AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Step by step - Enzo

 :: Autour du monde :: Autres Continents
Ven 4 Juin 2021 - 12:00
20 mai
Le mélange de pavots des andes et de mélisse apaisait ce qui cramait ses veines depuis des mois. L’avant bras posé contre la fenêtre du bus, le jeune homme observait d’un air absent les mouvements monstrueux de la foule ordonné qui circulait ça et là dans les rues bondées. Le pouce jouant contre son majeur puis son annulaire, il accrochait la peau rugueuse des cales qui se formaient de nouveau sur ses doigts depuis qu’il avait repris la musique. Une impression familière autant qu’étrange alors qu’il voyait défiler sous ses yeux les paysages de béton de la métropole japonaise. De retour dans une ancienne vie, sans être tout à fait celui qu’il était à l’époque, Takuma était rentré sur un coup de tête, une envie brusque de remettre certaines choses en ordre. Comme une envie de pisser, une étape qu’on se décide enfin de franchir alors qu’elle n’a fait que rester en marge de notre conscience durant des années. Comme un trop plein brutal, une décharge de volonté, un besoin de passer à autre chose. Ou d’y revenir. A vrai dire, Takuma n’en savait trop rien. Il gouttait avec plaisir l’évidence : il avait changé. Physiquement. Ici plongé dans ce qui aurait pu devenir une marrée de regards, il passait pour un anonyme. Le temps avait passé, la fascination avec lui. A présent, il n’était plus qu’un parmi d’autres.

Redressant le regard, raccrochant à la réalité en sentant sa poche vibrer, le jeune homme traçait un sourire en voyant les mots de son ami, heureux de le voir prendre contact. Heureux, aussi, du caractère banal de ce message. Rien n’appartenait à la banalité, dans tout ça, pourtant. Et ce qu’ils traversaient l’inquiétait, évidemment.

Détournant le regard de la ville, s’arrachant à la réflexion sourde que le manque faisait naître en lui alors que certains souvenirs s’imposaient à lui, Takuma s’était centré sur ces quelques messages échangés. Pas une seconde, cette fois, il n’envisageait de prévenir de sa présence ceux qui avaient marqué sa vie ici, pas plus qu’il ne songeait à réclamer encore une fois la présence parentale. Pas d’attention ? Même pas un regard ? Ok. Vous savez quoi ? Juste, ok. Fatigué d’attendre des autres, il reportait son attention sur ceux qui en valaient le coup. Ainsi, les derniers messages échangés avec son ami se firent une fois descendu du bus, alors que ses pas survoltés l’avaient amené jusque devant l’un de ces immenses gratte-ciels qui faisaient la particularité de Tokyo. Ces lieux, il les avait tant fréquentés à l’époque qu’il n’y avait là qu’une sensation étrange, comme s’il se plongeait dans un rêve plus qu’un souvenir ou même que la réalité. Pourtant tout était là, les bruits des passants, les rires, le soleil encore frais qui se réverbérait sur une vitre, les projections survoltées d’un écran non loin. Il y avait déjà été, matérialisé de pixels, dans ce cadre sombre.

Et brusquement, dans un dernier message envoyé à Enzo, Takuma se défilait.

Demi-tour, direction la foule, le retour de l’anonymat, des rues sombres qu’il connaissait trop bien pour s’y être déjà trop souvent écroulé. Et si le retour de certaines odeurs griffait ses veines quand ses pas claquaient sur les larges pavés clairs, Takuma accélérait pour disparaitre derrière une zone protégée de magie. Et voilà que déjà, il disparaissait.

Il fuyait la ville et ses dérives, ses anciens démons comme ses erreurs et ses abandons. Il disparaissait loin du bruit et de la saturation des sens pour débarquer là où le monde s’apaise, se langui. Le Japon avait ça de particulier qu’il pouvait être tout et son contraire, le tout et le rien, la foule et l’absence, la technologie et la nature. Un monde plein de contradiction entre ruralité et urbanisme, modernité et traditions. Cette fois, il fuyait le béton, s’enfonçait dans l’ailleurs, ces zones apaisées, pleines d’une sérénité qui lui était étrangère. Enfant des villes, il lui avait toujours semblé que les petits villages correspondaient finalement à un voyage immense, une autre réalité, un plongeon dans un calme étrange et mystique. Ou bien était-il simplement trop sensible à ces disparités brusques que son pays pouvait receler. Et si durant l’enfance et l’adolescence, le bruit de la ville l’attirait si violemment, à présent c’était ces lieux qu’il voulait rejoindre. Colorés, calmes, emprunts de quelque chose de spirituel qui lui avait toujours échappé. Alors c’était là qu’il avait donné rendez-vous à son ami, bien plus loin que le lieu où le portoloin l’avait amené, il savait qu’il y en avait d’autres non loin.
Dans une ville sublime et isolée dont il n’avait qu’à peine foulé le pavé. Déambulant calmement entre les bâtisses, il attendait le message signifiant qu’Enzo était arrivé. Projeté dans un autre monde, il en goûtait les sensations, glissait son regard sur les bâtisses de bois sombre quand ses pieds en faisaient crisser un plus clair, contrastant à la fois avec les murs et les touches de verdures qui encadraient la zone. Là, non loin, il y avait une forêt dense, il le savait. Bras nus, le regard glissant contre les paysages, Takuma se souvenait enfin de celle qui lui avait parlé de ces lieux. La même jeune fille qui, à l’époque, l’avait aidé à décrocher. Rien d’étonnant qu’il ait fuit Tokyo pour cette ville, donc. Et d’ailleurs, s’il pensait à la forêt, c’était également car il se souvenait de la date. Ces lieux seraient donc sans doute plus agréables pour Enzo que la sursaturation des sens et l’agression des foules que la métropole pouvait vite devenir. Et lui-même en avait tellement besoin que l’idée était venue tout naturellement.

Une vibration discrète lui indiquait de faire demi-tour, reprenant en sens inverse un grand escalier de briques grises pour rejoindre Enzo au lieu de rendez-vous.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Ven 18 Juin 2021 - 14:04
Entendre le son des vagues lorsqu’elles s’agrippent à la terre ferme.
Cultiver le silence, tout est calme, plus rien n’interfère.
Rechercher la lumière, un jour peut-être trouver la clarté.
En nous le bout du monde, faire de son cœur une île à peupler.

Gael Faye

J’veux pas rentrer.
J’veux pas te laisser.
Viens on y retourne, on reprend le large et on ne revient jamais.

On s’en fout, on n’y va pas …

« J’vais lui faire faire demi-tour. »

Rien qu’un murmure contre son oreille, ses mains qui glissent contre mes hanches, le creux de son dos contre le meuble à l’intérieur de la cabine. Presque pas de vent, juste de quoi bercer le bateau nonchalamment et nous deux avec.

« Non, tu restes là. »

Ses doigts s’engouffrent dans mes cheveux, les agrippent, un soupir meurt entre mes lèvres alors que sa paume exerce une pression sur mon bassin pour le ramener contre le sien. Soupir étouffé par ce baiser qu’il me prend, que je lui rends, auquel je m’abandonne avant de me retrouver à mon tour plaqué contre le bois de cet intérieur qui a été notre maison pendant des jours. Un léger sursaut de surprise, des frissons partout sur la peau, le cœur qui bat à tout rompre et l’envie dans son regard.

Tout c'que tu voudras.

Un jour je crèverai de désir pour ce type, j’arrêterai de respirer, mes poumons éclateront dans un râle de plaisir. Une putain de renaissance à chaque fois.

#

La lassitude résonne dans chacun de mes gestes, pieds nus je passe le jet sur le pont d’Ohana avant de le laisser se reposer sans trop savoir ce que je vais bien pouvoir foutre de moi. Envie de rien, envie de lui.
Les batteries ne sont pas rechargées, à croire que j’étais branché sur secteur ces derniers jours. J’ai pas envie. Non, je n’ai pas envie. Pas envie d’être loin de lui, pas envie de retrouver ce quotidien et toutes les emmerdes qui vont avec. Pas envie de prendre contact avec qui que ce soit parce qu’il y aura forcément une mauvaise nouvelle quelque part. Pas envie de rallumer ce foutu téléphone laissé dans un coin pendant près d’une semaine.

Pas envie.

Pardon, tant pis.
Stop, ça y est, j'arrête de penser,
J'vais courir, j'vais marcher.
Stop, allé, j'arrête d'me presser.

Ben Mazué

Culpabilise pas.
T’as le droit.

Ça ne dure qu’un temps. Tôt ou tard on se reconnecte le monde parce qu’on n’a pas le choix, parce que ça se fait comme ça. Parce que fixer les murs ou le plafond pendant des heures ça rime à quoi ? Alors tu te bouges, tu reprends contact, tu le fais en douceur et tu traces ailleurs. Tu te marres si j’te dis que j’ai le mal de terre ? J’préfère quand ça tangue, habitué à ne pas marcher droit peut-être.
Alors casse-toi, bouge, t’arrête pas. La Lune n’attendra pas mais elle t’offre encore quelques heures alors cette opportunité saisis-la.
D’un bout du monde à l’autre, de la mer à la terre, d’un visage à un autre. D’un village à un autre. Presque d’un monde à un autre. La Magie chatouille mes veines, le regard d’un gosse se perd autour de lui alors qu’il découvre cet univers complètement inconnu. Ce gosse c’est moi, la tête levée et les yeux posés sur le ciel, des tas d’odeurs nouvelles qui viennent stimuler l’odorat. Encore engourdis par le voyage en Portoloin je reste dans ma bulle un instant, m’imprègne.

Respire les effluves, les parfums d’Orient.
Sous l’étuve les fumées d’encens.
Brûle tes poumons dans les torpeurs enivrantes.

Gael Faye

Quelques mots pianotés, envoyés et le regard de nouveau happé, les sens captivés. Le calme des rues, le calme des gens. Les couleurs, la maison, la végétation. Une démarche familière, une fragrance qui l’est tout autant. Un sourire qui s’invite, l’attention qui ne décroche pourtant pas totalement de cet ailleurs.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 18 Juin 2021 - 17:33
Pour une fois, le manque ne sciait pas ses veines, le laissant respirer un peu plus librement. Il lui semblait que ses neurones se déliaient, acceptaient de nouveau que d’autres sujets y accèdent. Comme une nouvelle façon de s’ouvrir au monde. Et pourtant, les odeurs, les bruits, les sensations contrastées de Tokyo n’avaient pas tardé à le percuter avec une violence sourde dont il ne savait se défaire. En quelques secondes, il sentait les nœuds se refaire, le besoin éclore et picoter sa peau. Un rien deviendrait bientôt noyade dans ses synapses. Alors il fuyait, peut-être lâchement, ses plans comme ses idées, ses valeurs et ses décisions. Ses démons, surtout. Takuma se raccrochait à l’ailleurs, à des mondes qui ne semblaient pas si semblables aux siens. Là où ce qui griffait ses nerfs finissait par se taire. Qui imaginerait un camé dans une ruelle ici ? Conscient d’être atrocement influençable, soumis à son environnement, le nippon cherchait seulement à s’imprégner du reste. Des petites maisons de bois dont la lasure venait chatouiller ses sens, de cette brise qui s’insinuait entre les rues étroites et faisait vibrer à ses oreilles une mélodie apaisante, les accents légèrement chantant de ses compatriotes dont le timbre moins pressé s’éloignait du dialecte avec lequel il avait grandit. Ça et là quelques regards croisés, quelques vêtements traditionnels et le bruit mat de ses pas contre le bois puis les pierres, comme étouffé par l’ambiance feutrée des lieux.

Les parfums doux des différents végétaux venaient alors caresser son esprit à vif, imposant une étrange sérénité à cette envie soudaine de se connecter à ce qui l’entourait. Etait-ce un rappel induit par sa seule rencontre à venir avec Enzo ? Possible. L’association était étrange mais l’appelait à renouer avec le présent, la réalité concrète, végétale ; apaisante. Et non les tumultes de son passé.

Rejoignant l’entrée du village par un escalier de pierres, dépassant un petit temple et quelques statues épars où une légère odeur d’encens se perdait au loin, le jeune homme dépassait les lieux peu fréquentés pour rejoindre une silhouette familière.

Comment s’était passé ce temps exclusivement réservé à son couple ? Cette bulle difficilement construite malgré la violence du monde et de ce que le présent les forçait à affronter ? Les bras lâches, l’air las, mais un sourire aux lèvres marquait ses traits. Y répondant d’un grand sourire, Takuma retrouvait contact avec d’autres besoins que ses neurones semblaient oublier par moment : retrouver ses proches, s’imprégner d’amitié et oublier les autres désirs plus futiles.

« J’aimerai te dire ‘bienvenu chez moi’ mais franchement, ça serait assez hypocrite vu que j’avais jamais mis un pied ici. »

Une phrase balancée de loin, le temps de le rejoindre et de l’enlacer un instant, étrangement soulagé de le voir entier. Comme quoi, sans doute restait-il en sourdine des angoisses qui ne se définissaient pas, se taisaient, trop habituelles pour être évoquées à présent. Et sans vraiment s’en rendre compte, il se détendait, que ce soit par la présence de son ami ou par le calme des lieux, l’ensemble le forçait à tendre vers un état profondément éloigné de l’agitation habituelle qui grillait ses nerfs.

Retour à la normale, donc.

« Et d’ailleurs, avec le recul, j’me dis que c’est une nana que je devrais inviter là. »

Un sourire, doux, cherchant à identifier les émotions silencieuses de son ami sans véritablement y parvenir.

« Comment ça va ? »

Le ‘ça’ englobait trop de choses pour les nommer. Lui, son couple, Will, l’état général de tout ce bordel, le risque de nouveautés peu appréciables.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mar 22 Juin 2021 - 16:49
« J’aimerai te dire ‘bienvenu chez moi’ mais franchement, ça serait assez hypocrite vu que j’avais jamais mis un pied ici. »

Redescends sur terre, reconnecte.
Pas envie ? Accro au large. Putain de junkie … Dingue comme tu crois pas si bien dire.

Le sourire s’élargit, le corps se tourne d’un quart, le cœur s’emballe un peu. Entre la joie de retrouver une personne qui compte et l’appréhension du contact humain. Les émotions déjà à vif s’amplifient avec les heures qui passent, à mesure que la Lune se rapproche. L’humain s’efface petit à petit, l’animal rêve de disparaître dans l’obscurité de la nuit pour ne faire plus qu’un avec les ombres. L’instinct pour seule compagnie.

Tu te demandes si tu es une bête féroce ou bien un Saint, mais tu es l’un et l’autre.
FAUVE

Reviens. Accroche toi. Reste là.

L’étreinte n’est pas forcée, le sourire n’est pas feint. Ce visage, ces lieux qui diffèrent de tout, un calme indéniable qui fait du bien même si l’esprit et le corps ressentent ces petites décharges par moment. Envie de hurler, envie de lâcher prise, prémisses d’une explosion à venir ? Qui sait. Pas pour autant qu’elle ne sera pas maîtrisée si ça doit arriver.

Mélange de trop plein et de vide.
Rebranche.

« Et d’ailleurs, avec le recul, j’me dis que c’est une nana que je devrais inviter là. »

J’ai l’impression qu’il fait résonner ma cage thoracique ce rire, aussi bref soit-il. Il secoue le corps entier, les muscles, sans doute même un peu l’âme. Il claque de normalité, un truc qui fait du bien mais qui surprendrait presque. Et ça ne devrait pas. Ça ne devrait pas après ces jours passés loin de tout mais c’est là, ce mal de terre, cette peine à revenir dans ce monde mis de côté pendant quoi … 120h.

120 battements par minutes.

« Comment ça va ? »
« Pourquoi ? J’suis pas assez bien pour toi ? »

Le menton est levé, le sourcil arqué, l’attitude pleine d’une assurance à la limite du mépris. Un truc monté de tout de pièce parce qu’il s’agit de lui, évidemment. Un truc qui me fait sauter sa question, sciemment ou non. Un peu long à la détente le garçon, y a un décalage, on va dire ça. Le décalage horaire, les fuseaux qui ont du mal à se recalculer. Quel jour ? Quelle heure ? Un seul repère : La Lune et ses effets.

« Une en particulier ? »

De nana.

Un sous-entendu évident, le sourire de branleur qui va avec, on va où si malgré la brume on n’a plus réflexe de faire chier les potes ?

