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Sur les bords du monde - Tibet - OS Dakota

 :: Autour du monde :: Autres Continents :: — Asie
Ven 11 Fév 2022 - 18:31

 6 Juillet 2016



« Qu’est-ce que tu cherches là-bas au juste ? »
« Pourquoi je chercherais quelque chose de spécifique, je peux pas juste suivre mon ex à l’autre bout du monde sans raison ? »

La réflexion se voulait légère et pourtant le silence s’installa entre eux, Dakota posant ses yeux clairs dans les siens. Quelques mèches volant au vent fouettèrent son visage un instant, s’accrochant aux commissures de ses lèvres quand autour d’eux, la campagne se trouvait baignée de lumière. Un mot, deux lettres, des choses qu’on n’a jamais dites et qui provoquent un brusque pincement entre deux êtres pourtant conscients de ce qui doit s’achever. Et pourtant ces grands yeux clairs lui percutaient les côtes soudainement, comme si dans ce non dit perçait quelque chose qu’il n’était pas certain de comprendre. Quelque chose qui appelait à ses décisions et sa volonté d’avancer. L’idée de tourner la page sans fermer le livre se faisait plus hésitante soudainement à la faveur de ces yeux là. Quelques battements de cœur donc, entre eux. Sans doute de concert, écrasés dans le silence des non-dits.

« Ya une raison ? Ou tu me suis juste parce que tu as envie de le faire ? » Takuma en eu conscience, cet instant pourrait trancher bien des choses comme il pouvait réengager une route qu’ils avaient pourtant cessé d’arpenter ensemble. A se voir ainsi depuis quelques jours, conscient que Dakota était en ville, proche et accessible, les deux jeunes gens s’étaient revus de manière plus naturelle. Plus étrange pourtant, comme si la distance facilitait finalement l’amitié quand cette présence physique rappelait à ce qui les avaient liés pendant tant de temps.
Alors oui, il y avait dans cette question un propos qui dépassait largement ce simple voyage.

« Ouais. » La réponse s’envolait dans les champs alentours, comme avalée par les blés. La porte refermée, la rupture confirmée pressait les poitrines et se lisait dans les regards. Comme un goût d’inachevé entre eux finalement bien partagé. Un instant, il n’y eu plus que la chaleur de l’été et leurs regards mêlés au travers de ce « oui », de ceux qui closent les choses et qui n’amènent pas sur une vie à deux. Il est des deuils qu’il faut faire et celui du premier amour est sans doute l’un de ceux qui bousculent le plus dans de jeunes poitrines. Et pourtant un sourire vint, timide et pudique, douloureux mais accordé, onduler en silence sur leurs lèvres respectives. Rien qu’un temps pour valider ce que Dakota avait pourtant décrété des mois auparavant. Un temps pour ne pas plonger dans cette eau-là, pour refuser ce qu’il voyait pourtant, ce qui lui percutait le myocarde d’un désir qui devrait pourtant s’être éteint depuis le temps. Mais ça restait là, comme le bruit d’une allumette qu’on plonge dans l’eau. Un chuintement bref qui continue pourtant de résonner dans le fond de la gorge.

Baissant un instant le regard, Takuma s’arrachait au sien, posant une main sur ce bras qu’il avait si souvent embarqué en courant.

Ils repartirent, le souvenir de cette première fois callé quelque part au creux de leurs souvenirs. Lui qui passait par la porte ouverte, elle qui se redressait brusquement de son lit, perturbée par cette arrivée soudaine. L’immobilité soudaine de son corps, encore suspendu au toit, les lèvres entrouvertes et la persuasion d’avoir fait ce fameux pas de trop à ne jamais dépasser. Celui qui vous fait déraper droit dans la gueule du loup, au pied de vos ennemis. Mais c’était vers elle qu’il avait dérapé, chaque jour un peu plus et sans vraiment s’en rendre compte.

La première visite avant toutes les suivantes.

« Je suis sur la piste des nazis. » Voilà, ça au moins ça casse les pensées romantiques avec fracas.
« Tu quoi ?! » L’éclat de voix de Dakota sonnait dans l’air, tournée de trois quart vers celui qui explosait de rire devant tant d’incrédulité. Véridique pourtant, mais il fallait avouer qu’il avait le don pour planter le décor. « Ok j’te r’situe le contexte ! On est en 38, les nazis débarquent au Tibet. L’idée c’est que dans leur recherche d’eugénisme, ils étaient obsédés par l’origine humaine et la pureté de la race. Un truc que personne ici ne visualise... » Certainement pas la fille d’un nazi moderne et sorcier. Peut-être pas ton meilleur move Taku. « Ils s’y sont installés dans un espèce d’attrait pour la puissance symbolique ou effective des montagnes, ce qui les amenait à penser à la pureté des tibétains… »
« Toi t’as encore dérapé sur les recherches… »
« …. … Ouais, un peu. » Le souffle amusé du jeune homme se perdit entre ses lèvres, posant sur elle un regard rieur. Bien sûr, Dakota le connaissait assez pour l’imaginer parti dans ses études afin de cerner totalement le sujet qui l’occupait pour l’heure. « Barrow, le proprio dont j’ai la boutique, a à priori hérité d’ouvrages d’un des accompagnants de Ernst Schäfer, le dirigeant de l’expédition, un scientifique. Dans un des extraits du journal que j’ai trouvé, il fait référence à de l’aconit entre deux traités sur l’extraction de molybdène du côté de Lhassa. » Oui, ça semblait dingue dit comme ça, issu d’une enquête qu’il aurait mis des semaines à lancer, perdu dans les différents documents qu’il avait pu extraire du bordel incommensurable hérité avec le Veaudelune. Et c’était le cas. Plongé et fasciné, Takuma s’était lancé à cœur perdu dans ses recherches, conscient qu’il noyait ainsi des envies bien plus toxiques. « Je vais aller faire un tour par là-bas. »

La jeune femme hochait du chef, mue d’un regard amusé autant qu’il scintillait d’intérêt…. Et de quelque chose de plus mitigé qu’il notait sans vraiment savoir quelle interprétation exacte lui attribuer.

« Je suis plus au nord en ce moment mais j’y ai passé quelques jours en octobre dernier. On pourra y passer ensembles si tu veux. »
« J’avoue que j’espérais que tu me le proposes. Et puis tu sais, j’ai jamais fait que deux pays dans ma vie.. j’ai bien envie de voir le coin dans lequel tu vis en ce moment. »

Ajustant le sac qu’il portait sur une épaule et dans lequel se trouvait en réalité la valise de la jeune femme, Takuma lui adressait un petit sourire rapidement rendu par effet miroir.

« Et puis j’en sais rien, j’crois qu’on a un peu foiré la transition. » Les mots sonnaient, plus honnêtes. « J’aurais aimé t’accompagner je crois. Faire les choses autrement en tout cas. C’était une période un peu bizarre et j’ai pas envie qu’on reste comme ça, à pas trop savoir où se foutre l’un par rapport à l’autre. Donc ouais, j’veux bien découvrir un peu ton univers. » Celui dont je ne fais plus parti. « Qu’on se pose un peu toi et moi. » Qu’on parle. Qu’on se retrouve. Qu’on rit du passé et qu’on accepte son caractère achevé sans pour autant rester ainsi, proches au téléphone mais gauches quand il s’agit de se voir.

Inviter un peu de normalité, en fait, dans ce qui devait rester une amitié et non cette chose pas vraiment assumée et toujours un peu trop hésitante et pudique. Ce truc qui manque de naturel, finalement.

Il voulait qu’ils puissent parler ouvertement à nouveau, évoquer sans s’en trouver embarrassés d’autres personnes peut-être. Sûrement.  Avancer simplement, sans gêne entre eux. Pouvoir se retrouver dans une soirée entre amis sans aucune réticence sur la conduite à tenir et pour ça, il fallait passer de nouveau du temps réellement ensemble.


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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Sam 12 Fév 2022 - 11:08

 6 Juillet 2016


La sensation d’être projetés vers l’avant, droit depuis le nombril s’arrêta aussi brusquement qu’elle était arrivée, les plantant brusquement sur les pavés blancs d’une place qu’il ne connaissait pas. Avant même d’intégrer le paysage alentour, c’était son bras qu’il tendait vers elle, déjà attrapé dans un mouvement sec. Une évidence, non parce que les bordures de son champ de vision s’étaient prises à capter le mouvement de son corps mais simplement… parce qu’il savait. Parce que quand on partage tant de temps avec une personne, qu’on se prend à vivre pendant deux ans à ses côtés, il devient aisé de comprendre ses pensées, de finir ses phrases et de savoir ses faiblesses. Ainsi il savait qu’à chaque voyage en portoloin, elle avait un temps de vertige tout comme il savait qu’elle luttait contre la nausée à chaque fois qu’il transplanait avec elle. Une main sur son avant bras tendu, l’autre dans le vide, les doigts suspendus dans l’air, elle se stabilisait.

« Nan mais si, j’arriverai à m’y faire un jour hein… »

Le rire fut léger, d’une part comme de l’autre, baissant doucement son bras sur lequel il sentait glisser la chaleur des doigts fins.

