Retrouvailles loin des livres | Timothy

Vendredi 5 Aout 2016
Quartier Bloomsbury, Londres

J’avais grandi à Limerick, troisième ville Irlandaise, mais à côté de Londres, c’était minuscule. Pourtant, j’adorais ma ville natale. Je m’étais perdu bien souvent dans ses rues, avec ma famille ou mes amis. J’avais grandi entre ses murs, j’avais appris, construis mon caractère et mon histoire entre ses bâtiments. Elle m’avait beaucoup apporté, néanmoins lorsque vient la question de l’université, j’avais décidé de la quitter. Limerick avec son université, mais celle de Londres était renommé. Et puis c’était Londres. Qui n’avait pas envie de découvrir cette grande cité, d’y vivre quelque temps ? Le temps des études était l’idéal pour découvrir une nouvelle ville. Et puis la diversité de l’architecture de Londres était idéale pour l’étudiante en architecture que j’étais. C’était pour toutes ces raisons que j’avais pris la décision de venir étudier dans la capitale anglaise.

Ce n’est pas parce que je vivais à Londres que j’en avais renié Limerick. J’y retournais même souvent, surtout pour voir les miens qui vivaient toujours là-bas. J’étais proche d’eux et je restais rarement loin de ces derniers. Et puis si ce n’était pas moi qui y allais, c’était ma mère qui venait à Londres. À croire qu’elle ne pouvait pas rester trop longtemps loin de nous. Nous, c’était mon frère et moi. Parce que si j’avais réussi à m'éloigner de mes parents, je n’avais pas pu me résoudre de vivre loin de mon jumeau. Il était mon double, ma moitié, mon opposé, mon complément. Et même si j’avais pu me résoudre à partir loin de lui, je ne suis pas sûr qu’il l’aurait accepté. Du coup, c’est ensemble que nous étions arrivés dans la capitale.

Nous avions emménagé, il y a pratiquement un an, aujourd’hui. Le temps était passé vite, nous avions pris nos marques, nous avions fait des connaissances. Moi, j’avais étudié, lui avait travaillé. Nous étions retournés un temps en juillet dans notre ville natale. Il avait eu des congés et les cours était en pause pour l’été. J’aurais pu ne revenir que pour septembre, mais mon double devais rentrer avant, alors j’étais rentré avec lui. Je m’apprêtais à passer un mois d’août à Londres, sans cours, ni obligation. Juste moi et la ville. C’était l’occasion de l’explorer, d’apprendre à la connaître encore mieux.

C’était aussi l’occasion d’essayer de rencontrer mon géniteur. Discrètement. Pendant que mon jumeau était occupé par son travail. Car si j’étais prête à rencontrer celui qui m'avait donné la vie, ce n’était pas le cas de mon frère. Lui refusait d’entendre parler de cette option. Sa famille était celle qu’il avait actuellement, il ne voulait pas la bouger. Ce n’était pas mon cas. Je ne souhaitais pas faire de mon géniteur un père. J’en avais déjà un. Mais je désirais le connaître. Lui faire savoir que j’existais et que je pouvais lui faire une place dans ma vie. Je ne savais pas encore laquelle mais je savais que j’en étais capable. Justement, à ce propos, je m’étais rapproché de lui. Pas concrètement, je ne l’avais encore jamais rencontré, mais je savais où le trouver. Et j’avais même envisagé d’aller à sa rencontre en début de la semaine suivante. Il faudrait juste que je ne me décourage pas d’ici-là.

Aujourd’hui par contre, c’était journée de détente. J’avais passé ma matinée à lire un roman à l’appartement, au calme. Mais après cela, j’avais ressenti l’envie de sortir du logement. Mon frère étant absent, j’étais seul et la solitude, ce n’était pas mon truc. C’est donc après avoir avalé des pâtes en office de déjeuner que je quittais mon appartement en début d’après-midi sans réel objectif. Juste une envie de se promener, de croiser des gens.

C’est dans cette optique que je me rendais à la station de métro King's Cross qui me permettait de rejoindre facilement le centre-ville. La voiture à Londres, c’était compliqué. Le taxi, c'était cher. Alors si l’on voulait se déplacer facilement et à moindre frais, il restait le métro et la marche (ainsi que les bus). J’enchaînais les pas qui me séparait de la station lorsque mes yeux se posèrent sur un individu face à moi. Nous allions en chemin contraire, sur le même trottoir. Du coup, s’il était actuellement à une dizaine de mètres de moi, le fait que tous les d’eux progression dans notre direction, réduisait la distance qui nous séparait.

Dans un premier temps, je ne comprenais pas pourquoi mon regard c’était arrêter sur cette personne. Mais le brouillard de mon esprit se dispersait en même temps que la distance s’amoindrissait. Arrivé à sa hauteur, je savais qui il était. « Hey Tim ! Je ne pensais pas te croiser ailleurs qu’à la bibliothèque. » Je lui faisais mon plus beau sourire. J’avais bien conscience que se faire aborder en pleine rue n’était peut-être pas la préférence de cet homme, mais j’étais vraiment ravi de le croisé en dehors des études.

Portable qui vibre dans sa poche tandis qu'il sortait de la rame de métro. Son meilleur ami, Lewis, venait de lui envoyer un message pour savoir quand est-ce qu'ils pouvaient se voir. Je vais chez ma mère, après je devrais être dispo ! Je te tiens au jus !, il ferma la conversation avec son meilleur ami, pour ouvrir celle avec sa colocataire pour l'informer qu'il risquait de passer la soirée avec Lewis comme ça il était certain qu'elle ne s'inquiéterait pas s'il ne réapparaissait pas de la soirée voire de la nuit. Il rangea l'appareil pour se diriger rapidement, mains dans les poches, vers la maison de sa mère qu'il n'avait pas vu de quelques jours. Entre le boulot, les vacances, le temps passés avec ses amis  - aussi bien ceux du monde Moldu- que Sovahnn et les gens qui passaient dans leur colocation il n'avait pas franchement le temps de s'ennuyer.

L'humeur était quand même bien meilleure qu'il y a quelques semaines, mais il restait encore beaucoup -énormément- de chemin à faire et son travail sur lui-même allait encore être éprouvant, éreintant, était loin d'être fini. Il s'inquiétait surtout pour le retour des cours où il retrouverait un rythme beaucoup plus éreintant qu'actuellement : est-ce qu'il arriverait à tenir sur la durée, ou est-ce qu'il finirait par s'écrouler de nouveau. Trop de monde à la fac. Trop de choses à prendre en compte. Beaucoup trop de stress. Et surtout, essayer de s'adapter continuellement aux autres pour ne pas paraître trop différents, pour cacher ses TOCs, sa façon d'être – celui qu'il pouvait vraiment être-. Oui, c'était au final ça qui l'inquiétait plus que le reste, mais pour l'instant, il essayait de profiter de ses vacances, du beau temps et tout ce qui s'en accompagne ! Dur, dur pour lui,  d'essayer de ne pas trop anticiper. Il avait ce besoin maladif d'avoir l'impression de pouvoir s'organiser au maximum, de gérer son emploi du temps et afin de pouvoir y attribuer ses diverses routines.

Rien que d'y penser, il sentait l'angoisse monter.
Inspirer. Expirer.
Tout irait bien.

Il n'était sous sous le joug des Inquisiteurs ce qui enlevait déjà une bonne grosse épine du pied, comme tout comme il renouait très doucement avec certains sorciers, travaillait la confiance qu'il pouvait leur accorder. Il n'était plus seul, ou quasi seul. Grâce à Sovahnn, sans aucun conteste. Grâce à sa merveilleuse amie d'enfance. D'ailleurs, il avait repris son téléphone pour lui envoyer un nouveau message Si je rentre ce soir je t'apporte des sushis =D... sinon ça sera pour demain et tu pourras me maudire toute la nuit par ce que tu vas en rêver...  Il savait qu'elle adorait ce plat ; et  c'était donc normal d'essayer de lui faire plaisir. Elle le méritait tellement.  

Absorbé par son fil de pensée, il ne remarqua que la silhouette qui se tenait à présent presque à sa hauteur lorsqu'il entendit son prénom. Il lui fit un petit sourire timide  avant de se passer rapidement, nerveusement presque, une main dans les cheveux. Heureusement cette fois, il savait qui il avait en face de lui et son prénom, il lui était déjà arrivé d'avoir comme des trous de mémoires ce qui rendait la conversation encore plus compliquée.

 « Hey salut Eireen ! Comment tu vas ? »  Il se tut quelques instants avant de continuer  « Ouais, ma mère habite dans le coin. Et toi qu'est-ce que tu fais par ici, t'habites dans le quartier aussi ?»

Vu la grandeur du dit quartier, il n'était pas étonnant qu'ils ne se soient jamais croisés, surtout  qu'ils n'avaient pas forcément les mêmes horaires. Ses mains retrouvèrent bientôt ses poches, cela lui évitait de se les triturer. Allez Timmy, dis quelque chose d'autres, tu peux arriver à faire une tenir une conversation....

 « Tu passes de bonnes vacances ? »

Basique, mais il n'avait aucune autre idée de ce qu'il pouvait bien lui dire.

Je ne sais plus quand exactement, j’avais rencontré Timothy. C’était en cours de la première année. Par contre, je me souvenais d’où je l’avais rencontré. C’était à la bibliothèque. En même temps, il fallait dire qu’en-dehors des cours et de mon appartement, c’était un pu l’endroit dans lequel je passai le plus de temps. Oh certes, Internet aidé beaucoup dans les recherches, mais c’était toujours une galère avec les sources. Et puis à la bibliothèque, il y avait une atmosphère que j’appréciais beaucoup. En plus d’une connexion internet pour compléter les recherches. Ce jour-là, j’avais, comme à mon habitude, décidé d’étudier aux milieux des rangées de livres, mais je m’étais retrouvé à court de place. En-tout-cas de place solitaire. Parce que de la place, il y en avait, mais il fallait partager la table avec un étudiant déjà installé. Chose qui ne me dérangeait absolument pas. Donc ni une, ni deux, j’avais abordé, avec calme et gentillesse, l’un des étudiants installé seul pour quémander un bout de sa table. Cet étudiant, c'était trouvé être Timothy.