« Je sais, j’réponds pas à ta question, mais parler de toi c’est bien aussi. »

Parce que la vérité, c’est que je saurai même pas vraiment quoi te répondre. Affirmer que ça va serait sans doute mentir, dire le contraire n’est pas totalement la vérité non plus. Un putain d’entre deux qui ne rime à rien.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 2 Juil 2021 - 13:25
Pas de réponse immédiate, pas de rejet non plus des gestes engrangés envers lui. Enzo souriait, répondait à ses gestes amicaux sans forcément les anticiper. Sans être le premier à balancer une vacherie ou une réflexion quelconque. De simples choses qui l’amenaient à penser que son ami était à vif. Bien sûr, pas de rejet dans ses gestes et une joie qu’il devinait réelle de le voir. Le reste, pourtant, posait dans son esprit une inquiétude en sourdine qui ne l’avait jamais vraiment quitté depuis qu’il avait connaissance de toute cette histoire. Englué dans ses propres difficultés, il semblait au nippon ne pas avoir été là pour lui. Une réflexion douloureuse, bien sûr, qui lui pinçait le myocarde. Pourtant, Takuma savait être bien trop sur la brèche pour  avoir pu faire fondamentalement mieux. Comme un instinct de survie, il se protégeait de la culpabilité, trop conscient de ses propres manques comme de la constance de ses démons pour se penser apte à … faire mieux. Pour autant, bien sûr qu’il y a de l’affect, de l’intérêt autant que de l’inquiétude. De la joie, aussi, de le retrouver. Pourquoi avait-il pensé que s’isoler ainsi durant deux mois serait une bonne chose ? Le temps était nécessaire, bien sûr, mais sa présence ici ou à Londres, ses contacts avec ses proches aidaient, étonnamment. Très paradoxalement même. Hier, il était saturé, aujourd’hui, le vide posait problème, comme une valse, un cycle sans fin, oscillant entre trop plein et manque intenable, parfois les deux sans distinctions. Au sein d’une même journée parfois, comme une balance qui peinait à se stabiliser. Mais ça viendrait. S’il tenait, ça viendrait.

« Pourquoi ? J’suis pas assez bien pour toi ? »
« Si mais t’es maqué, et je dois arrêter les perches, alors faut avouer que ça réduit le champ des possibles. »

Une réponse avec un temps de retard à laquelle il répondait avec l’humour habituel. La légèreté retrouvée faisait du bien à percoler ainsi à travers ses cellules. Pas toujours, jamais vraiment constante, mais bien là, repoussant la mélasse qui était devenue reine dans ses neurones. Ça revenait, petit à petit, sans vraiment savoir s’il se mentait à lui-même ou pas, l’impression restait agréable, nécessaire même. Qu’importe, après tout, s’il fallait en passer par là pour retrouver un peu de normalité. S’éloigner doucement des rues sombres qui l’attiraient pourtant si violemment. Qu’importe le nombre de fois où il se devrait de se faire violence. Détruire l’envie pour revenir à des choses plus simples, l’humour et l’amitié en tête d’affiche malgré les tourments. Une bouée à la mer, un truc auquel on se rattache, parfois étonné d’avoir oublié à quel point ces contacts sont nécessaires. L’attitude confine au rire, tranche avec les ressentis et le quotidien. Et oui, ça fait du bien.

« Une en particulier ? »

De nana. Un petit sourire amusé se posait sur lui. Qu’essaies-tu de me faire dire ?

« Je sais, j’réponds pas à ta question, mais parler de toi c’est bien aussi. »

T’es sûr de vouloir t’enfoncer dans la question, poto ? Parce qu’il y en a des brumes de ce côté-là. Des brumes qu’il n’avait aucune envie de déterrer aujourd’hui, d’ailleurs. Par pudeur, certes parce qu’il n’avait pas envie d’ajouter de la merde à la merde, surtout.

« Dakota ? » Un prénom évident, un truc qui fait sacrément mal et qui ne cicatrise pas tout à fait alors qu’elle reprenait doucement une place dans son quotidien. Qui ne devrait pas faire aussi mal dix mois plus tard, à vrai dire. Mais surtout, comme un écho, une réponse plus vive encore dans son esprit. Cait. Riposte évidente, qu’il attend d’ailleurs. Qu’il sait même, parce qu’il faut s’habituer à être percé à jour quand on évolue près de ce mec. Et la joueuse a comme une certaine tendance à s’amuser du concept au vu de la nature de la nana en question. « Umiko. » Un petit sourire complice se dessinait sur ses lèvres. « HAHA ! Tu t’y attendais pas à celle-là ! » Il devenait presque insolent, ce sourire, retrouvait un quelque chose de celui qu’il était à Poudlard. « C’est la nana qui m’avait parlé de cette ville il y a…. genre, sept ans. D’ailleurs maintenant je me dis que je suis passé à côté d’un truc moi. » Les lieux calmes, sublimes, appelaient clairement à une balade qui aurait pu dériver à l’époque. Qui l’aurait dû, s’il l’avait en effet amenée ici. Rectification : « Enfin non, parce qu’il y a eu un truc. Mais maintenant que je suis ici, je me dis que c’était plus une ouverture, c’était un canyon. » Embrayant la marche pour se balader, il mimait une grimace. « Pas très malin l’garçon… »

Elle était la première, celle qui, d’ouverture, lui avait surtout permis de sortir de la drogue. Celle qui garderait évidemment une place particulière pour lui, mais qu’il n’avait plus vue depuis bien des années.  

« Bon, parler de moi on a dit. Alors… » Drogue ou dépression ? Mon cœur balance. « Hm, je suis dans le coin pour récupérer un chèque qu’on m’a volé quand je jouais la super star manifestement immensément trop naïve pour faire gaffe à ce qu’elle signe. J’ai  pas mal revu Lyn, histoire de répondre à ton sous-entendu tout à fait discret, et je me suis remis à la musique et PUTAIN que ça me manquait. »

A vrai dire, il se demandait bien comment il avait fait pour … faire sans. Retrouvant là une part de lui-même qu’il n’imaginait pas véritablement avoir perdu.

« J’ai retrouvé un peu Sovahnn, pouponné, chose pour laquelle j’ai deux mains gauches mais ta filleule est étrangement permissive, donc promis je l’ai pas cassée. » Ce qui est mieux, me dit Sovahnn d’un air presque sérieux.

« Voilà voilà. Et sinon j’ai une taxe d’ordures ménagères monstres qui est tombée. Le chemin de traverse, ça pique un poil. J’avais quelques détails pour m’en douter, j’avoue, mais j’ai préféré jouer la naïveté. Etrangement le gobelin qui m’a annoncé la couleur était pas chaud pour zapper les impôts de l’année. »

Un haussement d’épaules, d’un air parfaitement détaché. Etrangement, le jeune homme s’en moquait, nullement inquiété par ce qui, quelques mois plus tôt, aurait été une énième goutte d’eau dans un océan de choses à gérer. Elle était toujours là, la montagne, pourtant, mais il avait cessé de gérer Aileen et Alec, se contentait de lui-même. Et malgré d’autres angoisses sourdes, celles-là ne surgissaient pas. L’argent, il le trouverait, RAS, circulez, il n’y a rien à voir. Merci, bonsoir. Tout ça lui passait au dessus du crâne, comme s’il ne s’agissait pas de sa propre histoire, seulement d’une autre, qu’il empruntait l’espace de quelques jours, mois ou semaines.

« Et hier j’ai mangé une pomme. Délicieuse, vraiment. » Eh voilà, sept sujets abordés sans qu’ils ne soient noyés d’un négativisme crasse mais bien noyé d’une autodérision évidente. Chapeau l’artiste !

On prend du recul, on réapprend à respirer, à se défaire des chaînes qui tirent vers les tréfonds. On avance, même si ça n’est pas toujours simple. On apprend à vivre.

Et on donne du grain à moudre à la conversation avant que ce qui doit sortir ne trouve le chemin de lèvres encore endolories par le retour sur terre.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mer 7 Juil 2021 - 15:22
« Dakota ? »

Pas le prénom que j’attendais, clairement. Un prénom qui reste là, qui rôde dans ces fameuses brumes sans vouloir s’y dissiper. Je ne réprime pas le rictus qui vient faire se plisser mon visage, à la fois désolé et compatissant. Remuer la merde n’était pas le but et loin de moi l’idée de lui balancer qu’il va être temps de passer à autre chose. Un cœur en miette ça prend du temps pour se réparer, tout ça ne regarde que lui.

« Umiko. »

Cette fois c’est un sourcil qui s’arque de mon côté et un large sourire victorieux du sien.

« HAHA ! Tu t’y attendais pas à celle-là ! »
« Nope, effectivement. On n’a pas été présentés. »

Ou peut-être que si et j’ai oublié. Est-ce que je me souviens du prénom des nanas avec qui on a passé une soirée y a de ça un mois alors que je cuvais mon propre cœur en miette ? Absolument pas. Ni mal ni bien, c’est juste comme ça.

« C’est la nana qui m’avait parlé de cette ville il y a…. genre, sept ans. D’ailleurs maintenant je me dis que je suis passé à côté d’un truc moi. »

T’as quel âge déjà ? Non, ça n’a pas la moindre importance mais parfois le cerveau bloque sur des détails à la con. Parce que moi, il y a 7 ans, je ne savais même pas que les filles ça existait.

« Enfin non, parce qu’il y a eu un truc. Mais maintenant que je suis ici, je me dis que c’était plus une ouverture, c’était un canyon. Pas très malin l’garçon… »
« Ah parce que c’était pas déjà une évidence ça ? »

Pince sans rire, sourire à peine visible sur le coin des lèvres, je suis le mouvement et me mets en marche les mains dans les poches. Un peu anesthésié, c’est vrai, mais je redescends sur terre petit à petit.

« Bon, parler de moi on a dit. Alors… Hm, je suis dans le coin pour récupérer un chèque qu’on m’a volé quand je jouais la super star manifestement immensément trop naïve pour faire gaffe à ce qu’elle signe. J’ai pas mal revu Lyn, histoire de répondre à ton sous-entendu tout à fait discret, et je me suis remis à la musique et PUTAIN que ça me manquait. »

Les mots défilent comme une grille de codes - oui, je connais, difficile de passer à côté quand on a un p’tit ami hacker.
Je les vois, je les lis, mais je ne les comprends pas. Comme si c’était trop d’un coup, comme si j’arrivais plus à me reconnecter vraiment. Ça ne me fait pas paniquer, non, mais je me sens simplement mal d’être si détaché, si distant des autres. A quel moment je suis devenu ce type-là ?

Au moment où ton corps et ton esprit ont lâché, peut-être ?

Peut-être. Sûrement. Mais je devrais avoir le sourire sur les lèvres et un peu de chaleur dans le cœur, je devrai me réjouir pour mon pote parce que tous ces trucs là, ça lui file le smile à lui. Pas cette histoire de chèque, non, mais on s’entend. Passer du temps avec une personne qu’on apprécie ou s’éclater dans quelque chose qui se qualifie de passion, est ce qu’il y a meilleur au monde ? Sa joie je devrai la partager mais l’oscilloscope reste à plat. Linéaire. Juste quelques petites montagnes de temps en temps.

« J’ai retrouvé un peu Sovahnn, pouponné, chose pour laquelle j’ai deux mains gauches mais ta filleule est étrangement permissive, donc promis je l’ai pas cassée. »
« J’crois que si c’était pas le cas tu serais plutôt en train de servir d’engrais pour les hortensias là-bas. »

Tu vois, un peu là.
Un peu ancré.

« Voilà voilà. Et sinon j’ai une taxe d’ordures ménagères monstres qui est tombée. Le chemin de traverse, ça pique un poil. J’avais quelques détails pour m’en douter, j’avoue, mais j’ai préféré jouer la naïveté. Etrangement le gobelin qui m’a annoncé la couleur était pas chaud pour zapper les impôts de l’année. Et hier j’ai mangé une pomme. Délicieuse, vraiment. »

Un autre rire qui m’échappe, qui secoue les épaules et tente de me ramener sur terre mais c’est comme si je m’envolais à nouveau dès l’instant où l’effet s’estompe. J’y arrive pas, et mes deux paumes viennent se poser sur mon visage le temps de le frotter comme si je tentais de me réveiller. Un soupir, les deux bras qui retombent le long de mes côtes et le regard rivé vers le ciel un instant. A l’arrêt. Un silence qui dure une seconde, deux, peut être trois j’en sais rien rien. Même cette notion-là devient abstraite parfois.

Et mon regard retrouve le sien, un léger sourire sur les lèvres malgré tout. Un sourire sans doute un peu triste, désolé pour le moins.

« J’suis désolé, j’suis à plat et j’ai un mal de dingue à me reconnecter aux autres. »

Ou comment dire de manière polie que t’as capté un mot sur deux de tout ce qui vient de se dire. Pourtant c’est moi qui lui ai demandé de parler de lui et évidemment que ça m'intéresse mais ça ne veut pas.

« J’me sens comme un putain d’égoïste qui n’arrive pas à s’impliquer, je déteste ça mais c’est comme si mon cerveau avait atteint un stade où il en est juste plus capable. »

Je m'accroche, mais j'décroche. Le bout des doigts posés sur la tempe comme pour illustrer mes paroles.
J’suis pas un putain d’égoïste, j’le sais, mais ça veut pas dire que ça rend les choses plus faciles.

I'm so high right now
I don't think that I'll ever come down
'Cause this feels better to me
Than anybody reality
I'm floating in the air like I'm weightless

Tyla Yaweh
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Jeu 8 Juil 2021 - 13:57
Le temps est nécessaire. Essentiel, important. Le temps lui semblait même être leur seule arme pour faire face au présent. Pour accepter les coups durs, trouver un moyen d’avancer. Il ne voyait que ça, lui-même assaillit de tourments qu’il commençait à maîtriser mais qui s’acharnaient pourtant. Le deuil d’une relation en premier lieu, d’une normalité, d’une sécurité aussi. Non pas générale, puisqu’au contraire, une fois dehors, il s’éloignait de leurs tortionnaires, mais vis-à-vis de lui-même. Ahurissant aux yeux des autres, cette angoisse le griffait pourtant de l’intérieur, malsaine et sombre. Et puis à Poudlard, ils étaient face à leurs ennemis. A présent la fausse impression de sécurité avait quelque chose de déstabilisant. Très étrangement, travailler au plein cœur du chemin de traverse lui allait mieux. Comme s’il pouvait avoir un œil sur ce qui risquait de leur tomber dessus. Ridicule sensation, sans doute. Mais salutaire. Comme d’avoir un sachet de coke dans son tiroir à chaussette. Il était là, disponible, accessible, le danger aussi bien que la tentation. Mais peut-être n’était-ce qu’un réflexe d’addict dont le schéma de pensée était tronqué par ses besoins. Sans doute. Toujours était-il que pour ça, pour sa rupture et pour cette sensation de liberté douloureuse, il fallait du temps. Et il faudrait sans doute du temps à Enzo pour dépasser ce qu’il traversait également. Non, il ne remuait pas la merde, la merde était là et Takuma usait d’humour pour y faire face. Mais la merde, elle était là aussi dans sa posture, dans ses silences, son regard un peu trop flou, sa distance, son humanité heurtée. Il la voyait sans s’y attarder, laissait le temps, à nouveau, à son ami de passer le cap des mots. Il ne doutait ni de l’affection, ni de la compassion. Alors il parlait de choses qui n’avaient pas grande importance. D’une ex perdue de vue depuis bien longtemps par exemple.

« Nope, effectivement. On n’a pas été présentés. »

Normal, il semblait seulement accepter de faire entrer son propre passé dans son présent depuis… quoi ? Quelques mois seulement. Depuis la première fois qu’il avait évoqué son passé de musicien par exemple. Umiko. Un prénom associé à une période sombre de sa vie, mais qui l’en avait sorti sans même qu’il comprenne réellement comment elle avait fait ça. Là un jour, disparue le lendemain, comme un ange le poussant vers d’autres chemins moins abrupts. La première, oui. Avec qui il n’avait finalement passé que quelques mois réellement, mais des moins d’une intensité brute, à l’image d’un amour d’adolescent.
Quinze ans, pour te répondre. Quatorze quand ça avait commencé entre eux.

« Ah parce que c’était pas déjà une évidence ça ? »

Il sourit, le clown triste. Parce qu’il réapprend doucement à le faire avec plus de sincérité. Et même si c’est feint, parfois, c’est comme ça qu’on retrouve le mode d’emploi. Alors bien sûr, il aurait pu s’arrêter, ne pas compenser l’état de son ami. Il aurait pu s’engouffrer dans ses propres lassitudes et laisser la douleur prendre toute sa place. Peut-être y avait-il une part d’artifice dans son attitude, sans doute même. Seulement c’était la seule manière qu’il avait lui-même pour toucher terre à nouveau. Sans y creuser de tombe.

Il souriait, parce que derrière l’anesthésie, il y avait les réflexes humains, amicaux.

Compenser. Par des mots, des anecdotes, une façon d’être. Par moment, il le sentait là, rien qu’un peu tandis qu’à d’autres, il partait de nouveau. Bien entendu, il aurait pu s’agacer, mal le prendre, couper court. Ça aurait sans doute été mal le connaître de penser ça de lui. Ce qu’il voyait, c’était seulement un ami qui avait besoin de temps et d’humain, même si là tout de suite, c’est simplement pas évident.

« J’crois que si c’était pas le cas tu serais plutôt en train de servir d’engrais pour les hortensias là-bas. »
« Menace à peine voilée, ou Sovahnn qui s’exprime derrière ces grands yeux bruns ? »

Va savoir. Le rire qui suit, en tout cas, il est réel, un peu plus ancré dans le présent. Laborieux, mais c’est là. Et ça repart. Le regard posé sur son ami, il le voit se frotter le visage de ses paumes, comme s’il venait de se réveiller. Comme s’il essayait d’en sortir. A vrai dire, au vu de tous les décalages horaires qu’il pouvait enchaîner, Takuma savait que ça pouvait être relativement littéral. Mais l’épuisement qu’il pouvait lire, en cet instant, allait bien au-delà.