« ‘Manque d’entraînement ça ! »
« Oui ! Et c’est très bien comme ça figures-toi ! Cela dit moques-toi mais j’en utilise un tous les…. » Six mois ? Son nez se plissait un instant, les lèvres pincées dans une mimique de réflexion qui lui arracha un sourire amusé. Certaines choses ne changent pas. « Bon je l’ai utilisé une fois. MAIS QUAND MEME ! »

Cette fois, reprenant la route, ce fut un vrai rire qui les prit tous deux. Le portoloin en question, Takuma le connaissait, c’était lui qui lui avait identifié, amusé donc qu’elle l’ait utilisé.. et tout à la fois inquiet qu’elle l’ait fait. Une revanche sur le monde ? Une envie brusque d’affirmer, de conquérir, de cesser de se faire bouffer par ce monde dont son père était issu ? Et pour l’avoir fait, y avait-elle été seule, risquant de se retrouver dans un passage dédié aux sorciers ? Sans doute pas. Ainsi devait-il y avoir quelqu’un. L’idée pinça ses nerfs et pourtant, la douleur en fut moins violente que ce qu’il imaginait jusqu’ici. Tous deux avaient évité le sujet depuis des semaines maintenant, reprenant peu à peu un contact réel, parfois sans doute déviant vers la relation initiale, parfois plus posée. Une question d’équilibre à trouver sans doute.

Autour d’eux, la foule de passants s’égrenait sous le soleil, la fraicheur mordant ses bras nus. Une dizaine de degrés de moins, quelques coups de vents plus puissants mais rien qui ne l’amène à se couvrir davantage. La sensation marquait surtout dans ses sens le passage d’un monde à l’autre, dans un dépaysement étrange qui restait toujours sur sa peau comme le sel de l’eau de mer après une journée à la plage. Personne ne fit attention aux deux arrivants qui s’étaient matérialisés dans la grande place grise. Derrière eux, une tourelle colorée pointait vers le ciel comme une longue poire étirée.

« ça par contre je m’y ferais pas… » La démonstration de la magie en plein milieu d’une place qu’elle avait sans doute fréquenté plusieurs fois. Réprimant un frisson, la jeune femme fit quelques pas, s’extrayant sans en avoir véritablement conscience du sortilège qu’elle perçait comme on sortirait de la surface d’un lac. Takuma la suivi, conscient de la fraicheur laissée par l’absence de ses doigts sur son épiderme. « Bon alors on est où ? » « Lhassa. » Ah ? Déjà ? Merde. « On est à Barkhor. Regarde, là entre les toits, les grands murs blancs tu vois ? C’est le temple du Jokhang. » Hochant du chef, Takuma suivit le mouvement, portant son regard au-delà des toits plats qui pavaient le paysage, observant un instant en silence les murailles qu’on distinguait au loin. Lhassa. Déjà. Sans un mot, le nippon faisait le lien avec ce qu’il avait appris, retraçait les informations glanées dans le journal hérité par Barrow, essayant de projeter ce qui avait pu se passer ici, quand les allemands s’étaient rendus sur ces terres qui semblaient dominer le monde. Quand le Mal foule les cimes… Qu’importe l’époque, il se dissimule, attend son heure et frappe dès que la garde est baissée, comme un foutu cycle sans fin. « T’as faim ? » « Hm ? Oui, ouais… Tu me fais découvrir ? »

Taisant ce qui passait dans leurs esprits, les deux jeunes gens reprirent la route, les pas devenant naturellement plus lent, comme pour découvrir les lieux, pour retarder le moment du départ aussi. Mais Takuma n’avait pas prévu de la laisser tout de suite, il pourrait revenir. La conversation se fit plus fluide à mesure que l’après midi avança, égrenant l’histoire des lieux, les anecdotes de vies et de voyage, les rencontres éparses et les visites fascinées. Sous ses pieds, le sol semblait plus solide, comme si la région elle-même se trouvait plus profondément ancrée aux racines du monde. Une impression commune à tous les sommets, comme s’il y avait en montagne une atmosphère spécifique qui ramenait à quelque chose de plus brut. Quelque chose qui appelait à se souvenir qu’on est petits, finalement. Que la Terre leur survivrait, qu’importent les épreuves affrontées.

« Bon, pardon mais je vais faire mon touriste hein ! » Sous ce rire qui s’envolait dans l’humidité de l’atmosphère, Takuma sortait son téléphone avec l’impression d’être un vacancier comme les autres. Photos des lieux, de la bouffe, d’elle aussi, de lui. D’un moment qui se voulait normal. Qu’ils apprenaient à rendre normal du moins.

« T’envoies ça à qui d’ailleurs ? » Cramé. Pourquoi cette question ? C’est pas simple pour toi non plus hein ?
« Enzo. Aileen. Sovahnn… » Caitlyn.

Pourquoi tu le tais, ce nom-là ?

« T’en as croisé d’autres, au fait ? Des comme moi ? »
« Des tatoués, non pas trop.. » La réflexion, totalement hors propos, lui permis de noter à quel point la question semblait étrange, arrondissant une seconde ses paupières avant d’exploser de rire, la poussant gentiment du bras. « Nan mais ne te sens pas vexé, c’est pas dans la culture, ils n’ont même pas de mot pour ça ! » Le rire franc s’arrêtait une seconde, ahuri « Sérieux ?! » « Je te promets ! » « Nan !? C’est fou.. ! » Vrai. Mais pas tant que ça. Le jeune homme avait l’habitude d’être observé de biais dans son pays d’origine. Mal vus, les tatouages appelaient chez lui à l’image du Yakuza. Imaginez la gueule des parents s’ils le voyaient ainsi, le corps recouvert comme il l’était à présent. L’idée le fit sourire, mordant.

« Pas vraiment. Je ne cherches pas je t’avoue. » Les sorciers donc.
« Oui je peux comprendre. »
« Un seul. »

Les côtes qui semblent se refermer autour de ses poumons, comme si sa cage thoracique devenait un brin plus petite. D’un regard en biais, Takuma devinait dans ses yeux qu’il y avait quelque chose, l’interrogeant du regard sans être tout à fait certain de vouloir se confronter à ça.

« Tient, il faut que je te montre ça ! » Et elle non plus.
Déjà, elle filait droit devant, lui faisant signe de le rejoindre.

Un instant en arrière, les lèvres légèrement pincées, Takuma l’observa. Autour d’eux, les grandes bâtisses blanches et ocres où les fenêtres s’alignaient en petits carreaux réguliers lui semblèrent plus hautes malgré l’espace. Pas simple, hein, d’aborder ces sujets-là.

« ça va j’arrive ! Hey c’est moi ça d’habitude ! Tu feras gaffe, tu vires Sovahnn toi, l’altitude c’est pas bon hein ! » Malgré tout, ce sourire lui fit du bien. Ces sommets, Dakota les conquérait, jours après jours, de nouveau maîtresse de son existence.

Découvrant au détour d’une ruelle des colonnes qui semblaient formées de rouleaux empilés et des grandes bâtisses rouges qu’une brume noyait sans qu’il n’en comprenne l’origine. Comme si le monde ici soufflait par moment les nuages droit sur son peuple. L’Humain si petit qu’il se noyait alors dans les éléments.
Ça et là, dans l’architecture des marques des conflits passés avec la Chine lui rappelant les influences qu’on pouvait noter dans certaines des îles du Japon, plus longtemps marquées par les invasions de leurs voisins. La rattrapant, c’est bientôt une conversation plus neutre qui s’engageait entre eux. La politique du pays, les voyages qu’elle avait pu faire, les régions découvertes, la manière dont elle communiquait ou pouvait être perçue. Et peu à peu, sa sécurité, son rapport à la vie, la façon dont elle évoluait. Peu à peu, les mots prenaient sens, trouvaient la voie et déliaient les nœuds qui les engorgeaient. Peu à peu, à construire de nouvelles parcelles de leur relation.


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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Lun 14 Fév 2022 - 13:25

 6 Juillet 2016


Le songe s’accrochait encore derrière ses paupières closes. Les battements de cœur qui le ramenaient à la réalité ne le défaisaient pas tout à fait de l’imagerie encore bien tangible dans ses brumes. Les couleurs vives ocre et pourpre d’un automne au Japon. Les fumeroles de la vapeur d’eau échappée des sources chaudes, l’érable dont quelques feuilles bordeaux s’échappaient pour dériver seules sur l’eau trouble. La sensation de la roche sous lui, les grandes pierres sur lesquelles on se pose pour laisser le temps s’écouler sans but, l’esprit comme ces feuilles, navigant sans s’accrocher à quoi que ce soit. Et son corps qui lui apparaissait entre la brume, ombres chinoises dans l’atmosphère humide.

Quelques battements de cœur oui, sans doute trop vifs, pour l’attirer hors du rêve, le crâne posé contre la vitre du bus, les vibrations pour l’ancrer dans la réalité. Takuma battit des paupières, ses yeux dérivant un instant sur les paysages de montagne qui défilaient derrière la fenêtre. La roche s’étirait au loin, grise et sèche, contrastant profondément avec l’impression diffuse qui restait encore agrippée à ses sens à mesure que la réalité traçait son chemin, s’imposant dans sa conscience. Pourtant les iris d’eau restaient, assez profondément ancrés pour faire naître un sourire sur ses lèvres engourdies.

Il lui fallu encore un petit temps avant de tout à fait reconnecter. Comme si tout avait du mal à faire son chemin. La pression du siège à sa gauche, la sensation de la vitre contre son épiderme, le contact chaud sur sa droite, celui sous ses doigts. Un moment avant de comprendre qu’il était au Tibet, dans le bus qui les éloignait de la capitale, que devant ses yeux, c’était l’Himalaya qui courrait à perte de vue, que sous ses doigts une cuisse demeurait. Et contre son épaule, Dakota reposait, endormie. Les vieux réflexes d’un couple pourtant défait. Ces choses qu’on fait sans vraiment y prendre gare, sans doute bien trop ancrées pour les effacer tout de suite sans y penser.

