AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Vous finirez seuls et vaincus, aveugles aux débris tenaces de ces vies qui têtues s'enlacent - Néolina

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Angleterre
Sam 1 Jan 2022 - 13:05
Nuit du 15 au 16 il me semble ?

Elle bat jamais des cils, peine, ça augmente ses séquelles
Elle n'ouvre jamais sa gueule, c'est assez controversé
Les gens, souvent, se renferment, mais elle aime sortir son fer
C'est plus facile de faire ça, même si des larmes sont versées
Marie Plassard - Tomb Raider

« Pourquoi c’est pas papa qui vient me chercher ? »
« Il a un empêchement mon grand, il a pas pu. Viens on y va. » Les mots revenaient comme des balles, la main dans celle de l’enfant, le sourire aux lèvres, la seconde main posée dans sa poche sur son arme, déjà prête à la dégainer si besoin. Elle avait été là, sans trembler sans faillir, sans douter une seconde, imposée comme une évidence. Pourtant Jordane savait parfaitement ce qu’elle aurait pu dire à cet enfant : « Il  est pas là. Parce que les parents, c’est comme ça, c’est là un instant et le second ça te laisse de côté. Il est pas là car la vie est une pute et qu’elle te fauchera ceux que tu aimes d’un clignement de paupières. Il est pas là. C’était pas prévu mais c’est comme ça. Fait avec. » Mais ça n’était pas ce qu’elle avait dit à l’enfant abandonné. Non, ce petit garçon, Jordane l’avait pris dans ses bras, lui avait dit que tout irait bien. Ce petit garçon, elle l’avait emporté, prête à livrer bataille s’il le fallait. Et c’était exactement ce qu’elle avait fait. Chaque jour depuis. La bataille de l’amour. Sous les coups ou le quotidien, qu’importe, la voilà solide, celle qui se fracasse pourtant la gueule dans la terre, le sang hors des veines.

La voilà solide hein ?
J’ai jamais été solide.

T’as l’air pourtant. T’as la gueule d’un soldat prêt à entrer en guerre. T’as le visage fermé et froid de celle qui affronterait un monde s’il fallait le faire ployer. T’as pas la gueule de quelqu’un qui s’enfuie face aux difficultés. T’es là, plantée, braquée, rugueuse et froide l’inflexible arme à la main, et la rage dans les veines. Ta baguette tourne entre tes doigts, ton souffle se perd dans la nuit noire et tes yeux restent bloqués sur ton objectif.
Mais il y a ce truc. Ces pensées parasites qui te confondent, te broient, te cassent.

Tu ferais quoi si on t’appelait maintenant ? T’as fait quoi ce jour-là ? T’oses encore dire que t’étais pas là ?

Ce truc qui se bat, qui refuse, qui te souffle que ça n’était rien, car c’est le cas. Qu’il n’y a rien à en déduire, que tu n’as rien fait d’exceptionnel. Et c’est vrai, n’importe qui l’aurait fait. C’est juste que t’étais là. Que c’était à toi de le faire, alors tu l’as fait. Rien de dingue à ça. Tu fais ce qu’il est attendu de toi.

Plantée en hauteur, la baguette s’arrêtait de tourner un instant, les lèvres pincées et le pouce sur le bois de l’arme, Jordane observait en silence les contours des docks et là, à peine éclairé de quelques réverbères, le grand entrepôt qui devenait ce jour leur objectif. A l’ouest de Londres, pas si loin de Dorchester dans la campagne anglaise, ils avaient passé une ville nommée Wargrave en venant et sans un mot, Jordane s’était permise de poser un regard sur Néolina, se demandant ce qu’elle en pensait à présent. Une pensée passait sans véritablement s’arrêter : il ferait quoi, lui ? Si on l’appelait ce soir pour dire que Néolina était tombée ? Mais pour l’heure, Néolina s’assurait que tout était prêt, générale des informateurs, elle s’apprêtait à lancer la charge. Ici quelques Gardiens, prêts à s’infiltrer dans les lieux précédemment cartographiés du mieux possible. L’idée était d’entrer, de trouver des preuves de ce qui se passait ici, la Garde soupçonnant les Supérieurs de se servir de moldus pour faire des tests comme ce qu’ils faisaient à Poudlard. Des gens sans famille, sans argent, sans repères. Ces gens que personne ne cherchait vraiment et dont la disparition désengorgeait les rues sans que personne ne s’en rende vraiment compte. Les oubliés, les parasites, les immigrés, les désœuvrés. Les rats.

Les gens comme elle.

Plantée là, Jordane observait en silence les lieux bordés d’ombres dans lesquelles l’eau de la tamise scintillait calmement, bien peu préoccupée des maux des Hommes. Et elle serrait les dents, la baguette tournant de nouveau entre ses doigts. Un peu à l’écart de ce groupe qu’elle connaissait finalement peu, Jordane se laissait aller une seconde à imaginer une silhouette à ses côtés, une main posée sur son épaule, le souffle doux d’un ami près de sa joue. « Ça va pas, toi. » aurait-il dit. Et c’était vrai, ça n’allait pas. Elle était la gamine ici, la plus jeune, l’acharnée qui ne ralentissait pas depuis qu’elle avait repris en fin du mois dernier. Précisément parce qu’elle était seule aujourd’hui, sans ces regards amis des frères et sœurs d’armes qui auraient dû être près d’elle, Jordane avait la haine, la rage de vaincre, la violence à crépiter dans les veines. Et parce qu’elle savait gérer son entêtement, elle était ici, seule et dernière, l’outsider des activistes venant gonfler les rangs des informateurs. Car après tout, entrer dans un lieu qui n’était pas le sien, avancer dans l’inconnu sans se faire prendre, Jordane faisait ça depuis bien des années maintenant.  

Moins d’une dizaine d’Hommes au total, de quoi couvrir une surface importante, mais un nombre raisonnable pour rester discrets.

Alors un souffle se perdait dans le vent, le regard fixe, les traits fermés. Le départ était lancé et déjà Jordane disparaissait, apparaissant un peu plus loin sur les docks, un coup d’œil à Néolina qui faisait de même non loin de là et sans un mot la procession glissait dans la nuit. Passés par derrière pour les uns, par le toit pour les autres, ils investissaient les lieux discrètement. Droit devant, Néolina se débarrassait d’un garde et déverrouillait la porte… qui restait bloquée. Mais déjà Jordane passait derrière elle, dans une action qui avait été prévue aux réunions précédentes.

« T’es sûre de toi ? » Lui avait-ont dit.
« Sûre. » Répondait-elle alors.

L’idée n’était pas de se trouver face à une porte close mais qu’un sort puisse protéger celle-ci de l’intérieur. Et surtout, de vérifier les lieux avant d’y entrer.
Déjà l’ancienne Serdaigle passait par-dessus, le long d’une gouttière qu’en bas, Néolina lui stabilisait d’un sort, bloquant le son. Le métal froid des boulons écorchait par moment ses mains mais déjà, la jeune femme était en haut, maintenant trop habituée par le cross-fit pour douter de son aptitude à grimper une si courte distance : trois mètres. C’est Dorofei qui le lui avait conseillé des mois plus tôt. Aujourd’hui, son esprit partait vers lui tandis qu’elle déverrouillait la petite lucarne piquetée. Pas besoin d’y passer, seulement d’observer l’intérieur, de désactiver les sortilèges et de vérifier que la voie était dégagée.

Voilà comment ils étaient entrés. Quelques sorts, un geste de sa part et la porte s’ouvrait, laissant passer les premiers de cordée qui se répandaient dans les bâtiments en petits duos, disparaissant déjà au fil des containers et des bidons. Et elle, voilà qu’elle fermait la lucarne aux joints bouffés par le temps et le sel, descendait de là, passait à son tour par la porte ouvert et la fermait avant que l’Homme envoyé ailleurs par leur générale ne revienne, inconscient de ce qui se passait là. Les voilà entrés donc, elle cachée derrière une caisse, puis une autre, le cœur oppressé de se sentir seule soudainement alors que d’autres n’étaient pas loin bien sûr, seulement dissimulés. Ça crachait donc dans ses veines, un brusque concerto dans sa poitrine tandis qu’elle remontait le fil de la grande pièce. De caisses en caisses, elle bouffait les ombres en silence jusqu’à rejoindre Néolina, au bas de marches qu’elle ne franchissait pas. Pourquoi ? Parce qu’elle couvrait habillement les uns et les autres et leur avancée, attirant un homme ici et là de quelques sorts bien placés. L’incompréhension sur les traits, il faisait exactement ce qu’elle prévoyait et Jordane ne pu s’empêcher un petit sourire alors qu’elle la rejoignait. Habile, efficace et directe, Néolina dirigeait à la fois d’une main sûre une mission délicate et se trouvait derrière eux pour assurer leur sécurité.

Et déjà les autres disparaissaient hors de son champ de vision, leur permettant d’avancer à leur tour, elle en premier, permettant à la seconde de prendre tous les risques, maîtrisant la situation comme la cheffe qu’elle était. Voilà comment elles avançaient, de pièce en pièce, en silence, fluides dans leurs gestes, étrangement bien coordonnées au vu de la situation. Une fois, Hampton arrêtait son geste, repérant un Homme qu’elle n’avait pas vu. Une autre, c’était elle qui posait sur elle deux doigts, l’attirant dans les ombres, lui rendant la pareille.

De pièces en pièces, ils se perdaient vite du regard et Jordane restait avec Néolina. Moins habituée à être sous ses ordres, cette dernière la gardait à l’œil, c’était tout à fait normal. Efficace et silencieuse, Jordane aurait sans doute pu être exactement ce qu’on attendait d’elle ce soir : un membre fiable de la Garde. Pourtant contre sa cuisse, une chaleur douce se diffusait pour la quatrième fois de suite, signe que le téléphone ensorcelé sonnait de nouveau. Pas un son ni une vibration mais elle, elle serrait les dents.

Les voilà dans un grand entrepôt, deux hommes parlant non loin, riant sur des histoires qu’elle suivait jusque là d’une oreille distraite mais dont elle perdait à présent le fil. Qu’importe, ils avaient mis de la musique, lui empêchant de comprendre ce qui venait là. Dissimulée par un meuble large, les deux types au regard braqué à l’opposé, Jordane se permettait un coup d’œil.

Quatre appels manqués de Kezabel.

Vous connaissez l’expression : ‘son sang n’avait fait qu’un tour’ ? Elle le sentit presque fuser dans ses veines comme un train lancé à pleine vitesse, inondant son être d’une valse brusque.

Téléphone rangé, salive dégluti, regard inquiet et traits fermés. Elles avaient avancé. Encore et encore. Et sur sa cuisse une nouvelle chaleur douce. A la suivante, Jordane s’estimait assez loin des types, se glissant dans une cache qu’elle avait repéré depuis le second appel, tissant autour d’elle l’une de ces bulles qui l’isoleraient un tant soit peu. Sort de desillusion, de dissimulation, d’illusion, elle profitait de la musique poussée un peu fort et d’un sort de confusion pour décrocher, sous le regard médusé de Néolina qui la voyait faire de loin, incapable de la rejoindre pour lui décocher la claque du siècle.

« Ça va ? »

Ne meurs pas. La pensée lui arrachait le cœur, imposant dans son esprit l’image de celle qu’elle cherchait pourtant à tenir obstinément hors de ses pensées depuis la conversation avec Naveen la veille. L’avant-veille sans doute maintenant. Ça fusait à présent, son rire, son regard, l’étincelle qui l’aurait clouée sur place si elle l’avait pu. La peur surtout, brusque et meurtrière, à plonger sous ses côtes, déjà prête à la fusiller sur place. Elle avait beau se rassurer par ses sourires et ses mots, la réalité était là, brute et froide au cœur même d’une mission qui aurait pu lui coûter la vie, à elle.

Si un proche t’appelait, là tout de suite. Dis-moi que tu ne décrocherais pas.

Elle n’y pensa même pas.
Centrée sur le silence de l’autre côté du combinée, griffée par le son de son souffle qui pulsait et tressaillait, vibrant contre ses tympans.

‘Nan ça va pas’. Auraient-elles répondu à Zach s’il avait été là. Mais il n’y avait qu’elles, plongées dans l’horreur du monde, l’une  et l’autre à chaque bout du combiné, comme si les mâchoires du monstre ne pouvaient se refermer sur elles si  là, tout de suite, Jordane décrochait.