« J’suis désolé, j’suis à plat et j’ai un mal de dingue à me reconnecter aux autres. »

T’écoute pas, je sais. Pourquoi j’te sors que des banalités à ton avis ?
Et c’est pas grave.


« J’me sens comme un putain d’égoïste qui n’arrive pas à s’impliquer, je déteste ça mais c’est comme si mon cerveau avait atteint un stade où il en est juste plus capable. »

Parce que parfois, on ne peut juste pas. Parfois on est au bout. A bout.

La dernière fois, t’explosais contre un mur. Aujourd’hui, t’es au-delà. Tu crois qu’un jour, c’est toi qui me trouveras dans un caniveau, à cramer ce que j’ai de santé juste pour planer un peu trop haut ? Qu’un jour, j’assumerai d’être à ce point déglingué, au bord d’une rupture qui ne se devine pas. J’en parle pas, c’est parce que tes épaules sont trop lourdes aussi depuis quelques mois, que t’as pas que ça à encaisser, que j’ai besoin de reprendre le contrôle. Ça se fait. Lentement. Ça arrivera pour toi aussi.

« Je suis OUTRE que ma taxe d’ordures ménagères ne te fascine pas plus que ça. Vraiment ! C’est CHOQUANT ! »

Il y a dans ce petit sourire en coin quelque chose de profondément bienveillant. Quelque chose de rassurant, aussi. Car quelques semaines plus tôt, c’était lui qui semblait évoluer en marge de tout, incapable de vraiment se connecter à quoi que ce soit, trop noyé par ses souffrances qu’il ne savait plus ni comment respirer, ni comment avancer. Alors dans ce regard posé sur un ami, dans le calme et le détachement dont il faisait preuve alors qu’il aurait pu le prendre pour lui, il sentait qu’il se ressemblait déjà un peu plus. Quelques mois plus tôt, il le lui disait, il n’y arrivait plus, prenant en charge les uns et les autres jusqu’à en arriver au bord de la nausée, dans une saturation crasse. Et depuis des mois, le jeune homme se demandait qui il était en réalité, perdu au cœur de ce qui semblait être différentes existences, différentes manière d’être, de penser et de voir les autres. Pourtant il y a là quelque chose de profondément naturel. Réel. Il y a une tendresse de l’Autre, dans ce garçon. Quelque chose qu’on ne feint pas. Qui ne s’invente pas.

Alors il le rejoignait, la main sur son épaule dans un geste qui dépassait l’amitié pour confiner au soutien muet, Takuma enchaînait. « Un peu de tourisme ça te dit ? Après tout, on aime bien les virées romantiques toi et moi quand tout se casse la gueule. »

Comme un truc habituel. Une private joke qui se répète. Alors il embrayait simplement le mouvement, sans sembler plus affecté que ça par ce que d’autres auraient pu prendre comme un rejet. Le silence comme ami, les talons sur les pavés d’une ville sublime, le regard perdu au loin, les sens captant quelques odeurs connues, familières. Le sucre des fruits vendus à un petit stand non loin, sur une place de village, de mets d’enfance et de vacance, le parfum floral des cerisiers ou plus terreux des érables. Le calme et la beauté des lieux s’invitant en douceur, ils avaient marché un moment en silence, à seulement s’imprégner de l’ambiance douce de Kanazawa. Entre les maisons de bois, un écrin de verdure surgissait par moment sans crier gare.

Les mots prononcés lui en rappelaient d’autres.

« Un grand sage m’a dit un jour qu’on ne peut pas continuer à maintenir les autres à flot quand on se casse soi-même la gueule. Que c’est contre-productif. »

Octobre. Huit mois. Tu vrillais et je menaçais d’exploser à mon tour, sans même m’en rendre compte. J’entrais doucement dans cet état de décalage, quand le cerveau n’en peux plus et qu’il sature totalement. Ça n’était pas encore le cas, ça aura encore pris quelques mois. Pourtant, il avait fini par vriller lui aussi, par disparaitre, totalement incapable de nouer le moindre lien.

« On sait toi et moi que t’as rien d’un ‘putain d’égoïste’. J’pense juste que parfois le cerveau ne suit pas et que le tien essaye de te protéger comme il peut. Et c’est ok. T’as le droit. C’est certainement pas moi qui viendrai te faire chier avec ça. »

Des réflexions qui n’attendaient pas de réponses, qui se posaient seulement là, comme un rappel de l’évidence, une chose nécessaire à rappeler. Entre amis, on se doit d’être en safe zone. D’avoir le droit de ne pas pouvoir, parfois, sans jugement. De ne pas être clair, ordonné, cohérent. On a le droit d’être à bout, de l’exprimer. Ils ne s’étaient pas assez vus, finalement, tous les deux ces derniers mois. L’un s’était pris des coups dans la gueule sans jamais vraiment s’écrouler, le second était tombé à retardement. Parfois, même le silence ne saurait briser l’affection.

Ils avaient longé un canal un moment, rejoint le centre où Takuma s’était esquivé un instant pour ramener quelques trucs à grignoter, se disant que les saveurs épicées de chez lui ne feraient sans doute pas de mal.  

« J’allais sur la côte quand j’étais gamin, pour le boulot des parents. Pas le genre de lieux qu’on allait visiter. » Ils avaient beau présenter un certain traditionalisme, le traînant par moment au temple d’Azakuza, au centre d’Edo, il n’avait jamais foulé le pavé de ce genre de lieux. Lui qui connaissait si bien l’affluence des grandes villes avait parfois du mal à concevoir que ces lieux existaient. « J’crois que j’aime bien ce calme. »

Et puis, ils étaient repartis, se perdant de nouveau dans les ruelles sans prendre notion du temps. Ils avançaient alors jusqu’en bordure de la petite ville rurale. Au loin, un temple surgissait d’entre les arbres, comme logé au creux d’une forêt naissante qui se poursuivait pourtant bien plus loin. Ici, l’influence de l’occupation chinoise était présente mais moins marquée dans l’architecture. Etrange comme les maux d’un pays pouvaient s’exprimer de tant de beauté. Les guerres marquaient les lieux, s’enchaînaient, laissaient des traces. Les australiens n’étaient pas perçus comme les américains dont l’implication lors de la seconde guerre mondiale laissait des plaies difficiles à cicatriser. Les choses étaient plus apaisées avec les anglais, sans doute la raison pour laquelle Takuma s’était naturellement tourné vers Poudlard et non Salem. Qu’importe, ce pays gardait les stigmates de son passé. Comme eux.

S’arrêtant pour contempler le paysage, ils étaient restés là un moment, seulement bercés par le clapotis de l’eau qui se mouvait lentement sous le pont sur lequel ils étaient perchés. Un peu plus bas, quelques carpes perçaient par moment la surface calme. Un peu plus loin, le vent arrachait pollen ou pétales - il n’aurait su le dire à cette distance – formant une onde colorée dans l’air.

« Définitivement, c’est un putain de lieu pour draguer. »

Les avant-bras tatoués contre le bois du pont, Takuma posait un regard de biais sur son ami.

« Je sais que tu m’as dit que t’avais pas envie de disserter là-dessus, mais je perçois comme des signaux contradictoires. Tu as envie d’en parler ? »

Une question qui n’impliquait pas de réponse positive, mais qui méritait de rappeler que la porte était là, ouverte, présente.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Lun 12 Juil 2021 - 15:32
« Je suis OUTRE que ma taxe d’ordures ménagères ne te fascine pas plus que ça. Vraiment ! C’est CHOQUANT ! »

Il est timide ce rire mais le sourire n’est pas feint. Une petite bulle de chaleur explose dans mon thorax dans cet élan de normalité, d’amitié, de compréhension surtout. Tout ça masqué par une connerie parce qu’on fonctionne comme ça, moi le premier. Ça adoucis les mœurs comme on dit, ça atténue la gravité sans la prendre à la légère pour autant. C’est comme ça quand on en arrive à un stade où on se connait tellement bien que les mots les plus sérieux n’ont pas toujours besoin d’être prononcé. Lui et moi on ne passe pas tout notre temps ensemble et pourtant il est sûrement l’un de ceux qui me connait et m’appréhende le mieux. Ça n’a rien d’injuste pour les autres, pour ceux arrivés après, simplement on n’efface pas des années de traumatismes passées ensemble à se serrer les coudes comme on pouvait. Et puis il y a ce truc dans le fond de son regard, un truc qui me passe un message évident et qui dit un truc du genre : Je comprends, parce que moi aussi j’le vis. Ou je l’ai vécu.

Un simple geste comme une main sur une épaule prend alors un sens bien plus grand, bien plus fort. Elle ramène sur terre cette main, elle te fait comprendre que t’as pas besoin de tricher ni même de te forcer. Parce que c’est pas grave, y a rien de grave dans le fait d’avoir besoin de rester muet. Ou de ne pas être capable de donner son attention aux autres. Pas après tout ça.

« Un peu de tourisme ça te dit ? Après tout, on aime bien les virées romantiques toi et moi quand tout se casse la gueule. »
« Pas faux. »

Les cachots, les falaises des côtes anglaises, un bar je ne sais plus trop où et maintenant un village au Japon. Je dois avouer que pour le coup cet endroit surpasse les autres – sans déconner – et alors qu’on se remet en marche je me perds en silence dans la contemplation des lieux. Chaque mouvement des branches dans les arbres, chaque bruit, chaque odeur … Mes sens amplifiés par la Lune approchant explosent de perceptions et l’espace de quelques instants j’en oublie un peu tout le reste. Happé.

« Un grand sage m’a dit un jour qu’on ne peut pas continuer à maintenir les autres à flot quand on se casse soi-même la gueule. Que c’est contre-productif. »

C’est la pudeur qui se manifeste en premier alors que je baisse les yeux en esquissant un sourire tout en secouant la tête de gauche à droite, puis de droite à gauche.

« Sûrement un mec très intelligent. »

Évidemment.

« On sait toi et moi que t’as rien d’un ‘putain d’égoïste’. J’pense juste que parfois le cerveau ne suit pas et que le tien essaye de te protéger comme il peut. Et c’est ok. T’as le droit. C’est certainement pas moi qui viendrai te faire chier avec ça. »

De la bienveillance d’un côté, un remerciement silencieux de l’autre. Rien qu’un regard par lequel passe bien plus que des mots, une compréhension commune, des maux communs aussi. Lui il a eu le cran de faire ce que j’ai eu envie de faire sans jamais me l’accorder : Partir. Pas deux jours, pas cinq, pas même dix, bien plus que ça. Une vraie coupure, un autre monde, une autre vie. Ailleurs, loin, en tirant un trait sur le reste. Sur les autres. Oui j’en ai eu envie, c’est sûrement encore le cas d’ailleurs, mais chaque fois une petite voix dans ma tête m’a retenu. Pour ceux qu’on laisse derrière, pour la pression qu’on se met soi-même sur les épaules. Des épaules fatiguée, lourdes, de moins en moins solides à force de ressentir un poids toujours plus écrasant. La faute à personne, la faute à la vie, mais ça n’a rien de facile de s’échapper de ce sentiment de responsabilité, de culpabilité.

Je retrouve seul un instant et ce sont ses pensées-là qui naviguent lentement dans mon esprit. Les yeux braqué sur l’eau du canal, sur les arbres, quelques oiseaux, jusqu’à ce que Takuma revienne les bras chargé de nourriture locale.

« J’allais sur la côte quand j’étais gamin, pour le boulot des parents. Pas le genre de lieux qu’on allait visiter. J’crois que j’aime bien ce calme. »

Deux enfances bien différentes, des parents et une éducation qui l’ont été tout autant. Ça aurait pu ne pas être le cas, ça aurait dû ne pas être le cas. Etrange de se dire que sans leur attrait pour les choses simples, sans leur curiosité pour le monde sang Magie, nos parents seraient toujours en vie. S’ils étaient eux-mêmes entrés dans le moule ils ne seraient pas morts cette nuit-là, n’est-ce pas ? Et nous, on aurait grandi bien différemment. Une blessure parfois encore béante, un manque constant ces derniers temps et pourtant, le plus beau cadeau qu’ils auraient pu me faire. Me permettre d’être moi-même, de ne pas avoir à en souffrir, de grandir comme un gamin préservé d’un univers dur et froid. Beaucoup n’ont pas eu cette chance. Takuma n’a pas eu cette chance, que son sang soit pur ou non.

Je me laisse porter, suis le guide en m’imprégnant de l’endroit sans avoir rien à penser. Un truc qui fait du bien, je n’ai pas peur de le dire. Ça repose, ça apaise, ça rappelle que la vie n’a pas être compliquée en permanence. Elle ne l’était pas ces derniers jours, non, elle était belle et simple. Elle était comme elle devrait toujours être.

« Définitivement, c’est un putain de lieu pour draguer. »

Le rire cette fois se fait plus franc, les épaules nettement moins lourdes et les parois de ma carapace plus fine. Je me sens là, bien présent, avec un naturel qui revient lentement mais sûrement. Le monde ne me semble plus si loin, si abstrait.

« Je sais que tu m’as dit que t’avais pas envie de disserter là-dessus, mais je perçois comme des signaux contradictoires. Tu as envie d’en parler ? »
« Du fait que c’est un putain de lieu pour draguer et que t’es encore en train de me tendre une perche en me parlant de signaux contradictoires ? »

Oui, il est là ce naturel et il fait du bien.

Bizarrement j’pense que tes perches passeraient mieux auprès de mon cher et tendre que certains messages de Jordane mais ça, on verra ça plus tard.

« J’en suis à 4, depuis ... décembre je crois. »

Changement de sujet. En appuie sur les avants bras je désigne ses tatouages d’un signe de tête, un demi sourire amusé sur le coin des lèvres. Ça m’a pris comme ça, du jour au lendemain, sans n’avoir jamais ressenti l’envie de marquer ma peau jusqu’ici. Des rencontres, des évènements, ils ont tous une histoire et celle du dernier en date n’est pas des plus joyeuses mais c’est là, ça fait partie de moi. De mon histoire, justement. Est-ce que je compte en refaire ? Je n’envisage rien, je continuerai de faire au feeling et si le feeling ne se représente plus jamais alors qu’il en soit ainsi. Avec ces quatre-là j’ai déjà de quoi susciter le jugement de certains membres de ma famille – je trouvais qu’ils n’avaient pas suffisamment de matière, m’voyez. Tu cherches la merde Enzo … Je ne cherche rien du tout, je vis c’est tout.

Et mes coudes retrouvent la rambarde, mes yeux replongent vers l’eau, captent le mouvement des poissons sous la surface. Un instant le silence, le sourire qui s’invite prend une expression encore différente. L’esprit s’égare vers ces derniers jours passés et la déception d’être rentré se mue en bonheur d’avoir pu vivre ces moments.

« J’viens de passer 5 jours en mer avec Will, c’était génial. »

Rien que nous deux et l’océan.
Intouchables, inatteignables, injoignables.

« J’ai eu envie de jamais rentrer. »

Réellement. Qu’on reste là tous les deux, jusqu’à avoir de nouveau suffisamment de force et d’air dans les poumons pour affronter ce monde qui n’arrête pas de nous mettre à mal. On n’a pas besoin de tout ça pour savoir qu’on s’aime, vous savez ? Pas besoin de l’adversité pour se rapprocher, on s’en passerait. Parce qu’un jour vous nous aurez à l’usure. Ensemble. Séparément.

« Sovahnn t’a parlé des dernières merdes en date ? »



« Entre deux menaces de mort vis-à-vis de Liya j’veux dire. »

Parce qu’on va quand même pas se laisser aller ma Brenda.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 23 Juil 2021 - 3:10
Les gestes sont simples, sobres même. Ils se passent d’explications, se posent avec bienveillance et compréhension. Il y a dans cette façon de s’accorder avec douceur et légèreté une amitié profonde marquée d’évènements douloureux, d’épreuves à dépasser. Il y a une volonté de laisser le temps à l’autre d’appréhender ses propres plaies, de le laisser avancer à son rythme sans jamais fermer la porte. Il y a une sensation miroir, une évidence que ni l’un ni l’autre n’exprimaient vraiment mais que chacun comprenait. Car Takuma savait comme Enzo pouvait avoir une compréhension muette des émotions que les autres pouvaient garder pour soi. La pudeur et le respect l’amenaient à garder ça pour lui lorsque le sujet l’exigeait mais c’était là, cette façon de lire ce que les autres ne percevaient pas. Alors si l’apaisement était évident dans ses veines, il restait instable, marqué de troubles qu’il n’évoquait pas toujours. Pas simple de reconnecter aux autres, de s’insérer de nouveau dans un monde qui paraissait par moment trop lourd, l’air trop dense pour gonfler réellement nos poumons. Takuma comprenait ça. Alors il en faisait plus, trop, pas parce qu’il feintait et masquait ses propres difficultés mais simplement parce que c’était ce qui lui venait en cet instant. L’humour n’était pas artificiel, il n’était qu’une main tendue, une façon de se relier à l’autre, de parcourir le chemin qu’Enzo ne pouvait emprunter. D’aller vers lui, tout bêtement, sans pression ni reproches. Avec la légèreté qui leur était parfois si simple et qui aujourd’hui se trouvait par moment trop écornée par les affres de la vie. Aujourd’hui, c’était lui qui en était capable. Demain, ça serait son ami. L’équilibre était là, se passait d’analyse, et faisait du bien, tout simplement. Peut-être avait-il besoin de cette dose de normalité, de cette impression que finalement, même si parfois le sol tremble, certaines choses ne changent pas. Qu’il est normal d’avoir ses errances, ses doutes et ses failles. Il avait les siennes, ne les exprimait pas encore mais ça viendrait. Le moment venu, voilà tout.  Il n’y avait rien de mal à ne pas savoir s’exprimer, ou à ne pas vouloir le faire. Rien de grave à ne pas être sur la même longueur d’onde ou à simplement avoir besoin d’un temps pour remettre pensées et mots dans l’ordre. Ils pouvaient passer l’après midi – ou qu’importe ce que c’était pour Enzo – sans réellement parler.

