autre chose le pétrifiait sur place. La foudre roula de nouveau dans la gorge de la femme mais cette fois-ci, Alec vit. Les lèvres retroussées, les veines sous les yeux comme emplies d’encre, les crocs, comme des lames de céramique, laiteux, brillants, éclatant dans ses mâchoires crispées. Une vampire. L’autre eut un juron qu’il entendit à peine. D’un geste, il voulu attraper sa baguette mais déjà elle était sur lui. Interceptée. Chaque choc sembla faire trembler les pavés, résonnant étrangement dans les neurones imbibés d’alcool. Une seconde, il sembla à Rivers que son corps s’éclatait au sol, rappelant brusquement que le mal, la violence, le danger de leur monde pouvait survenir à tout endroit, tout moment. Du moins aurait-ce sans doute été sa réflexion s’il avait les neurones désenglués de cette mélasse collante qui ralentissait ses pensées. L’alcool ? Oui. La peur aussi. L’indifférence surtout. Le spectateur observait, stupéfait, sot. La confusion dans les veines il le vit tomber brutalement et sentit presque le choc vibrer dans ses propres os. Le tibia, la rotule, trop habitués eux aussi à choir si souvent.

La scène était surréaliste. Celui qui l’attrapait un peu plus tôt avec la violence d’un colosse était tombé à terre face à ce petit bout de femme aux traits tirés d’une fureur animal. Les yeux rubis se posaient sur lui d’un désir vorace tandis que ses doigts se glissaient dans ses cheveux. Presque tendrement avant de se resserrer violemment.

Il aurait parié que ses ongles venaient de crocheter l’épiderme de son crâne, raclant sur l’os. En dénudant, peut être, la pâleur blanchâtre. Un frisson. Non d’angoisse mais de désir cette fois. Il était des réflexes dans sa chair qui n’avaient rien de sain.
Une fraction de seconde, elle releva la tête et Alec la vit, elle, la peau d’opale, la cascade d’or sur ses épaules, retombés en bataille sur ses épaules et l’éclat vermeil de son menton. La seconde, les crocs plantaient la gorge, un grognement animal embuant la ruelle qui sembla s’en emplir tout à fait. Chaque pierre, chaque particule, chaque ombre étaient les siens en cet instant. Elle était l’animal, le prédateur, la conquérante des lieux. Lui n’était rien. Arraché de son corps, distillé dans l’air ambiant, Alec en avait oublié qu’il était humain, proie et amas de chair. Spectateur passif, le jeune homme observait ce type s’agiter sous la morsure. Il y eut des spasme dans ses doigts, des contractions dans ses muscles et un rugissement rauque, combatif. Le Supérieur se débattit, lâchant des coups, une main balancée jusqu’au visage devenu gueule pour tenter de l’en déloger. Elle n’en fit rien bien sûr. Comme les chiens carnassiers, une fois les crocs plantés, elle ne céderait plus.  

L’homme hurla, tentant d’attraper sa baguette, ne comprenant sans doute que trop tard qu’il s’était écroulé sur elle, impossible alors de la sortir de son fourreau. Les muscles s’agitaient, trémulaient sous le coton imbibé de sang et Alec l’entendit à peine appeler à l’aide.

Pas un geste. Ni en avant ni en arrière. Ni fuite ni aide. Voilà bien ce qu’on lui demandait d’être après tout. Alors statue il était. Mais s’il était de glaise, d’émotions Alec n’en aurait pas. Or elles pulsaient à présent sous sa peau.

Le type l’appelait. Son nom régurgité dans un chuintement humide, visqueux. Et sa main fini par lâcher la femme, attrapant la baguette qu’il lui avait confié un peu plus tôt.

Le sort fut haché pat le sang dans sa gorge. La baguette, comme son propriétaire, ne réagit pas.

L’épais raclement éclata comme une bulle, l’appel à l’aide pétant entre les lèvres rougies de son propre sang.

Alec restait figé. Dans ses os, des ondes brutales courraient. Des poignets aux épaules, échouées dans ses côtes contre lesquelles son cœur, furieux, se crashait à rythme frénétique. Sous ses yeux, l’homme se faisait dévorer mais ce n’était plus véritablement lui qu’il voyait. Les autres cadavres, saccagés par Azalea, se tatouaient au fusain sous ses paupières à chacun de leur battement. Des inconnus, des moldus, des sangs mêlés, des noms oubliés ou réfutés. Et Kezabel. Dans ses os, l’onde lui fouettait les nerfs, rappelant celle qu’on lui décrivait comme une future victime, les gémissements sourds et le son mouillé de ses muscles arrachés. Les cris, crissant dans sa chair.

De hurlement, pourtant, le type voulu en arracher un dernier qui mourut pourtant dans un chuintement muet sous sa langue.

Brusquement, comme hors propos, pulsant sans raison à présent comme un sursaut ; le plaisir. La satisfaction exécrable et nocive, vorace et puante d’un adversaire qu’on déchiquetait devant lui. Pour une fois ce n’étaient pas les siens qui étaient à genoux, pour une fois ce n’était pas ses proches qui étaient menacés mais le monde magique lui-même qui semblait se retourner contre leurs grands défenseurs, les parangons hypocrites d’une justice bien utile. Il y eu un nouveau craquement et ses poumons se remplirent d’une joie vive, tragique, animale. La colère mêlée à la jouissance vorace d’une mort à venir.

Le temps s’était étiré, rétracté, tendu comme un accordéon et il fallu une éternité à Alec pour réagir, entendre le danger et réagir. Cette fois, il n’était pas face à Azalea. Cette fois, il serait le prochain. C’est pourtant un pas en avant qu’il fit, les prunelles dilatées d’un plaisir ignoble tombant sur sa baguette que les gros doigts du colosse avaient fini par lâcher au sol. Fuir ne servait à rien, il connaissait trop bien la vitesse vertigineuse des vampires pour savoir qu’il n’avait aucune chance. Mais s’arracher de son immobilisme lui sembla être une épreuve. Ses jambes refusaient de répondre, ses bras de même. Un pas donc, enfin, vers elle. Le regard braqué sur le prédateur et sa proie, happé par le ruissellement du sol sur les pavés.

Un pas de plus. Silence.

Un autre. Mais sans qu’il n’y eut de nouveau craquement, de chuintement ou le moindre autre son qui, à l’écran, lui aurait indiqué la fin du repas, Alec compris que c’était trop tard. L’homme était mort.

Et lui aussi.

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Alec Kaleb Rivers
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Mer 20 Avr 2022 - 19:34
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A TASTE OF BLOOD
Alec Kaleb Rivers & Hailey Moira Harding
 
Un atroce crime se déroulait dans une ruelle noire de Soho ce soir-là. Un homme était au seuil de la mort pour la simple raison qu'il avait pris la mauvaise allée au mauvais moment, qu'il était parti cinq minutes plus tôt que plus tard, qu'il s'était arrêté deux fois au lieu d'une aux feux de circulations qui l'avait mener à cette allée sombre. Une mort absente de sens, vide de raison. Il s'était simplement trouvé sur son chemin à elle, cette nouvelle vampire qui ressentait la soif pour la première fois. C'était l'extase. Comme la première fois qu'on consomme de la drogue, ce buzz qu'on ne pourra plus jamais atteindre peu importe le nombre de joints qu'on fume après. C'était pur, sans responsabilité ou remords à la fois. Tandis que la créature buvait, les veineuses marques qui violaçaient ses yeux disparaissaient lentement. Chaque particule de son corps inanimé semblait fleurir, arrosée par le sang de qualité qu'elle ingurgitait à une vitesse modérée. Le vampire en elle dégustait l'hémoglobine du sorcier comme un bon vin vieilli, maintenant consciente que la source avait un fond, que le tuer trop rapidement ne ferait qu'empoisonner le doux nectar qui coulait dans sa gorge. Elle n'entendait plus le chien qui jappait dans le parc du Mayfair, elle ne se souvenait même plus l'avoir attaqué comme un cougar déshydraté. À cet instant, elle oubliait le visage de Margaret étendu sur le bitume, son manteau de tweed tâché de sang. Ses yeux vitreux figer sur elle. Il n'y avait que ce sentiment de liberté, invincibilité qui compensait pour cette vie pitoyable qu'elle avait vécue en tant qu'Hailey Moira Harding. Cette jeune femme au sourire réconfortant et aux mots remplis d'optimisme se perdait dans cette noirceur réconfortante. Comme si celle-ci était une entité qui soufflait à son oreille et la justifiait dans sa soif.

Les éclats de la lune se reflétait sur sa chevelure maintenant raidit par la sueur et le sang qui l'alourdissait. Hailey, qui possédait les fameux Louboutin à la semelle rouge, était accroupit dans une ruelle crasseuse, les vêtements fripés et sale en train de se nourrir de la vitalité d'un sorcier. N'était-elle pas venu à Londres pour rencontrer les dit sorciers? Pour se faire une place dans se monde enchanter qu'elle adorait et dont elle rêvait depuis des années? La faim n'avait que faire de ses futiles projets! Elle se moquait de qui se trouvait sous ses crocs. Quel nom on lui avait donné à sa naissance ou de quel genre de baguette il possédait. Baguette. Son grognement s'abaissa en intensité. Elle ressentait enfin ce sentiment de satisfaction. Le sang était épais, contenant un peu d'alcool et nourrit avec des ingrédients de choix. Ce n'était pas une pauvre et frêle proie comme la femme au basset qu'elle avait dévoré entre deux saules. Il s'entraînait régulièrement, le flot de sang s'écoulait à travers ses veines comme une cascade brésilienne. Elle ferma les yeux, inspira bruyamment avant de s'arrêter. Enfin.

Les manches de sa chemise avaient été étirés, déchirer sur l'épaule gauche comme si elle s'était battue. S'était-il débattu? Son esprit maintenant plus éclairci n'était pas sûr. Des cris? Oui, il avait crié, et elle avait adoré! Non, horrible pensée… Son souffle rauque et bruyant caressait la gorge de sa victime. L'odeur était plus raffinée qu'un Dom Pérignon, le liquide plus hydratant et pure que l'eau des Fiji. Le monde lui tomba soudainement sur les épaules. Ses pensées revinrent dans cette allée de brique sale, le corps inanimé entre ses poings serrés. L'avait-elle enlacé? Peut-être, la vampire s'en foutait. Puis, un son. Imperceptible pour un humain, mais la vampire remplit de sang ne l'avait pas manqué. Elle relâcha brusquement le corps de l'homme qui s'étala dans un son lourd sur l'asphalte. Son regard glissa vers la rue, un taxi dévala la rue, une fenêtre s'ouvrit dans un immeuble tout près. Une femme criait après son mari à propos de problème d'argent. Le poids de son monde s'effondra sur ses épaules. Son corps qui était droit, solide et assurer se crampa légèrement, elle posa l'une de ses mains froides comme le marbre sur son coeur. Il ne battait plus.

À nouveau, un son. Plus près cet fois. Tout près. Dans un sursaut, elle bondit sur ses pieds, faisant face pour la première fois à l'autre humain qui se trouvait dans la ruelle. Si l'anxiété n'était pas en train de défoncer ses tempes, elle aurait surement apprécié la symétrie de son visage, les vêtements bien taillés qui accentuait ses atouts et la couleur cristallines de ses pupilles. Tout ce que la créature voyait, c'était cinq litres de sang emballé dans un contenant qui sentait le bon vieux bouquin. Une odeur si réconfortante, lui rappelant la chambre étoilée qu'elle possédait autrefois. Du temps ou la vie était agréable, sans soucis et rempli d'amour. Elle faisait maintenant face à l'ennemi, le rose qui lui montait aux joues et donnait l'illusion de la vie se reflétait malgré l'obscurité des lieux. Ses canines, toujours proéminentes et aiguisées remplissait sa jolie bouche pulpeuse, La soif marquante disparaissait tranquillement de son doux visage. Elle vrillait la proie du regard, les veines rouges dans ses yeux s'atténuant à chaque souffle avide qu'elle prenait. Son regard glissa de ses yeux bleus, glissa momentanément sur ses lèvres, puis sa gorge. Rien. Elle ne ressentait pas l'adrénaline de la chasse, son cœur ne battait pas à tout rompre. La créature réalisa alors que son attention n'était pas portée sur elle. Elle dévia la tête rapidement, serrant les poings lorsque son regard croisa la baguette du sorcier inconscient.

Elle releva rapidement les yeux, le dévisageant soudainement d'un sourire trahi par la violence. Comme si elle le défiait une tentative. Il bougea vainement, elle bondit.

Enjambant le corps de sa dernière victime, elle s'éminça entre les deux sorciers pour lui bloquer le chemin. La proximité de son corps, l'odeur d'alcool, de marijuana et de vieux livres était exquise. Sa main se releva sans effort, agrippant sa gorge entre sa poigne de fer avant de l'enfoncer dans le mur de brique. Le son de son crâne s'échouant contre le mastic la fit frissonner, oui, la vampire en elle n'était pas qu'assoiffée ou sanguinaire. Elle appréciait la brutalité et l'animalité de sa nouvelle existence. Sa gorge se mit à vibrer une nouvelle fois, le son légèrement moins agressif mais toujours aussi avide et assoiffé. Le visage de sa cible déformée par les rides de douleurs qu'elle infligeait l'excitait, comme un chien de chasse devant un lièvre qui s'affole… Pourtant, il y avait une platitude chez lui qu'elle ne pouvait ignorer. N'avait-il pas peur de mourir? Pourquoi n'avait-il pas pris ses jambes à son cou lorsqu'il en avait la chance? Peut-être que l'homme qu'elle venait de tuer avait une quelconque signification pour lui. Peut-être était-il son frère, son cousin ou son ami. Tandis que la vampire en elle sortie les crocs, grognant contre la proie qu'elle tenait entre ses mains, le cœur d'Hailey fut brisé. Son esprit était enflammé par des images du passé. Elle pouvait entendre les cris d'Anna, sentir ses ongles griffer sa peau dans une ultime tentative d'évasion. Margaret qui soufflait les derniers sacrements tandis qu'elle se vidait de son essence vitale. Son cri du cœur à Dieu, sa promesse de retrouver son défunt George. Une image de son père, cet homme bon qui voulait la protéger. Elle, qui était devenu un vampire.

Sa poigne se délesta légèrement contre la gorge de l'humain. Ses yeux avaient maintenant retrouvé le vert émeraude qui leur était familier. Son haleine, au départ rauque et profond, s'amenuisait tandis que son cerveau se remettait en marche. Elle avait encore oublié qu'elle n'avait plus de souffle. Une ride profonde se dessina entre ses sourcils, son œil qui était vide d'humanité retrouva un semblant d'éclat, ses canines se rétractèrent. Pourtant, elle ne se sentait pas mieux. L'odeur du sang de l'homme quelle venait tout juste de déguster lui caressait toujours les narines. Le côté humain en elle était dégoutée, elle aurait voulu vomir mais le vampire en elle avait déjà consommé tout le sang qu'elle avait avalé. Elle le tenait toujours par la gorge, ses griffes toujours timides de le faire saigner. De sa main libre, elle se frappa la tempe droite, comme pour se réprimander de ses actions.

Je… N'arrive pas…

Son visage se crispa sous l'effort physique. Chacune de ses atomes semblaient attirer par lui, lui criait de le dévorer. Les voix qui déchiraient sa tête n'avait aucune conscience, aucun remords. Il était de la chair, du sang. Il sentait bon, si bon! Comme le vieux livre du Magicien d'Oz qu'elle lisait à sa mère malade. Diane. Un sursaut de colère, un grognement qui s'échappa de ses lèvres. Une perte de contrôle. À nouveau, une lueur d'Hailey se manifesta. Son visage se déforma sous le poids des remords, ses yeux s'emplit d'humidité. Impossible de savoir s'il était en larme ou luisait d'horreur. Elle grogna vers lui, si près qu'elle pouvait sentir son souffle chaud contre ses lèvres.

Cours… Va-t'en! Lui cria-t-elle dans un grognement sauvage, sa poigne se resserrant brutalement autour de son cou
             
       

       

       By Phantasmagoria

       
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Ven 22 Avr 2022 - 14:01


  Quelque part après le 8 Aout 2016 xD


Un atroce crime, c’est vrai. Celui de l’inertie et de la reddition. Celui de l’abandon. Il aurait fallu bouger, réagir, ne pas aimer cette fois les bruits familiers de déglutition, l’écrasement humide des chairs et les gargouillis visqueux d’une vie qui se débat. Il aurait fallu se souvenir que le spectateur peut devenir acteur, qu’il était capable de choix, de vie, de décision dans la sombre existence qui était la sienne. Mais il y avait une sclérose dans ses veines, un poison immonde qui pulsait et se répandait dans chacun de ses muscles. Alors par bêtise, par langueur, par fascination aussi, Alec laissa passer sa chance. Devant lui, la vampire déglutissait ses dernières gorgées, elle s’emplissait du liquide de vie comme un monstre affamé dont l’ombre seule luisait sur les pavés teintés de rouge.

Et là, de nouveau, l’inertie. Il ne su même arrêter son geste alors qu’elle-même s’était stoppée, semble-t-il plongée dans un monde rien qu’à elle. Le shoot. Alec n’aurait pas dû comprendre. Et pourtant cet extrême bien-être, l’onde de chaleur dans le réseau veineux. Le monde qui recule, se dilate, s’arque-boute autour de son plaisir. Ça crépitait dans ses cellules, pétait dans ses synapses, l’empoignait ailleurs, haut, si haut. Le sursaut de l’orgasme. Une âme en orbite, planant dans la quiétude de l’assouvissement. Le shoot. Le premier d’une nouvelle camée. Voilà tout ce qu’elle était, non pas un vampire, non pas une prédatrice, une créature de la nuit. Seulement ça. Prise au piège de cette première fois d’une addiction nouvelle. Première ou non d’ailleurs. La défonce exige sa dose. Un pas de plus, pris dans sa lancée alors qu’elle même pourtant s’était immobilisée, une main sur le torse du type qui ne battait plus, Alec le devinait aisément. Un autre pas. Espérant à mi-pensée qu’elle soit trop stone pour prêter attention à lui. Charlotte était ainsi après le sexe, le sang ; la jouissance du vampire. Les pupilles dilatées, les veinures sombres sous ses joues ondulant en silence et ses lèvres entrouvertes sur sa gorge. Elle planait, semble-t-il apaisée, engluée dans une sérénité que rien d’autre ne lui procurait de cette manière. Le genre de choses qu’il cherchait depuis l’enfance à coup d’alcool, de drogue, de sexe. Ses propres addictions, son besoin effréné d’atteindre le confort ouaté de la défonce. Un pas. Elle se tourna vers lui. Trop tard.

La dose, c’était lui.

D’un bond, la créature lui fit face, le menton noyé de vermeil, les prunelles braquées sur lui. Alec s’immobilisa. Devant lui les prédateurs s’enchaînaient sans se ressembler et pourtant, cet éclat était toujours le même. Celui qui faisait trembler, brusquait les pensées, plongeait la proie dans un état de paralysie ou de panique soudaine. Par égo sans doute, il aurait aimé dire que l’habitude glaçait ses veines et l’amenait au calme, à l’intelligence, à un état autre, clair, prêt à lutter. Ça n’était pas le cas. Il ne dé-saoula pas sur le coup – pas tout à fait du moins – n’en fut pas assuré, massif dans la lutte à venir. Il n’y eut pas la crispation de la bataille dans ses muscles, l’assurance dans son regard. La rogne était là pourtant. Mais noyée d’autre chose, d’une forme de fatigue qui ne confinait pas à véritablement à la lassitude. Juste l’apathie. Il se crispa pourtant, conscient qu’une fois de lui c’était lui la proie, la cible. Soudainement affreusement conscience de ce cœur qui s’écrasait sous ses côtes avec la violence d’un condamné acharné sur les barreaux de fer de sa prison. Le sang qui fusait dans ses veines pour s’échouer dans ses tempes dans un lancinement sourd prit toute sa grandeur comme s’il se décuplait à sa conscience.

Que sentait-il ? Que percevait-elle ? Sous ses ongles restait quelques traces du sang des morts qu’il avait croisé, porté, touché ces dernières semaines. Etait-il imprégné de cette odeur cristalline et ferreuse d’abord, âcre ensuite. Celle qui vous reste dans le fond de la langue, qui s’accroche comme du miel le long de l’œsophage ? Ou autre chose ? L’odeur d’humus, le parfum frais et mou de la mousse, terreux de la forêt parcourue toute la nuit précédente ? Ses veines sentaient-elles la fatigue, la fureur, l’excitation et le plaisir ? La pulsation de destruction qui, lui-même, lui contractait les sens ? Ou autre chose ? Depuis peu, Alec envisageait une autre issue, un nouveau plan. Un but. Il n’avait jamais été bon élève et certainement pas avec le moindre plaisir. L’apprentissage était pour lui une violence qui lui était faite, un monceau d’exigences s’abattant sur l’enfant qu’il avait été sous la lame d’un précepteur brutal. Étudier, c’était se faire trancher, se soumettre, plier les genoux et la nuque et surtout, se montrer à la hauteur sous peine de remontrances. C’était être bon, non pour soi ou pour les autres, mais pour faire taire, pour surplomber, pour gagner par dédain le droit d’être libre. Dire qu’il n’était pas des plus à l’aise dans une bibliothèque était alors un euphémisme. Pourtant c’était bien là-bas qu’il se perdait par moment, se décidant à découvrir des parcelles d’un univers qu’il ignorait totalement : le droit. La justice. Peut-être sentait-elle l’odeur rance des bouquins entassés et avalés sourcils froncés, la frustration de n’y rien comprendre ancrée dans les pupilles. Ou celle de l’alcool ? Sans doute celle de l’alcool. Les fus vieillis, peints de résine, vernis de miel. Sentait-il les tanins et l’amertume ? La saveur sirupeuse de la sève et de l’érable. La pointe acide et vive du gingembre et des agrumes du gin japonais qu’il s’était sifflé un peu plus tôt ?

De quel goût serait sa mort ?

Un souffle s’échappa de ses lèvres, le regard posé sur cette femme qui lui faisait face. Fermement ancrée sur ses talons, les bras ballants, elle était faite de contrastes dans cette immobilité totale qui les saisissaient tous deux. L’œil du cyclone, le moment suspendu durant lequel les ennemis se faisaient face. Alec ne connaissait que trop bien ce grésillement électrique qui lui vrillait les sens à présent. Le temps dilaté dans une forme de perfection pendant laquelle il pouvait seulement observer celle dont le grondement, tout à l’heure, avait fait trembler ses os. Contrastes. La peau d’opale, d’un blanc de craie, tâchée de sang, striée des veinures sombres qui crispaient ses paupières et ses joues. Rubis et cendre sur la neige. Les crocs, prêts à mordre. Pourtant le recul eut lieu, chaque respiration rauque soulevant sèchement sa poitrine et crissant entre ses lèvres humides. Sous ses yeux, le fusain s’estompa, l’orbe sombre de ses iris semblant reculer pour briller d’une couleur grenat plus distincte. Le calme ? Le contrôle ? Allait-elle jouer avec lui, parfaitement consciente et enivrée de ce qu’elle était ou cherchait-elle à retrouver la maîtrise ? Femme ou bête ? Beauty or the beast ?

Son regard dériva, posé sur la baguette qui traînait au sol. Aussi proche qu’elle était lointaine. Deux pas, pas plus. En une fraction de seconde il aurait pu y être, en sentir chacune des rainures si familières sous la pulpe de ses doigts, l’onde dans ses os quand le sort serait parti. L’idée même n’eut pas véritablement le temps de se former dans ses synapses qu’un autre regard le saisi. Animal. Vorace. D’une joie bestiale, la femme lui sourit, le grenat de ses prunelles semblant d’ors et déjà lui sauter à la gorge dans une onde de défi féroce.

Ses muscles n’eurent pas le temps de faire mieux que se contracter pour esquisser le mouvement que déjà, elle était sur lui.

L’impact, brusque, comme un animal en pleine course, le projeta en arrière sans qu’il ne puisse réellement comprendre le mouvement que son corps devenu chiffon effectuait. La force de la vampire, sa vitesse, sa puissance. L’impact dans son dos, le crâne qui cogne, l’éclair sous ses paupières closes par réflexe. L’éclat de plaisir. Encore une fois, ça n’aurait pas dû être là mais l’association était faite, appelant à sa mémoire l’entremêlement des corps, le désir, la violence de la jouissance. Cette fois pourtant, Alec savait qu’il ne s’en sortirait pas aussi bien. Il dégluti, mu par une nécessité physiologique et réflexe, une réponse à la pression exercée sur sa gorge allant à l’encontre, pourtant, de ce que la vie lui avait appris. Pas l’instinct. L’expérience. Azalea aurait tant aimé ça. Sentir sa glotte vibrer, sa pomme d’Adam se redresser avant de tomber plus bas. La marque de la peur sous sa peau, tendant les muscles de son cou comme les cordes d’un arc. L’esprit embrumé, noyé d’alcool et martelé par l’habitude la vit un instant, imaginant le ronronnement sourd du plaisir dans sa poitrine. Oh oui, elle aurait aimé l’avoir là, ainsi, à sa merci. Savoir qu’il craignait les instants à venir, le doux chuintement de la mort dans ses oreilles. Mais ce n’était pas Azalea qui grondait ainsi, avide d’aspirer toute force et espoirs de son organisme à vif.

Alec grimaça, une main portée contre la sienne, discernant les pointes tranchantes des ongles plantés dans sa chair. Mais ça n’était pas son bourreau habituel. Elle était à l’opposé même de la panthère. Les cheveux clairs, gonflés d’humidités, plutôt grande, bien plus que la raffleuse, les yeux rubis plantés dans les siens quand le fusain, lui, pulsait sur ses joues dont le rose donnait l’illusion de la vie. Voilà bien ce qui les rapprochait pourtant : l’ivoire de leur peau.

Si ses muscles se tendaient, son crâne lui, pulsait à n’en plus finir, son cœur hurlant contre sa cage osseuse la fureur de se dégager de là, de ne pas finir comme le type au sol dont le corps refroidissait déjà. Il aurait dû se débattre, forcer, frapper, résister. N’importe qui l’aurait fait. Les autres auraient figé, abattus par la sidération. Mais il n’y eut ni l’un ni l’autre dans ses veines. Absorbé. Fasciné. Le souffle rendu court par la pression contre sa gorge et l’acharnement brutal de son organisme prêt à se battre, il n’esquissa pourtant pas le moindre geste. Pupilles dilatées, c’était les siennes dont il se chargeait, hypnotisé par l’éclat vermeil, la danse lancinante des veines sombres, les dilatations successives de ces pupilles qui n’appelaient qu’à la violence. Ainsi absorbé, il le vit bien avant de le sentir : le grenat chatoyant laissant place dans une ultime onde à un vert mat. Puissant. L’émeraude, à défaut du rubis. Et dans sa gorge, le souffle glissait, moins erratique, soulevant à rythme plus apaisé la poitrine de celle qui le percevait comme un amas de sang en mouvement. Comme chez Charlotte, le fusain s’estompa, laissant apercevoir l’humaine sous la créature. Pourquoi ?

Elle se frappa, comme en lutte contre elle-même. Elle ne voulait pas.Une jeune vampire.

Je… N'arrive pas…

Sans vraiment aboutir tout à fait la pensée, Alec songea à Enzo, à Caitlyn, à ceux qui devaient vivre avec une malédiction dont ils n’avaient pas voulu et qui faisaient d’eux des êtres de la nuit propulsés par une énergie qu’il ne comprendrait jamais. Des besoins qui lui échapperaient. Une addiction ? Oui, une addiction. Ça, par contre, il le comprenait, le voyait dans ses yeux, l’entendait pulser. Elle se crispait, se tordait, un grondement dans le fond du cœur arraché jusqu’à sa propre conscience, échappé entre ses lèvres trempées de sang. De nouveau, elle contre la bête. En souffrance.
Réagis putain. Crache, renâcle, débats-toi.. Pas une esquisse. Las de se battre, de fuir, de résister. Las de vivre. Fasciné par la mort plus qu’angoissé par elle. La peur était là pourtant, pas de confusion, elle pulsait dans ses veines et claquait dans ses tympans. Douce. Si calme par rapport à elle comme si dans l’histoire, elle était celle qui avait encore la force de combattre quand lui n’en était plus là, survolant son propre destin, planté d’une pensée immonde : ça serait un hasard. Ils ne l’auraient pas. Tout finirait enfin, la responsabilité de vivre avec le poids de ses choix dilapidée de quelques gorgées.

Le grondement le surpris presque, comme s’il n’était pas concerné.

Cours… Va-t'en!  Un cris rauque à l’antithèse des serres qui se serraient plus brutalement encore sur lui. La contradiction le fit sourire, l’illusion de son souffle échoué sur ses lèvres tant elle s’en était approchée.

L’élan stupide, rageur, brûlant lui fit avancer le visage, un éclat brutal, cynique, joueur dans le fond des yeux. « Pour ça faudrait que tu me lâches. » Moqueur.

Le rire fut étranglé par sa poigne.
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Alec Kaleb Rivers
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Sam 23 Avr 2022 - 15:47
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A TASTE OF BLOOD
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La langue française ne comporte pas de mot qui soit suffisant pour décrire l'agonie qui affligeait le cœur de la jeune créature. Il n'y avait aucune délimitation claire entre celle qu'elle tentait de préserver et celle qu'elle semblait renier. Étant incapable d'accepter qu'elle fût les deux à la fois, elle amplifiait le combat qui faisait rage dans son esprit comme une huile que l'on jette sur un feu. Les choses auraient été plus simple, moins douloureuse pour elle si elle avait reconnu la part d'Hailey en ce monstre qu'elle haïssait plutôt que de la traiter comme une personnalité parasite qu'il fallait faire disparaitre. Comment pourrait-elle avoir le dessus sur une entité qu'elle refusait d'être, d'avoir le contrôle sur l'animal qu'elle ne voulait pas représenter. C'était surement là la source de ses toutes ses angoisses. Cette âme perdue qui se nourrissait du ressentiment qu'elle avait envers son père, de la peine inconsolable qu'elle avait face à la mort de sa mère. Comment pouvait-elle accepter sa propre mort alors qu'elle n'avait jamais acceptée celle de sa défunte génitrice. La mort signifiait la fin. Cette boite dans laquelle elle avait enfouit Chaussette avant de l'enterrer dans le jardin de la maison de Boston. Il n'y avait aucune seconde chance, aucun moyen d'évoluer, de changer ou même d'exister. C'était un conflit aberrant qu'elle soit toujours debout, détruisant et tuant tout sur son passage. Une ironie cruelle, une malédiction que le monde ne méritait pas. Ce n'était pas comme dans les livres ou un mentor vous entraine dans une somptueuse demeure ancestrale pour vous apprendre les ficelles du monde occulte vêtues de chiffons d'époque. Il n'y avait pas de célèbres théâtres des vampires ou les siens se rassemblaient et discutait poésie et littérature. Aucune petite Claudia à choyé, dorloter et habiller comme une poupée. Personne à aimer. Il n'y avait que du sang. Chaud, collant et délicieusement salé. L'ambroisie dont elle ne pourrait plus jamais se passer. Cette drogue à laquelle elle ne pouvait plus résister.

Debout dans cette allée sale, Hailey n'était plus que l'ombre d'elle-même. Fini les études universitaires, la maison à la petite clôture blanche et les 2.5 enfants. Elle ne porterait jamais sa toge de finissante à la remise des diplômes, ni la robe de marier de sa mère qui l'avait attendu tendrement dans une malle du grenier toute sa vie. Elle ne souffrirait plus des maladies qui affligent les vivants, ni des températures changeantes qui explique les saisons. C'était un affront à dieu, l'immunisant contre la sordide réalité dont sa mère avait été victime. Cela même qui avait moulé et forgé la fondation de sa vie ne faisait plus aucun sens. Peu importe l'effort auquel elle se soumettait pour résister à sa bête intérieure, Hailey perdait pied dans sa confusion. Chaque fois qu'elle grognait, inspirait ou parlait les milliers d'odeur venaient la frapper en plein visage, un excès nauséabond qui l'énervait au plus haut point. Chaque seconde lui semblait des heures, le sang de sa victime ne pouvait pas se rendre plus lentement à chaque extrémité de son corps. Puis enfin, le monde ralentit. Ces sens toujours en éveil pouvait discernée certaines odeurs les plus près. Celui des pages d'un vieux livre qu'on tourne à répétition. Elle pouvait décoder la nuance entre le papier vieillit et l'encre à base d'huile qui s'accrochait aux doigts. Son haleine ne sentait pas que l'alcool, elle pouvait distinguer le bois du baril dans lequel il avait pris de l'âge, l'odeur de la viande cuite qu'il avait mangé la veille. Le parfum d'une femme sur son manteau et contre sa peau. Plusieurs femmes, des hommes aussi. Il venait surement d'un endroit bourré à craquer. Malgré l'amalgame d'odeur qu'il dégageait, l'une prévalait sur tous les autres. Celle qui ne se trouvait, ni sur ses vêtements, ni dans les résidus et particules dont il était recouvert. C'était un arôme à la fois salé et sucré, chaud puis humide.

La vampire désirait sa chair. Elle avait envie de l'acéré sa peau de ses griffes, d'arracher ses membres de ses crocs. La bête n'avait plus faim et pourtant, elle semblait toujours avide de violence. Elle aimait la mélodie des cris de ses victimes, la peur et la terreur qu'elle pouvait lire dans leurs yeux lorsqu'elle bondissait sur eux. La jeune femme quant à elle aurait préféré mourir une deuxième fois plutôt que tuer le jeune homme que la bête tenait entre ses pattes. Elle ferma les yeux à peine une seconde, un seul instant pour inspirer l'air ambiant tandis que sa moitié grognait contre sa proie, comme pour s'accrocher à chaque atome de son ancienne vie d'humaine. Les livres qu'elle aimait tant, toujours rassurant durant les nuits d'orages et les longs voyages en voiture. L'alcool mélangé à l'haleine de son père durant les repas du dimanche qui la rassurait dans sa petite existence d'enfant unique bien aimé. L'odeur des bois qui entourait la propriété familiale du comté, la chasse aux lapins avec son oncle et les marches dans la clairière avec sa mère durant l'automne. Tant d'effort qui ne servait à rien, dès qu'elle souleva les paupières et croisa le regard de l'opposant, son corps trembla d'envie. Envie de le faire plier sous la force de sa serre, de sentir son cœur s'excité et sa peau sué de terreur devant elle. Pourquoi ne semblait-il pas secouer par les évènements? Elle aurait voulu qu'il se batte pour sa vie fragile qu'elle tenait dans la paume de sa main. Qu'il lui crie après, qu'il appelle à l'aide. Pourquoi restait-il planter là? Puis, il s'approcha…

Si le cœur de la petite Harding n'était pas décédé, il aurait surement défoncé sa cage thoracique sous l'effet de la surprise. L'homme aux yeux d'azurs était déconcertant, elle pouvait sentir son souffle sur ses lèvres tandis que sa bouche se mouvait. L'envie était différente cette fois, alimenté par l'éclat de son œil provocateur et l'odeur corporelle agréable qu'il dégageait. La femme en elle ne pouvait retenir son regard de glisser contre ses minces lèvres. « Pour ça faudrait que tu me lâches. » Il se moquait d'elle, une créature de la nuit! Le vampire était figé, incapable de réagir devant cet étranger qui ne craignait rien, pas même sa mort imminente. La bête réalisait qu'elle n'avait eu aucune émotion négative envers la perte de sa propre humanité. Si elle avait eu le choix, elle aurait pris le même chemin. Le vampirisme était une amphétamine irrésistible dont elle ne voulait plus se passer. Elle l'aimait, l'invitait à bras ouvert malgré le sang, les tripes et les morts qu'elle laissait derrière. Non! Hailey refusait de se laisser entrainer dans la noirceur de son âme corrompue. Elle devait combattre cette affliction, trouver les chaînes mentales qui lui permettrait de contrôler sa maladie. Le rire de l'inconnu avait quelque chose d'apaisant, l'impression que tout allait bien aller. Non! Il n'est pas brave, c'est un idiot! Pure, douce agonie face à ce monde exécrable. La blonde ferma les yeux, inspirant un grand coup pour s'intoxiquer de son parfum dans une ultime retenue. Une pression, une simple griffe et elle aurait pu libérer ce flot d'or liquide qui lui donnait cette odeur délicieuse. Non, ce serait trop rapide. Elle avait envie de le déguster, parcourir ce corps chaud jusqu'à ce qu'il tremble enfin, le sentir vibrer. Non! Elle ne voulait pas lui faire de mal, pas plus qu'elle avait envie de le laisser partir. Cours petit lièvre, enfuit toi vers la forêt.

Hailey relâcha enfin la pression contre sa gorge sans toutefois le libérer. La chaleur de son corps qui enveloppait sa peau était agréable, un feu de chair dans son existence glaciale. Sa main glissa contre lui, déviant sur la poitrine de l'homme de manière envieuse, il y avait quelque chose d'avide dans son regard tandis qu'elle cherchait le battement de son cœur. Il était là, dissimuler sous sa chemise et sa douce peau satiné. Son rythme était constant malgré sa vitesse légèrement accélérer. Était-ce de la peur ou de l'excitation? Elle ne savait plus, les sensations s'entre mélangeait dans une confusion juvénile. Son regard d'émeraude se braqua dans celui du beau jeune homme avec une intensité lourde. Non, il ne fallait pas le dévorer. Il était pourtant si près, juste là au bout de ses lèvres. Un mouvement, simple sursaut et elle pourrait atteindre cette précieuse gorge avant qu'il ne s'enfuit.

- N'as-tu donc pas peur de ce que je suis? De ce que je pourrais te faire?

Oui, si elle en avait envie elle pouvait le faire valser de l'autre côté de la ruelle, briser les os qui tenaient son corps debout et entier. Le vidé de son précieux liquide vitale jusqu'à ce qu'il ne cesse totalement d'exister. Consommer son être jusqu'à ce qu'il devienne aussi noir que son âme à elle.

- Est-ce du courage, ou-bien de la folie? Murmura-t-elle contre sa bouche, ses griffes traversant le tissu de son vêtement à l'endroit de son cœur battant, s'insérant légèrement dans sa peau si fragile
             
       

       

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Hailey Moira Harding
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  Quelque part après le 8 Aout 2016 xD


Exaltée. Il y avait quelque chose d’une force brute, une joie féroce, une impatience animale à le tenir ainsi sous sa paume. Le choc, la puissance, le désir qui s’en dégageaient enclenchaient quelque chose chez lui ; des associations qu’il voudrait ne pas avoir fait mais qui restaient là. Le grésillement de la satisfaction, le plaisir perfusé dans ses veines. Ça ne devait pas. C’était là quand même. Il y avait depuis l’enfance une joie malsaine à résister, à sentir l’autre se tendre, frapper, tenter de le mettre à terre. Un assouvissement rauque de survivre, encore et encore, faire face, défier la mort et s’éveiller encore le lendemain. Alors ça crachait dans ses muscles, frissonnait plus fort encore de sentir la mort de l’autre non loin et son empressement fébrile. L’excitation, l’addiction même. Le corps tendu, impatient de son shoot à venir, au supplice du plaisir à venir. Tant de désirs qui faisaient pulser le sien quelque part sous cette peau trop fine. Accro aux femmes, à la lutte, à l’adrénaline. Las pourtant. Cet état n’avait aucun putain de sens. Ça pétait dans tous sens dans son corps. De l’envie de rendre les coups, de forcer le destin, de survivre là où il n’aurait dû y avoir que ses centres… jusqu’à cette chose plus rauque venue apaiser la rage de vivre. Une fatigue profonde qu’il n’écoutait pas mais que l’alcool révélait pourtant. Épinglé là, placardé au mur, une vampire en perdition à l’orée de sa gorge, une forme de désintérêt se coulait pourtant dans ses artères.

Les paroles de Kezabel n’étaient pas loin pourtant, appelant à sa force, sa résilience, sa capacité à encaisser les coups sans broncher. Ne les laisse pas gagner. Ne les laisse plus rien te prendre. Une évidence, un mantra qu’il s’était pris comme une pelle dans la gueule le jour où pour la première fois, son amie lui avait dit qu’il n’aurait pas dû vivre tout ça. Que ceux qui auraient dû le protéger étaient devenus ennemis ou ignares. Pourtant la lutte était tatouée sous sa peau, crochetant ses veines sans la moindre faille. Depuis toujours, depuis l’enfance, Alec se battait. Contre tous même, sans plus vraiment discerner les alliés des autres. Par fatigue, dépit ou expérience il lui arrivait de tout confondre. L’opposition devenue seule compagne quand il perdait pied. La seule raison, aussi, de sa survie. Sans ce réflexe ancré, sans doute n’aurait-il pas tenu le choc quand les Supérieurs et leur leader s’étaient mis à l’interroger plusieurs heures d’affilées. Quand il avait vu Johan Walters entrer dans sa transe brutale et destructrice, qu’il avait cru y passer. Mais encore une fois, Alec s’était réveillé le lendemain, relevé malgré la douleur. Avancer. Même sans plus savoir comment chaque pas pouvait encore le mener ailleurs. Ou le faire rester sur place, pour l’heure.

Alors oui, cette réponse était encrée au fusain dans ses prunelles. La rage de vie dans le fond des veines, la moquerie sur ses lèvres, le corps appelant à la bataille. S’approcher de la menace, lui rire au nez, cracher à la gueule de tous ceux qui voulaient sans cesse l’enterrer. Dans sa poitrine, le rythme effréné, de peur et d’excitation mêlée mais si calme, si neutre par rapport à ce qu’il devrait être. Alec luttait comme il respirait. Parce qu’il n’avait pas d’autre option, qu’il n’en avait jamais eu, n’avait jamais su quel autre chemin prendre. Parce qu’il aimait ça, aussi, que ce qui pulsait sous sa peau brûlait d’une envie animale de surplomber, lutter, vivre. D’être celui qui reste. Malgré tout. Malgré tous.

Elle l’observait. Le prédateur cherchant à décrypter cette proie qui refusait de courir, de le laisser jouer. Mais la proie, elle, était lasse d’être toujours appelée à ce statut. On le pourchassait depuis tant de semaines, des mois même. La mort n’était pas une vieille amie mais avançait depuis trop longtemps à ses côtés, à murmurer à ses oreilles milles issues fatales et Alec, tout conscient qu’il était, les laissait couler sans y prendre gare. Qu’elle gronde ses menaces de morts brutales tient ; elle ne serait pas la première aujourd’hui.

Pourtant à sa moquerie, là où on aurait pu envisager le coup, la morsure, la violence, c’est finalement un relâchement qui vint s’imprimer sur sa gorge. Doucement d’abord, puis plus franc, le regard de la femme sous la créature braqué sur lui. Elle cherchait. Lui aurait pu tenter de se souvenir ce que Charlotte avait pu lui dire des premières fois, de l’addiction, la perte de contrôle, le danger. Il s’en foutait. Lentement, sa paume glissa contre lui, ripant sur sa gorge, butant contre sa clavicule, s’ancrant finalement sur sa cage thoracique contre laquelle son myocarde s’écrasait à rythme régulier. Avide. Ce désir lui pinça les sens d’une envie amorale. Comme avec la vélane, la conscience d’être en danger était là, pulsait dans ses veines mais n’endiguait pourtant pas une nature trop salement animale qui lui sciait les nerfs.

- N'as-tu donc pas peur de ce que je suis? De ce que je pourrais te faire ?

Trop aimaient ça dans son existence. Tant attendaient de voir la peur dans ses yeux, la supplique sur ses lèvres. Bien sûr qu’il avait peur de ce qui pouvait advenir de lui. Bien sur que dans ses veines chargées d’émotions sirupeuses et acides se trouvait aussi l’angoisse d’une mort à venir. Souvent, Alec se disait qu’on ne s’y habituait pas, que les tremblements et les soubresauts de la détresse lui secoueraient les os à jamais. C’était le cas. Mais sa conscience semblait à présent faire la sourde oreille, comme s’il était allé trop loin, fatiguait trop, crachait sur ses propres angoisses. Elle rêvait de le fracasser, de sentir la vie aspirée au travers lui, de montrer sa puissance. L’alcool et l’épuisement répondaient seulement : ok. Comme s’il ne s’agissait plus véritablement de lui.

« Moins que toi. » Le sourire fut doux autant que piquant, comme s’il hésitait lui-même entre différentes parts de lui. Le calme, étrangement serein face à la mort, doux en face de celle qui se débattait visiblement, cédait par moment place à la réponse, vive et franche, d’une rage de vivre brute et enflammée.

- Est-ce du courage, ou-bien de la folie? 

De la folie. Son courage n’avait jamais été que témérité, acharnement adolescent, dissidence profonde. À lui s’ajoutait la lassitude de celui qui a cessé de sursauter au fracas des bombes.
Folie. D’être attiré par cette main sur lui, ces lèvres si proches des siennes, ce sang qui marquait la disparition de l’un de ses adversaires, cette puissance destructrice.
Contre son torse, une pression attendue, les ongles s’ancrant en lui comme des serres, cinq lames sur sa peau. Pas plus de sursaut ; juste un souffle qui vint couler contre sa lèvre, disloqué au loin. Alec lâcha son regard pour le poser en silence et sans brusquerie sur la main plantée en lui. Doucement, ses propres doigts perdirent leur étreinte, glissant sur son bras avant de la lâcher tandis que ses yeux retrouvèrent les siens. « Juste un type alcoolisé dans une ruelle. » Je suis et ne serais rien de plus que ça.

Il eut un rictus du menton, presque navré de la détromper. Ce qu’il était, dans le fond, Alec n’y voyait pour l’heure pas de réel intérêt, ses pensées refusant de s’arrêter là dessus, d’y chercher une réponse quand la question n’avait rien de véritable. Le tester, le mesurer, le jauger, voilà le but. Et il était las d’être évalué.
Une légère grimace fini par montrer jusqu’à ses traits sans qu’il n’y prenne véritablement gare. La douleur faisait partie de sa vie et ce corps n’entendait l’agression autrement que comme un appel qui déversait en lui lave et sursauts. Lute ou désirs ; les deux mêlés. Abrutis d’habitudes. Le cancer de l’accoutumance.

« T’aurais préféré du courage ?.. » Le répondant de la proie, l’intérêt d’un combat qu’on sait gagné d’avance. Ainsi, elle aurait eu quelque chose à se mettre sous la dent. « … Ou la folie ? » Un de moins, peu digne d’intérêt, qu’on peut alors balayer de la surface de la Terre sans remords.

Gouttant l’intensité de ces yeux d’émeraude, Alec esquissa un sourire amusé. Il suffirait d’un rien, une pression brusque, un élan soudain, un mouvement de colère. Ses côtes craqueraient, la plèvre se déchirerait, le péritoine avec elle. Les tissus fendus sous la pression. Puis ses doigts se refermeraient autour de son cœur, serreraient.

Et il n’aurait plus rien à porter.
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Alec Kaleb Rivers
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Mar 3 Mai 2022 - 15:39

       
THE SINGING BIRD
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L'ivresse du moment étourdissait le jeune vampire, lui permettant d'ignorer les pulsions invisibles que recevait son cerveau. C'était comme un appel du fond des âges, un secret murmuré entendus uniquement par les choisit. On ne devenait pas vampire sur un coup de tête ou par accident, c'était un don surnaturel que les créatures avaient tendance à protéger et qu'on n'offrait pas à la légère. Contrairement à Hailey, la plupart des vampires tentait à connaitre leur créateur, profitant de leur ombre protectrice et leur savoir immémorial. Son sire n'était pas loin, guettant comme un fauve du haut de sa corniche plongé dans l'obscurité. Il possédait une immobilité impressionnante, figer dans le temps et l'espace comme une vilaine gargouille endormie. Pour une raison qu'Hailey ne comprendrait jamais il gardait une distance raisonnable entre eux. Un jour, elle pourrait sentir sa présence lorsqu'il serait près. Aujourd'hui, la violence de sa soif faisait surchauffer ses petits neurones confus. Il se souvenait de sa première nuit à lui, tout à l'image de sa protéger. Confusion, solitude, remords. Tout ce qu'elle ressentait, il l'avait ressenti aussi. Pourtant, quelque chose semblait étrange dans la scène qui se peignait devant lui. Il l'avait suivi dans le parc, avait applaudit son enfant lorsqu'elle avait recraché la bête à quatre pattes dans un élan de désespoir. Il avait salivé lorsqu'elle avait pris le colosse entre ses griffes comme une panthère. Elle aurait déjà dû démembrer le sorcier alcoolisé, se nourrit de sang jusqu'à trop pleine. Il ne ressentait aucune jalousie, conscient que sa protection n'avait rien à voir avec ses yeux de daim et sa mâchoire sculpter. Il pouvait l'entendre aussi, le calme de son cœur et la légèreté de ses mots. C'était sans doute rassurant durant cette épiphanie qui dérobait le monde sous ses pieds. Une ancre dans l'humanité qui s'éteignait, une ultime tentative de s'accrocher à son âme. Ce n'était pas conventionnel, mais il ne s'en souciait pas vraiment pour l'instant, il préférait rester silencieux et observer la bête se former sans l'influencer.

Elle ressentait une intense exaltation, comme si son esprit arrivait à éprouver la jouissance des pratiques vampiriques sans même avoir à sentir le sang couler dans sa gorge. C'était excitant et frustrant tout à la fois de voir cet homme devant elle qui ne pliait pas sous le poids de la pression. C'était fascinant de constater l'ampleur du contrôle qu'il possédait sur ses propres sentiments. Hailey et son vampire était dirigé par un instinct à fleur de peau qui était si lourd à porter qu'elle ne pouvait être que jalouse de celui qu'elle appelait sa proie. Néanmoins, quelque chose en elle lui chuchotait qu'elle devait le briser, se délectant déjà de voir ses défenses s'écrouler devant elle comme un château de carte. De voir cette lueur au fond de son œil lorsqu'il ferait réellement face à sa mort, le sursaut instinctif qui le pousserait à se débattre dans un ultime effort. Un type alcoolisé. Oui, elle sentait bien l'alcool toujours présent contre ses douces lèvres, se mélangeant à l'odeur salée qu'il dégageait. Malgré son sourire, elle pouvait discerner la lourdeur qui assombrissait son regard d'azur. Hailey connaissait trop bien cet état d'esprit. C'était celui-là même qu'elle avait porté durant ces années d'université. Lorsque chaque mouvement dans sa vie était devenu automatique, qu'elle traversait chaque jour sans trop savoir comment ni pourquoi. Une attente infinie qui semblait vous menez nulle part. Un vide immense qui vous rongeait de l'intérieur et qui s'atténuait seulement sous l'alcool et les coups d'une nuit. Il lui sourit, elle aurait voulu crier à l'aide! Lui hurler de courir! Mais aucun son ne s'échappait de la bouche souriante du vampire. La bête avait un parfait contrôle durant le dérapage. L'odeur du sang chaud sous ses griffes, la chaleur corporelle de sa proie qui se tenait si près d'elle. Sa main relâcha la pression qu'elle exerçait sur son organe vital, rejoins rapidement par son envieuse jumelle. Elle détaillait chaque pli de sa chemise tandis que ses doigts serpentaient sensuellement contre son torse. Elle replaça tendrement les rebords de sa veste à la manière d'une petite amie affectueuse, le vrillant d'un regard gras d'envie. Le cœur d'Hailey se brisa.

L'instant suivant, le visage de la créature se figea dans une neutralité effrayante. Elle agrippa le vêtement entre ses griffes, utilisant toute la force que son petit corps de nouveau vampire avait acquis pour le projeter contre la benne à ordure qui se trouvait tout près. Le son du corps qui se fracassait contre le métal dans un bruit assourdit la fit vibrer intérieurement. Oui, la créature nocturne adorait l'écho de l'air qui quittait les poumons sous une pression excessive. Ça lui rappelait le dernier souffle que Margaret avait émit au creux de son oreille. Elle roula les épaules, inspirant profondément en se massant la nuque comme si elle se préparait à un exercice imposant. Comment effrayer un être qui attend la mort comme une libératrice? Il était comme un animal blessé qui ne fuyait plus devant le prédateur. Un chevreuil sur lequel on avait déjà tiré. Ce n'était pas un adversaire impressionnant, mais il serait tout de même intéressant de voir jusqu'où il pouvait plier avant de se briser.

- J'aurais préféré du caractère! Je déteste les chiens dociles et bien dressés! Ils ont un goût de faiblesse… Cracha-t-elle sur le même ton moqueur qu'il utilisait contre elle

Elle se glissa rapidement à ses côtés, comme si elle flottait sur l'air froid de la nuit. Elle l'empoigna agressivement pour l'aider à se relever, lui envoyant un poing entre les côtes. Prenant soin de l'écraser contre la surface métallique, elle s'excusa dans un souffle sourd, un grognement aiguë et rauque attira soudainement son attention vers la gauche. Elle détourna les yeux vers le fond de l'allée, croisant le regard jaune et démoniaque d'une boule de poil blanche et colérique. L'animal hissait et grondait contre la créature, déchirant l'air de ses violents coups de pattes. Il semblait vouloir aider le jeune homme, ou peut-être voulait-il simplement embêter la créature? Quoi qu'il en soit, le vampire n'était pas amusé. Elle montra les crocs, sa gorge se mit à vibrer dans un bruit d'avertissement.

- Dégage, Mouchoir. La princesse ne t'entend pas du haut de sa tour! Ricana le vampire sur un ton hargneux

Un grognement dominant et le chat s'enfuit comme un rat dans l'obscurité. Son attention revint finalement sur sa proie d'origine, Hailey criait toujours à plein poumon, mais le démon ne l'entendait plus. Il l'avait emprisonné avec les chaînes de son esprit et se réjouissait de la torture délectable qu'elle subissait. Elle aurait donné sa vie pour sauver ne serait-ce qu'une victime, mais ça ne serait pas lui. Pas cette nuit. Le suceur de sang était trop puissant pour son petit esprit épuiser par les remords. Son acharnement et sa volonté de fer était à tout épreuve. Elle voulait voir ce petit être tremblé devant-elle. S'il refusait, alors elle le ferait supplier pour sa mort. Elle ferma les yeux un moment, inspirant profondément tous les arômes entrelacer de l'air ambiant dans un rictus amusé. Tellement de possibilités, d'os à briser. Elle se mit à détailler son corps avec une envie malsaine, s'attardant soudainement contre les deux boutons manquant au col de sa chemise qui dénudait un triangle contre son torse. Il sentait si bon, sa peau semblait presque briller sous l'éclat de la lune, ou alors était-ce son sens vampirique qui pouvait entrevoir le liquide chaud qui s'écoulait partout en lui. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, comme un chiot quémandant pour son os, ses yeux étaient brillants d'un vert éclatant tandis qu'elle le détaillait de la tête au pied. Elle se redressa…

- Si le petit oiseau refuse de chanter, je vais devoir le faire couiner, souffla-t-elle en lui souriant
             
       

       

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13 Aout 2016


Y a-t-il toujours une ombre quelque part ? Les yeux brillants, les canines acérées, le sourire sauvage. L’ombre du prédateur sans cesse lâché dans les ténèbres, prêt à fondre et attraper sa proie. Alec savait le bruit des frôlements, le son des souffles dilués dans le silence, du sang appelé avant même de couler. Il marchait auprès d’une d’entre eux, se mouvait dans les ténèbres à son tour, non pour s’y fondre et attaquer mais pour observer les prédateurs de brume à son tour. Les lèvres pincées, les pupilles dilatées. Il était tour à tour la proie et… autre chose. La violence sauvage existait pourtant dans ses veines et lui seul savait avec quelle brutalité animale il pouvait tomber sur celui qui aurait eu le malheur de passer la mauvaise ligne, toucher le point sensible, lâcher le fauve. Pourtant cet être laissait place à d’autres ombres. Il n’y avait pas de silhouette perchée au loin pour protéger Alec. Logan, pourtant, aurait pu être l’une de ceux-là. Son cousin était ombre, lui-aussi. L’ombre qui observe de loin, voit les siens tomber, se relever, chuter de nouveau sans intercéder. Mais Logan même n’était pas là. Et pourtant les ombres existaient. Non l’expérience centenaire de milliers de vampires se transmettant leurs savoirs mais le soutien muet et sourd de pauvres humains. Une chaîne mal calibrée, rouillée, érodée, blessée. Une chaîne de quelques pauvres ères bien épuisés, las et à bout de souffle. Mais là. Sauf qu’aujourd’hui, l’alcool en perfusion dans les veines, la nausée dans la gorge, Alec oubliait leur présence, oubliait ses valeurs, oubliait ce qui le tenait debout. Il n’était plus que le corps fatigué, l’âme ravinée, le type qu’on foutait en l’air de mains en mains jusqu’à ce qu’il manque d’air.

Celui qui expiait ses sentiments, sentait son cœur s’emballer à l’idée d’une mort prochaine sans vraiment s’animer d’une panique pourtant légitime. Spectateur de sa propre vie, désintéressé de sa mort à venir, une part de lui s’éraillait à force de sans cesse résister. Ainsi il ne lui restait que ça. L’instinct de l’enfant qu’on avait trop frappé et qui trop vite, s’était seulement mis à rire de ses bourreaux. L’instinct de l’animal piégé qui cesse d’être victime de sa peur et l’affronte en face. L’instinct de l’Homme pour qui perdre, parfois, revenait un peu à gagner. Et gagner, maintenant, était synonyme d’échec. Alors il restait le reste. Ces chose qui éveillaient une avidité qu’il voudrait nier. Le frisson de désir de ses doigts courant sur son torse, le chuintement de plaisir de l’affrontement dans ses veines. Il fallait croire qu’à force de flirter avec la mort, elle avait fini par parler sa langue. Il sentait le toucher glacer de la pulpe de ses doigts, le pincement de ses ongles, les froissements du tissu contre sa peau, conscient du moment, brutal et imminent, durant lequel ses côtes s’écraseraient, percées par une violence surnaturelle. Le craquement se répercuterait-il dans ses os, grimperait jusqu’à ses épaules, figerait dans sa nuque avant que la douleur ne lui fasse lâcher prise ? Longtemps en contact avec des Hommes en fin de vie, Alec avait pris l’habitude sale et poisseuse de les observer. La contracture des muscles, les pupilles qui se dilataient, se rétractaient pour finalement figer avant de se dilater une nouvelle fois. Les lèvres qui se crispaient sur les mâchoires jusqu’à se rétracter comme des babines sur des crocs. A quoi ressemblerait-il, lui, quand il se ferait dévorer ? A quoi ressembleraient ses proches ? L’idée qu’elle appuie, maintenant, brusquement plutôt que de replacer les pans de sa veste le soulageait étrangement. L’attirait.

Elle se figea, son cœur manqua un battement, reprenant de plus belle. C’était le moment.

Mais si la violence vint, elle ne lui broya pas les os, se contentant de l’envoyer valser sans que son cerveau n’arrive à comprendre dans quel tourbillon exact il se situait. L’information ne vint pas, seulement rattrapée par la douleur brutale et le choc brusque répercuté dans ses tympans avant même d’en comprendre l’origine. Le métal qui plie, qui se froisse, le son mat d’un corps au sol. Un instant, il n’y eu que le bourdonnement de douleur dans son organisme sans que la fulgurance de l’impact ne semble véritablement monter à son cerveau. Ça fera mal demain… se dit-il, dans l’absurdité de l’ivresse.

- J'aurais préféré du caractère! Je déteste les chiens dociles et bien dressés! Ils ont un goût de faiblesse…

Les chiens dociles. Une expression qui réveillait quelque chose en lui, grinçait les violons de la discord dans ses nerfs sans qu’il n’intègre tout à fait ce qu’il se disait, occupé à retrouver son souffle.

Comme lorsque Johan l’avait envoyé au sol, Alec posait l’avant bras au sol, se redressant avant même d’intégrer tout à fait ce qu’il faisait, la main droite cherchant la benne à ordure pour s’y stabiliser. Une grimace accrochée à ses traits.
Devant ses yeux, la ruelle tangua et il n’eut le temps de la voir cesser de jouer au bateau ivre que déjà on l’attrapait, le forçant à véritablement se relever sans qu’il n’intègre réellement à quel point ses jambes avaient déjà pu se déplier qu’il était déjà soulevé comme une poupée de chiffon. Le souffle déjà coupé d’un coup au plexus. Basculant en avant, comme le monde autour de lui, Alec s’étonna un instant que l’alcool ne chavire pas lui aussi au travers de ses lèvres. Mais seul le grincement du souffle extrait de ses poumons ne s’en échappa de nouveau, chuintant contre son épaule qu’il comprit avoir percuté en encaissant le coup. Sa lèvre ripa contre le tissu, déglutissant son histoire de chien docile en redressant le buste. Il lui sembla entendre un mot d’excuse, le dos râpant sur la surface métallique quand elle se désintéressa brusquement de lui.

Va chasser l’écureuil ça me fera d’l’air…

La ruelle tangua de nouveau, emportée avec l’image d’une épaule, d’un bras, d’un col couvert de sang, jusqu’à se stabiliser en quelques battements de paupières.
Un chat. Il en resta presque con à tourner la tête vers l’animal, fixant la scène les sourcils relevés, une moue perplexe sur les lèvres. Un instant, il eu l’impression de voir deux chattes s’engueuler pour une gamelle et feuler l’une sur l’autre.

Vous dérangez pas pour moi, vraiment…

- Dégage, Mouchoir. La princesse ne t'entend pas du haut de sa tour
« Mouchoir... » Perplexe.

Le chat.
Oui j’avais deviné, merci…


Le grondement aurait pu stopper net ses pensées cyniques, ronfler jusque dans ses chairs pulsant le sang sous l’impact récent, mais il n’en fut rien et une seconde, tandis qu’elle s’intéressant de nouveau à lui, Alec observa l’animal s’enfuir en courant, cherchant celui ou celle à qui le chat blanc lui faisait penser sans jamais réussir à retrouver le souvenir associé à cet élan soudain. L’autre ferma les yeux, inspirant profondément dans l’air froid de la soirée d’été et attirant avec un temps de latence celui qui semblait à ce point décalé. Un automate qu’on aurait mal réglé, réagissant à contre-temps. Tout en retrouvant une respiration plus régulière malgré quelques souffles contenus par moment, Alec posa de nouveau les yeux sur elle pour l’observer faire. L’image lui fit songer à Azalea, l’animal humant régulièrement ses victimes tremblantes avant d’y planter les crocs. Il lui semblait à chaque fois deviner le plaisir dans les yeux jaunes que leurs versions humaine ne cachait pas. Le dédain, alors, se peignit en silence sur ses traits et elle rouvrit les siens pour les poser sur lui, le détailler sans un mot. Un peu comme il avait pu le faire avec certaines femmes, bien des années plus tôt. L’idée le pinça d’agacement, ce regard déclenchant pourtant chez lui une forme d’attirance brutale qui le dérangea immédiatement. Tant par ce qu’elle disait de lui ou pour les vestiges d’une tendance passée qui le dégoûtait profondément à présent. Impossible, sans doute, de se défaire tout à fait de ce qu’on a été. Une pensée qui n’avait rien à foutre à l’aube de sa mort mais qui restait là comme le vieux pétrole abandonné sur les plumes d’un albatros.

Alec observait ses yeux d’émeraude, semblant accrocher la lumière et contraster avec le rouge vermeil du sang versé qui inondait toujours col et menton. Il ne songea guère qu’à s’y écraser un peu plus tôt, il avait pu emporter quelques traces de la mort répandue sur sa propre peau trop souvent souillée ces derniers jours. Le sang d’un mort, douze ou cent ; qu’importe, tant que les siens étaient saufs.
Ils brillaient d’une envie malsaine, appelant des tourments qu’Alec connaissait trop bien. Comme s’il n’était pas vraiment concerné, le jeune homme l’observa un instant en silence, la poitrine encore soulevée des soubresauts du corps qui se remet des impacts et du pic d’adrénaline. Où était-celle qui lui avait dit de fuir ? Mangée par l’addiction au liquide qui pulsait dans ses veines ? Accro à la vie quand elle semait la mort derrière elle. Un comble.

- Si le petit oiseau refuse de chanter, je vais devoir le faire couiner,
Oh si tu savais comme vous voulez tous tant entendre le son de ma voix. Sans doute pour ça qu’il s’amusait au mutisme avec l’un de ses goeliers.

De même, un instant, Alec se contenta d’un simple et cynique sourire en coin, le regard planté dans le sien.

« Navré de ne pas être à la hauteur de tes attentes. » Je m’en voudrais de malmener tes délires meurtriers, vraiment.

Quelque part, dans le fond de ses neurones, l’évidence traçait pourtant son chemin : rien dans sa réaction n’était normal. L’impact de la situation actuelle ? Quelque chose de plus profond ? De plus crayeux ?

« Ok princesse, on va rétablir un truc histoire d’abréger la connerie. Je vais être un petit con arrogant : ça va t’énerver et j’vais continuer. Pètes moi les os si ça te chantes ma belle, mais t’attends pas à mieux. » C’était presque une demande, songea-t-il à retardement. « Prends ma douleur. Y’a que ça à portée. » Un ordre dans le fond ; le refus de jouer à ça avec un prédateur de plus. La porte de la délivrance, teintée d’ocre. Ses ombres protectrices n’étaient plus, il n’y avait plus qu’un type éméché que la vie malmenait et dont l’alcool révélait les fêlures et la fatigue.
Un type dont il haïssait la forme d’abandon.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
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Mer 11 Mai 2022 - 18:27

       
Death Becomes Her
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La contradiction était déchirante, elle qui bouillonnait d'une rage féroce et lui qui semblait complètement désinvolte face à la situation précaire dans laquelle il se trouvait. Curieusement, il lui rappelait son père, ce grand homme au sang-froid impressionnant et à la raison inébranlable. Hailey était dévaster de constater qu'il semblait attendre la mort sans broncher, elle aurait voulu qu'il cours ou qu'il se batte! Après réflexion, elle réalisait que c'était sans doute ce que le vampire espérait. Les émotions comme la haine et la colère était beaucoup plus facile à gérer pour son esprit malade que la compassion et les remords. Regardant la scène à travers ses propres prunelles comme si c'était une fenêtre, ne trouvait aucune peur dans les yeux de sa proie. C'était étrangement rassurant, comme s'il semblait croire à une fin qu'elle ne pouvait pas encore imaginer. Que serait la mort une fois qu'elle l'aurait tué? Elle enviait ceux qui traversaient de l'autre côté, ceux pour qui la paix était accessible et infinie. Son éducation catholique lui faisait redouter le moment ou quelqu'un mettrait enfin un terme à sa misérable existence, consciente que son âme avait été entachée par des péchés capitaux qu'elle avait commis récemment. Son âme ne s'envolerait jamais à travers les nuages pour rejoindre sa mère, elle ne poserait jamais un œil de contentement face à la vie qu'elle avait menée. Il était inconcevable que le tout puissant lui pardonne d'avoir tué ses précieux enfants, surtout lorsqu'une part d'elle se délectait de ses actes. Le paradis, c'était bien fini pour elle. C'était peut-être ce que la créature espérait atteindre en se laissant allée à ses pulsions les plus instinctives. Ce besoin de paix que la mort lui refusait sadiquement, ce démon qui vivait maintenant dans son corps, prenant le contrôle sur ses actions et ses pensées.

Ne pas être à la hauteur? Ignorait-il à quel point il était loin de la vérité. La créature se délectait de chaque seconde qui s'étirait, de chaque geste et parole qui l'empêchait de s'abreuver de son sang trop rapidement. Il sentait si bon, cet homme stoïque que même la mort n'effrayait pas. Hailey réalisa alors toute la valeur de cette proie qui se trouvait devant elle. Quelqu'un qui ne hurlait pas lorsqu'il la voyait, un humain qui pouvait affronter le vampire sans broncher. Certes il y avait une décevante pincée de capitulation chez lui, mais c'était peut-être la source de toute cette désinvolture. L'idée qu'elle pourrait lui offrir une nouvelle vie excitante effleura son esprit… Non, sale monstre! Pas question!

Princesse. Quelqu’un m’appelait ainsi autrefois… Mais, qui? L’oublie est la pire des malédictions. Un sort que joue notre cerveau contre notre cœur. Les humains oublient souvent. Parfois sans le vouloir, d’autres fois sans même s’en rendre compte. Certains oublient pour survivre, parce que certains souvenirs sont trop lourds à porter. La tragédie d’Hailey, c’était que le temps assombrissait les souvenirs qui lui restait de sa mère. C’était d’abord subtil, comme l’odeur de son parfum ou sa couleur préférée, mais plus le temps avançait et plus les choses s’embrouillait. Son esprit s’était depuis remplit d’un millier de souvenirs qui constituait sa vie, tous volant une infime partie de l’espace qui était autrefois réserver à sa mère. Doucement, le pouvoir vampirique semblait déverrouiller ces portes, libérant des songes qui s’était tapis dans l’ombre de son mental. Elle se souvenait de la robe rose qu’elle avait porter durant la dernière célébration avec sa mère, de l’odeur de miel et de cidre qu’elle dégageait lorsqu’elle l’embrassait sur la joue, le murmurement de sa voix à l’oreille de sa princesse.

La douleur. La mort. Le vampire la ressentait toujours à l'intérieur de ses os. La douleur qui l'avait affligé durant des semaines, qui l'avait détruite jusqu'à ce qu'elle en meure. La bête était furieuse, furieuse que lui, ce petit humain pitoyable lui parle de douleur à elle, qui venait à peine de trépasser. Elle était hargneuse contre lui, l'idiot qui n'avait aucun respect pour sa vie! Qui n'avait même pas suffisamment de force pour se battre pour celle-ci. Comme osait-il cracher sur son existence devant elle, celle à qui ont venait de voler la vie! Elle ne pu s'empêcher de lui envoyer son poing sur la gueule dans un excès de rage, le rattrapant d'abord par les cheveux d'une main, puis de l'autre par son col pour exposer la peau de sa gorge. Le vampire grogna de fureur, Hailey pouvait sentir ses crocs s'étirer tandis que la faim dévisageait son minois. L'odeur alléchante de sa prochaine victime lui montait au nez. NON ARRÊTE!

Le vampire se braqua soudainement dans son élan, ses crocs effleurant légèrement le cou de sa proie tandis que son haleine l'effleurait pendant quelques secondes. La princesse avait-elle sauter de sa tour? À nouveau ce mal atroce qui lui fendait le crâne, elle relâcha curieusement le jeune homme. Oui, elle se souvenait de la douleur d'être humain malgré cette entité qui la déchirait, la consumait de l'intérieur. De tout le mal que la vie pouvait faire à quelqu'un. Elle détournant la tête vers le cadavre sur lequel son regard vint s'échouer, dévisageant l'homme étendu sur le pavé, le regard vide et le col ensanglanté. Elle pouvait toujours sentir le goût salé de son sang sur sa langue. Elle aurait préféré qu'on se nourrisse d'elle. Qu'on prenne sa douleur et qu'on la laisse partir. Pour Hailey, il n'y aurait plus que du sang et de la violence. Elle serait à l'image de tout ce qu'elle détestait autrefois, il n'y avait aucun honneur chez les vampires, juste cette faim éternelle qui nous dévore l'âme. Elle avait une migraine au cœur, une fracture de l'esprit. Elle regarda de nouveau cet homme, lui qui restait calme devant la détestable créature qu'elle était devenue.

Hailey aurait voulu crier, aussi fort qu'elle le pouvait contre ce visage qui hanterait maintenant son sommeil. Elle aurait voulu hurler pour toutes ces choses que le monstre lui avait volées. Pour toutes ces vies qu'elle avait détruites. Pour la douleur et la solitude, l'incompréhension face à la raison de sa propre mort. Contre tous ceux de son propre sang qui l'avait abandonné quand elle était humaine. Pour toutes ces fois ou la vie l'avait déçu, tout ça pour la menez jusqu'ici. Est-ce que les vampires pleurent? Hailey pouvait sentir une larme coulée le long de sa joue, elle dégluti un rire étouffé, comme si elle était épuisée.

- Je t'avais dit de courir, espèce d'idiot! Qu'est-ce qu'il te faut de plus? Mes crocs dans ta nuque ?! Ragea-t-elle contre lui. Je suis un monstre, une meurtrière! Si quelqu'un mérite la mort c'est moi! Je suis… Je suis… Morte, réalisait-elle dans un sanglot retenu

La douleur était trop lourde à porter, Hailey se désintégrait sous le poids de cette nouvelle vie qui l'écrasait. Une éternité de cadavres, de mort et de sang. Elle était condamnée à tuer pour survivre, ensorceler par la nuit, incapable de pardonner à la vie qui l'avait rejeté. À la mort qui l'avait ignoré. À l'univers qui l'avait oublié. À nouveau cette colère, cette sensation qu'elle allait exploser qui faisait reluire ses yeux. Une simple ride sur son front. L'envie de s'abandonner et de ne plus ressentir de remords dans sa douleur.
           
       

       

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Hailey Moira Harding
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13 Aout 2016


Le paradis, l’enfer, des concepts très loin de sa propre conscience. Élevé en dehors de toute religion, Alec savait pourtant parfaitement identifier ces deux extrêmes. Le paradis, il le gouttait à chaque extase, à chaque défonce, à chaque jouissance. Un moment hors du temps calmé contre la chair d’une autre. Et l’enfer… l’enfer, il y faisait face chaque jour, déglutissait le sel et le fer à chaque fois qu’un corps tombait, se tordait et qu’il restait debout. Faire face. Voilà bien les deux mots qui résumaient sa vie. Faire face à un père violent, une mère manipulatrice ou un précepteur exigent, ne jamais les quitter des yeux parce qu’il n’avait là pour lui que le meilleur choix qui soit. Comme si l’enfant d’hier avait bien vite intégré que montrer son dos à un prédateur était la pire attitude qui soit. D’ailleurs il n’y en avait qu’un qui lui avait fait baisser les yeux, esquiver les pupilles avides. Un seul qui arriverait sans doute encore à lui faire détourner le regard. Son oncle, son plus grand trauma. Rien d’étonnant donc à ce qu’il reproduise la seule technique qui lui ait assurée une survie violente mais une survie malgré tout. Le sourire de con, la provoc’ dans les yeux, l’insolence tatouée au cœur même de sa chair. Il avait trouvé là très jeune le moyen de faire sortir son père hors de ses gongs et d’affirmer le désintérêt et la distance de sa mère. Une option grinçante qui les faisaient lâcher leur rigidité parfaite, les propulsant hors de leur sacro-saint contrôle. Et lui aimait ça : foutre le bordel, les faire déborder, arracher de leurs regards leur arrogance et leur supériorité. Des années de sillons déjà tracés, de chemins trop de fois empruntés. La route était large pour lui vers la pente de l’affront. Alors tout épuisé qu’il était, c’était l’impertinence qui primait malgré tout. Une effronterie bien moins piquante que d’ordinaire. L’alcool parlait, affaiblissait ses défenses et révélait l’épuisement qu’il refusait d’admettre.

Oh il connaissait ce regard. Celui du prédateur qui se délecte de la situation. Qui aime profondément cette résistance. Au fil des ans, Alec avait découvert qu’il n’y avait pas que la colère sourde de ses géniteurs. Il y avait aussi ça. Ce qui l’avait désarçonné la première fois mais qu’il côtoyait à présent assez souvent pour être apte à en avoir conscience. Peut être les monstres se reconnaissaient-ils. Cette pensée lui sciait toujours les nerfs. Alec connaissait son penchant pour la violence, savait la décharge de joie pure à prendre la vie d’un ennemi, de le sentir se briser sous ses coups. Il savait qu’il pouvait bien faire étalage d’autant de belles valeurs et de tendresse qu’il le voulait, il pouvait vriller et se noyer dans une brutalité qui pulsait dans ses veines, forte de générations d’Hommes violents. Cette chose qui le poussait à accepter les coups sans broncher, qui aimait flirter avec le diable et la mort, se relever, contempler les dégâts et avancer.

’Tu feras ce que tu as toujours fait. Survivre’ avait dit Sanae.
Les survivants font ça, sans doute. Ils trouvent des moyens détournés pour accepter leur situation. Trouver du plaisir dans l’horreur et la peur en est un.

Voilà pourquoi il ne nierait pas qu’il y avait sous son épiderme le frisson de l’excitation. De nouveau, c’était à la mort qu’il faisait face, planté dans ces prunelles d’émeraude ou de sang, la poitrine soulevée insolente de calme. Pourtant calme il ne l’était pas. Ça crachait dans ses artères d’adrénaline et d’éthanol, la peur crissant sur ses os. Pour autant ça ne semblait pas remonter tout à fait jusqu’à sa conscience. Ou peut être avait-il tant pris l’habitude d’être terrorisé chaque jour que ses nerfs n’intégraient plus tout à fait l’information. La mort devenait une compagne, rien de plus qu’une amie. Commune.

Et cette compagne le dévisageait avec hargne. Avait-il réellement la légitimité pour parler de douleur à une vampire ? Clairement Alec ne se posait pas la question. La douleur faisait partie de sa vie depuis l’enfance, ses os vibraient toujours de celles infligées lors des interrogatoires qui l’avaient mis à terre quelques mois plus tôt. Et puis, à vrai dire, qu’il s’agisse de la sienne ou de celle de cette femme, il se moquait bien de la douleur. Pas là, pas maintenant, pas avec ce sourire de petit con sur le visage et cette solidité morbide qu’il affichait comme dernier rempart face à la chute. Le coup l’avait fauché brusquement, envoyant valser son visage sous une grimace qui ne vint qu’à retardement, engloutie par la soudaineté du geste. Sous le tissu, chacun de ses muscles se contracta quand déjà, des doigts s’enroulaient autour des mèches brunes de ses cheveux dont la tension tirait la peau de son crâne. Rattrapé dans un râle rauque, la nuque tendue, soumise à la pression de cette femme qui lui tirait le visage d’un côté, pressait son épaule de l’autre. Étirait la trachée, le cou, l’aorte. Le gosse, quelque part en lui, hurlait de sentir de nouveau une emprise trop puissante pour lui tenir son crâne ainsi. L’adulte n’y pensa pas réellement, en déni de cette part de sa vie, ne faisant que voir rouge, blanc, noir, à l’idée de ces crocs qui ne tarderaient pas à percer sa chair. Il n’intégra pas si quelques veines avaient pété quelque part, si sa prise était moins ou plus puissante ou si l’emprise de l’animalité baissait dans ce corps qui se pressait à présent contre le sien. Il ne sentit rien d’autre que cette tension dans son corps, fusant dans son âme pour se centraliser tout à fait sur chaque parcelles de chairs en contact. Les griffes qui ripaient sur son crâne, celles qui étiraient son col pour dégager sa gorge, la plante de cette paume plantée dans sa clavicule, les bustes  qui se mêlaient par opposition. La chaleur de son corps, le mouvement brusque de son torse soulevé  qui la touchait par endroit, percevait la froideur qui s’en dégageait, si profondément opposé du corps brûlant de Caitlyn qu’il avait tatoué sous sa chair quelques jours plus tôt. Et ces crocs qui l’effleuraient, sa peau qui tressaillait sous son souffle. Le reste, Alec n’en avait plus conscience. Ni de la rue humide qui s’étirait sous ses yeux, ni des bruits lointains de la ville à peine endormie, des sirènes peut être, plus loin, ou de ses doigts qui se crispaient sur elle sans chercher véritablement à la tirer en arrière. Juste ça, le souffle du prédateur contre sa peau pulsant du liquide vermeil.

Combien de fois Charlotte s’était-elle attardée ici, une main sur son torse, l’autre à l’orée de sa mâchoire, s’emplissant de son odeur avant de mordre, de se gorger de lui. Juste avant l’extase, la douleur et le plaisir mêlés sans que le moindre attachement ne les relient finalement. C’était le cas d’ordinaire, mais pas avec elle. Avec elle il n’y avait que le physique et l’envie de flirter avec sa propre destruction. Rien d’étonnant à ce que l’ironie de la situation ne se propulse dans ses veines. Acide.
Elle l’effleurait, encore. Un jeu ? Mais la vampire se tendit contre lui, détourna le regard pour le poser ailleurs, sur le cadavre qu’Alec avait cyniquement parfaitement oublié.
Etait-elle jeune transformée ? Charlotte lui avait dit qu’ils devenaient des animaux seulement poussés par la faim, incapable de réfléchir ou d’attendre, les victimes cadavériques d’un désir éculé. Boire. Boire jusqu’à plus soif. Boire jusqu’à se retrouver. Qu’importe le reste. L’idée lui avait semblé étrangement familière. La poitrine soulevée d’une respiration brusque qu’il forçait à se calmer en la sentant hésiter, Alec réalignait ses pensées qui partait de flashs en flashs comme toujours lorsqu’il avait trop bu. Et posait le regard sur elle, s’étonnant d’y trouver le sien, braqué sur lui de concert.

Il n’aurait su décrire le brouillard d’émotions et de colère qui s’y lisait.
Elle pleurait. Une simple foutue larme qui lui fusilla le cœur.

Il y avait là sous la surface quelqu’un qui se débattait. A vrai dire il y en avait deux. L’impression d’une image miroir lui revint brusquement. Elle, maculée de sang, la colère placardée dans les iris, la détresse pourtant venant jusqu’à dégueuler son mal-être.

Elle dégluti un rire étouffé, étranglait son hilarité. Là aussi, l’effet miroir. Lui, la gueule en sang, balancé au sol après des heures d’interrogatoires et de tortures mentales et physique, à s’étrangler d’un rire brutal et cynique face à la colère et l’arrogance du leader des Supérieurs qui voulait sa mort. Rire l’incongruité de la situation, se foutre de ses menaces. Rire sa douleur, ses peines et sa peur. Rire hystérique et épuisé. Rire sa putain de fureur entravée de responsabilités. Que crachait-elle, elle, dans ce rire frénétique ?

- Je t'avais dit de courir, espèce d'idiot! Qu'est-ce qu'il te faut de plus? Mes crocs dans ta nuque ?!  Elle fulminait, éructait une colère aux accents de désespoir... « Je suis un monstre, une meurtrière! Si quelqu'un mérite la mort c'est moi! Je suis… Je suis… Morte, » .. et s’écorchait de mal-être.

Sur sa peau, les doigts appuyaient assez pour laisser de petites auréoles pâles tandis qu’il l’observait un moment en silence. Pas d’envie de rire ; ces mots sonnaient si juste chez lui, résonnant en stéréo sur son âme écorchée. Pas plus certain d’être en vie, certain qu’il méritait tout autant la mort mais qu’il en était sans cesse épargné pour une raison qui lui échappait. Sa propre habileté ? La chance ? L’intelligence ? Permettez de rire de ce type d’assertions. Ses iris clairs prenaient cette nuit des teintes de ciel d’orage mais la foudre ne frappait pas. Il observait seulement le monde crevassé, l’agonie des pauvres ères qui s’y échouaient dévastées.

Son bras plié sur lui-même s’enroula autour du sien en silence, posé sur sa main, raclant sur sa propre peau sans chercher à l’en déloger. Il lui fallu un moment avant de lâcher ses prunelles tachées de colère pour le poser une seconde sur le type dont le sang reflétait la lueur des réverbères d’une artère plus loin. Et revenir dans l’ogive de son regard sans s’en dégager. « Ici on mérite tous de mourir. » Lui, toi, moi. Le sang dans ta gorge n’est pas le premier qui aura coulé, pas le seul à défoncer les belles valeurs de l’humanité. L’humain est torve, violent, fourbe et égoïste. Tu seras pas la première.

En silence, il mêla ses doigts aux siens.

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Alec Kaleb Rivers
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Mer 18 Mai 2022 - 21:58

       
A taste of Blood
Alec Kaleb Rivers & Hailey Moira Harding
 

La vie est parfois étrange. On se lève un beau jour, pensant savoir sur quel chemin nous avançons à grande enjambée. Ce sentiment oh combien illusionné d'avoir le contrôle sur notre existence, que nous décidons du déroulement des évènements qui la parsèment. Un sentiment doux et réconfortant que la bête lui avait arraché. Cette impression de tomber dans un gouffre sans fond, incapable de s'accrocher aux parois qui lui permettraient de remonter à la surface. La malédiction qu'elle portait refusait toujours de lui laisser les brides, se débattant violemment à l'intérieur d'elle pour ce droit d'exister. Peut-être un jour accepterait-elle cette nouvelle partie d'elle, mais aujourd'hui, ce soir, ce n'était pas le cas. Le vampire n'avait que faire des corps qu'il laissait sur son passage, tournant de l'œil à la simple idée qu'Hailey pouvait ressentir une quelconque émotion envers ceux dont elle se nourrissait. Tel Abel et Caîn, chacune des deux entités semblait croire qu'elle ne pouvait réellement vivre, ou mourir, sans que l'une d'entre elle disparaisse. Un combat titanesque qui prenait discrètement place dans un esprit brisé, consumer par le feu de leur haine mutuelle. Il y avait pourtant une ancre dans ce monde en dégénération, une lueur ou plutôt une odeur qui semblait lui donner crampons sous pieds. Quelque chose que ni Hailey, ni le vampire n'aurait pu imaginer. Une île dans l'océan déchainer qu'était sa première nuit, quelque chose de calme, chaud et réconfortant.

Lui. Au centre de cette nuit chaotique, il semblait posséder une force incroyable. Ce qui rendait le vampire fou de rage effleurait le cœur de la jeune femme avec tendresse. Non, Hailey ne connaissait pas la douleur. Certes, la vie n'avait pas toujours été rose. Elle avait perdu sa mère en bas âge et son père n'était pas des plus affectueusement attentif envers elle, pourtant elle avait eu la chance de passer une dernière nuit avec elle, caressant doucement ses cheveux entre chaque page d'Alice aux Pays des Merveilles qu'elle lui lisait difficilement, plus par mémoire que par capacité. Son père était toujours vivant, quelque part aux États-Unis aux bras de sa nouvelle femme et semblait heureux de sa vie. Études, voyages et voitures. Oui, Hailey avait été choyée par la vie jusqu'au jour fatidique ou la bête jeta son dévolu sur elle. C'était peut-être pourquoi elle se brisait sous le poids de la malédiction, que la douleur et la haine la brûlait comme un fer rouge en plein cœur. Elle n'avait pas la solidité d'un être comme lui, cet homme qui semblait avoir le pouvoir de faire la paix avec la douleur qui l'habitait. Ici on mérite tous de mourir.

La petite blonde pouvait sentir son cœur se déchirer à nouveau. Était-elle narcissique de croire qu'elle n'avait pas mérité le sort qui nous attendait tous? Elle n'avait jamais eu l'ambition de vivre éternellement, ironiquement, mais elle aurait souhaité survivre plus longtemps que les vingt et un ans qu'elle avait vécu humainement. Elle ne feignait pas la perfection, pourtant elle ne pouvait se libérer de l'idée que tout ça était une erreur. Que Dieu lui-même réaliserait le faux pas commis, qu'elle, Hailey, méritait de vivre. Mais la vie n'était pas un conte de fée. Il n'était pas le chevalier blanc qui la ramènerait à la vie, elle n'était pas la pure sainte qui reviendrait d'entre les morts. Elle était simplement elle. Petite Hailey, douce Moira, stupide Harding. Ce n'était pas un sentiment comme celui qu'elle avait ressenti avec Josh à l'université, il n'avait rien en commun avec celui du joli châtain qu'elle avait croisé chez sa copine une veille de Noël. Certes, il y avait quelque chose de physique dans l'attirance qu'elle ressentait envers lui. Non pas dans les traits de son visage, ni dans l'odeur délectable qu'il dégageait. C'était cette chaleur qu'il émettait, celle-là même qui l'enflammait et la réconfortait tous à la fois. Le bleu de ses yeux semblait recouvert d'un voile gris, lui donnant l'impression qu'elle pouvait lire le poids du monde dans ses prunelles. La bête ne pouvait réagir, emprisonner dans l'étau de son regard qui la figeait sur place. Voulait-elle toujours le dévorer? Plus que jamais. Pourtant, son corps refusait de se mouvoir, peut-être par peur que la transe dans laquelle elle avait emprisonné son vampire s'effondre. À cet instant elle réalisait qu'elle ne désirait qu'une chose, sa survie. L'idée de perdre ce sentiment raisonnant l'effrayait au plus haut point. Elle aurait voulu l'enfermer dans une bouteille pour le préserver à jamais.

Elle senti soudainement ses doigts glisser entre les siens, Hailey se referma légèrement contre eux, comme si elle craignait qu'il change d'idée et les retirent. Le son du battement de son cœur raisonnait toujours à son oreille, son regard ne pouvait résister à l'envie de glisser le long de sa gorge. Elle remarqua alors d'infime marque contre sa peau, même si elle n'en avait jamais vus auparavant elle devina rapidement la source. Des crocs. Il avait déjà été mordu autrefois, il y a un certain temps déjà, impossible qu'elle l'aie blessé sans le réaliser. Comment pouvait-il être toujours en vie? Cet homme qui avait affronté le démon d'une autre créature à son image. Le vampire avait faim, très faim. Hailey quant à elle était stupéfaite. Était-ce la raison pour laquelle il ne la craignait pas? Non, il savait tout autant qu'elle que son vampire était assoiffé, incapable de se retenir lorsque le flot de sang coulait dans sa gorge. Et si… Elle plongea à nouveau ses émeraudes dans son regard, incertaine de la véracité de la vision qu'elle avait. S'offrait-il à la mort, lui qui se trouvait toujours si près d'un vampire. Il était clair qu'il ne s'enfuirait pas, qu'il attendrait patiemment la mort tandis qu'elle buvait. C'était un songe qui la dévorait de l'intérieur. Le vampire qui avait envie de prendre cette offrande qui lui était servie sur un plateau, Hailey dévastée de voir ce que la vie avait fait de ce grand homme. Peut-être que sa souffrance à elle n'était pas si douloureuse que la sienne, lui qui avait toujours un cœur battant.

Elle se pencha à nouveau contre lui, réalisant qu'elle devait s'élever sur le bout de ses pieds pour atteindre la hauteur de sa gorge. Son nez glissa doucement contre sa chaude peau tandis qu'elle ouvrait à nouveau la bouche. Une pause provoquée par la peur de cette frénésie qui l'habitait. Pourrait-elle résister à l'envie de continuer à se nourrir? Le vampire effleurait déjà son épiderme de ses ivoires, une inspiration et il était déjà trop tard. Sa mâchoire se referma contre lui, laissant enfin échapper son sang si précieux contre sa langue. Il avait un goût divin, elle pouvait ressentir la force de sa constitution à travers les saveurs de son ambroisie. Son corps se contractait contre lui, refermant l'étreinte qu'elle avait dans un geste brusque. Oui, elle perdait lentement le contrôle tandis que la saveur exquise de l'homme lui montait à la tête, mordant un peu plus fort tandis que sa main libre s'accrochait à lui comme s'il allait dériver dans l'univers. À nouveau cette sensation, meilleure que le sexe ou le chocolat. Cette impression d'être au sommet du monde, que rien ne pourrait plus jamais l'atteindre, lui faire du mal. Elle sentait l'excitation traverser son corps comme une décharge électrique, le tirant toujours plus près comme si elle voulait entrer en lui. Les frissons de sa peau chatouillaient son instinct, le moment ou la douleur est sur le point de vous briser en deux surgit brutalement. Combien de temps avait-elle bue? Pas plus d'une minute, pourtant elle se sentait enfin rassasier. Malgré les cris de la bête qui lui ordonnait de le libérer de son existence, Hailey relâcha doucement sa gorge, léchant envieusement sa peau pour essuyer les dernières gouttes de sang qu'elle se permit de lui voler. Se sentait-elle coupable de ne pas avoir résisté à l'envie de le gouter? Légèrement. Il y avait tout de même un sentiment de triomphe qui l'envahie lorsqu'elle releva la tête pour regarder sa proie toujours vivante. Peut-être pourrait-elle survivre sans avoir à tuer… Certes, elle ne rencontrerait jamais une proie comme lui, une qui se soumet aux horreurs du monde et qui offre volontairement son sang, mais tout de même, c'était une révélation rassurante. Savoir si elle pourra avoir autant de contrôle la prochaine fois restait à déterminer, mais tout cela ne comptait pas. Ce soir, elle avait enfin trouvé la paix. Le vampire et l'humaine avaient réussis à coexister, même si ce n'était que pour un court instant. Elle ne savait pas comment réagir devant lui qui avait été le témoin de son crime, c'était comme être mise à nue sous l'éclat de la lune blanche. Une pensée qui autrefois l'aurait révolté et pourtant, pendant un court moment, elle se sentait enfin libérer. Un sourire timide se dessina sur ses lèvres toujours rosies par le sang.

- Il y a décidément une pointe de courage dans ta folie, souffla-t-elle contre sa bouche dans un rictus amusé, incapable de se détacher de cette source de chaleur qui lui donnait la fausse impression d'être en vie

Oui, nous méritons tous de mourir, mais elle ne serait pas celle à lui offrir la mort. Pas ce soir. Elle avait une curieuse envie de l'embrasser, peut-être pour le remercier, ou alors simplement parce qu'elle était toujours saoulée par ce nectar divin qu'elle avait ingurgité. Un mouvement vers lui, imperceptible avant que, dans un ultime effort, elle appuie son front contre son torse, se laissant bercer par ce cœur qui, malgré tout, battait encore.
       

       

       By Phantasmagoria

       
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Hailey Moira Harding
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Hailey Moira Harding
Sam 4 Juin 2022 - 20:57


13 Aout 2016


Incarner le calme au cœur du chaos, voilà une habitude qui ne lui était pas étrangère. Peut être était-ce simplement parce que sa sœur avait tenté d’agir ainsi pour lui à un moment où elle était l’aînée et lui le plus jeune, celui qu’elle cherchait à préserver des horreurs. Elle avait encaissé, s’était montrée joyeuse et calme, incisive auprès des géniteurs mais confiante pour son frère. Et lui n’avait fait que copier cette attitude en grandissant. Il n’avait pas fallu longtemps avant qu’il n’accuse le fait d’être ce mec-là, solide. C’était ce que son père lui disait tout petit d’ailleurs « Solide ! ». Alors solide, il l’était. Solide, il devait l’être chaque jour car chaque faille risquait d’être la brèche dans laquelle ses ennemis s’infiltreraient pour le dévaster. Calme, détaché, le genre de type que les agressions ne font pas sourciller, digne enfant de ses géniteurs en somme. C’était dans doute le pire, durant toute sa jeunesse, Alec avait fait en sorte de faire sortir son père de ses gongs tout autant que sa mère. Mais ce dernier nourrissait finalement une certaine fierté dont Alec n’avait pas conscience. Son fils était de ceux qui fixent le danger en face et ne flanchent pas. Son fils ne laissait pas la société lui dicter ses choix comme lui-même avait finalement plié, persuadé de tenir le cap mais finalement bien soumis à la pression. Il y avait là une angoisse que Leeroy marinait depuis bien longtemps : son gosse ne craquerait pas. Son gosse finirait détruit s’il n’apprenait pas à céder. Mais Leeroy ne savait l’exprimer alors son gamin avait davantage à encaisser. Une habitude si profondément ancrée qu’elle aurait été le premier réflexe dans n’importe quelle situation. Un tatouage, une marque au fer rouge dans ses veines. Il fixerait, sourirait, et provoquerait ; qu’importe l’ennemi. Qu’importe le contexte, il s’agissait de sa première voie, du moyen le plus fiable qu’il avait jamais eu de vivre. Car oui, malgré tout, malgré chaque choc, Alec s’était toujours réveillé le lendemain, sans parfois comprendre comment il avait fait pour échapper à Dame la Mort, semble-t-il sans cesse penchée sur son épaule.

Non, Rivers ne disait pas que tout le monde méritait de mourir. Seulement eux. Seulement ces trois ères que le sang tâchait. Depuis combien de temps rôdait-elle en prédatrice ? Combien de vies volées ? La concernant il n’en savait rien. Pour le type au sol non plus mais il avait de quoi jauger. Mais lui-même ? Les os qui craquent sous ses poings, le poitrail poussé par une fenêtre de Poudlard, le sort envoyé droit dans la poitrine d’un autre, le regard croisé avec un gosse qu’il envoyait à l’abattoir et tous les plus récents. Alec n’oubliait pas, ne sous-estimait pas son rôle dans le passage du voile de tous ces gens. Pour certains, il ne s’excuserait pas. D’autres pourtant, déchiraient ses nuits. Oui, ils méritaient tous de mourir. Il le méritait depuis l’enfance, depuis qu’il avait cédé, depuis qu’il avait commis l’erreur de copier son comportement sur ceux qu’il n’aurait dû  mimer. Porté par ses choix jusqu’à la tombe. Alors non, l’être qui le menaçait, les crocs sortis et la rage au ventre ne déclenchait pas de panique chez lui. Pas ce jour-là, pas alors que l’alcool révélait en sous-texte ce mal-être profond qui le bouffait depuis bien des années et le fissurait aujourd’hui. Ça crachait dans ses veines, bien sûr, car la peur était là, animale. Mais l’acceptation, elle, avait quelque chose d’humain et de serein. Face à sa destruction, c’était la libération qu’il y trouvait, l’envie de lâcher prise, de cesser de se battre, d’être emporté comme ça, par le hasard, sans qu’aucun de ces monstres n’aient finalement pu le prendre. Tué par une vampire. Un constat amusant quand il vivait sans cesse entouré de bourreaux qui cherchaient sa déchéance et désiraient sa souffrance. Le calme n’était pas bon, d’ordinaire, c’était la colère ou le mépris qui poussaient son assurance. Il nourrissait cette nuit là une forme de destruction impassible et rassurée, percevant au travers du voile de l’alcool la mort comme une bénédiction. Alors ses doigts se lièrent aux siens, car il y avait face à lui une femme angoissée et désespérée, dominée par quelque chose de plus fort qu’elle. Une manière de se soutenir lui-même, peut-être, car il y avait dans sa situation une horreur qu’il ne connaissait que trop bien. Et contre ses doigts, les siens se serrèrent un peu plus, son regard d’émeraude agrippé au givre apaisé qui lui faisait face. Les yeux d’orage n’évoquaient plus le grondement d’un ciel nuageux mais bien la surface lisse d’un lac. Et elle s’y raccrochait, il l’aurait juré, incertain du message que lui-même était en train de passer.

Son regard glissa, lentement, de nouveau vers sa gorge. Vers la carotide palpitante et la nuque que tant voulaient tordre. Sur son visage maculé de sang, les veines noirâtres reparurent et il su qu’il était foutu. Il n’eut pas plus de réaction lorsqu’elle revint vers lui, semblant chercher quelque chose, une autorisation peut être. Alec ne la donna pas, pas plus qu’il ne la repoussa, pas plus qu’il ne comprit qu’il choisissait là la meilleure des options pour qu’elle finisse par le lâcher. Le temps avait passé, laissant à son organisme la possibilité d’intégrer le sang avalé, de redescendre en tension, d’autoriser l’humaine à reprendre le contrôle en saturant le vampire d’un rassasiement nécessaire. Mais lui n’en savait rien, il avait joué la montre, espérant sans vraiment le faire. Sans acquiescer, il captait son regard, s’y plongeait avec la certitude malfaisante qu’elle serait la dernière personne qu’il verrait. Et qu’elle emporterait avec elle les dernières secondes de sa vie. Se souviendrait-elle, dans des millénaires, en sillonnant le monde, de ce crétin qui n’avait ni cherché à la défier ni à la fuir. Un temps suspendu, entre la décision finale, liés dans l’entre-deux qui sépare les vivants des morts. Ses doigts contre les siens, mêlés, les corps accolés.

Il n’eut pas un regard pour son arme lorsqu’elle glissa de nouveau vers sa nuque.

Lorsque les crocs de la vampire se refermèrent sur sa peau, un souffle s’échoua entre ses lèvres et ses paupières se fermèrent un instant. Il sentit son nez comme une amante au creux de sa gorge, puis ses lèvres bien avant que son épiderme ne lâche sous le tranchant des incisives. Une inspiration, le froid sur sa peau et elle fut percée. Une douleur presqu’habituelle, qui pinça sans raison son bas-ventre d’une forme d’envie, jailli dans ses nerfs, traversant l’anesthésie de l’alcool pour réveiller ses sens. Alec dégluti, ouvrant de nouveau les paupières pour les poser sur le calme de la ville endormie. Pas si calme. Pas si belle. Sale, même. Voilà sur quoi il fermerait les yeux. Une conclusion sordide, dans une ruelle crasseuse, au cœur d’une ville éclairée par des lampadaires marqués par la pollution moldue, sans pouvoir d’ici distinguer la lueur des étoiles ou de la lune. Sa vie serait close sous l’artifice de lueurs ternes, abattue d’un voile de ténèbres dans un monde qui n’était même pas le sien.

Contre lui, elle se raidit, se crispa. Ses doigts se refermèrent plus fort encore, plissant le tissu, entaillant sa chair, serrant son corps comme on accroche un radeau, qu’on presse une proie. Comme une femme au bord de l’extase. Mais sa petite mort serait la sienne, simple et muette, crasse. Il sentait chaque battement pulser plus fort, comme à vif de perdre la vie. Pulsant dans sa gorge, ses lèvres serrées plus fort, ses mâchoires plantant de nouveau, mordant sa chaire profondément. Il tressaillit une nouvelle fois et sentit sa tête lui tourner d’angoisse. Les paupières battirent, accrochant les myriades de lueurs au loin dans vraiment les voir, la poitrine écrasée de la même sensation qui le ramenait droit entre les mains de Lockwood, Carraway et Walters. Warren même. Lorsque les coups avaient plu, que les doloris s’étaient enchaînés et qu’il avait fini par perdre pied. Lorsque son dos avait chu contre un mur, que tout autour de lui, le monde avait semblé explosé et l’air prendre feu. Lorsqu’il s’était vu mourir. Une sensation qu’il connaissait. Une lame dans le bas ventre, l’étouffement dans la poitrine et le regard maternel braqué sur lui, la violence d’un cousin. Alec connaissait cette valse, ne la dansait pas pour la première fois. Pourtant son cœur accéléra encore. Une bonne chose non ? La volonté de se battre, de vivre. L’impression, pourtant, de se précipiter dans la mort.

Elle le tirait plus fort, s’arrimait à lui et sans réellement comprendre pourquoi il fit ça, Alec l’enlaça, laissant retomber sa joue contre elle sans lutter. Une main contre la sienne, l’autre à l’orée de sa nuque, noyée de quelques mèches blondes, il lui vint quelques secondes à l’esprit que l’humidité qu’il y sentait pouvait tout autant être attribuée à la pluie qu’au sang. Il dérivait, sans vraiment savoir s’il s’agissait juste de la fatigue, de l’alcool, de la situation ou d’une mort à venir. Partait s’échouer sur les rives de sa mémoire, catapulté dans des rires anciens, des sourires passés, cherchant naturellement les souvenirs des amies, des amis, de celles qu’il avait aimé, de ceux qui l’avaient quitté. Il retrouvait les bras de Mack ou ceux de Jayden, se gorgeait de leur odeur, cherchait leurs mots, leur toucher, la sérénité de leur présence. Il trouvait la profondeur de l’amour qu’il avait longtemps renié, se noyait dans chaque étreinte. Il songeait à ce dernier baiser avec Julian avant qu’elle se disparaisse plus loin, qu’elle ne s’évade de ce monde de fou en lui disant de prendre soin de lui. Pensait à la solitude à venir de Warren, à la marque de la perte dans la chair de ses proches, de l’injustice vécu alors que, pourtant, ça n’était justement rien de plus non ? La justice. Il pensait, dérivait, cherchait à fuir la réalité. Il rêvait à cette étreinte avec Kezabel qui prenait alors des teintes d’adieu, lui enserrant la poitrine d’un funeste destin. Le voilà. Finalement, il n’y aurait pas d’« autre fois », comme si dans le ton de ses paroles ce jour-là, cette probabilité était devenu un fait qu’il n’était pas apte à entendre. La douleur était là, irradiant, le raccrochant à la réalité sans qu’il ne veuille véritablement l’assumer. Retour au réel pourtant, le cœur qui bat, la nuque qui palpite, les doigts plantés en lui, le râle dé délectation échappé d’une gorge étrangère. Et il repartait. Vers sa sœur. Vers son rire, ses promesses et ses abandons, vers sa colère à venir, son chagrin, sa dévastation et sa fureur. L’acidité de ses larmes. Dans sa poitrine, un sursaut brutal et vif à l’instant même où, contre toute probabilité, il sentit la pression se relâcher.

Un battement de paupière, le brouillard de cheveux blonds, d’une veste sombre, de marques rougeâtres, d’une peau blême. Dans sa peau, les crocs avaient lâche leur étau et lèvres et langue y glissaient à présent.

Nouveau battement de paupière. Ça allait. Il ne sentait même pas le vide dans ses nerfs, la sensation de creux dans son cerveau, typique du malaise vagal en approche lorsque Charlotte se laissait bien trop aller. Ça allait.

Ça putain d’ "allait".

Un sourire vint étirer ses lèvres. Il aurait presque pu entendre des voix féminines lui répliquer : ‘Drama queen, va !’
Pas faux.

En douceur, Alec se redressa, sa main glissa dans le dos de la jeune femme pour s’échouer au creux de ses reins, un frisson sur sa peau de sentir sa langue contre sa peau, léchant la blessure pour se gorger de ce qui perlait encore. Les lèvres pincées dans une moquerie apposée à lui-même, il inspira plus profondément, sentit un instant sa tête lui tourner, symptôme de l’alcool autant que de l’adrénaline, sans doute. Et doucement, elle fini par cesser, laissant un instant de suspens avant de venir cueillir son regard un petit sourire sur les lèvres. Presque timide, décalé sur ces traits marqués par le sang de ses victimes. De nouveau, elle semblait plus humaine. Combien de litres d’hémoglobine ce soir pour en arriver là ? Au contrôle. A la survie du dernier qui avait croisé sa route. La chance. Rien que l’insolente chance qui accompagnait chacun de ses drames. A sa manière, Alec en était persuadé ; ce n’était pas elle qui avait trouvé le contrôle, c’était seulement un concours de circonstance. Sans doute lui faudrait-il de l’aide pour en arriver là.

Samaritain…’ Une voix, moqueuse, lui siffla dans la mémoire.

- Il y a décidément une pointe de courage dans ta folie,  Elle s’était approchée plus encore, de ses lèvres cette fois. L’odeur du fer s’y diffusa et il ne pu s’empêcher de les presser de sa langue lorsqu’elle dégringola contre son torse, y appuyant son front. Deux amants enlacés. Voilà ce dont ils avaient l’air.

« Il y a décidément une part de folie dans mon courage... » Il y eut un léger rire, sortant dans un souffle hors de sa gorge, écrasant sa poitrine de soulagement. Contre lui, il sentit la jeune femme rebondir légèrement contre le tressaut hilare de son torse. Et sans véritablement en faire de cas, Alec laissa retomber son crâne contre le mur dans un souffle sec, refermant ses bras autour d’elle. Il lui fallu un moment ainsi, conscient de l’ambiguïté qui se jouait entre eux sans vraiment s’en étonner. Comme s’il y avait là quelque chose d’une normalité abstraite et pourtant absurde. Pas tout à fait au clair avec lui-même, ses émotions ou même le soulagement profond qui éclatait dans son être. Ça pouvait repartir pourtant, non ? Charlotte lui avait dit qu’une fois parfaitement rassasiés, ils retrouvaient la maîtrise, ne risquant la dérive que si leurs émotions s’invitaient ensuite. Le point de basculement était celui-là lorsque la faim, elle, se calmait enfin, leur accordant quelques heures ou quelques jours de répits. Il lui faudrait des années avant de trouver l’équilibre, le contrôle sur ce qui la poussait de purement animal. Un besoin vital que de se nourrir. Mais lui se trouvait pile à l’achèvement, au creux de la vague avant que l’urgence ne s’insuffle de nouveau dans ses veines. Quelle part de chance dans son existence ? Dans la survie que l’univers semblait lui accorder chaque jour ? Va savoir. La mort avait sans doute seulement un sacré sens de l’humour.

« Un bon shoot d’alcool comme digestif, ya qu’ça d’vrai.. » Il savait que ces molécules-là diffusaient au travers du sang jusque dans l’organisme du vampire. Un truc dont Charlotte se délectait, gorgée des excès du Rivers. « ça va mieux ? » Il aurait presque pu entendre Enzo se moquer en retour des nombreuses fois où il l’avait traité de samaritain.

Baissant légèrement le menton vers elle sans vraiment la lâcher, il ajouta : « Alec. » Une idée en tête. « Info qui peut servir... » Plus dur de tuer un animal lorsqu’il a un nom.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Lun 6 Juin 2022 - 18:09

Entre folie et courage, la ligne est souvent mince. Le courage n'est pas absent de peur, c'est sans doute ce qui nous pousse à croire qu'il faut une certaine dose de folie pour l'incarner. Tout dépend de l'instinct dans la plupart des cas, il y a ceux qui fuient et ceux qui se battent. Ce n'est pas vraiment un choix conscient, c'est une impulsion qui résulte de ce que nous sommes, des leçons que nous avons appris qui nous forge le caractère. Le regret est une chose très lourde à porter. D'abord parce qu'elle découle souvent de nos propres actions, ensuite parce qu'elle est dans son essence contraire à notre moral. Il n'y a rien d'accidentel dans sa conception et les résultats sont parfois hors de notre compréhension. Avant qu'on le réalise, le moment est passé, entacher par l'amertume du remords durant le moment de calme qui suit une action impulsive. L'instinct avait pris le dessus, la créature avait fait ce pourquoi elle avait été créé. Le plaisir de la délectation n'avait d'égale que l'amertume du dégout qui s'installait lorsque le plomb se figeait contre sa langue. Il aurait été plus facile de n'être qu'une chose, toute simple et bien tranché. Elle vaguait toujours entre l'impression d'être quelqu'un et de n'être personne. C'est peut-être pourquoi elle s'accrochait autant au rythme de ce cœur qui battait, incapable d'ouvrir les yeux par peur de vaciller encore dans les ténèbres de la nuit. Elle était morte depuis moins d'une heure et ne semblait déjà plus reconnaitre celle qu'elle était. Même lorsque le vampire se tue et que son esprit s'éclaircit, il y avait toujours une trace à l'intérieur d'elle. Une visqueuse et sombre matière qui lui collait aux entrailles, cette impression que plus rien n'était sacré ou personnel à présent.

Voilà ce qu'elle serait à présent et pour l'éternité. Elle apporterait la peur dans le cœur de ceux qui vivent, leurs voleraient leur précieux sang en espérant trouver le contrôle nécessaire pour s'arrêter. Combien de vies fallait-il pour qu'elle arrive à cet instant ou son démon s'endormait baigner dans le sang? Combien de temps lui faudrait-il avant qu'il ne s'éveille à nouveau? Elle aurait voulu que le temps s'arrête juste un instant, à ce moment précis ou tout semblait plus simple, où elle n'avait pas à répondre du passé ni de ses actions. Malheureusement la vie ne nous donne jamais une pause, le temps se fiche bien de ce que nous voulons. Il fonce comme une locomotive dans l'existence, nous faisant prier pour ne pas tomber du train. Qu'arrive-t-il lorsque nous basculons, lorsque notre vie déraille et que le temps nous oubli? Il restait pourtant une lueur qui l'attirait vers la gare, promesse qu'on ne l'avait pas abandonné, que quelqu'un l'attendait toujours malgré la tempête. Une illusion qui disparaitrait dès qu'elle ouvrirait les yeux…

L'alcool, voilà qui expliquait beaucoup de choses. C'était surement pourquoi son sang était particulièrement chaud et épicé contre sa langue, et pourquoi elle s'était sentie aussi saoule de sa personne. Était-ce l'explication à ce qu'elle ressentait à cet instant? Une sensation artificielle causée par l'alcool qu'il avait dans les veines. Était-ce la raison pour laquelle il avait été aussi courageux et désinvolte? Non, il y avait bien un picotement contre sa langue mais l'adrénaline avait effectué son travail, elle pouvait également l'entendre dans les brides sûre de sa voix lorsqu'il parlait. Hailey avait appris très jeune à reconnaitre l'alcool lorsqu'il s'infiltrait dans les manières de Mr Harding, dans sa façon de parler et de penser. Elle eut un rictus amusé à ses mots, lui donnant l'impression qu'ils venaient de partager un verre comme les gens normaux le faisait. Pire, il lui demandait comment allait-elle? Lui, la cible, la proie. Décidément, il n'y avait rien de prévisible chez cet homme. Hailey sourit.

- C'est plutôt moi qui devrais te poser la question, soupira-t-elle sur un ton qui se voulait amusé, cachant habilement le regret qui montait en elle

Elle aurait voulu rester dans le noir, ne jamais avoir à ouvrir les yeux. Malheureusement, nos problèmes ne disparaissent pas lorsque nos paupières se ferment, ils nous attendent au détour, patiemment. Elle appréhendait ce moment qu'elle sentait venir, celui ou elle devrait poser les yeux sur lui et faire face à sa victime. Foutu vampire, il avait le don de la mettre dans la pire des situations et l'abandonner lorsqu'il était temps de faire face aux conséquences. Elle redressa légèrement la tête vers lui, juste assez pour pouvoir le dévisager à travers ses cils tandis qu'il lui soufflait son nom. Alec. Comme un fer rouge, elle pouvait le sentir s'imprimer dans son esprit sans vraiment savoir pourquoi. Il faudrait probablement beaucoup de temps et de connaissance pour qu'elle comprenne qu'elle s'était imprégnée de sa personne. Un lien qu'elle aurait dû partager avec l'un des siens qui, par le coup du sort, lui était offerte. Le vampire nouveau-né ne réalisait pas l'affront qu'elle commettait, ignorant que d'un simple regard elle avait créé quelque chose qui serait presque impossible à tuer. Douce ironie que sa quête d'humanité avait façonnée envers lui, un humain mortel pour qui le temps était précieux et s'écoulait lentement. Voilà ce qui était au centre de ce blasphème! Elle n'était pas la première et ne serait surement pas la dernière. Pourtant, ça n'adoucirait pas sa peine et son chagrin, peu importe puisque le temps avait repris sa course, laissant Hailey avec ce sentiment étrange que tout irait bien.

Du haut de son toit, l'ombre rageait silencieusement en regardant sa progéniture enlacer l'humain. Conscient que le moment était passé, que l'instant lui avait été volé, il rougissait. Le plus difficile dans l'éternité, c'est la solitude. Le temps qui passe effacerait lentement les souvenirs de la demoiselle, tout comme lui avait oublié à quoi sa ville natale ressemblait il y a une centaine d'année. Elle oublierait le nom du chat qu'elle avait reçu à Noël, les gens qui avaient peuplé sa vie deviendrait des ombres qui dansent lorsqu'elle fermerait les yeux. Voilà pourquoi elle avait été créée. Un être semblable à lui, du moins c'est ce qu'il avait espéré. Un mauvais tournant, un instant de trop passer à parcourir la ville avant d'atteindre son but avait suffi. Le diamant avait été taillé, et son reflet n'y apparaissait pas. Qu'importe qu'il l'ait abandonné durant sa mort, attendant patiemment qu'elle n'ai d'autre choix que se tourner vers lui, offrant sa confiance aveugle à l'entité qu'il représentait. Trop tard. Le moment était passé, imprimer dans la fibre du temps durant son absence. Il avait été trahi par son propre don, renier par le sang de son sang. Son amour ignorant se transformait rapidement en ressentiment. Il disparu lorsque le sceau fut scellé, incapable de supporter la vue de cette affront inconscient. Debout contre l'asphalte, le corps réchauffer par l'étreinte de l'humain, elle frissonna.

- Hailey, répondit-elle timidement en souriant du coin des lèvres

Elle le dévisageait comme si elle le voyait pour la première fois, incapable de comprendre pourquoi il semblait aussi fascinant sous l'éclat de la lune. Elle était presque choquée d'être aussi calme alors que quelques minutes plus tôt elle était prête à le tuer. Hailey arrivait presque à oublier la situation étrange dans laquelle ils se trouvaient, la bête et la proie qui s'enlaçait après le massacre. Les mots lui manquaient pour demander pardon, aucun ne semblait avoir le poids suffisant pour justifier la mort de son compagnon. Sa survie à lui était très peu considérant qu'elle s'était permise de son sang, prouvant qu'elle n'avait pas la force de résister à l'appel de la soif. Il était à présent le témoin; celui qui sait. La honte de sa nature contrebalançait la satisfaction de ne plus avoir à se cacher. Elle pressentait déjà que c'était une chance qui ne passerait pas souvent, c'était peut-être pourquoi elle s'y accrochait autant.

- Je suis désolé de m'être emportée. C'est la première fois que je…

Mords? Tue? Elle hésitait à mettre en mot ses actions, une manière peu habile de les renier? Non. Une difficulté à tenir sous le coup du remords. Une pensée pour tous les décédés. Elle se crispa légèrement contre lui, happé par une brise glaciale au fond de l'estomac. Déchirer entre l'envie de lui dire de partir et le désir de le garder auprès d'elle.

- Tu devrais partir avant que la bête ne s'éveille, souffla-t-elle en fonçant les sourcils d'un air douloureux
       
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Hailey Moira Harding
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Sam 11 Juin 2022 - 23:52


13 Aout 2016


Ça n’avait aucun sens. Ce petit corps amassé contre le sien comme s’il pouvait la protéger de quelque chose, la soutenir. La douleur pulsait toujours, crachotant dans ses muscles, ses os, ses mâchoires, sa gorge. Chaque coup fusait toujours dans sa chair, rappel clair de leur affrontement, tiraillait sa nuque et suintait par moment par coulées rouges le long de sa clavicule. Sur son visage, du sang. Sur ses mains, dans le coton de son haut, au travers des écorchures de sa veste. Sous ses ongles. Un instant là, enlaçant son bourreau, Alec prit conscience qu’il ne savait plus réellement à qui appartenait les marques rouges qui le jonchaient. Qu’elles soient réelles ou non. Qui était la victime, qui était le prédateur ici ? Son regard se posa de nouveau sur le type au sol qu’il aurait aimé tuer s’il en avait eu l’occasion. Des deux, c’était elle qui versait des larmes, lui, qui fêterait ce décès. Des deux, c’était elle qui avait besoin d’être rattrapée, lui qui demeurait inflexible. Qui devait fuir qui ? Les morts qu’elle avait pris résonnaient comme étant les accidents d’une créature qui ne se contrôlait pas, il aurait fallu être profondément stupide pour ne pas le comprendre. Mais les siens ? Ceux de ce type étaient assumées, volontaires, prises avec le sourire. Les lividités cadavériques commençaient sans doute à se former, amenant par le manque de sang bien des erreurs dans les analyses des moldus. Combien en avait-elle tués cette nuit-là ? Combien avaient survécus ? Combien avait-elle enlacé ? Fourbe manipulation ou détresse réelle ? Et lui ? Pourquoi agir ainsi ?

Aucun sens. Voilà tout. L’épuisement lui mordit l’échine comme un animal son os. Il aurait pu se moquer de lui même, conscient qu’il y avait sans doute là un très mauvais rapport à l’autre, d’autant plus au sexe opposé. Un besoin de contact, de protection, de rapports. La recherche affamée d’un lien. Et ce lien, Alec l’avait construit seul dès le premier instant où il avait posé les yeux sur elle. L’impression miroir s’était insinuée dès cette seconde-là, l’observant se tordre dans la ruelle pour dégueuler un mal qu’il n’avait pas compris sur le moment. Mais ce mal s’était fait jour et la rongeait assez pour enfermer l’humaine sous une couche de sang et de violence. Une sensation putride qu’il connaissait par cœur. Il n’y avait de bête en lui, pas comme elle, Enzo ou Caitlyn. Mais il y avait un Homme et les hommes sont immondes et dangereux. Ses démons étaient internes comme externes, rôdant sans mal autour de son âme. Et l’un d’eux était mort cette nuit. Lui, de nouveau, avait survécu à l’attaque.

- C'est plutôt moi qui devrais te poser la question

Elle n’avait pas bougé, enfouie contre lui les paupières closes. Qui faisait ça ? Qui enlaçait son agresseur ? Une réflexion qui, s’il la poussait jusqu’aux frontières de l’enfance avait de quoi lui donner la nausée.

Un souffle amusé, pourtant, passa ses lèvres. « Très juste. » Rien de plus. Ni jugement ni culpabilité et certainement pas de réponse à la question sous-jacente. Ça allait. Ça irait. Tel était son mantra depuis des semaines. Ça irait parce qu’il comprenait, cette femme dans ses bras, à quel point il venait de frôler le drame sans même en ressentir de réelle affection. Il serait mort, et ça aurait été une bénédiction. Ils l’avaient eu, sans qu’il ne sache véritablement à quel moment il avait commencé à flancher, il craquait sous la pression. Or cette idée le rendait malade. Alec avait souhaité mourir. Souhaité ne pas voir le jour se lever, les meurtres perdurer, son implication se confirmer.

Ne leur donne pas ce pouvoir. Les mots de Kezabel sonnait rude dans son esprit tout en comprenant à quel point sans vraiment savoir quel était le point de chute, il avait fini par leur donner le contrôle non sur sa vie et sa mort mais sur son désir d’y survivre. Immonde constat.

Voilà ce qui pulsait dans ses veines. Pas l’affrontement avec une vampire, pas sa présence, pas même son propre comportement foutrement ambigu mais la réalisation sourde d’être à la lisière du voile sans même s’en soucier. La porte des Morts à portée.

Doucement, il la sentit bouger, l’arrachant à ses sombres pensées. Sans véritablement se déloger, Hailey restait là, levant doucement le regard vers lui. Comme craintive soudainement, honteuse, surtout, de ce qu’il était advenu. Étrange de noter que, justement, ce qui aurait dû l’affecter le laissait de marbre. Bien sûr, la peur avait été là, tout autant que la violence de l’instant, mais il lui semblait affronter l’évènement comme une forme de normalité. L’alcool tronquait-il sa perception des choses ou était-ce quelque chose de plus profond et douceâtre qui l’amenait à dénigrer l’importance de la situation.
Son regard s’imprégna un moment dans le sien et il lui sembla que quelque chose y passait. Une lueur, un éclat qu’il ne su identifier. Un truc moiré qu’il cru voir onduler l’espace d’une fraction de seconde avant que ça ne s’évapore et qu’il pense avoir rêvé. Sans doute était-ce le cas d’ailleurs. Rien ne se passa de plus que cette chose qui le perturba quelques instants avant qu’il ne raccroche et mette un temps à intégrer le nom qui venait d’être prononcé. Hailey. Ok. Il lui faudrait un nom de famille s’il voulait la renvoyer vers un ami qui, lui, saurait l’aider bien mieux qu’il n’en serait jamais capable. Un ami qui aurait à la fois les armes sociales et humaines mais surtout la volonté et l’éthique de faire ce genre de choses sur lesquelles Alec se casserait sans doute la gueule. D’autant qu’il n’en avait aucun désir, observant seulement en silence le chaos lui rendre son regard.

Le truc de l’abyme et du chaos, de Nietzsche.

Un moment, ils restèrent ainsi, son regard d’émeraude posé sur lui sans qu’il ne sache réellement l’interpréter, comme fascinée par quelque chose qui lui échappait. Lui-même captivé par le contraste de ces instants passés. Il lui semblait qu’il y avait une fracture, que quelqu’un s’amusait à déchirer la réalité pour la faire virer de bord à chaque seconde. Violence et calme, conflit et étreinte, rejet et magnétisme. Il appelait la mort et enlaçait finalement une femme, s’interrogeant un moment sur la force de la chape de plomb qui retenait de nouveau l’animal en elle. S’interrogeant, surtout, sur sa capacité possible à se faire passer pour cet être là qu’elle n’était peut être pas. Ou inversement. Les possibilités chuintaient à ses neurones et tournoyaient sans qu’il n’ait envie de leur donner le moindre crédit.

Ci-gît, Alec, le crétin qui a suivit son instinct. Bilan mitigé.

- Je suis désolé de m'être emportée. C'est la première fois que je…

Fais ça. Restons vagues. Alec esquissa un sourire ; ces mots-là étaient ceux qu’il avait servis à Mack lorsqu’elle avait évoqué le sujet de sa première escapade avec l’autre tarée sanguinaire. S’être « importée ». Ouais. Bonne manière de minimiser les choses.

Et il ne l’avait pas lâcher. A quel point crevait-il d’un besoin social pour projeter sur elle le désir vital de l’étreinte, du contact, de la compréhension mutuelle, au juste ? L’idée le glaçait.
Tout autant que l’était cette acceptation froide d’une situation aux relents de fer et de sang. Contre lui, elle se crispa et il lui sembla qu’il s’agissait là d’une réponse à ses pensées putrides. - Tu devrais partir avant que la bête ne s'éveille, 

La bête Ah, si elle savait comme elle avait l’air humaine, finalement, face à d’autres avec qui il devait dealer chaque jour. Un soupir lui échappa, s’échouant dans ses cheveux collés par endroit par quelques gouttes de sang. Tout était surréaliste, leurs comportements, la situation, les morts, la sensation de quiétude et le soulagement profond de voir l’une de ces pourritures la gueule ouverte sur le sol crade de la rue.

T’as un problème mon gars.

Il n’arrivait même plus véritablement à réfléchir et ferma les paupières une seconde pour s’extraire de cette sensation ouatée d’être détaché de lui-même. « Hailey comment ? » Les convenances pour seul repère.

Après sa réponse, Alec inspira, relâchant ses muscles, se forçant à faire le point et à clarifier ses pensées. Un léger froncement de sourcils, les lèvres pincées une seconde, il posa de nouveau les yeux sur le cadavre qu’il observait sans encombre tandis qu’elle semblait en fuir l’image. « T’as sans doute sauvé des tas de gens en tuant ce type. Et au titre personnel, j’t’en remercie. »

Dans une inspiration, il fini par se déloger, se redressant doucement en laissant ses bras couler le long de son corps, retenus un instant par sa veste ou sa boucle de ceinture avant de s’échouer dans le vide. Le regard posé sur elle, c’était d’une étrange neutralité qu’il énonçait les faits sans entrer dans des détails qu’il lui était interdit d’aborder. « On va faire l’inverse. Tu t’en vas, je reste. Mon père est le directeur de la Justice Magique. Je vais gérer ça. Je ‘peux pas partir comme ça de toute manière. » Vrai, dans la mesure du possible.

Alec savait surtout qu’il serait suspecté, quoi qu’il se passe et qu’il aurait de nouveaux mauvais quarts d’heure à passer. Alors s’il fuyait, ce serait bien pire pour son matricule. Nul autre choix, donc, que d’assumer. Assurer une nouvelle fois. Le regard droit, fixe, sombre, il encaissait la décision et la suite à venir.

« Rentre chez toi, laves-toi, trouve un moyen de faire le plein.. j’en sais rien. Mais reste pas dans le coin. »

Il aurait fallu la rassurer, lui donner des conseils, lui dire de prendre soin d’elle, de faire face à la suite, de limiter les dégâts. Il aurait surtout fallu avoir des idées concrètes de comment faire toutes ces merdes mais il n’en savait rien et estimait qu’elle était sans doute largement assez intelligente pour se dire que, sans doute, se nourrir du premier péquin du coin n’était pas la chose à faire. Pour la suite, pour être honnête, Alec n’en savait rien. C’était simplement trop à gérer ; pour elle comme pour lui.
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Alec Kaleb Rivers
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Mar 14 Juin 2022 - 15:27


 


Le calme après la tempête, voilà comment Hailey se sentait à cet instant. Après plus de quinze jours à se mourir et une longue nuit d'enfer, elle était enfin rassasiée par le sang de la femme du parc, celui du molosse étendu contre l'asphalte et le sien, le doux sang d'Alec. C'était comme la chute après une rage de sucre, son corps qui était auparavant incapable de rester en place était maintenant tranquille, elle pouvait sentir chacun de ses muscles se détendre contre le corps chaud de l'humain. Hailey ne pouvait expliquer pourquoi elle s'y sentait si bien, elle qui avait normalement du mal à démontrer de l'affection envers quelqu'un. Mr Harding n'avait jamais été de ceux à aimer le contact qu'il qualifiait inutile, préférant lui offrir un nouveau bouquin avant de lui tapoter le dessus de la tête et de la renvoyer dans sa chambre. Il y avait aussi la cicatrice de ses hommes qui s'étaient joués d'elle, qui avait profité de sa naïveté et de sa dévotion pour obtenir ce qu'ils voulaient. Une étrange chorégraphie que la vie la forçait à danser pour lui rappeler que l'amour ça fait mal. Plutôt que de s'y noyer, la petite blonde avait préféré l'éviter, le goût de l'amertume et de ses larmes lui avait rappelé plus d'une fois. Alors pourquoi ne bougeait-elle pas? Une petite voix lui soufflait de prendre garde, une autre lui criait de s'accrocher jusqu'à la fin des temps. Une femme plus éveillée aurait surement trouvé déroutant que cet homme ne la craigne pas, qu'il la tienne dans ses bras comme une mariée cadavérique. L'idée n'effleura même pas son esprit malade, peut-être parce que ça semblait si naturel pour elle. Volontairement ou non, elle ignorait le fait que ses actions dépassaient la témérité, c'était du suicide. Non, Hailey ne voyait pas le danger flagrant, surement le résultat de culpabilité de l'avoir attaqué. Sa réponse vague lui confirmait qu'elle ne l'avait pas ménagé.

Elle refusait également de regarder le cadavre derrière elle, peut-être pour ne pas affronter ses actions, ou simplement parce qu'elle n'avait pas envie de le quitter des yeux. Dans sa mémoire, elle imprimait chaque trait qu'elle découvrait au fil des secondes. La ligne irrégulière de sa barbe, l'arc particulière de ses sourcils et l'asymétrie de ses naseaux. C'était comme une peinture au fusain qui prenait forme à l'intérieur de son crâne, lorsqu'il ferma les yeux elle fut presque choquée. Ne devrait-il pas rester sur ses gardes? N'avait-il pas peur qu'elle le dévore? Qu'elle le tue? Son calme était différent que le précédent, plus relaxé que combattif. Un sentiment inexplicable de penser qu'il semblait avoir plus confiance en elle qu'elle-même en avait. Une validation grotesque qui la rendait tout à coup plus forte, plus sûre d'elle. Il ouvrit la bouche à nouveau pour lui demander des précisions sur son nom, mais pourquoi? Qui s'intéresserait au nom de famille d'une bête qui venait de vous attaquer? Elle hésita un instant, cédant finalement à l'idée que c'était peut-être une validation à la revoir un jour.

- Harding, répondit-elle en le dévisageant toujours. Hailey Moira Harding.

L'américaine n'avait aucune idée que sa grand-mère paternelle était une fière sang-pure qui adorait son ministère chéri lorsqu'elle lui offrit son nom. Il n'avait jamais eu très grande valeur durant sa vie à New-York et elle l'avait portée sans jamais connaitre la définition qu'elle infligeait. Le vampire n'eut pas le temps d'y réfléchir à cet instant non plus, dès qu'elle senti le corps de l'homme se relâcher légèrement, elle fut prise de panique. Le voilà, cet instant qu'elle redoutait pardessus tout. Le moment précis ou le temps avait repris son fil, que la réalité s'abattait sur elle et l'expulsait de se cocon soyeux dans lequel elle voulait disparaitre. Qu'il pose les yeux sur le résultat de sa faim lui fit pincer les lèvres à son tour, fermant les yeux en imaginant tout ce qui pouvait passer dans la tête d'Alec. Un vampire. Une bête. Un monstre. Une meurtrière. Tous les synonymes qui existaient sous les mots mauvais et mal. Elle s'attendait à tous, sauf à ces mots. Sauvé des tas de gens? La remercier? Elle fonça les sourcils d'incompréhension, se demandant qui pouvait bien être cet homme allongé par terre qui l'accompagnait ce soir. Pourquoi semblait-il soulager de son trépas? Pas le temps de penser, elle lui glissait entre les doigts et ça lui donnait la nausée.

Prise entre la sensation agréable de ses mains coulantes contre elle et la douleur de perdre le contact, elle était troublée. Incapable de s'éloigner, de détacher ses mains toujours poser contre lui. À cet instant, Hailey eut l'impression d'être amenée à découvrir la force qui était nécessaire pour déplacer une montagne. Elle laissa ses paumes glisser légèrement contre son torse avec une douceur nouvelle avant de relâcher ses muscles crisper. Chose qui ne dura pas bien longtemps puisque l'ensorcellement de sa voix rauque qui raisonnait à son oreille prit fin lorsque son échine frémit. Père. Directeur de la justice Magique. La mâchoire d'Hailey se raidit aussitôt, ses sourcils se foncèrent à nouveau et elle fit un grand pas en arrière dans un geste instinctif. C'était-il joué d'elle? Avait-elle été suffisamment stupide pour craquer pour son futur geôlier? Était-ce la raison pourquoi il lui avait demandé son nom complet? La traquée plus facilement pour l'envoyer à Azkaban? Débarquerait-il un jour, pieux en main, pour mettre fin au carnage? Si l'homme au plancher méritait la mort dans le but de sauver des vies, que méritait-elle alors? Si son cœur avait battu, il lui aurait déchiré la poitrine. Elle arrivait pourtant, étrangement, à rester calme, le regard d'Alec devenant un point fixe qu'elle ne pouvait ignorer ou combattre. Même au seuil de l'emprisonnement ou de la mort, elle ne pouvait qu'être amadouer par sa force de caractère.

Puis enfin, une lueur. Ce n'était pas tant dans ses mots que dans leurs implications. Ne reste pas dans le coin. Va-t'en. Était-ce une manière cruelle de lui donner un peu d'avance avant de lâcher les chiens à ses trousses? Non, elle refusait d'y croire. Même le vampire n'y croyait pas. Pouvait-elle avoir confiance? Devait-elle le laisser en vie? Oui, elle le croyait sincèrement. Elle ne savait pas pourquoi, cela n'avait pas de raisonnement ou de réponses, c'était simplement ainsi. Malgré les doutes, malgré la peur, elle voulait y croire. Elle avait besoin d'y croire. Par précaution, ou peut-être par simple envie, elle s'approcha de lui, posant une main détendue contre son avant-bras avant de se pencher à nouveau vers lui. Elle inspira discrètement une bouffée de son odeur avant de fermer les yeux et poser ses lèvres en cœur contre le creux de sa joue en un baiser timide.

- Merci, Alec, souffla-t-elle au creux de son oreille avant de prendre à nouveau ses distances

Pourquoi avait-elle prononcé son nom? Aucune idée, mais elle aimait le claquement que son nom forçait contre sa langue. Elle le détailla une dernière fois de la tête au pied, ne pouvant résisté à l'envie de sourire qu'elle réfréna maladroitement en se mordant la lèvre inférieure. Elle ressentait déjà un écho de tristesse de devoir s'éloigner, une mauvaise impression qu'il allait lui glisser entre les pattes et se perdre dans l'océan.

Non, ça c'est toi, Hailey! Petite Doris sans cervelle. Tu vas te noyer dans l'océan sans ta bouée, sans ton phare pour te ramener à bon port. Il n'y a pas de rails pour t'indiquer la route sous l'eau. Soit forte, tant que tu gardes la tête au-dessus de la ligne d'horizon, ça ira.

Elle recula doucement de quelques pas, se servant de sa vue vampirique pour garder une photo mentale bien précise de l'homme. C'était à la fois horrible et alléchant de le voir couvert de crasse, les cheveux en bataille et du sang plein les vêtements. On aurait dit un ange descendu du ciel… Qui c'était pris la benne à ordure en pleine poire avant d'atterrir sur des piquets bien aiguiser. Elle lui tourna enfin le dos, avançant de quelque pas avant de jeter un dernier coup d'œil derrière elle en lui souriant.

- Fait moi plaisir tu veux, et tâche de rester en vie! Je m'en voudrais vraiment d'avoir raté une opportunité pareil, taquina-t-elle en continuant sa route

Elle lui offrit tout de même un signe de la main qu'elle agita au-dessus de sa tête sans le regarder. Chaque pas qui l'éloignait de lui raisonnait dans sa cage thoracique comme une pulsation étrange. Comme si sur chaque distance parcourue, elle pouvait voir le monde se ternir un peu plus et la lune perdre de son éclat. Après quelques mètres, elle disparu dans l'allée qui menait à la porte arrière de son immeuble. L'entrée était cachée entre les deux édifices et le premier plancher était affiché aux couleurs d'un petit café brancher, aucune chance qu'il devine où elle habite. La porte était entre-ouverte, Hailey la poussa sans se poser de question et se glissa à l'intérieur en vitesse.


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Hailey Moira Harding
Mer 29 Juin 2022 - 21:01


13 Aout 2016


Elle aurait pu être une amie, une amante. Ainsi l’image aurait eu une certaine logique. Mais Hailey n’était ni l’une ni l’autre et lui n’avait aucune raison d’agir comme il le faisait. Les réflexes peut être. Une certaine tendance à prendre la mort en compagne afin de l’emporter dans quelques valses meurtrières. A mesure des drames, Alec se mettait au diapason, non content d’avoir toujours eu une tendance borderline, il comprenait à présent à quel point ce qui le rongeait prenait un espace dangereux. De gestes lents, calmes, c’était lui-même qu’il forçait à retrouver sa force et son pragmatisme. Lui qu’il soutenait tout autant qu’elle. Lui qu’il obligeait à ancrer de nouveau la réalité malgré toute l’absurdité de la manière dont elle se tissait ce soir-là, dans cette ruelle. Alec comprenait à retardement à quel point il avait cherché à tomber. L’idée lui faisait froid dans le dos. Bien plus que celle d’enlacer une vampire, de se laisser entraîner dans une attitude qui n’avait rien de saine avec celle qui avait manqué de le tuer ou de lui accorder un comportement qui cachait peut être une manipulation évidente. Etait-il si simple à berner qu’une belle gueule et une attitude adaptée pouvait le faire pencher en chevalier protecteur, lui qui ne cessait de se définir comme le connard insensible ? Une pensée l’arrima à Enzo une seconde, aux reproches qu’il avait pu lui faire et qui, à l’instant, sonnaient comme profondément ironiques. L’idée passa. Hailey, elle, était toujours dans ses bras.

- Harding, répondit-elle en le dévisageant toujours. Hailey Moira Harding. Un acquiescement sobre. Ainsi, il pourrait la contacter. Et d’autre que lui pourraient l’aider. Une nouvelle fois, peut être était-ce un excès de confiance, le besoin totalement aberrant de faire les choses bien, parfois, dans le brouillard de cruauté de son existence. De la bêtise, peut être. Mais Enzo saurait gérer si le danger surgissait. Il le savait assez expérimenté en la matière pour ne pas tomber à la première difficulté. Et lui ne serait pas d’une grande aide pour une créature magique fraîchement débarquée. Il savait ce qu’était devenir meurtrier contre son gré. Encore fallait-il savoir qu’en dire ou comment aider. Et encore fallait-il en avoir l’envie ou l’énergie. Il ne rentrait dans aucune de ces catégories. Et pourtant, elle était toujours contre lui.

Il fallu un moment avant qu’il se se défasse d’elle, glissant avec lenteur ses bras le long de son corps pour l’inciter au moment. Mais elle-même restait arrimée à lui comme s’il avait pu la défaire de sa malédiction. Une aptitude qu’il n’aurait su avoir pour lui-même. Elle restait. Ni agressive ni distante, Hailey se laissait reposer contre lui un moment alors même que ses bras achevaient de la relâcher. Quelques doigts sur ses hanches, Alec l’observa, déconcerté, glisser les mains à plat sur son torse. Encore un peu et son front les rejoignaient, dans une posture semblable à celle d’une prière absconse. Les mots du jeune homme la sortirent de sa transe, crispant tout son corps tandis que, d’un pas, elle s’éloignait brusquement. Comme s’il l’avait brûlée. Le rejet brutal, les sourcils froncés. Il sourit du contraste sans pour autant changer de discours. Ni le genre à cacher les faits, ni à les fuir. Alec énonçait, notant l’angoisse soudaine qu’elle développait à l’idée d’être attrapée par la police magique. Elle pouvait bien le fracasser de son regard suspicieux qu’il ne changea pas de ligne de route. Et pourtant, comme touchée par quelques mots, la jeune femme se détendit de nouveau. Alec ne promettait rien, ne s’engageait pas, conscient pourtant qu’à jouer ce jeu, le plus simple pour elle serait de l’éliminer. Le jeu du trépassé, de nouveau ? Il ne lui sembla pas. Celui de la franchise droite. Des faits, d’une gestion à venir. Le Rivers avait trop vécu déjà pour qu’il n’ait pas l’habitude glaciale de se retrancher derrière la cavalcade des actes à réaliser sans flancher. Elle, pourtant, n’attaqua pas. Bien au contraire, une fois qu’il eut énoncé les faits dans un pragmatisme digne de son sang, elle le rejoint. Une seconde, l’ancien Serpentard se vit de nouveau mort, imaginant la pression posée avec douceur sur son bras devenir aussi tranchante que des serres et les lèvres portées vers sa joue se changer en crocs. Sans se tendre, il fronça légèrement les sourcils et reçu, incrédule, un baiser.

- Merci, Alec.

L’ensemble sonnait étrangement, trouvant une résonance lunaire dans sa poitrine. « De rien.. » ça n’était ni « rien » ni réellement sujet aux convenances et pourtant, dans un réflexe bien banal, voilà tout ce qu’il trouvait à répondre. La résurgence de l’éducation et du civisme alors qu’à leurs pieds, le cadavre de Levine devenait aussi glacial que la nuit. Tout était irrationnel dans cette soirée de toute manière. Alors cette couche supplémentaire d’ineptie ne faisait que donner à l’ensemble un caractère étonnamment illusoire. Quelque chose coincé entre les divagations de l’alcool et les songeries que seule l’heure tardive semblait avoir le pouvoir d’encourager.

Face à lui, elle s’éloignait en le fixant profondément sans jamais poser un regard sur le sang qui humidifiait les pavés ou le corps qui les couvrait. Il n’y avait que lui. Comme une adolescente qui s’éloigne de son crush après le premier rendez-vous. Irréaliste, l’image se gravait dans ses pupilles dilatées tandis qu’enfin, elle se détournait. Agitant une main par dessus son épaule, la vampire ajouta d’un ton étrangement joyeux : - Fait moi plaisir tu veux, et tâche de rester en vie! Je m'en voudrais vraiment d'avoir raté une opportunité pareille.. ! Cette fois, c’était Charlotte qu’elle lui rappelait. Un truc d’êtres de la nuit, sans doute.

« Tache de rester en vie. » La formulation dessina un rire lâché en un souffle unique entre ses lèvres. L’exacte énoncé de Jayden lorsqu’elle était partie, laissant un vide dans sa vie.

« Un défi quotidien.. » Se moquait-il alors qu’elle disparaissait au coin de la ruelle.
Et quel défi… ! Quel putain de défi de merde.

Laissé là, les bras pendant, le dos appuyé sur le mur qu’il s’était mangé un peu plus tôt, Alec restait con à côté du corps devenu froid. Il fallu un instant avant que le rire ne se dénoue dans sa gorge, échouant dans l’air humide comme on jetterait une éponge dans un évier. Avec dédain et dégoût. Aucun foutu sens. Rien de tout ce qui venait de se passer n’en avait. Son crâne vint cogner contre le mur tandis qu’il fermait les paupières un instant, écoutant le bruit de la ville qui, au loin, vaquait.
Une nouvelle fois, Alec était en vie. Contre toute putain d’attente… Y compris les siennes.

Il ne lui fallu qu’une minute ou deux avant de reprendre contenance et de glisser sa main dans sa poche pour en sortir son téléphone. La baguette était toujours au sol et il n’y toucherait pas. De toute manière, le plus jeune des Rivers restait encore à ce jour incapable d’aboutir à la formation d’un patronus ; impossible, donc, d’en user pour appeler son père ou quiconque. C’est en posant le regard sur son smartphone qu’il notait le sang qui maculait par endroits ses doigts. Aurait-il dû dire à Hailey qu’elle gardait toujours des marques vermeilles ? Sa bienveillance avait des limites, comme on dit dans le métier. Quel métier ? Va savoir.

D’un pas en avant, Alec jeta un coup d’oeil à son reflet que le métal d’une poubelle lui renvoya déformé. Tandis que la tonalité résonnait à ses tympans, il en profita pour bloquer l’appareil contre son cou, se dégageant les mains pour tirer sur la plaie de sa nuque et la forcer à saigner de nouveau. Les apparences, voilà ce qui lui sauverait la peau. Là était une leçon qu’il avait mis des années à comprendre.
Ensommeillé, une voix lui cracha à la gueule de l’autre bout du fil.

« Kenner, contacte mon père. J’suis à l’angle de Lexinton et Beak street À Soho. Levine est mort. »
Du flot d’insultes ou de questions qui suivit, Alec n’en eut cure. « Appelle-le. Tu sauras ce qu’il décidera de te dire. C’est pas mon taff. » Comme s’il était son supérieur et que Kenner n’était pas son geôlier officiel engagé par les Rivers dont il était l’un des hommes de main de confiance. L’impression d’être traité comme un larbin, y compris de par celui qui aurait dû être son captif le rendait dingue et Alec se délectait avec cruauté de cette sensation infecte qu’il éprouvait. Maigre récompense puisqu’en raccrochant, le jeune homme savait pertinemment qu’à présent, ce serait à son tour de prendre. Si Hailey l’avait épargné, restait à affronter son père.

Comment avait-il dit déjà ? Ah oui. Un défit quotidien.

Sa main retomba, rangeant sans y songer son cellulaire. Une pensée partit vers Kezabel, bien vite rattrapée. Ce type de songes devrait attendre. L’esprit n’avait pas d’autre choix que d’être solide, de se forger une chape protectrice avant l’arrivée de la cavalerie ; au cas où. Les épaules basses, l’œil sombre, Alec se dévisageait un instant sur la surface cabossée de métal sale. La peau sale, marquée de poussières, griffée par endroit avait gonflé sur sa joue droite. La pommette était rougeâtre, les lèvres craquelées et du sang lui maculait la face à plusieurs endroits, perlant ici et là dans sa barbe mal taillée et au coin de son œil droit. Quelques mèches retombaient sur son front, collées par l’humidité. Il les ébouriffa, se donnant l’air plus misérable encore et laissant une trace rosâtre près de sa tempe. Sur sa nuque, les deux plaies rougeâtres saignaient de nouveau. Il avait entendu que les sangsues relarguaient à la morsure une molécule anticoagulante, l’hirudine. Les vampires faisaient-ils de même ? Les coulées s’étalaient en deux lignes rouges le long de sa peau pâle, se rejoignant à la clavicule où elles s’arrêtaient, absorbées par les fibres du t-shirt clair. Ce dernier était percé de cinq trous à mi-torse, laissant deviner les marques laissées sur sa chair. Légères, comparées à ce que ça aurait pu être.

Le craquement sonore ne tarda pas, le tirant de sa contemplation sordide. D’ordinaire, Alec aurait trouvé ça grisant d’être en vie, une nouvelle fois, « malgré tout ». Cette fois, il n’en tirait que lassitude et dépit, conscient que la véritable bataille ne faisait que commencer. Arquant les coudes, le jeune homme levait légèrement les mains, paume vers le ciel, index et majeur tendus, reste des doigts plus lâches. Ça ne suffit pas pour lui épargner la sensation immédiate d’être pris dans un étaux, son père l’immobilisant d’un sortilège tandis que ses pas tonnaient dans la petite ruelle comme l’orage au loin. Pas un mot, pas un avertissement, pas un ordre. Il fulminait.

Bien sûr Alec aurait dû se justifier, balancer les arguments, supplier ou ergoter pendant des plombes pour plaider sa cause. Le regard sombre perdu sur les bosselures de la taule, il n’en avait pas de réel désir alors il laissait faire, dos à son père, conscient que tout pouvait lui tomber dessus à tout moment mais l’adulte qu’il était devenu avait passé l’âge de craindre ce que cet homme pouvait lui faire. Surtout après avoir tâté des méthodes d’Azalea, Blackblood ou Walters.

Claquement des semelles dans un liquide. Sang ou flotte, qu’importe ; il tournait autour du corps, s’arrêtait sans doute car Alec n’entendit un instant plus rien. Vérifier le pouls de Levine ?

« Cherche pas, il est mort. »
Ces quelques mots durent lui faire l’effet d’un coup de jus car déjà, Rivers senior éructait : « Qu’est-ce t’as foutu ?! » Les mots rugissaient entre ses mâchoires serrées.
« Rien. J’suis innocent votre honneur.. » Toujours figé les bras lâches autour de lui, il esquissait pourtant un sourire insolent. Le directeur de la justice magique avait toujours voulu être flic. Naturellement, il avait terminé magistrat, puis procureur et enfin, directeur. Le poste parfait pour toutes ses magouilles, songeait Alec depuis toujours. Un flic n’a pas assez de pouvoir, pas assez d’influences. Et puis ce n’était pas digne, sans doute, de son statut de sang. Si Rivers mettait les mains dans le cambouis, il favorisait majoritairement les sous-fifres à ses ordres pour ce type de tâches. Du moins c’était ainsi qu’il lui apparaissait. Sans doute aurait-il gagné à s’intéresser aux manigances de la famille, il aurait lui-même eu d’avantage de cartes à jouer plutôt que d’avancer comme il le faisait, à l’aveugle. Mais l’arrogance de l’ignorante jeunesse avait joué sur lui le jeu de l’indifférence et Alec le regrettait à présent.
Un coup de talon dans le bitume et Leeroy était là, le retournant d’un geste brutal, la main plantée dans son épaule. « ‘Commence pas Alec, j’ai pas la patience. » Son phrasé était toujours plus cru lorsque sa femme n’était pas dans les parages, révélant sans doute que, finalement, l’aristocrate, c’était elle. Et que son mari se mettait au diapason. Sans une grimace, Alec fit un geste de menton, l’air de lui signaler que s’il lui rendait sa liberté de mouvement, ce serait plus simple pour tous deux. L’homme se figeait, fronçant des sourcils en découvrant le sang sur le visage et la nuque de son fils, imprégnant déjà le bout de ses doigts.

Il aurait fallu d’un rien pour que la situation se désamorce. Que chacun s’écoute, qu’ils cessent de se dévisager comme deux ennemis prêts à se sauter à la gorge. Mais surtout, qu’un autre craquement ne vienne briser l’ordre établi. Si Alec avait toujours eu peur de son père, il l’avait toujours affronté. Incessante lutte engagée dès l’enfance, basée sur la moquerie et l’insolence. A le faire sortir de ses gongs, à provoquer sa violence acerbe et tranchante, Alec y gagnait une forme de contrôle qui lui avait permis de dépasser l’angoisse, de s’affirmer, d’y puiser une forme de force vive et froide. Mais l’homme qui arrivait, lui, dégageait tout autre chose. Le père de Logan. Son oncle, Jethro, le frère de son père. Leeroy et Jethro avaient toujours fonctionné ensemble, comme une mécanique bien huilée et pourtant Alec en était persuadé, son père se crispait toujours à son approche. Il ne baissait pas le regard mais évitait le sien. Ne parlait pas moins fort mais se rangeait toujours à son avis. Leeroy avait peur de Jethro. Alors, comme souvent, le jeune homme sentit son cœur tomber au bas de sa cage thoracique, une vague glaciale dans les veines. Il n’avait pas eu si souvent à affronter la colère de l’aîné de la famille mais savait à quoi s’en tenir. Jethro avait engendré Logan. Cette simple constatation était lourde de sens. Ainsi, il aurait largement préféré que l’affaire reste entre lui et son géniteur… ce qui ne l’empêcha pas de balancer avec un naturel effronté : « La mafia Rivers au complet.. j’en ai de la chance... » Il aurait pu ajouter un tacle concernant le bâtard accusé de tous les mots et à cause de qui il se trouvait lui-même dans cette situation. Mais Alec craignait trop la réaction de Jethro pour se le permettre.

Le sortilège se leva soudainement sous le regard sombre de son père. Derrière lui, Jethro lâchait froidement un « Ecarte-toi » qui roula dans l’air et s’écrasa dans un lourd silence. Les pupilles de son père s’étrécirent, les muscles de ses mâchoires se contractant sous la peau de ses mâchoires, les paupières légèrement relevées. En cet instant, Alec voyait à quel point il pouvait lui ressembler. Docile, il s’écarta. Pas tant que ça finalement.

« Sa baguette est au sol à côté de Levine. Il est froid, .... » Pas le temps de finir.
« Laisse ton fils parler. C’est sa défense qui m’intéresse, pas la tienne. » Alec ne pu retenir un souffle cynique. Son père ? Prendre sa défense ? Première nouvelle.

Étirant son cou, les mains ramenées dans ses poches dans un air revêche, le jeune homme laissa son oncle venir jusqu’à lui et planter son regard d’acier dans le sien. Le givre, le vrai, était là. Le même que celui de Logan, perçant et glacial, il étendait sur lui l’ombre de l’autorité Rivers. Alec, le visage d’une neutralité froide, ne moufta pas. Il ne se confondrait ni en excuses ni en justification, l’égo supplantant l’angoisse. Sa manière à lui de garder un semblant de contrôle et d’assurance. Pourtant, dans ses veines, le sang pulsait fort et vif.
Vas-y, crache tes ordres, chef..

« Qui a fait ça ? »
« Une vampire. »
« Son nom ? » Ni Alec ni Jethro ne se retournèrent vers Leeroy dont la voix autoritaire appuyait celle de son frère.
« Tu crois que j’ai pris le temps de lui offrir le thé pour papoter ? »
« A quoi elle ressemble ? »
« Blonde. Jolie. Plutôt grande. » Il venait peu ou proue de décrire sa femme. Peu utile, donc, comme description. « Ton genre, donc... » Son père raillait. Jethro n’entra pas dans ce jeu. « Un autre signe spécifique ? »
« Un tatouage sur la fasse gauche : non, j’en sais rien. » Le poing de son oncle lui faucha la trachée à peine le trait d’humour jeté. Alec sentit ses jambes flancher, ployant déjà quand l’autre lui planta l’épaule, le forçant à rester droit. « Pas d’autre détail ? » Crachotant, il fallu un instant pour qu’Alec se reprenne et retrouve une respiration suffisante pour parler. Leeroy n’avait pas bougé, un sourire torve sur les lèvres que son fils ne su interpréter autrement que de la cruauté. « J’en sais rien j’te dis. Elle a déboulé, a attaqué, j’ai pas eu le temps de réagir que Levine était déjà au sol et qu’elle me tombait dessus. J’y suis pour rien sur ce coup. J’la connais pas, elle s’est barrée, j’ai pas plus d’infos. »
 « Je vérifie sa baguette. » Lâcha Leeroy tandis que son frère acquiesçait. « Levine me l’avait pris. J’y ai pas touché. » Conscient qu’un rien pouvait jouer en sa défaveur, Alec jouait bien moins qu’il y semblait. Hailey n’était pas la seule en jeu et lui encore moins.
« Pourquoi t’attaquer, toi ? »
« Elle aime bien l’bourbon ? » Sur son épaule, la pression s’amplifia et l’autre sorti lui planta sa baguette dans la nuque, écartant la plaie. Une petite gerbe de sang s’en écoula dans une grimace écrasée par son propriétaire. « Je te la refait puisque tu joues aux idiots : pourquoi t’attaquer, toi.. et te laisser en vie ? » La voix de son oncle était toujours égale, pas une vibration plus haut que l’autre, pas un éclat vif de colère comme c’était le cas chez son père. Il restait glacial, direct, factuel. Repoussant le menton pour lui faire de nouveau face, Alec sentait la colère cavaler dans ses veines comme la morsure du serpent. Elle comblait la peur, avalait ses crainte et lui donnait envie de balancer son crâne droit dans celui du frère aîné qui semblait avoir tant de pouvoir sur la famille comme sur le pays. Un sourire indolent seul répondit à ses désirs.  « Une envie d’se garder ma belle gueule pour plus tard ? Si j’avais la réponse à toutes les merdes qui passent par le crâne des tarés qui me tournent autour, ça s’saurait. »

Le sort lui parvint par l’âme bien avant que le corps n’en prenne conscience. « Legilimen » Le son tonnait pourtant bien dans l’air mais Alec l’avait perçu autrement. Par réflexe, habileté ou habitude, son esprit se tordait en présence de l’intrus. Jethro n’était ni son fils, ni Sanae. Il devait se servir d’un sort qu’il lui avait fallu des semaines ou des mois avant de maîtriser. Sa présence n’était ni multiple ni aussi fine que la brume. Elle se plantait en lui comme un javelot, perçait sans adresse dans ses pensées. Droit vers son but, comme une lame qui tranche et lacère les chairs autour d’elle. Dans les landes de son esprit, Alec noyait l’important sous les brumes. Un no men’s land qui cacherait sous le brouillard des galeries, des creux, des bosses. De la boue. Et sous elle, le beau, l’indicible, le précieux. Chaque instant volé au monde des sangs purs pouvait s’y trouver. Chaque moment de tendresse, chaque rire, chaque affection grandissante devenue les piliers de son existence. Sanae lui avait appris à tendre des pièges, à paraître faible, à mettre en avant ce qu’il voulait offrir aux gêneurs pour masquer ce qui comptait réellement. Et dans la brume, une masse crachait, amas de fumée âcre et acide, le véritable monstre de son existence devenu gardien des lieux, prêt à tout ensevelir pour masquer ce qu’il ne désirait pas laisser à portée.

« Hailey Moira Harding. » Voilà ce qu’il n’aurait pas si aisément.

N’imaginant pas que son neveu ai pu être entraîné par son fils et encore moins par une légilimen de naissance sortie de nulle part, Jethro ne se méfia pas. Il déterra les pensées qui lui parvinrent, n’accéda ni à l’étreinte, ni au départ, ni à l’identité de l’agresseuse. Il vit les coups, l’attaque, le sourire avide et la morsure. Il vit ce qu’il voulait voir.

« C’est bon, t’as fini ?! » Le timbre, rauque, roula à son tour, tonnant dans la ruelle. « C’est pas la Garde, si c’est ta question. C’est pas une amie non plus. Pourquoi me blesser si c’était le cas ?! En quoi la mort de ton pauvre larbin peut m’aider de toute manière ? Si c’est pas lui ça sera un autre. Levine et moi, on était au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle a bouffé, s’est rassasiée, a arrêté les frais, fin d’l’histoire. C’est vous qui avez un problème de créatures lâchées dans les rues, pas moi. »
« Et tu n’en connaîtrais pas, toi, par hasard … ? » La voix de son père, sèche, lui répondit dans son dos. « RAS pour sa baguette. » ajoutait-il en direction de son frère aîné.
« J’ai baisé une vampire nommée Charlotte, je sais pas où elle est ni ce qu’elle fait. Et j’ai connu un lycan à qui j’ai filé plus de baignes que de bières. T’es censé faire quelque chose avec ça ? » C’était risqué, bien sûr, mais les demi-vérités avaient de quoi rassurer. Enzo et lui étaient connus pour être en conflit à Poudlard et personne ne les avaient vus interagir depuis cette période. Quand au reste, il n’y avait aucune surprise à ce qu’il ait des frasques diverses avec diverses femmes.

Serrant les dents, il attendit le coup qui ne vint pas. L’air se fit lourd, étouffant. Les yeux tranchants de Jethro lui fusillaient les nerfs et, enfin, il lâcha quelques mots, déclenchant un frisson dans ses membres. « Tu ferais mieux de ne pas me mentir, mon garçon.. »

La douleur le saisit à la gorge et il chuta. Lorsqu’Alec redressa le regard, les deux frères se parlaient, dégageant la vue face à lui. Sans aucune raison, ses yeux captèrent pourtant un mouvement, ailleurs. Hailey.
Son sang ne fit qu’un tour, décelant la tension dans son être, une crainte brutale lui fouettant les sangs : qu’elle intervienne. Bien qu’au sol, Alec gagnait la partie et il le savait parfaitement. Débouler maintenant signifierait tout gâcher. Et pourquoi chercherait-elle une chose pareille d’ailleurs ? Pourquoi voudrait-elle le défendre de quoi que ce soit quand elle même plantait ses crocs en lui quelques instants plus tôt ? Les questions pulsèrent sous sa tempe dans un ensemble brouillé, chacune se mêlant aux autres jusqu’à en obscurcir le sens.

A peine perceptible, il lui fit signe de rester où elle était lorsqu’elle esquissa un geste, le clouant sur place.

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Ven 1 Juil 2022 - 15:42


 

Hailey ne prêta pas attention au fait que la porte était déjà entrouverte lorsqu’elle la poussa pour entrée dans l’appartement. Elle grimpa l’escalier qui menait au deuxième étage aussi vite qu’elle l’avait déboulé à peine une vingtaine de minutes plus tôt, la cuisine et le living room était dans leur état normal, la lutte qui s’était dérouler dans la chambre de sa colocataire était bloquer par son vampire qui préférait qu’elle se concentre sur sa fuite. Son corps se stoppa pourtant net lorsqu’elle croisa une seconde fois son reflet ensanglanté dans le miroir. Cette fois ci avait un effet différent sur elle, la première fois elle avait ressenti de la détresse et de la douleur, maintenant elle ressentait de la honte et du mépris. La pause ne dura qu’un instant, elle s’élança vers la salle de bain et fit couler l’eau de la douche avant de se déshabiller rapidement pour s’y jeter. La température de l’eau était sans importance, elle ressentait à peine la coupure du froid contre sa peau tandis qu’elle frottait frénétiquement le sang séché avec une éponge de bain. Il restait toujours une teinte rose dans l’eau qui s’écoulait à ses pieds lorsqu’elle arrêta les frais, tout comme sur la serviette lorsqu’elle s’essuya rapidement le corps et les cheveux. L’ensemble lui donnait un étrange teint rose de vivant, c’était suffisant pour quitter la ville sans être remarquer.

Elle enfila un jogging noir de sport et un tee shirt de la même couleur, voulant éviter tout ce qui pourrait attirer l’attention sur elle. Hailey grimaça tout de même, bien qu’elle ne fût pas très fashion elle n’avait jamais aimé quitter la maison fringuer comme si elle était en pyjama. Peu importe, ce qui comptait c’était disparaitre, trouver une planque quelque part jusqu’à ce que les choses se tassent, qu’on oublie son existence et que la justice magique se lasse de la poursuivre.

La véritable panique vint lorsqu’elle ouvrit le tiroir de sa coiffeuse pour poser les yeux sur un tiroir vide. Elle eut alors la vague mémoire d’avoir balancer tout ses effets dans un grand sac avant de décamper. Elle chercha quelques secondes dans sa mémoire, sans arriver à retrouver l’endroit où elle l’avait balancé la dernière fois. Peut-être au parc, ou dans la ruelle derrière. Sans ses pièces d’identités, son linge de rechange et son portefeuille, elle n’irait pas bien loin. Elle attrapa une casquette de sa ville adoptive noire, trahis simplement par un signe NY blanc qui prônait au centre de son front, avant de quitter l’appartement par la sorti du toit. Alors qu’elle allait s’élancer vers le sud pour rejoindre le parc, une odeur familière la frappa en plein nez et son corps se braqua sous l’envie. Impossible, le vampire savait qu’elle avait arrêter le flot de sang. Elle ignorait comment elle avait fait, mais elle en était sure. Impossible qu’Alec saigne encore. Dans le doute, elle bifurqua vers la droite, traversant rapidement entre les immeubles tandis que la voix de l’ange raisonnait à son oreille.

« Une vampire. »

Le corps de la bête trembla, se laissant glisser derrière la cheminé de brique qui prônait au sommet d’un duplex. Sa gorge se nouait tandis que le vampire lui criait qu’elle aurait dû l’achever. Qu’il allait la vendre pour une bière et quelques choco grenouilles. Elle ne pouvait pas voir les trois hommes, mais leurs voix raisonnaient aussi fort que leurs cœurs à son oreille. Elle pouvait pressentir qu’il y avait quelque chose de différent dans celui d’Alec. Ses battements étaient plus irréguliers et fort à la fois, comme s’il combattait lui aussi quelque chose d’encré au plus profond de son être.      

« Son nom ? »
« Tu crois que j’ai pris le temps de lui offrir le thé pour papoter ? »

Le vampire glissa sa langue contre ses lèvres en souriant.

« A quoi elle ressemble ? »
« Blonde. Jolie. Plutôt grande. »

Hailey baissa le regard sur son corps, se maudissant du haut de son mètre soixante-trois.
T’as qu’à mettre des talons la prochaine fois, Poucette.  

Hailey arrivait à ignorer son démon, plus intéresser par la situation qui se déroulait plus bas dans la ruelle. Dès que la douleur d’Alec effleura son ouïe, ses yeux virèrent au rouge tandis qu’un dragon se mit à cracher du feu dans ses entrailles. Chaque fibre de son corps tremblait d’envie de sauter par-dessus le muret de briques pour aller arracher de ses crocs l’extrémité qui venait de s’abattre sur lui. Heureusement, le vampire avait plus de contrôle sur l’humaine qu’Hailey en avait sur la bête. Ses doigts s’agrippèrent contre la cheminée, effritant silencieusement le mortier sous ses griffes.  

« Levine me l’avait pris. J’y ai pas touché. »

Le cœur d’Hailey se fissura un peu plus pour cet être, elle savait combien c’était cruel de priver un sorcier de sa baguette. Elle avait passé des années à regarder son père l’enfermé dans son coffre-fort durant les longs étés ou elle revenait de Poudlard. Un rituel qui avait duré jusqu’à ce qu’enfin, il la brise sous ses yeux dans une ultime tentative de la soumettre à son contrôle. Il y avait aussi la réalisation que, bien qu’à travers ses yeux à elle Alec était un être pourvu d’une force insurmontable, ils ne feraient pas le poids ensemble contre ses agresseurs. Lui sans baguette, elle sans expérience. Elle devait lui faire confiance, s’en remettre à son jugement et ses aptitudes pour qu’ils survivent tout les deux à cette nuit sanglante.

« Pourquoi t’attaquer, toi ? »
« Elle aime bien l’bourbon ? »

Elle du plaquer sa main contre sa bouche pour se retenir d’émettre le moindre son. Hailey avait toujours été de celle à avoir un caractère difficile étant jeune, même si la plupart des gens déclarait le contraire. La petite fille bien mise et toujours polie de cinq ans qu’elle était avait aussi une fâcheuse tendance à taper du pied et à foncer les sourcils lorsqu’on lui refusait quelque chose, à utiliser son côté trop mignonne pour attendrir les cœurs. Alec ne semblait pas désirer être facile et utilisait une rhétorique qui aurait rendu n’importe qui dément. Il y avait quelque chose d’aguichant dans son attitude. Comme s’il s’avait qu’il n’avait pas besoin de prouver ou déclarer qu’il avait le dessus, c’était dans son attitude et sa force de caractère. C’était indéniable, inébranlable. Elle pouvait l’entendre raisonner dans les battements de son cœur et dans la pression de son sang. Comme s’il embrassait ce qui l’effrayait pour arriver à le dominer, à y puiser une certaine force.

« Je te la refait puisque tu joues aux idiots : pourquoi t’attaquer, toi.. et te laisser en vie ? »
« Une envie d’se garder ma belle gueule pour plus tard ? Si j’avais la réponse à toutes les merdes qui passent par le crâne des tarés qui me tournent autour, ça s’saurait. »

Oui, il était beau. Divinement beau. Il avait également beaucoup d’alcool dans le sang, elle l’avait gouté tandis qu’elle lui avait voler un peu de lui-même. Ce n’était pourtant pas la raison qui l’avait poussé à le garder en vie. Quelque chose qu’elle ne pourrait sans doute jamais lui expliquer. Comment pourrait-elle lui dire qu’il avait un parfum d’étoile et un goût de paradis. Que son corps était aussi chaud qu’un volcan en éruption et que son cœur chantait la plus belle des mélodies. Comment lui expliquer que lorsqu’il était tout près, elle pouvait sentir son cœur battre à nouveau. Un flot de pensés qui fut stopper par un seul mot.

« Legilimen »

L’entité se crispa soudainement tandis que son cœur se remplissait d’effroi. Bien qu’elle n’était pas la sorcière la plus douée, Hailey savait très bien ce que se sortilège impliquait. Dans le doute, elle s’accroupit prudemment pour se rapprocher du rebord, restait à couvert derrière le muret de brique qui entourait le toit. Dans quelque instant, la donne serait exposée. Il cracherait son nom à travers une souffrance atroce sans pouvoir retenir ses pensées. Il serait lynché pour avoir enlacer le diable, pour l’avoir docilement laisser boire son sang et l’avoir laisser s’enfuir. Malgré la panique dans son cœur et l’horreur de voir sa vie se terminer trop vite, Hailey lui pardonnait. Elle était un fardeau trop lourd à porter, un problème surgissant à travers une guerre à laquelle elle n’était pas préparer. Elle eut un maigre sourire, se disant qu’elle préférait mourir dans cette circonstance que tout autre. Après tous les sacrifices à sa vie, elle serait enfin l’agneau qui pourrait sauvez une âme. Qu’on l’abatte avec joie, si cela pouvait éviter des douleurs à son ange.  

« C’est bon, t’as fini ?! »

Le vampire était choqué, quelque peu amadouer, et surtout très impressionner par la force du sac de sang sur lequel Hailey avait jeter son dévolue. La blonde quant à elle souriait, heureuse que la vie avait prouver à sa vilaine moitié qu’il était à l’image qu’elle s’en était fait. Superman.

« J’ai baisé une vampire nommée Charlotte »
Attends, quoi??
Oh, ça va! Ne fait pas ta mijaurée! Je te signale qu’il vient de balancer son nom sous le train volontairement, alors qu’il à protéger le tien sous la torture...

Hailey colla son front contre le petit mur, comme si elle cherchait à refroidir son esprit enflammé. Elle savait que ce qu’elle ressentait était sans fondement, un simple coup de foudre sous l’éclat d’un lampadaire un soir de détresse. Quelque chose qui venait tout juste de naitre en elle et qu’elle n’avait pas eut le temps de lui transmettre, néanmoins il y avait une part d’elle, de la petite étudiante catholique, qui s’était déconfit à l’idée qu’elle était simplement un autre vampire de passage dans sa vie. La créature la laissait faire, bien qu’elle réalisât rapidement que la gamine ignorait beaucoup de signes pour se bercer dans son illusion dérisoire. Elle avait ignoré le corps dans l’allée, ignorer les blessures qu’elle lui avait infliger, comme si elle choisissait d’être aveugle pour le bien de son désir. Il était un ange enchainé, le vampire l’avait remarquer.

S’en était trop. Elle ne pouvait plus résister à l’envie de poser les yeux, de détailler ses agresseurs, se jurant de les détruire. Elle aurait voulu être son sortilège, son instrument. Protego Diabolica. Être la barrière qui empêcherait ses ennemis de l’atteindre, les serres qui les étriperait selon son désir. À l’image d’un dragon, elle voulait vivre pour protéger le trésor qu’il était, qu’il lui appartienne ou pas.

Doucement Lois Lane, il n’y a rien que tu puisses faire qu’il ne sache faire lui-même. Respire, pose les yeux sur lui une dernière fois et tirons-nous d’ici, tu veux? Il commence à faire chaud.  
Elle se releva avec une lenteur assommante, juste à temps pour voir Alec s’échouer au sol. Ses yeux virèrent légèrement de couleur, incapable de retenir sa colère d’assister à la scène. Elle, qui pourtant l’avait mordu, était incapable de tolérer que quelqu’un lui provoque de la douleur. Ses yeux étaient rivés sur lui comme s’il lui était impossible de partir. Il le fallait, elle le savait. Elle ne créerait que plus de problèmes, plus de douleurs à sa vie. Elle se redressa à nouveau, à peine, mais c’était suffisant pour qu’elle attire l’attention du bas. Heureusement pour l’égo de son vampire, elle était surement trop loin pour qu’Alec puisse lire toute la peine et le remords qui rendait les yeux d’Hailey vitreux. Elle laissa tout de même pressentir à l’humaine la panique qui avait assiégé Alec. Le vampire comprenait, Hailey refusait de partir, de le quitter. Avant même qu’elle n’a pensé à se mouvoir, elle perçu un signe, s’accroupissant ensuite pour disparaitre dans l’angle du toit.      


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Ven 8 Juil 2022 - 18:06


13 Aout 2016


Son crâne le flambait, incapable d’endiguer la pensée qui lui était venue naturellement : Si Jethro avait été legimen de naissance, sans doute aurait-il eu la même fulgurance que son fils. Sans doute était-ce de lui que Logan tenait cette aptitude à percer un esprit comme un javelot, y pénétrant avec la fulgurance d’une bourrasque avant de l’engloutir de toute part. Un tsunami, voilà ce qu’était le bâtard. Mais Jethro, malgré sa tentative, n’avait rien de comparable. Pas plus qu’il l’était avec Sanae. Non, Jethro n’était pas à la mesure de personnes entraînées et Alec en était profondément soulagé. Une fois de plus, il l’emportait. La chance de son côté, les heures acharnées pour lui donner les armes, il aurait pu souffler s’il n’y avait pas eu le regard d’Hailey à capter le sien par dessus un muret. La lueur anormale de son regard lui parvint malgré la distance et c’est la panique qui s’insuffla dans ses veines.

Incapable de savoir ce qu’elle avait pu entendre ou non, il n’héritait que de la certitude glaciale qu’elle foutrait en l’air sa victoire si elle se montrait à présent. Comment se faire confiance, comment se croire et comment se comprendre lorsqu’on n’est que deux inconnus ? Son signe fut léger, fugace, à peine marqué. Seul le soutenait l’acide balancé dans ses muscles et le battement frénétique de son cœur qu’il la savait apte à entendre. Pas forcément le meilleur bail qui soit : peut être l’appel du sang pourrait-il la faire vriller de nouveau. La rage meurtrière les frapperait-ils tous les trois ? Courraient-ils à un nouveau massacre ? Elle hésita. Ne bougea pas. Incapable d’affirmer quelle était son expression, Alec serra les dents et détourna le regard pour éviter d’attirer l’attention sur elle.

La conversation entre les deux frères lui parvint de nouveau.

« Il faut prévenir Blackblood. » Merde.. Un vent glacial sous sa chair.
Coup d’oeil vers le toit. Hailey n’était plus là. Retour en bas.
« Non. » Cette fois, la voix de son père tonna, rauque et forte dans la ruelle. Alec en sentait son épiderme frémir tandis que, lentement, le regard de l’aîné de la famille se tournait vers son cadet. Non ?
Alec se relevait, profitant du temps que le conflit latent entre frères lui offrait. Un coup d’oeil plus haut. Hailey semblait avoir disparue mais le jeune homme eut à peine le temps d’en ressentir un soulagement immense qu’il sentait déjà son oncle monter en pression. Non par son propre comportement ; Jethro se contenait bien trop pour ça. Les traits détendus, le regard fixe, il ne montrait aucun signe de crispation et pourtant il sembla à Alec que son corps prenait toute la place dans la ruelle.
Une question lui revint : quelle avait été l’enfance de Logan auprès d’un homme pareil ? Mais comme chaque fois, elle s’esquiva.
Non, ce qui lui indiquait le danger n’était autre que le comportement de son propre père. Lui qui était l’ombre de son enfance avait les épaules trop droites, les sourcils trop foncés, les mâchoires trop serrées. L’homme savait mal se contenir, Alec ne le savait que trop bien. Ainsi face à son frère ainsi, ce qu’il voyait s’apparentait à la peur viscérale de déclencher un nouveau conflit. Un conflit qui visait à garder son fils loin du général affirmé des Supérieurs. Alec ne se souvenait pas de tout. Mais ça, il ne risquait pas de l’oublier. Le nom, il le devinait seulement. Il n’y avait pas quarante légimen de naissance et de qualité au sein des sangs purs, son cousin n’était pas disponible, il ne pouvait s’agir que de l’homme qui avait mené les interrogatoires quelques semaines plus tôt. L’idée le glaçait. Mettrait-il en danger ses proches pour une inconnue ? Pour être honnête : non. Certainement pas. Mais il avait encore quelques cartes à jouer.

« T’es bien fringué pour cette heure de la nuit. » Le plat du pouce sur la lèvre, Alec fixait son oncle avec calme.
« Les mondanités t’intéressent à présent ? » Il lui semblait percevoir le tonnerre au loin de ce timbre rocailleux. Leeroy profita de cet instant pour joindre la droite de son fils, non sans lui jeter un regard équivoque. Mais père et fils n’avaient jamais fonctionné de concert et là où Alec aurait écouté le conseil s’il s’était s’agit d’un ami, il n’y prêta pas attention.
Un coup de menton vers ses manches.
« Bien froissé pour un notable... » ça. Rien que ça. Rien de plus, et certainement pas de développement fourni. Alec soupçonnait son oncle d’avoir bien des ennemis dans sa profession. A diriger les finances du pays, l’homme était l’un des plus grands noms du Ministère et son neveu doutait tout à la fois qu’il trempe dans la pure légalité et qu’il ait obtenu le poste d’une manière purement morale. A vrai dire, il n’avait jamais compris comment un homme de sa trempe pouvait se retrouver derrière un bureau à gérer des comptables quand il semblait davantage taillé pour patauger dans la boue et diriger des escouades.

Son père se crispa. L’autre sourit.

S’il y avait interrogatoire, eux y seraient tout autant soumis. Voilà sur quoi tablait Alec. La mafia Rivers… et ses secrets.

« La mafia Rivers hein ? » Il lui sembla que son oncle lisait toujours dans ses pensées. Une sensation effroyable pour lui. Étrangement, c’est son père qui rit, finalement, porté par le sourire moqueur de son frère. « Tu devrais te méfier, mon fils. Toi qui exècres cette famille, tu en as pourtant toutes les qualités. »

Jethro acquiesça. Alec frémit.

« Je m’occupe de nettoyer le terrain. Rentrez. » gronda Leeroy, plaquant sa baguette sur le torse de son fils.
« Merci Leeroy. » Sans un regard ni pour l’un ni pour l’autre, le premier transplana tandis que le second se tournait vers le corps.
Alec, lui, ne se fit pas prier et ne chercha aucune entrevue en solitaire avec son géniteur. Dans la seconde, il avait disparu, le cœur battant à la chamade.

- Fini pour moi -

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Dim 10 Juil 2022 - 18:25


 

Blackblood.

Dans la ruelle en bas se jouait un combat de titan, Hailey pouvait le ressentir. Il y avait quelque chose dans le mélange d'énergie des trois hommes qui lui donnaient froid dans le dos. D'abord, il y avait le sang d'Alec qui se mit à pulser plus fort dans ses veines, elle avait entendu son cœur tressauter à ce nom. Même l'un des étrangers avait semblé trembler intérieurement, ce qui lui semblait étrange. N'avait-il pas dit qu'il était le directeur? Qui pourrait bien effrayer l'homme assis à son poste? Le troisième n'était pas affecté comme les autres, donnant l'impression à Hailey qu'il était le plus dangereux des trois. Heureusement, Alec était là pour sortir une nouvelle connerie qui décrispa légèrement le corps de la créature. C'était étrange, bien que son cœur débattît et que la peur s'était insinuée en lui, il arrivait à la rendre plus détendu et sûre d'elle. Oui, si Alec ne lui avait pas fait signe elle serait tombé du ciel pour s'abattre sur eux. Il y avait aussi la nouvelle donnée qu'ils lui étaient familiers qui l'avait ralentit dans son élan. Il avait beau semblez être écrasé sous leurs pouces, elle se doutait que tuer des membres de sa famille n'étaient peut-être pas le meilleur moyen de le séduire.

« La mafia Rivers hein ? »

Ses sourcils se foncèrent malgré le léger sourire qui s’étirait contre les lèvres du vampire. Elle avait compris que cette idée avait été extraite du crâne d’Alec et ça lui offrait une nouvelle perspective. Après tout, le monde sorcier devait être tout aussi corrompu que celui des moldus. Il devait être encore plus facile de tuer ou faire disparaitre quelqu’un lorsque la magie était de notre côté. Elle se dit aussi qu’il devait toujours avoir ce genre de rhétorique puisque ça leurs semblaient tous normals qui se moque d’eux éperdument, mais ça ne voulait pas dire grand-chose pour elle. Si un étranger avait marché sur elle et son père on aurait également cru qu’ils étaient en guerre et qu’ils se détestaient, alors que ce n’était pas du tout le cas.

« Tu devrais te méfier, mon fils. Toi qui exècres cette famille, tu en as pourtant toutes les qualités. »

Hailey ignorait de quelles qualités l'homme parlait, se permettant tout de même d'hocher la tête d'un signe amusé. Elle était convaincue qu'Alec pouvait transformer n'importe quoi en autre chose. Il utilisait l'humour pour choquer, sa patience pouvait presque vous énerver et son détachement vous attirait. Il possédait peut-être les mêmes qualités que les deux monstres qui l'accompagnaient, mais l'énergie qu'il rendait au monde n'avait rien en commun avec eux. Il n'avait pas besoin d'utiliser sa force pour vaincre, sa présence à elle seule semblait avoir un impact beaucoup plus intéressant.

À nouveau, la panique emplit le corps de la petite vampire. L'idée qu'il allait disparaitre une nouvelle fois lui était intolérable. Elle aurait voulu pouvoir poser les yeux sur lui, le réconforter d'un sourire et lui promettre qu'elle ne le foutterait plus dans le pétrin comme elle venait de le faire, mais le danger était trop imposant, trop important pour qu'elle risque qu'on détecte sa présence. Le premier cœur disparu et elle ferma solidement les yeux, voulant aspirer les derniers battements vaillants de son cœur avant qu'il ce perdre dans la nuit. Puis, tout comme il était venu, il disparu.

Maintenant qu'elle ne pouvait plus se noyer dans ses yeux, se perdre dans les battements de son cœur, Hailey réalisa qu'elle se sentait atrocement seule dans son cercueil. Ni sainte ou sage, elle était impatiente de dépensé le temps qu'il lui restait, se demandant combien de temps faudrait-il pour qu'elle ai la force de revoir cet ange qui l'avait apaisé face à sa mort et sa nouvelle condition. Une semaine? Un mois? Une année? Elle l'ignorait, mais son cœur s'en brisait déjà. Elle n'avait aucune pensé pour ce cœur délaisser dans l'allée, ni pour son sac qu'elle n'avait pas encore retrouvé ou pour le soleil qui allait éventuellement se lever. Tout ce qu'elle avait en tête, c'était le vide de son cœur qu'elle percevait lorsqu'elle plaqua sa main contre sa poitrine. C'était plus qu'un vide, il semblait s'agrandir exponentiellement à chaque seconde. Le vampire décida ainsi d'endormir sa belle, la laissant se plongé dans le royaume de ses rêves tandis qu'elle prenait les choses en mains. Le cœur de l'homme plus bas devint subitement beaucoup plus alléchant, l'image du corps d'Alec s'effondrant contre le bitume beaucoup plus dérangeant. Non, elle devait partir. Quitter la proximité du Rivers avant qu'elle ne soit tentée. Glissant dans l'ombre, elle se dirigea vers le parc avec une hâte qui bouillait dans ses veines. Heureusement le parc était quasi désert, les quelques passants trop loin pour avoir découvert le corps de Margaret au pied du saule. Sa vue vampirique n'eut aucun mal à détecter son sac de sport noir malgré la pénombre de la nuit. Comme une voleuse a la tire, elle s'en empara avant que quelqu'un réalise sa présence.

Oui, Alec lui avait dit de partir, de dégager, mais le vampire se sentait trop incertain pour s'activer. Elle ne savait pas combien de temps il lui restait avant que le soleil se lève, n'avait aucune idée ou trouver une planque sécuritaire pour la nuit. L'idée qu'une simple fenêtre qui s'ouvre pouvait la détruire était une nouvelle angoisse qui faisait monter son anxiété dans le tapis. Elle pris la rue adjacente pour retourner à son appartement, ne désirant aucunement se rapprocher à nouveau du nettoyeur. Dommage, ça lui aurait été utile de savoir comment se débarrasser efficacement d'un corps.

Dès qu'elle entra et verrouilla la porte derrière elle, le vampire pu se laisser allez à sa frénésie. Utilisant un gallon de peinture blanche qui lui restait après la peinture de l'appartement, le vampire se mit à barbouiller les fenêtres dans toutes les pièces, réalisant que l'odeur ne l'affectait pas autant qu'elle l'aurait cru. Une bonne chose, il recouvrait les odeurs du monde qui venait lui effleurer le nez. Dès qu'elle eut fini, elle déposa une seconde couche sur la première, angoissant à l'idée qu'elle ait pu rater une surface qui viendrait réclamer son âme. Elle ignorait combien de temps ça lui avait pris, mais elle pouvait déjà entendre le chant des oiseaux qui s'éveillaient dans leur nids. Prisonnière de ses murs, le cœur dégoulinant et les yeux secs, elle décida d'extirper quelques tubes et toiles de son placard pour peindre quelque chose de plus substantiels. Elle n'avait pas soulevé son pinceau depuis qu'elle était arrivée à Londres, le bois de l'instrument semblait étrange dans sa main, comme si elle avait oublié comment le tenir. Elle outrepassa le fusain, décidant de commencer son œuvre directement à la peinture, ce qu'elle ne faisait jamais.

Le vampire détestait le canevas qui était trop petit pour y projeter tout ce que son crâne contenant, trop fragile pour prendre les gestes colériques qu'elle lui offrait. Elle s'arrêta un instant, détaillant la forme sans but qu'elle avait difficilement réussi à exécuter en penchant la tête sur le côté. Une nouvelle vague colérique l'envahi, elle se mit à frapper la surface avec la brosse dans un geste répétitif qu'elle ne pouvait contrôler. Même lorsque le pinceau se brisa entre ses doigts, elle ne pouvait s'arrêter. Prenant le tissu entre ses griffes pour le déchirer jusqu'à l'arracher de son cadre. Sous l'impulsion, elle se dirigea vers le meuble madame adosser au mur. De sa force vampirique, elle n'eut aucun mal à le faire glisser pour l'écarter, se mettant à frénétiquement peindre des lignes abstraites directement sur le mur de sa chambre avec sa peinture à l'huile...

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Hailey Moira Harding
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