« Non, je sais pas » Mais les mâchoires s’étaient déjà refermées et Jordane sentait chaque muscle de son organisme se tendre un peu plus. Comme partout et ailleurs, affreusement ancrée dans le présent quand il aurait dû rouler hors de son être. Non, le monde ne tournait pas, elle ne s’échappait pas hors d’elle-même à entendre cette voix atone, décalée, rauque et presque froide. Ici et autre part, Jordane était déjà là-bas, à ses côtés, sans même s’en rendre compte. Et pourtant, toujours affreusement ici. Le sol froid, la sensation de la poussière sous ses doigts, la tension de son cou qui bloquait le téléphone, des muscles tendus de son corps, de son bras tendu contre le sol, de l’autre qui tenait la baguette, déjà prêt à intervenir, de son dos frémissant sous son haut. Tout était là, chaque mot, chaque mouvement derrière elle, le léger bruissement de Néolina devant, son regard noir et incrédule, tout lui sautait à la gueule avec autant de force que cette putain de voix morne.

« Sanae a eu un accident, elle est à l'hôpital. » Comme décalée, déphasée, démontée.

’Une de plus.’ Pensée intrusive, immonde et bouillante. Et quand, derrière elle, le rire des deux Supérieurs fusait, Jordane serrait les mâchoires, affreusement consciente de ce qu’elle faisait.

Et si tu mourrais, là tout de suite, pour avoir décroché ? Il se passerait quoi tu penses ? Non, tu penses pas, t’imagines pas, tu réalises pas. Tu supposes pas ; que ça puisse compter.
Ce que tu imagines, par contre, c’est son état à elle, c’est le désespoir et l’angoisse, c’est l’impression qu’il n’en reste qu’une poignée, à subsister. C’est con pourtant, car vous êtes bien plus qu’une poignée. Et pourtant c’est là. Cette sensation qui t’éclabousse. Tu songes à elle, t’imagines Riley à ses côtés, tu te demandes si c’est un accident absurde ou une façon de dire qu’elle était en mission. Mais tu sais. T’en as entendu parler, donc tu sais parfaitement qu’elle était en mission. Comme toi.


« Putain… C’est grave ? » Rien qu’un souffle toujours, sans doute à peine perceptible mais Jordane n’osait pas mieux. Le regard braqué sur Néolina, elle mettait un temps de retard à répondre à ses interrogations muettes.

« Oui, elle est dans le coma, j'attends des nouvelles du médecin. » Un coup de poing au cœur la saisissait dans le silence de Kezabel. Fermer les paupières sous le choc, serrer les dents, bloquer sa respiration, se prendre sa propre angoisse comme une gifle et savoir que ça n’était pas le moment de trembler. « Merde… »« c'est moche j'crois » Les paupières s’ouvraient de nouveau, le regard posé sur celle qui, en face, la fixait baguette à la main, dans les ombres d’une grande caisse. Sanae et Néolina sont amies. La réalisation décalée elle aussi, déphasée. Et dans les yeux de la générale, la compréhension qu’il y a quelque chose de grave. Pourquoi Jordane aurait-elle décroché en pareil moment si ça n’était pas le cas ?

Toujours déconnecté, une voix un peu blanche, Kezabel reprenait après un silence pesant que Jordane ne réalisait qu’avec un temps de retard. ’T’aurais dû dire quelque chose, trouver les mots, apaiser son angoisse et sa peine. Être là.’ ça aussi, ça la prenait à la gorge. « Désolée, t'as l'air occupée. »

Et toujours cette sensation qui crachote et lui rappelle qu’elle est pas douée pour tout ça.

A Néolina, elle esquissait une grimace, l’air de dire qu’elle ne pouvait faire autrement, parfaitement consciente qu’elle risquait la mise à pied.

« Jsuis vraiment désolée.. je viens dès que je... » Et derrière elle, un homme arrivait brusquement de la porte du fond, coupant net son souffle. Naturellement, Hampton et elle se rétractaient sur elles-mêmes, disparaissant dans les ombres de leurs cachettes respectives. Le regard lancé, Jordane le captait sans véritablement l’analyser, trop préoccupée par l’urgence de l’instant car derrière elle, de l’autre côté de sa cachette, l’homme crachait sur ses collègues et la musique se coupait immédiatement. Tout comme leur légèreté.

« Oh, arrêtez votre merde-là ! Wahlberg  n'est pas à sa place, vous avez vu ou entendu quelque chose d'anormal plutôt que de faire les cons avec votre musique là ? »

Wahlberg. Noté.

Pas un bruit, pas un souffle, pas un mouvement quand derrière elle, tout s’agitait, se répondait. Surpris et alertés, les hommes s’interrogeaient, se déplaçant vers elle sans qu’elle ne puisse rien y faire.

Et dans son oreille, la voix reprenait, lui rappelant ce qu’elle faisait.

« ... Jo, t'es où là ? » Cette fois, l’atonie s’était évadée, comme si l’angoisse brusque de la compréhension la chopait au vol, l’emportant soudainement à ses côtés. Et cette inquiétude lui perçait les côtes un instant, la chopant par la gorge tandis qu’elle restait muette, les mâchoires serrés, les muscles tendus comme des ressorts prêts à être lâchés.

Tu fous quoi Jordane ?! Pourquoi tu fais ça ? Tu voulais pas vivre, un jour dans ta vie, plutôt que de te faire tuer dans une saloperie d’entrepôt sur les bords paumés de la tamise ? Pourtant il y avait dans ses yeux la rage de celle qui cherchait depuis toujours ces situations immondes. Pas un soldat, non, juste une ado que le monde avait décidé d’exploser et qui, plutôt que de fuir, chargeait à son tour.

« Ça va pas, toi. » Aurait dit Zach. Mais personne n’était venu.

Et pourtant dans cette voix qui se taisait, ce souffle qu’on retenait, cette inquiétude qui lui sciait le cœur, il y avait bien quelqu’un. Quelqu’un qui vivait les pires moments de son existence et qui pourtant, là tout de suite, s’en faisait pour elle.

L’urgence dans la voix de son amie lui glaçait les sangs, pulsait en elle avec la violence du danger et un instant, tout bourdonnait alors qu’en face, Néolina avait disparu car si Jordane avait pu la voir : les autres aussi.

Sous ses doigts, la pression du bois qu’elle sentait à peine à présent tant la force plaquée dans sa main anesthésiait ses nerfs. Phalanges blanchies, souffle coupé, le cœur devenu une bombe Jordane fixait au dessus d’elle les ombres qui s’agitaient, n’intégrant plus tout à fait ce que les types disaient là, à quelques centimètres d’elle. L’un disait que Wahlberg avait pu s’éloigner, sa sœur étant en soirée pour l’enterrement de vie de jeune femme d’une amie, il pouvait avoir reçu un appel et s’assurait que tout allait bien. Quelque chose dans ce goût-là. Mais pour Jo, il n’y avait plus que le brouillard du danger, son cerveau n’intégrant pas tout à fait ce qu’il se passait. Néolina y arriverait peut-être. Sans doute. Elle ses dents risquaient de se briser sous la tension de sa mâchoire.

Au dessus, elle vit un bout de bras dépasser, et en elle tout manqua d’exploser. Se lever, frapper, se sauver, voilà tout ce à quoi son corps pensa une fraction de seconde. Mais déjà les types s’éloignaient, la laissant interdite, les paupières écarquillées d’angoisse, persuadée que son cœur venait de louper un battement.

Et si son téléphone était tombé à ce moment-là ?
N’y pense pas.
Ça aurait pas été la première bataille, ne cessait-elle de se dire. T’as toujours survécu.


Et une réponse brusque, un contre-argument sourd : Sanae aussi.
Zach aussi.


Paupières closes une seconde. Respire.. Mais son corps refusait.

Les trois hommes parlaient toujours, l’un s’éloignant avec un second, séparant le premier groupe initial en saluant le dernier d’un geste de bras qui se détachait en ombres chinoises sur le mur face à elle, non loin du visage de Néolina qui re-paraissait, plantant son regard dans le sien.

« On vérifie l’étage ! Rejoins Clancy dans la fosse toi ! »

La fosse ?
Clancy. Noté.

Et les types partaient, laissant à Jordane la possibilité d’échapper un souffle tremblant, retenu comme elle le pouvait.

« A la fête foraine. » En plein milieu de la nuit, oui, ya quoi ?

Réponse humoristique, bien entendu, balancée avec l’aplomb d’un calme qu’elle n’avait pourtant pas.

« Je raccroche. Essaie de ne pas te faire prendre parce que c'est moi qui vais te tuer quand tu vas revenir. »

Le sourire était pâle mais existait, un peu noyé dans des émotions contraires que Jordane ne comprenait pas vraiment. Bêtement, cette réflexion faisait du bien malgré cette chose tranchante qu’il y avait en elle. La colère n’était pas loin sans doute, prête à s’abattre si elle lui faisait le coup d’être la seconde perte dans la même journée. Et pendant un instant, très égoïstement, il n’y eu plus que ça. Ni les plaies de Kezabel, ni celles de Néolina à venir, ni même l’inquiétude pour celle qu’elle considérait pourtant comme une amie en plus d’une sœur d’arme et d’entraînement, pas même la pensée fulgurante pour Dorofei qui mettrait du temps à faire son chemin. Rien qu’un truc égoïste d’exister aux yeux de l’autre.

« Promis. »

Tu peux pas faire ça. Tu peux pas promettre de survivre, de vaincre, d’être là.
Si ; je peux.


Et une nouvelle voix d’homme reprenait le dessus dans le fond de ses pensées, lui demandant ce qu’elle ferait, si quelqu’un l’appelait. Une voix qui s’estompait sans qu’elle ne l’entende véritablement dans le bourdonnement de ses pensées.

« J’suis bientôt là. » Quand ? « Demain matin. » M’attends pas avant.

Elle raccrochait, un tambourin dans la poitrine, l’impression que le présent la rattrapait dès l’instant où la voix de Kezabel lui échappait et que le regard de Néolina se faisait plus réel.

Sana… T’as pas intérêt à leur faire ça.

Keza. Néo. Doro. La pensée brusque était là, l’impression vive de voir ses deux amis risquer de disparaitre dans les ombres si Sanae s’y coulait avant eux. Il ne peut pas vivre ça en plus. Elle le peut pas. Leur faites pas ça, pitié leur faites pas ça. Mais si l’inquiétude pour Dorofei s’ajoutait à celle pour Kezabel, Jordane eu l’impression qu’elle en crèverait sur place, alors les deux se taisaient brusquement, amputées de peur, noyées par cette mission qu’elle se devait de mener.

Alors que les deux jeunes femmes se retrouvaient seules dans la pièce, Jordane dégluti, forçant le recul de l’angoisse, consciente qu’il y avait le lieu et le moment et qu’aucune de ces conditions n’étaient réunies. Néolina ne devait pas savoir. Elle le dirait lorsqu’elles seraient sorties d’ici. L’idée la broyait pour Hampton qui serait laissée dans l’ignorance alors que son amie mordait les ombres, mais elle ne pourrait faire autrement. Une femme ébranlée suffirait, pas besoin de risquer qu’il y en ait deux.

Alors un petit sourire en coin aux consonances comiques répondait à sa générale. Déso ? Allez, on va dire ‘déso’. On va dire qu’il n’y a rien de grave.

Dorénavant, il fallait avancer vite et trouver ces foutues preuves pour être libres de sortir de là. Être ensembles, solidaires, avancer et, de petites victoires en refus d’abdiquer, finir enfin, par violemment… les broyer.

L’excuse dans son regard se muait en quelque chose de plus brusque et tranchant. Comme un besoin de vengeance dans le fond du myocarde.

Vous finirez seuls et vaincus, aveugles aux débris tenaces
De ces vies qui têtues s'enlacent, de ces amours qui ne se lassent
Même lacérées de se hisser à la cime des songeries

Gaël Faye  et Melissa LaVeaux - Seuls et vaincus
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2268
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Jeu 6 Jan 2022 - 10:50
Inspirer. Expirer. Tout se passerait bien. La mission serait réussie, ils reviendraient tous en un seul morceau. Pas de blessés et surtout pas de morts. Si elle aimait sincèrement son rôle de Générale, avoir la vie des autres entre ses mains était probablement ce qu'elle détestait le plus. Mettre sa vie en danger était une chose, mettre celle des autres en danger à cause d'un mauvais choix, d'une mauvaise option ou autres c'était déjà un tout autre programme. Certes, elle avait conscience que tout le monde était là de son plein grès ; oui ils savaient tous qu'ils risquaient leur vie à chacune des missions. Leur vie, ou pire. Ce qui s'était passé en décembre dernier était sûrement encore dans beaucoup d'esprit. Voilà ce qui les attendait s'ils se faisaient surprendre, si on découvrait leur identité. Ils pourraient rejoindre le groupe Dorofei-Kim-Kezabel. Alors, elle essayait de se dire que tout irait bien.