D’ailleurs, s’il avait fait ce choix, c’était parce que les lieux se passaient de mots. Parce qu’il y avait là un calme et une atmosphère presque spirituelle qui se prêtait à ces moments de reconnexion. D’accord, il ne connaissait pas les lieux, du moins pas réellement. Mais c’était ici le premier endroit auquel il avait pensé qui soit isolé du bruit et de l’agitation qu’il connaissait trop bien dans son pays. Il y avait l’hôtel sur la falaise, bien sûr, mais intrinsèquement, il y avait dans ces constructions quelque chose de très…. Humain. Bétonné. Naturellement, le nippon avait penché chez ces lieux, isolés, perchés sur les pentes d’un volcan éteint érodé depuis bien longtemps. Un endroit dans lequel il semblait plus aisé de retrouver une part de naturel, d’une simplicité typique de l’environnement rural japonais, si violement opposé à ce que les grandes villes pouvaient proposer. C’était ainsi qu’il le voyait, ce paysage. Quelque part où les sons, les odeurs et les panoramas appelaient à plus de simplicité, à écouter ce qu’on perdait de vue, trop souvent portés par le fourmillement de la ville. Voilà le choix qu’il avait fait, songeant en effet à la pleine lune à venir, comme une façon de le préserver de ce qu’il percevait lui-même comme simplement… trop. Peut-être n’était-ce pas pertinent, ou simplement totalement cliché. Mais voilà, c’était là une première évidence qu’il n’avait même pas intellectualisée. Lui-même cherchait l’apaisement, le calme. Un environnement tranquille qui rappelait que ça aussi, ça existait. Que le monde n’avait pas à toujours être branché à mille à l’heure, à leur envoyer des décharges sans cesse comme s’ils étaient bloqués comme des cons dans un court-circuit qui ne pouvait les laisser indemnes.

Alors il profitait lui aussi, se laissait porter par les lieux, et s’il gardait un œil sur son ami, comme pour prendre la température de la situation Takuma ne cherchait pas à combler quoi que ce soit. Il laissait vivre. C’est bien ça aussi parfois. Laisser vivre. Laisser la vie venir, même, comme si ses sens s’éveillait après un temps de sommeil, l’appelant à se souvenir de ce que c’est que d’intégrer la beauté de son environnement plutôt que de centrer son attention sur la boue acide qui ne cessait de quémander dans ses veines. Voir l’ailleurs, reprendre conscience de ce que le monde possède de simple et de beau plutôt que de rester là, la gueule noyée dans les ennuis. Pourtant, il fini par prendre la parole. Non pas pour forcer quoi que ce soit, mais pour s’assurer que le message passait bien. Simplement parce qu’on a beau savoir certaines choses, il est parfois important de les entendre de nouveau. Qu’elles soient oralisées, pour effacer ce vers quoi l’esprit tend parfois, appelé par ses inquiétudes et ses doutes. Il voyait la pudeur prendre le contrôle, le regard se détourner, l’humour alléger les mots.

« Sûrement un mec très intelligent. »
« Assurément. »

Un petit souffle amusé passait les lèvres de son ami avant de continuer. C’était sans doute bien bête, mais ce regard, ce qui y passait, faisait du bien. Une compréhension mutuelle et mutique, un remerciement évident, quelque chose de profondément humain passant entre les deux hommes un peu trop abîmés. Il n’aurait su l’exprimer, mais oui, ce regard faisait du bien. Cette entente muette qu’il soutenait un instant, franc et sobre avant de le laisser un moment. Si en revenant, il meublait, allégeant les derniers mots par une anecdote personnelle, c’était pour qu’ils ne restent simplement pas là-dessus. Pour laisser dans l’air autre chose, tout bêtement. Ainsi, les minutes s’étaient égrainées sans qu’ils ne disent rien, emportés par la sobriété que portait la beauté des lieux, ils avançaient, s’ancraient dans le paysage pour profiter de ce temps plus calme. Une pause face à la folie du monde, face aux troubles de leurs pensées douloureuses.

Il découvrait, se laissait porter, conscient qu’Enzo suivait plus qu’il ne décidait du chemin. Mais décidait-il réellement ? Takuma suivait les ruelles, s’y perdait sans chercher à ordonner leur trajet. Il laissait aux lieux le loisir de les emporter il ne savait où, observant en silence comme l’architecture du lieu pouvait s’implanter totalement dans la végétations, témoignant d’un équilibre qu’il ne connaissait pas ailleurs, laissant à la nature la possibilité de s’étendre, de prendre la place, l’humain devenant par moment parfois pudique dans un environnement qui semblait l’accepter, l’accueillir sans ployer sous lui. C’était du moins l’impression qu’il avait en s’éloignant de la petite ville, se perdant dans les environs jusqu’à parvenir à ce pont d’où ils observaient un moment en silence la silhouette d’un temple shintoïste. Alors seulement, sans vraiment savoir depuis quand ils s’étaient tus, le nippon finissait par reprendre la parole.

« Je sais que tu m’as dit que t’avais pas envie de disserter là-dessus, mais je perçois comme des signaux contradictoires. Tu as envie d’en parler ? »
« Du fait que c’est un putain de lieu pour draguer et que t’es encore en train de me tendre une perche en me parlant de signaux contradictoires ? »

Le rire roulait dans sa poitrine, naturel, libéré.

« Bien vu ! Je sais qu’on avait dit qu’il fallait y aller mollo sur les perches, mais que veux-tu, je suis un amoureux des poissons. »

Accordes-moi celle-là.

Des ponts, l’un vers l’autre, parce que ça passe mieux comme ça, tout bêtement.
Et qu’il aurait vraiment dû emmener cette nana ici à l’époque.
Ou qu’il devrait y emmener Caitlyn à présent.
Tss, chut, mauvais sujet.

>« J’en suis à 4, depuis ... décembre je crois. »

Son regard suivait celui d’Enzo et se posait sur ses avant bras où les tatouages se réunissaient en différents symboles, allant jusqu’à ses doigts. Plus haut, on devinait qu’ils s’étendaient bien plus loin sous les tissus, barraient en réalité son torse autant que son dos. Certains étaient également apparus depuis Poudlard.

« Fait gaffe, ça commence comme ça et on ne sait plus s’arrêter. Crois-moi, ça déconne pas ce genre d’addictions. » De l’humour dans la voix, une certaine ironie dans les propos. Mais on ne parlait que de tatouages. « J’en ai prévu des nouveaux aussi. »

Sur sa peau se dessinaient des marques de vie devenue œuvre d’art. Une façon comme une autre d’exprimer ce qu’il ne gardait pas pour lui, de se souvenir, de tracer l’avenir. Une façon de garder pied, d’imprimer ce qu’il désirait être bien autant que certains souvenirs ou plaies passées. Une façon d’être, simplement, s’imprimant au fil des ans sur sa peau. Comme un devoir de mémoire. Un moyen de ne pas s’oublier.

« J’viens de passer 5 jours en mer avec Will, c’était génial. »

Un sourire doux apparaissait face à ce qualificatif. Génial. Ils le méritaient, en avaient besoin. Il n’y aurait sans doute rien eu de pire qu’après tout ça, ce moment-là, qui n’appartenait qu’à eux, se soit soldé d’un échec, d’un éloignement.

« J’ai eu envie de jamais rentrer. »

Les mots se déliaient en douceur comme les pensées parfois trop emmêlées, embourbées.

« Je comprends ça.. »

Je sais toujours pas fondamentalement si j’ai envie de rentrer. Ni même ce que ça veut dire.

« Sovahnn t’a parlé des dernières merdes en date ? »

Ne me force pas à retracer la chronologie complète du bordel je te prie.

« Entre deux menaces de mort vis-à-vis de Liya j’veux dire. »

Un nouveau rire nécessaire, amusé de la chute.

« Ben disons que c’est dur de glisser quoi que ce soit au cœur des menaces quoi.. »

Comme si c’était son genre. Tu auras le droit de leur faire payer ces oreilles qui devraient bourdonner sur les bords de tes falaises écossaises ma Sova.

Son pouce passait sans y songer sur l’un des tatouages, comme s’il était seul resté bloqué sur la conversation précédente, inconscient de l’attention du cerveau envers ce que son ami traversait.

« Je sais ce que Will a vécu mais si tu as encore plus fort à m’annoncer, je suis toute ouïe. Un poil dépité mais toute ouïe. »

Euphémisme. Bien entendu, ces mots étaient bien trop légers pour les sensations réelles qui l’étreignaient et il n’avait pas besoin de mettre les mots sur l’enclume de ses inquiétudes pour qu’Enzo comprenne que, bien entendu, il ne prenait rien de tout ça à la légère.

Non, il ne savait pas que celui qu’il avait aidé à déménager et qu’il avait déjà croisé à Poudlard parmi ceux qu’il avait soigné en douce avec Maxence était le cousin de Will, ni qu’il avait appartenu au groupe des Inquisiteurs – pas besoin d’explications de texte pour comprendre ce titre – ni même ce qui l’unissait à Enzo.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mar 3 Aoû 2021 - 12:30
« Ben disons que c’est dur de glisser quoi que ce soit au cœur des menaces quoi.. »

Elle a sûrement les oreilles qui sifflent la p’tite blonde mais je crois pas qu’on puisse trouver beaucoup de personnes à l’aimer plus qu’on ne le fait lui comme moi. Et qui aime bien chattie bien, on en revient toujours à ça non ? C’est comme ça, c’est la famille. Rien de plus simple.

« Je sais ce que Will a vécu mais si tu as encore plus fort à m’annoncer, je suis toute ouïe. Un poil dépité mais toute ouïe. »

Le premier truc qui m’échappe ? Un rire bref, un truc blindé si ce n’est d’amertume au moins de cynisme. Je vous avoue que certains jours je me demande comment on fait pour garder de l’intérêt pour l’existence. On se prend claque après claque, tu penses t’en sortir mais non, y a toujours un truc pour venir te choper par la nuque et te coller la tête sous l’eau. Tu crèves pas, tu bois la tasse et tu recommences.
Au delà de tout ça c’est l’hésitation qui vient, pas vraiment de la pudeur mais le respect envers les autres concernés par toute cette merde. S’il ne sait pas c’est que Sovahnn a choisi de ne pas lui dire … Seulement voilà, parfois y en a juste marre de se foutre du poids sur les épaules pour préserver les uns et les autres et là je crois que j’ai juste pas envie. Plus envie. Les choses sont ce qu’elles sont, j’y suis pour rien.

« Et puis merde. »

Bras tendus, la tête baissée entre les deux l’espace d’une seconde et je viens reposer mes coudes sur le bois. Le regard se braque loin devant sans rien voir de particulier.

« Tim est son cousin, y a pas un de nous qui a réussi à piner ça pendant tout ce temps. »

Sincèrement, je vois même pas comment un truc pareil est possible mais soit. Le monde n’est visiblement pas assez vaste, qu’importe.

« Ces connards qui ont kidnappé Will ont réussi a embrigadé Tim à sa sortie de Poudlard. On en est là du drame familial, où un type se retrouve victime de la bande de « potes » de son cousin alors que son p’tit ami aurait pu buter le cousin en question pendant une période légèrement sombre de son existence. Sachant ! Que le cousin de l’histoire est l’ami d’enfance de la meilleure amie du p’tit ami sus-mentionné. »

Les mots sortent comme si je les gerbais comme un trop plein mais pourtant c’est le rire qui se manifeste à chaque ponctuation. Un truc nerveux, un truc qui n’efface pas le trop plein mais le rend sans doute un peu moins grave. Parce qu’on peut rien y changer et surtout, dit comme ça, c’est presque risible non ? Les probabilités pour que tout ça arrive, pour que de tels liens s’emmêle, je ne sais pas de combien elles étaient mais très peu élevée à mon avis. Alors oui, je me marre. Je me marre parce que c’est ce qui reste une fois que t’as encaissé les coups, avec un peu de temps pour souffler tu passes à un autre stade d’acceptation. Tu subis moins, sans doute, alors c’est plus facile d’en rire. Un rire amusé mais surtout un rire jaune – jamais compris cette expression. Dans le fond je ne sais même pas dans quel état je suis vraiment si ce n’est à plat, fatigué de toute ces merdes qui n’en finissent plus de s’accumuler.

« Voilà. »

Les bras écartés une seconde, un accent français approximatif, les deux paumes qui viennent se reposer sur le bois de la rambarde alors que je secoue la tête de gauche à droite, de droite à gauche, un putain de sourire sur le visage. Un truc blindé de lassitude, c’est vrai, mais c’est comme ça.

« J’en ai plein le cul. »

C’est quoi la prochaine étape ? J’découvre que le cinglé qui m’a pris pour son jouet l’année dernière est un membre de famille ou la cousine au second degré de la tante du grand-père d’un des fantômes de Poudlard. Non mais allez y, c’est le moment.

Le rire ne s’estompe pas mais ça va, j’crois que j’ai pas encore trop l’air d’un fou. Au contraire, je pense que c’est simplement les nerfs qui se détendent un peu, crispés de nouveau depuis que j’ai refoutu les pieds sur la terre ferme. Ils étaient nécessaires ces jours ailleurs, surtout avec la Lune qui grandi et commence déjà à flirter avec mes sens. J’ai hâte et en même temps j’appréhende, sans parler de cette voix dans ma tête qui me dit que ces plans là je devrai peut être les annuler. Ils comprendront, non ? Mais j’suis pas du genre à laisser tomber les gens, surtout pas dans ce genre de cas de figure. Stop. Un truc à la fois.

« Ça va toi sinon ? Pas de cousin caché ou de potes tortionnaires dans le décor ? »

Tu sais, de ceux qu’on aurait envie de faire souffrir tellement fort.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 6 Aoû 2021 - 12:24
Pourquoi n’était-il pas au courant ? Tout simplement parce que Sovahnn estimait surtout que ça n’était pas à elle d’annoncer ce genre de choses. Sans doute aurait-elle dû expliquer le passif de Timothy avec les sorciers, consciente qu’elle pouvait mettre en danger ses proches à leur proposer ainsi de s’approcher d’un ancien inquisiteur. Mais à vrai dire, Takuma avait déjà été en contact avec lui à Poudlard, il n’apprenait donc rien de plus. Simplement, oui, il aurait été respectueux de lui annoncer les risques qu’il encourait. Peut-être était-elle naïve, ou seulement fatiguée de toujours avoir à expliquer les merdes s’accumulant. Pour le reste, en effet, elle estimait que ça n’était pas réellement de son ressort. Alors non, si Enzo n’avait rien dit, il n’en savait rien. Et ce petit rire lui serrait le cœur, trop conscient du taux d’emmerdes qu’il semblait contenir.
Pourquoi ? Pourquoi ça n’en finissait pas, sérieusement ? Etaient-ils à ce point liés à ceux qui voulaient leur perte ? Qu’avaient-ils fait pour être toujours en ligne de mire ainsi ? Sérieusement, ne pouvaient-ils pas seulement se reconstruire comme des jeunes de leur âge sans que toute la violence de la guerre ne leur tombe sans cesse sur le coin de la gueule ?
Oui, ces questions étaient là, comme un vieux disque rayé, à tourner dans son crâne avant même qu’Enzo ne parle.

« Et puis merde. »

S’adossant à la rambarde, Takuma ne l’interrompait pas, attendant presque que le couperet des mots ne tombe enfin.

« Tim est son cousin, y a pas un de nous qui a réussi à piner ça pendant tout ce temps. »

Ah ? Ok. Tim, le Timothy qu’il venait d’aider à déménager chez Sovahnn, ce « Tim »-là ?