Les yeux posés sur son ex endormi, Takuma retraçait en silence toutes les nuits passées ainsi, l’un sur l’autre dans un canapé miteux de la salle commune. Elle n’avait rien à faire là, il n’avait pas été compté, c’était le canapé qu’ils avaient occupé, même lorsque des lits furent libérés, mal à l’aise de prendre la place de ceux qui n’étaient pas partis de leur plein gré. Il en avait fallu des mois avant de se décider à prendre un lit et jamais ils n’avaient perdu cette habitude de dormir enlacés. Comme si ainsi, rien ne pouvait véritablement arriver. En douceur, Takuma retira sa main, la chaleur de la jeune femme lui manquant immédiatement. Contre lui, elle bougea légèrement, replongeant immédiatement dans un souffle qui lui arracha un sourire tendre et mélancolique.

Pourtant les iris d’eau étaient toujours là, gravés à chaque battement de cils, prêts à s’imprégner dans ses rétines. Là aussi, un manque de chaleur, un vide qui ne devrait pas être là, une chose qui appelle à trouver l’autre.

Agissant avec une lenteur mesurée de sorte à ne pas réveiller son ex, c’est son téléphone qu’il sorti.

Là, sur l’écran, une notification. Lyn.

Le sourire s’élargit et grimpa jusqu’aux prunelles. Plus vif.

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Takuma Ishida Hayato
Mer 16 Fév 2022 - 2:16

 6 Juillet 2016

Au creux des montagnes, c’était pourtant les scintillements d’un lagon qui se dessinaient sous ses prunelles fixes, l’esprit lointain. La pâleur diaphane de la lune foulait les chemins du passé pour percer le haut soleil du présent, forçant l’invitation de ses souvenirs pour couler contre sa peau une chaleur déjà effacée depuis longtemps. Dans un battement de paupière, il la voyait se défaire de ses vêtements, frissonner dans la nuit noire et rire, légère et simple à l’ombre de la falaise. Un instant recroquevillée à l’air froid de la soirée avant d’affronter l’eau dans un souffle assuré. De la silhouette en ombre chinoises où la lune traçait dans l’obscurité bien des rayons pour en discerner les formes, c’était pourtant son sourire qui se détacha un instant aux tréfonds de ses rétines. Le rire communicatif qui, à lui seul, suffisait à réchauffer l’air de la soirée et fracturer la constance de son spleen. Le rire simple d’une femme qui, le temps d’une soirée, avait réussi à tout effacer pour le fasciner tout à fait. Il avait sans doute été particulièrement naïf de penser que ce regard-là qu’il avait posé sur Caitlyn le temps d’une nuit pourrait n’exister qu’à l’ombre de ces deux-jours. Même pas. 24h. 24h loin de tout, à dessiner entre eux les rives d’un lien renié. Naïf, oui, d’imaginer qu’un tel moment ne se soit pas gravé dans sa chair à jamais. Naïf de songer que la facilité avec laquelle ils continuaient de communiquer sans jamais vraiment s’interroger sur la force de ce lien qui quelques semaines plus tôt n’existait pas n’appelait pas à plus. Naïf de penser qu’au travers du silence, ce souvenir finirait par perdre de sa substance.

« C’est peut être prétentieux mais j’ai tendance à penser que jusqu’ici, quand tu avais ce regard-là, c’est à moi que tu pensais. » L’usage du passé se surpris moins que la voix de Dakota, le ramenant droit au présent comme un météore qui se crasherait au milieu du désert. Les battements de paupière alors, éloignaient le souvenir pour ancrer de nouveau à la réalité, posant sur elle un regard aussi étonné qu’amusé. Ils se trouvaient le long d’une route de montagne, le sac posé à ses pieds, contre un petit muret de pierres mal-agencés dont les rainures imprégnaient ses avant-bras. La pierre avait chauffé au soleil, contrastant avec le petit vent frais qui se glissait parfois sur sa peau à nue pour lui rappeler qu’en altitude, l’air est souvent plus vif.

Tout en se glissant à ses côtés, Dakota qui s’était éloignée un moment vint poser sa hanche contre le mur, les yeux dans les siens. Il ne fallu pas longtemps de cette assurance pour qu’il ne concède d’un rire doux ce qu’elle affirmait avec témérité. Ils s’y décidaient alors ? A aborder cette relation parfois un peu branlante, toujours en coude à coude avec l’amour passé, encore bien mal accroché.

« C’est pas prétentieux.. c’est même plutôt bien vu. »

L’encre dans le gris de son regard, Takuma y vit passer bien des nuances sans vraiment savoir quelle teinte dominante s’y peignait véritablement.  Elle eut un souffle, à son tour, son corps s’affaissant légèrement sur la pierre. Blessée ? Peut-être. Mais venait sans doute ce qui devait se clore entre eux.

« Donc tu as quelqu’un ? »
Au travers de ces lèvres qu’il avait si souvent embrassées, la question lui sembla si absurde qu’il ne répondit que cette chose trop simple : « Non. » Trop simple car elle le connaissait assez pour savoir que l’histoire ne s’arrêtait pas là. Une unique syllabe, parce qu'il semble parfois absurde de répondre à une telle question quand il reste au fond des miettes d'avenir qui n'auraient jamais lieu et que les confronter à ce qui prend aujourd'hui l'assurance des sentiments semble presque déplacé.
« T’as tenté un truc ? » La voix était douce, presque fluette dans l’immensité environnante. Seuls face aux montagnes, le bus les avaient déposés à deux heures de marche d’un village où ils devaient s’établir. Fragile, cette demande, et pourtant affirmée.

Ainsi il fallait répondre, bien sûr. C’était pour ça qu’il était là après tout. Pour poser les choses, avancer à deux et non chacun dans leur coin sans vraiment tenir compte de l’autre. Pour autant à cette question, il se revit presque trois ans auparavant, assis sur le lit d’un homme qui pourrait bien lui faire vivre le pire enfer s’il le trouvait là avec sa fille. Une jambe sous le corps, la seconde contre le sien et les rires qui coulaient jusque sur leur peau, comme pour remplir l’espace vide. Mais l’espace était tout empli de ces yeux. Ces grands yeux au couleur de ciel qui le fixaient quand se mourrait le rire pour laisser place à autre chose. Une envie moins fluette, moins libre que ce qui  claquait quelques instants plus tôt. Un besoin venu alourdir l’air quand il réduisait finalement la distance entre eux pour prendre ses lèvres, cédant à l’envie bien installée pourtant.

Sans vraiment exprimer ce souvenir qui passait à son tour sous ses paupières, Takuma ne pu s’empêcher un petit sourire. Difficile de ne pas faire le parallèle. Encore plus de nier ce qui passa un instant entre eux. La mémoire commune les amenaient sur les mêmes sentiers, un rire léger venu percer leurs lèvres, les siennes d’abord, puis celles du jeune homme et sans vraiment porter les souvenirs en paroles c’est un regard de connivence qui passait entre eux avant que d’un signe de main, elle l’encourage à répondre sans pour autant nier l’évocation qui les amusait tous les deux.

Dans un souffle, le regard finalement bien tendre face aux réminiscences partagées, Takuma cédait.

« On a passé une nuit ensemble. Mais j’ai rien initié et c’était avant… » D’éprouver quoi que ce soit ? « .. qu’on se connaisse. » Et en entendant ses propres mots, il laissa échapper un petit rire. « ça fait sacrément charo’ dit comme ça. » Elle rit aussi, passant sans doute son malaise derrière un rire qui n’en était pas pour autant moins sincère. Seulement teinté des sentiments d’hier.

« Elle a un mec. » Comme le couperet qu’on lâche pour couper court à tout malentendu.
« Ah merde ! » Cette fois le rire se déploya, plus léger et libéré dans sa gorge, la réflexion la prenant clairement de court. Naturellement, la façon dont elle s’exclama délié ce qui grésillait encore chez le nippon qui, soudainement, explosa de rire. « Avoue, tu t’attendais pas à ça comment dénouement ? » Un rire entraînant le seconde, c’était elle qui riait à son tour, une main volant déjà sur son bras, finalement désolée pour lui. Un contact dont le réconfort le piqua étrangement. Pourtant ce qui dominait, c’était bien ça. L’humour. L’amusement réel et sincère qui fusait dans l’air et résonnait contre les monts alentours. Pas de gêne cette fois, le rire n’était ni contenu ni fluet mais vraiment affirmé, envolé par l’absurdité de l’ensemble.

« J’m’attendais pas vraiment à ça.. » Avant de reprendre. « Je la connais ? »
Est-ce qu’il préfèrerait connaître celui dont il devinait la présence sans en avoir aucune preuve ? Sans doute pas pour être honnête. L’ombre de Jake lui suffisait amplement. « Caitlyn Twain. Une Serdaigle, elle était avec nous dans.. » Mais elle le coupa, sans aucune forme d’agressivité ou de colère. « Oui je vois. Une brune. » Takuma plissa les lèvres, sentant la difficulté de la révélation. « Elle est jolie. Et sans doute sympa.. »

Qu’est-ce que tu veux répondre à ça ? Aucune des réactions n’était la bonne, voilà bien la réalité aussi brute soit-elle. Oui, elle est jolie et sympa, bien d’autres choses aussi dont il ne parlerait pas, comprenant au travers de la brume de ce regard qu’il avait trop souvent contemplé qu’il y avait encore bien des choses douloureuses dans son cœur comme dans le sien. Que s’il avait du mal à tourner la page, elle n’était pas en reste. Se quitter lorsque l’amour s’étiole est une chose, mettre fin  à la relation dans les circonstances qui les avaient amenés à rompre en était une autre. Et faire face à ça, quand on est celle qui a pris la décision est sans doute encore bien différent que de vivre la rupture du côté de celui qui n’a rien vu venir. Alors non, Takuma ne répondit rien. Ni à propos de Caitlyn, ni de Dakota. Pas de comparaisons à faire ni de compliments à rendre, ça ne ferait que verser le sel dans la plaie. Du moins pas en première approche.

« Hm ! » Comme si elle s’ébrouait du passé. « Allez, j’paris que c’est un type affreux ! » De nouveau les rires, un peu dépité cette fois, de part et d’autre.
« Ouais, j’aimerai bien... » Non, mais on s’entends. « .. Mais c’est un chouette gars. Beau gosse, patient, compréhensif, drôle... » ’Fait chier c’gars là .. ! Un instant, il vit dans son regard la vanne qu’elle hésita à assumer à voix haute tant elle cachait de compliments à son égard. L’ensemble de brusquerie, de dérision et d’hésitation dans ses yeux ramenaient de nouveau l’hilarité entre eux, les regards s’entrechoquant de ce mélange multiple de dépit, d’amusement et d’affection.  

Pas simple, non, d’avancer et d’encaisser que l’autre le fasse, et pourtant ce fut bien ainsi qu’ils se remirent en route d’un mouvement commun, le bras de Takuma sautant naturellement autour de son épaule pour la ramener une seconde contre lui. Riants, encore bien gauches mais profondément complices, face à l’immensité de l'Himalaya.

Certaines choses se délient, d’autres s’acceptent. Personne n’a dit que c’était facile mais sans y faire face, impossible d’avancer.


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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Mer 16 Fév 2022 - 12:54

 6 Juillet 2016

A peine était-elle arrivée au niveau de la petite maison de briques grises et beiges. Celle-ci n’était pas peinte quand celle d’à côté pourtant, se drapait de blanc, les fenêtres couvertes d’une lasure noire, comme du rimmel autour des ouvertures vers le monde. Entre les deux étages, une bande jaune se parait de différents dessins bleu et ocre, les mêmes couleurs que les volets. Une cheminé dépassait de chaque côté du toit plat et la silhouette du grand homme enlaçant son ex se détachait sur les couleurs vives du bois brun aux lourdes boucles de métal. Dans l’air frais du soir, le rire joyeux du type grinça à ses oreilles à le voir laisser une main dans le dos de la jeune femme pendant un instant. Le suivant, c’était d’autres gens qui arrivaient, lui faisaient signe de la main, échangeant naturellement. Ce fut ça qui lui défonça le plus le myocarde. Le naturel avec lequel elle se liait aux autres, les épaules plus ouvertes, le sourire si franc. Dakota allait mieux ici. Elle s’y ancrait plus facilement, se liait aux autres avec plus d’aisance, bref, elle s’affirmait. Ainsi l’idée d’avoir pu regretter son départ et les circonstances de celui-ci, d’avoir songé plus fort que tout la voir rentrer lui écrasait les cotes. A la voir ainsi, non, il ne fallait pas qu’elle rentre. Il fallait qu’elle avance bien au contraire, qu’elle continue ses voyages, qu’elle vive.
La transformation, Takuma l’avait déjà notée à la voir aller vers ceux qu’elle ne côtoyait pourtant pas à Poudlard, la comprenant plus franchement à l’observer plus vive et directe à Lhassa. Mais à la voir aller ainsi vers ces gens, le nippon compris qu’elle nouait plus facilement des liens maintenant que le danger que les Supérieurs représentaient avait fini par se lever. Durant ces derniers mois, Dakota s’était affirmée, enfin libérée du poids de son père et de son passé. Alors bien sûr, avoir coupé les ponts ainsi était blessant, le laissant lui dans une situation bancale et douloureuse mais à la voir ainsi, il su simplement qu’elle avait bien fait. Son cœur se fendit alors, scindé de deux pensées distinctes. L’évidence qui amenait à la joie sincère de la voir ainsi épanouie, et l’impression poisseuse d’avoir été largué sur le bord de la route, seul face à son propre passé quand elle se libérait du sien. Dans ses veines, le monstre rugit d’indignation, appelant à sa dose, griffant artères et muscles comme une symphonie brusque dans ses os. Rien qu’un instant, son estomac se tordit, son corps s’affaissa doucement, ses mains tremblèrent. Et personne ne vit rien.

Déglutissant difficilement, Takuma fut noyé dans le brouhaha des gens qui s’amassent, des fracas d’une langue inconnue, du bourdonnement sourd des émotions mêlées. Un temps à vouloir s’enfuir, laisser tomber, tout plaquer à son tour pour disparaitre dans un coin comme le chien errant qu’il avait toujours été. Et puis sans vraiment le comprendre, une main se glissa dans la sienne. Une seconde, il cru que c’était la sienne, sans vraiment savoir de quels paire de regard azur il souhaitait qu’il s’agisse. Mais c’était une petite fille qui l’attrapait ainsi, s’adressant à lui de mots qu’il ne comprit pas.
Un battement de paupières, un de plus et le sol se stabilisait sous ses pieds, l’amenant à se rendre compte du regard de Dakota posé sur lui. Si, elle voyait. Bien sûr qu’elle voyait. Et à ses côtés, le grand type s’adressait à lui, le ramenant sur terre.

« ça va ? »
« Oui oui ça va. » Non, ça ne va pas. Mais ça ira. J’te promets que ça ira. Je me promets que ça ira.

Il recommençait, oui. Ces mots qu’il ne lui avait jamais dis étaient toujours là entre eux, placés comme une palissade. Infranchissables. Pourquoi le faire maintenant après tout ? Ça n’aurait pas eu de véritable sens mis à part de la faire culpabiliser. Ainsi il se tu, se feignant d’un de ces grands sourires auxquels elle ne croyait pas réellement, bientôt embarqué dans la maison de pierre. Ils y furent accueillis à bras ouverts et bientôt, c’est lui qu’on enlaçait, à qui on claquait l’épaule, à qui on offrait à boire et à manger. Toujours un peu perturbé qu’on entre ainsi dans son espace personnel, brisant ainsi les règles avec lesquelles il avait grandit, Takuma adressait un demi-sourire un peu gêné, luttant contre l’impression d’agression qui ne venait, il le savait, que d’un trou dans ses veines. Respirer, répondre, se concentrer. Plusieurs fois, tout bourdonna trop fort, l’empêchant de se concentrer sur ce qu’il se passait.  Plusieurs fois, l’effort lui sembla immense pour raccrocher à la conversation.

Et puis il y eu la bouée de sauvetage. Non elle, mais le premier type qui, un peu plus loin, qui s’occupait de celui qu’il devina être son fils. Son neveu peut-être ? Y avait-il ou y avait-il eu quelque chose avec cet homme ? La question restait ouverte, ne trouvant pas de réponse dans le regard de son ex. Mais autre chose cristallisa son attention. Une note légère et suave d’une corde qui vibre dans l’atmosphère. Délaissant avec soulagement ce qu’il avait pris pour un thé et qui, très étonnamment, semblait délié dans de la graisse, Takuma quitta la table sous le regard surpris de Dakota. Accroupis près du feu, il découvrit l’homme en train d’apprendre au garçon à jouer d’une étrange guitare. Plus petite, visuellement assez semblable à un violon, s’en échappait un son doux et léger qui lui plu immédiatement. Voilà quelque chose qui l’aidait à s’accrocher au présent, s’extirpant plus facilement du marasme qui prenait ses pensées. La chaleur du feu lui piquait le dos, rappelant la fatigue dans ses jambes, les points de pression sur lesquels il se concentrait et le jeu des doigts qui volent le long des cordes. Concentré sur celui-ci, le nippon ne vit pas Dakota se retourner de trois quart sur le gros coussin aux motifs colorés posé chaise, un coude posé sur la table de bois, le petit bol dans la main droite pour observer avec un petit sourire l’échange qui s’était initié entre les trois hommes.

« Dra-Nyen.. » Répétait Takuma, s’y reprenant à deux fois pour obtenir la bonne prononciation. Au dessus de la cheminée, les visages peints semblaient le juger quand chez le petit garçon pour qui l’anglais était étranger, c’est un rire simple qui transparaissait. Il ne fallu pas longtemps au musicien avant de leur demander s’il pouvait prendre l’instrument. Si l’enfant – Tenzin – pouvait lui apprendre. S’exprimant par gestes explicites auprès du petit, c’est son père et l’assemblée qu’il fit rire. Dakota avec eux. Bientôt assis sur un coussin au sol, les pieds nus tournés vers le feu, Takuma se débarrassait du sweat qu’il portait depuis le déclin du soleil. C’était ainsi depuis toujours, il devait avoir les bras nus pour jouer. Allez savoir pourquoi.

Penché sur lui, Tenzin lui expliquait bien des choses dont seule l’expérience et les indices concédés par le plus âgés lui permettaient de comprendre.

C’était là ce qui, sans même s’en rendre véritablement compte, lui permettait de s’apaiser. Echanger, découvrir, comprendre qu’il s’agissait là de l’instrument le plus représenté du pays, que son usage revêtait une forme culturelle à la fois traditionnelle, issue des nombreux voyages des nomades qui avaient peuplés ces terres à une utilisation plus moderne. Sourire aux lèvres, le jeune homme partageait alors simplement des tranches de vies, apprenant les morceaux qu’Anil, le plus âgé, lui apprenait. Rapide à la détente, il ne fallu pas plus d’une soirée pour qu’ils échangent quelques musiques, accordent les mélodies et rassemblent un moment d’union parfaitement convivial. Les notes s’élevèrent alors, apaisant le monstre ruant dans ses veines jusqu’à le dissoudre totalement quand les voix se mêlèrent aux symphonies légères ou rauques. Ses yeux mirent un temps à trouver ceux de Dakota, se rendant compte à l’air que ses traits exprimaient… qu’elle l’entendait jouer pour la première fois.

Sans trop savoir comment tout ça était arrivé, ce furent des interprétations de grands morceaux de musique populaire qui finirent par s’inviter dans la danse. Il y a des moyens de communiquer qui traversent les cultures et les générations, la musique est de ceux-là. Les rires s’étaient donc invités dans la maison de pierre, étouffés par les tentures qui, ici et là, permettaient de séparer les lieux en petites pièces pour les isoler au mieux des fraicheurs nocturnes.

Le repas suivant fut plus détendu, notamment pour Takuma qui, défait des plaies de son adolescence, s’ancrait de nouveau plus facilement dans la conversation. Découverte des plats, fou-rires de Dakota qui, du coin de l’œil, le voyait se débattre avec des mets parfois peu à son goût, curiosité sur la culture, les gens, leur quotidien. Ce type qui, quelque part, lui ressemblait un peu et dont il observait parfois les interactions avec Dakota du coin de l’œil en se rendant compte que, si ça faisait mal, la douleur était moins vive que prévue.

Lorsque Tenzin demanda s’il restait, avec Dakota, Takuma compris que ça n’était pas la première fois qu’elle s’attardait ici en chemin. Anil sortit déjà de quoi préparer quelques couchages, sans qu’il ne s’exprime réellement sur la décision prise ou non.

« Rando demain ? » C’étaient ainsi, ils jouaient au chat et à la souris sans vraiment accepter de dire les choses. Rester ou partir, laisser le temps au temps, profiter encore un peu de ces moments retrouvés entre eux sans évoquer frontalement le départ. Randonnée il acceptait, donc, comprenant vite qu’elle prévoyait encore de passer dans une « grande » ville avant de remonter tout à fait jusqu’au lieu où elle était établie.

Quelques temps plus tard, les habitants de la maison qui leur ouvraient grand leurs portes migrèrent jusqu’à leurs chambres respectives, s’accordant pour certain un temps de méditation ou de prière que Takuma suivi avec curiosité. Lui qui avait grandit dans une famille où différentes croyances s’affrontaient et où les cultes étaient multiples, notait en silence des pratiques similaires.

Lorsqu’ils eurent quitté la pièce, c’est seul que l’ancien couple se retrouva face à ce truc aussi con qui ramenait dans leur mémoire tant de souvenirs. Un canapé. C’est con hein ? Pourtant après avoir passé plus d’un an enlacé sur celui de la salle commune, à dormir comme deux outsiders, quasiment fusionnés sur les coussins, le bras semble-t-il défait de ses terminaisons nerveuses au réveil, il ne pouvait y avoir de pensée pour l’organisation de la nuit.

« Prend le canapé. Je vais par terre. » Canapé. C’était sans doute un raccourcit puisqu’il s’agissait d’un meuble légèrement différent sur lequel de nombreux coussins permettaient une assise agréable.

Elle sourit, un souffle amusé passant par ses lèvres. C’était là très exactement ce que le Serdaigle avait dit la première fois, lorsque libérée de la chambre dans laquelle son père la gardait sous clé, elle s’était trouvée à devoir savoir où dormir. La première fois qu’il avait fallu songer à être en contact réel et prolongé avec le corps d’un homme également. Alors bien sûr que leurs prunelles se trouvèrent dans l’obscurité ambiance, seulement percée des lueurs chaudes du brasero à leur droite. Un peu comme dans la salle commune d’ailleurs. Qu’importe la rupture, c’est la tendresse qui perçait leur regard dans le silence d’un souvenir partagé, liés par l’hésitation un peu gauche de ceux qui mettaient finalement les pieds dans le plat sans que cela ne devienne véritablement pesant. Les premières fois, ils en avaient eu des tas, celle-ci en était une. La première nuit séparée, pourtant proches.

« Nan mais tu peux.. »
« Je serais mieux par terre, promis. » Pas en train de chercher un corps qui n’arriverait pas.

Le silence s’étira entre eux, quelque chose de doux et de légèrement amer à la fois – un peu comme le repas du soir tient – qui lui aussi, piquait sans pour autant les mettre à terre. Seulement des étapes qu’on passe et qu’on dépasse, des choses qui se doivent d’être affrontées pour devenir plus naturelles et se défaire du passé pour faire place au naturel d’une nouvelle amitié.

Hésitant à se changer, Dakota enchaîna. « Tu joues bien. » Première fois. Un guitariste qui ne se sert pas de ça pour séduire la fille, on aura tout vu ! En allant chercher un verre d’eau, Takuma la remerciait simplement, laissant la conversation dériver. Depuis quand tu joues au final ? T’as repris quand ? J’imaginais pas…
Non. Car il y avait encore beaucoup de non dits entre eux. Beaucoup trop pour des gens qui avaient passé deux ans quasiment collés l’un à l’autre H24. Finalement, il y avait bien des choses qui n’allaient pas dans cette relation. Des points bien humains qu’on identifie quand tout fini par imploser ou qu’avec un peu de recul, on pose un regard plus avisé sur ce qui fut.

Les choses qu'on ne dit pas non plus, l'implication de Caitlyn dans ce retour aux sources, le besoin profondément ancré de s'y accrocher, de laisser la musique dicter certains de ses battements de cœur, ceux qu'on destine à d'autre aussi. Doucement, il se déjouait du passé à coup d'accords claqués. Et elle découvrait des bouts de lui qui auraient sans doute dû être évidents pour celle qui avait partagé tant de temps à ses côtés. Sa faute, sans doute. Lui qui ne s'était pas assez ouvert, qui s'était en partie enfermé dans un rôle. Et elle, qui se trouvait noyée par son propre passé, monstrueux et envahissant.

Deux jeunes gens, qui avançaient à leur manière pour s'en défaire, observant du coin de l'œil celui et celle avec qui ce chemin n'aurait sans doute pas pu se faire, finalement.

En se glissant dans les couvertures, il voulu lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment. De même, il l’entendit hésiter, une fois, deux fois. Puis se taire.

Finalement, c’est l’épuisement de la journée et du décalage horaire qui finit par les arracher de leur désarroi.

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Takuma Ishida Hayato
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Lun 14 Mar 2022 - 23:44

 6 Juillet 2016

Il faisait frais sur les hauteurs lorsqu’il ouvrit la porte de la bâtisse au matin. Le besoin de prendre l’air, de faire face à cet univers inconnu, d’entendre les bruits de leur quotidien, de découvrir ces deux hommes qui partaient déjà il ne savait où dans les montagnes s’éloigner d’éclats de rires et de mots dont il ne reconnaissait même pas les syllabes. Takuma s’était pris d’un plaisir franc à visiter de bonne heure le petit village de maisons éparses. Les mains plantées dans son jean pour se protéger de la fraicheur de la matinée, il s’était arrêté quelques fois pour parler avec ceux qui l’arrêtaient, communiquant par sourires et gestes sans vraiment savoir si ce qu’il comprenait correspondait à ce qui était dit. Besoin d’air, besoin d’activer ses muscles pour oublier qu’une chose bien macabre y grésillait par moments. Besoin d’oublier qu’il s’était éveillé en pleine nuit, avait passé une bonne heure à écouter le souffle régulier de la respiration endormie de son ex incapable de s’empêcher de dériver sur le quotidien qu’ils avaient partagé et ne se produirait plus. Inapte également, à expliquer comment il était passé au souvenir d’un autre souffle sur sa peau, le sommeil étrangement naturel auprès d’une femme qui n’était rien d’autre qu’une inconnue à l’époque. Une femme qui semblait parfois savoir quand ses pensées dérivaient ou que ses veines crépitaient.

« Tu le savais avoue ? »
« De quoi ? » Que je pensais à toi.

Activant avec un temps de retard la caméra, Takuma ne tarda pas à la voir apparaître sur le petit écran. A Londres la lumière déclinait quand elle s’élevait ici. Il observa tout au long de la discussion les paysages défiler en arrière plan, les ruelles londoniennes et moldues perdant peu à peu en lumière naturelle comme si le soleil se trouvait avalé par celle des lampadaires. Ainsi la luminosité allait et venait sur la peau claire de Caitlyn qui lui faisait retracer ses aventures du moment, lui parlait de la boutique, évoquait Jake ci et là sans vraiment s’y attarder, terminait plus naturellement sur une histoire de cinéma et les nouvelles de l’augurey que sur ses relations avec son mec. Il pourrait presque l’oublier, à la voir rire ainsi au travers du petit écran, les lumières de quelques néons venus éclairer sa joue par intermittence. De gestes vifs, il finissait par lui présenter les paysages dans lesquels il évoluait, expliquait les différents pics rocheux au loin sans être véritablement persuadé d’avoir tout à fait retenu les leçons que Dakota et Tenzin. L’entendre rire ou relier ces quelques informations à des anecdotes sur la Norvège. Doucement, le grésillement s’en alla et bientôt, il vit en arrière plan des lieux qu’il reconnu sans mot dire. Au fond, la voix claire de Jake, signant la fin de la conversation. Quelques mots à trois donc, quelques échanges entre les deux hommes et le clap final. Celui qui le laissait seul face à ses montagnes, s’asseyant un instant sur une petite barrière en bois manifestement solide à se dire qu’il parlait à ce mec comme si de rien n’était alors qu’il était à présent clair qu’il avait des vues sur sa petite amie. Ni très honnête ni très éthique son histoire. Une petite amie qui songeait à l’appeler alors qu’il était absent depuis deux jours seulement et passait l’intégralité de son retour à pied à partager avec lui sans vraiment l’évoquer. Qu’en penser ? Et que penser du fait qu’il n’ait pas évoqué Dakota alors même qu’elle attendait sans doute qu’il évoque le sujet ?

Le bout de la langue coincé entre ses incisives, perçant jusque sous sa lèvre supérieure, Takuma fini par laisser son observation lointaine de bestioles au poil blanchâtre dont il n’arrivait à distinguer s’il s’agissait de chèvres, de moutons ou d’alpagas, pour retourner enfin au village. La sortie soudaine de gamins finit par l’arracher à ses rêveries parfois teintées de sentiments qu’il ne savait définir. Voilà que les mômes l’emportaient sans qu’il n’ait vraiment compris comment dans une partie de foot endiablée, le forçant à courir avec eux jusqu’à laisser rebondir la balle sur l’un des murs des maisons sous le mutisme soudain de tous les gosses. Connerie universelle. Il aurait presque entendu sa propre mère sortir en criant son nom pour l’engueuler comme un môme. Mais c’est sur Dakota que son regard tomba, appuyée contre un mur et emmitouflée dans un gros sweat à capuche, l’observant avec un petit sourire sans mot dire.

Avant qu’il ne puisse réagir, d’autres portes s’ouvrirent pour demander – sans doute – ce qu’il se passait. Accusant les doigts dénonciateurs des gamins, le jeune homme se fendit alors d’une grimace désolée, s’inclinant dans un réflexe culturel sans doute aussi peu adapté qu’à Londres mais non moins accueilli naturellement. Conscient que les échanges parfois houleux entre les pays d’Asie puissent l’amener sur un terrain glissant comme il pouvait le voir « chez lui » avec le rejet lattent des américains, Takuma fut soulager de voir certains sourires en coin se dessiner malgré les faux airs ronchons. Rappelés à l’ordre, les gosses s’éparpillèrent soudainement, le surprenant par leur activité si tôt au matin.

« Tu fais sensation.. »

La voix de Dakota s’éleva derrière lui, le petit air moqueur s’élevant dans l’air frais.

« Ouais, grand succès… En même temps j’ai jamais affirmé être particulièrement doué pour le foot. Mais c’est universel comme jeu. » Tout en parlant, il se retourna pour la rejoindre et lui faire face. Les cheveux remontés dans une queue lâche laissant couler quelques mèches rebelles dans sa nuque, elle s’était détachée du mur sur lequel elle était jusqu’ici adossée, sortant les mains de la grande poche du sweat. « J’ai fait la même en arrivant alors tu sais, j’te jetterai pas la pierre.. » Rire immédiat, l’imaginant tout à fait dépasser soudainement ses limites, la découvrant jours après jours moins réservée qu’elle l’était à Poudlard. « T’as touché le mur toi aussi ? » « La fenêtre… » Ou comment dédramatiser le peu de tension qu’il ressentait encore au vu de sa bêtise de gosse. De quoi faire naître un rire plus marqué dans sa gorge et un élan d’affection dans son cœur. L’imaginer se trouver ainsi, dans ces ruelles de pavés ne cessait de l’étonner. Comme un moyen de la découvrir sous un nouveau jour. Un angle plus libre, plus franc aussi. « Pas un pour rattraper l’autre... » Lui dirait-il ce genre de choses ? Sans doute pas. Risqué, très probablement.

Autant que ce regard qui s’égarait une seconde. Non sur ses lèvres ou sur sa nuque mais sur le sweat qu’elle portait. Un truc à lui,  à vrai dire, les quelques écritures japonaises qui y traînaient ça et là le sous-entendaient aisément. D’un clignement de paupières, Takuma revit ce moment où, glacés dans les gradins du stade de Quidditch, elle s’était serrée contre lui, le visage tourné vers le haute à observer Sovahnn s’entraîner avec son équipe. Les étoiles brillaient tout là-haut, régulièrement masquées par les silhouettes vives qui fusaient au dessus de leurs têtes. Il la sentait encore trembler contre lui, le bras secoué de frissons incontrôlables. Puis se voyait ouvrir le sweat trop large, la recouvrant de la chaleur du pull qu’il refermait pour les envelopper dans une  petite bulle rien qu’à eux et partager ce moment plus longtemps.

Un instant, les grandes montagnes et les petites maisons disparurent pour ne laisser que ce moment de flottement entre eux, ce sourire en coin, ce regard échangé sans doute avec un peu trop de profondeur pour être celui de deux amis. Jamais ils n’effaceraient ce qui s’était passé entre eux, ni les sentiments qui les avaient liés. C’était ainsi, toujours là en sous-texte, prêt à venir souffler le frisson sur leurs épidermes.

« J’avais oublié ce sweat.. »
Un haussement d'épaules; presque neutre. « Jl’aime bien… » Puis, comme secouée d’une soudaine incertitude. « Tu veux que j’te le rende ? »
Réponse évidente, lâchée d’un sourire franc et tendre. « Certainement pas non… Garde-le. Il te va mieux qu’à moi. » Trop grand pour lui. Une tente pour elle. La réflexion la fit rire immédiatement, consciente qu’elle nageait dedans. « C’est ça moques-toi ! En attendant j’ai chaud là-dedans. Et puis je poursuis ta tradition : il voit du pays. » « Ah ça c'est sûr, il se sera sacrément baladé ce truc ! Cela dit... Tu sais que je pourrais te le rapetisser à ta taille ? »

Posant les yeux sur le sweat, la jeune femme réfléchis un instant, ses mèches blondes glissant au gré du vent sur sa nuque ou sa joue. « J’préfère pas non. Merci. »

Et quand son regard remonta jusqu’au sien, il comprit parfaitement pourquoi. Garder les choses intactes et chargées de souvenirs. Dakota n’avait pas possédé grand-chose à Poudlard alors ce qui lui restait portait un sens qu’il aurait été bien bête de lui arracher. D’autant que ce que ce sweat portait ; c’était eux.

« Petit dej ? »
« Petit dej ! »

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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Dim 20 Mar 2022 - 0:41

 6 Juillet 2016

L’acide flambait ses muscles et apaisait ses nerfs. Comme toujours l’effort lui coutait mais permettait de faire ressortir la tension qu’il gardait d’ordinaire sous clef. Des heures qu’ils marchaient à présent et au fil du temps la sensation amère avait fini par passer, laissant son corps épuisé mais serein. Epuisé pourtant putain. Le cœur balancé contre ses cotes fusait sans cesse comme un bagnard sur des barreaux un peu lâches. Pourtant Dakota cavalait droit devant. Les cheveux accrochés dans une queue lâche qui laissait échapper depuis bien longtemps nombre de ses mèches d’or, elle semblait survoler la crête sans en souffrir plus que ça. Un pantalon large, de grandes poches, un simple débardeur et la peau exposée au soleil des hauteurs, Dakota replaçait son sac sur son épaule d’un coup de hanche sans véritablement détacher le regard des grands espaces qui sillonnaient sous ses pieds. Voilà des heures qu’ils marchaient et qu’elle l’amenait dans ces lieux reculés où il lui semblait se trouver aux confins du monde. Seul avec elle comme si plus rien d’autre n’existaient en dehors des montagnes, de leurs souffles de cathédrales ou de l’immensité muette. Les cris des rapaces ou des mammifères semblaient ici maîtres, se partageant la régence du monde avec le bruissement des feuilles, plus rare. Et elle, elle semblait dominer le monde. Exploratrice vorace prête à le découvrir sous chacun de ses angles, à l’observer, l’appréhender sans à priori. Prête à s’imposer, aussi. Tout le lui indiquait dans sa posture. Plus droite, le menton levé vers les monts, les épaules en arrière, les gestes vifs Dakota semblait avoir pris en assurance. Elle était ici chez elle, chassant l’enfant inquiète et la jeune femme effacée, elle semblait se poser à présent en femme accomplie, plus sûre d’elle et fière de ses décisions.

D’un geste franc, elle essuyait son front, chassant au passage quelques cheveux accrochés dans une boucle d’oreille. Ses prunelles courant de sa mâchoire à celles-ci, Takuma se fit la réflexion qu’il ne l’avait effectivement jamais vue avec de tels bijoux. Une nouveauté de plus. Pourquoi les porter en randonnée d’ailleurs ? Sans vraiment s’en rendre compte, il en revint à ses yeux, brillants dans le soleil si haut de la journée, un léger sourire en coin à observer sous leurs pieds la pente des monts courant jusqu’à la vallée où les scintillements argentés d’un lac brillaient dans la chaleur de l’après midi. Mais lui n’y prêta pas d’attention car durant quelques secondes, il restait bloqué là-dessus. Sur cette femme qui avait tant changé et dont l’assurance évidente – un peu ralentie par la situation particulière qui courrait entre eux – éveillait chez lui une joie tenace à la voir ainsi plus épanouie. Pas que. Le regard perdu sur un corps qu’il avait souvent parcouru, toujours rattrapé par la frustration d’un arrêt net, la douleur de la voir noyée d’angoisses, la peine d’être perçu comme agresseur, la colère de ce qu’on avait abîmé chez elle, l’envie bafouée de tout réparer sans en être capable. Tout remontait un peu connement, le désir, presque honteux d’être premier sur la liste, griffant ses nerfs de la voir inspirer profondément, appelant à ses souvenirs bien des images inaccessibles.

Un moment d’égarement qui n’avait rien à faire là. Une seconde, un battement de cil, quelques pulsations cardiaques pour la voir se retourner à retardement et ravaler le trouble pourtant installé. Se secouant soudainement, Takuma détournait le regard comme pour se découvrir un intérêt renouvelé pour le lace en contrebas. Pourtant à croiser ses prunelles grises, il ne pu qu’y lire ce petit sourire un peu différent, plus profond, légèrement pincé. Un brin moqueur, peiné aussi sans doute. Flatté ou agacé, qu’importe, le jeune homme se sentait con. Plus encore, d’ailleurs, à sentir le trouble se répandre jusqu’à elle, provoquer l’hésitation, l’élan avorté qu’il sentait naître en elle avant de mourir sans avoir franchi les barrières du mutisme. Deux ans. Deux ans à vivre sans cesse l’un avec l’autre, à grandir ensemble dans un contexte qui favorisait la proximité. Alors bien sûr, ils se connaissaient assez pour entendre leurs silences et reconnaître certains regards qui ne trompent pas. Assez donc, pour se parer de la gêne de l’autre et ne savoir qu’en faire.

Alors elle reparti sans rien dire de plus et les minutes s’égrenant, la tension un peu gauche de chacun finit par se dissiper. Pourtant dans l’effort, c’est bien les traces de leur relation passée qui se déroulait sous ses pas. Isolés ici, ils se rejoignaient dans leurs pensées, retrouvaient leurs rires et leurs contacts, les moments de panique, de réassurance, de complicité ou d’incertitude. Il revoyait sa colère et ses larmes, ses tremblements dans ses bras ou les moments où, muets, ils restaient tous en silence dans la salle commune à encaisser une journée trop chargée. Sous ses pieds, les graviers et les herbes rêches. Dans ses pensées, la manière dont il déliait finalement les silences. Takuma revoyait Sovahnn débloquer les choses ou Jordane violenter la situation, défaisant finalement les mailles trop solides de leurs plaies ouvertes. Il voyait les regards échangés quand la rousse s’était trouvée face à une déclaration enflammée en pleine salle commune ou les lèvres pincées de Dakota quand une réflexion de Logan venait rappeler les liens qu’il avait pu avoir avec Aileen. Jamais un reproche ni d’inquiétude réelle quand lui avait sans doute été plus vivement agacé par le comportement d’Alec à son égard. Il revoyait en silence la première fois qu’elle s’était glissée contre lui sur ce canapé miteux des Serdaigles, le regard de Jordane en traversant la salle au petit matin, celui de Sovahnn une heure plus tard au repas. Les petits déjeunés emportés en douce pour les lui apporter et les repas pris sur les toits à l’aurore, là où personne ne pourrait la voir. Là où le monde semblait libre devant eux, où aucune barrière ne venait leur rappeler la situation dans laquelle se trouvait le château et ses habitants. Rien d’étonnant donc à ce que ce soit ici qu’elle trouve refuge et apprenne enfin à prendre l’aisance dont elle manquait profondément, toujours en danger par sa seule existence à Poudlard.

« Depuis quand tu cavales comme ça, sérieux ?! Je galère à suivre.. ! » Le souffle qui passait ses lèvres manquait effectivement de régularité, souvent court, il indiquait sans mal à quel point le jeune homme peinait à suivre le rythme.
« Après tant d’années, il aura fallu t’emmener jusqu’à l’Himalaya pour que j’ai ma revanche ! » Il fallait dire qu’il était habituellement celui qui la perdait à Poudlard. Trop speed, trop vif. Sauf qu’ici ses hématies montraient des signes de renoncement et face à celle qui avait passé les huit derniers mois sur les sommets du monde, lui semblait bien faiblard finalement.
« ça va ça va, j’abdique ! On fait une pause ! »
Dans un éclat de rire franc, c’est avec les bras tendus vers le ciel qu’elle s’arrêtait dans une ultime moquerie. « Victoire !! » Là non plus, finalement pas tant son genre mais elle-même se permettait à présent de prendre plus d’espace et cette évidence vint le secouer d’une joie douce-amère. Et avec un sourire franc mais doux, elle le laissa le rattraper. « Tu m’aurais vu la première fois qu’on a marché pendant la moitié de la journée comme ça.. Franchement tu tiens bien, ton hyperactivité latente te files un bon rythme au final.. »  Dans un rire clair, Takuma lui adressa une grimace en déposant les armes son propre sac au sol. « C’est ça, on y croit. En attendant je suis en nage et toi que dalle. Et toi, tu portes le sac lourd. D’ailleurs je rappelle que je peux l’ensorceler si tu veux… » « Eh ! Laisse-moi me la péter deux minutes avec mon sac trop lourd pour toi plutôt que de vouloir me l’enlever ! Soif ? »
« Affreusement ! » Une affirmation lâchée dans un souffle en s’effondrant au sol dans un même mouvement. Le cul dans la poussière du chemin des crêtes, Takuma laissa couler ses jambes sur les flancs de montagne, réalisant de nouveau l’immensité qui courrait sous leurs pieds. « C’est quand même un paysage de fou.. » « Ouais hein… On a l’impression d’être sur le toit du monde.. Face à tout ça, ça remet les choses en perspective je trouve. » En parlant la jeune femme s’était assise à ses côtés, ramenant le sac sur sa hanche puis entre ses jambes pour l’ouvrir et lui donner la bouteille d’eau. « On est minuscules ici. Nos problèmes aussi. Ça fait du bien. J’ai toujours l’impression que ça remet de l’ordre dans mes pensées tu vois.. » Il voyait. Les avants bras posés sur ses genoux, le regard dans le sien, un petit sourire d’assentiment sur les lèvres. La sensation de chaleur que la jeune femme dégageait à être ainsi assise contre lui le fit sourire en silence un instant. « Merci.. » Pour la bouteille qu’il récupéra avant de la déboucher et d’en prendre quelques longues goulées nécessaires. « Tu en as rajouté non ? » Son geste se terminait à peine qu’il essuyait une goutte sur son pouce en posant les yeux sur ses bras nus désignés du regard par son ex. Tatouages, donc. « Ouais ! » Un petit rire dans la gorge. « J’en avais refait un il y a quelques mois et après avoir parlé tatouages avec Enzo j’ai encore craqué. » D’un sourire il la vit remonter le fil de ce qu’il avait gravé sur sa peau depuis l’enfance. Son regard courrait un instant sur sa peau, glissant jusqu’à ses épaules pour s’achever dans ses yeux, laissant le silence les rejoindre un moment. « T’as… » Une tentative pour se défaire du trouble venu rappeler à leurs lèvres bien des habitudes à présent reniées. « J’y suis ? » La question lui sauta au cœur dans un pincement immédiat. « T’as dit qu’il y avait ta vie de gravée sous ta peau. Alors si t’en as fait des nouveaux depuis la sortie.. » Tu penses vraiment que tu pourrais ne pas faire partie de ma vie ?

D’un souffle, Takuma baissa les yeux, se défaisant d’un contact bien trop prolongé, rappelant à chacun que s’ils avaient rompu, ça n’était pas par manque de sentiments.
Et plus piquant, c’est avec amusement qu’il ramena ses prunelles dans les siennes. « Mauvais pays, madame l’aventurière. Faudra apprendre le Japonais pour le savoir. »

Evidemment que tu es inscrite sous ma peau.

Dans un claquement sec de la langue, il la vit se redresser et frapper sa cuisse d’un mouvement vif, le menton plissé et les lèvres pincées. Impossible, donc, de ne pas en rire, de cette moue boudeuse. Impossible, sans doute, de ne pas craquer. Là, sur les bords du monde, le reste disparaissait finalement. Les autres, le passé ou l’avenir, les démons et les manques. Lyn et son mec. La rupture. Vivre l’instant présent semblait à portée. Gravé dans son sourire et la latence du trouble dans son regard.

« T’as bien fait d’me plaquer. » Pourquoi tu viens de dire ça ?

Le trouble évacué, elle-même le fixa avec cet air incrédule qui se répercutait jusque dans ses yeux d’encre.  Les lèvres entrouvertes, un petit rire perplexe venu du fond de la gorge, il la sentit incapable de savoir s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise chose.

« Tu.. veux dire… pour aller vers.. » Caitlyn.
« Quoi ?! » L’association des deux idées ne lui était pas venu en tête et s’il perçu un pic de jalousie contenue, un brin de colère inconnue vint lui griser les sens. Comme s’il faisait quelque chose de mal, qu’il était inconvenant, finalement, de s’en vouloir pour ça. « Mais non ! Attends j’me suis mal… c’est pas ce que je voulais dire... On se connaissait pas en plus elle et moi ; ça n’a rien à voir. » l’agacement, oui, de se sentir jugé pour un truc qui se devait de bien passer entre eux pour qu’ils puissent passer à la suite. L’agacement, surtout, de sentir qu’en cet instant précis, elle n’avait pas plus envie que lui de clore ce chapitre et qu’elle éprouvait une colère manifeste pour cette rupture qu’il rappelait quand, sans doute, en cet instant elle tendait vers autre chose. Un truc illégitime de sa part, une plaie dans laquelle il n’était pas certain de vouloir s’engouffrer. Les mains levées, un froncement de sourcils et d’un mouvement de balancier du visage, Dakota lui fit comprendre qu’elle ne comprenait pas ce qu’il avait voulu dire, avec tout le manque de finesse d’un ex un peu gauche aux émotions et décisions mal dégrossies.

Dans un soupir, Takuma vint passer une main dans ses cheveux bleutés, détournant une seconde le regard du sien.

« J’t’en ai voulu. » N’est-ce pas inutile de l’admettre ? De revenir là-dessus ? « Je voulais pas. T’as complètement le droit d’avoir voulu t’éloigner et la vie c’est comme ça, on fait pas tous les mêmes choix et c’est ok. Simplement… j’étais pas prêt à ça, je l’attendais pas et si je comprenais… bah ça m’a fait plus mal que prévu que tu partes sans un mot. »
A ses côtés, il la sentait plus tendue, les traits légèrement crispés laissèrent pourtant ses lèvres s’entrouvrir pour laisser couler une réponse qu’il arrêta pourtant.
« Laisse-moi finir s’il te plait. » Réponse ravalée, donc. « J’suppose que c’était plus facile de simplement… couper court. D’autant que je fais sans doute partie du pack ‘compliqué à gérer’ et que c’est parfois plus facile de simplement mettre tout de côté pour réussir à se reconstruire … » Les lèvres pincées, Dakota l’observait avec le courage de ne pas détourner le regard face à ses mots. Il devinait la gorge serrée et le cœur battant à la manière dont elle le laissait dérouler ses pensées en silence. « Ce que je voulais dire, c’est que j’ai beau avoir été blessé par tout ça… t’as bien fait. » Sans véritablement desserrer les lèvres ou les sourcils, il la sentit pourtant se détendre dans une forme de surprise incrédule. « ça se voit que.. t’a bien fait. Tu sembles plus à l’aise, avec toi comme avec les autres, t’as l’air d’aller mieux, vraiment. Tu te tends parce que tu crois que t’as un truc à défendre… mais c’est pas le cas. Ta décision c’était la bonne et même si j’imaginais qu’on irait un peu plus loin tous les deux on a eu une belle histoire et jamais je t’en voudrais pour avoir fait ce qui était important pour toi. » Il en faut du temps pour l’accepter, pour le verbaliser, pour l’admettre. Comprendre qu’on n’est pas ce qu’il y a de mieux pour l’autre, que nos voies sont simplement trop différentes pour l’heure, que ça n’est plus compatible. Accepter que c’est ainsi, que c’est fini et que c’est bien comme ça.

Takuma vit ses prunelles s’embuer sans vraiment comprendre que les siennes en faisaient de même. Sans un mot et d’un geste commun, ils se glissèrent dans les bras l’un de l’autre, la colère soudainement soufflée par les vents des montagnes. Du menton, le jeune homme écrasa les quelques mèches en fuite, déposant sans y songer un baiser dans le cou de celle qui tiendrait à jamais une place particulière dans son existence. Son premier grand amour. Celui qui marque un tournant entre l’enfance et l’âge adulte. Celui pour lequel on prend toutes les décisions de merde et tous les risques de l’adolescence. Celui qui nous ravage le cœur et nous apprend qui on est. Celui qui nous laisse vide et incertain quand il s’enfuit. Mais dont on se remet.

« Moi aussi j’m’en suis voulue.. »

C’est un rire qui vint du nombril jusqu’à secouer ses épaules. Un rire étranglé. Un rire qui vint surtout la serrer plus fort encore contre lui.

« Tu peux arrêter.. »

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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Sam 16 Avr 2022 - 17:31

 6 Juillet 2016

Sous ses paupières closes le soleil éclatait de coquelicots les lueurs de la chaude journée d’été. La présence de la montagne lui parvenait ici différemment. Le silence s’était finalement peuplé de son légers, lointains, perdus presque et grimpant finalement jusqu’à ses tympans à présent qu’il s’était décidé à y porter l’attention. Son propre souffle avait disparu, laissant place au reste. Les chuintements de petites bêtes ici et là, la brise légère dans les feuilles ou les bas fourrés quelque pas en sous pente, les cris stridents des marmottes ou des rapaces se répercutant sur les  flans de la montagne. D’autres sons qu’il n’identifiait pas vraiment, noyés dans la masse de ce vacarme chuchoté. Sous son dos, la gravelle lui piquait la peau, s’imprimant dans ses muscles. A droite, juste sous l’omoplate, une petite branche l’aiguillonnait mais la fatigue de son corps, la chaleur des rayons mordant son épiderme exposé, le doux ronronnement de la montagne, tout le poussait à la paresse, rendant ce simple geste insoutenable. Planté de l’inertie du monde, Takuma en était bercé, se laissant glisser dans une langueur hypnotique.

Il fallu qu’une ombre se fasse sur le rideau de ses paupières pour l’arracher à son entre-deux et couper le flux de ses pensées dispersées.

« Tu sais que tu vas finir par cramer si tu bouges pas ? »
« Hm… »

La fatigue, le décalage horaire, l’impact des émotions, l’altitude, tout pesait sur son corps mal habitué. Sans compter la présence, diffuse mais réelle, d’un combat de chaque instant.
Ouvrant brusquement les yeux, Takuma sursauta à sentir le métal froid des lunettes que Dakota lui glissait sans prévenir mais en douceur le long du visage. D’ordinaire, il y aurait eu une réplique, de l’amusement, une pique. La réflexion moqueuse resta même bloquée dans le fond de sa gorge tout comme les lèvres de la jeune femme s’étaient figées dans une légère grimace, déjà prête à répliquer. Et pourtant ni l’un ni l’autre ne prit parole, mêlés au travers des verres teintées par un regard entrelacé, confus. La facilité de nouveau suspendue par des sentiments et un passé qui n’étaient pas si simples à mettre de côté. Ils avaient passé des heures à crapahuter dans les rochers, digérant leur discussion difficile, laissant tendresse et soulagement couler avec le trop plein pour retrouver les rives rassurances d’une amitié facile. Qu’importe ce qu’ils faisaient, il y avait toujours cette simplicité entre eux, celle de deux jeunes s’étant construits l’un avec l’autre, se comprenant et se connaissant assez pour anticiper les paroles de l’autre, pour se comprendre sans se le dire. Assez pour lire le trouble dans les prunelles de l’autre, sentir sa peau frémir, son souffle se tarir. Son cœur bondir. Penchée sur lui, elle semblait se rendre brusquement compte de la proximité évidente de leurs visages, reculant soudainement en lâchant les lunettes mal mises. Les lèvres pincées, le regard détourné, un rire coincé au coin des lèvres. Il ne lui en fallu pas plus pour éclater, lui, franchement de cet amusement un peu gêné qui menaçait sans vraiment oser s’installer. Pas plus non plus pour qu’elle le lui, s’asseyant à ses côtés, une jambe repliée contre son torse, le bras posé dessus et l’arrête du nez pincée entre deux doigts. Dépitée d’elle-même peut-être.

Un bras lancé vers l’avant, il fini par se redresser, glisser une jambe sous lui, délogeant alors quelques cailloux emportés dans la pente himalayenne. D’un haussement de sourcils, il fit tomber les lunettes sur son nez, les replaçant du même fait, le rire agitant son torse au rythme de celui de Dakota, l’un entraînant l’autre et inversement. Les mains jointes devant elle d’un côté, une main dans les cheveux de l’autre, quelques regards en coin finalement, à la fois gauches et hésitants.

« Nan mais on va s’y faire à un moment… »

Un regard plus franc, lancé d’un air désolé, les lèvres pincées d’une grimace embêtée. « N’w’ouais ! » D’un air tout sauf assuré, rattrapé de rires gênés qui ne semblaient vouloir se calmer.
Et cette gêne-là… l’agaçait. Comme l’envie d’aller trop vite, de cramer les étapes, de balayer cet entre-deux qui les laissait cons à ne plus vraiment savoir comment se situer l’un face à l’autre. Enzo et Kyle lui revinrent en mémoire, bien assortis dans une posture bien calibrée. Pourquoi fallait-il qu’ils galèrent ainsi, eux ? A force de s’esquiver pendant près d’un an, ils se retrouvaient ainsi à ne plus vraiment savoir où se situait l’équilibre. Après un instant, Takuma fini par poser une main sur son genou. « C’est normal que ça prenne un peu de temps. Après si tu veux je peux.. » « Ne ! » Il s’arrêta net, bloqué par le doigt faussement menaçant de la jeune femme dont le rire gêné s’était calmé. « .. Bon bah j’peux pas alors… » Un sourire ironique sur les lèvres.

« Ne propose pas de t’en aller. Ça va, je suis contente que tu sois là. Et c’était con de pas faire ça plus tôt. C’est juste une question de … » de ses mains, elle sembla battre l’air ambiant entre lui et elle, comme cherchant à apprécier la distance les séparant.

« Ouais je vois… un problème de… » Il l’imita, un petit sourire moqueur au coin des lèvres, l’air mutin dans la voix.
« Oui tu vois une histoire de.. »
« Ouais ouais de… » Un coup d’œil railleur balancé par-dessus les lunettes.

Et des deux, la gêne se changea en amusement, le rire devint plus affirmé jusqu’à ce que Dakota esquisse un coup du plat de la main vers son crâne « Fous-toi d’moi ! » et que le rire franc ne se joigne à celui des marmottes.

Ouais. Une question de trouver la bonne distance, quoi...

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