Et il y a une personne en particulier qu'elle préférait garder en ligne de mire, avoir à côté d'elle pour la mission : Jordane. Pas particulièrement parce qu'elle était la plus jeune ou qu'elle n'avait pas confiance en elle, mais plus par ce que particulièrement pour elle, elle ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose bien trop consciente que Dorofei ne le supporterait, qu'elle faisait partie intégrante du fait qu'il allait mieux, d'un de ses piliers. Et puis, elle était parfois un peu tête brûlée, la jeune femme, alors c'était quelque chose de plus raisonnable. En faisant les binômes, elle avait essayé d'allier au mieux les capacités de tout le monde, qu'il y ait une uniformité, une complémentarité... tout en tâchant d'essayer de mettre ensemble des gens qui avaient confiance un minimum l'un en l'autre pour une meilleur cohésion du tout. Simple à dire, beaucoup moins simple à faire, mais elle était plutôt satisfaite du résultat.

Et ce début de mission se déroulait d'ailleurs plutôt bien, il faut l'avouer. Ils avaient pu s'introduire comme ils l'avaient voulu dans le bâtiment et tout se passait bien avec Jordane comme si la cohésion tant souhaité semblait bien prendre. Etrange calme et obéissante d'ailleurs Brooks, mais c'était plutôt plaisant, tout comme le fait de voir qu'elles pouvaient compter l'une sur l'autre, qu'elles se protégeaient, qu'elles étaient aux aguets. Et elle espérait que la plus jeune ne verrait jamais les doutes et l'angoisse qui l'assaillaient par moment, craignant que le plan soit compromis. Peur de devoir faire des choix qui ne lui plairaient pas. Neolina savait qu'elle avait la chance d'avoir son Don qui pourrait toujours couvrir son identité quelques instants de plus que pour les autres et qu'elle pouvait compter dessus en toute circonstance.

Tout se passait bien, c'était même presque plus facile que prévu grâce à la musique poussée un peu plus fort... enfin du moins c'est ce qu'elle croyait, car soudain elle remarqua que Jordane s'était planquée pour décrocher son téléphone. Il lui fallu quelques instants supplémentaires pour que l'information intègre son cerveau tant cette situation lui semblait incongrue et improbable. Furieuse n'était même pas le mot approprié pour l'instant, c'était plus de l'incompréhension pure et dure. Chaque seconde de perdue était une mise en danger de toute l'équipe et ça, elle ne pouvait pas le tolérer. Alors elle essayait se lui faire le geste silencieux de raccrocher sur le champs, quoi que ce soit, ça pouvait attendre ! Ce n'était pas le moment d'être déconcentré, ce n'était pas comme s'il n'y avait que sa petite vie en jeu, bordel. Elle aurait voulu s'approcher, pour lui retirer et confisquer le téléphone, mais elle ne le fit pas. Trop dangereux... mais elle ne pouvait plus trop avancer non plus, seule ça serait trop dangereux et ça serait mettre également Brooks en arrière.

Qu'est-ce qu'elle pouvait faire, donc ? Quel était le meilleur choix pour tous ? Elle soupira et tenta d'avancer quand même histoire de voir quelques mètres plus loin, d'un lieu où elle pouvait toujours avoir Jordane plus ou moins de visu en cas de souci. Et l'autre continuait à appeler, sérieusement ? Ce n'était pas normal. Au fond, elle le savait, elle pouvait presque le sentir que ce n'était pas bon signe, que quelque chose se tramait. Ne pas obéir à un ordre pour foncer dans le tas, oui, ça lui ressemblait à Brooks mais décrocher et appeler comme ça en longueur non. Elle pouvait se tromper, elle ne la connaissait pas bien, mais ce n'était pas de l'idée qu'elle se faisait de Jordane.


Hampton avait à peine esquissé quelques pas qu'elle aperçut une ombre et se rétracta rapidement dans sa cachette, sans finalement pouvoir avancer.


« Oh, arrêtez votre merde-là ! Wahlberg  n'est pas à sa place, vous avez vu ou entendu quelque chose d'anormal plutôt que de faire les cons avec votre musique là ? »

Comment est-ce qu'ils auraient pu entendre quelque chose alors que l'on entendait pas une mouche voler ? Vraiment pas fut-fut ces gens-là mais c'était à leur avantage. Elle notait toutes les informations qu'elle pouvait, prête à intervenir si besoin. Et suivant où est-ce qu'ils se dirigeraient ces hommes, elle se tenait aussi prête à envoyer les informations à ses binômes qui pourraient être concernés. Et les hommes bougeaient, s'avançant dangereusement vers elle, elle se mouva une nouvelle fois pour être le plus invisible possible et espéra qu'il en serait de même pour Jordane.
Au cas où, encore une fois, elle se tenait prête à intervenir pour aider sa camarade. Inspirer. Expirer. Ecouter, car ils parlaient ces gens-là... mais ils avaient fini par s'éloigner en essayant de trouver pourquoi Wahlberg serait parti.

« On vérifie l’étage ! Rejoins Clancy dans la fosse toi ! »

Noté. La fosse ? Pas sûr de quoi il s'agissait... même si ça ne signalait rien de bon. Un message pour ceux à l'étage qu'ils fassent attention ; un autre plus général pour dire que certains gardes tournaient... tandis que les autres allaient probablement les emmener là où elles voulaient.
Et bientôt, elles se retrouvaient seules dans la pièce, Jordane avait enfin semblé daigner raccrocher et Neolina avait autant envie de la remettre à sa place que de savoir ce qui se passait ; mais là encore ça leur ferait perdre de précieux instant et la discrétion ne serait pas franchement de mise. Inspirer. Expirer. Se calmer. Elle se dirigea jusqu'à Jordane lui soufflant avec un calme froid qui ne lui ressemblait guère mais sans trop de colère

 « On en parlera après. Ils ont parlé de fosse, peut-être que nos preuves seront-là... mais ça peut-être un guets-apens également. Donc attention lorsqu'on avance.»

Par ce que quoi de plus facile que de sortir ce genre de choses pour se faire suivre et les attirer dans un lieu à découvert...

 « Donne moi ton téléphone jusqu'à la fin de la mission. On se concentre, et on continue comme on a fait jusque-là, ok ?!»

Et pas intérêt qu'elle proteste. Elle lui donna une petite tape amicale sur l'épaule, comme pour l'encourager. Pour l'instant, le plus important était de finir la mission sans être plus dérangées. Elle essayait de ne pas lui dire maintenant à quel point elle avait été irresponsable de décrocher comme ça, qu'elle aurait pu mettre beaucoup de vies en danger. Plus tard. Pas la peine de la perturber maintenant, surtout qu'elle était à peu près certaine que quelque chose clochait, son regard avait légèrement changé à Jordane. Alors, il ne fallait pas non plus trop tirer sur la corde maintenant, pas d'ironie mal placée. Elles s'expliqueraient plus tard.

Et elles étaient reparties, continuant de se fondre avec les ombres. Un bruit un peu lointain, comme des bruits de voix, se fit soudain entendre, elle fit signe à Jordane qu'elles devraient probablement aller par là-bas mais avec encore plus de prudence. Le possible guets-apens était toujours dans son esprit... mais en même ce n'est pas en évitant le danger, le bruit, qu'elles allaient pouvoir trouver des preuves.
Revenir en haut Aller en bas
Neolina Hampton
Neolina Hampton
Neolina Hampton
https://impero.superforum.fr/t5138-neolina-let-s-convince-oursel
Âge personnage : 31 ans
Hiboux postés. : 1508
Date d'inscription : 28/06/2018
Crédits : gif tumblr,
Double Compte : Theodore, Warren, Dorofei, Timothy, Gary, Naveen & Loan
Neolina Hampton
Sam 15 Jan 2022 - 18:10
Quelles étaient les probabilités qu’elle se retrouve à décrocher le téléphone en pleine mission ? Elle qui se foutait bien qu’on appelle, qu’on la demande, qu’on la sollicite. Elle qui était si mauvaise pour maintenir une conversation à flot avec un ami, qui oubliait, mettait de côté, refusait d’être disponible. Elle qui pourtant le regardait plus régulièrement à présent en songeant à Dorofei et à Adam, qui en avait désactivé le mode muet, qui se montrait même sans s’en rendre compte, bien plus présente pour eux qu’elle ne l’avait jamais été pour qui que ce soit. Elle était là, celle qui mettait deux semaines à répondre à sa sœur si elle lui envoyait un message, par cruauté, vengeance ou dépit, mais qui pensait à instaurer un sort sur son téléphone avant de partir en mission. Elle en était là… sans vraiment s’en rendre compte. Comme si l’idée de décrocher, le mobile callé entre l’épaule et la joue, un ennemi juste au dessus d’elle, pouvait être normale. Comme si elle admettait presque qu’en réalité, de cette situation elle était presque soulagée. Soulagée d’entendre la voix de Kezabel de l’autre côté du combiné alors qu’à sentir sa peau s’échauffer six fois de plus, elle l’avait imaginée morte. Elle, ou Dorofei. Soulagée, car Jordane préférait mille fois affronter tous les types de cet entrepôt à main nue que d’apprendre leur décès une fois sortie.
Faibles, donc, ces probabilités. Et pourtant elle était là, brusquement envahie d’un froid soudain lorsque le bip de tonalité retentissait contre son oreille et qu’elle se retrouvait de nouveau seule dans cette grande salle où elle ne voyait que les ombres ennemies remplir tous les recoins. Seule, car il allait lui falloir  affronter ce qu’elle venait de faire et que Néolina devenait à son tour figure de danger, synonyme de renvoi. Assumer, donc. Il ne lui restait plus que cela à faire.

Ainsi lorsque les hommes disparaissaient, Néolina passait de nouveau le visage de part sa cachette, légèrement plus loin que la première et son regard l’incendiait en silence.
Bien évidemment, ça ne passerait pas. L’ancienne Serdaigle n’attendait rien d’autre, serrant les mâchoires en fourrant son téléphone dans sa poche, se forçant à garder le cap, la mission pour objectif sans songer ni à Kezabel ni à Sanae.

Pour être honnête : elle ne réalisait que la situation de Kezabel. Par égoïsme ou sidération, par impossibilité et obligation, tout ça lui passait au dessus. Bloquée sur l’objectif, sur le moment présent, sur les épreuves à venir, l’idée qu’une amie se trouvait entre la vie et la mort ne traçait pas sa route. Un nouveau nom sur le mur ? Loin d’être un nouveau Zach, elle restait une femme qu’elle estimait, dont elle appréciait les échanges et les entraînements et dont la situation lui écrasait la poitrine. Une sœur d’arme, une de plus, qui risquait de définitivement tomber. Une de plus comme si le mur humain qu’ils formaient se désagrégeait peu à peu. Mais sans information et placée dans un moment d’urgence total, Jordane n’avait laissé entrer dans sa bulle de concentration que la détresse de Kezabel, vague d’angoisse dans sa poitrine, de douleur, d’impuissance. Et il ne lui restait à présent plus que ce secret terrible qu’elle avait à porter, à assumer sans le laisser fuiter, qu’importe ce qui se passerait ensuite. La mission avant tout, le reste devrait attendre.

Dans la cage de ses côtes, les tremblements de ses pulsations perfusaient ses veines tandis que Néolina se délogeait de sa cachette, contournant les caisses à ras le sol pour la rejoindre sans un bruit.

Assumes. Fermes ta gueule et assumes.

Le regard froid, un masque sur les traits, elle était l’inflexible générale qui ne tarderait pas à la virer du poste qu’elle occupait et qui constituait la seule bouée qui la maintenait encore hors de l’eau.

Besoin de ça. Tellement putain de besoin de ça.

« On en parlera après. Ils ont parlé de fosse, peut-être que nos preuves seront-là... mais ça peut-être un guet-apens également. Donc attention lorsqu'on avance.»

Aucune discussion, seulement un hochement du menton, sobre et obéissant, étrangement professionnel pour quelqu’un qui venait de se comporter comme une adolescente attardée en décrochant au pire moment qui soit.

« Donne moi ton téléphone jusqu'à la fin de la mission. On se concentre, et on continue comme on a fait jusque-là, ok ?!» Et comme une adolescente, voilà qu’elle se faisait rabrouer. Confisquer. Remettre à sa place. L’idée lui plantait le long de l’échine des milliers d’aiguilles d’agacement. Les mâchoires serrées donc, elle plongeait donc de nouveau la main dans sa poche, en sortait le téléphone et le déposait sans délicatesse sur le plat de la main tendue d’Hampton. Une gosse qu’on a grillé à tricher sur son téléphone lors d‘un contrôle, voilà ce à quoi elle était réduite.

Un comble pour celle qui s’était barrée de chez elle à seize ans, tient.