« Ces connards qui ont kidnappé Will ont réussi a embrigadé Tim à sa sortie de Poudlard. On en est là du drame familial, où un type se retrouve victime de la bande de « potes » de son cousin alors que son p’tit ami aurait pu buter le cousin en question pendant une période légèrement sombre de son existence. Sachant ! Que le cousin de l’histoire est l’ami d’enfance de la meilleure amie du p’tit ami sus-mentionné. »

Les sourcils froncés, Takuma assemblait les pièces les unes à côté des autres pour comprendre l’ensemble de cette situation manifestement… désastreuse. Ça l’aurait sans doute fait rire s’il ne s’agissait pas de ses amis car l’incongruité de la situation aurait pu prêter à la moquerie. C’était improbable, à tel point qu’il ne comprenait pas comment de telles circonstances pouvaient s’être mises en place ici et non pas dans un putain de fait divers. Alors s’il esquissait un demi-sourire, celui-ci ressemblait plus à une grimace qu’à autre chose. Bien sûr, il savait ce qu’Enzo avait traversé tout autant que les épreuves de Timothy. Parce qu’il était l’ami du premier, et qu’il avait passé assez de temps dans les sous-sols auprès des moldus pour leur venir en aide et savoir quels traumatismes le second pouvait garder. Bien sûr, son affection partait en premier lieu vers Enzo, Sovahnn et Will par réflexe, profondément navré de ce qu’ils vivaient et ce à quoi ils étaient confrontés. Il savait à quel point son ami avait souffert de ce qu’ils l’avaient obligé à faire, jouant sur ses faiblesses et se servant de ses proches pour le faire vriller. Non, il ne le jugeait pas plus aujourd’hui qu’hier et savait comme tout ça devait sacrément remuer la merde. Quand à Sovahnn, il voyait bien la décision qu’elle avait pris, conscient que rien de tout ça ne devait être simple. Quant à Will ? Il n’imaginait pas ce que c’était pour lui de se retrouver dans cette situation, partagé de toute part par ce qu’il vivait.

Ça s’accumulait. Une sacrée pile de merde qui n’ne finissait pas de leur tomber sur le coin de la gueule, les entachant au passage.

« Voilà. »

Takuma se rendait soudainement compte qu’il se taisait depuis tout ce temps, accusant la masse d’informations autant que les conséquences qu’il y lisait sans nécessairement commenter.

« J’en ai plein le cul. »

Par mimétisme, le nippon se fendait du même sourire las que son ami, fronçant doucement des sourcils d’un air désolé.

« Putain tu m’étonnes… »

Ça fait beaucoup. Ça fait beaucoup trop à vrai dire. Le quart de tout ça aurait déjà été trop, pour être honnête.
Donc Tim avait fait parti de ceux sur qui les Supérieurs auraient pu lancer Enzo quelques années auparavant – ou peut être l’avaient-ils faits, mais il en doutait au vu du ton – en sortant de Poudlard, il s’était fait embrigadés par des enfoirés qui avaient ensuite capturé son cousin, aka Will qui lui-même était sorcier contrairement à Tim, qui LUI, était l’ami d’enfance de Sovahnn. Ok. J’ai besoin d’un shot. De saké, CA VA, ‘paniquez-pas.

Se passant la main dans les cheveux, ramenant les mèches bleutés en arrière malgré quelques rebelles, Takuma lâchait un petit rire, suivant celui de son ami. Bien moins remplis d’amertume, certes, mais clairement incrédule et acide. C’était de la bile, cette histoire. De la putain de bile qui salissait tout.

« Ça va toi sinon ? Pas de cousin caché ou de potes tortionnaires dans le décor ? »

Un souffle amusé raclait ses narines une seconde. « Normalement non. J’ai rejoint aucune secte récemment… ya bien ce truc des échangistes anonymes mais j’me suis fait bouler pour cause de rien à échanger… » Oui, c’est dit au trente-sixième degré, là non plus ne paniquez pas. « … et côté cousins, là il doit y avoir de quoi faire vu que j’ai parlé à personne de ma famille depuis des années. Mais bon je doute qu’on puisse faire jouer les probabilités. Et puis yavait pas quarante asiatiques à Poudlard, et encore moins parlant ma langue. »

Bref. On s’en cogne, c’est pour gagner du temps et alléger un peu le propos, tous deux en étaient conscients.
Lâchant un soupir, Takuma se grattait l’épaule en regardant de côté, comme si l’apaisement du décor pouvait lui apporter un début de réponse quand à ce qui merdait tant dans ce monde.

Et le soupir se changeait en rire, brusquement, sans trop de raisons. « Sinon je t’ai dit que j’avais commencé à compléter le tatouage du dos ? Nan ? ç’pas l’propos ?.. » Le rire était nerveux, le faisait pencher le buste, jetant son visage d’un côté puis de l’autre. Oui, il amplifiait le comique du changement de sujet pour éviter la merde sous-textuelle, tout à fait. Pas pour réellement détourner le sujet, juste pour … eh bien, vous savez, permettre à chacun de reprendre son souffle ou d’encaisser le choc. D’ailleurs, il reprenait déjà, soufflant d’une voix légèrement plus rauque. « .. Putain c’est dingue, j’le crois pas. Ce bordel, sérieusement… » Inspirant, il se redressait doucement. « Tu m’étonnes que ça soit compliqué à encaisser quoi… Tu veux un coup de savate en plus du passage dans une broyeuse ou ça va ? » Sa langue claquait contre son palais. « Bon, vous en êtes où, tous, dans tout ce dawa ? Clairement, ces quelques jours avec Will devaient être sacrément nécessaires… »
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mar 10 Aoû 2021 - 21:14
« Normalement non. J’ai rejoint aucune secte récemment… ya bien ce truc des échangistes anonymes mais j’me suis fait bouler pour cause de rien à échanger… »

La normalité d’une connerie qui vient claquer contre les côtes, offre une seconde de souffle supplémentaire.

« … et côté cousins, là il doit y avoir de quoi faire vu que j’ai parlé à personne de ma famille depuis des années. Mais bon je doute qu’on puisse faire jouer les probabilités. Et puis yavait pas quarante asiatiques à Poudlard, et encore moins parlant ma langue. »
« Ouais, on était pas très inclusifs et branchés mixité en y repensant bien. »

Dit le mec qui y a passé deux ans. Non, trois. Et ça n’a rien à voir, je sais.

« Sinon je t’ai dit que j’avais commencé à compléter le tatouage du dos ? Nan ? ç’pas l’propos ?.. »
« Non mais j’suis content de le savoir ceci-dit. »

Pas que je me sois pris de passion pour la tatouage parce que ça n’est pas le cas mais je serai curieux de voir le résultat tout simplement.

« .. Putain c’est dingue, j’le crois pas. Ce bordel, sérieusement… Tu m’étonnes que ça soit compliqué à encaisser quoi… Tu veux un coup de savate en plus du passage dans une broyeuse ou ça va ? »
« Meeeeh … ça dépend où tu claques. »

Est ce qu’ils sont là le coup d’œil lubrique sur le côté et le sourire en coin qui va avec ? Absolument. Je sais, c'est moi qui ai dit stop aux perches mais y a pas de témoin, ça passe.

« Bon, vous en êtes où, tous, dans tout ce dawa ? Clairement, ces quelques jours avec Will devaient être sacrément nécessaires… »

Vitaux, à vrai dire et je crois que le terme est à peine exagéré en réalité. Tout ça c’est trop, trop de claques dans la gueule, trop de coups dans le ventre, trop à supporter pour n’importe quel être humain « normalement » constitué. Mais on avance, on se soutient, on y arrivera parce que c’est ça notre force et notre raison de vivre.

« J’ai pas revu Sova depuis la bonne nouvelle, on s’est juste parlés au téléphone quand elle a su pour Tim mais elle était pas au courant à ce moment là que lui et Will sont cousins. Je lui ai annoncé du coup et je sais qu’elle ne vit pas bien tout ça, qu’elle se retrouve au milieu d’un truc qui implique … sa famille et qu’elle souffre de voir tout le monde aller si mal sans pouvoir y faire grand chose. Mais j’pouvais pas, j’avais besoin de temps pour souffler et je pense pas que ce soit une bonne idée que je passe là-bas avant la Pleine Lune. »

La crainte du mot de trop, du geste de trop, en réalité rien qui risque vraiment d’arriver je crois mais simplement je ne me sens pas en phase avec ça pour le moment et j’ai besoin de rester dans mon coin encore un peu. Le temps d’être sûr. Le temps … d’avoir pris le temps.

« Chaque chose en son temps, même si ça lui fait du mal je sais qu’elle comprend. »

Et ça n’a rien d’agréable de faire du mal aux gens qu’on aime, même quand on sait ne pas être capable de faire autrement.

« Will et Tim … Disons que Will a besoin de temps lui aussi, pour digérer tout ça. Du côté de Tim je sais pas vraiment ce qu’il en est pour le moment, il ne savait pas que son cousin était Sorcier. Je suppose que c’est un truc à digérer ça aussi. »

De base, clairement, mais vu son passif avec les gens comme nous j’imagine que c’est encore à une échelle différente.

« C’est quoi cette histoire de chèque ? »

Virage à 90° et changement radical de conversation, après quelques instants de silence peut être parce qu’il y a encore des moments où je perds le fil. Au fond, je crois que j’ai plus spécialement envie de parler de tout ça, ni même d’y penser. Les prochaines 24h m’obligeront à me concentrer sur tout autre chose et c’est pas plus mal. Entre impatience et appréhension.

Mais cette histoire de chèque me revient en mémoire, ne me demandez pas pourquoi.

« Je sais … Décalage horaire, chut. »
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mar 17 Aoû 2021 - 12:59
Il n’y avait pas de lâcheté dans ces touches d’humour venues alléger l’atmosphère, juste un véritable besoin de reprendre son souffle tout autant que de faire ce cadeau à l’autre. Quelque chose qu’on taisait, qu’on n’intellectualisait pas mais qui s’imposait tout naturellement. Qui se comprenait sans avoir besoin de l’expliquer. Enzo avait-il besoin d’en parler, de poser les mots avant de passer à autre chose ou de creuser le sujet ? Qu’importe, ils avaient le temps. Aujourd’hui, plus tard, jamais, il était là pour recevoir ce qui semblait bien trop lourd à porter. D’ailleurs, à chaque mot balancé, lui-même avait l’impression de voir plus distinctement ce poids qui voutait les épaules de son ami. Un mot, un gramme, une phrase, un lest, chacun s’accumulant sans ne jamais plus en glisser.

« Ouais, on était pas très inclusifs et branchés mixité en y repensant bien. »
« Dit le lycan amoureux d’un homme au nippon trop androgyne pour certains. »

Un rapport avec les jupes portées autrefois ? Oh, pauvres bichons délicats avec leurs célestes burnes…

Mais en effet, ce n’est pas le propos. C’est juste une façon de reprendre une lampée d’air avant de plonger de nouveau sous la surface, tout comme pour le tatouage.

« Non mais j’suis content de le savoir ceci-dit. »

Takuma esquissait un petit sourire. Son corps était bardé de tatouages depuis un âge sans doute trop jeune pour la majorité des gens. Avant d’arriver à Poudlard, il en était déjà recouvert. Le dos, les bras, une part du torse et même un dernier sur le mollet. Il y avait là une tentative de recherche identitaire, d’appartenance à un groupe, de construction, d’exposition, de stabilité, de revendication, de provocation, tant de choses dans un corps alors trop jeune qui s’opposait aux demandes très normées de son éducation rigide. Comme quoi, côté inclusion, l’opinion était partagée. Est-ce qu’on partirait vraiment sur une analyse de la vanne ? Clairement pas. Le traité sur les différences sociologiques entre Japon et Angleterre sur la notion de l’inclusion attendra… que je sois plus au fait du dit sujet. Côté tatouages, le texte qu’il portait depuis des années de ses omoplates au bas de son dos se trouvait à présent soutenu d’un symbole plus grand encore. D’autres prenaient forme dans son esprit depuis un moment maintenant, les idées s’accumulant depuis Poudlard. Avait-il essayé de faire un truc lui-même à l’époque ? On ne reviendra pas dessus, c’est mauvais pour l’égo.

« Meeeeh … ça dépend où tu claques. »

Cette fois, pris au dépourvu, Takuma éclatait de rire, se reprenant rapidement, conscient de la présence du temple non plus, mais non moins hilare face au regard en coin, clairement salace de son ami.

« Fait gaffe, c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ! »

Et je bosse mes expressions vieillottes, j’ai le droit oui ?
Finalement, l’hilarité se calmait pour laisser place à la morosité.

« J’ai pas revu Sova depuis la bonne nouvelle, on s’est juste parlés au téléphone quand elle a su pour Tim mais elle était pas au courant à ce moment là que lui et Will sont cousins. Je lui ai annoncé du coup et je sais qu’elle ne vit pas bien tout ça, qu’elle se retrouve au milieu d’un truc qui implique … sa famille et qu’elle souffre de voir tout le monde aller si mal sans pouvoir y faire grand chose. Mais j’pouvais pas, j’avais besoin de temps pour souffler et je pense pas que ce soit une bonne idée que je passe là-bas avant la Pleine Lune. »

Il écoutait, sans l’interrompre, imaginant sans mal ce que la situation pouvait être de chaque côté, conscient pourtant que sans la vivre, il n’en savait sans doute pas grand-chose. Pourtant Takuma pouvait se représenter la conversation qu’ils avaient dû avoir, douloureuse, entrecoupée de silence d’un côté, et d’un flot exutoire de l’autre. C’est qu’après tant d’années, il les connaissait assez pour visualiser ce qu’un tel moment avait pu être, tout comme s’il doutait qu’il puisse réellement y avoir un dérapage à venir la voir avant la pleine lune, il comprenait qu’Enzo se préserve de cette possibilité. Aucun d’entre eux n’avait besoin de remuer le couteau dans la plaie et le temps devait simplement faire son office, permettre aux plaies de commencer à cicatriser et à la douleur de s’atténuer. Ou juste de les accepter. D’intégrer que tout ça fait partie de la réalité, que c’est ainsi et qu’il faudra faire avec. Malgré les implications de chacun, les craintes et les doutes, malgré les risques et les traumas….

« Chaque chose en son temps, même si ça lui fait du mal je sais qu’elle comprend. »
« Bien sûr qu’elle comprend. » Un petit sourire assuré se dessinait sur les lèvres du jeune homme. « Vous vous connaissez trop bien, et votre lien est trop fort pour être vraiment ébranlé, malgré la situation. Vous n’avez juste pas la même façon d’encaisser je pense. Elle s’entoure, tu t’isoles… » Elle parle, tu te tais. « … Pour autant, tu sais qu’elle est capable de prendre de recul, même si ça la blesse en effet, tu le dis toi-même. Même si elle ne fonctionne pas comme ça, elle sait entendre les besoins des autres sans le prendre pour elle. Ton besoin est légitime, je suis sûr qu’elle l’entend. » Il avait hésité un instant avant d’ajouter : « Comme elle l’a fait pour moi. »

Chose qui n’était pas une évidence pour tout le monde. Jordane avait bloqué, n’avait pas cherché à le voir, et à présent qu’il avait fait les quelques centaines de pas en avant, quelque chose restait changé entre eux. Ça finirait bien par passer. Pour autant, par ces quelques mots, il remerciait la petite blonde pour sa capacité à faciliter les choses. Et sans un mot, posant son regard sur Enzo, il en faisait de même avec lui. Ils n’en parlaient pas, ou si peu, parce que Takuma n’était pas particulièrement à l’aise à l’idée de trop montrer ce qui le harassait ainsi et qu’il savait qu’une fois que ce serait fait, la vision de ses proches à son propos changerait fondamentalement. Il n’en parlait pas, parce que ça n’était pas le bon moment, tout simplement. S’il avait fait le chemin depuis ce mois isolé, passé seul loin de tout, au bord du basculement, espérant secrètement que quelqu’un aide à le débarrasser de ce mal qui ne cessait de le ronger, à présent, il savait que ça n’était pas le bon moment. Ça viendrait, mais certainement pas aujourd’hui. Pour lui-même autant que pour son ami. Certaines choses nécessitent d’attendre. Nécessitent du temps. Enzo n’était pas en mesure de recevoir cette information, elle n’avait simplement rien à faire là, voilà tout. Le fait de lui offrir ce temps, à lui aussi, en revanche, avait toute sa place. Sans jugement ni gravité, comme une histoire qui se répète, des besoins qu’on entend sans les souligner.

« Will et Tim … Disons que Will a besoin de temps lui aussi, pour digérer tout ça. Du côté de Tim je sais pas vraiment ce qu’il en est pour le moment, il ne savait pas que son cousin était Sorcier. Je suppose que c’est un truc à digérer ça aussi. »
« Ah ben sympa ça encore… Que de révélations. Putain on dirait un soap en fin de saison 1 quoi. »

Il entrouvrait les lèvres pour ajouter une réponse au sujet quand Enzo rajoutait : « C’est quoi cette histoire de chèque ? », le prenant de court et signant ainsi la fin de la conversation. « Je sais … Décalage horaire, chut. » De nouveau, c’était avec un petit rire plus amusé que moqueur que Takuma répondait, l’autodérision de son ami le faisait passer de l’incrédulité à l’hilarité en un clin d’œil.

Il fallait croire que la réflexion qu’il avait fait un peu plus tôt venait de revenir à l’esprit de son ami, soulignant qu’il n’en pouvait sans doute plus de parler de tout ça. Soit.

« Avant de te répondre, j’ajoute seulement que sur ordre de la maman montée sur pile du groupe, j’ai aidé à déménager Timothy chez elle, et qu’elle racontait autant de vannes décomplexées à ton sujet. Donc RAS, il n’y a pas de ressentiments ou quoi que ce soit, t’en fais pas. » Du moins, clairement, elle n’esquivait pas le sujet, ne dégageait rien d’anormal à son propos. C’était là, peut-être était-elle en effet blessée, mais manifestement, le sujet était accepté, sinon elle faisait de l’esquive systématique, Takuma le savait.

S’étirant, faisant rouler ses omoplates comme s’il sortait du cauchemar des difficultés évoquées… ou qu’il se préparait à évoquer son propre passé,  Takuma laissait se perdre un instant ses doigts dans ses cheveux bleutés, esquissant un sourire à voir un couple passer au loin tout en le fixant avec un peu plus d’attention. Pas l’âge de le connaître, sans doute plus de juger ses bras nus, sa myriade de tatouages et ses cheveux bleutés loin de correspondre aux standards attendus. Sans compter la présence du touriste qui attira un instant le regard avant qu’ils ne se détournent brusquement, se rappelant de leurs bonnes manières. Et comme celles-ci étaient importantes ici. Ne pas mettre mal à l’aise les autres, ne pas prendre trop de place : voilà bien pourquoi il dénotait de base. Sans vraiment s’en formaliser, Takuma les avait déjà oubliés quand il retraçait les chemins du passé.

« Tu sais, je te disais que j’ai été un peu connu ici. » Ok, plus beaucoup qu’un peu, mais pas longtemps, disons que ça rabaisse le curseur. « J’étais ado et j’avais pas vraiment d’adultes pour chaperonner mes conneries. Donc j’ai signé des trucs qui me paraissaient corrects… alerte spoiler : je me suis foiré comme une merde. J’ai été sacrément entubé d’un certaine somme. Or j’ai fouillé un peu la loi, et il y a bien une partie qui me revient. Donc l’idée à la base était de la récupérer... sauf que je me suis défilé comme un gosse et ton texto m’a donné une suuuper excuse pour faire comme si c’était pas un manque total de courage que de faire demi-tour. » Il haussait des épaules, sans être spécialement affecté par cette histoire. A vrai dire, sa naïveté de l’époque l’amusait plus qu’autre chose… tout autant que sa lâcheté du moment. « J’y retournerai. » La promesse, il se la faisait bien plus à lui-même qu’à son ami… et quelque chose dans le regard de celui-ci lui fit penser que ce serait sans doute plus rapide que ce qu’il imaginait de prime abord.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mer 18 Aoû 2021 - 12:16
« Avant de te répondre, j’ajoute seulement que sur ordre de la maman montée sur pile du groupe, j’ai aidé à déménager Timothy chez elle, et qu’elle racontait autant de vannes décomplexées à ton sujet. Donc RAS, il n’y a pas de ressentiments ou quoi que ce soit, t’en fais pas. »

Est-ce que j’en ai douté ? Pas vraiment. Pas du tout, en réalité. D’une part parce que j’ai très peu pensé à tout ça ces derniers jours et d’autre part, simplement parce que je la connais. M’en vouloir d’avoir besoin de penser à moi ? Ça ne lui traverserait pas l’esprit une seconde. Elle sait mes fonctionnements, je sais l’impact que ça peut avoir sur elle, on fait tous les deux avec parce qu’au fond on sait très bien que jamais on se lâchera. C’est ça aussi une famille, parfois tout ne s’accorde pas mais on sait qu’on s’aime alors on se dit que ça ira. Et ça ira.
Et pendant que Takuma prend le temps dont il a besoin pour se plonger à son tour dans le grand bain j’observe les alentours en silence. Un environnement inconnu, presque trop calme et pourtant ça n’est pas comme si j’étais un grand adepte du bruit et de la foule. C’est simplement différent et sans trop y faire attention je suis en train d’essayer de visualiser ce qu’a pu être l’enfance de mon ami ici. Dans ce pays.

« Tu sais, je te disais que j’ai été un peu connu ici. »

Attention de nouveau captée et sur le visage un sourire. De celui qui se moque gentiment de son pote parce que lui-même tourne parfois tout ça en dérision. C’est un pan de sa vie, un monde que je ne connais pas là non plus mais un morceau de ce qui fait qu’il est celui qu’il est aujourd’hui. Un truc que très peu connaissent alors je me sens toujours privilégié quand il m’en parle.

« J’étais ado et j’avais pas vraiment d’adultes pour chaperonner mes conneries. Donc j’ai signé des trucs qui me paraissaient corrects… alerte spoiler : je me suis foiré comme une merde. J’ai été sacrément entubé d’une certaine somme. Or j’ai fouillé un peu la loi, et il y a bien une partie qui me revient. Donc l’idée à la base était de la récupérer... sauf que je me suis défilé comme un gosse et ton texto m’a donné une suuuper excuse pour faire comme si c’était pas un manque total de courage que de faire demi-tour. »

Comme un sentiment familier, un écho, quand il évoque son statut d’ado sans adultes pour le chaperonner. Ça n’a jamais vraiment été mon cas puisqu’ils sont nombreux ceux que je pourrais appeler pour n’importe quoi, n’importe quand, mais difficile de ne pas penser à l’absence des parents depuis des années maintenant. Il se passe rarement un jour où je ne pense pas à eux, où je ne me demande pas ce qu’il penserait de celui que je suis devenu. Est-ce qu’ils approuveraient mes choix ? Est-ce qu’ils m’encourageraient à poursuivre mes rêves ou bien chercheraient à me ramener sur terre ? Est-ce qu’ils apprécieraient mes amis ? Mon petit ami ? Je peux juste me faire des suppositions en prenant comme repère l’image que j’avais d’eux et réaliser chaque fois un peu plus la chance que j’ai eu d’avoir des parents comme eux. Surtout en comparant avec ceux d’autres personnes, aussi absent que les miens tout en étant encore en vie.

« J’y retournerai. »

Je ne sais pas pourquoi, ça me prend comme ça. Pas de temps de réflexion, juste la spontanéité qui se manifeste alors que je tourne la tête vers lui et croise son regard.

« J’peux venir avec toi si tu veux, et on y va maintenant. »

Parce que t’as pas assez d’emmerdes dans ta vie Enzo Ryans, ça doit être pour ça. Va te foutre des types à dos alors que ça ne te concerne même pas, t’as raison, avec un peu de chance ça sera des Yakusas en plus de ça.

« Tim a peur de moi et pas mal de gens à Poudlard me voyaient comme une grosse brute alors écoute, si ça peut aider … »

Haussement d’épaules et dans le creux du ventre une sorte de fourmillement. Une part d'amertume derrière ces mots-là ? Pas vraiment. En d'autres circonstances sans doute mais pas ici.
Toujours cette petite voix qui me dit de me tenir tranquille mais je ne l’écoute pas, pas aujourd’hui, pas pour ça. Pire, j’en rajoute une couche en me tournant entièrement vers lui et en écartant les bras avec un sourire de petit con sur le visage.

« Sers-toi de moi, j'te prête mon corps. »

Objectifie toi toi-même, très bonne idée ça aussi.

« Ou alors on attend 24h pour travailler un peu plus l’effet. »

C’est vrai que se pointer avec un loup de la taille d’un poney ça peut faire son petit effet mais j’ai rencard avec ta meuf demain donc dommage, ça sera pas possible pour moi.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mer 18 Aoû 2021 - 17:18
« J’peux venir avec toi si tu veux, et on y va maintenant. »

Ça, il s’y attendait, étrangement. Rien qu’à voir le regard que son ami lui envoyait, Takuma se doutait de ce qu’il avait en tête. A vrai dire, l’idée lui avait même traversé l’esprit une seconde avant qu’il ne l’évoque lui-même et à présent, il ne pouvait s’empêcher de tracer un sourire amusé.

« Tim a peur de moi et pas mal de gens à Poudlard me voyaient comme une grosse brute alors écoute, si ça peut aider … »

Cette fois, le sourire qu’il lui adressait était un peu tordu, l’observant à moitié moqueur, à moitié atrocement conscient des souffrances qu’il y avait en arrière de ces mots.

« En même temps t’as l’œil vicelard, que veux tu… On voit le danger en toi, c’est une évidence. »

Evidemment. C’est tout à fait ce qu’il pense, c’est bien connu…
La réalité, c’était qu’il y avait dans ce petit sourire une amitié profonde et un remerciement muet qu’il n’exprimait pas autrement qu’au travers d’une certaine dose de tendresse tue. Toujours là pour aider, voilà ce qu’il était, leur grand méchant loup. Bande de connards. Takuma n’avait jamais compris comment certains pouvaient agir ainsi, aptes à chercher le sombre chez n’importe qui, à les amener au bout de leurs capacités. A bout, tout court. Lui, voyait surtout que là où il ne demandait pas d’aide, ne voulant pas accabler quelqu’un qui avait déjà trop à faire, celui-ci se proposait de lui-même, sans même réellement s’interroger sur la dangerosité potentielle d’une telle escapade. Pas de Yakuza, rassures-toi mon pote.

Et déjà, il ouvrait grand les bras, un sourire de branleur sur les lèvres.

« Sers-toi de moi, j'te prête mon corps. »

De nouveau, un rire franc claquait entre les lèvres du nippon tandis que son ami enchaînait :

« Ou alors on attend 24h pour travailler un peu plus l’effet. »
« Ah c’est sûr, ça peut surprendre… Retour sur les tabloïdes certain : j’ai connu plus discret comme intervention cela dit. Mais efficace ! J’le vois déjà se pisser dessus. »

Surtout pour un moldu qui n’avait aucune idée de l’existence de la magie. Et d’autant que la prévalence des lycans n’était pas énorme sur cette île. Du moins encore moins qu’ailleurs.

« Cela dit, toi tu devrais faire gaffe, un jour je vais te prendre au mot et retourner te rouler des patins dans les geôles hein ! » Oui, parce qu’on croise des geôles régulièrement en dehors de Poudlard, c’est bien connu. Enfin, à vrai dire, pour le coup, si…. Chose qui n’avait pas grand-chose d’une bonne nouvelle. « … Ou ailleurs, hein, pas besoin de rester dans le glauque. Ne nous planquons pas dans les sous-sols, voyons, on a dépassé ça. »

On avait dit pas de perches putain !
C’est lui qui me cherche !

« Déso, mais tu cherches ! » Ouais, voilà, tout pareil. « Bon, vraiment, t’es motivé ? Tu renies ma super balade en mode rural, ambiance encens, forêt et fleurs de cerisiers pour la mission en plein Tokyo, ambiance buildings, pots d’échappements et déplacements rythmiques à moitié creepy ? » Oui, ça lui avait toujours posé problème, observant les humains se déplacer en rang d’oignons, comme des moutons parfaitement calibrés.

T’étais pas fait pour vivre dans ce pays, mon cher Takuma.
Oui ? ça y est, c’est dit, c’est fait ?

« Bon bah retour sur les terres de mon adolescence alors… Si t’es chaud pour rouler des mécaniques, c’est parti ! » Un instant, il détaillait son ami de haut en bas, semblant prendre conscience de son aspect massif. « Faut avouer que j’ai l’air d’une crevette à tes côtés moi. » Et pourtant, il était grand, fin, certes, mais loin d’être maigrichon pour un japonais. Mais forcément, à côté d’Enzo, Takuma faisait pâle figure.
Faisant demi-tour sur place, le jeune homme lui lançait par-dessus son épaule un simple : « Hey Enzo ? Merci. » Puis, après quelques pas. « Et c’est pas obligé hein, si tu le sens pas, je comprends complètement. » Histoire de lui donner une porte de secours, conscient de la présence de la lune, de la fatigue, des émotions brouillées.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Jeu 19 Aoû 2021 - 10:40
« Ah c’est sûr, ça peut surprendre… Retour sur les tabloïdes certain : j’ai connu plus discret comme intervention cela dit. Mais efficace ! J’le vois déjà se pisser dessus. »

Possibilité. Très forte probabilité. Est-ce que c’est déjà arrivé ? Pour la santé mentale de tout le monde, y compris et surtout la mienne, je vais éviter de répondre à cette question. Que personne ne m’a posé soit dit en passant.

« Cela dit, toi tu devrais faire gaffe, un jour je vais te prendre au mot et retourner te rouler des patins dans les geôles hein ! »

Haussement frénétique de sourcils.

« … Ou ailleurs, hein, pas besoin de rester dans le glauque. Ne nous planquons pas dans les sous-sols, voyons, on a dépassé ça. »

Insérer ici un rire en souvenir du bon vieux temps, parce que non tout n’était pas sombre dans ce qu’on a pu vivre là-bas. Loin de là même. Ces connards ont fait de notre vie un Enfer mais ils nous ont offert un cadeau inestimable : Les liens qu’on a tissé les uns avec les autres.

« Déso, mais tu cherches ! »
« Hey j’suis un marin qui revient au port, j’ai des besoins ! »

Ben voyons.

« Bon, vraiment, t’es motivé ? Tu renies ma super balade en mode rural, ambiance encens, forêt et fleurs de cerisiers pour la mission en plein Tokyo, ambiance buildings, pots d’échappements et déplacements rythmiques à moitié creepy ? »
« Vendu comme ça ... »

La grimace est réelle, le doute ne s’installe pas pour autant. C’est clairement pas l’environnement où j’aurai envie de traîner des heures, surtout pas juste avant une Pleine Lune alors que mes sens sont affûtés comme jamais, mais je me dis qu’on aura pas besoin de beaucoup de temps. Un simple aller/retour, le temps de mettre un coup de pression si nécessaire et de repartir quand il aura récupéré son chèque. Depuis quand je trouve ça normal de me faire ce genre de réflexion ? Mais ça change rien au fait que je serai présent pour mon pote, la question ne se pose même pas pour moi.

« Bon bah retour sur les terres de mon adolescence alors… Si t’es chaud pour rouler des mécaniques, c’est parti ! »

Rouler des mécaniques. Qui êtes-vous, vielle personne qui avez pris possession de mon ami d’une vingtaine d’années ? Oui, j’me souviens plus de son âge exact, shame on me qu’on me brûle sur la place publique mais allons rouler des mécaniques. C’est tellement mon genre ! Il n’empêche que ça m’excite un peu, et non ça n’a rien de sexuel.

« Faut avouer que j’ai l’air d’une crevette à tes côtés moi. »
« Ouais mais une crevette avec des tatouages partout, c’est bien plus impressionnant. Et puis j’ai aucun mérite, j’tiens ça de mon père. »

De la Lycanthropie et du sport que je fais tous les jours, aussi, mais on n’est pas là pour parler de mon IMC et de mes activités extrascolaires. Extra tout court. Oui un jour je vais m’y remettre, à ça ou autre chose. Un jour.

« Hey Enzo ? Merci. »

Pour seule réponse à sourire, je lui emboite le pas en glissant mes mains dans mes poches.

« Et c’est pas obligé hein, si tu le sens pas, je comprends complètement. »

Je pourrais ne pas le sentir, je pourrais m’inquiéter de la situation, de mes réactions, mais c’est pas le cas. Et c’est con mais ça fait du bien. Ça fait du bien de faire quelque chose sans réfléchir, sans se demande ce qui pourrait foirer, comme un aperçu des sales mômes qu’on a été.

« On laisse pas Bébé dans un coin. »

Ce sale môme là, oui, avec son sourire en coin et son air de pas y toucher.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Dim 22 Aoû 2021 - 18:23
« Hey j’suis un marin qui revient au port, j’ai des besoins ! »
« Beh évidemment, j’comprends j’comprends… »

L’air moqueur se posait sur lui avec amusement. Il reconnectait doucement l’air de rien et passer du temps avec un ami semblait faire du bien à l’un comme à l’autre. Pour être honnête, ces temps-là lui manquaient, comme s’il ne faisait que se rendre compte, avec un temps de latence, que son isolement n’avait pas fait que comporter des parts positives. Que les autres lui avaient manqué, que le contact humain, léger ou non, était part intégrante de son univers. Les besoins des uns et des autres, les histoires et la pression inhérente à la présence d’Aileen et Alec autour de lui avaient pesé trop lourd sur des épaules plus fragilisées qu’il le pensait. Les emmerdes étaient toujours là, en témoignaient la conversation qu’Enzo balayait sous couvert d’humour… et pourtant tout ça lui manquait, c’était une évidence.  

« Vendu comme ça ... »

Le rappel des conditions de ce monde qu’ils n’allaient pas tarder à rejoindre traduisait les pensées du nippon pour ce que son ami pouvait traverser ou ressentir. Vivre, d’une manière générale, parfois avec une intensité bien particulière que lui conférait la pleine lune. Jamais Takuma ne pourrait vraiment comprendre, c’était certain. Pour autant, à l’annonce d’Enzo, il avait bouquiné le sujet, appris, intégré, imaginé. Sans vraiment y sembler, il ne manquait seulement jamais une pensée pour lui, conscient des phases de la lune et de ce que ça impliquait. C’était là, une part d’un ami cher à ses yeux, alors il la prenait en compte comme n’importe quelle autre part de lui.
Peut-on se moquer de ces connaissances accumulées qui ne l’empêchaient pourtant pas d’être aveugle aux indices disséminés autour de Caitlyn ? Totalement, allez-y. D’autant plus qu’il avait démasqué Ever en quelques mois tandis qu’il n’y songeait pas pour son amie.