Il avait eu la gentillesse d’accepter ma requête, ce qui m’avait permis de pouvoir m’installer sur une portion de la table. J’avais fait en sorte de ne pas prendre trop de place (de mon point de vue). Par contre, rapidement, je me suis intéressé à ce qu’il étudiait de son côté. J’avais une petite tendance pour la curiosité, mais c’était surtout parce que je n’avais été intrigué par la couverture d’un des livres qu’il consultait. La conversation avait commencé comme ça et un contact avait été établie.

Plusieurs fois, nous nous étions recroisés dans cette bibliothèque, mais aujourd’hui, c’est dans les rues même de Londres que nous avions la destinée de nous croiser. C’était surprenant en un sens. Oh bien sûr, je savais qu’il existait en dehors du bâtiment plein de livre, mais jamais je ne l’y avais encore vu. Ni même imaginé. Jusqu’à présent, il était surtout, le type de la bibliothèque. J’avais peut-être été un peu court d’esprit sur cette histoire. Dans tous les cas, il répondit à ma salutation et me demandait même comment j’allais. « Bien, merci, et toi ? » J’avais répondu en souriant et réellement intéressé de savoir comment il allait. Ça faisait un bon mois que je n’avais plus vraiment croisé les visages d’autres étudiants. À croire qu’avec la venue de l’été, nous étions tous devenues des inconnus les uns pour les autres. Après, j’étais la première à être rentré quelque temps chez mes parents pour une durée plus longue que le week-end habituel.

Timothy avait repris la parole pour m’informer que sa mère vivait dans le coin. Ce qui était certainement la raison de sa présence. Autrement, il n’aurait pas trouvé utiles d’aborder ce point. Il enchaînait ensuite sur la raison de ma propre présence dans le quartier et supposait du coup que je vivais peut-être dans le coin. « Exactement. Le quartier de l’université nous semblait le plus logique lorsque nous avions cherché avec mon frère. » Nous ne connaissons alors Londres que de nos week-ends en famille et de ce que nous en avions lu. Ainsi, il nous avait semblé logique de choisir le quartier qui nous serait le plus pratique. Bah surtout à moi, puisque si j’avais le projet d’étudier, mon jumeau avait préféré prendre la voie de la vie active. Heureusement, le quartier était plutôt bien placé avec son métro, il ne souffrait donc pas vraiment de l’emplacement lorsqu’il cherchait un nouveau travail.

À ma surprise, Timothy maintient la conversation en m’interrogeant sur mes vacances. À ma surprise, parce que d’ordinaire, c’était plutôt moi qui portais la conversation. Pas que ça me dérangeait, je n’avais pas trop de difficulté dans ce domaine. Mais il m’était agréable de voir qu’aujourd’hui mon auditeur sortait légèrement de sa réserve naturelle. « Oui, plutôt agréable. Et calme. Le rythme soutenu des différents cours me manque presque. » Je lui souriais. « Et toi ? Tu es resté à Londres tout le temps ? Tu as trouvé de quoi occupé ton temps ? » Bon, finalement, j’étais peut-être quelqu’un d’un peu curieuse, mais c’était plus de la curiosité poussée par l’envie d’animé la conversation que de l’espionnage de la vie de l’autre. « Oh, j’espère ne pas te mettre en retard auprès de ta mère. » J’étais avide de conversation, mais je ne voulais pas non plus créer un conflit dans la vie de Tim.

Il est vrai que c'était étonnant de croiser une camarade de la FAC ici, en pleine rue alors qu'ils n'avaient pas prévu de se voir. Quelque part dans son esprit, son angoisse augmentée, peut-être la peur que ce soit une envoyée des Inquisiteurs ou de quelque chose de similaire. Qui sait ce qui se passait-là-bas maintenant ? Il préférait l'ignorer d'ailleurs et continuer sa vie comme il le voulait ou plutôt le pouvait. Avancer. Progresser. Maintenant qu'il se trouvait face à elle, ici, il ne savait pas franchement comment se comporter, dans un premier temps, il avait donc tout simplement répondu à la question, c'était la chose la plus censée à faire, il n'allait quand même pas lui foutre un vent, même si c'était peut-être une option envisagée au fond de son crâne, par pas méchanceté, mais plus par ce qu'il n'avait pas prévu de parler à quelqu'un. Concentration, donc, pour ne pas paraître encore plus étrange qu'il devait l'être d'habitude. Il pouvait le faire, ce n'était qu'une conversation tout ce qu'il y a de plus normal : rien qui puisse lui arriver, alors il devait absolument se calmer.  « Ca va bien, merci ! »  C'était bien cette réponse, elle passait bien partout en plus ! Pas de prise de tête, pas trop de questions et tout ce genre de choses.

Néanmoins, bientôt d'autres questions florissaient dans son esprit, et il s' était bientôt retrouvé à lui expliquer que sa mère habitait dans le coin et à lui demander si elle aussi habitait dans le coin, c'était quelque chose qui lui paraissait normal ceci dit vu que ce n'était pas trop loin de l'université. Eireen avait d'ailleurs bientôt confirmé cette hypothèse, il opina doucement.  « C'est sûr que c'est un bon choix ! C'est quand même plus pratique pour aller à l'Université que de se taper des heures de transports !» Bon nombre de personnes le faisaient, mais lui avait beaucoup de mal avec les endroits trop peuplés c'était toujours compliqué de les pendre. Souvent il y allait donc à pied ou en roller. Il aurait pu être étonné qu'elle ne traîne pas avec son frère aujourd'hui, mais ce n'était pas quelque chose de pertinent : ils n'étaient pas non plus tout le temps collés l'un à l'autre... n'est-ce pas ?  Et il n'était pas certain que ça se faisait de demander comment il allait, le frangin ? A moins qu'il faille absolument demander ? Merde. Il en était franchement pas sûr !

Si bien qu'il avait fini par poser une autre question, qui marchait généralement assez bien. Celle-là, il était sûr de son coup ! Les vacances c'était toujours bien pour délier les langues, enfin du moins quand les gens aimaient parler et qu'ils en passaient de bonnes... Sinon et bien, il aurait encore mis une fois les pieds dans le plat.  « Ouais je travaille à temps partiel, on va dire dans un genre de chenil ou de SPA, et après .. à vrai dire je glande ci et là en voyant quelques amis ! Notamment Lewis, celui avec j'étais pas mal à l'Université. Tu as déjà dû le croiser.» Son meilleur ami et plus si affinité par moment, mais bon, ça c'était un autre sujet qui n'avait rien à rien. Ils étaient juste très souvent collés ensemble quand leurs horaires le permettait vu qu'ils suivaient des cursus différents.  « Ne t'inquiètes pas, je ne lui ai pas donné d'horaires trop précis ! » Et maintenant ? (oui Maintenant, Tim... tu vas dire au revoir bisous à la rentrée?)   «  Et  heu....c'est vrai, toi aussi t'aimes bien le rythme des cours ? Enfin je veux dire ce sont les cours que tu aimes, apprendre tout ça, ou plus l'ambiance qui te manque ?» Oui, cela pouvait paraître être une question un peu étrange, mais il se la posait vraiment, lui aussi aimait bien apprendre, les cours, découvrir de nouvelles choses, d'autant plus que ça lui faisait une certaine routine assez facile à suivre pour lui la plupart du temps... mais il y avait beaucoup de monde,  beaucoup de bruits et compagnie. Et il lui lançait donc un regard intrigué en ne se rendant pas forcément compte que c'était pas le meilleur moyen pour garder une conversation des plus intéressantes.

C’est fou ce que certaines réponses voulaient tout et ne rien dire. Comme : ça va bien. Je l’avais dit en première, il avait de même. Mais honnêtement, l’un comme l’autre, nous serions, nous empêcher sur nos problèmes, là, au milieu de la rue ? Ça va, c’était tellement facile de répondre ça. C’était même la réponse polie à question posée sous le joug de la même politesse. Parfois, on n'entendait même pas la réponse à la question. Combien de fois m’avait-on demandé "Hey, ça va ?" Avant de s’éloigner avant que je ne puisse emmètre une quelconque réponse. Finalement, cette question était peut-être juste inutile. Dans ce contexte en tout cas. Pourtant, je savais que si une telle situation se présentait, je la reposerais, parce que c’est ainsi que ça marche. Et j’aurais certainement la même réponse, dénué de sens.

Une fois les politesses échangées, nous nous retrouvions dans une véritable conversation. L’une de celle qui donnait de véritables informations sur l’autre. Pas forcément précieuse, pas forcément inédite, mais quelque chose de réel. Bien plus réel qu’une simple phrase de politesse. J’apprenais ainsi que la mère de Timothy vivait dans le même quartier que moi. Quartier que j’avais choisi pour sa proximité avec mon université. Comme j’en informais mon auditeur actuel. J’avais même évoqué mon frère dans l’histoire. Et c’est seulement maintenant où je m’interrogeais de savoir si je lui en avais déjà parlé avant. C’était fortement possible. Mon jumeau étant indissociable à ma vie, j’en parlais aussi facilement que d’autre parlé du temps. Il y a des jours où je suis sûr que les gens en face apprennent que j’ai un jumeau avant de savoirs une chose aussi banale que mon âge. L’espace d’un instant, je me disais que j’en parlais peut-être un peu trop facilement. Il ne serait décidément pas difficile pour quelqu’un de récupéré ce genre d’information sur moi. Heureusement que je n’étais pas de ces personne qui risquait de devenir une cible par leur métier.

Une fois cette pensée un peu étrange passée dans mon esprit, je me concentrais sur les paroles de Tim qui disait comprendre mon choix de vie à proximité du campus. M’évitant ainsi des heures de transports. « Oui, ce n’est pas faux. Bon après, il est vrai que le système de métro londonien facilite plutôt bien les déplacements dans la ville. » Et c’était peu exprimer, vue son étendue. De plus, c’était souvent plus rapide que la voiture qui se retrouvait prise dans les divers bouchons de la capitale. « Mais du coup, tu es dans quel quartier, toi ? » Non, parce que s'il était ici pour rendre visite à sa mère, ça voulait dire que de base, il n’y vivait pas. Donc où vivait-il ? Après, je n’étais pas sûr d’avoir le droit à ce genre de réponse. J’avais plus posé la question en écho à notre conversation que par réel intérêt. Par contre, je m’interrogeais aussi sur la raison pour laquelle il ne vivait pas chez sa mère. Il était jeune, étudiant, elle vivait dans le même quartier que son lieu d’études. De ce fait, ça aurait été tout bénéfice pour lui. Mais ça, ça devait être une autre histoire qui ne me concernait pas. Je ne poserais donc aucune question sur ce point.