Mais elle garderait sa colère pour elle, tairait la rage que Néolina faisait naître en elle, consciente que ce sentiment d’injustice n’était rien d’autre qu’illégitime. Prendre sur elle, se taire, avancer, faire le taff. Qu’importe ce qui allait se passer : faire le taff. Même si elle perdait la Garde, même si on lui arrachait tout ça, ces habitudes, ce quotidien bercé par les missions qui lui donnait l’impression d’être utile d’une façon dont elle ne l’avait jamais été. Même s’il n’y avait plus dans les yeux bleus de son mentor que déception et mépris, il faudrait avancer. Ainsi malgré ses jambes en coton, la jeune femme se ressaisissait, écrasant la rage que faisait naître l’autorité imposée. Ça se propageait sur sa peau, une vague brusque qui contractait ses muscles et résonnait dans ses os.

« Je peux en avoir besoin plus tard pour prendre des photos. » Les preuves qu’ils étaient venus pour chercher. Un détail qu’elle donnait sur un ton informatif, neutre et sans demande, bien après lui avoir donné le téléphone. Qu’elle change d’avis ou non, son obéissance était là et il n’y avait là aucune supplique ou refus, juste une donnée parfaitement factuelle.

Voilà donc déjà qu’elles avançaient fondues dans les ombres, passant d’une pièce à l’autre, toujours dissimulées du mieux possible, se glissant derrière le fatras de caisses qui jonchaient les lieux. Une pièce, puis deux, dirigées sans cesse par le bruit diffus des conversations étouffées. Une fois, elles avançaient et dans le fond de la salle, deux autres Gardiens leur firent signe de battre en retraite, Néolina étant la première à les repérer. Voilà donc qu’elles reculaient, se trouvant une planque avec rapidité, sans céder à la panique mais l’acide dans les veines. En effet, trois hommes ne tardaient alors pas à passer, emportés dans une discussion qui ne fit pas sens… et passant au travers d’un amas de caisses à leur gauche.

La respiration coupée, les yeux écarquillés et les armes prêtes à servir, toutes deux étaient alors restées parfaitement silencieuses, tendues de la tête au pied, des tambours battants dans la poitrine…. Avant de fixer d’un air interdit la zone où le petit groupe venait de disparaitre.

Quatre cons bloqués sur un point commun, les visages dépassant à peine de leur planque. L’air con ? Sans doute.

Mais prudents, ils ne tardaient pas à se décider à passer le seuil après avoir attendu un laps de temps sécuritaire.
L’impression d’un œuf venu se casser sur le haut du crâne les prit immédiatement, comme lors d’un sort de dissimulation, elle arriva alors par vague, du nombril aux oreilles ; sensation visqueux, jusqu'à les laisser apparaitre de l'autre côté. De tous, Néolina fut la première à réagir.

Devant eux, un homme se retournait, surpris. Ainsi, avant même que l’information n’ait fait son chemin dans les synapses du type autant que dans celles des informateurs ou de l’activiste, déjà Hampton lui avait arraché sa mémoire, l’embrouillant le temps de quelques minutes. Professionnelle, elle indiquait au premier informateur de retourner indiquer le chemin aux autres groupes, au second d’avancer sur la droite, le long d’une rotonde circulaire qui surplombait une pièce énorme. Et à elles, de s’enfoncer dans « la fosse ».

Jordane était donc la seule qu’elle gardait à l’œil, lui indiquant de rester auprès d’elle. Mâchoires serrées, l’ancienne Serdaigle déglutissait l’humiliation et se glissait à sa suite le long des escaliers de pierre semble-t-il creusés dans la roche. Ça et là des sphères lumineuses éclairaient les lieux et cachaient par moment la silhouette sombre de la mezzanine qui apparaissait à présent comme un chemin de ronde autour de cette fameuse fosse dans laquelle elles s’enfonçaient toujours un peu plus. Le cœur crachant dans sa poitrine, elle ne se voyait qu’à peine avancer. Là dans les marches, puis l’instant suivant, passant au travers de deux piliers pour sauter en contrebas, déjà glissée entre différents pans de tissus séparant différentes caches. Elle se voyait fixer Néolina pour en capter les ordres gestuels, désactiver des sorts, avancer, la couvrir en l’observant ouvrir la voie puis plus tard passer en premier pour des raisons physiques. Comme si à chaque clignement de paupière, elles s’enfonçaient un peu plus profondément dans l’antre de l’enfer. Disparues derrière les grandes toiles tendues, couvertes d’un sort de dissimulation elles retenaient par moment leur respiration, persuadées que l’immobilité ne suffirait pas. Mais ça passait. Encore et encore. Avancer, rester prudentes, maintenir la cadence, rester dans les ombres ou prendre son temps. Qu’importe la stratégie, elles maintenaient le cap et en se glissant au dessus de différentes caisses Jordane montait la garde tandis que Néolina prélevait des échantillons et prenait les lieux en photo. Si plusieurs fois la blonde redevenue brune pour l’occasion, un masque magique sur les traits - l’ensemble modifié comme toujours – disparaissait par prudence, limitant chaque sort ou intervention au stricte minimum, elle éloignait plusieurs types passés par là. Ce fut là, alors qu’elle observait du coin de l’œil les leurs investir la rotonde qu’elle vit ce que personne d’autre n’avait noté. L’un des leurs, qui reculait petit à petit, inquiet d’être vu par un garde. Petit à petit oui, pas après pas, et l’autre type qui le prenait en sandwish. Heureusement, un autre des leurs attira son attention… mais pas assez tôt pour qu’une chose bien bête n’ai pas lieu.

Elle avait tout vu avec une lenteur cinématographique. Quelque chose de l’ordre du ralenti pour lequel le monteur aurait oublié d’insérer la musique, ne laissait plus que les tamtams des pulsations de son cœur dans ses tympans.

Là, devant ses yeux, Harper poussait du bout du pied une caisse qui glissait par-dessus bord, se renversant dans l’espace immense du vide de cette salle infâme. Si elle avait été occupée à prendre en photo ces types manifestement là contre leur volonté qu’elles avaient perdu de vue lors de leur avancée, peut être Jordane aurait-elle loupé cette scène.

Ainsi le temps n’avait pu se remettre dans son axe qu’elle ralentissait la chute de la boite, manquait de louper les feuilles qui s’échappaient une à une, bloquait le son, stoppait l’ensemble. D’ailleurs tous autant qu’ils étaient s’étaient mis sur pause. De Harper, le buste à moitié pivoté qui observait la chute d’un air terrifié, les autres, déjà réfugiés dans leurs planques, figés comme des statues jusqu’à celui qui, de l’autre côté de la palissade, avait ramené le garde vers lui. Tous bloqués à fixer la caisse et les feuilles, toutes en suspension dans l’air, non loin d’un homme armé, dos à la scène, le regard braqué sur un papier qu’il semblait déchiffrer difficilement comme s’il avait oublié ses lunettes chez lui. S’il se retournait, ils crevaient tous. Mais déjà voilà un mouvement qui, à sa droite, lui fit frôler l’infarctus. Néolina qui, d’un sort, fit tomber la plume de l’homme qu’il tenait comme un ado ennuyé en cours : en équilibre.

Voilà alors qu’en retenant un soupir, Jordane le vit se pencher pour ramasser son bien, en profitant pour remonter l’ensemble sur la hauteur,  déposant le tout près d’Harper qui remettait l’ensemble en place. Certes la lumière qui flottait entre eux l’éblouissait assez pour obscurcir sa vision, mais Jordane était persuadée que la connivence de ce regard soulagé qu’ils échangeaient tous était bien réelle.

Un instant, sorti de nulle part, l’angoisse pour Sanae la fusilla sur place. Le regard porté sur Néolina qui posait une main sur son épaule lui soufflait qu’elle n’avait pas le droit de flancher, d’y songer, de se laisser emporter. Alors elles avancèrent de nouveau.

La suite fusa plus fort encore dans ses veines, faisant bouillir son sang, arrimer sa patience. Lorsqu’elles eurent atteint le centre de la fosse, ce fut pour trouver un type attaché sur qui un sort semblait être testé. A sa droite, deux hommes notant les différences de réaction de son corps selon la souplesse du moulinet. Malgré les connaissances que Jordane accumulait des différents pays visités, ce sortilège lui était inconnu mais lui rappelait ceux qu’Alec lui avait montré. De la magie noire sans doute.

Avant qu’elles ne se décident à faire demi-tour, le type était mort, et ils le remplaçaient par quelqu’un d’autre. Ainsi il aurait fallu creuser plus avant les investigations pour comprendre où les pauvres gens étaient enfermés mais le temps devenait limité, le changement de ronde approchant. Ainsi ils durent rebrousser chemin à regret.

Il lui sembla avoir fait l’intégralité de cette mission dans un état second, l’adrénaline ne cessant de pulser en elle sans le moindre répits. Elle flambait dans ses veines lorsqu’elles firent demi-tour, lorsqu’il fallu battre en retraite, lorsqu’elles se crurent bloquées entre deux feu, lorsqu’elles remontèrent et que les autres n’étaient plus en vue, lorsque Néo lui dit de repartir seule, de rameuter ceux qu’elle croiserait et qu’elle disparu à la recherche de Harper et des siens. Elle lui déchirait les muscles quand elle se retrouvait sans coéquipiers, remontait le chemin tracé, avançait à l’aveugle pour passer le portail, bifurquait pour éviter un groupe qui campait la pièce par laquelle elle était arrivée, avançait dans l’inconnu de nouvelles pièces, tentait de prévenir un autre groupe d’un type qui rôdait près d’eux. La jeune femme cru plusieurs fois que son cœur lui explosait sous les cotes quand il fallu défaire les lacets du Supérieur ou de leur employé et qu’elle vit ses compagnons sursauter lorsqu’il manquait de tomber, se rattrapant au dernier moment en pestant sur ses chaussures, bientôt un genou à terre pour les lacer de nouveau.

En face d’elle, on lui fit signe de passer par la droite et non la gauche et sans savoir pourquoi, Jordane obéit, s’assurant que tout le monde repartait en arrière.

Ainsi sans le moindre affrontement, c’était à fleur de peau qu’elle arrivait dehors en première avec la sale impression d’avoir abandonné Néolina alors même qu’elle le lui avait ordonné. Pas de prise de risques, elle fit ce qu’on lui demandait, retrouvant avec un soulagement teinté d’aigreur l’extérieur de l’entrepôt. Plutôt que de rester là, la jeune femme se coulait évidemment à couvert, ne tardant pas à se charger de dévier la relève, les gardant à l’œil sans pour autant entrer dans la lutte.

C’est sans doute bête mais ce fut ce moment, le plus long  à ses yeux. Seule à l’extérieur, pas tout à fait certaine d’avoir agit au mieux, profondément inquiète que les autres se soient faits avoir, elle dû ronger son frein sans déloger de son point d’observation. Qu’importe ce qu’il se passait là-dedans, pouvoir aller chercher des renforts serait plus utile qu’une pauvre conne à y entrer de nouveau seule. Mâchoires serrées, coincée sous les fourrés, elle fini par cartographier d’un croquis mal calibré la topographie des lieux, baguette dans la main gauche, le regard tout autant porté sur les lieux que sur le petit bout de papier.

L’ensemble de nouveau rangé, le pouce tapotant nerveusement contre son annulaire, elle notait le temps restant avant que la fenêtre ne se referme et qu’elle doive de nouveau éloigner la relève. Un risque plus qu’élevé : chaque fois ils tentaient le diable une nouvelle fois. Jusqu’à quand auraient-ils de la chance ? Sa décision était prise : elle allait demander des renforts quand, à son grand soulagement, l’ensemble de la délégation passait de nouveau la porte, menés par Néolina. Et un instant, elle eu l’impression d’être soit la gosse qu’on avait protégé… soit l’abrutie qui était sortie trop vite, manquant potentiellement quelque chose.

Qu’importe : ils étaient tous en  vie et d’après le petit geste que Néolina lui adressait, personne n’avait été repéré.

Bientôt donc, chacun disparaissaient. L’idée était de s’éloigner d’abord les uns des autres en gardant leur binôme, de s’assurer qu’ils n’étaient ni suivis ni infiltrés avant de se rejoindre au QG.

Voilà donc qu’elle se retrouvait en pleine campagne, de nuit, au détour d’une boucle de la tamise… en tête à tête avec celle qui avait tant à lui reprocher.

Mains dans le dos, regard fixe et attitude neutre, Jordane attendait donc la tempête qui ne tarderait pas à la saisir. Il y avait dans cette attitude celle d’une enfant qu’on avait déjà violemment rabroué, à qui on avait appris à se tenir droite et silencieuse quand les sanctions tombaient. Les vieux restes de certaines formations en Russie notamment.

Et de nouveau, c’était pour Dorofei qu’elle avait ses dernières pensées, s’assurant de quelques sorts que Néolina était bien elle-même. Et attendant simplement la suite, persuadée que tout s’arrêterait.

Là ; maintenant.