« Ouais mais une crevette avec des tatouages partout, c’est bien plus impressionnant. Et puis j’ai aucun mérite, j’tiens ça de mon père. »
« Hey, pourquoi j’ai fait ça à ton avis ? Prochaine étape je me tatoue des abdos ! »

Les tiens se voient déjà, j’te signale.
Mouais.

Les remerciements étaient plus profonds qu’il n’y paraissait, la porte de sortie, véritable. Mais Enzo ne prenait pas cette option… chose dont il se doutait, d’ailleurs. Il n’insisterait pas plus, avait confiance en lui, en ses limites et ses perceptions. Il n’y avait là qu’une option ouverte. Non saisie. Alors go !

« On laisse pas Bébé dans un coin. »
Un rire claquait. « J’aime quand tu m’appelles Bébé ! »

Ais-je dû regarder sur le net pour avoir la référence ? Tout à fait.

En attendant, les deux couillons avaient quitté leur paysage idyllique, reprenant le chemin inverse le long du pont, des ruelles ombragées, des grands arbres et rejoignirent la ville aux bâtisses de bois, dévalèrent les escaliers pour retourner au portoloin… qui avait déjà été changé. L’efficacité du monde magique… !

Ainsi, en l’espace d’un tournoiement, ils quittaient le calme de la campagne japonaise pour se retrouver dans le vacarme étouffé de béton de la ville. Quelques battements de cœur plus rêches et Takuma embarquait son ami dans les ruelles, rejoignant les axes parallèles tout en évitant volontairement les petites ruelles qui rappelaient à ses veines comme certains poisons leur manquaient. Oui, ses muscles étaient plus tendus ici, sa respiration plus vive, son cœur plus actif, comme si l’intégralité de son organisme s’apprêtait déjà à fuir ou se battre. Ce qu’il avait fait toute sa vie dans l’océan de bitume, d’ailleurs. Mains dans les poches, il se glissait entre les gens, rejoignait un grand axe, Enzo sur ses pas, circulant entre les buildings tendus vers le ciel, l’éclairage artificiel d’enseignes animées ou de néons s’ajoutant à la lumière naturelle du soleil. Direction donc la grande place entourée des mastodontes de briques et de glace où le soleil se reflétait. Quelques arbres, un arrêt de bus devant la grande porte où il avait fait l’intégralité de sa courte carrière. A droite, sur un écran, défilaient les nouvelles idoles du jour, la pop ayant succédé au visual kei. Aucune trace de sa gueule, ses tatouages, sa  guitare ou ses clips étranges, bien sûr. Il était de nouveau un inconnu, oublié et remplacé en un an top chrono. Sur l’écran, une bande de nanas aux costumes colorés se lançaient dans une danse parfaitement chorégraphiée quand ils se décidaient à s’avancer.

« Prochain coup j’me lance là-dedans. La jupette mettra mes jambes en valeur. »

Et il passait le grand tourniquet de verre pour entrer dans le hall, quelques pas le forçant à faire le grand saut, encouragé par la présence de son ami. Ainsi, sa posture changea, se chargeant d’assurance, le menton haut, le regard plus droit, un poil plus dur, plus fermé. Un homme se redressait en les observant entrer, les yeux sautant de l’un à l’autre en les saluant d’un ton poli mais sec.

Takuma répondit sur le même mode sans s’arrêter au guichet. Enzo ne comprendrait probablement pas les phrases prononcées, mais en devinerait le sens : ils n’étaient pas attendus, n’avaient pas à monter… mais ils le feraient quand même. Du dos de la main, Takuma appelait l’ascenseur dans le fond du hall et entrait d’un pas calme tandis que l’autre sortait en trombe de derrière son guichet. Assuré et calme, le ton sûr, inflexible… tout ce qu’il n’était pas dans le fond de son être.

Les portes électriques se fermaient alors que l’autre approchait, leur fonçant dessus. Sans doute pas assez vite pour qu’il ne puisse arrêter l’ascenseur.
Enzo …  Mécaniques ?
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Mar 24 Aoû 2021 - 16:24
« J’aime quand tu m’appelles Bébé ! »
« Ils disent tous ça. »

Parce que t’appelle beaucoup de gens « Bébé » ? A vrai dire, oui. Quelques-uns. Tic de langage. Mais c’est pas le propos.

Le propos c’est que je me laisse happer aussi bien par le décor que par l’ambiance et j’en oublie petit à petit ce qui peut peser sur mes propres épaules. Une diversion qui est la bienvenue, un moyen de revenir lentement mais sûrement sur terre, de me rebrancher à la réalité, aux autres surtout. On pourrait croire que je me sers de lui, de ça, et c’est sans doute en partie la réalité mais ça va bien au-delà. Je n’intellectualise pas tout ça, je ne m’interroge pas sur mes raisons de dire oui ou merde, j’agis et c’est tout. Ça ne me vient simplement même pas à l’esprit de dire non, de ne pas répondre présent alors qu’il ne m’a d’ailleurs rien demandé. Et plus que ça, ça me réconcilie un peu avec celui que je suis vraiment, celui que je n’ai pas pu être à 100% ces derniers temps malgré moi.
Alors je suis le mouvement et mes sens s’affolent, dans le bon sens du terme. Certes le bruit, l’agitation et les odeurs sont un contraste soudain et brutal avec le calme du cadre précédent mais ils ne m’agressent pas. Poussé par la curiosité j’observe, je ressens, j’écoute et je découvre. Une expérience sensorielle qui s’étend jusqu’aux réactions de l’organisme de Takuma que je sens s’agiter au fur et à mesure. Un regard posé sur son dos alors que je marche un pas derrière lui, une volonté de ne pas lui apporter une source de stress supplémentaire qui se traduit par un sourire dès que mon regard croise le sien. Est-ce qu’il s’agit simplement de la situation ou bien autre chose couve sous la surface ?

« Prochain coup j’me lance là-dedans. La jupette mettra mes jambes en valeur. »

Reconnexion avec l’environnement et mon attention se détache de lui pour se poser sur ce qu’il regarde. Rien d’habituel pour moi ici, le dépaysement est total et dans la découverte je ne pose aucun jugement sur quoi que ce soit. Pas mon univers musical, si tant est que j’en ai un.

« J’peux moi aussi ou il faut absolument être Japonais ? Parce que j’ai des jolies jambes à mettre en valeur tout pareil. »

On serait pas mignons toi et moi comme ça ? Assurément. Une dernière pirouette avant de retrouver la concentration, quelque chose de plus grave, une certaine excitation dans le creux du ventre. Ce qu’il ressent est bien différent et pour cause, ça ne me concerne pas directement. Si j’en suis détaché, lui replonge dans un monde qu’il a laissé derrière lui avec tout ce que ça doit sans doute impliquer en terme émotionnel. Je le suis sans rien dire, le visage désormais fermé et les sens en éveil, à l’affut de tout ce qu’ils peuvent capter. Je devrais avoir peur, n’importe qui de censé aurait peur, pourtant ça n’est pas le cas. Ici j’entre dans la peau de quelqu’un d’autre et toute trace de fébrilité s’envole. Ça ne devrait sans doute pas mais tout ça a un côté reposant, comme se détacher de soi-même en oubliant tout le reste. La prise de risque est réelle mais j’ai suffisamment de recul pour me dire qu’il ne m’entrainerait pas dans quelque chose de dangereux. Et qu’il me connait si bien – côte lueur comme côté ombre – pour anticiper ce qui pourrait mal tourner. Alors non, je n’ai pas peur, j’avance là-dedans le visage fermé et le menton haut, le buste en avant, une sorte de caricature qui me fera sourire quand j’y repenserai plus tard.
Les codes je ne les connais pas, rien ici n’est un repère pour moi mais je devine, analyse les faits, continue mon chemin sans reculer quand les portes d’un ascenseur s’ouvrent devant nous. Non, c’est clairement pas l’invention non-magique que je préfère et ce pour des raisons évidentes mais j’y entre et rien ne transparait. Pas même la montée d’adrénaline qui éclate dans mes veines quand ce type se précipite vers nous. A ce moment-là le cerveau se déconnecte, ne s’encombre plus de quoi que ce soit et laisse faire l’instinct. L’instinct, il me pousse à bloquer les portes avant qu’elles ne se referment complètement et attraper l’homme par le col avant de le faire rentrer dans l’ascenseur avec nous.

« Puisque t’as l’air si pressé, tu vas venir avec nous. »

Est-ce qu’il me comprend ? Dans un truc pareil j’imagine que tout le monde parle anglais et à vrai dire ça n’a pas tellement d’importance. Ce que j’expérimente ici c’est comme être sorti de son propre corps, de son propre esprit, le regard plongé dans celui de cet inconnu qui ne fait rien de plus que son boulot. Je ne le malmène pas mais je laisse pourtant ma conscience de côté et laisse Takuma gérer l’aspect logistique sans vraiment lui adresser le moindre regard. Est-ce que c’est un coup à finir en taule ? Est-ce que les lois ici sont plus strictes, les punitions plus sévères ? On n’a pas tellement le droit de déconner avec l’utilisation de la Magie mais je me dis qu’il nous restera toujours ça en dernier recours. Parce que j’en connais quelques-uns qui ne seraient sûrement pas tellement ravis que j’aille me foutre dans la merde, surtout pas après ces dernières semaines.
Mais je ne peux pas le nier, il fait du bien ce shot d’action, cette puissance évidente qui coule dans mes veines. Pas du genre à en abuser, pas du genre à l’invoquer, j’oublie parfois qu’elle est pourtant bien présente. Et tout ça, c’est uniquement l’humain qui se manifeste. Aucune trace du loup qui pourtant oscille sous la surface.

Pas vraiment menaçant, simplement calme mais imposant.

Quand les portes s’ouvrent de nouveau, au bon étage je suppose, mon regard n’a pas quitté ce pauvre homme qui n’a rien demandé. D'un geste de la tête que je lui fais comprendre de sortir, lui emboitant le pas sans être jamais très loin de lui.

« A ta place j’éviterai d’appeler la sécurité, personne n’a envie de perdre son temps ici. »


Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 27 Aoû 2021 - 2:33
« J’peux moi aussi ou il faut absolument être Japonais ? Parce que j’ai des jolies jambes à mettre en valeur tout pareil. »

Le regard du jeune homme se posait sur son ami avec amusement, un petit sourire complice sur les lèvres. « Allez vendu, on aura deux fois plus de succès comme ça. Et des murges de tournées beaucoup plus drôles aussi… » Aussi, surtout. L’image était même assez plaisante pour être honnête.

La dernière pirouette avant de changer de visage, oui. Un instant de légèreté avant de tout enfouir pour passer les portes. Un dernier moment auquel se raccrocher, surtout, car c’était bien ce qu’il faisait : il se raccrochait à son ami, à son assurance, au regard fixe et droit, à cette assurance franche, presque brutale par certains aspects qui transparaissait de sa démarche alors qu’ils entraient dans le grand bâtiment aux façades transparentes. Venez chez nous, on n’a rien à cacher ! Tu parles. Commencez par mettre de véritables vitres et non du verre teinté. C’était peut-être ça le message caché : nous vous observons mais vous ne saurez jamais véritablement ce qui se passe ici. Très bien choisi dans ce cas. Rien de profondément malsain ou dangereux… il fallait dire que depuis les dernières années, la vision des choses du nippon avait sans doute grandement évolué. Donc non, rien qui puisse faire vivre de réels risques à son ami. Ou seulement une arrestation pour violation de propriété privée quoi… Hey, un sprint et on transplane non ? Nan, sérieux, ne pas se faire attraper ça serait mieux.

ARRETE
DE
PENSER

Est-ce qu’il avait pensé à l’ascenseur avant de rentrer ici ? Non. Est-ce qu’il y pensait maintenant ? Oui.

TA
GUEULE.

Oh comme elles fusaient ces pensées. Comme il aurait fait demi-tour s’il n’y avait pas celui qui lui semblait soudainement être une montagne de certitudes à ses côtés. Faux, complètement faux et il en avait parfaitement conscience. Mais alors qu’il avançait droit devant, balançait quelques phrases assurées au secrétaire, Takuma avait besoin de se raccrocher à cette version falsifiée des faits. Il savait qu’il n’y avait là qu’une caricature, qu’un masque d’assurance qui se peignait sur les traits de son ami comme sur les siens. Rien ne transparaissait chez lui, alors si l’adrénaline pulsait d’un bloc quand l’homme les rejoignait en tapant le sprint de sa vie, c’était bien Enzo qui intervenait vivement. D’un bloc, il arrêtait les portes et attrapait l’homme par le col.

« Puisque t’as l’air si pressé, tu vas venir avec nous. »

Pas vraiment de violence réelle – quoi que les japonais étaient très sensibles à l’intrusion de leur espace personnel – mais une fermeté qui n’accepterait qu’une reddition. D’ailleurs si l’employé était parti pour intervenir, il s’était raidi brusquement, baragouinant quelque chose que ni Takuma ni Enzo n’avaient sans doute compris. Un mélange d’anglais et de japonais, embrouillé et bafouillé. Rude premier jour pour monsieur Muramasa…

Pas un regard d’Enzo, Takuma ne le notait même pas, le regard étrangement neutre, soudainement soulagé, il claquait du poing le numéro d’étage, laissant les portes se fermer devant eux trois. Une chose était claire : il n’aurait sans doute pas eu ce cran s’il n’y avait pas eu cette intervention de son ami. Sans doute aurait-il été … soit incroyablement lâche, profitant de l’occasion pour se défiler, soit étrangement invectif, larguant ce qu’il gardait depuis des années sur un pauvre type qui n’avait rien demandé et qui, surtout, ne pourrait rien y changer. Sauf qu’à l’instant, son souffle baissait d’un cran, ses muscles tendus se détendaient par endroits, son esprit s’apaisait, comme à l’instant même où il entrait sur scène des années plus tôt. Combien de temps avait-il passé à jouer le con à Poudlard ? L’exalté sur scène ? L’adolescent fermé ou l’enfant idiot en classe ? Tant d’années de comédie, alors brusquement, il switchait. Le temps d’un voyage en ascenseur et il passait de la fausse assurance encore bien fébrile à un masque bien plus solide. Les traits creusés, presque durs, le regard droit, le menton haut, il ressemblait presque à son père ainsi… mais ne lui dites pas.

Sans doute calquait-il le calme imposant de son ami. Qu’importe, ça faisait le job.

Les portes s’ouvraient, Enzo faisait sortir le type d’un signe de tête, lui emboitant déjà le pas. Takuma, lui, était déjà passé devant.

« A ta place j’éviterai d’appeler la sécurité, personne n’a envie de perdre son temps ici. »

Ces mots sonnaient comme étouffés à ses oreilles, assourdis par le bourdonnement du sang dans ses tympans. Pourtant, alors il s’avançait jusqu’à poser la main sur la clenche d’un bureau bien souvent visité, celle-ci ne tremblait qu’à peine, l’étonnait par son calme. Pas d’hésitations, il ne frappait pas, entrait d’un bloc, laissant la porte ouverte derrière lui pour laisser son ami passer. Et leur nouvel ami du jour, sans doute.

Une grande pièce éclairée par la lumière naturelle de l’extérieur à laquelle se mêlait les néons des enseignes brillant à l’extérieur. Un tapis aux mailles fines au sol, un bureau de bois fin, ouvert sur les extérieurs laissait dépasser le corps mince du petit homme rude au crâne chauve qui sursautait en les voyant arriver.

« Bonjour Minamata. » Prononcé dans sa langue.

Un surnom auquel l’homme tenait et qui avait toujours échappé au jeune homme. Référence à la baie ou à la maladie, il n’en savait rien mais supposait qu’il devait y avoir un rapport. Un lien avec l’habitude séculaire du métier de se cacher derrière des pseudonymes aussi, peut-être.

« Oh ! Hayato-kun ! Quelle surprise ! »

Ton 'kun', je vais te le faire bouffer.

En japonais, bien sûr, d’un ton enjoué qui se flétrissait pourtant à l’instant même où il prononçait ces mots. « Que me vaut ce plaisir ? »
« Tu sais parfaitement ce qui m’amène. J’ai un chèque à récupérer. » Toujours en japonais.
« Bien. Nous allons parler avant ça. Présente moi à ton ami je te pris, et assieds-toi. »

Takuma l’avait rejoint depuis, traversant le bureau dans sa longueur et attrapant la main de l’homme qui s’était dirigé naturellement vers son interphone pour… eh bien, appeler la sécurité sans doute. Trouvant le ton, l’ancien Serdaigle le forçait à y renoncer, d’un geste calme mais implacable.

On a vécu avec des tarés plusieurs années – et oui Logan je te compte dans le lot, déso pas déso – c’est pas pour m’écraser devant toi, soyons clairs. Comme quoi toute expérience est bonne à prendre ! – insérer ici un rire tendu –

Et tendu, il l’était. Mais il renonçait à son geste.

« D’accord… Donc pas de présentations ? Je ne saurais pas qui est ton ami ? »
«  Oh, personne… une des fameuses mauvaises fréquentations dont il fallait me protéger. Eh puis tu sais ce que tu disais non ? Ya des tas de connards dangereux dehors, ‘sors jamais sans l’un de nos gars’. Bah voilà. C’est l’un d’mes gars. »

Cette fois Takuma avait répondu en anglais, d’une voix assurée qui tranchait fort avec la pensée furtive qui glissait dans son esprit : Oui, parce que t’en as beaucoup des comme lui cachés dans la poche arrière de ton slibard, c’est bien connu.

« Très bien, je te sens tendu mon ami. Et manifestement décidé à renier ta langue maternelle.. pourquoi ce changement, d’ailleurs ? Pour permettre à ton petit pote de suivre quand on parle de lui ? » Ah, le ton changeait.
« La langue de ‘mon p’tit pote’ importe peu. Pourquoi l’anglais, tu ‘te doutes pas ? J’me rappelle pourtant d’un gosse qui s’est fait entuber parce qu’il parlait pas assez bien la langue quand il a signé ton foutu contrat internationnal. C’est con, j’ai appris depuis.. » Et le sien aussi. Sans doute plus brut, plus vulgaire, cachant une colère plus évident.
« Alors tu sais que… »
« Je parle, tu la fermes, t’en as assez fait. » Il l’interrompait, enchaînait, trop conscient de la capacité de cet homme à vous perdre dans ses méandres jusqu’à vous amener spécifiquement où il le souhaitait. « J’ai planché sur le dossier depuis. Et il me semble qu’il y a des termes juridiques franchement bancals dans ton histoire, t’en penses quoi ? »

L’homme laissait un regard appuyé sur Enzo, délaissant totalement celui qui était autrefois « son petit prodige ». Mais il ne semblait pas l’ignorer, si on s’attardait un peu sur les mouvements brefs de ses doigts, il était aisé de comprendre qu’en réalité, certaines réalités juridiques l’inquiétaient réellement. Alors il faisait voler son regard vers l’employé du fond de la salle.

« C’est par là qu’ça s’passe. »

Oh Enzo, celle-là tu vas me la ressortir d’ici peu.
Takuma déposait un papier bien en évidence sous ses yeux. Et un second.
Hésitant, levant les yeux au ciel, l’homme répondait finalement :

« Ok, écoute, c’est bien beau tout ça mais tu sais parfaitement que je ne signerais pas ce document. » Le producteur avait repris le japonais.
« Je sais aussi que ça là, c’est d’la fraude. Et que t’as déjà deux procès au cul pour fraude à l’assurance et je suis certain, un sacré paquet de jeunes ‘à aider’. » Dans son champ de vision, Takuma voyait la réaction de son ami, comprenant à son regard que l’autre avait réagit à ses propos, son rythme cardiaque en vrac, une perle de sueur en couche fin sur sa peau. Inquiétude. En somme, le message était clair, indécelable aux yeux des autres mais aisé entre deux amis de longue date : ils le tenaient. «  J’veux mon chèque et mes droit, c’est tout. Après on décarre d’ici. »
Cette fois il reprenait en anglais. Une volonté de le perdre ? De se conformer à son rôle ? « On pourrait signer un nouveau contrat toi et moi tu sais. Ton retour ferait un tabac… »
« Pas de contrat. » Sec, tranchant. « Mon chèque, mes droits, fin de l’histoire. »

L'argent, le droit de disposer de ma propre image. Un chèque, une signature et ciao la compagnie.

Il semblait dur, inflexible, du moins Takuma en avait l’impression… et pourtant la peur reprenait le contrôle. Craignant ne pas réussir à obtenir ce qu’il cherchait, arrivé au bout de son laïus, l’ancien musicien n’avait pas bougé… pourtant son cœur s’écrasait sur ses cotes avec fureur, croyant peu à peu comprendre que ses arguments ne suffiraient pas.

Repartirait-il la queue entre les jambes, de retour dans la peau du gamin idiot qui s’était fait avoir à l’époque ? Les sous, il les avait touchés, mais pas l’intégralité. Bien sûr, il s’attendait à de la résistance, mais il fallait l’avouer, il commençait à arriver au bout de son argumentaire longuement répété depuis des années.

Pourtant l’autre flanchait, ses doigts se resserraient sur le bas de son pantalon tandis que ses neurones crachaient leurs informations dans ses synapses, les informations courant dans ses nerfs avec empressement. Il savait ce qu’il risquait, sans doute plus que le gamin. Et l’autre, là, l’inquiétait plus encore. Peut-être pouvait-il jouer les prolongations ? Gagner du temps ? Si Takuma ne lui ferait pas de mal malgré ses grands airs d’adulte fraichement dégrossi, il ne connaissait pas l’autre et le gosse avait raison, il y avait dans les rues bien des truands – il le savait, dans le fond, il en était un – et face à certains, quelques yens ne valaient pas de prendre de trop gros risques.
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Ven 27 Aoû 2021 - 14:32
Étrange sentiment que d’être quelqu’un d’autre, de flotter en dehors de son corps, d’être spectateur d’un show dont on est pourtant acteur. Et si moi je peux entendre les cœurs battre, eux ne savent pas à quel point le mien cogne aussi vite et aussi fort. Pas mon élément, rien de familier si ce n’est ce type que je connais depuis quoi … trois, peut être quatre ans désormais.
Et ce type je le laisse gérer, présent sans trop l’être, écoutant une langue que je ne comprends pas et découvrant un univers qui ne ressemble ne rien à ce que j’ai déjà pu côtoyer. L’espace, l’environnement, l’attitude des gens qui me semblent si drastiquement différente du pays où j’ai grandi. Tout à l’air stricte, rien qui dépasse, pas un bruit ou presque alors que chez moi c’est l’effusion, le soleil, les shorts et la décontraction la quasi-totalité de l’année.
Ici les âmes s’échauffent, les sourires sont faux, les organismes trahissent bien des choses et je n’ai pas besoin de comprendre ce qui se dit pour en deviner les contours, les intentions. Statique près de la porte mais dans une posture relativement détendue, l’attention portée sur les trois hommes présents en même temps, je reste aussi bien dans mon coin que dans mon rôle. Présence silencieuse d’un type qui expose tout ce qu’il n’est pas et qui comprend qu’on parle de lui mais qui ne bronche toujours pas.

«  Oh, personne… une des fameuses mauvaises fréquentations dont il fallait me protéger. Eh puis tu sais ce que tu disais non ? Ya des tas de connards dangereux dehors, ‘sors jamais sans l’un de nos gars’. Bah voilà. C’est l’un d’mes gars. »

Plus tard ça fera sourire, ça fera rire même sûrement. A l’intérieur c’est déjà le cas puisque rien de tout ça de sens mais c’est un rappel au « bon vieux temps » quand entre les murs d’un vieux château de pierre on résistait ensemble à l’oppresseur. On se serrait les coudes, on se faisait parfois plus fort ou plus hargneux qu’on ne l’est vraiment, on va puiser au fond de soi pour trouver le courage.

« Très bien, je te sens tendu mon ami. Et manifestement décidé à renier ta langue maternelle.. pourquoi ce changement, d’ailleurs ? Pour permettre à ton petit pote de suivre quand on parle de lui ? »

Petit. T'es sûr de toi là ?

« La langue de ‘mon p’tit pote’ importe peu. Pourquoi l’anglais, tu ‘te doutes pas ? J’me rappelle pourtant d’un gosse qui s’est fait entuber parce qu’il parlait pas assez bien la langue quand il a signé ton foutu contrat internationnal. C’est con, j’ai appris depuis.. »
« Alors tu sais que… »
« Je parle, tu la fermes, t’en as assez fait. J’ai planché sur le dossier depuis. Et il me semble qu’il y a des termes juridiques franchement bancals dans ton histoire, t’en penses quoi ? »

Le regard de ce type plongé dans le mien je ne cille pas, ne baisse pas les yeux, ne dit rien. Son ton m’agace et je me prends de plein fouet tous les ressentis de Takuma mais c’est comme si j’étais fermé à tout ça. Pas par manque d’empathie, je ne serai pas là si c’était le cas, simplement parce que c’est la chose à faire puisque tout ça ne me concerne pas et que ça n’est en rien quelque chose que je maitrise. Je suis la grosse brute présente pour faire peur, les muscles et pas le cerveau, un choix que j’ai fait en mon âme et conscience.

« C’est par là qu’ça s’passe. »

Attitude ferme qui tranche avec tout ce que son organisme exprime mais encore une fois je suis le seul ici à pouvoir le percevoir et le déceler. Les échanges suivants se font de nouveau en Japonais, jusqu’à ce que Takuma enfonce le clou et impose sa volonté. Evidemment que c’est étrange pour moi de le voir comme ça, contrastant avec le type que j’ai croisé pour la première fois dans les couloirs de l’école et qui semblait au-dessus de bien des tracas. Une illusion, rien de plus, parce qu’il n’est qu’un homme tout simplement. Un homme avec un bagage chargé, un de plus.

« J’veux mon chèque et mes droits, c’est tout. Après on décarre d’ici. »
« On pourrait signer un nouveau contrat toi et moi tu sais. Ton retour ferait un tabac… »
« Pas de contrat. Mon chèque, mes droits, fin de l’histoire. »

La peur d’un côté, la peur de l’autre, l’animal qui s’éveille dans mes veines face à la lune si proche et ces odeurs qui retranscrivent si clairement certaines émotions. L’instinct du prédateur que je contiens en resserrant une main invisible autour de son échine comme l’homme serre son poing contre le tissu de son pantalon.

« C’est par là que ça se passe. »

Un besoin de bouger pour chasser certaines pensées, certaines pulsions peut être. Un truc qui me pousse à me décoller du mur contre lequel j’étais appuyé, décroiser les bras, faire quelques pas et attraper un stylo dans son pot à crayon pour le poser sur le document qu’il doit signer.
Les ombres dans le fond de mon regard ne lui sont pas nécessaire dédiées, elles sont pour tous ceux qui consciemment ou pas éveillent les plus sombres parcelles de mon être. Acceptées, utilisées à des fins autres, sans doute la meilleure option même si rien de tout ça était prévu.

#

C’est l’histoire de deux types qui tracent leur route en luttant contre un fou rire nerveux. Ils foulent le bitume dans ce dédale d’immeubles avec des chocs électriques dans le bout des doigts et un nœud qui se défait dans le ventre. Le papier est signé, le chèque est récupéré, est ce qu’ils risquent des représailles pour ça ? La question se pose, malgré le sourire. Malgré les rires.

« J’vais avoir des problèmes pour ça ? J’te laisse gérer avec la blonde et le ricain, sur ce coup-là ça sera toi mon gars. »

Un rappel à ses propres mots et l’adrénaline qui retombe, une pensée pour le gosse que j’étais et qui n’a jamais eu peur de prendre des risques. Ce même gosse qui a sauté par la fenêtre avec celle qui est devenue un membre de sa famille, sans réfléchir, sans même savoir s’ils parviendraient à gérer ce putain de balai ou s’ils allaient s’éclater contre le sol.

« Ça va ? »

Une main posée sur son épaule, bienveillante et concernée.

« T’as pas un sommet de montagne dans le coin où tu pourras hurler bien fort pour évacuer tout le stress ? »

Moi aussi, en fait.

▬ FINI POUR MOI (?) ▬
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 27 Aoû 2021 - 17:27
Le cœur battait à tout rompre, le fou rire nerveux secouant ses poumons alors qu’ils se perdaient dans les rues de Tokyo. Deux couillons à ne pas suivre le rythme comme les autres, à nager à contre courant. Deux amis, surtout, à se serrer les coudes et à marcher dans le même sens, qu’importe celui que prenait le monde. Quelque chose explosait dans la poitrine de l’ancien Serdaigle, dévastait le reste, abolissait le manque, cramait l’addiction, taisait les vices : une victoire. Enfin une putain de véritable victoire ! Le voir signer ce satané papier alors qu’il avait été celui qui s’écrasait quelques années plus tôt, décidant de s’en foutre, de disparaitre, de fuir… le voir plier cette fois déclenchait un torrent sauvage de joie brute dans son organisme. Sans doute aurait-il été moins solide sans la présence ou les interventions d’Enzo, c’était même certain, mais il s’agissait là d’une force, d’une bonne chose et non d’un poids à ses yeux. Une connerie d’une banalité crasse cognait en lui. Quelque chose comme « ensemble, on est plus fort ». Simple et lourdingue comme réflexion, certes, mais moins naïve qu’il n’y paraissait. Pour la première fois depuis des mois, il se sentait serein, son rire franc claquant dans la rue, s’envolant contre les murs de béton, noyé dans la foule, glissant sur les étendues de bitumes.

« J’vais avoir des problèmes pour ça ? J’te laisse gérer avec la blonde et le ricain, sur ce coup-là ça sera toi mon gars. »
« Je surveille tes arrières promis ! »

Evidemment, il se penchait, fixait son cul un instant. « RAS ! » L’instant suivant il soupirait lui-même en fermant les paupières dans un rire blasé. Se fatiguer soi-même : parfois ça fait du bien.

Allez, répond de manière un poil plus sérieuse, grand couillon dégingandé. « Je pense pas, ils sont dans l’illégalité, ce fric ça représente pas grand-chose pour eux, ils laisseront couler. » Pas de procès, il serait à leur désavantage. Pas de Yakuza dans un coin non plus, promis. Juste un requin du business à qui ce genre de choses arrivait plus souvent que de raison qui grognerait quelques heures de la tournure des évènements et de l’argent futur potentiellement perdu et qui passerait à autre chose dès le lendemain.

« Ça va ? »

Une main se posait sur son épaule, reflet amusant de son propre geste un peu plus tôt, dessinant par ce simple mouvement un sourire différent sur les lèvres de son ami. Tendre, oui, amusé, aussi, plus profond surtout. Plus joyeux.

« Très bien ouais. » Là ça va bien.

C’était vrai. En cet instant il n’y avait plus ce qui cramait ses veines actuellement. Il n’y avait plus qu’un poids qui s’évadait de ses épaules. Une épreuve de vie refermée, une page de tournée, une forme de liberté retrouvée.
Il y avait là une belle victoire pour le nippon, mais pas que. Il faisait également entrer, pas à pas, proches en proches, son passé dans son présent, s’acceptant entier et non morcelé comme il le faisait jusqu’ici. Oui, le gamin insouciant des débuts à Poudlard était une façade, une part de lui, réelle, sans doute, mais qui n’avait rien d’entier. Peu à peu, en revanche, il intégrait ce qui devait avoir sa place dans son quotidien. Peu à peu, il arrêtait de morceler chaque part de ce qu’il était et de ce qu’il avait vécu. Cessant de seulement passer à autre chose en faisant comme si ça n’avait pas existé.
Non, ça ne remuait pas d’anciennes épreuves, ça allégeait seulement le présent. Peut-être avait-il seulement besoin de résoudre peu à peu ce qui le tirait en arrière. Cesser de les nier.

« T’as pas un sommet de montagne dans le coin où tu pourras hurler bien fort pour évacuer tout le stress ? »

Un souffle amusé, un remerciement muet dans les prunelles et le plus âgé claquait son épaule d’un geste affectueux, ajoutant dans un clin d’œil un simple « Amènes-toi ! ».

Oh si, il en avait des montagnes où hurler son stress. Et ce monde de béton le rebutait dorénavant trop, alors de ruelles en ruelles, démontrant sa parfaite connaissance des lieux, il les amenait jusqu’à un autre portoloin.

Ça n’était que bien plus tard, posés à même la roche, à parler de tout et de rien, qu’il avait finalement prononcé ce simple petit mot « merci, mec. ». Dans le calme de la montagne, la brise du vent sifflait entre les arbres pour s’écouler dans le gouffre qui leur faisait face. Elle emportait alors en douceur quelques erreurs d’un adolescent qui serrait - à présent adulte-  avec une certaine dose de fierté un simple morceau de papier qui lui offrait une liberté professionnelle retrouvée.

Pour une fois, l’espace de quelques instants, l’envie qui brûlait ses veines n’avait plus rien à voir avec l’acide qui les remplissait autrefois. En silence, le jeune homme notait que ces moments étaient plus réguliers.
Plus longs aussi.

Bon signe.

Parfois, t’as juste le cerveau qui suit pas.
Parfois, t’as juste besoin d’un ami qui comprenne sans avoir besoin de se justifier.
Et parfois ça suffit à avancer.


- Topic Fini -
Revenir en haut Aller en bas
Takuma Ishida Hayato
Génie de supérette
Takuma Ishida Hayato
Takuma Ishida Hayato
https://impero.superforum.fr/t6881-takuma-ishida-hayato
Âge personnage : 22 ans
Hiboux postés. : 5303
Date d'inscription : 27/02/2010
Crédits : A[-]P - Disney Fantasy
Double Compte : Marek, Maxence, Sovahnn, Alec, Jordane et Callum
Takuma Ishida Hayato
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers: