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OS - I don't know...

 :: Autour du monde :: Europe :: — France
Mar 24 Aoû 2021 - 11:24
nuit 4/5 mai

Elle aurait dû rentrer, trouver le chemin de ce que d’autres appelaient « la maison ». Sauf que de maison, elle n’en trouvait pas, et de chemin, elle en perdait les tracés. Elle aurait pu ignorer les sous-entendus de Dorofei ou se réfugier au dessus de la boutique de Takuma. Mais elle craignait trop de déranger le premier et il lui sembla en cet instant que la petite pièce du chemin de traverse était chargée d’ombres qu’elle ne voulait combattre une nouvelle fois. Au bout du rouleau sans l’être, vide autant que complète, épuisée mais éveillée, elle n’était que contradictions.

Seule… sans vraiment l’être. Car s’il lui semblait évoluer dans un monde où la boue qui parasitait l’esprit de son amie semblait se diluer dans l’air autour d’elle, autre chose l’en préservait en silence.  Elle aurait pu rentrer. Mais la réalité, c’était qu’il n’y avait que deux endroits où elle désirait être à nouveau. L’aquarium et la cascade.

And if you go, I wanna go with you.

Alors elle plantait ses mains dans ses poches, les serrait en poings serrés et fixait les rues bondées, les allers et retours des badauds qu’elle ne comprenait pas vraiment, les lueurs synthétiques des néons qui inondaient la ville, les lueurs chaudes et froides qui s’opposaient, se raillaient, se défiaient… et en restait parfaitement sourde. Comme il y avait de divergence dans son esprit, d’adversaires qui répandaient leurs serres contre les bordures griffées de son esprit, refusant alors de laisser le monde s’insinuer jusqu’à elle. Jordane observait les autres, mais en cet instant, il n’y avait plus qu’elle qui méritait son regard hésitant, ses prunelles inquiètes, ses battements de cœur affolés.

Take your hand and walk away

Ses ongles traçaient des marques rouges dans ses paumes, les phalanges de ses pouces craquaient, trop habituées à frapper quand la tempête rugissait.
D’un geste tremblant, Jordane plantait ses écouteurs dans ses oreilles, montait le son, tentait de faire taire les pulsations dans ses veines, la peur dans sa gorge, le cri de sa poitrine. Inspirant profondément, elle serrait les mâchoires, incapable de s’intéresser à la beauté du monde, aux babillements des gens heureux, de la lueur de la lune qui perçait les dernières lueurs du soir et venait couver sur la ville un voile de sagesse. Alors Jordane détournait les yeux, car de sagesse elle en ignorait la signification. Et de voile, il n’existait que celui qui recouvrait ses prunelles troublées. Il s’étendait, glissait jusqu’à son myocarde serré qui retraçait chaque minute de cette journée folle, les faisait tourner dans une valse aliénée. Elle venait, repartait, reprenait, revenait en arrière, passait encore et encore le fil d’une cassette qu’elle finirait bien par briser à force de l’écouter avec tant d’acharnement.

Quelques doigts laissant les traces brûlantes d’une envie évidente…

Brusquement, la jeune femme inspirait comme si elle pouvait alors endiguer les vagues, refermer les portes, revenir en arrière. Elle fit demi-tour, traçant entre les passants, poussant les uns et les autres sans se préoccuper de leurs cris agacés. Hélée, insultée, qu’importe,  tout ce qui grondait n’avait rien à voir avec ce monde parfois trop grand, trop froid, trop brusque. Ce qui tonnait se contentait d’un petit cocon si minime que l’univers lui-même l’oubliait et qu’elle avait parfois le tors de faire de même. D’aimer ça.

Ses pas claquaient sur les pavés, l’emportaient ailleurs, l’amenaient à attraper une vieille tasse abandonnée sur un rebord de fenêtre pour disparaitre brusquement, le corps morcelé, rendant presque tangible la brusque secousse qui agitait son esprit troublé. Disparaitre, oublier, cesser de penser, enfin, à l’angoisse, à l’apaisement ; aux ombres et aux éclats ; aux cris, aux murmures. Arrêter d’être là, oublier le futur et le présent, s’enfouir loin du passé. Oublier les yeux bleus qui surgissaient de la boue, refuser les coups, cesser d’entendre le grondement du tonnerre dans un ciel étoilé. Se taire. Faites que tout se taise, pitié.

Alors elle disparaissait encore, à peine arrivée, marchait, transplanait, se perdait jusqu’à trouver le chemin d’une côte bretonne où ses pieds d’enfant avaient couru trop de fois. Dérapé parfois, souvent même. L’eau s’écrasait contre la roche, là, juste en bas, ignorant l’enfant qui hier grimpait aux rochers, courrait entre les herbes, sautait à même le sol et qui, aujourd’hui, s’y laissait choir.

I have a problem that I can not explain
I have no reason why it should have been so plain
Have no questions but I sure have excuse
I lack the reason why I should be so confused


Les paroles résonnaient contre ses tympans, la musique l’emportait, faisait claquer un verrou qui laissait alors entrer les bourrasques, claquer la porte de ses peurs, écraser la fureur presque timide de ses envies. Les sanglots l’avaient pris comme on se prend une porte dans la gueule, le poing d’un ami, le battement erratique d’un cœur qui n’a jamais vraiment su aimer. Le manque d’air écrasait ses poumons alors qu’elle se recroquevillait, seule sur les rochers de son enfance, secouée par les vents qui agitaient autrefois une autre petite fille du sud. Un peu plus bas de ce beau pays. Ce choix de destination, elle ne le comprendrait pas, elle ne comprendrait pas grand-chose, d’ailleurs. Non, elle pleurait, extériorisait, hurlait à la face de cette lune moqueuse et de sa sagesse inconditionnelle.
Agripper le tissu, noyer les vagues, cracher les peurs accumulées...

I know how I feel when I'm around you
I don't know
How I feel when I'm around you.

Ces larmes, elle les enfouirait, les oublierait, les nierait. Comme le reste.
Et elle trouverait le moyen de se convaincre que tout ça n’avait à trait qu’à l’angoisse d’une amie brisée.
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Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
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