Alors comment le dire ? Comment annoncer qu’après la réunion, elle irait rejoiondre Kezabel qu’elle sentait si violemment prête à basculer à tout moment. Comment dire à sa patronne qu’une de ses plus proches amies était entre la vie et la mort ? Comment annoncer cette horreur sans sembler se justifier comme une enfant tremblante ?

De ça, elle n’avait pas la réponse. Mais pour l’heure : ils étaient tous en vie. C’était là-dessus qu’il fallait se centrer n’est-ce pas ?

N’est-ce pas ?
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2268
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Dim 16 Jan 2022 - 17:52
Avait-elle eut raison ou tort de lui dire ça ? De lui confisquer le portable ? A vrai dire, elle n'en savait rien, il n'y avait probablement pas de solution miracle, mais elle jugeait que c'était sur l'instant T la meilleure. Jordane ne risquait plus de téléphoner et donc de compromettre la mission et leur sécurité à tous ; et elle ne l'avait pas descendu en flèche, par ce que ce n'était ni le lieu, ni le moment et qu'elle voulait surtout avoir des explications. De vraies explications, entendre une plaidoirie, ou même une phrase ou deux. Elle voulait lui montrer qu'elles travaillaient toujours en binôme et que c'était ok que la jeune femme ne se focalise pas trop non plus sur l'après ce qui pourrait être préjudiciable... mais maintenant qu'elle avait le téléphone dans la poche, à présent qu'elles étaient sur le point de repartir, elle n'était plus bien certaine que ce soit la bonne manière d'agir mais trop tard pour revenir en arrière. Elle avait agi à l'instant, elle avait fait ce qui lui semblait le mieux pour tout le monde alors qu'elle aurait juste pu la congédier de la mission. Peut-être regretterait-elle de ne pas l'avoir fait d'ailleurs, mais elle voulait faire confiance en Jordane.  Elle voulait lui donner une « autre chance ».

« Je peux en avoir besoin plus tard pour prendre des photos. »
 « Je te le rendrai bien entendu .à ce moment-là, si c'est nécessaire » avait-elle répliqué sur le même ton qu'elle... plus un fait qu'autre chose.

Bien sûr qu'elle ferait tout pour que la mission réussisse... mais tant qu'elle ne comprenait pas le pourquoi du comment, elle avait du mal à se faire à l'idée de lui laisser de nouveau le téléphone. Et dans ses tripes, elle se demandait si ce n'était pas Dorofei qui avait un souci, Adam qui appelait peut-être. Et cette peur-là, elle la fit taire autant qu'elle le pouvait ; tout comme l'envie de lui poser la question à présent. Non, c'était peut-être qu'un appel personnel Mais elle est sérieuse, elle ne voudrait probablement pas décevoir Coopy. La question se poserait plus tard, à présent il fallait simplement se focaliser sur la mission, en essayant de ne pas penser au pire, en ne voulant pas tout bâcler pour sortir d'ici et la regarder entre quatre yeux pour lui poser plus précisément la question. Focus, Neo. Focus.

Elles avaient finalement avancé un peu avant de devoir se replanquer lorsque les hommes étaient repassés. Encore une fois elles avaient eu chaud, d'autant plus que si leurs collègues ne leur avait pas signe que des personnes arrivées, elles auraient pu être grillées. Pour l'instant, la chance semblait quand même de leur côté... surtout lorsqu'ils remarquèrent que les gardes avaient soudain « disparu » signalant par la même occasion le passage que la Garde cherchait, leur évitant de perdre de précieuses minutes – ou ne pas dire heures-, et par conséquent abaissant un peu le risque de se faire repérer. Il suffisait de les suivre. Elle leur fit signe de bien faire attention, ne sachant pas ce qu'ils pourraient trouver de l'autre côté, songeant même toujours à un guet-apens, même si cette hypothèses semblait pour l'instant s'éloigner un peu.

Désagréable impression de traverser « ce miroir », ce sort, baguette à la main, elle repéra directement un homme qui avait dû les entendre arriver, elle lui avait brouillé la mémoire, enlevant les dernières seconde, le perturbant assez pour que le petit groupe puisse passer en paix sans pour autant blesser l'homme. Tant que les Supérieurs restaient indemnes, ça serait un risque en moins d'être repéré. Alors, c'était important, elle y tenait tout particulièrement que leur venue soit inaperçue.  Elle essayait de réfléchir à tout, le mieux possible, tout organiser au mieux pour ramener tout ce petit monde sain et sauf avec une mission réussie. Inspiration, elle avait juste quelques secondes pour se décider, alors elle indiqua à un premier information de retourner de là ils venaient pour que les autres groupes puissent les rejoindre sans galérer – en faisant attention au groupe- ; tandis qu'au deuxième le plus expérimenté et en qui elle avait une confiance totale, de prendre vers la droite tandis qu'elle et Jordane iraient vers la « fosse ». est-ce que Brooks pouvait mal le prendre ? Possible, mais pour l'instant elle ne s'en souciait guère. Pas après ce qui s'était passé un peu avant, pas en sachant combien Dorofei tenait à elle, pas en ignorant ce qui avait bien pu se passer au téléphone. Tant pis si la plus jeune était blessée ou vexée, elles pourraient s'expliquer mais plus tard, et puis, théoriquement tout était censé de passer dans la fosse vu ce qui avait été dit avant, autant qu'elles soient deux. Ca serait beaucoup plus simple pour avancer car ce lieu serait sûrement plus protégé que tout le reste du local. Et c'est ainsi qu'elles avaient continué d'avancer,  comme un bon binôme, un bon travail d'équipe. Il fallait l'avouer, Jordane était plutôt doué – et pour l'instant elle obéissait de nouveau bien aux ordres-.

Concentrée sur le fait de prendre les photos, les échantillons, elle n'avait pas remarqué ce qui se passait plus haut. Lorsqu'elle se tourna et remarqua la scène, elle se bloqua à son tour quelques instants.  C'était la merde... et heureusement que Brooks avait agi comme il le fallait, mais elle avait besoin d'aide pour pouvoir débloquer la situation et ne pas se faire prendre par le garde qui s'il se retournait comprendrait qu'il y avait intrusion. Elle inspira et fit la seule chose qui lui semblait être bien, le faire se baisser pour que Jordane puisse remonter la caisse..  Mais la moindre erreur dans son propre sort, ou s'il n'agissait pas comme elle le souhaitait pouvait être dangereux également. Elle devait donc s'attendre à devoir attaquer... heureusement l'homme semblait s'ennuyait à mort et faisait tenir en équilibre une plume qu'elle n'eut pas faire tomber au sol. Dans les batailles, elle n'était peut-être pas la plus performante mais pour ce genre de chose de précisions, elle ne se débrouillait généralement pas trop mal ; elle se retint de pousser un soupir de soulagement lorsque tout se passa comme prévue.  Elle leva le pouce en direction de sa binôme pour lui faire comprendre qu'elle avait été au top.. mais tout ne s'arrêtait pas là. Il fallait qu'ils trouvent la preuve que des Supérieurs utilisaient des cobayes pour certaines choses.

C'est ainsi, qu'elles s'étaient engagées un peu plus dans cette fosse jusqu'à tomber sur ce qu'elles cherchaient. Elle nota bien chaque détail que tout soit précis, qu'elle puisse utiliser une pensine si nécessaire pour le montrer aux autres, ça serait beaucoup plus parlant que ses simples explications si certains le jugeaient nécessaires. Révoltée, elle devait lutter contre l'envie de se lever d'agir. Ils n'étaient malheureusement pas là pour ça et sauver une vie ou deux d'innocents risquait de mettre toute la cause en Danger, d'autant plus que les Supérieurs continueraient... Il fallait aller plus à la source. Mais la colère s'était réveillée en elle et grognait férocement. Néanmoins le sortilège utilisé ne lui disait rien, même le regard vissé à un moment sur la baguette, l'autre sur les conséquences sur le pauvre Cobaye. Tout comme Jordane, elle était arrivée à la même conclusion : probablement de la magie noire. Et elles devaient y aller, même si c'était à regrets de ne pas pouvoir les aider. Il fallait bien avouer, qu'elle y avait réfléchi à essayer de sortir l'innocent de là, mais vu la configuration et tout le reste ce n'était pas possible et bien trop risqué pour une seule personne. Et surtout le changement de ronde allait arriver et ils ne pouvaient plus s'attarder... qui d'ailleurs venait de mourir sous leurs yeux. Elle ferma les poings, la haine qu'elle ressentait à l'instant lui donnait presque envie de rendre ses tripes.

Si la chance avait présente jusqu'ici, elle semblait à présent les avoir quitté... car en remontant les autres membres de la Garde n'étaient plus en vue. Elle ordonna à Jordane de repartir  vers le point de ralliement... tandis qu'elle allait essayer de regrouper les troupes se trouvant encore ici et qui étaient peut-être en danger. Elle détestait cette situation, pour ne pas dire que c'était presque panique à bord. Elle inspira un instant, regardant Jordane s'éloigner vers la sortie tandis qu'elle continua à essayer de se fondre au maximum avec le paysage. Elle avait à peine quelques mètres qu'un membre de la Garde la rejoignit pour lui signaler que deux leurs étaient piégés un peu plus haut et qu'il fallait de nouveau distraire des supérieurs. Ce qu'ils ne tardèrent pas à faire. Elle jeta alors un regard à sa montre, avec cette impression qu'ils étaient en retard.  Elle se demanda alors si elle avait bien fait de laisser brooks seule retourner vers la sortie et si elle se faisait capturer ? Si en voulant l'empêcher de courir trop de risques, qu'il y ait une personne sauve pour aller chercher du renfort elle s'était plantée ? Elle espérait également qu'elle n'irait pas chercher du renfort dans la seconde et attendrait au moins quelques minutes.
Et enfin, tout le petit groupe s'était retrouvé et dirigé vers la sortie où Jordane les attendait... anxieusement. Elle lui fit de nouveau un petit geste comme quoi tout était ok.

Le moment de vérité était cependant arrivé : les explications de Jordane sur son comportement. Pour l'instant Hampton n'était pas décidée de ce qu'elle allait faire de tout ça. Normalement ça aurait dû être marqué sur un rapport... mais il y avait ce mais qui restait toujours dans sa tête. Et elle préférait avoir toutes les cartes en mains pour pouvoir juger. Les autres groupes avaient disparu chacun à un point différent, et ce fut bientôt à leur tour tandis qu'elles tombaient en pleine campagne.

Elle tendit son portable à la jeune femme.  « Je pense que je n'ai pas besoin d'hurler ou de vociférer pour que tu comprennes que ton attitude, avec ça, en  pleine mission est inacceptable.» Pas besoin de préciser quel moment. Elle laissa passer quelques instants avant de reprendre  « Néanmoins, tu as bien t'adapter au reste de la mission, faire preuve d'initiative et tu nous a même probablement sauvé la mise.» Elle braqua son regard dans celui de la jeune femme avant de reprendre  « Pourquoi, alors ? Qu'est-ce qui s'est passé Jordane ? Je doute que ce soit dans tes habitudes, c'est le genre de choses que Dorofei ne supporterait pas...»

Non pas de cris. Pas de menace. Pas d'insulte. 
Pas pour le moment du moins.
Revenir en haut Aller en bas
Neolina Hampton
Neolina Hampton
Neolina Hampton
https://impero.superforum.fr/t5138-neolina-let-s-convince-oursel
Âge personnage : 31 ans
Hiboux postés. : 1508
Date d'inscription : 28/06/2018
Crédits : gif tumblr,
Double Compte : Theodore, Warren, Dorofei, Timothy, Gary, Naveen & Loan
Neolina Hampton
Dim 23 Jan 2022 - 0:29
Les mâchoires serrées, le regard fixe, les mains dans le dos, il lui semblait attendre la sentence, la violence de la nuit menaçant de s’abattre sur elle sans qu’elle n’y cède réellement. Tout résonnait dans le fond de ses synapses, de l’impuissance de ne pouvoir agir pour ces pauvres types qui se retrouvaient là par un coup de circonstance, des souvenirs d’amis qui grésillaient dans sa boite crânienne, de l’angoisse pour Sanae et Kezabel, de la frustration d’être toujours prise pour la gamine du groupe, l’une des dernières à être toujours sur ses jambes, de la culpabilité d’avoir risqué leur vies à tous pour décrocher ce téléphone, de l’attente sourde, seule à l’extérieur ou le trajet du retour sans personne pour assurer ses arrières : tout cognait. Tout la frappait avec la même glace que les prunelles de Néolina dans les siennes. Sans défaire les sorts qui maintenaient son anonymat, elle vérifiait d’un geste que son acolyte présentait toujours tous les indices l’amenant à penser qu’elle était bien elle-même, s’assurait également que personne ne les traquait et enfin, s’assurait de leur isolement phonique et visuel … et puis elle attendit. Loin d’être libérée maintenant que la mission s’avérait réussite, sa respiration s’amenuisait à un simple souffle. Quelque part dans le fil de ses pensées, l’image d’Emily lui apparaissait, tant pour le manque de cette amie dans sa vie que la gêne qu’elle éprouvait à présent à son égard mais aussi parce que de ces gens, là-bas, qu’ils avaient abandonnés.. elle aurait pu être l’un d’eux. Et elle-même également. Sans l’étincelle de pouvoir dans ses veines, Jordane avait le profil parfait. Livrée à elle-même, sans personne à l’attendre à la fin de la journée, totalement isolée, issue d’une famille de moldus. Selon les concours de circonstances, elle aurait pu être là-bas elle aussi, à tant côtoyer les dessous du monde.