Nous dérivions sur nos vacances. Bon, pour le coup, j’avais juste dit que les miennes avait été agréable et calme. Peut-être trop, le rythme des études et des fêtes m’ayant manqué certains jours. La vie à Limerick, auprès de mes parents, était géniale, et ça me faisait du bien de les retrouver pour plus longtemps que deux jours. Mais le changement radical de rythme, soudain, c’était fait ressentir. Timothy fut plus fourni dans sa réponse, puisqu’il parlait de son travail, puis de ses amis qu’il avait vus de temps à autre. Il invoquait alors un certain Lewis que j’avais probablement déjà croisé. C’était fortement possible. « Là, tout de suite, ça ne me dit rien, mais en même temps, il y a tellement de monde sur le campus, que je n’arrive peut-être juste pas à retrouver son visage dans ma mémoire. » Je souriais, ce n’était pas faux. Parfois, vous connaissez quelqu’un, mais lorsque l’on vous en parle, vous ne savez pas dire de qui il s’agit. Jusqu’au déclic. Qui généralement correspond au moment où vous voyez son visage. Et l’on prononce cette bonne vieille phrase "Ah, mais oui, c’est lui…". Typique. Peut-être que Lewis, c’était l’un de ces cas. « En-tout-cas, contente que tu passes de bons moments. Et ton travail doit effectivement d’occuper un certain temps. » À travailler avec les animaux, il devait en apprendre des choses.

Lorsqu’il reprit la parole, j’entendais bien qu’il était un peu hésitant, même confus sur ces paroles. Je ne fis rien remarquer. S’il y avait une chose que j’avais bien comprise chez Tim, c’était qu’il était plutôt timide. Et je fréquentais un introverti de première classe, en place de jumeau, depuis suffisamment longtemps (toujours en fait) pour savoir, qu’il ne valait mieux pas faire remarquer l’hésitation. Autrement, c’était le braquage assuré. « Oui, j’aime beaucoup le rythme des cours. Que ce soit pour apprendre ou pour l’ambiance. J’ai un caractère facile avec la foule, mais je sais que ce n’est pas donné à tout le monde. Quant à apprendre. J’aime réussir ce que j’entreprends, alors oui, j’aime étudier, puisque c’est ça qui me permet d’avancer. » Je lui souriais de nouveau. « Et toi, les cours de manque aussi ? Quoique j’imagine que tu dois tout de même découvrir pas mal de chose avec ton boulot, non ? »

Il acquiesça doucement lorsqu'elle parla du système de métro londonien qui permettait d'habiter un peu éloigné de la fac sans pour autant trop s'ennuyer à venir. Le temps de trajet était juste beaucoup plus long, le souci c'était surtout le coup d'un tel abonnement ! M'enfin, là n'était pas vraiment la question non plus !

 « Après, j'ai grandi dans ce quartier alors j'me vois mal te dire qu'il y en a de beaucoup mieux des quartiers, même si c'est vrai !» Il aimait cet endroit, il y était attaché malgré tout, et aujourd'hui il fallait bien avouer que ça lui simplifiait quand même pas mal la vie. Il haussa un peu les épaules avant d'ajouter  « Vers Brixton, c'est beaucoup loin, mais c'est aussi un quartier sympa ! »

Officiellement, c'était effectivement dans ce quartier qu'il habitait à présent officieusement ce n'était pas du tout le cas, mais il ne pouvait pas lui dire. Comment est-ce qu'il aurait pu expliquer qu'il habitait au final loin de la capitale et qu'il se déplaçait par porteloin. En attendant, il espérait qu'avec la rentrée scolaire tous ces « voyages » ne seraient pas trop compliqués et qu'il arriverait à tout gérer... mais il aviserait en temps voulu. Peut-être aurait-il pu dire qu'il vivait là-bas avec sa meilleure amie d'enfance, ou quelque chose dans ce goût là, ce qui était vrai, mais... il avait préféré taire le détail, comme s'il craignait que cela puisse mettre d'une quelconque façon Sovahnn en danger.

Lorsqu'il comprit qu'elle ne voyait pas qui était Lewis – et pourquoi-, il se sentit un peu con. C'est vrai qu'il y avait tellement de monde à la Fac, même s'ils s'étaient croisés quelques fois alors qu'il était avec son meilleur ami, elle ne pouvait pas s'en souvenir ! Il lui fit un petit sourire désolé. C'était vraiment un truc con qu'il venait de dire là, ceci le malaise sembla se dissiper assez vite car elle avait repris avec une  note beaucoup plus positive.

 « Ouais, c'est vraiment sympa ;.. Et je trouve ça reposant d'une certaine manière de travailler d'animaux, par ce que... ils demandent pas grand chose, ils ne te jugent pas et ce genre de choses. Ils veulent juste qu'on joue avec eux, qu'on les promènes, qu'on s'occupe d'eux.»

Et ça, pour lui c'était quelque chose qui lui faisait du bien, qu'il adorait. Est-ce qu'il préférait les animaux aux humains d'une certaine manière oui. Déjà, par ce qu'il avait du mal avec les interactions sociales, et avec les animaux ça se passait toujours bien ; mais en plus avec les bêtes, il n'avait rien à prouver, il pouvait être lui-même. Il se passa une main dans les cheveux tandis qu'elle reprenait la parole.  Il n'était pas vraiment étonné de sa réponse, elle semblait avoir une grande curiosité intellectuelle et il avait déjà pu voir qu'elle était plutôt du genre sociable.

 « Ouais, j'aime bien apprendre moi aussi de nouvelles choses ; mais comme tu as déjà dû le remarquer le foule et compagnie c'est pas trop mon truc... Donc ouais, ça me manque un peu quand même mais certainement beaucoup moins qu'à toi.» Il lui fit un petit sourire en coin  « Ouais, j'apprends pas mal de choses, si je ne réussis pas dans mes études, je pourrais même envisager de me tourner vers cette branche... mais pour l'instant ce n'est pas non plus à l'ordre du jour.»

De toute manière, il réussissait à avoir son diplôme, il comptait bien essayer de se tourner plus dans les documentaires/journalisme animalier qu'autre chose. Il restait quand plus ou moins dans la même voie. Silence, donc à présent et il cherchait ce qu'il pouvait bien dire. Qu'est-ce qui se faisait ou pas ? Il eut une brève grimace en ne trouvant aucune formulation, aucune idée...

 « Ton frère va bien aussi ? Heu … Vous traînez souvent ensemble non ?  Enfin, il me semble vous avoir vu souvent ensemble à la fac … et c'est « connu », mais ptet faux ceci dit, que les jumeaux c'est assez inséparable.»

Là, Tim, tu aurais mieux fais de te taire... par ce que là c'était vraiment un essai plutôt raté..  Mais un essai quand même. Peu mieux faire donc, en quelque sortes. Il se racla d'ailleurs la gorge dans une moue gênée qui voulait clairement dire qu'il était désolé d'être aussi nul pour poser des questions, guider, une conversation.

Alors que Tim confirmait d’un caquètement de sa tête que le métro londonien permettait de circuler facilement dans la capitale, je m’interrogeais de savoir s’il avait à sa connaissance que c’était le plus vieux aux mondes. En-tout-cas, c’était le cas de la première ligne. Les autres ayant été construites par la suite. Mais ça faisait quand même du métro londonien le vieux réseau métropolitain du monde. Je trouvais que c’était un fait intéressant. Surtout si l’on rajoutait à ça que le diagramme schématique qu’était la carte du plan de métro était aussi le premier de ce type à être utilisé. Et est aujourd’hui repris par quasiment tous les réseaux de lignes de transport dans le monde. Par moments, l’architecture me montait vraiment à la tête. C’est dans ce contexte que j’avais appris la première information. La seconde, je l’avais juste prise en note alors que je cherchais à mieux comprendre le développement du métro londonien. Oui, c’est n’était pas l’une de ces tours impressionnants ou vielle construction sublime qui dotait nos villes. Mais ça rester une prouesse architecturale.

La voix de Timothy se faisait entendre, ce qui me permettait de revenir dans la conversation du jour. Il évoquait le fait qu’il avait grandi dans ce quartier et donc qu’il pouvait difficilement dire qu’il y avait mieux, même si c’était le cas. Je souriais à cette observation. Il était vrai que l’on avait toujours du mal à ne pas être subjectif dans nos informations lorsqu’elles étaient teintées de souvenir d’enfance. Qu’ils soient bons ou mauvais, souvent, ils retentissaient sur l’environnement ou ils s'étaient produits. Laissant à ce dernier un sentiment fort, positif ou négatif. Pendant ce temps, mon correspondant du moment m’informait qu’il vivait vers Brixton. Je tâchai de me souvenir où était ce quartier, j’en avais déjà entendu parler. Mais ça ne faisait qu’un an que je vivais à Londres et j’avais encore du mal à visualiser certaines zones. Il me semblait que c’était au sud de la tamise. De ce fait, déjà de l’autre côté du fleuve par rapport à mon lieu de vie. Il me faudrait revoir une carte pour le localiser plus précisément. À l’occasion, rien ne pressait. Et puis ce n’était pas comme si je voulais espionner Tim. Finalement, l’information que le quartier se trouvait loin me suffisait pour le moment.

La conversation dérivait alors sur les vacances et les occupations que nous avions eux pendant ces dernières jusqu’à présent. Il avait évoqué son travail que j’avais jugé d'intéressant, ce qu’il l’avait conduit à en parler avec plus de détail. Je compris qu’il était bien plus à l’aise avec les animaux que les humains. Était-ce du jugement qu’il avait peur des Hommes ? Non, parce qu’il venait de préciser qu’il appréciait le fait que la faune ne portait pas de jugement sur nous. Ce n’était pas faux, finalement, ces bêtes était peut-être bien plus intelligente que nous, les êtres-humains. J’informais de mon accord à sa manière de penser par un sourire et un acquiescement de la tête.

Une nouvelle fois, le sujet de conversation changeait. Cette fois, nous parlions études. Il faut dire que tous les deux étions sur les bancs de la même faculté. Mais pas le même cursus. Et si, personnellement, je me plaisais à vivre complètement la vie étudiante, ce n’était pas le cas de Tim qui avouait ne pas apprécier la foule. Il enchaînait ensuite sur le fait qu’il appréciait effectivement son travail envers les animaux et que ça pourrait être une porte de sortie s’il ne réussissait pas ces études actuelles. « Tu sais, on a chacun nos caractères. Je suis sûr que tu as des facilités pour des éléments que je serais incapable de faire, ou difficilement, parce que je n’aurais pas un caractère adéquat. » Je lui souriais. « Et puis si nous étions tous pareils, je pense qu’on se ferait sacrement chier. » Conversation plate, pas d’opposition, plus besoin de tacher de déchiffré l’autre. Non, vraiment, on perdrait beaucoup. « Autrement, je suis sûr que tu es bon étudiant. Vu le temps que tu passes à la bibliothèque. Alors pourquoi tu ne réussirais pas. Et si un jour, tu as besoin, je pourrais te coacher ! » Je pouvais difficilement lui refiler des cours puisque l’architecture et le journaliste était deux cursus plutôt différents. Mais le coaché à l’apprentissage et la révision. Je serais le faire.

Nouveau tournant dans la conversation. Timothy me questionnait sur mon frère. Une nouvelle fois, il s’emmêlait les pinceaux. Mais cette fois, il fallait reconnaître que ce ne serait pas le premier ou le dernier. Le cas des jumeaux intriguait beaucoup et il n’était pas rare que l’on me pose ce genre de question maladroitement. Par contre, je me disais que mon frère traînait finalement un peu trop sur le campus si Tim nous avait déjà vus plusieurs fois ensemble. Surtout lorsque l’on considérait qu’il n’était pas du tout étudiant. Il avait préféré choisir la vie active, ne trouvant pas sa voix. Un jour peut-être. « Il va bien, merci. Il travaille actuellement. He oui, on traîne souvent ensemble. Il faut dire qu’il a été mon premier coloc et que le premier logement s'avérait plutôt étroits. Ça rapproche. » Je rigolais à l’allusion de notre vie utérine. « Oui, nous sommes assez fusionnels et n’avons jamais été séparées. Toujours fourré l’un avec l’autre. Alors quand j’ai voulu étudier à Londres, il a suivi naturellement, même s’il ne souhaitait pas étudier, Londres lui convenait pour vivre. Nous avons des caractères assez différents. Lui non plus, les fêtes ce n’est pas son truc. Parfois, je me dis que nous sommes complémentaires. Je ne me vois pas vivre sans lui, même dans le cas où il m’agace parfois parce qu'il veut absolument me protéger. » Je souriais à cette anecdote. « J’ai répondu à ta question ? » Non, parce que je savais que de temps en temps, je pouvais me disperser. Alors je préférais vérifier qu’il avait eu la réponse qu’il cherchait. « Et toi, des frère et sœur ? Pas forcément de sang. Moi, je suis liée ainsi, mais j’entends que d’autres fratries existent. La solitude n’est pas bonne pour l’Homme. » Et je savais qu'occasionnellement les liens du cœur était aussi fort que les liens du sang. La preuve, j’avais un père avec qui je ne partageais aucun gène et j’avais un géniteur dont je savais à peine le nom.

Pour une fois, il ne se débrouillait pas trop mal.. même si c'était encore loin d'être une conversation de haut niveau, au moins il arrivait à répondre à poser des questions qui paraissaient plus ou moins pertinentes. Eireen était bien sympathique et lui répondait toujours, elle faisait de son mieux pour lui laisser des marges de réponses comme si elle comprenait un peu son mode de fonctionnement. A moins qu'elle soit patiente, très patiente. Il ne savait pas trop quoi en penser mais c'était juste assez agréable, enfin une qui ne semblait pas le prendre totalement pour un alien lorsqu'il parlait des animaux ainsi, qui ne semblait pas juger au premier abord. Lorsqu'elle avait repris la parole, il acquiesça doucement, oui, il avait effectivement quelques facilités ci et là mais cela ne compensait pas ses complexes, ses difficultés avec le reste du monde ; mais là encore elle se montrait douce, gentille et compréhensive si bien que le nouveau sourire qu'il lui fit était un peu plus franc et marqué.


 « Merci beaucoup Eireen ! Mais tu veux me coacher dans quoi, je ne suis pas sûr de comprendre... » Vu qu'ils n'avaient pas les mêmes cours... il avait l'impression que quelque chose lui avait échappé. Il prenait beaucoup de choses au premier degré alors qu'il ne le fallait pas et il n'arrivait pas à définir si c'était le cas ici ou pas. Tim se racla un peu la gorge avant de continuer  « Tu sais il y a des gens qui ont des difficultés et qui étudient quand même vachement... enfin moi ça va. J'suis plutôt bon dans les devoirs écrits.» C'était même un peu plus que ça... et il aurait pu être excellent si les médocs ne ralentissaient pas tant que ça, sa mémoire. Cette impression de brouillard la plupart du temps qui le submergeaient et dont il avait beaucoup de mal à se dépêtrer.  « Ouais, c'est vrai, c'est ce qu'on dit que si on était tous les mêmes on se ferait chier... mais, tu sais, des fois la « différence », ce n'est pas simple non plus à gérer.» il haussa un peu les épaules avant de continuer  « Combien se retrouvent seuls, par ce qu'ils sont bizarres ou je ne sais pas quoi, au moins ça résoudrait ce souci, tu ne crois pas ?» Turner se tut quelques instants avant de grimacer un peu et d'ajouter, plus doucement, d'une voix un peu gênée  « Désolé... C'est stupide, oubli, on est pas dans un débat philosophique à la con. C'est pas intéressant. Je me suis emballé...»

Pour rien en plus. Juste cette envie de comprendre comment fonctionnait le reste de la populasse, ce que ça faisait d'être dans la norme sans essayer sans cesse de devoir s'adapter. Il comprenait bien sûr ce qu'elle avait voulu dire par là, tout comme il savait qu'elle avait raison. Alors pourquoi est-ce qu'il avait encore dû une fois fait son mec un peu relou ? Pourquoi est-ce qu'il n'avait simplement pas pu se la fermer pour une fois ? Il avait tenté de coup d rebondir sur autre chose qui n'avait rien à voir et il posa donc des questions sur le frère de sa camarade. Basique, encore une fois. Elle lui avait confirmé qu'ils étaient toujours très fusionnels même s'ils étaient différents, la preuve lui n'étudiait pas et bossait... et visiblement le garçon lui ressemblait plus. Voilà peut-être pourquoi est-ce qu'elle savait si bien s'y prendre avec lui. Il eut un petit sourire timide avant de reprendre

 « Ouais, donc en gros tu nous mets, lui et moi, dans la même pièce on va pas arriver à dire deux mots et on entendre les mouches voler ?» Oui, c'était une forme d'auto-dérision comme une autre... Allez il valait mieux en rire...  « Et ouais, tu as totalement répondu à ma question.»

Par contre la suite était un sujet beaucoup plus compliqué pour lui. Ahaha ses sœurs, si on pouvait appeler ça comme ça. Il pouvait sentir l'angoisse monter rien qu'à devoir répondre à cela, et pourtant, il aurait dû se douter qu'elle lui retournerait la question. Il se rongea nerveusement un ongle et finalement il se décida à répondre

 « J'ai des demi-soeurs, plus âgées, mais on ne s'entend pas du tout.» Grimace blessée avant de reprendre avec un sourire  « Par contre oui, j'ai une grande sœur de cœur. On était voisins quand on était gamins... et c'est la fille la plus merveilleuse que j'ai jamais rencontré. Elle est gentille, toujours souriante, chaleureuse, attentive, hyper empathique. Je ne sais pas comment la décrire mais... c'est une des personnes les plus importantes de ma vie, une dans le top trois en tout cas.» Avec sa mère et Lewis. Il se tritura nerveusement les doigts avant de reprendre  « Et tu as, toi, des gens comme ça à part ton frère bien entendu ? » Ou est-ce que leur relation de jumeau était auto-suffisante ?

Prenez deux étudiantes et faite lès se croiser dans la rue, ils parleront cours à un moment ou à un autre. J’en étais la preuve vivante ce jour avec Timothy. En même temps, c’était un peu le sujet assuré sans gaffe. Ne connaissant pas toujours la vie des autres, il était tellement simple de mettre les pieds dans le plat. Alors que si on partait sur un sujet sécurisé (comme les cours), on était un peu près sûr d’évité la misère, le malaise, les effets néfastes sur la conversation. En parlant cour, j’avais tenté une proposition de coaching, juste comme ça, en passant. Elle fut reçue avec joie, mais confusion. C’était compréhensible. « Je suis très bonne pour les révisions intensives. Je pose les questions comme personne. » Je souriais, puisqu’il n’avait peut-être même pas besoin de cela. Comme s’il avait suivi ma pensée, les paroles qu’il énonçait par la suite, confirmèrent cette impression. En effet, je crus comprendre qu’il n’avait pas vraiment de difficulté pour les cours, surtout les écris. « Tant mieux alors. Par besoin de révision intensive. Ce n’est pas plus mal. » Parce que les révisions intensives, c’était tout de même du sport.

Alors que j’avais soulevé, quelques minutes plus tôt, le fait qu’on se ferait certainement chier si tous les caractères étaient semblables. Tim me répondait de son point de vue. À savoir qu’être différents n’était pas forcément simple à gérer. J’éprouvais donc le sentiment de ne pas forcément avoir utilisé les bons mots. Je n’avais pas voulu blesser mon interlocuteur du jour, mais pourtant, je l’avais fait d’une certaine manière. Il posait ensuite une question sans non-sens sur le fait que si nous avions tous le même caractère, il n’y aurait personne qui se retrouverait seul. C’était vrai, la solitude pouvait peser à certains. Il était exact, aussi, que nous étions dans un monde ou parfois la différence était plutôt mal vue. C’était dommage. Moi-même, j’en avais été plutôt épargné, mais j’avais tout de même une vision du monde autour de moi. Alors que j’allais répondre à cette question, il reprit la parole pour s’excuser. « Tu n’as pas à le faire. C’est ce que tu penses. Alors, oui, la philo en pleine rue. Ce n’est pas l’idéal… » Il fallait être réaliste, les gens nous frôlait quasiment toutes les dix secondes. « Mais tu as le droit de ne pas être d’accord avec ce que je dis. Et je le comprends. Je n’aurais peut-être pas dû dire ces mots comme ça. Je ne voulais pas que tu te sentes exclu. Je voulais juste dire, que moi, je trouve ça bien qu’on n'ait pas tous les mêmes caractères. Après, tu as raison, la société est ce qu’elle est. Et parfois, c'est plutôt navrant… » Cette conversation devenait effectivement digne d’un débat d’une salle de classe. « Et je suis désolé si je t’ai froissé, blessé ou autre, je ne voulais pas. »

Par la suite, la conversation se déviait sur mon frère, mais surtout sur la gémellarité qu’il y avait entre nous deux. J’avais alors évoqué notre fusion, mais aussi nos différences, car nous avions quelques-unes. Que ce soit ce que nous attendions de la vie, nos caractères ou encore notre intégration dans ce monde. Nous étions jumeaux, née le même jour, des mêmes parents, mais radicalement différents. Timothy rebondissait sur mes paroles en évoquant le fait que s’ils étaient tous les deux (lui et mon frère) dans la même pièce, ils ne sauraient dire un mot. Je rigolais à cette observation. Qui était des plus juste à mon avis. « C’est plus ou moins ça. En même temps, si ni l’un, ni l’autre en éprouve le besoin. Entendre les mouches voler, c’est pas mal non plus. » Après, sûr, ce n’était pas mon caractère, mais comme je l’avais dit plus tôt, chacun avait le sien.

Puisqu’il m’avait questionné sur mon frère, je m’étais permis de l’interroger sur la potentialité qu’il avait lui-même une fratrie. Il m’informait avoir les demi-sœurs plus âgées, mais montrait clairement qu’il ne s’étendrait pas plus sur le sujet, puisqu’ils ne s’entendaient pas du tout. Je respectais, chacun avait ces problèmes de famille. J’avais tout de même un petit pincement au cœur pour lui à ce sujet. Par la suite, il me parlait de sa sœur de cœur. Elle avait l’air géniale et il avait l’air de l’adorer. Mon pincement au cœur s’envolait, rassuré qu’il est tout de même un amour fraternel. L’un des trois personnes les plus importantes de sa vie. Il avait un top trois ? Je n’avais résonné comme ça, mais en même temps, maintenant que j’y pensais, il était tout fait. Mon frère et mes parents. Ah, il manquait ma grand-mère. Je pouvais avoir un trop quatre au lieu de trois ? « Elle a l’air géniale. Contente que tu es quelqu’un de comme ça dans ta vie. Profites-en. » Quand on avait un soleil, il fallait s’y exposer un maximum. Tim me demandait alors si j’avais des personnes de même type dans mon entourage. « Des soleils ? J’ai bien ma grand-mère, mais c’est un peu le rôle de toutes les grand-mères. En-tout-cas, c'est l’idée que je m’en fais. Peut-être influencé par la mienne. Je ne le nie pas. Autrement, je n’ai pas d’amis dont je suis aussi proche que tu as l’air de l’être. Par contre, j’ai un père, qui n’est pas mon père, mais je considère comme mon père, parce qu’il m’a élevé comme sa fille. » Je pris un temps pour repenser à la phrase que je venais de prononcer. Je n'avais pas choisi le moyen le plus simple pour en parler. « Peut-être pas très clair. Mais en gros, il a épousé ma mère, nous a élevées comme ces enfants et bien qu’on ait aucun lien de sang ou autre, il est mon père. » Comment j’en étais venu à parler de ça moi ? « Décidément, on en apprend plus aujourd’hui sur l’autre que lorsqu’on échange aux campus. » Et ça en plein milieu de la rue. Nous étions décidément étonnants. « Et du coup, Lewis, celui avec qui tu traînes pas mal à l’université et dont je n’arrive pas à me souvenir, encore désolé, c’est l’un de tes proches amis ? » Non, parce que s’ils traînaient souvent ensemble et ceux même en vacances, c’est qu’ils devaient être bon ami, non ? « Il étudie quoi ? » Là, c'était surtout pour essayer de me souvenir vraiment de qui il pouvait être sur le campus.

Elle avait même réussi à lui soutirer un très léger rire lorsqu'elle lui dit qu'elle posait les questions de révision comme personne. Oui, il trouvait ça amusant, il était même curieux de savoir ce qu'elle pouvait lui sortir comme question pointue. Il pencha un peu la tête sur le côté, avant de lui faire un nouveau petit sourire timide.  « Bah écoute, je retiens ta proposition avec plaisir... quand tu dis que tu es bonne pour poser les questions... est-ce que ça veux dire que tu es vicieuse aussi ?» Poser des questions vicieuses, voilà ce qu'il voulait dire même si ce n'était pas forcément des plus clairs, mais au moins il essayait de plaisanter à sa manière ce qui était plutôt une bonne chose, il ne le faisait pas avec tout le monde.  « Oui, les révisions intensives c'est bien aussi juste avant les partielles, mais je suis plus du genre à tout faire au fur et à mesure, ça évite quelques désillusions et de ne plus savoir où donner de la tête, voire de faire des impasses comme le font certains. Mais après chacun sa façon de faire !» Beaucoup étaient meilleurs avec le stress, la deadline, ce qui n'était pas du tout son cas au contraire ça avait tendance à lui faire perdre un peu trop ses moyens ; il était déjà assez anxieux comme ça dans la vie.


Bientôt le sujet avait un peu changé, c'était toujours plus que cordial vu qu'ils discutaient  et donnaient simplement leur point de vue, mais cette fois-ci, il n'était pas entièrement d'accord avec la jeune femme. Il était d'accord avec elle en parti, pour la plupart des gens c'était vrai, mais lorsqu'on était vraiment différent et qu'on voulait juste entrer dans le moule, ne pas se faire remarquer que tout le monde soit plus ou moins pareil aurait quand même été une bonne chose... mais bien sûr, c'était quelque chose de difficile à comprendre pour la plupart des gens, et puis, même s'il paraissait bizarre, il arrivait quand même à s'intégrer plus ou moins avec certaines personnes. Il ne parlait pas forcément que de lui, mais effectivement c'était un travail de chaque minute, c'était prenant, épuisant. Néanmoins une fois ce qu'il avait débité  sorti, il se dit qu'il y était peut-être allé un peu fort, c'était entrer dans un débat et des considérations qui n'avaient à la base rien à rien faire ici, il s'était un peu « emporté ». Il fronça les sourcil très légèrement, avant d'hausser un peu les épaules lorsqu'elle avait repris la parole, il ne voulait pas d'excuses, elle n'y était pour rien...  « Non, mais c'est pas toi, c'est même pas forcément par rapport à moi... enfin si c'est un peu mais pas que. Oui, c'est bien que l'on est pas tous les mêmes caractères, j'en ai conscience, sinon c'est vrai que ça serait compliqué... on serait tous des copies conformes... Ce que je voulais dire, c'est que parfois, la différence ce n'est pas simple.» Alors, Tim, on sort les rames ? Il ne savait plus comment s'expliquer.  « Enfin tu n'as pas à t'excuser pour ce que tu as dis, c'était juste... normal et compréhensible. C'est moi qui suis peut-être un peu trop tatillon sur le sujet, c'est tout !»


Lorsqu'ils avaient évoqué le sujet de la gémellarité et qu'il avait compris que son frère lui ressemblait plus à lui, il avait tenté une plaisanterie et il eut un vague très léger rire lorsqu'elle lui avait répondu. Forcément la question sur ses sœurs à lui était tombée, il l'avait rapidement balayée pour parler beaucoup plus en détails de sa sœur de cœur, de son amie d'enfance aka Sovahnn.  Elle, elle était son rayon de soleil, elle, au moins était une vrai bonne personne. Quelqu'un sur qui on peut compter et qui ne juge pas.  « Ne t'inquiètes pas, je sais que j'ai de la chance et j'en profite le plus possible de l'avoir dans ma vie.» Grand-mères ? Ouais, sujet pas simple là non plus. Ce qui était étrange c'est qu'elle ne semblait pas avoir d'amis proches ? Pourtant elle semblait quelqu'un de sociable … quelque chose semblait lui échapper, probablement. Et la question du père lui dit froncer les sourcils et avant même qu'il n'eut besoin de poser la question elle donna un peu plus d'explications !  « Comment ça se fait que tu n'es pas d'amis proches ? Enfin si c'est pas indiscret, par ce que t'as l'air quand même super cool...» Ne sachant pas trop quoi dire sa famille, il avait préféré ne pas poser plus de question ou dire quelque chose là-dessus. Et puis, il n'avait pas envie de dire que c'était aussi compliqué avec son père. En fait qu'il n'y avait qu'avec sa mère – qui elle ne s'était jamais remariée- que c'était simple dans sa famille -et William, mais là ça partait encore dans des choses plus compliquées-.  « C'est mon heu.... ouais meilleur ami semblerait le meilleur terme.» Un peu plus compliqué que ça en vérité, mais sex friend n'allait pas non plus, ex petit ami aurait aussi été un bon terme mais … mais vu que ça redevenait de plus en plus ambigu entre l'ex ne serait pas forcément vrai longtemps. Il était un peu perdu là-dessus. Meilleur ami semblait donc le terme le plus vrai. Mais c'était avec un grand M et un grand A ? Meilleur Ami, écrit avec toute sa beauté, avec ce mien de proximité qui les unirait toujours.  « Il étudie l'informatique... mais tu peux le voir pas mal aussi en salle de musique ou toujours avec une guitare sur l'épaule. Un grand garçon qui a eu à un moment les cheveux hyper blonds décolorés... mais bon y'en a beaucoup des comme ça, alors je t'aide pas beaucoup.» dit-il en grimaçant un peu. Il aurait pu parler, s'étaler sur son rire, son charisme, ses yeux, tout le reste mais non. Il se racla la gorge avant de sortir son téléphone de sa poche pour lui montrer une photo, comme ça au moins, elle verrait qui c'était.

Vicieuse ? Est-ce que j’étais vicieuse ? Je regardais Timothy d’un regard interrogatif. Pourquoi cette question ? Avais-je la tête de quelqu’un qui poussait au vice ? Et puis je me souvenais que l’on parlait de coaching par question. Ça devait avoir un lien. C’était peut-être ma capacité de poser des questions vicieuses qui étaient visées et non le trait de caractère. Donc, est-ce que je posais des questions vicieuses ? Je n'en savais trop rien. Il fallait généralement bien connaître le sujet pour faire pareille chose. Et sans ce point. Était-il pédagogique de poser une question de telle sorte ? « Euh… Je ne crois pas… Complexe, certainement. Pouvant conduire aune erreur commune, fort probablement, mais vicieuse, je ne pense pas. » Quant à l’intensité des révisions, c’était chacun sa manière de faire. Comme le disait plus ou moins l’étudiant en journaliste pendant qu’il expliquait que lui était plutôt du genre à travailler au fur et à mesure. « J’avoue être pareil. En plus, j’ai la chance de plutôt bien enregistré ce que j’entends en cours. Mais c’est à double tranchant, si je loupe un cours, j’ai plus de mal à comprendre ce dernier par la suite. » Ah, la mémoire auditive.

Et puis nous parlions caractère. Différent d'abord, puis similaire. Une phrase de ma part sur le fait que si tous les caractères était semblable, nous pousserait à nous ennuyer plus rapidement. Timothy évoquait la difficulté qu’il pouvait y avoir d’être différent, de ne pas coller au moule. Il s’excusait ensuite de s’être laissé emporter dans son élan. Excuse que je trouvais inutile, d’abord parce que si tous les gens s’emportaient comme lui, nous n’aurions plus vraiment à craindre des violences. Il était resté calme et claire, il n’avait fait qu’exprimer son avis. Justement, le voici le second point : Je ne trouvais pas mal d’exprimer son point de vue. Au contraire, l’on pouvait même apprendre à grandir de notre côté en les écoutant. On ne devrait pas se retenir de s’exprimer. Quoique, peut-être que si, mais seulement pour certains idiots. Quoi ? Toute règle avait ces exceptions, non ? « C’est ton droit d’être tatillon. Parce que tu te sens concerné. C’est compréhensif. » Par contre, j’espérais un peu que l’on change de sujet, parce que je commençais à sentir un malaise sur ce coup.

Il semblait que le destin m’accordait ce point, puisque le sujet de conversation dérivait sur nos familles avant de glisser un vers nos amis. Timothy évoquait son soleil, je lui insufflais d’en profiter, ce à quoi il m’avouait que je n’avais pas à m'inquiéter, parce qu’il savait qu’il avait de la chance. Je souriais à cette phrase, content qu’il est de tel ami. J’avais beau ne pas le connaître parfaitement, et même seulement apprendre à la découvrir, il paraissait être gentil et sympathique, je ne pouvais donc que lui souhaiter le meilleur. Alors que j’étais dans ce genre de pensée, Tim prenait la parole pour me poser une question. Et quelle question : Il m’interrogeait sur le fait que je ne semblais pas avoir d’ami proche. Je restais, quelques secondes, figé devant cette question. Il est vrai que je n’avais pas de relation avec autant de proximité avec qui que ce soit. J’avais des amis, mais pas de meilleur ami, pas dans le même sens que lui en tout cas. Je souriais en entendant que j’avais l’air super cool. C’était donc ce genre d’image que je donnais ? « Je n’en sais rien. Je n’ai peut-être pas croisé les bonnes personnes encore. Et puis mon frère a toujours pris beaucoup de place, il est aussi mon ami, me connais mieux que personne, sais quand ça ne va pas et est super protecteur. » Un peu trop certain jour et peut-être que notre relation/complicité pouvait effrayer ceux que l’on rencontré. Surtout que mon jumeau avait pour trait de caractère d’être plutôt introvertie. Et comme nous étions déjà un bloc, pas facile à séparer plus que quelques heures, ça découlait peut-être plus sur moi que ce que je pensais.

En parlant amitié, moi, j’avais interrogé Tim sur l’homme qu'il évoquait un peu plus tôt. Un certain Lewis que j’avais apparemment pu croiser sur le campus, mais dont je ne semblais pas me rappeler pour le moment. La réponse de ce dernier était étrange, il semblait hésité sur le thème pour qualifier la connaissance, car s’il avouait que son ami semblait être son meilleur ami, la phrase en elle-même exprimé sur doute. Intrigué par ce dernier, je faisais tout de même le choix de ne pas creuser dans cette direction. Je ne voudrais pas le braquer de nouveau. Timothy reprenait alors la parole pour déclarer que l’ami en question étudier l’informatique, mais jouer aussi de la musique. Il se lançait alors dans une tentative de description physique, avant de se raviser en disant qu’il y en avait beaucoup dans le genre. Je ne pouvais que confirmer, sans particularité particulière physique, j’ai bien peur qu’il ressemblait a beaucoup d’autre étudiant. « J’avoue, ça n’aide pas. » Et puis sur le campus, il m’arrivait souvent de juste avancer. Je ne faisais pas forcément attention à tout le monde, sauf si on m’adressait un geste ou parole. Un peu comme vous vous déplacez dans la rue. Faites-vous vraiment attention aux gens que vous croisez ? Non, par contre un visage que vous connaissez vous arrêterez peut-être. Comme ça avait été mon cas lorsque celui de Tim était apparu dans mon champ de vision. Justement, ce dernier était passé à une offensive différente, puisqu’il avait sorti son téléphone pour me montrer directement une photo. La beauté de la technologie. Je prenais alors un instant pour regarder l’image qu’il me présentait. « Non, définitivement, il ne me dit rien. J’ai dû le croiser sans jamais lui parler. Comme quoi, il reste encore beaucoup d’inconnue autour de nous. »

Pourquoi est-ce qu'il avait posé cette question stupide sur le fait d'être vicieuse ! Sérieusement. Il méritait des paires de baffes lorsqu'il causait de cette manière... heureusement, elle ne semblait pas l'avoir mal pris, c'était toujours ça de pris, mais il n'était quand même pas très fier de la tournure de sa phrase, se rendant compte bien trop tard qu'elle pouvait être mal interprétée. Timothy pencha un peu la tête sur le côté lorsqu'elle se mit à répondre. Complexe, donc ? Il aimait bien cet adjectif, du moins pour les révisions, ça pouvait toujours donner des choses intéressantes. Quant à la mémoire auditive des cours, là aussi, il pouvait comprendre... Il n'était pas tout à fait pareil, mais c'est vrai que c'était quelque chose qui l'aidait quand même grandement !  « Tu as déjà essayé de t'enregistrer en train de lire le cours ou le demander à son frère ? Ca pourrait peut-être t'aider ? Sinon, que quelqu'un enregistre le cours pour toi ? Avec nos téléphones de nos jours ce n'est pas la chose la plus compliquée, je pense après c'est sûr il faut te trouver une bonne âme volontaire...  !»  Il se tut ensuite quelques instants avant de rajouter  « C'est bien les questions complexes ça peut aider déjà à bien arriver à argumenter ses réponses, à être clair et donc être prêt pour les épreuves... même si c'est vrai que c'est parfois déstabilisant !»

Il y avait ensuite eu un léger débat, et comme d'habitude Tim en faisait trop. Il avait besoin de donner des arguments (beaucoup d'arguments), sans se rendre compte qu'il pouvait vite être malaisant ou ennuyant, voire même les deux en même temps. Il se contenta de lui faire un petit sourire lorsqu'elle lui dit qu'il avait le droit d'être tatillon, que c'était même compréhensible. Cela restait quand même assez rare d'entendre ce genre de choses alors ça lui faisait plaisir qu'elle se montre aussi indulgente.

Le sujet avait bientôt dévié sur la famille, les amis et tout ce qui s'en suivait ; et lui avait bien du mal à comprendre comment une fille aussi gentille qu'elle n'avait pas de meilleur ami. Si ça avait été un peu plus conventionnel, il lui aurait même dit « si tu veux on peut être ami »... mais non, il avait conscience que ce genre de phrases enfants, ça passait sans souci mais arrivés à l'age adulte il fallait absolument éviter. Il s'abstint donc et essaya de se concentrer de nouveau sur ce qu'elle était en train de dire, sur ses explications. Il acquiesça doucement.  « Ouais c'est ton meilleur ami, quoi. Comme ta moitié.» C'est ce que les jumeaux semblaient dire ils étaient une moitié d'un tout, il avait donc utilisé ce terme plus par mimétisme qu'autre chose, il trouvait en réalité ce terme un peu bizarre, mais soit ! Il ne connaissait pas cette sensation, il ne pouvait donc pas juger et préférait croire ce que l'on racontait à ce sujet.  « Et du coup, comme vous êtes très différents, avec ton frère, ça ne se passe pas toujours bien avec les gens qui te... vous fréquentent ?» demanda-t-il en essayant de comprendre. Ce n'était pas un jugement, il voyait bien qu'avec certains amis de Sovahnn, ça avait du mal à passer par ce qu'il était aux antipodes de son amie d'enfance, alors il se disait que là c'était peut-être pareil et c'était dommage si les gens ne voulaient plus trop la voir à cause de son frère c'est qu'ils n'étaient pas de vrais amis à ses yeux... mais le plus important c'est qu'elle ait quelqu'un sur qui compter. Et malgré la photo qu'il venait de lui montrer de Lewis, elle ne semblait pas du tout le remettre:peut-être qu'ils ne s'étaient pas croisés, ou alors elle voyait tellement de têtes qu'elle n'avait pas fait attention à lui. Il n'était qu'un individu parmi tant d'autres, c'était totalement compréhensible.

Il s'était n'avait pas repris la parole, mais quelque chose le titillait, l'intriguait dans tout ça... Il reprit la parole à voix haute alors que c'était probablement plus censé être une pensée gênante qu'il n'aurait pas oralisé en temps habituel.  « Tu penses que je pourrais le rencontrer ton frère ?» Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il venait de demander ça ? Il cligna des yeux, lui-même surpris de cette demande qui n'avait pas de sens. Sérieusement... Il se racla la gorge, dans une grimace gênée. Ca partait d'une bonne intention même s'il n'aurait pas pu lui expliquer exactement pourquoi... mais le rendu oral était vraiment merdique et donnait l'envie à Tim de se cacher dans un trou de souris.  « Je... heu... enfin... il semble avoir des points communs avec moi alors j'suis juste curieux. Enfin laisse tomber. C'était pas heu, quelque chose de pertinent.» ou plutôt si, montrer (prouver) qu'on pouvait être amis avec les deux... mais Timmy, les amis ça ne se fait pas comme ça, alors on se calme et on oublie cette idée farfelue.

Notre conversation sur les études, m’avait conduite à avouer que j’avais plus facile à comprendre et à retenir un cours si j’assistais à ce dernier. Ceci était dû au fait que j’avais une mémoire dite auditive. De ce fait, il m’était plus compliqué de comprendre, et donc apprendre, un cours auquel je n’avais pas pu assister en personne. Bon, à force de travail, je réussissais quand même à mon but, mais c’était plus compliqué, moins abordable. C’était rageant dans un sens, surtout que je n’avais jamais véritablement eu de problème pour avoir un bon niveau. Je ne savais pas si c’était par compassion, sympathie ou autre, mais Timothy ce mis a énuméré plusieurs solutions pour essayer de palier à ce manquement. La première demandée à ce que je m’enregistre, la seconde impliquer mon frère. La troisième a ce que quelqu’un filme le cours pour moi. Il n’était pas en manque d’idée. « Non, j’avoue ne jamais avoir essayé. Mais si un jour, je me retrouve contraint à ne pas pouvoir assister à un cours, j’y penserai. Bon, après, je dois avouer, pour que je n’aille pas en cours, il faut que je sois cloué au lit… » Ou alors qu’il se soit passé quelque chose de vraiment grave. Parce qu’en plus d’avoir une mémoire auditive, j’aimais bien l’ambiance et l’échange qu’il pouvait y avoir. Tim revient alors sur les questions complexes, il semblait approuver l’idée, il partait même sur les bénéfices qu’elles pouvaient éventuellement avoir sur l’apprentissage. Je souriais en l’entendant parler et approuvais d’un signe de la tête.

De fil en aiguille, nous parlions famille et amis. Deux sujets qui pouvaient finalement n’être qu’un. Les amis étant la famille que l’on se choisit. Parfois en complément de la famille de sang, d’autres fois en total remplacement, puisque les liens génétiques ne font pas toujours des relations saines. Entremêlant amis et famille, Tim en était venu à dire que mon jumeau était mon meilleur ami, comme ma moitié. « Euh… Meilleur ami, oui, certainement, mais pas sûr que j’aime la notion de moitié. Si je comprends ce que tu veux dire, je n’approuve pas le fait de n’être que la moitié d’une personne. » Oui, je chipotais peut-être à mon tour, mais j’étais une personne complète et lui aussi. « Je préfère dire que nous sommes complémentaires. » J’avais bien conscience que je n’étais pas généreuse en explication logique, mais ce n’était pas simple à expliquer pourquoi je préférais un mot à un autre pour décrire la relation que j’avais avec mon frère. Sur le papier, ces mots n’étaient peut-être pas si différents, mais dans ma tête, la différence était énorme. Timothy posait alors de nouvelles questions. Cette fois, il s’interrogeait sur le fait que comme j’avais une relation différente avec mon frère, ça ne passait pas toujours bien avec les autres personnes que nous rencontrions. « Alors, euh… » C’est qu’il en posait des questions complexes. « Bah… Je ne crois pas que l’on puisse dire que ça se passe mal… » Je crois que je ne m’étais jamais interrogé dans ce sens. « Je n'ai pas de problème pour parler avec les gens, pour échanger et créé des liens. Mais il se pourrait que je n’aie jamais créé de lien du genre meilleur ami avec quelqu’un parce que j’ai déjà un lien similaire avec mon frère. » Je m’arrêtais un instant, pour repasser les mots dans ma tête, histoire de révisé ce que j’avais dit et les compléter au besoin. « Et tout ça inconsciemment bien sûr... » J’enfonçais mes mains dans mes poches, pas forcément à l’aise avec la conversation actuelle. Très personnel pour être mené dans la rue. « Bon, je pense pouvoir déclarer avec certitude que tu as un bon niveau en ce qui concerne les questions complexes. » Et inattendu. Je lui souriais, ne voulant pas le mettre mal-à-l’aise. Mais je devais reconnaître qu’il posait des questions intelligentes et intéressantes.

En parlant de question, Tim enchaînait sur une nouvelle. La surprise s’emparait de moi lorsque je l’entendis. En effet, mon interlocuteur avait demandé de but en blanc, sans avant-garde, sans point d’appel, si je pensais qu’il pouvait rencontrer mon frère. Alors que je posais un regard interrogatif sur lui, je pouvais lire de la surprise sur son propre visage. Il y avait de quoi sourire. Après, je n’avais rien contre le fait que Timothy rencontre mon frère, je pensais même qu’il pouvait s’entendre d’une certaine manière. Mais la question était tellement surpris de nulle part que je me demandais comment il en était venue à la poser. Au bout de quelques secondes, Tim reprenait la parole pour parler du fait que mon frère et lui semblait avoir des points communs et qu’il était donc curieux. Avant d’enchaîner sur le fait que je devais laisser tomber, car ce n’était pas pertinent. « Pertinent, ça, je ne suis pas sûr de pouvoir dire si ça l’est ou non, mais je ne vois pas d’opposition au fait que je te le présente un jour. Tu as raison, vous avez des points communs. » Et il serait certainement plus à l’aise avec une personne comme lui plutôt qu’une personne comme moi. « Après, ça demande inattendue quand même. » Je serais curieuse de voir ce qu’il se passait dans sa tête. « Un jour, à l’occasion, on fera ça. » Si ça peut lui faire plaisir ou même l’aider. « Tu poses souvent des questions aussi… comment dire… sortie de nulle part ? » Oui, j’avais fait de meilleures questions, mais là, le mot idéal m’échappais.

Pourquoi est-ce qu'il essayait de trouver une solution à son « problème », qui n'en était même pas un alors qu'elle n'avait rien demandé ? De quoi est-ce qu'il se mêlait au juste ? Il s'agaça de voir qu'il n'arrivait pas à la boucler et même si ce qu'il disait partait de la meilleure intention possible, pour aider la jeune femme le jour où elle serait absente, il n'en restait pas moins qu'aujourd'hui cela était presque à propos... heureusement, elle ne semblait ni agacée, ni blasée et au contraire elle lui répondait toujours de cette manière gentille, montrant qu'elle l'avait bien écoutée, tout en lui faisant réaliser qu'elle n'était pas beaucoup absente.  « Oui, oui moi aussi, j'aime pas sécher, après c'est toujours une galère à rattraper, comprendre, retenir.» grimaça-t-il, sauf que lui, avait quand même pas mal d'absence à son actifs, tous les jours où il n'avait pas réussi à se lever, où il avait été cloué au lit, apathique, ayant même du mal à bouger pour aller aux toilettes, se laver tant la dépression prenait le dessus. Ils avaient néanmoins quelques points communs qui faisaient qu'ils arrivaient globalement à se comprendre.

Bientôt, ils avaient changé de sujets pour parler famille et amis. Il essayait de comprendre comment pouvaient fonctionner des jumeaux, avec la façon dont ils étaient probablement proches, avec cette complicité hors de commun. Est-ce qu'il aurait voulu en avoir un ? La réponse était certainement oui, il aurait au moins eu un allié dans la « bataille » contre ses sœurs, dans la vie de tous les jours... du moins en théorie. Cette envie d'avoir une fratrie proche ne l'avait jamais quitté, et il enviait sa camarade. Est-ce qu'elle se rendait compte de la chance qu'elle avait ? Ceci dit, entre Sovahnn et Lewis, on ne pouvait pas dire qu'il était à plaindre, il avait des amis en or, et elle semblait en manquer hormis son frère.  « Ow, désolé, je ne voulais pas te heurter, j'ai entendu plusieurs fois ce terme, je pensais qu'il était de circonstances, bien sûr que vous êtes chacun des êtres à part... et complémentaires.» se reprit-il. A vrai dire, il n'était pas certain de tout comprendre, néanmoins ce n'était pas bien grave, le terme ne lui plaisait pas, il était mal placé pour savoir ça, alors il ne le dirait plus... C'était aussi simple que cela. Il ne se rendait pas compte qu'il pouvait être curieux comme un gamin qui découvrait un peu la vie et que pour les autres cela pouvait être étrange. Oui, cette relation l'intriguait énormément, et il aurait voulu comprendre les tenants et aboutissants, comme s'il en avait besoin pour ne pas faire de bourdes. En tout cas, il avait cette impression, plus il apprendrait, il comprendrait, c'était peut-être stupide, mais il n'y pouvait rien. Il agissait la plupart du temps par mimétisme, en observant mais là ce n'était pas vraiment possible. Analyser et donc savoir lui semblait donc quelque de primordial. Il ne comprit que trop tard, qu'il avait peut-être poussé sa question un peu trop loin … et il en était désolé, il ne voulait pas la mettre mal à l'aise ou autres, mais c'était plus fort que lui.  « Oui je comprends... enfin je crois. » dit-il simplement alors que beaucoup d'autres questions sillonnaient sa tête.« Bon, je pense pouvoir déclarer avec certitude que tu as un bon niveau en ce qui concerne les questions complexes. » De gêne, ses joues prirent une teinte un peu plus rouges, il allait s'excuser mais le sourire de la jeune femme l'en dissuader. Tout allait bien. Elle ne le prenait pas mal, elle énonçait juste un fait... Elle ne semblait pas lui en vouloir ou autres. Tout allait bien. Calme-toi. Il essayait de se répéter cette petite rengaine pour se rassurer.  « Il paraît oui.. Mais je crois... enfin j'en suis sûr, je ne le fais pas exprès, c'est juste de la curiosité, j'aime bien comprendre tout à fond alors... je sors des trucs inattendus, mais tu n'es pas obligée de répondre, tu peux me dire si j'abuse, je comprendrais.» Par ce que ces limites-là, il avait souvent du mal à les définir. Il avait toujours cette impression qu'elles n'étaient pas les mêmes que celles des autres, qu'il y avait toujours dissonance.

Bientôt, Timothy avait tenté quelque chose, qui relevait presque de l'audace par rapport à ce dont il était capable d'habitude, surtout vis à vis de sa timidité, ce qui démontrait qu'il appréciait Eireen et qu'il se sentait assez à l'aise avec elle. Il n'était pas certain que cela se faisait vraiment, mais tant pis ! Elle ne semblait pas contre lui présenter son jumeau et sa nouvelle question le fit un peu grimacer ; « Ouais, je crois que ça m'arrive souvent... je  … je m'en rends pas vraiment compte, mais je sais que je passe souvent pour quelqu'un de bizarre.» Petite moue un peu triste, de dépit, même s'il y était habitué, s'il disait ça comme un fait cela n'empêchait pas que ce n'était pas simple tous les jours de vivre ça... Heureusement, il était quand même arrivé à se faire quelques camarades – autre que Lewis- à la fac. Tim ne tarda pas à se passer une main dans les cheveux. « Enfin voilà, je ne veux pas te déranger plus longtemps... tu as certainement mieux à faire que de répondre à mes questions.» Il lui fit un petit sourire pour montrer qu'il ne le prenait pas là. C'était une manière de laisser une porte de sortie à la jeune femme sans qu'elle ne se sente obligée de rester à ses côtés pour X ou Y raison.

La conversation me conduisait à comprendre que Timothy semblait être, au même titre que moi, un étudiant sérieux. De genre à participer à tous les cours et à travailler régulièrement sur ces derniers pour ne pas ce retrouvé dépassé par la suite. En ce qui me concernait, je poussais encore plus loin puisque je ne voulais pas simplement être bonne élève, je désirais faire partie des meilleurs. Oui, j’étais quelqu’un d’ambitieuse. Pas du style a regardé les autres de haut et à les ignorer, mais j’avais appris à apprécier d'être dans les premières et de me donner les moyens d’y rester. Cette envie avait découlé des facilités que j’avais quelques années plus tôt. Lorsque je m’étais rendu compte que sans trop de travail, j'avais déjà un bon niveau, il était né en moi l’envie d’être encore meilleur, parce que c’était accessible. À présent, les cours étaient plus compliquées, c’était moins facile, mais l’ambition était restée. Je me demandais l’espace d’un instant si Tim était aussi de ce bois ou s’il se suffisait d’être juste bonne élève.

Un peu plus tard dans la conversation, j’avais mené une opposition au terme qu’avait employé mon interlocuteur. En effet, alors que ce dernier évoquait ma relation avec mon frère jumeau, il avait utilisé le terme de moitié, terme que je n’aimais pas pour décrire ce que nous étions. Tout ça, parce que dans ma tête, être la moitié de quelqu’un signifié que je n’étais pas une personne complète, or, j’estimais être complète. Certes, j’étais proche de mon frère, très proche même, mais nous étions deux personnes complétement différentes avec chacun son caractère, ses idées et ses points de vue. Il n’était même pas rare que nous ne soyons pas d’accord. La preuve en était dernièrement avec l’histoire de notre géniteur. Une même information qui touchait notre histoire de vie de la même manière, mais deux réactions complètement différentes et donc deux ressentis bien distants. C’était l’un des exemples les plus ressent et peut-être avec les conséquences les plus importantes, mais ce n’était pas la première fois que nous étions en désaccord et certainement pas la dernière. En attentant, Timothy s’excusait en m’expliquant qu’il ne cherchait pas à me heurter. « Je ne suis pas heurté. À la limite, on pourrait dire que cette fois, c’est moi qui chipote. » Parce que l’on pouvait clairement voir ça comme un détail que j’aurais pu ignorer, mais non.

Par la suite, mon interlocuteur avait posé une question inattendue qui m’avait poussé à une réflexion jamais véritablement menée jusqu’ici. J’avais alors souligné qu’il avait plutôt un bon niveau en ce qui concernait les questions complexes. Remarque qui était un clin d’œil au fait que nous avions parlé quelque temps plus tôt de ma capacité a posé des questions vicieuses ou complexes lors des séances de révision. Timothy répondait alors qu’il ne le faisait pas vraiment exprès et que c’était la curiosité qui le poussait un peu. Il m’informait ensuite que je n’étais pas obligé de répondre aux questions et que j’avais le droit de lui dire qu’il abusait. « J’en prends note, mais sache que je ne me suis pas une seule fois sentie obligée. Et clairement, si j’avais estimé que tu n’avais pas à le savoir, je n’aurais pas attendu ton aval pour te le dire. » Après, je devais avouer qu’au moins ces questions était plutôt original. Elles sortaient du lot, comme disait l’expression. Je souriais à cette réflexion.

Bientôt, Tim me posait d’autre question, bien moins complexe, mais tout aussi inattendu. Encore une fois, j’avais répondu, mais j’avais demandé si c’était l’un de ces spécialités de posé des questions un peu sorties de nulle-part. Certains diraient que je rabâchais la même question, mais c’était totalement faux. Plus tôt, j’avais parlé de la complexité des questions, là, je parlais plus du fait que par moment, elle semblait n’avoir aucun rapport avec l’échange qui la précédait. Heureusement pour moi, Timothy ne paraissait pas percevoir de répétition puisqu’il me répondait que ça lui arrivait en effet assez souvent, mais qu’il ne s’en rendait pas forcément compte. Par contre, il avait conscience que ça le faisait passer pour quelqu’un de bizarre. « Je n’aurais personnellement pas employé ce mot, mais les premières fois ça surprend. Maintenant, je sais et je tacherai d’être moins prise au dépourvu les prochaines fois. » Je lui souriais une nouvelle fois. Comme on l’avait évoqué plutôt, chacun avait son caractère et si celui de Timothy avait encore des zones d’ombre à mes yeux, je prenais plaisir à le cerner. J’étais persuadé que la prochaine fois, je serais déjà moins désarçonné face à lui. Par contre, je n’en dirais pas autant de ces questions.

La conversation entamait alors un dernier virage, puisqu’elle prenait la forme d’une conclusion alors que Tim évoquait le fait qu’il ne souhaitait ne pas me déranger plus longtemps. Que j’avais certainement mieux à faire que répondre à ses questions. Je souriais. Pas vraiment, j’étais sortie sans véritable but que juste quitter l’appartement pour quelque temps. Je voulais bouger un peu. Ne plus être enfermé entre les quatre murs. Mais je me souvenais aussi que lui-même était partie pour rendre visite à sa mère. « Je n’aurais rien pour répondre encore à quelques questions, mais ta mère doit attendre ta visite et je me sentirais coupable de te retenir plus longtemps. » Bon, coupable était peut-être un grand mot, j’espère qu’il ne le prendrait pas au sens littéral. « Ce fut un plaisir de te croiser et j’espère que l’occasion se représentera bientôt. » Je lui souriais une dernière fois, prête à reprendre ma marche en direction de la station de métro.

Est-ce qu'elle chipotait ? Pas vraiment. Chacun avait sa sensibilité, il était bien placé pour le savoir et comme elle lui expliquait de façon si gentille, il ne pouvait que comprendre voire même admettre qu'effectivement il n'avait pas forcément été hyper diplomatique et qu'il aurait pu choisir des meilleurs termes. Il tenta de lui montrer qu'il n'avait pas voulu la blesser d'une quelconque manière et s'excusa peut-être un peu trop pour si peu, mais il était comme ça Tim en même temps, la demi-mesure ce n'était pas trop son truc. Néanmoins à présent, elle était claire sur le sujet et il arriva quand même à lui faire un petit sourire désolé.  «D'accord, si tu le dis... »

Et bien sûr, il avait continué à parler, à poser des questions qu'il trouvait logique mais qui visiblement étaient ressenties plus de manière complexe et compagnie par la jeune femme. Et il se sentait un peu con, il fallait bien l'avouer. Il le savait pourtant que son esprit pouvait divaguer d'une façon qui était peu commune, il avait conscience qu'il devait réfléchir avant de poser des questions pour être certain qu'elles ne soient pas trop « étranges ». ;. mais là, il avait dû se sentir un peu en confiance avec elle et avait abaissé cette barrière qu'il gardait normalement.  « C'est le principal si tu aurais osé me le dire, enfin c'est cool quoi.» Quelle répartie de merde, vraiment ça ne s'améliorait pas lui, d'ailleurs, il aurait probablement mieux fait de simplement opiner un peu... ça aurait été moins con. Trop tard pour revenir en arrière de toute manière. Elle ne semblait pas trop fâchée, ou même encore agacée par tout cela, elle essayait même d'en plaisanter ce qui était plutôt rare. Les gens avaient plutôt tendance à être vite sarcastique voire même désagréable lorsqu'il agissait, alors elle, si adorable, cela le laissait un peu perplexe et il se disait qu'il était encore une fois tombé sur quelqu'un ayant une belle âme, quelqu'un de généreux et de compréhensif. Tout comme elle laissait bien entendre qu'ils pourraient se revoir sans aucun souci vu qu'elle parlait de prochaine fois. Cela dit, elle pouvait aussi dire ça pour ne pas le blesser, mais ce n'est pas pour autant qu'elle finirait par le recontacter... pourtant, il voulait la croire, elle semblait sincère lorsqu'elle prononçait ses paroles. Oui, il voulait y croire, que pour une fois, il avait réussi à sympathiser en dehors de la fac avec quelqu'un.

Voyant quand même qu'elle ne semblait pas la plus à l'aise du monde, il avait préféré essayé d'écourter un peu la conversation, comme s'il voulait l'aider à sortir de ce calvaire qu'il lui faisait vivre. Perche qu'elle ne tarda pas à saisir d'ailleurs. Il eut même un léger petit rire  « Ne t'inquiètes pas, je n'avais pas donné d'heures trop précises !» Il arriva même à lui faire un sourire un peu plus chaleureux – chose rare avec les gens qu'il ne connaissait que peu –  « Mais, ouais j'espère que l'on pourra bientôt se recroiser. Enfin, tu me tiendras au courant pour ton frère et tout ça ? … enfin s'il est ok et que toi ça e va toujours, j'veux surtout forcer personne, moi !»  il lui sourit avant de fouiller dans son sac pour en sortir un bout de papier sur lequel il griffonna son numéro de téléphone.  « Si on veut se contacter ça sera quand même un peu plus simple je crois... je ne suis plus sûr que tu l'avais.» Nouveau sourire, un peu plus léger cette fois-ci.  « Allez, j'te laisse Eireen, j'te dis à la prochaine ! Bonne fin de journée et.. heu, ben merci pour cette conversation c'était... hum ? Cool et instructif.» il mit les mains dans ses poches tout en la regardant bientôt s'éloigner puis de partir à son tour en direction de chez sa mère.