« Je pense que je n'ai pas besoin d'hurler ou de vociférer pour que tu comprennes que ton attitude, avec ça, en  pleine mission est inacceptable.»

Mâchoires serrées, donc, le cœur en écharpe, les premiers sons de la générale lui firent  l’effet d’un grondement de tonnerre dans les oreilles. Pourtant pas de cris, de rage ou d’insulte, mais cette chose retenue, déçue, perplexe… était sans doute pire encore.

Sans rien dire, elle hochait simplement de la tête.

« Néanmoins, tu as bien t'adapter au reste de la mission, faire preuve d'initiative et tu nous a même probablement sauvé la mise.»

Pas tout à fait certaine de ça, Jordane estimait surtout qu’il y avait eu un travail commun habilement mis en œuvre, mais quitte à avoir un point positif pour elle, très lâchement, elle n’irait pas le contredire. Peut-être Néolina parlait-elle d’ailleurs de sa remontée hors de la fosse, seule, jusqu’à l’extérieur d’où elle avait pu s’assurer que le champ était libre tandis que la générale rassemblait les troupes probablement bloquées elle ne savait où.

« Pourquoi, alors ? Qu'est-ce qui s'est passé Jordane ? Je doute que ce soit dans tes habitudes, c'est le genre de choses que Dorofei ne supporterait pas...»

L’allusion lui sciait les cotes, l’amenant à fermer les paupières une seconde pour accuser le coup. C’est donc ça ? De jouer sur la culpabilité, sur la déception qu’on inflige aux autres, sur les attentes qu’ils nourrissent à votre égard ? L’idée la balafrait. Décevoir celui qui croyait en elle depuis le premier instant, celui pour qui elle tentait tant de rester droite sans flancher depuis des semaines lui étreignait brusquement le cœur.

Une gamine à qui on aurait dit qu’elle décevait sa mère. Pas mieux. Une sensation douloureuse quand, à l’origine, elle n’avait plus personne à décevoir tant elle les avait déjà tous blessés.

Alors ? Tu réponds quoi maintenant Jordane ?

Le discours avait eu le temps de tourner dans sa caboche durant l’attente à l’extérieur des docks. Intenable, elle était venue tester sa patience d’une des pires façons qui soient.

D’un geste lest, Jordane sortait le papier de sa poche pour le tendre à la générale.

« Tient. J’ai cartographié la zone quand je vous attendais dehors. » Elle ne dirait pas qu’elle avait re-dirigé deux rondes, espérant que Néolina en eut conscience.
Et oui, Jordane gagnait du temps. Car naturellement, elle se serait simplement tue et aurait pris sur elle ses actes sans en laisser porter la responsabilité à qui que ce soit. Mais cette inquiétude qu’elle portait en elle laissait des traces, parfois parfaitement et douloureusement physiques. Or cette femme en face d’elle avait… le droit de savoir. Simplement entre la décision déjà prise et la capacité à dire les choses, il y avait un fossé et Jordane n’arrivait pas à le passer. Tentée – réellement – par l’idée de simplement s’excuser sans chercher à se justifier, elle restait muette encore un moment. De trop longues secondes qui s’étiraient entre elles, provoquant la perplexité nette d’Hampton. Mais parler, là, pour sauver sa peau, lui semblait inconvenant, amoral.

« Je sais que j’aurais pas dû. » Maiiiis …. ?

Mais quoi ?
Mais rien.
Mais j’ai peur que des gens fassent de grosses conneries ? Mais je suis pas assez solide pour gérer ça ? Mais si j’en perds un de plus je sais pas comment je ferais pour y survivre ? Mais j’envisage très sérieusement de me barrer maintenant si la Garde c’est terminé, rien que pour ne pas avoir à faire face à un nouveau cercueil ? Mais je ne pouvais pas faire autrement ? Mais c’est pas si simple quand le cœur s’en mêle, c’est ça ? Mais Adam pourrait se retrouver orphelin.
Que ce soit Dorofei ou Kezabel, ces six coups de téléphone n’avaient rien d’habituel.

Et quoi ? Ça suffit à justifier de te comporter comme une ado attardée ? Qui, EN PLUS, se servirait du malheur des autres pour masquer ses propres défaillances ? C’est ça l’idée ? Te dé-responsabiliser comme une gosse immature ?

Et ? Se taire et lui cacher ce que tu sais sur l’état de deux personnes en qui tu tiens est une solution préférable ? Juste pour protéger ton égo déjà salement ébranlé ? Et s’ils se foutent en l’air, s’il massacre quelqu’un, n’est-elle pas bien placée pour agir ? Si quelque chose de grave arrive et que tu t’es tue, qu’adviendra-t-il ? C’est comme ça que ça se passe en société Jordane, il faut apprendre à faire confiance aux autres, à leur confier des choses, à avancer ensembles et non désordonnés chacun dans son coin. C’est le but même de la Garde. Et ils en font partie au même titre que toi. Alors c’est ton devoir d’en parler, plutôt que de t’ancrer dans cette espèce d’idée adolescente que c’est en te taisant que tu protègeras qui que ce soit.
Toi y compris.


Vous n’imaginez pas. Vous ne pouvez pas supposer de la violence que cette situation lui imposait, de l’envie de crever sur place plutôt que de faire un pas dans un sens ou dans l’autre. Sans cette projetée dans ses incapacités, hors de sa zone de confort, la jeune femme était confrontée à ce qui semblait si simple aux autres et dont de simples paroles lui arrachaient pourtant la gueule.

C’est son amie qui est tombée. Elle doit savoir. C’est le moment. Et c’est pas à toi de décider de retenir ce genre de choses.

Vous le connaissez, ce moment où vous savez que quelques mots, quelques sons que seul vous détenez pourraient changer le cours de l’histoire pour une personne. Qu’en quelques syllabes, vous pouvez ouvrir la terre et avaler l’autre dans les enfers de la souffrance.
Elle oui. Et la dernière fois qu’elle a ouvert les roches et fait trembler le sol, ce fut pour annoncer à une petite fille que jamais sa mère ne rentrerait chez elles.

Déglutissant difficilement, voilà qu’elle fermait de nouveau les paupières, inspirant profondément, bloquant, relâchant ce qui tremblait un peu.

La posture appelant à un statut de soldat bien illusoire se fendillait pour laisser voir la gosse ébranlée qu’il y avait en dessous.

« Je suis inquiète pour Dorofei et Kezabel, après ce qu’ils ont vécu. Du type très inquiète. J’ai peur que ça finisse mal. » Aucune référence directe à ce qui lui était arrivé, comme si agir ainsi reviendrait à pointer son ami du doigt, l’accuser d’elle ne savait quoi. Qu’importe, il en était hors de question. « J’ai eu six appels de suite quand on était en bas. Et ni l’un ni l’autre ne font ça. » Depuis quand était-elle cette personne-là ? Celle qu’on appelle quand ça ne va pas ?

Depuis quand était-elle celle qui décrochait ?

Inspiration. Blocage. Expiration. Tremblements.
Ses mains se serraient l’une contre l’autre pour en masquer les secousses.

« Néolina, je t’ai caché quelque chose et j’en suis désolée, mais ça ne servait à rien de risquer qu’on soit deux à être perturbées par la situation. » Car oui, elle l’était. Dur de l’admettre, mais elle l’était. « Sanae a eu un accident. Elle est dans le coma, à l’hôpital. Ça semble grave. »

Le tonnerre cogne et la terre s’ouvre. Jordane le sait. Elle l’a déjà vue, la violence de cet impact.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2268
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Sam 29 Jan 2022 - 17:25
Elle avait parlé. Peut-être pas comme il le fallait, mais il y avait une manière de dire ce qu'elle avait sur le cœur à l'instant T ? Elle était Générale, elle avait des décisions à prendre, et surtout la vie de ses « troupes » entre les mains, une telle conduite, comme avait pu avoir eu Jordane aurait pu être dramatique ! Alors, non, elle ne pouvait pas passer outre tout comme elle ne pouvait pas juste lui hurler dessus et la virer, ou lui mettre un blâme, un avertissement juste par ce qu'elle avait les nerfs. Hampton avait besoin de comprendre avant tout, ce n'était pas quelque chose qui ressemblait à la jeune femme d'agir comme, et pourtant, elle ne la connaissait pas réellement. Malgré tout, elle faisait confiance dans le recrutement, mais surtout à Dorofei avec qui elle était très liée. Elle savait qu'ils avaient dû s’entraîner et si son ami avait une haute opinion sur Brooks ce n'était pas pour rien et ça, elle en aurait mis sa main à couper. Au final, c'était bien là son problème majeur : faire taire cette anxiété, essayer d'agir en général en la sommant de lui donner des explications, plutôt que de la supplier de lui expliquer ce qui s'était passé. Oui, elle devait agir comme l'adulte qu'elle était. Faire passer la Garde avant le reste, et à ce moment-là, elle avait du mal... pourtant, elle trouvait qu'elle ne s'était pas si mal débrouillée que cela, n'est-ce pas ?

Mais tout ce qu'elle avait obtenu au départ ce fut le silence. Pesant. Beaucoup trop pour ses nerfs.. jusqu'au moment où Jordane sortit un papier de sa poche pour lui tendre, elle le prit, l'observa tandis que la plus jeune reprenait la parole

« Tient. J’ai cartographié la zone quand je vous attendais dehors. »

Celle-là, elle ne s'y était pas attendue, mais alors pas du tout. Les questions se multipliaient encore plus dans sa tête, tandis qu'elle fronçait un peu les sourcils, mais cette fois plus par ce qu'elle était perplexe qu'autre chose. Neolina ne comprenait pas ou l'autre jeune femme voulait en venir. En quoi, tout cela répondait à sa question ? Est-ce qu'elle essayait de noyer le poisson ? Ou bien de gagne du temps pour lui annoncer quelque chose qui ne lui plairait et qu'elle espérait ainsi gagner quelques secondes -minutes bienfaitrices- ?

« Je sais que j’aurais pas dû.»

Mais ? Il y avait bien un mais qui suivait non ? Elle ne pouvait pas s'arrêter comme ça ! Ce n'était pas suffisant, pour ne pas dire que c'était frustrant. Elle planta son regard dans le sien. Quelque chose clochait, elle en était sûre, mais peu-être imaginait-elle à cet instant présent le trouble qu'elle pouvait lire dans les yeux de sa coéquipière du jour ? Peut-être y voyait-elle les symptômes de sa propre anxiété et de son imagination, mais il lui semblait qu'elle pouvait y déceler une certaine tristesse, à moins que ce soit de la rage ? Qui sait ?
Crache. Avoue.
Bordel de merde, Brooks, dis quelque chose. Finis cette putain de phrase.
Si c'est insoutenable pour moi, toi, tu peux enfin dire ce qui se passe et te soulager la conscience... ou peu importe ce que c'est !

Et la voir fermer les paupières n'inaugurait rien de bon. Elle eut un petit frisson d'appréhension et s'empêcha de tout commentaire. Stresser Jordane n'était pas le but de la manœuvre. Elle semblait y arriver et il fallait juste qu'elle patiente encore quelques instants de plus. Ne pas la secouer comme un prunier. Inspirer. Expirer. Et enfin ….

« Je suis inquiète pour Dorofei et Kezabel, après ce qu’ils ont vécu. Du type très inquiète. J’ai peur que ça finisse mal. » Elle acquiesça doucement, pour Kezabel elle était moins proche c'était plis difficile de se faire une idée, mais Coopy était un ami, elle connaissait pertinemment son état d'esprit depuis des semaines (des mois?) et ça ne s'était pas arrangé après sa brouille avec Margo et c'est peu dire. Elle eut envie de sortir son téléphone pour voir ce qui se passait, ; si elle avait des nouvelles mais se retint. « J’ai eu six appels de suite quand on était en bas. Et ni l’un ni l’autre ne font ça. »

Et donc, elle avait décroché par ce qu'elle était inquiète en voyant le nom de l'un ou de l'autre. Sinon  aurait-elle décroché si elle n'avait pas eu ce mauvais pressentiment ? Probablement pas. Du moins, c'est comme ça qu'elle comprenait ses explications. A son tour, Neolina déglutit avec une certaine difficulté, elle sentait au fond d'elle son cœur battre à tout rompre, en se demandant, le pourquoi du comment ?
Et l'attitude anxieuse de Jordane qui tremblait lui montrait qu'elle avait raison de s'inquiéter. Qu'il s'était passé quelque chose de moche.... mais visiblement pas irrémédiable. Pas pour le moment du moins, sinon, elle ne chercherait pas ses mots comme ça ? Elle semblait tenir à Kezabel autant qu'elle tenait à Dorofei, et s'il lui était arrivé quelque chose plus grave qu'un accident, Neolina avait l'impression que Jordane aurait pu perdre pied.
Tu te rassures vraiment comme tu peux ma pauvre fille...

« Néolina, je t’ai caché quelque chose et j’en suis désolée, mais ça ne servait à rien de risquer qu’on soit deux à être perturbées par la situation. Sanae a eu un accident. Elle est dans le coma, à l’hôpital. Ça semble grave. »
 « Qué ?» fut la seule chose qu'elle réussit à dire, tandis que pendant quelques instants sa chevelure passa dans un bleu nuit.

Elle inspira un bon coup, essayant de ne pas trembler. Hurler. Pleurer. Ce n'était pas le moment, elle aurait tout le temps de le faire après... il fallait déjà qu'elle arrive à formuler quelque chose pour rassurer Jordane. Mais son cerveau semblait s'embourber seconde après seconde dans la vase, la boue comme s'il ne voulait plus penser. Elle avait envie de foncer voir son amie. Difficile. Nouvelle inspiration-expiration, plus compliquée que la précédente tandis que les émotions affluaient comme une vague énorme en elle. Cette fois, elle prit son téléphone, mais personne ne semblait avoir daigné l'avertir. Au fond d'elle, elle savait que c'était normal, les missions avant tout ; Margo -et les autres- n'avaient pas dû vouloir qu'elle soit distraite... et c'est exactement le comportement qu'avait eu Jordane à ce moment-là. Sous les apparences d'une attitude inacceptable -et ça le restait-, elle avait agi néanmoins en contrepartie en adulte plus que responsable en n'ébruitant rien, en faisant comme si tout allait bien, en ne partant pas rejoindre Dorofei ou Kezabel. Pendant quelques instants, elle se prit l'arrête du nez entre les doigts.

 « Merci Jordane.» avait-elle fini par reprendre, repoussant encore et toujours les flots dévastateurs d'émotions qui déferlaient en elle.  « Je ne devrais probablement pas dire ça... mais tu as bien fait. C'est ce qu'il fallait faire et... tu as en plus très bien réussi à continuer la mission malgré tout, et je t'en félicite.»

Et maintenant ? Maintenant, elles savaient toutes les deux qu'elle allait devoir faire un rapport détaillé de ce qui s'était passé. Alors, la question qui se posait c'était : devait-elle risquer de mettre la carrière de quelqu'un de brillant comme Brooks en danger dans la Garde pour avoir pris ces appels, ou est-ce qu'elle devait passer outre après ces explications. L'humaine en Neolina, celle qui n'était pas Générale avait déjà opté pour la seconde option. Jordane avait sa place parmi eux. La Générale, par contre, n'avait pas envie de faire des cachotteries qui pouvaient se retourner contre elle, contre Jordane. Cependant ce qui la définissait le plus, ce n'était pas le fait d'être Générale, mais celui de croire à son prochain, d'être empathe, de redonner des chances.

 « Tu ne parles à personne de ces appels reçus. Ca serait dommage que tu risques une quelconque sanction. Et fais en sorte, que celle qui t'a appelée n'en parle à personne d'autres.»

Revenir en haut Aller en bas
Neolina Hampton
Neolina Hampton
Neolina Hampton
https://impero.superforum.fr/t5138-neolina-let-s-convince-oursel
Âge personnage : 31 ans
Hiboux postés. : 1508
Date d'inscription : 28/06/2018
Crédits : gif tumblr,
Double Compte : Theodore, Warren, Dorofei, Timothy, Gary, Naveen & Loan
Neolina Hampton
Dim 6 Fév 2022 - 14:40
La terre s’ouvrait, engloutissait Néolina et Jordane ne pouvait que l’observer se prendre la nouvelle de plein fouet. Les lèvres scellées, le regard droit, l’affrontant sans vraiment savoir ce qu’il aurait fallu dire ou faire pour alléger la situation, l’ancienne Serdaigle masquait bien plus ses propres émotions qu’elle ne cherchait à trouver la douceur adéquate pour une telle annonce. Bien sûr qu’il aurait fallu la ménager, et bien sûr qu’elle aurait préféré qu’une toute autre personne fasse ça pour elle. Mais pour l’heure, il n’y avait qu’elle, sa gaucherie et ce savoir qui lui défonçait la poitrine. Ah comme ça cavalait là, gouffre gigantesque d’émotions contradictoires l’amenant à s’enfuir, disparaitre ou filer droit là-bas qu’importe ce qu’elle pourrait y trouver. Car Jordane avait beau rester plantée là, les talons dans le sol, le dos droit, le regard brut, une part d’elle s’était déjà évadée depuis longtemps. Comme si elle pouvait filer, parcourir la campagne, courir à en perdre haleine. Filer au travers des champs, fendre l’air, flamber l’acide dans ses veines et cracher ses poumons. Comme une bourrasque, une tempête, une force vivante et profondément humaine que chaque pas pourrait planter dans le sol d’une violence nouvelle pour atteindre l’aérodrome. Débarquer comme un bélier, défoncer les portes et frapper les murs, s’engouffrer comme une tornade, tout soulever, tout emporter jusqu’à s’abattre sur elle. S’y replier soudainement et faire de l’air une coque solide, infranchissable qui pourrait se refermer autour de son âme meurtrie. Et rester là. L’habiller de ses bras et se faire jour et nuit jusqu’à la libération. Jusqu’à ce que Sanae batte des paupières, que tout ça ne soit qu’un mauvais rêve.

Mais pour l’heure, c’était Néolina qui papillonnait du regard, les pupilles un instant étrécies pour se dilater ensuite, les traits pourtant presque impassibles portant les traces du choc. Comme si c’était une immense gifle qu’elle venait de lui asséner, la laissant pantoise, choquée, heurtée dans le plus profond de son être.

« Qué ?»

Elle inspirait, bloquait, relâchait. Encaisser le choc, comme si la nouvelle devenait physique et qu’au cours de la conversation, un mur s’était soudainement effondré sur elle. Jordane n’ajouta rien, la laissant faire le tri dans ses pensées, apaiser le bourdonnement sourd du sang fusant à ses tympans, retrouver sa contenance habituelle. Et Néolina trembla à peine, Jordane ne comprenant la violence de la situation qu’au travers de quelques détails infimes. Le souffle qui s’affaisse, manque un moment. Les doigts qui se crispent. Les lèvres qui tremblent une seconde. Les pupilles qui se dilatent, les mots qui s’évadent, le regard qui la perce. Un instant, le cerveau refusait, cherchait la blague, tentait de prouver qu’il y avait erreur. Et puis tout repartait, violent, acerbe dans ses veines. Elle savait. Elle connaissait. Pas un mot donc, seulement le respect de la laisser encaisser. Et si Hampton pinçait l’arrête de son nez de deux doigts, Jordane détournait un instant les yeux, lui laissant le temps de se remettre.

« Merci Jordane.»

Et brusquement, les yeux acérés d’eau vive retrouvaient l’obsidienne de sa supérieure. Merci ? Interdite, elle ne fit que froncer légèrement des sourcils, sans comprendre. « Je ne devrais probablement pas dire ça... mais tu as bien fait. C'est ce qu'il fallait faire et... tu as en plus très bien réussi à continuer la mission malgré tout, et je t'en félicite.»

Cette fois, ses yeux s’arrondissaient, les lèvres pincées. Sans même avoir la présence d’esprit de sourire, Jordane restait là, béate et un peu gourde. Sa poitrine avait cessé de se lever, ses mains ne tremblaient plus, ses muscles se contractaient pourtant brusquement. Comme si son organisme anticipait un coup physique qui ne tombait pas. Toujours en attente, donc, en partie persuadée qu’elle comprenait mal, que le choc viendrait ensuite, plus brusquement encore, la prenant de court.

« Tu ne parles à personne de ces appels reçus. Ca serait dommage que tu risques une quelconque sanction. Et fais en sorte, que celle qui t'a appelée n'en parle à personne d'autres.»
« J… » Ahurie. « Quoi ?! »

Sa voix s’envolait même dans les aigus, si peu habituée à être traitée ainsi. Une seconde chance ? Vraiment ? Pourtant elle le savait dès l’instant où elle avait décroché, cette part de sa vie s’effondrerait, c’était certain. Margo ne lui ferait pas de cadeaux, Dorofei non plus très probablement, tous deux parfaitement conscients qu’elle n’avait simplement pas le droit d’agir ainsi au risque de faire tuer l’intégralité de la brigade envoyée sur les lieux. Elle avait fait une erreur monumentale qu’elle assumait parfaitement, consciente que si c’était à refaire, elle le ferait. Impossible, donc, de passer au travers. De s’en sortir. Non, ça s’effondrerait et ce serait justifié. Elle serait une Godwin de plus. La membre, pas le point.
Interdite, pour le coup elle-même sous le choc, la jeune femme n’avait même pas l’intelligence d’entendre les compliments qu’on lui faisait. Elle restait juste sur place, incapable de comprendre ce qu’il se passait. Un coup de fourbe pour frapper plus fort encore ensuite ? Un test ? Pourquoi agir ainsi ?

« Je… Hampton, j’ai … Fait pas ça. » Quoi ? Te faire confiance. « Prend pas de risque pour moi. » C’est ce qu’elle fait pourtant tous les jours Brooks. Comme chacun d’eux.

Pariez pas sur moi. C’est le pire des paris.

Et pourtant, Jo. Et pourtant..
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2268
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Dim 6 Fév 2022 - 18:50
Certains, s'ils savaient diraient qu'elle était trop tendre, trop empathe, trop douce. Qu'il fallait faire un exemple de cette situation et elle n'était pas d'accord. Du moins, pas dans le cas de Jordane. Certes, il y avait beaucoup de membres doués. Certes, il fallait punir les erreurs. Oui, bien sûr, mais elle pouvait presque voir que Jordane s'en blâmait déjà largement assez toute seule, elle se doutait que même si l'une et l'autre se taisait, la punition d'aller vivre avec Dorofei, d'avoir ce secret, cette peur de le décevoir serait déjà un assez énorme fardeau. Ils étaient tous humains, ils faisaient tous des erreurs et elle préférait voir suivant l'argumentation, l'explication. Ici, elle était simple, humaine, réfléchie, logique, implacable. Deux des personnes que Brooks devaient aimer le plus étaient en piteux état, elle avait reçu un appel de l'un d'eux qui n'agissait pas de manière habituelle. Bien sûr qu'il fallait y répondre... et si elle ne l'avait pas fait ? Est-ce qu'elle aurait eu la tête à la mission, est-ce qu'elle n'aurait pas été encore plus inquiète ? Il n'y avait pas de situation miracle. Il n'y avait aucune « bonne réponse », par ce tous ne pouvaient pas mettre leurs émotions de côté, même lors d'une mission. Margo, Dorofei devaient pouvoir y arriver sans souci. Mais elle en était incapable et l'ex serdaigle semblait du coup assez proche d'elle à ce moment-là.

Oui, bien sûr que si Brooks avait agi impulsivement, en attaquant, tuant quelqu'un pour une mauvaise raison... elle aurait été plus sévère et pourtant, la mission n'aurait pas forcément été plus mise en péril qu'elle l'avait été au moment du coup de téléphone. Mais c'était différent. Les leçons à en tirer, les raisons n'étaient pas les mêmes. Ou du moins c'est comme qu'elle le voyait.
Par ailleurs, elle essayait de voir plus loin. Jordane était quelqu’un de volontaire, mais aussi de butée … elle aurait pu mettre sa vie en danger, en entreprenant des choses elle-même et elle avait des amis dans la Garde qui auraient pu la suivre. Dorofei, vu ce qui s'était passé avec Margo se serait ralliée à Jordane, elle en était certaine.. mais elle se trompait peut-être.

Et elle était en plus de ceux qui pensaient que donner une deuxième chance pour ceux qui méritent était une bonne chose, la Garde, elle voulait le croire était plus humains que les Supérieurs sans être des enfants de chœur. Pour elle, ça restait quelque chose de primordial de montrer que personnellement elle lui faisait confiance pour ça. Elle espérait que ça reboosterait Jordane, que ça lui donnerait encore plus l'envie de se battre et surtout de ne plus décevoir personne. Ni elle, ni Dorofei du moins. Par ce que si autre erreur il y avait, elle serait bien obligée de parler de cela... et il serait doublement déçu. C'était un parti, certes. Mais elle le sentait bien comme ça. Et, elle ne pouvait décemment pas la renvoyer par ce qu'elle avait eu peur pour sa « famille », par ce qu'elle n'avait rien dit pendant la mission. Elle ne pouvait pas envoyer paître violemment quelqu'un qui était peut-être en souffrance par ce qu'elle venait de vivre. Il y avait d'autres manières de faire et elle avait choisi la sienne. Celle qu'elle trouvait la plus humaine et tant pis si d'autres n'approuveraient pas s'ils l'apprenaient. Elle assumerait. Elle argumenterait.

Et lorsqu'elle avait parlé, elle avait bien vu que Jordane ne semblait pas en croire ses oreilles tellement elle avait un visage étonné avec des yeux ronds comme des soucoupes. Et oui, elle n'était pas Margo, ni Dorofei.  Elle pouvait s'emporter, comme eux ; mais l'empathie passait généralement avant tout le reste. Il fallait que la Garde reste un endroit où l'on a envie de venir et pas que par devoir. Il fallait la confiance les uns envers les autres et pour elle c'était comme ça que l'on arriverait à faire un groupe encore plus fort. Utopiste ? Possible.

« J… » Ahurie. « Quoi ?! »
 « on sait toutes les deux que tu es très bien compris et bien entendu.» avait-elle simplement soufflé
« Je… Hampton, j’ai … Fait pas ça.  Prend pas de risque pour moi. »
 « Je prends les risques que je juge nécessaire, Jordane. Pourquoi ne ferais-je pas ça ? Par ce que tu as faits une erreur complètement humaine mais que tu t'es rattrapée par la suite et pas qu'un peu ? Pourquoi est-ce que je priverai la Garde de ce que tu as à nous apporter ?» Elle se tut quelques instants pour laisser le temps à Jordane de bien intégrer ces quelques notions  « Est-ce que je fais une connerie ? Peut-être. Mais qui me dis que je n'en ferai pas une encore plus grande en faisant un rapport. Qu'est-ce que ça apporterait ? Que tu te fasses enguirlander alors que tu sais d'ores et déjà que tu as faits une erreur impardonnable ? Whoaw, c'est sûr que c'est super motivant et que ça donne envie de s'investir. On est dans une guerre, Jordane, et tu le sais probablement encore mieux que moi avec ce que tu as vu à Poudlard, mais une guerre ne veut pas dire ne pas se traiter en tant qu'être humaine. Cette faille, cette erreur est compréhensible. Et que se serait-il passé si tu n'avais pas répondu ? Tu aurais moins attentive. Et si tu n'avais pas pris ton portable ? Toute serais inquiétée tout le long. Par ce que tu es comme ça. Les appels sont piles tombés pendant les mauvaises heures. Une heure avant, ou après, personne n'en aurait rien dû. Tandis que si tu avais pété un câble en pleine mission, oui, là c'était un problème, un vrai. Un que je ne pourrai pas taire. Tout est une notion de perception et c'est la mienne. Je compte bien l'assumer jusqu'au bout. Je ne suis pas indispensable. Personne ne l'ait. Si je dois me faire jerter ou autre, pas de souci. Je l'aurais fait en mon âme et conscience. Est-ce plus clair comme ça ?»

Autrement dit, ce ne sont pas tes trois petites phrases qui me feront changer d'avis ma grande. Tu n'as plus qu'à être d'accord et à n'en parler à personne, tout simplement. Et elle le pensait, si elle devait se prendre un blâme pour ça et bien soit... mais au moins elle aurait essayé quelque chose. Autre chose que cette rigueur, cette rugueuse. Quelque chose qui lui était tout personnel et qui faisait qu'elle était appréciée, écoutée.
La loyauté ne s'achète pas qu'avec une bonne cause, de bons leader. Pour elle, la vraie loyauté – foi de Poufsouffle- était quelque chose de beaucoup plus profond.

Revenir en haut Aller en bas
Neolina Hampton
Neolina Hampton
Neolina Hampton
https://impero.superforum.fr/t5138-neolina-let-s-convince-oursel
Âge personnage : 31 ans
Hiboux postés. : 1508
Date d'inscription : 28/06/2018
Crédits : gif tumblr,
Double Compte : Theodore, Warren, Dorofei, Timothy, Gary, Naveen & Loan
Neolina Hampton
Mar 8 Fév 2022 - 20:11
Jordane se voulait solide, dure et froide. Insensible. Une machine. Voilà ce qu’elle aurait aimé qu’on dise d’elle. La machine qui ne s’arrête jamais, qui écrasera devant elle ceux qui se dresseraient sur son chemin. La machine qui ne cèderait pas à de simples petits coups de cœurs, qui ne tressaillirait pas à laisser des choses aussi triviales que des sentiments la faire flancher. Voilà celle qu’elle aurait aimé être, celle qui se dessinait dans les creux de ses joues, le sillon de ses lèvres pincées ou l’éclat de ses prunelles. La gamine qui s’imposait entre sa sœur et le monde à la mort de leur mère n’était jamais vraiment bien loin. Elle refusait d’être celle qu’on pardonne parce qu’elle avait la faiblesse d’être humaine. Pourtant les mots de Margo résonnaient encore et sans eux, peut-être n’aurait-elle pas eu la même décision. Mais elle avait décroché. Et si elle s’en excusait, Jordane restait droite et froide face aux reproches possibles. Si c’était à refaire, elle le ferait. A peine consciente qu’il y avait là un écart brusque à son comportement habituel, comme si pour eux, elle dérogeait à ses propres règles. Que c’était acceptable.

En revanche, ce qu’elle n’attendait pas, c’était qu’on la protège. Encore moins quelqu’un qui incarnait en cet instant l’autorité. Le système qui la protègerait ? Non, bien au contraire, lorsqu’elle prenait des décisions qui l’écartaient des protocoles établis, Jordane était mise au pilori et elle le savait parfaitement. Et pourtant Néolina se plantait là… et refusait de l’enfoncer. Pourtant Brooks était prête à assumer sa position, à ne pas trembler quand tomberait le couperet, encaisserait la sentence. Et rien ne vint. Voilà bien ce qui fendillait l’armure. Peu habituée à ce qu’on lui laisse une chance, à ce qu’on mise sur elle, à ce qu’on lui fasse confiance, à ce qu’on comprenne, qu’on la remercie…. Qu’on la félicite. Jordane en restait conne, les lèvres entrouvertes, l’insolence et l’impassibilité mises de côté face à la tempête de l’incompréhension. Elle en restait béate, persuadée qu’il ne s’agissait que d’un stratagème pour frapper plus fort encore. Ou d’une idiotie profonde.

« on sait toutes les deux que tu es très bien compris et bien entendu.»

Bien sûr qu’elle l’avait parfaitement entendue, Jordane n’en était pourtant pas moins perplexe.

« Je prends les risques que je juge nécessaire, Jordane. Comme une enfant, la jeune femme s’arrêtait brusquement, entendant ces mots secs qui perçaient sa chaire. Elle était allée trop loin à ainsi ordonner à sa supérieure ce qu’elle devait ou ne devait pas faire. Etonnant car quelques semaines plus tôt, sans doute aurait-elle été capable de lui rentrer dans le lard, moins respectueuse qu’elle l’était à présent de la voir prendre ces positions brusques et assurées. Là où elle la trouvait molle hier, Jordane se prenait maintenant la gifle de pleine face. Pourquoi ne ferais-je pas ça ? Par ce que tu as faits une erreur complètement humaine mais que tu t'es rattrapée par la suite et pas qu'un peu ? Pourquoi est-ce que je priverai la Garde de ce que tu as à nous apporter ?»

Pas qu’un peu. Voilà ce qu’elle disait. Priver la Garde de ce qu’elle avait à apporter. Pourtant elle n’était que l’enfant, la gamine trop vive, brusque et impulsive. Celle qu’on n’aurait pas dû engager. Voilà ce qu’elle avait entendu, sans doute extrapolant bien trop ce qu’elle avait déjà entendu et pourtant à présent Néolina s’adressait à elle comme à une égale pour ce qu’elle avait à apporter à l’organisation. Comme si, finalement ; elle comptait. Voilà bien ce qui lui coupait la parole et pinçait ses lèvres.

« Est-ce que je fais une connerie ? Sans doute. Peut-être. Mais qui me dis que je n'en ferai pas une encore plus grande en faisant un rapport. Qu'est-ce que ça apporterait ? Que tu te fasses enguirlander alors que tu sais d'ores et déjà que tu as faits une erreur impardonnable ? Whoaw, c'est sûr que c'est super motivant et que ça donne envie de s'investir. On est dans une guerre, Jordane… A cette évocation, un animal furieux cabra en elle, prêt à s’abattre sur celle qui lui affirmait une telle évidence quand son cœur se fracassait contre ses côtes de ne savoir dans quel état elle trouverait ses proches dès le lendemain. Mais elle se rattrapait déjà. « et tu le sais probablement encore mieux que moi avec ce que tu as vu à Poudlard, mais une guerre ne veut pas dire ne pas se traiter en tant qu'être humaine. Contrairement à ce qu’elle pensait, c’était là aussi les mots de Margo à son égard quelques semaines plus tôt. Pas la même façon de faire, Beaumont lui avait latté la gueule jusqu’à ce qu’elle en gerbe toute la bile et l’alcool qu’elle portait en elle. Et pourtant ces propos là se rejoignaient. Alors une nouvelle fois, Jo ne dit rien. Cette faille, cette erreur est compréhensible. Et que se serait-il passé si tu n'avais pas répondu ? Tu aurais moins attentive. Et si tu n'avais pas pris ton portable ? Toute serais inquiétée tout le long. Par ce que tu es comme ça. Les appels sont piles tombés pendant les mauvaises heures. Une heure avant, ou après, personne n'en aurait rien dû. Tandis que si tu avais pété un câble en pleine mission, oui, là c'était un problème, un vrai. Un que je ne pourrai pas taire. Tout est une notion de perception et c'est la mienne. Je compte bien l'assumer jusqu'au bout. Je ne suis pas indispensable. Personne ne l'est. Si je dois me faire jarter ou autre, pas de souci. Je l'aurais fait en mon âme et conscience. Est-ce plus clair comme ça ?»

Là, plantée dans la nuit, les scintillements de la nuit dans l’eau tranquille de la tamise lui parvinrent du dos de la Générale. Silence. Jordane ne se contenta d’hocher du chef sans trouver quoi que ce soit à répliquer. Tous les arguments que cette femme venait de lui cracher à la gueule étaient juste. Justes et profondément humains. Comme si elle anticipait d’elle-même bien mieux que la concernée ce qui aurait pu se passer. Rien à dire donc. D’autant moins qu’elle avait raison, cette décision était la sienne et Jordane n’avait rien à y faire.

« Ok. » Rien qu’un souffle, du haut de sa posture rigide, de ses sourcils froncés, de ses bras pendants. Si le maintien pouvait appeler à l’idée d’un soldat, droit et solide, cette simple répondre bien bécasse voulait tout dire. Bien plus faillible que ce qu’elle aurait aimé renvoyer, Jordane était simplement et profondément prise de court et ne trouvait plus qu’à se taire et accepter la décision.
Néolina n’eut d’ailleurs pas le temps de rajouter quoi que ce soit que leurs tatouages se mirent à chauffer sous leur peau. Les deux femmes s’observèrent alors une seconde en silence, réalisant qu’elles avaient encore une réunion à encaisser avant d’avoir la liberté de se précipiter vers leurs proches.

« On devrait y aller. »

Il y avait dans ces mots une douceur qu’elle n’avait jamais eue à l’encontre d’Hampton. Sous leur peau, la marque brûlait toujours, dessinant le tracé des reliques de la mort opposé aux contours des flèches doubles qui trônaient sur son bras depuis des années.

Qu’importe les coups, tu les rendras au centuple ; voilà ce que disait l’encre sous son épiderme. Un instant, l’acier brilla dans ses prunelles. Un instant, elle fut de nouveau prête à prendre les armes pour venger ceux qui, aujourd’hui, n’étaient plus là.

Les deux femmes disparurent dans un craquement sec.
A aucun moment durant la réunion son manquement ne fut exprimé. Hampton tint sa promesse et tout en remontant dans son estime, elle plaquait surtout sur elle des sentiments opposés. Comme apte à remettre en cause nombre de ses certitudes. Mais puisqu’il fallait être professionnelle, Jordane mit tout ça de côté.
Ça. Et le reste.

Malgré l’implosion.


- Fini pour moi -
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2268
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers: