Catacombes [Gary]

« Arrête ! C’est ici l’Empiiiiire de la Mooooort »

La sorcière s’était tournée vers Gary en prenant une voix d’outre tombe avant de ricaner, fière d’elle. Au-dessus de la grande porte des Catacombes, le message avait été gravé dans la pierre grise offrant aux visiteurs un avant-goût des plus convivial. Ils avaient fait la queue pendant une demi-heure et arrivaient bientôt à l’entrée. La sorcière balançait ses bras, impatiente, avant de les croiser, de les décroiser, de les laisser retomber, de souffler bruyamment, de donner un coup de hanche à Gary en tournant la tête de l’autre côté, l’air de rien. Elle finit par mettre ses mains dans ses poches, silencieuse, avant de se tourner brusquement vers Gary, très sérieuse « T’as pas un truc à bouffer ? »  . Cela faisait déjà 15 min et 37 secondes qu’elle avait faim et que rien ne croustillait dans sa bouche. Son pied tapait contre le sol et le mec de devant se tourna vers elle, agacé. Sourcils levés, la sorcière lui fit comprendre en une seconde qu’il n’avait pas intérêt à l’ouvrir.

Etait-ce réellement une bonne idée de se trouver là ? Ils auraient pu aller en plein air, profiter d’un rayon de soleil sur le sol français, loin de la grisaille anglaise. Mais elle avait voulu revenir à Paris dans de meilleures conditions, laissant derrière elle les limbes des boîtes de nuit et de sa chambre d’hôtel sinistre. Comme une façon de se réconcilier avec cette ville, un pas fait vers ce qu’elle pouvait offrir par des éclaircies printanières. Alors, Sanae avait kidnappé Gary pour l’emmener avec elle s’accorder un instant loin du reste du monde, celui où il était un ancien détenu et elle, une jeune femme perdue. Là, sous le sol de Paris, peut-être se couperaient-ils de tout ce que leurs esprits ne voulaient pas affronter. Au moins, à deux, ils pouvaient retrouver ce parfum de danger puérile. Un petit défi vu les lieux qu’ils s’apprêtaient à arpenter derrière un guide qui ne tarderait pas sûrement à les ennuyer. Ce n’était pas un hasard non plus s’ils allaient sous terre...là, au moins, il n’y avait pas de tentations. Pas d’alcool. Pas de cette petite neige démoniaque qui faisait pourtant tant de bien.

Ils se mêlaient à la foule, entraient à la suite des moldus qui payaient leurs entrées. « T’étais déjà venu ? » demanda-t-elle au sorcier alors qu’elle glissait une main dans la poche de sa veste pour sortir de l’argent. Un coup d’oeil à son téléphone avant qu’ils n’entrent et que le réseau se coupe. Bientôt, ce fut leur tour de passer au guichet et Sanae paya l’entrée sans laisser le choix à Gary, le devançant en arrivant devant la jeune femme qui se chargeait des billets. Cette dernière releva son regard vers Gary et fit un léger sourire, s’attardant quelques secondes de trop sur le sorcier. Sanae pinça les lèvres, amusée, avant qu’ils n’entrent pour de bon. Aussitôt, elle glissa un chuchotement à son acolyte « Hey...sans mauvais jeux de mots, j’crois que t’as un ticket. » fit-elle en lui tendant son billet d’entrée, lui lançant un clin d’oeil. Elle fourra le sien dans sa poche et avança à la suite des autres. Un guide, déjà, se présentait devant eux pour leur faire le topo. Pas de bouffe à l’intérieur. Pas d’alcool. Pas d’animaux. Plus le mec parlait, plus Sanae faisait une moue boudeuse. Et baiser ? On a le droit de baiser des les Catacombes ? Petite pensée pour Margo.

« Tu vas pas nous faire une crise de panique hein ? » lui souffla-t-elle.

Pour avoir été dans sa tête, Sanae savait que c’était un risque. Et si la question déboulait avec la délicatesse d’un éléphant adulte, elle n’en était pas moins inquiète.

Mercredi 18 mai 2016, fin d'après-midi.


En voilà une bonne journée qui s'annonçait. Il avait enfin réussi à trouver un créneau de libre en commun avec Sanae et ils s'étaient organisés une petite journée cool en France, où ils allaient pouvoir se décontracter et rigoler. Ils s'étaient bien trouvés tous les deux et la jeune femme était comme un petit rayon de soleil dans sa vie ; peu comme l'étaient Neolina & Margo mais aussi d'une façon différente, par ce qu'ils ne se connaissaient pas de la même manière, mais de part son Don c'était au final elle qui le connaissait le mieux, qui savait le mieux dans quel état il se trouvait psychologique aujourd'hui. Son enfance avant Poudlard, comme ce qui s'était passé à Azkaban. Mais au final, aujourd'hui cela n'avait plus aucune espèce d'importance. Il avait juste envie de s'amuser, d'oublier toutes les autres petites merdes qui pouvaient s'accumuler.

« Arrête ! C’est ici l’Empiiiiire de la Mooooort »

Pour toute réponse, il gloussa tandis que les gens devant eux se retournèrent en leur jetant un regard peu aimable ! Pftt, c'est fou ces coincés du cul et sans humour quand même. Il sautillait un peu sur place d'excitation, bon cette fois ils ne pourraient probablement pas faire de blagues comme à la fête foraine mais sait-on jamais, il y a avait de quoi rire et déjà se faire peur l'un et l'autre. Sanae était probablement plus douée là-dedans que lui et il en avait conscience.

 « Rellaaaxxeeee on a tout le temps.» dit-il en la voyant aussi impatience, on aurait dit une gamine qui demandait toutes les deux minutes s'ils étaient bientôt arrivés. Voilà, la vision qu'il avait dans son esprit actuellement, la mine boudeuse en prime ! Soudain, il s'était reçu un coup de hanche, il la regarda en haussant un sourcil un peu perplexe  « J'tai vu, tu dois encore retravailler ta discrétion !»
et soudain.
« T’as pas un truc à bouffer ? »

Il sortit de sa poche un kit-kat qu'il lui tendit. Il savait que Sanae était comme Neolina et Klara et qu'elle pouvait se transformer en Grinch ou en Gremlins si elle avait trop faim, alors, il avait prévu le coup. Au moins cela lui éviterait quelques déconvenues. Heureusement qu'il avait de quoi grailler, par ce que toujours le même type s'était retourné, l'air toujours agacé. Gary se contenta de lui faire un grand sourire en se retenant de lui faire une grimace ou un doigt d'honneur ! On a dit qu'on ne s'attire pas d'ennuis aujourd'hui !

« T’étais déjà venu ? »
 « Tu sais entre l'orphelinat, puis l'internat, puis les études et.... le reste, j'ai pas franchement trop eu le temps de voyager. Je connais bien Londres. C'est déjà bien. » dit-il avec un vague sourire, en soi, ne pas voyager n'était pas quelque chose qui le dérangeait grandement. Sanae paya l'entrée et il broncha à peine sachant pertinemment que de toute manière refuser ne servirait à rien. Et puis, elle avait beaucoup d'argent s'il avait bien tout compris, contrairement à lui, alors bon ! Gary, en attendant dédia son plus beau sourire à l'hotesse de caisse, sourire qu'elle lui rendit. Merci!
« Hey...sans mauvais jeux de mots, j’crois que t’as un ticket. » lui avait-elle dit doucement
 « Pourquoi, tu doutais de mon sex appeal ?» plaisanta-t-il, avant de lui faire son sourire le plus charmeur et il lui dit un clin d'oeil. Le guide était en train de parler, et Gary se disait déjà qu'ils s'amuseraient beaucoup plus sans truc guidé. Là, ils n'allaient pas pouvoir rire comme ils le voulaient, surtout que l'autre relou qui les précédait était dans leur groupe et ne semblait pas ravi de la chose.

« Tu vas pas nous faire une crise de panique hein ? »
 « Non, je crois pas.» souffla-t-il doucement.  « Tant que c'est large et qu'il n'y a pas tu sais quoi, je crois que ça devrais le faire ! Et puis t'es là pour me faire rire, n'est-ce pas ?» dit-il joyeusement. Il baissa le ton avant de lui souffler  « J'te propose qu'on reste derrière, avec un peu de chance on pourra se faire semer... Non par ce que si on doit pas l'ouvrir ça va être d'un ennui.»

Vous le voyez le petit sourire de branleur/petit con qu'il a au coin des lèvres. Et bien voilà son état d'esprit actuel. Il avait envie de s'amuser, hors se taire, suivre un guide qui allait débiter des tonnes d'informations historiques, ça ne faisait pas parti des choses qu'il considérait comme « marrantes ». Mais bon, après tout, ça serait à elle de choisir ce qu'ils faisaient, peut-être qu'elle, elle trouvait ça hyper-intéressant.

Il lui semblait que le temps qu’elle ne passait pas au travail, à la Garde ou aux côtés de Keza ou Margo, elle le dédiait à s’échapper de la réalité. Brûler le temps avant qu’il ne la brûle, lui fasse perdre les pédales, la place à nouveau dans les ombres. S’échapper, s’extraire, se fuir sans doute un peu. Fuir le manque, les doutes, les questions sans réponses, les envies ravageuses qui la terrifiaient à l’intérieur d’elle-même. Alors elle prenait de la distance, s’octroyait des moments où elle n’était ni médicomage, ni soldat, ni sœur, ni amante. Seulement une jeune femme accompagnée d’un autre qui voulait se distraire tout autant. Il lui avait permis de trouver ce parfum d’insouciance, de légèreté dont elle avait été privé pendant si longtemps et ils redécouvraient ensemble une façon de soulager leurs coeurs meurtris d’orphelins. Oui, il fallait de quoi enlever ce poids dans leurs coeurs qui n’avaient jamais vraiment connus l’innocence.

Si elle avait la bougeotte, ce n’était pas seulement parce que l’attente était longue mais parce que dans ces instants où le corps n’était pas en mouvement, l’esprit la guidait trop vers des choses interdites.

 « Rellaaaxxeeee on a tout le temps.»Une moue boudeuse lui répondit alors qu’elle lui mettait un coup de hanche. Quoi ? D’où ? De qui cela venait-il ? Quoi, elle ? Non, jamais. Promis. Il s’était tourné vers elle, sourcil levé.  « J'tai vu, tu dois encore retravailler ta discrétion !»Sanae gardait le regard droit devant elle, le menton un peu relevé, un sourire espiègle sur les lèvres. Non, non, ce n’était pas elle. C’était ce gars là-bas. Lorsqu’elle se tourna vers lui, ce ne fut pas pour avouer mais pour demander de quoi se mettre quelque chose sous la dent. Sans s’étonner, Gary sortit un kit kat de sa poche dans un geste tout à fait naturel, évident. Elle sourit et s’en saisit avant de l’ouvrir d’un geste pressé pour croquer dedans. Avait-elle pensé à partager ? Non.

Ils arrivaient bientôt à l’entrée et par curiosité, la sorcière s’était penchée vers lui pour demander s’il était déjà venu. Elle se souvenait des choses qu’elle avait vues dans son esprit mais dans l’espace de temps où elle s’y était trouvée, Sanae n’avait pu tout explorer.

 « Tu sais entre l'orphelinat, puis l'internat, puis les études et.... le reste, j'ai pas franchement trop eu le temps de voyager. Je connais bien Londres. C'est déjà bien. » Pas faux. Elle aurait bien répliquer qu’Azkaban aurait au moins pu organiser des sorties éducatives aux quatre coins du monde mais ils étaient en présence de moldus. Elle mâchait son kit kat en l’observant, yeux plissés « J’vais t’faire voyager mon ptit, tu vas voir. »

Ils passèrent au guichet et Sanae prit leurs billets d’entrée, remarquant l’oeil qu’eut la jeune femme en posant ses yeux sur Gary. Ce dernier lui avait adressé un grand sourire en la remerciant. En toute discrétion, la sorcière ne put s’empêcher de glisser un commentaire.

 « Pourquoi, tu doutais de mon sex appeal ?»Le sorcier lui fit un clin d’oeil, fier de lui. Un souffle amusé lui échappa. « Quelle idée ! » ricana-t-elle. « Tu parles français ? Parce qu’en repartant, tu devrais lui demander son numéro. J’peux faire la traductrice sinon... » Et après ? Après, pas besoin de parler, n’est-ce pas ?

Sanae termina d’engloutir son kit kat, rangeant le papier dans le fond de sa poche et le guide se mit à parler, traduisant en anglais pour que tous les touristes puissent le comprendre. Sanae écoutait sans vraiment écouter, agacée déjà par toutes les choses qu’ils ne pourraient pas faire. Se tournant vers Gary, elle lui demanda s’il n’allait pas faire un malaise. Après tout, le sorcier avait été mis à rude épreuve et les espaces clos n’étaient pas l’endroit qu’il préférait. Si elle avait été enfermée dans une cellule pendant des années, elle aurait probablement dormi dehors en pleine forêt des mois durant.

 « Non, je crois pas. Tant que c'est large et qu'il n'y a pas tu sais quoi, je crois que ça devrais le faire ! Et puis t'es là pour me faire rire, n'est-ce pas ?» Les bras croisés, la sorcière eut un large sourire malicieux « Oh tu sais que j’en fais ma mission… » Malgré l’amusement, son regard demeurait attentif aux réactions de Gary, comme une façon de s’assurer qu’il allait bien.

 « J'te propose qu'on reste derrière, avec un peu de chance on pourra se faire semer... Non par ce que si on doit pas l'ouvrir ça va être d'un ennui.»souffla-t-il, le ton plus bas. « T’inquiètes, on va les semer en un rien de temps. » Hors de question de rester avec un groupe tout le long, elle préférait largement s’évader avec Gary – pour un ancien prisonnier, c’était assez drôle non ? - et aller dans une autre direction, sans guide ou troupeau de moutons sans intérêt.

La visite commença et le groupe s’avança derrière le guide, s’engouffrant dans les longs couloirs des Catacombes. De chaque côté, des centaines de crânes formaient des remparts, collés aux parois. Malgré les interdictions, Sanae ne put s’empêcher de toucher du doigt la forme des crânes, la langue coincée entre ses dents, un sourire aux lèvres. « Tu crois qu’il s’appelait Jean-Pierre ? » fit-elle en désignant l’un des crânes. Elle reprit vite son chemin, à quelques mètres du groupe, restant en arrière sans se presser, n’écoutant pas le moins du monde le guide. « Si j'meurs, ça me dérangerait pas de finir ici. J’aimerais bien hanter les lieux et faire flipper les touristes. » dit-elle d’un ton détaché, presque rêveuse.

Oui, c'est ça, ils avaient tout le temps nécessaire pour s'amuser alors ça ne servait à rien d'être pressé. Est-ce que ce n'était pas une partie de lui qui au final n'avait pas très envie d'aller sous terre mais qui ne parlait pas assez fort pour se faire bien entendre ? Possible. Mais il avait envie de s'amuser là-bas. Il avait envie de profiter de cette situation avec Sanae, par ce qu'ils formaient quand même un bon duo de conneries, n'en déplaise à Neo ou Margo. Il s'était même un peu moqué de sa discrétion en passant : comment dire... elle ne pourrait pas être un bon espion ! Ceci dit, lui non plus même s'il se trouvait pour l'instant quand même un peu plus discret qu'elle... mais il ne la connaissait pas encore assez bien pour en être certain, ce n'était pas par ce qu'ensemble ils étaient TRES (trop?) extravertis et exubérants que c'était le cas tout le temps et avec tout le monde. Ca serait intéressant de voir ce que leurs amies en commun avait à dire là-dessus, tiens ! Lorsqu'il lui avait tendu le kit-kat il ne s'étonna même pas de voir qu'elle ne semblait pas d'humeur partageuse, alors rien que pour l'embêter, il prit son regard humide de chien blessé et souffla  « Mais j'en voulais moi aussi...» Pas vraiment, même s'il n'aurait pas dit non, mais voir la tête qu'elle allait faire était beaucoup plus drôle à tous les coups elle allait lui sortir un truc comme « ben fallait le dire avant ».

Ils avaient fini par parler « voyage », il lui rappela que dans sa vie il n'avait pas eu trop le temps de voyager. Il est vrai que pendant les vacances avec Esteban ils auraient parfois pu partir, ils l'avaient déjà fait d'ailleurs, mais.... mais pas aussi loin du moins dans ses souvenirs et puis ils ne visitaient pas forcément les alentours. « J’vais t’faire voyager mon ptit, tu vas voir. » Il ricana.  « Devrais-je avoir peur pour mon matricule, ou alors tu parles me faire voyager au sens strict.... genre aller voir d'autres villes ou payas ?» Ouais, il avait quand même réussi à voir un sous-entendu là-dedans. Ils étaient bientôt passés au guichet et visiblement il y avait un petit quelque chose qui matchait bien avec la nana de l'accueil. Purement physique, mais c'était déjà mieux que rien... bon il restait le souci du langage, mais il y a certains signes qui restent universels. Tu parles français ? Parce qu’en repartant, tu devrais lui demander son numéro. J’peux faire la traductrice sinon... » Il haussa les épaules avant de répondre  « Quelques mots, mais j'ai un accent terrible. Enfin je sais me présenter, demander la route et certains gros mots !» Il se concentra en un peu avant de souffler en français avec un accent à couper au couteau, qui était, contrairement aux films pas vraiment totalement sexy  « Bonjour, je m'appelle Gary. Je voudrais une baguette s'il vous plait et un croissant... et tu es très charmante. Merde. Putain.» Silence, retour à sa langue natale.  « Voilà, la base quoi... après, les sourires, les gestes c'est super compréhensibles aussi.» Et sur ce, il lui fit de nouveau son sourire le plus charmeur pour lui montrer ce qu'il voulait dire exactement juste au cas où elle n'est pas bien compris... sait on jamais, des fois qu'elle ait perdu dans la nuit son esprit pervers.

Il en venait aux choses sérieuse, le début de la visite et c'est soudain que Sanae sembla se rappeler que ces lieux pouvaient lui poser problème, il lui affirma que non, avant de dire doucement  « Enfin maintenant que tu as payé de toute façon on ne va pas faire marche arrière !» D'autant plus qu'elle lui affirmait que c'était sa mission de le faire rire !  « Mission enclenchée.» dit-il d'une voix de robot ou plutôt avec une pseudo-tentative. Il avait ensuite proposé son idée de rester un peu en retrait. « T’inquiètes, on va les semer en un rien de temps. » Bon, parfait, ils étaient sur la même longueur d'onde.  « Je suppose, ma petite fourbe que tu as déjà un plan ?» Sourire en coin, improviser c'était bien aussi, plus risqué mais plus drôle peut-être... par ce qu'ils ne sauraient pas où ils allaient et que l'adrénaline quand elle était un peu maîtrisée c'était bien... là en soit, c'était juste faire les cons et ce n'était pas censé être dangereux.

Tandis que la visite avait commencé et qu'ils avançaient, Sanae avait commencé à toucher aux crânes sous le regard amusé du garçon. « Tu crois qu’il s’appelait Jean-Pierre ? » Il gloussa. Il il devait s'appeler Crane. Oui, prononcé comme le vrai prénom...« Si j'meurs, ça me dérangerait pas de finir ici. J’aimerais bien hanter les lieux et faire flipper les touristes. »
 « Moi j'te ferai bien hanter quelqu'un d'autres.» Coucou Azalea. Celle-là, c'est pour toi.  « Moi je crois que je préférerais la paix éternelle. Ca doit êrtre chiant au bout d'un moment d'être un fantôme.» 
[color=plum] « CHHHTTTTTT»[color]
Ah le retour de l'ahuri coincé qui avait eu l'air de dire ce bruit pour les faire taire. Il se contenta d'hausser un sourcil perplexe en réponse.
 « J'savais pas qu'on avait fait vœu de silence en entrant ici.» lui répliqua-t-il un sourire enfantin aux lèvres avant de faire comme s'il se fermait la bouche et jetait la clef plus loin. Un gamin de 30 ans. Horripilant. Il en avait conscience et c'était fait exprès. Petit regard amusé à son amie. Alors qu'est-ce qu'ils faisaient maintenant ? Petits garnements en liberté qu'ils étaient.

 « Mais j'en voulais moi aussi...»
Le kit kat dans la bouche, ses doigts sur l’extrémité, Sanae le regarda comme s’il venait de l’insulter sur trois générations, de casser sa moto en deux, de briser sa baguette et de faire un croche-patte à sa sœur. Autrement dit, le genre de regard qui questionnait sur l’état mental de celui qui le recevait. Surtout quand ce dernier lui servait un air de chien battu. « Ça va pas dans ta tête toi. » lâcha-t-elle comme une évidence. C’était d’autant plus drôle qu’elle avait vu l’intérieur de sa tête…

Ils avançaient tranquillement vers l’entrée et elle avait décidé que si Gary n’avait pas eu le temps de se balader dans le monde auparavant, il faudrait rattraper ça.

 « Devrais-je avoir peur pour mon matricule, ou alors tu parles me faire voyager au sens strict.... genre aller voir d'autres villes ou pays ?»Un ricanement passa ses lèvres alors qu’elle mâchait son kit kat. Elle secoua la tête. « Au sens strict du terme mon ptit. » Comment lui dire que pour ce qui était d’un acte 2 sur son canapé, les choses allaient être compliquées ? Compliquées ? Non, impossibles. Sanae se demanda si c’était le bon moment pour lui dire qu’elle se tapait son ancienne colocataire. Peut-être pas non.
Au lieu de ça, elle l’orienta vers la jeune femme qui tenait le guichet à l’entrée et qui semblait apprécier la vue. Sourires échangés et déjà Sanae s’était penchée vers Gary pour lui dire qu’il avait un ticket et que s’il ne parlait pas français, elle était disponible.

 « Quelques mots, mais j'ai un accent terrible. Enfin je sais me présenter, demander la  route et certains gros mots !»Le sourire de Sanae s’élargissait à mesure qu’elle l’imaginait parler français et comble de sa surprise, le voilà qu’il se lançait sans honte dans l’exercice. « Bonjour, je m'appelle Gary. Je voudrais une baguette s'il vous plait et un croissant... et tu es très charmante. Merde. Putain.»Elle ne put s’empêcher d’éclater de rire, faisant se retourner quelques têtes. « Je suis sous le charme. » railla-t-elle.  « Voilà, la base quoi... après, les sourires, les gestes c'est super compréhensibles aussi.»Elle leva un sourcil taquin. « Oh oui, une main au cul c’est plutôt clair dans toutes les langues. »Elle finissait tranquillement son kit kat en disant ça avec un détachement profond.

En faisant mine d’écouter le guide, elle s’était inquiétée de voir Gary en pleine crise de panique quand ils s’engouffreraient dans les longs couloirs sombres mais le sorcier lui avait assuré que tant que ce n’était pas trop étroit, il tiendrait le coup. L’inquiétude avait empêché la blague évidente.

 « Enfin maintenant que tu as payé de toute façon on ne va pas faire marche arrière !» Elle acquiesça. « Pas faux. »

Et puis, comme il le disait si bien, elle s’engageait dans une mission particulière. Distraire et faire rire Gary. Autant pour lui que pour elle à vrai dire. Une façon de s’extraire un peu de sa propre tête.
Quant à s’extraire de ce groupe de touristes qui l’irritait déjà, Sanae et Gary étaient sur la même longueur d’onde : les semer dès que possible. Ce n’était pas pour rien qu’elle s’était renseignée avant de venir ; il n’y avait pas qu’un seul chemin.

 « Je suppose, ma petite fourbe que tu as déjà un plan ?»Elle tourna le visage vers lui, un grand sourire aux lèvres et lui fit un clin d’oeil. « Laisse-toi porter Gary, ça va le faire. » dit-elle avant d’être distraite par les monticules de crânes qui les entourait. Sa main vint en toucher un qu’elle affubla d’un prénom qui la faisait rire ; et d’après le gloussement du sorcier, lui aussi.

Il devait s'appeler Crane.Un ricanement. « Bien vu. »
Elle déclara alors que si elle devait mourir, cela ne la dérangerait pas de hanter les lieux pour effrayer les touristes.  « Moi j'te ferai bien hanter quelqu'un d'autres.»Un souffle amusé. « Quand tu veux. Mais faut faire la demande avant hein. » Qui Gary voulait-il qu’elle hante ? Il y avait pas mal de choix d’après les images qu’elle avait vues dans son esprit. Le mari de Klara ? Ou la tarée qui avait entaillé son torse ?

 « Moi je crois que je préférerais la paix éternelle. Ca doit être chiant au bout d'un moment d'être un fantôme.» Une expiration moqueuse s’échappa de ses lèvres. « Pff. La paix éternelle. Tu parles d’un ennui...La paix, c’est chiant. Bien plus chiant que le reste. Nah, j’préfère faire chier le monde même après ma mort. C’est plus fun. »

« CHUUUUUTTTTT » Gary et Sanae se tournèrent en même temps vers le même mec qui leur avait fait les gros yeux dans la file d’attente. L’amusement avait quitté les traits de la sorcière et sa langue trouva l’intérieur de sa joue, irritée.

 « J'savais pas qu'on avait fait vœu de silence en entrant ici.»répliqua Gary. Elle eut un sourire amusé qui n’atteignit pas ses prunelles.

« Vous voulez finir ici ? » lança Sanae avec un mouvement de menton dans sa direction. Elle ne plaisantait pas. L’homme parut choqué et se détourna d’eux, glissant quelques commentaires à une femme à ses côtés. Pff. Bande de moldus débiles.

Sanae se pencha vers Gary, les bras croisés, alors qu’ils avançaient. « Lui, je le hanterai bien tu vois. Connard. » Le dernier mot fut prononcé en français. Elle eut soudain une mine joyeuse. « Hey, regarde...tu vas pouvoir rajouter un nouveau gros mot à ton vocabulaire. Ne suis-je pas une prof merveilleuse ? »

Le groupe devant eux s'arrêta alors que le guide continuait à parler. Dans le vide. Clairement, ils n'étaient pas venus pour en apprendre plus sur les Catacombes. Sanae tourna la tête et vit une petite pancarte avec un crâne et une main barrée. Interdiction de toucher. Ah. Elle eut un rire mauvais. « Tu trouves pas qu’on dirait qu’ils nous disent de pas gifler les crânes ? » Un regard vers le groupe et en arrière. La sorcière ne put s’empêcher de donner de petites baffes à un crâne.

Spoiler:

Note à lui-même : niveau bouffe, elle était encore pire que Neolina. Ne plus lui demander de partager sinon elle risquait de lui crever les yeux, lui péter les dents, lui couper la langue et le museler pour être certain qu'il n'essayerait pas de lui piquer son bout de kit-kat. Ouais, c'était le genre de regard qui collait des sueurs froides.

« Ça va pas dans ta tête toi. »
 « Dixit le Gremlins de la bouffe.» répliqua-t-il d'un ton pince sans rire alors qu'il n'avait qu'une envie : ricaner bêtement.

Ils avaient néanmoins réussi à plaisanter sur d'autres choses, notamment sur les voyages... enfin plaisanter est un bien grand mot... vu que ce n'était pas très comique de parler de son passé.

« Au sens strict du terme mon ptit. »
 « Oh. J'aimais bien l'option du matricule...» Il haussa un peu les épaules avant de continuer  « J'vais ptet aller voir Esteban là où il bosse un jour où l'autre.»

C'est ça un jour où l'autre, suivant les horaires de Hollens, suivant ses propres horaires et dans pays serait l'autre. Bon il devait probablement que c'était mort pour une prochaine fois sur son canapé. Il réfléchit quelques instants, avant de lui souffler l'air de rien à l'oreille.

 « C'était cool d'être ton cobaye, la dernière fois sinon.»

Mais bon vu qu'elle n'était pas disponible et que la nana du guichet semblait bien le mater, il pouvait avoir quelques autres perspectives de drague. Heureusement que Azkaban ne lui avait pas totalement enlevé ça, de son charme de petit branleur. Il faisait juste probablement plus fragile, plus facilement cassables qu'avant.... mais ce n'était qu'un petit point. Et il avait juste envie d'en profiter, de rire, de rattraper son retard... et d'essayer de ne plus trop penser au passé. A la proposition de Sanae qu'elle fasse la traductrice, il n'avait pas pu s'empêcher d'essayer de lui montrer son « bon » niveau dans cette langue. Okay, il avait un niveau merdique, même s'il restait l'accent un peu chantant de l'anglais qui essayait de parler français. Et il l'avait fait éclater de rire.

« Je suis sous le charme. » Et tu sais ce qu'on dit femme qui rit.... oui, non c'était vraiment con comme phrase. Il le savait depuis des années vu qu'il faisait toujours le pitre.  « Oh oui, une main au cul c’est plutôt clair dans toutes les langues. » dixti la nana qui finit le kitkat tranquillement
 « J'suis un peu lourd et rouillé en drague, mais j'suis pas aussi bourrin.» grogna-t-il.  « Oui, j'aime les belles femmes... idem pour les hommes, mais un peu de respect c'est bien aussi, j'allais dire de la finesse mais j'suis pas vraiment sûr de correspondre à ce critère.»


En attendant, la visite avait commencé, il était trop tard pour qu'elle s'inquiète et encore trop tôt pour qu'ils se taisent. D'ailleurs se la fermer ce n'était pas quelque chose qu'ils savaient bien faire. Le tout était de maintenant savoir comment est-ce qu'ils allaient pouvoir s'éloigner discrètement du groupe alors qu'ils étaient les seuls à faire du bruit. Visiblement gêner les autres par leurs commentaires n'était pas dans leur préoccupation première, ayant l'un comme l'autre juste envie de se détendre.

« Laisse-toi porter Gary, ça va le faire. »
 « Je monte sur le dos de qui ?» Oui c'était une blague et il avait parfaitement compris qu'il n'avait qu'à la suivre, mais aussi merdique qu'était cet humour ça le faisait rire tout seul. On est jamais mieux servi que par soi-même. Et de là, Sanae avait commencé à toucher les crânes les renommant ; Oui, c'était un manque de respect évident, mais oui aussi c'était quand même un peu drôle. Est-ce qu'elle faisait quelque chose de mal ? Est-ce que c'était choquant, il ne trouvait pas. Après tout ils étaient morts depuis longtemps, ce n'était pas comme s'il y avait de la famille encore en deuil....

« Quand tu veux. Mais faut faire la demande avant hein. »
 « Tu veux une attestation manuscrite. Je soussignée et le tout le tralalala ? Il te faut quoi dans ton formulaire ?» ricana-t-il.  « Je pensais que tu étais plus du genre à y aller au feeling !»
Tandis que lui préférait juste crever, la paix une bonne fois pour toute. Etre un fantôme devait être casse-pied.
« Pff. La paix éternelle. Tu parles d’un ennui...La paix, c’est chiant. Bien plus chiant que le reste. Nah, j’préfère faire chier le monde même après ma mort. C’est plus fun. »
 « C'est vrai que tu le vends bien... Et c'est vrai que ça pourrait être drôle ! Mais ça fait quand même beaucoup de boulot.»

Conversation normale dans une crypte n'est-ce pas. Et le relou leur intima de se taire par un « chut » sonore, il ne put s'empêcher de répliquer quelques banalités.

« Vous voulez finir ici ? » Violent, celle-là, il ne s'y était pas attendu, il leva un sourcil perplexe du ton employé. Elle n'avait pas l'air de plaisanter. « Lui, je le hanterai bien tu vois. Connard.  Hey, regarde...tu vas pouvoir rajouter un nouveau gros mot à ton vocabulaire. Ne suis-je pas une prof merveilleuse ? »
 «Attends, t'as prononcé ça comment ? Counnaird ? Non... heu. Konaird ? » Mine pleine de réflexion.  « Tu es merveilleuse.... mais n'agresse pas les gens non plus. On va se faire sortir par la sécurité. On va essayer de parler moins fort.»
« Tu trouves pas qu’on dirait qu’ils nous disent de pas gifler les crânes ? »
La réponse qui lui venait en tête était non, mais visiblement elle n'était pas vraiment de cet avis car avant même qu'elle réponde, elle avait giflé un des crânes.
 « Pourquoi est-ce que tu trouves ça marrant ? » il pencha la tête sur le côté, comme s'il réfléchissait.  « Si t'as des envies de violences, je sais ce qu'on fera en ressortant d'ici, tâche de garder ta force !» Il lui fit un petit clin d’œil avant 'ajouter.  « Promis, ça ne sera rien de sexuel.»

 « Dixit le Gremlins de la bouffe.»
Il y avait certaines choses qui ne pouvaient pas se partager ; autrement dit, la bouffe. Une seule personne au monde lui avait volé sa nourriture et était toujours en vie pour en parler : il s’agissait évidemment de Kezabel qui, depuis petite, avait toujours été très intéressée par l’assiette de son aînée. Hélas. Combien de fois avait-elle vu sa petite main franchir le no man’s land de la table pour s’approcher de son territoire et voler des ressources essentielles ? Trop de fois. Elle ne comptait plus. Et le pire, c’était que ça continuait à arriver même aujourd’hui. Dans ces circonstances, Sanae n’affichait plus qu’un air blasé. Il fallait bien une exception à la règle.
Une seule.
Pas dix.
Alors c’était avec un regard noir qu’elle répondait à la remarque de Gary, avant de se fendre d’un sourire amusé. Elle n’allait pas confirmer à voix haute mais la comparaison entre un Gremlins et elle était bien trouvée. Point pour Gatiss.

 « Oh. J'aimais bien l'option du matricule...»Un petit sourire malicieux sur les lèvres, Sanae levait un sourcil en l’observant. Il haussa les épaules avant d’ajouter : « J'vais ptet aller voir Esteban là où il bosse un jour où l'autre.» Le sourire de Sanae se fana discrètement en un pincement de lèvres. Elle avait bien vu Esteban dans l’esprit de Gary, avait compris au moins les contours des relations tissées entre trois personnes qui s’aimaient merveilleusement fort … jusqu’à ce que cet amour se transforme en autre chose de plus sombre, trempé dans la rancoeur, l’abandon, et le regret. Elle n’allait certainement pas donner des conseils à Gary, ils se connaissaient peu et du reste, elle n’était pas un exemple – ni de sage décisions, ni d’expériences. Alors elle se contenta d’acquiescer. Pourtant, elle avait une question en tête, quelque chose de bien précis. Parce qu’en pensant à Esteban, Gary et Klara, l’image de Margo venait de surgir dans son esprit. L’image, surtout, de la rage et de la jalousie qu’elle avait vu sur ses traits. Situation complètement différente, mais il n’en demeurait pas moins que Sanae était novice dans ce genre de relation et qu’elle n’était ni coutumière de devoir gérer la jalousie d’un autre, ni de devoir gérer la sienne. « C’était quand la dernière fois que vous vous êtes vus ? »

Puis, Gary vint souffler quelques mots à son oreille.

 « C'était cool d'être ton cobaye, la dernière fois sinon.»
Apparemment, la conversation « je me tape ton ancienne colocataire » devenait pressante. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre. D’un côté, elle appréciait le fait qu’il ne soit pas parti en courant suite à l’intrusion – du moins, s’il en avait été physiquement capable – et qu’il ne semblait pas lui en vouloir. Sans doute était-ce d’ailleurs pour cette raison que la sorcière s’évertuait à le distraire et le faire rire autant qu’elle en avait besoin elle-même. D’un autre côté, il y avait maintenant une gêne pleine de pudeur : comment lui dire que ce qui s’était passé sur le canapé de son appart ne risquait pas de se reproduire ? Devait-elle seulement le dire ? Si elle se lançait dans des explications, le prénom de Margo risquait fort de ressortir et elle n’était pas certaine de ce qu’il faudrait dire, de ce que la sorcière blonde voulait que les autres sachent. Elles n’avaient jamais parlé de ça. En outre, à la question « qu’est-ce qu’elles étaient l’une pour l’autre ? » … Sanae n’osait pas répondre. Elle était capable de décrire les symptômes mais occultait le nom de la maladie.

Et comme toujours quand elle ne savait pas quoi dire, elle choisissait l’humour.
« T’as découvert ton côté maso à quel âge ? » le taquina-t-elle avec un sourire, son visage se penchant légèrement vers lui, le ton bas.

En tout cas, le sorcier plaisait et elle ne pouvait que comprendre pourquoi. La jeune femme du guichet ne les quittait quasi pas des yeux une fois qu’ils furent passés ; Gary lui avait tapé dans l’oeil. Bien évidemment, Sanae montrait toute l’étendue de sa subtilité dans cette conversation.
« Oh oui, une main au cul c’est plutôt clair dans toutes les langues. »
Gary grogna légèrement et elle sourit.
 « J'suis un peu lourd et rouillé en drague, mais j'suis pas aussi bourrin. Oui, j'aime les belles femmes... idem pour les hommes, mais un peu de respect c'est bien aussi, j'allais dire de la finesse mais j'suis pas vraiment sûr de correspondre à ce critère.»
« De la finess...Du resp…. ? Je parle français, japonais, italien, allemand et chinois mais ça, je pige pas. » railla-t-elle.

Certaines choses étaient trop difficiles d’accès…
Ils commencèrent la visite et évidemment, les deux derniers du fond n’étaient autre qu’eux. Sanae intima à Gary de se laisser porter ; ils trouveraient bien le bon moment pour semer le groupe.

 « Je monte sur le dos de qui ?»Elle eut un rire franc. Etait-ce le genre d’humour débile qui lui plaisait ? Très certainement. « Hey, j’suis sûre que j’pourrais te porter mon grand. »

L’idée était tentante, juste pour le fun.
Puis, allant sur des sujets un peu plus sombre tout en gardant un ton léger, Sanae déclara qu’elle préférait largement hanter les lieux que mourir en paix, au contraire de Gary. Elle n’avait aucun doute que le sorcier méritait un repos bien tranquille après son séjour à Azkaban. Personne ne pouvait lui en vouloir.

 « Tu veux une attestation manuscrite. Je soussignée et le tout le tralalala ? Il te faut quoi dans ton formulaire ?» Elle fit mine de réfléchir, amusée. « Je pensais que tu étais plus du genre à y aller au feeling !»Sanae haussa les épaules en faisant la moue. « C’est mon côté concis ça. Il reprend le dessus des fois. »

Si seulement il savait…
Mais franchement, hanter les touristes et se marrer éternellement, c’était une bonne idée non ?

 « C'est vrai que tu le vends bien... Et c'est vrai que ça pourrait être drôle ! Mais ça fait quand même beaucoup de boulot.»Elle écarta les bras en signe de protestation « Hey faut ce qu’il faut ! Si tu t’investis pas, j’peux rien pour toi. »

Le mec de devant lui siffla un « chut » qu’aucun d’eux n’apprécia. Gary eut au moins la décence de se comporter comme un être civilisé, au contraire de la sorcière dont la menace percuta la sensibilité du touriste. Il finit par se retourner alors qu’elle glissait une remarque insultante à Gary. Elle pouvait lui en apprendre de jolis mots de français.

 «Attends, t'as prononcé ça comment ? Counnaird ? Non... heu. Konaird ? » Sanae éclata de rire sans pouvoir s’en empêcher. Elle trouvait ses mouvements de bouches hilarants alors qu’il tentait de reproduire les syllabes. « C’est pas mal, c’est pas mal. On retravaillera ça. » fit-elle très sérieusement. « Tu es merveilleuse.... mais n'agresse pas les gens non plus. On va se faire sortir par la sécurité. On va essayer de parler moins fort.»Elle leva les yeux au ciel exagérément. « Oh ça va, ils sont juste trop susceptibles. Pis, la sécurité….. » Elle pinça les lèvres, amusée. « ...maintenant que tu le dis, ce serait drôle... » souffla-t-elle, davantage pour elle-même que pour lui. Relevant les yeux vers Gary, elle se reprit « Ca va, je plaisante...un peu...je crois. Ok, je serai sage. »

Elle n’avait pas promis. Notons-le.
Elle n’avait pas non plus promis de ne pas gifler les crânes.

 « Pourquoi est-ce que tu trouves ça marrant ? »
Sanae le regarda, perplexe. « La question c’est : pourquoi toi tu trouves pas ça marrant ?! »
Une petite bifle ?
Okay, ça va trop loin.

 « Si t'as des envies de violences, je sais ce qu'on fera en ressortant d'ici, tâche de garder ta force !» Elle releva un sourcil intéressé.  « Promis, ça ne sera rien de sexuel.»Un sourire et elle prenait son bras dans le sien, continuant à avancer à la suite du groupe. « J’ai hâte de savoir ce que tu me réserves. Un petit indice ? »

Elle lui fit un large sourire angélique.
Puis, alors que le groupe s’engouffrait plus profondément dans les longs couloirs sombres des catacombes, Sanae capta rapidement un chemin adjacent qui était fort prometteur. Ralentissant le pas, elle attendit que le groupe de touristes tournent à l’angle de leur chemin pour tirer d’un seul coup Gary dans une autre voie, accélérant jusqu’à ne plus être visible.

« Hop, ni vu ni connu. Bon, y a quoi par là ? » murmura-t-elle en lâchant son bras.

Une sorte de tombeau se dessinait au fond du passage, entouré de crânes et avec une large inscription gravée dans une pierre grise. Elle jeta un regard alentour et s’avança rapidement vers le tombeau pour s’y propulser et s’asseoir dessus, croisant les jambes avec un grand sourire.

« Un bel endroit pour un autre kit kat ? » tenta-t-elle.

Il ne comprenait pas tout ça, comment est-ce que l'on pouvait aimer tant la bouffe que ça. Il avait vraiment l'impression qu'elle pouvait changer totalement d'attitude dès la minute où elle avait faim. Attention, transformation en monstre commencée... puis arrêtée vu qu'il lui avait filé de quoi grignoter. Par ailleurs, de base c'était quand même SON kit-kat, pas celui de la jeune femme, qui n'avait même pas pris de quoi se substanter alors qu'elle connaissait son estomac ! Allez comprendre ! Ils avaient donc continué de rigoler un peu sur des choses et d'autres, avant qu'il ne retrouve sur le sujet d'Esteban sans vraiment trop sans rendre compte. Il disait juste à la base une banalité. Aller son meilleur ami, dans le pays où il bossait en ce moment, tout simplement. Oui, bien sûr ce n'était pas simple, mais peut-être que cela leur permettrait de se voir plus, de faire avancer les choses d'une manière ou d'une autre même si ce n'était pas de façon positive, au moins ça bougerait un peu, au moins il retrouverait son meilleur ami.

 « C’était quand la dernière fois que vous vous êtes vus ? »
 « On s'appelle très régulièrement... Mais je crois que ça devait être la semaine dernière, peut-être...» Il haussa un peu les épaules.  « Il essaye de venir quand il peut et que nos emplois du temps le permettent !» rajouta-t-il joyeusement.

Est-ce qu'il avait remarqué la petite moue ? Tout à fait, mais il n'en avait rien à faire, il faut bien l'avouer. Il avait l'habitude et il pouvait comprendre que si elle avait compris les sentiments qu'il pouvait avoir pour l'autre homme, elle grimace un peu. Mais c'était sa vie, n'en déplaise à ses amis. Il est vrai, qu'il ne savait pas toujours ce qu'il faisait, qu'il allait peut-être juste dans la gueule du loup... mais il devait essayer, il devait encore se heurter à des mus, même si ça faisait mal, même si ça lui brisait le cœur. Il avait besoin de faire des erreurs, son Deuil des années passées et pour l'instant il n'y arrivait pas, surtout pas avec ses amis qui essayaient de lui faire comprendre qu'il valait mieux ne plus le voir... Non, par ce que son esprit de contradiction avait encore plus envie de le voir, et il avait en réalité encore besoin de temps. Il essayait d'aller voir ailleurs, il essayait de passer à autre chose mais ce n'était pas encore assez évident.

Il continua sur le fait qu'il avait fort apprécié d'être son cobaye la dernière fois, même s'il fallait bien avouer qu'il l'avait payé un peu cher après... mais cela lui était égal. Ca valait le coup. Par ce qu'au final ce n'était pas quelque chose d'important, des symptômes estompés rapidement, même si avoir revécu des épisodes de son passé n'avait pas du tout été agréable même si ça avait réveillé une certaine douleur en lui. Il préférait voir le positif, et le positif c'est qu'il avait pu passer une nuit avec cette femme.

« T’as découvert ton côté maso à quel âge ? »
 « Depuis toujours je crois... ouais, j'étais déjà un petit merdeux qui cherchait les emmerdes. Ca doit être inné.»

Oui, et puis, ça forgeait en quelque sorte aussi un peu le caractère, ça permettrait peut-être, d'une certaine manière d'avoir moins peur de certaines choses où l'on savait que l'on risquait de souffrir.
Et là, ils en étaient arrivés à la fille du guichet qui avait bugué sur lui. Les conseils de son amie lui semblaient vraiment mauvais, même lui pouvait le dire c'est pour dire !

« De la finess...Du resp…. ? Je parle français, japonais, italien, allemand et chinois mais ça, je pige pas. »
 « C'est probablement par ce que je parle anglais, alors.» répliqua-t-il d'un ton pence sans rire.  « Je t'invite à t'instruire et à regarder les définitions dans le dico, par ce que ça reviens quand même assez souvent ces termes.» Et sur ce, il lui fit un petit sourire amusé.

Ils avaient, par la suite, commencé la visite et ne pouvaient pas s'empêcher de raconter de la merde tout en faisant du bruit comme les deux gamins bruyants qu'ils étaient et dissipés en plus.

« Hey, j’suis sûre que j’pourrais te porter mon grand. »
 « Toi, porter mon presque mètre quatre vingt dix ? Magnifique. Je peux essayer de monter sur ton dos... lorsqu'on sera à la surface avec des secours à proximité.»
Oui, par ce qu'il sentait la chute arriver et peut-être même qu'elle arriverait à se bloquer quelque chose ? Et de dérision en propos glauques.... ils en étaient arrivés à parler d'hanter les gens et de mourir. Toute la joie dans ces quelques termes.
« C’est mon côté concis ça. Il reprend le dessus des fois. »
 « Du coup, ça veut dire oui pour l'attestation ?»

De hanter quelqu'un pour lui... avec tout le boulot que ça fournirait. Elle avait répliqué une nouvelle chose, mais ils s'étaient bientôt fait reprendre par quelqu'un. Gary fut calmé pour quelques instants, même s'il était un poil agacé, sur Sanae par contre peut presque l'impression que ça faisait tout l'effet contraire... elle avait même lancé une insulte en français qu'il s'empressa d'essayer de répéter. De vrais gamins !

« C’est pas mal, c’est pas mal. On retravaillera ça. »

Hum. Tu as conscience que cela équivaut à une sorte de promesse à ses oreilles ? A ta place je ferai attention aux termes donnés. Il avait préféré ensuite lui demander de ne pas agresser les gens sinon ils risquaient de mal finir.

« Oh ça va, ils sont juste trop susceptibles. Pis, la sécurité...maintenant que tu le dis, ce serait drôle... Ca va, je plaisante...un peu...je crois. Ok, je serai sage. »

Oui, bon d'accord, il ne pouvait que se dire qu'il y avait un côté assez attrayant là-dedans... juste pour défier l'autorité Moldue vu qu'il n'oserait jamais ça chez les Sorciers. Il n'était quand même pas fou à ce point-là ! Il avait préféré ne pas répondre et c'est là qu'elle lui parla de gifler les crânes et soudain il se sentit un peu perdu, par ce qu'il ne comprenait pas en quoi c'était drôle.

« La question c’est : pourquoi toi tu trouves pas ça marrant ?! »
 « Ben j'sais pas c'est juste pas drôle. Ils peuvent pas te répondre en plus, y'a aucun défi.»
oui cette réponse est étrange et lui-même trouvait les mots sortis de sa bouches très bizarres. On ne fera donc aucun commentaire supplémentaire. Il se contenta de lui dire que si elle avait besoin de se défouler, ils iraient à un autre endroit après.
« J’ai hâte de savoir ce que tu me réserves. Un petit indice ? » Et au sourire angélique de la dame, il lui rendit la même mimique et répliqua  un simple petit
 « Non. Tu verras bien.»

Ils continuaient la visite et soudain Sanae sembla s'animer de nouveau, il mima ses gestes pour être certain de ne pas la perdre de vue jusqu'au moment où il se fit tirer vers une autre voie, un chemin adjacent.

« Hop, ni vu ni connu. Bon, y a quoi par là ? »
 « Du noir ?» répliqua-t-il pas franchement troublé par ce qu'elle venait de faire.
Il est vrai que la vision n'était pas bonne et il n'était pas question de sortir la baguette pour l'instant. Il restait pour l'instant quelques petites lumières pour les guider, mais il doutait que ça durerait longtemps vu qu'ils n'étaient plus dans la voie officielle et cela avait un fort côté excitant.
Un genre de tombeau semblait apparaître au fond. Heureusement qu'ils n'étaient pas dans les pyramides par ce qu'il sentait Sanae capable de réveiller un pharaon... d'ailleurs est-ce qu'elle ne venait pas de s'asseoir dessus ?! Par Merlin cette fille était.... incroyable.... ou pas possible, à voir.

« Un bel endroit pour un autre kit kat ? »
 « J'en ai plus qu'un et j'ai faim aussi... A ton avis. Qu'est-ce qui serait le plus juste ?» demanda-t-il en sortant la sucrerie de sa poche. Il la regarda un vague sourire aux lèvres, mais il tenait bien la nourriture. Hors de question, qu'elle essaye de lui voler et pourtant quelque chose lui disait qu'elle allait risquer de partir dans cette voie....  « Tu préfères pas fouiller un peu les environs plutôt ? Bon j'te propose pas de prendre une photo et de l'envoyer à Neo et Margo on se ferait tuer je crois. Ca sera notre petit secret cette escapade ?» Petit sourire en coin

 « On s'appelle très régulièrement... Mais je crois que ça devait être la semaine dernière, peut-être...» La sorcière hocha la tête silencieusement. « Il essaye de venir quand il peut et que nos emplois du temps le permettent !» Elle avait à peu près mille questions. Mille questions sur  pourquoi lui, comment ça se faisait qu’ils arrivaient à si peu se voir sans devenir fous… un tas de questions qu’une jeune adolescente aurait pu poser en découvrant à peine les premiers amours dans sa jeune vie. Sanae avait l’étrange impression d’être à la fois très jeune et très vieille, perdue entre une sagesse lasse qui ne voulait plus s’exprimer et une envie mordante de tout découvrir sans être raisonnable, et de parler de tout ce que les autres avaient déjà expérimenté. Elle, elle était grandement en retard sur ce domaine-là. Elle retint sa langue néanmoins, pour le moment, lâchant un « Je vois. » pensif.

Avant que le sorcier ne se penche vers elle pour souligner leur dernière « rencontre » et qu’elle s’interroge profondément sur son masochisme.

 « Depuis toujours je crois... ouais, j'étais déjà un petit merdeux qui cherchait les emmerdes. Ça doit être inné.»Elle rit plus franchement en le regardant. « Ouais, t’es aussi irrécupérable que moi alors à ce niveau-là. » Elle n’était pas la dernière à apprécier la douleur d’une intrusion mentale après tout. Pire encore, elle la recherchait souvent. Et ses nuits fébriles contre le corps de Margo attestaient d’un besoin viscéral de brutalité enfiévrée. Il y avait des violences qui donnaient plus de plaisir que de douleur. Elle n’allait pas le sermonner sur ce point, ni lui apprendre à changer la donne.
Tout comme elle ne lui apprendrait sûrement pas à se comporter en gentleman.
Pour le coup, sans doute avait-il des choses à lui apprendre à elle. A commencer par un nouveau vocabulaire. Respect. Finesse. Tous ces trucs inutiles quoi.

 « C'est probablement parce que je parle anglais, alors.» La bouche de Sanae forma un « oh » qui se transforma en moue, comme si elle venait de découvrir quelque chose, amusée. « Je t'invite à t'instruire et à regarder les définitions dans le dico, par ce que ça reviens quand même assez souvent ces termes.»Elle tiqua, le son résonnant entre sa langue et ses dents. « C’est vrai que ça fait pas mal de fois que j’en entends parler, faudrait que je me renseigne un jour. »

Foutage de gueule, bonjour.
Tout comme le fait qu’elle pouvait le porter.

 « Toi, porter mon presque mètre quatre vingt dix ? Magnifique. Je peux essayer de monter sur ton dos... lorsqu'on sera à la surface avec des secours à proximité.»Elle parut choquée et vexée sans grands efforts pour paraître convaincante. Une main sur le coeur, elle lança, outrée « Tu ne fais donc pas confiance à ma force cachée ? »

Sacrebleu ! Quelle insolence !
Il n’empêche qu’ils étaient retournés à des sujets plus morbides et pourtant, c’était avec humour qu’ils les abordaient. Y avait pas de raison de pleurer sur sa propre mort après tout.

 « Du coup, ça veut dire oui pour l'attestation ?» Elle fit une moue contrite « Ouais désolée, c’est le protocole. »

Tout comme le protocole indiquait qu’il fallait gifler les crânes avec dévotion comme une enfant de quatre ans. Non ? Ah ? C’était que dans sa tête ? Zut. Il ne trouvait pas ça drôle et elle, aurait pu en mourir de rire…trop facile comme blague dans un lieu pareil ?

Public difficile.

 « Ben j'sais pas c'est juste pas drôle. Ils peuvent pas te répondre en plus, y'a aucun défi.»Un sourire malicieux étira les lèvres de Sanae. « Tu veux dire que ce serait plus drôle de gifler les touristes ? … Parce que moi, je valide cette idée hein. »

Un petit peu de violence...allez !
Et à ce propos, Gary semblait avoir eu une idée en or, qu’il ne voulut pas partager tout de suite avec la sorcière, piquant sa curiosité. Elle demanda même un indice mais le sorcier n’était pas enclin à négocier.

 « Non. Tu verras bien.»
Elle fit la moue, déçue, et grogna en grimaçant. Fort heureusement, son attention fut vite tournée vers une allée adjacente au chemin qu’empruntaient le groupe de touristes guidé par le guide et elle attrapa le bras de Gary pour l’entraîner dans cette voie, se demandant ce qu’il y avait à découvrir par là.

 « Du noir ?»proposa-t-il.
« Des crânes ? Bon sang, ce qu’on est bon pour les devinettes... » ironisa-t-elle en s’avançant, allant jusqu’à grimper sur un tombeau.

Et elle avait toujours fin. Pique nique ? Un dernier kit kat ?

 « J'en ai plus qu'un et j'ai faim aussi... A ton avis. Qu'est-ce qui serait le plus juste ?» Un instant de silence alors qu’elle l’observait sortit la barre chocolatée de sa poche.
« Que tu me le donnes. » répondit-elle comme s’il s’agissait d’une évidence, tendant sa main.
Non ? Elle se renfrogna et descendit.

 « Tu préfères pas fouiller un peu les environs plutôt ? Bon j'te propose pas de prendre une photo et de l'envoyer à Neo et Margo on se ferait tuer je crois. Ca sera notre petit secret cette escapade ?» Elle le rejoignit en haussant les épaules. « Boarf, au contraire, faisons un selfie et on leur enverra avec un joli message ! » Un large sourire. Elle sortit son téléphone et se positionna devant Gary, avant de prendre un selfie complètement idiot et de remettre le téléphone dans sa poche. Il faudrait attendre d’être à la surface pour envoyer le message.
Elle se tourna vers lui, son visage s’éclairant soudain « Hey, j’ai une idée !... »

L’instant d’après, sa main surgissait aussi vive qu’un serpent pour lui prendre le kit et kat et elle s’enfuit dans un chemin sombre, détalant comme un lapin. CHEH !

« Je vois. » Il n'était pas bien sûr qu'elle voyait réellement vu la façon dont elle avait proncé ces deux mots, mais il n'avait pas envie de faire son lourd. D'ailleurs, sa relation avec Esteban ne méritait probablement qu'on en parle plus. Il n'y avait rien de trop intéressant là-dedans et lui-même était déjà assez perdu avec tout ça pour ne pas en rajouter en plus. Quant au fait qu'il était un petit merdeux, ça c'était probablement de naissance. Inné. Il lui fit un grand sourire de crétin lorsqu'elle se mit à rire, ravi de pouvoir faire le clown.« Ouais, t’es aussi irrécupérable que moi alors à ce niveau-là. » Cette fois, ce fut à lui de se mettre à rire, c'était probablement ça ! C'est vrai qu'elle n'était pas la fille la plus fine qui soit, c'est vrai que lui était plutôt du genre lourd et c'est probablement pour cela qu'ils s'entendaient bien. Par ce qu'ils étaient sur la même longueur d'onde, qu'ils avaient ce même genre d'humour bien vaseux qui pouvait facilement agacer les autres. Un peu comme avec Margo – voire Neolina- parfois. En voilà une belle bande d'abrutis ! Mais il les aimait, ses amis, Sanae avait cette fraicheur, il apprenait à la découvrir jour après jour et, il était content d'avoir cette nouvelle amitié pour compléter celle avec ses deux anciennes amies. Etrangement, il était beaucoup entouré de filles.
Oui donc reprenons sur le respect, finesse & compagnie pour lui apprendre un peu plus la définition de ces mots. Il n'avait pas pu s'empêcher de la taquiner en lui rappelant l'existence des dictionnaires !

« C’est vrai que ça fait pas mal de fois que j’en entends parler, faudrait que je me renseigne un jour. »
 « Ouais, tu te coucheras moins bête comme ça ce soir.»

Le tout dit avec son sourire e plus cordial. Elle était probablement beaucoup plus intelligente que lui et avait beaucoup plus de connaissances sur beaucoup de sujets, c'était donc juste amusant de ça. Il n'y avait en cas, une once de méchanceté. Et puis, elle avait dit qu'elle allait le porter, il faisait presque 1,90m, il n'était pas très épais, mais il avait quand même repris du muscle... alors, elle avec son petit gabarit c'étaut vraiment très drôle d'entendre ça.

« Tu ne fais donc pas confiance à ma force cachée ? »
 «  Je veux bien tester ta force cacher si on a un tatami moelleux sur lequel tomber.  Tu vois, je lui laisse quand même une chance.»
Par ce que non, elle avait probablement de la force mais.... IDEE
 « Heyyyy, on s'fait un bras de fer ? Comme ça je peux tester la puissance de tes peits bras ?»
Tu vas voir la raclée qu'il va te mettre... qu'elle va te mettre ? Pas sûr de qui pouvait gagner.

Concernant l'attestation, il se contenta d'hausser un peu les épaules, avant qu'enfin ils trouvent un point de désaccord sur l'humour.

« Tu veux dire que ce serait plus drôle de gifler les touristes ? … Parce que moi, je valide cette idée hein. »
 « Hheu..... non ?» Comment est-ce qu'elle avait pu en arriver à cette conclusion ? Est-ce qu'il s'était si mal exprimé que ça pour en arriver là ? On se calme sur la violence, il va te dégotter un petit plan pour te défouler ma petite Sanae, tu verras tu en sortiras calmée ! Et comme il voulait lui faire la surprise, il ne lâcha pas l'information sur le lieu sur lequel il allait les emmener après.


Et ils déambulaient, seuls, tandis que la jeune femme s'était installée sur un tombeau et réclamait encore à manger, à croire qu'il était son fournisseur officiel.

« Que tu me le donnes. »
 « Ouais j'ai la dalle, moi aussi, ça me rapporte quoi ?» De pas se faire mordre par Mme irascible quand elle a faim peut-être ! Ils fouillaient un peu les environs et Gary suggéra qu'ils ne prennent pas de photo pour ne pas s''attirer les foudres de leurs amies, mais l'autre ne semblait pas l'entendre de cette oreille.

« Boarf, au contraire, faisons un selfie et on leur enverra avec un joli message ! »
 « hastag on goûte avec la mort ? »

Photo débile prise et il se disait que c'était vraiment une idée à la con. Les filles n'apprécieraient probablement pas cet humour, mais avec un peu de chance on distinguerait pas grand chose... de ce qu'il y avait dans le fond. Il pouvait peut-être encore subtiliser le portable de la dame pour supprimer la « preuve » une fois à la surface.  Plongé dans ses pensées, il haussa un sourcil perplexe lorsqu'elle avait repris la parole

 «  Hey, j’ai une idée !... »

Pas le temps de dire quoi que ce soit que la voilà qui lui avait volé sa bouffe ! Il ouvrit la bouche offusqué, avant de se saisir du poignet de la jeune femme pour l'attirer contre lui.

 « C'est. A. Moi. Gremlins.» Il planta son regard dans le sien, avant de lâcher finalement son poignet.  « J'te le laisse, mais dehors t'as intérêt à me payer une gaufre, ou une crêpe, ou les deux. En plus on aura peut-être besoin d'énergie pour la suite.»

L'air de rien, il avait continué à se balader dans la petite salle à la recherche de quelque chose d'intéressant à commenter et il s'enfonça un peu plus dans un couloir, veillant à ce que son amie le suive. Puis dans un autre. Labyrinthe.

 « Tu veux qu'on prenne quel chemin ?» dit-il lorsque deux directions s'offrait à eux  « On peut ptte remonter à la surface et j'te montre ma surprise, sinon ?»

Ils s’apprenaient dans la légèreté d’un moment puérile. Deux adolescents, deux enfants rattrapant le temps perdu à travers une visite qu’ils ne suivaient même pas, préférant largement se moquer des autres et d’eux mêmes.

 « Ouais, tu te coucheras moins bête comme ça ce soir.» Le respect, la subtilité, la délicatesse, des concepts qu’elle n’avait plus complètement et certainement pas à tout instant. Elle changeait, s’adaptait à son interlocuteur comme un curseur mouvant sans cesse d’un point à l’autre. Et peut-être que c’était la façon dont elle était, peut-être qu’il ne fallait pas combattre cette oscillation. Elle sourit, levant les yeux au ciel sans être réellement agacée. Ils continuaient à se taquiner et Sanae attesta qu’elle aura pu porter ses 1m90, ce que le sorcier réfuta aussitôt.

 «  Je veux bien tester ta force cacher si on a un tatami moelleux sur lequel tomber.  Tu vois, je lui laisse quand même une chance.»Elle leva un sourcil intéressé. « Tu sais...je pense que tu serais surpris. » Il ne savait pas, bien sûr, qu’elle était entraînée depuis toute petite et qu’elle avait déjà combattu des hommes plus massifs que lui et le fait qu’il ne se doute pas de sa force l’amusait.

 « Heyyyy, on s'fait un bras de fer ? Comme ça je peux tester la puissance de tes petits bras ?»Elle rit franchement. « Ah ouais ? Tu veux te faire un bras de fer ? J’te signale que t’es pas très épais, ta taille n’importera pas dans ce genre de défi. »

S’ils s’entendaient sur les défis à la con, le sorcier fut plus étonné de trouver chez la sorcière des envies de violence. Devant l’expression qu’il faisait, Sanae mit ses mains dans ses poches et rangea au fond d’elle cette idée. Gifler des touristes…n’était donc pas drôle pour les autres. Noté. Elle ne lui en voulait pas, du reste, de désapprouver. Il devait peut être se douter de l’impulsivité brutale de la sorcière mais elle s’était toujours plus ou moins comportée correctement devant lui : elle n’avait jamais frappé personne devant ses yeux, et malgré l’épisode de l’intrusion surprise, Sanae n’avait jamais montré ce côté sombre de sa personne à Gary. Sans doute était-ce pour le mieux...elle voulait préserver cette légèreté.

 « Hheu..... non ?» Elle haussa les épaules. « Tant pis. » soupira-t-elle en faisant un bruit sec de la bouche, comme une bulle qui éclatait entre ses lèvres.

Ils finirent par se détourner du groupe de touristes et empruntèrent un chemin à l’opposé, mal éclairé jusqu’à un tombeau sur lequel Sanae s’était assise sans gêne. Déjà, elle quémandait la friandise que Gary sortait devant ses yeux.

 « Ouais j'ai la dalle, moi aussi, ça me rapporte quoi ?»
« De garder tous tes membres intacts ? » répondit-elle du tac au tac, un large sourire innocent sur les lèvres. Puis, vint la bonne idée de prendre un selfie à envoyer à Margo. Si la jeune femme pouvait trouver de nouvelles idées afin de déclencher l’irritation de la sorcière blonde, elle n’allait pas se priver.

 « hastag on goûte avec la mort ? » Elle rit en rangeant son téléphone dans la poche de sa veste une fois la photo prise. Et en enchaînant tout naturellement, la sorcière prenait la friandise des mains de Gary avant qu’il ne la retienne d’une main en l’attirant contre lui. Elle ne l’avait pas prévu mais une gêne étrange la prit au ventre lorsqu’ils s’étaient rapprochés.

 « C'est. A. Moi. Gremlins.» fit-il alors qu’elle lui décochait un nouveau sourire, ses doigts fermement enroulés autour du kit kat. Elle se détacha de lui en se libérant de sa prise. Un pas en arrière.  « J'te le laisse, mais dehors t'as intérêt à me payer une gaufre, ou une crêpe, ou les deux. En plus on aura peut-être besoin d'énergie pour la suite.»Elle haussa les épaules. « Sans problème mon ptit. » Comme quoi, elle n’était pas la seule facilement corruptible quand il s’agissait de bouffe.

Ils continuèrent sur le chemin déjà emprunté, analysant les lieux, essayant de trouver vers quoi se diriger mais il n’y avait rien de palpitant de ce côté-ci. Restant à ses côtés, mâchant bruyamment, la sorcière posait un regard déçu sur tout ce qui l’entourait.

 « Tu veux qu'on prenne quel chemin ?» Deux directions s’offraient à eux et ils restaient au carrefour des longs couloirs sombres. Elle fit la moue.  « On peut ptte remonter à la surface et j'te montre ma surprise, sinon ?» Croquant dans le kit kat, Sanae jeta un œil aux deux chemins et se tourna vers Gary. « Tsais quoi, les Catacombes, c’est surfait. T’as raison, on remonte et on va voir ta fameuse surprise. J’espère que c’est pas une visite de musée hein. » Elle se sentait l’envie de bouger. Ou peut-être était-ce le grondement au fond de son ventre qui n’avait rien à voir avec la faim qui commençait à devenir trop présent… Il fallait qu’elle bouge oui, qu’elle ne fasse pas seulement que marcher.

Elle l’entraîna par là où ils venaient et ils rebroussèrent chemin jusqu’à arriver vers la sortie. Sanae glissa à l’oreille de Gary « Hey, tu devrais prendre le numéro de la fille du guichet... Sinon j’le fais pour toi. En contrepartie, tu me donnes un indice sur la surprise. »

Quelques minutes plus tard, les deux sorciers ressortaient dans le monde réel, à l’air libre et Sanae sortit son téléphone pour envoyer la photo à Margo. Remettant ses mains dans ses poches, elle fit quelques pas aux côtés de Gary. « Bon, on va où ? J’espère que tu le sais au moins. » Il n’était jamais venu après tout alors la question se posait : où allait-il les emmener ?

Oui, il affirmait bien haut et fort qu'il doutait qu'elle pourrait sa grande carcasse, et lorsqu'elle parla de force cachée, il ne put s'empêcher avec l'idée d'un bras de fer. Est-ce qu'il était certain de gagner ? Pas du tout, mais Sanae n'était pas épaisse non plus... et ça serait un bon moyen de voir à quel point sa force était.

« Ah ouais ? Tu veux te faire un bras de fer ? J’te signale que t’es pas très épais, ta taille n’importera pas dans ce genre de défi. »
 « Tu n'es pas très épaisse non plus ! Puis si je perds, c'est pas bien grave en soi. J'te ferai la revanche dans quelques mois quand j'aurai encore du muscle.» lui dit-il en lui dédiant en prime son plus beau sourire mi-charmeur, mi de petit con qui sait que ce qu'il fait est très con et pourrait attirer d'éventuels ennuis.

En attendant, pour certaines choses ils n'étaient pas du tout sur la même onde... comme pour ses envies de violence subites contre des gens innocents. Ouais non, se venger sur des cons qui lui avait porté tort, c'était avec joie... face à des inconnus c'était quand même quelque chose qu'il avait du mal à assimiler si bien qu'il avait préféré tout simplement ne pas approuver cette idée ! Il pensait qu'elle allait insister un peu,  mais se contenta d'un petit « tant pis » suivi d'un grand soupir à fendre l'âme. En même temps, si elle avait vraiment voulu, elle n'avait pas besoin de son aval pour faire ce genre de choses... mais seule, elle devait trouver que c'était quelque chose de beaucoup moins drôle.

Un petit moment après, échappés au groupe, ils s'étaient installés à un endroit que la jeune femme avait choisi avant qu'elle ne lui réclame à manger.

« De garder tous tes membres intacts ? »
 « On se calme, le Gremlins. Je crois que je ne vais plus t'appeler comme ça, t'es pire que Neolina ET Klara réunie et ça, ce n'est pas vraiment un compliment.» répliqua-t-il, taquin, toujours du tac au tac comme s'il se fichait bien de la menace ! Hey, lui il avait des dents, il pourrait la mordre si elle approchait sa mimine un peu trop prés de son bien !

Sanae avait de nouveau – et heureusement- changer de sujet avec son idée de selfie et il n'avait pas pu s'empêcher de faire une blague absolument pas drôle mais Sanae semblait avoir parfois le même humour douteux que lui. Tant mieux. Photo prise, lui avait l'esprit un peu ailleurs et c'est à ce moment-là que Traitesse choisit de lui voler outrageusement son kit-kat. Reflexe ! Il lui prit la main rapidement avant de l'attirer contre lui, comme quoi  il y a certaines choses qui ne se perdent, il ne reste plus qu'à savoir s'il gardait ce réflexe de Poudlard, l'orphelinat ou de sa cohabitation avec Klara. Et ce fut le nouveau de la négociation : facile. Ils avaient faim tous les deux,  s'il mangeait maintenant il n'aurait plus faim après, tandis que sa camarade si – un puits sans fond sans estomac ! -. Par ailleurs, elle risquait d'être irascible si bien qu'il lui proposa la friandise en échange d'une gaufre/crêpe lorsqu'ils sortiraient. Probablement qu'elle en prendrait aussi une en sortant, ce qui faisait qu'il lui mettait par la même occasion l'eau à la bouche d'un éventuel 3eme goûter.  

« Sans problème mon ptit. »
 « Si j'suis petit, t'es quoi, toi ? J'te dépasse de combien ? Bon ceci dit, c'est agréable, ça sonne mieux à l'oreille que grande perche.»

Tout en parlant ils avaient continué le chemin qu'ils suivaient, mais il ne semblait plis avoir grand chose d'intéressant à voir... ils allaient bientôt se perdre dans ce dédalle si bien qu'il lui proposa d remonter à la surface pour passer à l'étape numéro 2 ! sa surprise (après un passage crêpe)/

« Tsais quoi, les Catacombes, c’est surfait. T’as raison, on remonte et on va voir ta fameuse surprise. J’espère que c’est pas une visite de musée hein. »
 « J'ai pas envie de mourir d'ennui.»

Oui bon, c'était le genre de chose qui ne l'intéressait pas trop... certains pouvaient être funs, genre ceux avec des statues en cire, ou même avec des bestioles mortes depuis des centaines de milliers d'années... mais non ce n'était pas son idée.  Ceci dit, il se nota qu'elle ne semblait pas aimer ça histoire de pouvoir lui faire une surprise pourrie pour une prochaine sortie. Oui, un cadeau empoissonné si jamais elle était vilaine avec lui. Mais ça signifiait aussi qu'il se punirait lui-même et ça c'était déjà beaucoup moins marrant, ceci dit, rien que voir la tête déconfite puis rageuse de Sanae, valait peut-être le coup.

Et alors qu'ils approchaient de la sortie, son amie sembla soudain se rappeler d'un détail qui lui était un peu passé au-dessus de la tête.

« Hey, tu devrais prendre le numéro de la fille du guichet... Sinon j’le fais pour toi. En contrepartie, tu me donnes un indice sur la surprise. »
 « Ouais, enfin ce soir, on dort ici ? C'était prévu ?» demanda-t-il dubitatif.

Bientôt l'air libre et il se rendit compte, une fois qu'il respirait l'air extérieur qu'il se sentait soudain quand même plus détendu. Il inspira-expira plusieurs fois à grandes « gorgées ». Bon, l'odeur était plus proche de la pollution que de la verte prairie mais bon, on s'en contenterait.

« Bon, on va où ? J’espère que tu le sais au moins. »

Il sortit son téléphone et pianota rapidement dessus.

 « J'vais le savoir rapidement. Et ton indice, tu l'auras au moment ou j'aurais pu manger ma crêpe, non tiens, ma gaufre en entier sans que tu me piques le moindre bout. Sinon tu vas manger la tienne, et tu vas voler la mienne.»

C'était une conversation tout à fait sérieuse de personne trentenaire ou proche de la trentaine. Il lui pinça un peu la joue en aillant l'impression qu'elle faisait une pseudo-moue boudeuse.

 « Tu vas pouvoir te défouler. Indice n°2, après la bouffe... ça me laisse le temps de bien localiser et de trouver comment s'y rendre.»

Par ce que bon, transplaner ici, en plein Paris, ça serait probablement un peu compliqué

 « Tu n'es pas très épaisse non plus ! Puis si je perds, c'est pas bien grave en soi. J'te ferai la revanche dans quelques mois quand j'aurai encore du muscle.» Elle faillit répliquer qu’il faudrait peut être pas mal de mois pour qu’il retrouve la forme mais elle se contenta de lâcher un « Hum-hum » avec un sourire en coin. Elle se demandait intérieurement si elle était prête à le laisser gagner seulement pour lui faire croire en sa nature douce et tranquille. Elle prenait de plus en plus conscience que l’image qu’elle renvoyait d’une jeune femme frêle et délicate – du moins, quand elle n’ouvrait pas la bouche – n’était pas toujours un désavantage. Alors peut-être qu’elle n’avait pas besoin de toujours revendiquer sa force, de toujours montrer de quoi elle était capable, alors s’amusait des insinuations qu’elle pouvait faire sans qu’elles ne soient trop évidentes, des blagues qui la faisaient rire intérieurement.

Ce qu’elle ne pouvait pas réfréner cependant était son penchant naturel pour la nourriture...

 « On se calme, le Gremlins. Je crois que je ne vais plus t'appeler comme ça, t'es pire que Neolina ET Klara réunie et ça, ce n'est pas vraiment un compliment.»Elle mit une main sur son coeur dans un geste théâtral, faussement choquée, avant de sourire largement. Quant au surnom, elle n’y voyait pas d’inconvénient : c’était même bien plus juste que Gary ne pouvait le savoir.
Ils continuèrent leur visite en se lançant toutes les taquineries qu’ils pouvaient trouver.

 « Si j'suis petit, t'es quoi, toi ? J'te dépasse de combien ? Bon ceci dit, c'est agréable, ça sonne mieux à l'oreille que grande perche.»La sorcière haussa les épaules, amusée. « J’suis grande, ça va...Et j’aurais clairement pu trouver pire surnom. » Un sourire malicieux étira ses lèvres en pensant à tous les surnoms qu’elle aurait pu lui adresser.

Ils prirent leur propre chemin, déviant du groupe, et bientôt l’envie de fuir cet endroit se fit sentir. Gary avait apparemment une surprise en tête et la sorcière n’était pas des plus patientes. Elle pria pour que ce ne soit pas un musée.

 « J'ai pas envie de mourir d'ennui.»
Elle ricana, les mains dans les poches, alors qu’ils approchaient du guichet. La jeune femme qui avait semblé intéressée par le sorcier apparut derrière son petit comptoir et Sanae ne manqua pas de rappeler la charmante possibilité à Gary.

 « Ouais, enfin ce soir, on dort ici ? C'était prévu ?
- Oh, j’ai un appart dans Paris, je t’aurais donné les clés. »

Mais il ne semblait pas décider à ramener la jeune femme dans un coin tranquille alors ils sortirent, retrouvant l’air frais du dehors. Sanae, déjà, voulait savoir où ils iraient. Un indice ?

 « J'vais le savoir rapidement. Et ton indice, tu l'auras au moment ou j'aurais pu manger ma crêpe, non tiens, ma gaufre en entier sans que tu me piques le moindre bout. Sinon tu vas manger la tienne, et tu vas voler la mienne.» Elle se pinça les lèvres, amusée, avant de l’entraîner vers la droite. « Oh, ça va, je vais pas te laisser mourir de faim non plus. J’suis pas un monstre... » Oh, comme cette blague la faisait rire à l’intérieur de son crâne… Ils commencèrent à marcher en direction de la rue principale. Finalement, Gary céda et lui donna quelques indices.

 « Tu vas pouvoir te défouler. Indice n°2, après la bouffe... ça me laisse le temps de bien localiser et de trouver comment s'y rendre.» Elle le regarda avec amusement. Se défouler ? La curiosité venait d’être décupler et d’atteindre un tout nouveau niveau. Elle ne disait pas non à un défouloir. « Bien, je valide ton programme ! Viens, on va trouver où prendre ta gaufre. »

Ils marchèrent une dizaine de minutes et trouvèrent un établissement qui servait des gaufres et des crêpes en terrasse. La jeune femme échangea quelques mots avec un serveur et ils prirent place à l’ombre alors qu’on leur apportait deux cartes. Elle déposa son téléphone sur la table, son regard allant de temps en temps vers l’écran dans l’attente d’une réponse de Margo, comme un spasme de l’esprit qui ne pouvait s’empêcher de penser à elle. Le serveur revint pour prendre leur commande et disparut. La sorcière posa ses coudes sur la surface de la table, son regard détailla Gary alors que ses pensées vrombissaient à l’intérieur de son crâne. Elle eut un instant de délibération avec elle-même avant de lâcher.

« Au fait, j’me tape Margo. »

Visage impassible, prunelles fixées sur les siennes, le calme imprégnait ses traits mais le coin de ses lèvres frémissait déjà de voir la réaction du sorcier. Est-ce que ça l’amusait de jeter ce genre d’informations à la gueule des gens ? Oui.

 « T'inquiètes t'as quand même plus de charme qu'eux. T'as juste leur caractère.» Il fallait avouer que c’était drôlement bien résumé. Pourtant, il ne la connaissait que peu mais il arrivait à trouver une comparaison des plus justes. Un Gremlins. Du style à avoir l’air adorable un temps avant de se transformer en monstre sous certaines conditions, avec un appétit de géant. Elle se contente de sourire largement sans rien ajouter. Et la question se posa alors : comment l’aurait-elle appeler, lui ?

 « Comme quoi, juste par curiosité ?»
« Hm. » dit-elle, faisant mine de réfléchir en se frottant le menton. « Grande Perche ? La tour infernale ? » Elle faillit ajouter que ça pouvait lui rappeler Azkaban mais vu sa réaction à sa question de la fête foraine, mieux valait sans doute éviter le sujet. Elle avait vu dans son esprit à quel point il était instable quand on abordait son emprisonnement – à juste titre – et Sanae considérait qu’il ne servait à rien d’enfoncer le clou. Elle aurait pu le faire seulement par amusement mais cela aurait nettement entaché leur journée à n’être que des enfants. Enfants qui se dirigeaient vers la sortie sans oublier la présence de la jolie jeune femme au guichet. La sorcière aurait pu lui prêter son appartement parisien mais Gary ne semblait pas décidé à faire un pas vers celle qui lui avait fait de l’oeil.

 « J'aurais le droit de te les piquer pour une autre occas' ?» Un sourire, puis un haussement d’épaules. « Bien sûr. » Ce n’était pas comme si elle l’utilisait toujours. La preuve en était, lorsqu’elle avait passé quelques jours à Paris elle avait préféré les tréfonds des boites de nuit et une chambre d’hôtel plutôt que cet appart. Trop de souvenirs entre ces murs qui avaient vu basculer sa vie à l’annonce de la mort de son père. Elle ne comptait pas y retourner de si tôt.  « Mais t'es blindée de thunes à quel point, toi ? Non, par ce que ça doit être hyper cher un logement ici. Même quand je bosserai à temps complet, j'suis même pas sûr de pouvoir me trouver une petite location dans le Londres périphérique...»Elle rit franchement, les mains dans les poches alors qu’ils sortaient à l’air libre. « J’ai touché un héritage et mon salaire est pas trop mal. » dit-elle simplement. Ce n’était pas la peine de faire le compte de tous les bien immobiliers, les placements fonciers, les investissements et autres comptes en banque pleins que son père avait nourri toutes ces années jusqu’à ce qu’elle hérite de tout ce qu’il possédait.

Elle préférait largement parler de ce qu’ils allaient faire ensuite, à savoir manger et apparemment, dévoiler la surprise que Gary lui réservait. Elle s’amusait intérieurement du caractère intenable qu’il lui prêtait...de manière si juste.

 « La prochaine fois, j'te nourris pas et on en reparle ?»
Elle fit une grimace amusée.
« Ouais….ne tentons pas l’expérience. »

Il valait mieux.
Ils prirent le chemin d’une terrasse et s’installèrent en commandant ce qui leur faisait envie et une fois le serveur parti, Sanae ne put s’empêcher de lancer d’une manière très délicate qu’elle couchait avec Margo. Pour le coup, si la surprise du sorcier était visible, elle regretta de ne pas avoir attendu la première bouchée sucrée pour le voir la cracha aussitôt. Un sourire en coin, les coudes sur la table, Sanae le regardait attentivement. Ce n’était pas seulement que l’envie lui avait prise de lui confier cette information mais surtout pour mettre un point final à l’idée d’un quelconque rapprochement sexuel entre eux, éliminant la gêne de devoir le repousser un jour. Si le moment qu’ils avaient partagé restait un bon souvenir – bien qu’entaché par l’état dans lequel Gary avait fini -, Sanae préférait largement le garder comme ami.

 « Elle est bonne ? T'as bon goût.» Pas l’effet attendu et pas le sentiment qu’elle attendait de ressentir à cette remarque. Il ne demeura qu’un haussement de sourcil sur son visage, ne sachant exactement comment répondre à cette remarque. Elle fit néanmoins, comme si de rien était. « J’ai toujours bon goût. » Un large sourire agrémenta cette réponse et elle se dit que si Margo avait été là, elle aussi aurait compris le double sens.  « J'ai le droit de le commérer à Neolina ? Ou c'est censé être un secret ? » Elle fit une moue suivit d’un « Boarf, tu fais ce que tu veux de cette info. » De toute manière, il y avait fort à parier que cela viendrait dans une prochaine conversation avec Neolina.  « Je crois que j'aurais bien aimé m'l'a taper moi aussi, par ce qu'elle est aussi cool, que belle et intelligente et qu'elle a une classe d'enfer.» Cette fois-ci, elle put davantage identifier la sensation désagréable qui la prenait : les mots de Gary venaient de la piquer violemment au ventre et elle sentit monter en elle quelque chose qu’elle n’avait pas l’habitude de ressentir. Pas aussi violemment.

Ah, c’était donc ça la jalousie.
Il y avait des expérimentations dont on n’était moins pressé de faire.

Plus que de la jalousie, c’était son caractère possessif qui vrilla un instant ses nerfs. Et la tension dut se voir sur son visage qui se figea dans un étonnement crispé. Les dents serrées, Sanae ne répondit pas tout de suite, le serveur arrivant avec la gaufre de Gary, sa crêpe à elle et leurs boissons. Elle fit un sourire froid au serveur, détachant son regard de Gary comme pour se garder de lui en foutre une et quand il fut parti, elle se saisit de sa fourchette pour la planter dans sa crêpe et commencer à en découper des petites morceaux. « Hm. » fit-elle, de façon plus aiguë qu’elle ne l’aurait pensé. Elle mâcha sa première bouchée en regardant Gary, tentant de sourire sans y parvenir alors qu’en elle se chargeait une mauvaise humeur de tous les diables. « Je suis sûre qu’elle serait flattée. » finit-elle par sortir, les lèvres pincées. Elle but une gorgée de son café au lait. « Et tu en es où toi avec Klara ? » Espérait-elle que le sujet lui soit tout aussi désagréable que sa réflexion l’avait été pour elle ? Sans doute.

« Hm.  Grande Perche ? La tour infernale ? »

Il pencha la tête un peu sur le côté, essayant de voir à quel point cela pouvait être -ou non- un bon surnom ou pas. Il n'aimait pas les deux, mais il étaient, il faut bien l'avouer quand même assez drôle... d'autant plus lorsqu'il savait qu'il était quelqu'un d'infernal ! Il se contenta donc de lui sourire, un peu énigmatiquement, comme s'il n'avait pas spécialement envie de répondre à la question. Pourtant, au bout de quelques instants supplémentaires, il avait enfin repris réellement la parole.

 « Ok. Je vois... C'est pas mal. Mais je suis certain que tu peux mieux faire. Tu vois, t'as l'esprit assez machiavélique pour.»

Pourquoi machiavélique ? Qu'est-ce que ça avait à faire ici ? Pas grand chose on est d'accord, mais ça lui plaisait bien de dire ce genre de choses, d'autant plus que c'était quand même plutôt vrai. On ne pouvait plus dire que c'était une saintes, bien au contraire. Bientôt, elle lui avait affirmé qu'elle serait d'accord pour lui prêter son appartement parisien en d'autres occasions. Maintenant, il allait falloir juste trouver un moment où Hollens serait libre, disponible pour ça. En remerciements, il se contenta de lui faire un petit sourire. Il lui dirait vraiment vraiment merci, le jour où ça se ferait histoire d'éviter une quelconque désillusion. Elle avait l'air d'être une femme de paroles, mais il ne la connaissait pas assez pour ça ; elle pouvait aussi avoir envie de le faire chier pour X ou Y raison, alors on ne s'emballe pas trop non plus.
Par contre, l'argent qu'elle pouvait donc avoir était quelque chose qui l'interpellait quand même pas mal. Beaucoup trop. Et non, il ne comptait pas en profiter, il n'était pas comme ça, mais sa curiosité était quand même franchement piquée.

« J’ai touché un héritage et mon salaire est pas trop mal. »
 « D'accord.» se contenta-t-il de dire, tandis qu'il aurait bien en voulu savoir plus, mais une telle réponse, même pour quelqu'un qui n'était pas très doué avec les mots, faisant bien comprendre qu'elle ne voulait pas s'étaler davantage. Tant pis pour lui, il ne pourrait qu'imaginer.

Ils avaient continué sur cette lancée bonne enfant, elle le cherchait un peu avec la bouffe et il ne pouvait s'empêcher de la chambrer un peu.

« Ouais….ne tentons pas l’expérience. »
 « Ouais, je suis bien d'accord, avec ça, ce n'était pas vraiment mon intention !»

Il était plutôt trop prudent avec les gens pouvant être désagréables lorsqu'ils ne bouffaient pas à leur faim. Il avait déjà testé beaucoup avec Klara, un peu moins avec Neolina... et il savait exactement à quoi s'attendre.

Et c'est donc là, à présent installés un bout en terrasse pour manger un bout, qu'elle lui avait glissé quelque chose, une confidence, sur Margo. Quelque chose à quoi il ne s'était pas franchement attendu. Elle se tapait Margo ! Et bah, ça alors, il ne s'y était attendu, mais ce n'était pas quelque chose qui allait le choquer, il ne pouvait que la comprendre vu le physique et le caractère de Beaumont et il ne put s'empêcher de le dire. N'y voyant là, juste une discussion entre deux amis, comme il aurait pu lui dire qu'il avait déjà couché avec Neolina par exemple.  Rien de tendancieux, ou même de méchant. Et le mieux dans tout ça, c'était quand même qu'il allait pouvoir en parler avec Hampton ! Il aurait pu garder le secret, mais ça n'aurait pas forcément été la chose la plus simple pour lui et sa grande bouche qui avait du mal à faire le silence.
Il fronça un peu les sourcils en voyant l'à présente tête de Sanae quelques instants avant l'arrivée du serveur, mais il mit ça sur sa faim. Il remercia l'homme et l'attaqua son petit goûter avec plaisir, malheureusement pour lui, il allait découvrir que cette dégustation allait être de courte durée.
 « Hm. » La façon dont elle avait prononcé ce mot sonnait quand même d'une faon un peu étrange, il planta son regard sur elle, ne comprenant pas bien ce qui se passait.« Je suis sûre qu’elle serait flattée. » Hein ? C'était quoi sa manière de dire les choses, cette façon de causer ? Elle était où la bonne humeur ? Il la regardait un peu perplexe... « Et tu en es où toi avec Klara ? » Qu'est-ce que Klara avait avoir l'à dedans, elle savait pourtant que c'était un sujet sensible ? Et si elle avait demandé ça à un autre moment, il lui aurait répondu plutôt normalement, mais vu son comportement avant, elle voyait bien qu'elle cherchait à le piquer. A lui faire du mal. Et il ne comprenait pas bien pourquoi. Lui, n'avait pas cherché à mal, il pensait qu'elle voulait juste papoter sur ça, avoir un avis, ou un commentaire. Il pensait que c'était juste « comme ça » leur relation à toutes les deux, mais visiblement il s'était trompé et elle comptait visiblement lui faire payer. Et il la regarda un peu désarçonné. Dents serrées à son tour, avant qu'il lui souffle.  « Va te faire foutre.» siffla-t-il plus douloureusement que méchamment, par ce que cette plaie là était loin d'être cicatrisée et fermée. Bouchée avec plein de chocolat.  «Nulle part. »

Et il n'irait pas plus loin, vu qu'elle n'était pas quelqu'un de confiance au final, vu qu'elle semblait prête à lui faire juste pour se venger ; et il fallait bien avouer qu'il n'avait qu'une envie, lui envoyer pique bien sentie mais il préféra se terrer dans un silence presque religieux, allant jusqu'à pousser sa gaufre jusqu'à Sanae pour qu'elle la finisse si elle en avait envie, par ce que lui n'avait plus très faim. Par ce qu'il ruminait. Par ce qu'il essayait de comprendre pourquoi est-ce qu'elle agissait ainsi, alors qu'elle était entrée sa tête, alors qu'elle savait pertinemment à quel point ça lui faisait mal. Et entre amis, on ne fait pas ça. De quelqu'un d'autres qui ne pouvait pas savoir à quel point cela le touchait, il aurait pu essayer de prendre les choses différents, mais ça avait beaucoup de mal à passer. Point positif, il n'avait pas fui, cette fois, il n'avait pas été si désagréable, il avait même réussi à répondre un peu à sa question. C'était une légère évolution positive, même s'il avait encore visiblement à travailler ses brusques changements d'humeur, mais que Sanae devait aussi le faire, ce n'était pas vraiment un souci, n'est-ce pas ?

Si la sorcière avait appris beaucoup en s’introduisant dans son esprit, le sorcier, lui, savait peu de choses sur elle. Elle se dévoilait petit à petit à lui, mettant de côté ce qui était trop lourd, trop déstabilisant à entendre et elle se demandait à chaque étape à quel moment elle verrait dans ses yeux le choc ou la rage qu’elle pouvait faire naître chez les autres. Il lui restait peu de relations légères, dénuées de conflit, et la sorcière tentait de demeurer sur le mode le plus joyeux qu’elle puisse avoir. Ils discutaient, se taquinaient, avançaient dans cette journée sans aucun sens avec un esprit de gaminerie prononcé. Peu importait. Peu importait ce qu’ils faisaient, ils trouvaient le moyen de digresser vers des choses d’apparence futiles, banales, délirantes, puériles. Et ça faisait du bien, du bien de pouvoir ne pas penser à tout ce qui grésillait et vacillait à l’intérieur d’elle-même et lui, de ne pas sombrer dans ce qui était si sombre dans son esprit et qui le torturait encore. Elle laissait de côté sa propre cage imaginaire et lui, celle qui avait retenu sa liberté physique. Ils retournaient tous deux vers le plein air, vers un oxygène qui s’infiltrait plus facilement dans leurs poumons.

 « Ok. Je vois... C'est pas mal. Mais je suis certain que tu peux mieux faire. Tu vois, t'as l'esprit assez machiavélique pour.»

Tu n’as pas idée.
Et elle espérait qu’il ne saurait jamais.

Ils continuèrent leur chemin, sortant des Catacombes pour se diriger vers une terrasse qui serait le parfait point de chute avant d’attaquer la surprise que lui réservait Gary. La bouffe, ils ne pouvaient pas se tromper en tablant dessus. Ils étaient gourmands tous les deux, bien que la façon dont la sorcière vivait son amour de la nourriture pouvait en effrayer plus d’un. Mais pas lui, trop habitué à ce genre de profil. Tant mieux. Ils s’installèrent et le serveur vint prendre leur commande. Ce fut alors le moment de lâcher une information toute fraîche, prenant probablement Gary par surprise. Le sorcier ne parût pas choqué pour autant et dès lors qu’il ouvrit la bouche, Sanae ressentit comme une pique au fond du ventre. Vive et infernale, elle venait l’enserrait comme un étau et faire monter d’un seul coup une irritation qu’elle ne put réfréner en totalité. Oh, elle aurait pu faire pire, elle le savait. Et le changement d’humeur radical sembla trouver un écho chez Gary. Déstabilisé par son attitude, le sorcier fronça les sourcils et serra les dents. Elle voyait le tension monter chez lui. Il fallait bien dire que sa question était faite pour piquer autant qu’elle l’avait été elle. Une gifle aurait sans doute eu le même effet…

 « Va te faire foutre.» siffla-t-il. Elle sentait son énervement, les mots venant distiller un acide entre eux. Acide fort légitime, évidemment. Comment aurait-il pu savoir qu’elle réagirait ainsi ? Comment aurait-il pu comprendre la teneur de ce qu’elle ressentait à l’égard de la blonde ? Impossible. Elle-même n’en comprenait pas encore toutes les facettes. Il n’y avait pas d’étiquette, pas de mots mis sur ce qu’elles vivaient. C’était fort, si fort que tout était trop vif et brûlant pour réagir de manière raisonnable. Alors oui, l’espace d’un instant, elle avait voulu faire du mal à celui qui ne se doutait de rien et avait parlé librement. Regrettait-elle ? Difficile à dire. Elle voyait sa douleur se peindre dans le fond des prunelles, source même de son ressentiment.
 «Nulle part. » finit-il par répondre, terminant sa bouchée.

Il repoussa son assiette qui n’était pas terminée vers elle et elle posa un regard froid dessus. Un instant de silence. Elle observait les traits de son visage, penchant légèrement la tête sur le côté, presque imperceptiblement. Muette face à l’humeur du sorcier, Sanae ne se départait pas de la sienne mais se demandait intérieurement ce qu’elle devait dire ou faire. Elle n’avait pas calculé, pas prévu d’être aussi irritée par les réflexions de Gary et elle avait piqué par réflexe. Que faisait-on quand on vexait un ami ? Il ne partait pas, se contentait de rester face à elle dans une douleur pleine d’acidité. Elle savait, oui, qu’il n’était pas remis de toute cette histoire. Pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas terminée… Elle planait, était toujours présente dans sa vie autant que ses sentiments pour Klara. Elle avait donc appuyé là où ça faisait mal, en toute connaissance de cause comme d’un seul coup, son empathie s’était barrée aussi violemment que sa joie d’être là. La vérité, c’était qu’elle avait été surprise par ce sentiment de jalousie qu’elle découvrait pour la première fois et qui semblait la submerger. Alors, on fait quoi dans ces cas-là ?

Sa fourchette en main, Sanae pinça les lèvres, déplaçant un morceau de crêpe sans y toucher.
Elle se racla la gorge, fit un peu la moue.

« Donc...toi et moi, niveau sautes d’humeur on est bon. » Sa moue se transformait en grimace un peu comique, ne sachant trop quoi dire et tentant néanmoins de briser le silence. Elle regarda son assiette une seconde et poussa avec sa fourchette celle de Gary vers lui, franchissant le no man’s land qu’était devenu l’espace de la table qui les séparait. On détend l’atmosphère Sana. Allez. Un petit effort. Elle se mordit l’intérieur de la joue en inspirant. Elle tentait de repousser les salves d’humeur noire qui l’assaillaient. On se maîtrise. « Bon ça va...excuse. » C’était sincère mais dit d’une façon atrocement maladroite et brusque, presque agressive. Il n’aurait pas mieux. « ...j’suis pas encore au point sur les interactions sociales. ». Elle laissa retomber son dos contre le dossier de la chaise. « Tu peux te barrer pour pas voir ma tronche, j’me vexerai pas. »

Pour une fois que ce n'était pas lui qui gâchait tout par ses propos, il aurait presque fallu en profiter ! Bon certes, c'était lui qui avait commencé à aller en pente glissante mais c'était quand même Sanae qui avait fourni la première information ca-pi-ta-le. Lui ne pouvait savoir que visiblement, elle y tenait beaucoup à Margo, il ne pouvait pas deviner alors il ne comprenait pas bien sa réponse brutale et qui était clairement dédiée à lui faire mal. Elle aurait juste pu lui intimer de se taire... Lui dire que ce n'était pas drôle, qu'elle ne voulait pas qu'il en parle dans ces termes. Il aurait pu comprendre, il se serait même probablement excusé. Mais là ? Et pourtant, il lui avait plus ou moins répondu abruptement, mais il l'avait fait ! C'était déjà mieux que rien, n'est-ce pas ? Il avait réussi à rester. Il avait réussi à ne pas fuir... C'était déjà un assez grand exploit en soi pour lui. Il serrait les dents, il n'avait plus faim, mais il voulait essayer d'agir en adulte. Il voulait essayer d'agir pas trop mal pour une fois, de travailler ses réactions de façon à être un peu plus adapté à ce monde... au max qu'il pouvait l'être.

Inspiration. Expiration. Il avait même fini par pousser son assiette encore au trois-quart pleines vers Sanae pour qu'elle le finisse si elle le souhaitait, par ce que pour lui, plus rien ne passerait. Ses tripes étaient en feu, et il avait beaucoup de mal à rester sur place. Mais il voulait y arriver. Pas forcément pour Sanae, mais pour les prochaines fois, pour ne pas juste se lever et fuir par ce qu'il était vexé. Par ce qu'il devait essayer d'apprendre à agir comme un adulte et que ce n'était pas simple pour lui, pas lorsque tant d'émotions avaient tendance à le submerger, à l'emporter loin. Se concentrer sur l'essentiel, sur ce qui était en train de se passer là, et seulement là.
Et puis, enfin Sanae fit un petit raclement de gorge, arrivant enfin à briser le silence pensant.

« Donc...toi et moi, niveau sautes d’humeur on est bon. »

Et tu crois vraiment que c'est ça qui va le dérider ? Raté. Encore une fois par ce qu'elle avait fait exprès de vouloir lui faire mal et que c'était trop simple de sortir une telle banalité dans ce cas-là. Il s'était donc contenté de la regarder et attendait sagement la suite.

« Bon ça va...excuse. »

Cette fois, par contre, c'était quelque chose de pas franchement top, mais au moins c'était mieux que rien. Même lui était plus doué pour s'excuser et pourtant c'était souvent le genre de truc qui lui arrachait la gueule. Il n'aimait pas dire ces quelques mots ; alors il pouvait un peu comprendre Sanae ; disons que ça partait d'une bonne volonté et que ça semblait sincère. Au moins, elle n'en avait pas fait trois caisses de fausses paroles hypocrites. Il s'était donc contenté d'acquiescer pour montrer qu'il avait bien entendu ce qu'elle avait dit. Cependant, il n'avait toujours pas repris la parole et se contentait toujours de la dévisager.

« ...j’suis pas encore au point sur les interactions sociales. ». Non sans blague ? Pourtant, au premier abord, elle semblait quand même beaucoup plus adaptée à ce monde que lui. « Tu peux te barrer pour pas voir ma tronche, j’me vexerai pas. »

Est-ce que ce n'était pas ce qu'il mourrait envie de faire ? Probablement que si... mais non, ça serait quand même trop simple. Il pouvait dire « c'est pas grave », ou quelque chose comme ça, mais pour l'instant il n'y tenait pas spécialement. En soi, ce n'était pas dramatique, mais il ne voulait pas faire croire que blesser ses potes, avec un « excuse », c'était oublié. Il voulait trouver la bonne formule mais visiblement, elle ne semblait pas vraiment vouloir arriver.

 « Non, je t'ai dit que je t’emmènerai quelque part avec le goûter, je le ferai.» dit-il plus doucement, d'une voix qu'il essayait être moins tendue.

Comme une trêve en quelque sorte. Il faudrait bien qu'il rajoute quelque chose, mais la question, c'était quoi ? Est-ce qu'il y a une formulation qui pourrait être mieux perçue qu'une autre ? Par ailleurs, que voulait-il le lui montrer exactement par cette démonstration ? Il n'en savait malheureusement trop rien. On se concentre, Gatiss. On essaye de dire quelque chose de pas trop stupide pour une fois.

 « Enfin, si toi, tu es toujours partante !»

Montrer que là non plus, il n'y avait aucune obligation. Si elle se sentait de trop mauvaise humeur, elle pouvait tout aussi bien y aller. Il se débrouillerait pour rentrer, ce n'était pas vraiment un souci pour lui. Allez Gary, sort une petite vanne, ça fait toujours plaisir, ça détendra un peu tout !

 « On demandera à Neolina de nous donner quelques cours de savoir vivre. Elle sera ra-vie.»

Il imaginait déjà la tronche de Hampton qui serait plus désespérée qu'autre chose.

Elle n’avait pas l’habitude.
Pas l’habitude de réparer ce qui était cassé après s’être laissée aller à l’acidité qu’elle contenait trop souvent. C’était bien beau de s’autoriser une impulsivité trop franche ou trop brutale mais il fallait également savoir apaiser les choses quand, derrière, s’éveillait une vexation ou pire de la part d’un ami. Du moins, elle considérait le sorcier comme un ami. Un jeune ami. Une amitié en période d’essai. Après tout, ils se connaissaient peu ; elle avait l’avantage ou le désavantage – tout dépendait le point de vue – d’avoir vu dans sa tête un bon nombre de choses mais lui, ignorait tant sur elle que ça frôlait l’absurdité quand on y pensait. Il y avait un déséquilibre énorme entre eux. Et si elle s’était surprise à apprécier cette position, cet état d’esprit l’avait déjà quitté depuis de bonnes minutes. Elle avait clairement affiché que pour une remarque peu fine de sa part, elle était prête à utiliser ce qu’elle savait de lui pour le heurter. Voilà qui entachait proprement leur journée de fun.

Néanmoins, parce qu’il lui restait un certain sens de la politesse et qu’elle détestait devoir quelque chose à quelqu’un, elle formula une excuse maladroite et un peu brusque ce qui ne sembla pas débloquer la situation mais ne l’empira pas pour autant. Elle enchaina alors bien vite par une remarque destinée à relâcher un peu de pression ; aucune envie de s’attarder sur ces brèves excuses qui brûlaient encore sa bouche. Gary était toujours muet et ne cessait de la dévisager. Pas que cela lui paraisse étrange, au contraire. Elle s’était d’ailleurs attendue à ce qu’il quitte la table et lui avait même ouvert la voie pour qu’il puisse se sentir libre de le faire. Elle avait au moins la décence d’accepter la colère des autres quand elle l’avait provoquée.

 « Non, je t'ai dit que je t’emmènerai quelque part avec le goûter, je le ferai.» Son ton s’était radouci mais il y avait une tension permanente chez lui. La sorcière prit une discrète inspiration alors qu’elle l’observait. Les regards persistants ne la gênaient pas.

 « Enfin, si toi, tu es toujours partante !»ajouta-t-il après une seconde.
Elle fit un léger sourire qui ressemblait davantage à un étirement de lèvres un peu grimaçant.
« Toujours partante ! » dit-elle avec un peu plus d’entrain comme si user de ce ton ferait en sorte de couvrir le mal aise ambiant.

Il y eut à nouveau quelques secondes de silence et Sanae jouait avec sa fourchette en la laissant déraper sur sa crêpe. Gary ne mangeait plus et cela n’était pas bon signe. Ah, elle lui avait définitivement couper l’appétit.

 « On demandera à Neolina de nous donner quelques cours de savoir vivre. Elle sera ra-vie.»
Cette fois-ci, elle lui adressa un vrai sourire amusé bien que légèrement hésitant.
« Oh oui, ravie. » Pas besoin de faire d’effort pour imaginer la tête que ferait Neolina s’ils se présentaient tous deux avec cette requête. Elle qui allait avec aisance vers les autres et semblait facilement leur parler devait vite se désespérer de leurs maladresses. Quoique...elle devait être habituée. « Cela dit, je suis sûre qu’elle le ferait. » Au moins pour s’éviter de lever trop de fois les yeux au ciel face à leurs changements d’humeur. « Allez...ne puni pas cette gaufre à cause de mon mauvais caractère... » ajouta-t-elle sur un ton plus doux, un adressant un clin d’oeil. Mange Gary, l’irritation partira toute seule.

Ils passèrent un bon quart d’heure de plus en terrasse et après que Sanae ait payé la note, ils partirent en direction de la fameuse surprise que Gary lui réservait. Il avait eu le temps de chercher les informations dont il avait besoin sur son téléphone et ils avaient pris un taxi pour se rendre à l’endroit qu’il lui avait indiqué. Etant donné qu’elle ne connaissait pas l’endroit où ils devaient atterrir, Sanae avait préféré ne prendre aucun risque : avec la révélation du monde magique, on n’était jamais trop prudent, n’est-ce pas ? Ils s’arrêtèrent dans une rue qu’elle ne reconnut pas et une fois le taxi payé, ils descendirent. Sanae regarda autour d’elle, passant une mèche de cheveux derrière son oreille et glissant ses mains dans ses poches. Ils firent quelques pas et se présenta devant ses yeux la façade d’un bâtiment sur laquelle était écrit en grand et en rouge FURY ROOM. Elle fronça les sourcils et jeta un regard interrogateur à Gary : « C’est quoi ce truc ?! ».

Il n'y avait pas grand chose à comprendre mis à part qu'il voulait tenir sa promesse  de l'emmener ailleurs après le goûter ; il espérait juste qu'ils arriveraient l'un et l'autre à se détendre un peu afin de pouvoir passer un moment agréable. Ceci dit, la fury room... et bien les défoulerait, elle servait pour ça, donc au pire des cas une fois sortis, tout irait probablement mieux. Il essaya malgré tout d'y mettre du sien pour rendre le tout un peu plus enthousiasmant histoire que le soufflet ne retombe pas encore plus !

« Toujours partante ! »
 « Parfait alors !» répliqua-t-il doucement.

Il avait laissé quelques instants passer avant de reprendre la parole pour lui « proposer » ou bien lui soumettre l'idée de demander à Neo de leur donner des cours de savoir vivre ! Bon ceci dit, vu les deux mauvais élèves qu'ils seraient, elle refuserait probablement. Non, par ce qu'ils seraient autant l'un que l'autre du genre perturbateurs et personne n'avait envie de voir une Hampton qui se mettait vraiment en colère ! C'était un truc qui était du genre à filer les jetons.

« Oh oui, ravie.  Cela dit, je suis sûre qu’elle le ferait.»
 « Si on promet d'être sages, possible, oui.» Ou alors elle verrait ça comme un défi pour l'année 2016... ça aussi, elle en était capable.
« Allez...ne puni pas cette gaufre à cause de mon mauvais caractère... »

Il n'osa pas lui dire qu'il n'avait vraiment plus faim si bien qu'il continua de grignoter lentement la sucrerie, se forçant à avaler une bonne partie de la gaufre. Il avait l'impression qu'à chaque bouchée, l'aliment allait vraiment finir coincé dans son œsophage mais visiblement à chaque fois le chemin vers l'estomac était bien trouvé et la « petite troupe » y avait été conduite dans son entièreté.
Il en avait profité pour finir de chercher le chemin à prendre pour l'après collation si bien qu'il n'eut pas trop de mal à trouver la route à emprunter lorsqu'ils se remirent en route et pour une fois il avait réussi à garder la surprise jusqu'au bout – bon ok, un taxi, ça aide bien aussi à ne pas se perdre, mais chut-. Ils avaient fini par s'arrêter juste à côté de la fury room et il retint tout juste un « ttaddaaaa ».
Vu la tronche qu'elle tirait, elle ne savait pas ce que c'était et il avait l'impression de jubiler.


« C’est quoi ce truc ?! »
 « Tu payes, tu entres dans une pièce et tu peux détruire tout ce que tu veux. Je ne sais pas pourquoi, je suis certain que tu as un potentiel de destruction de folie et que ça te ferait le plus grand bien de t'en prendre à de pauvres objets inanimés. Après j'crois qu'on a même des battes et un look d'enfer.» il lui fit un petit clin d'oeil  « Comme ça tu peux penser à quelqu'un à qui te veux latter la gueule et hop, ça te détend.»

Oh Aza, comme tu risques de prendre cher. Très cher. Souffre, pour ce que tu m'as fait, mais surtout pour cette mauvaise que tu as sur Klara, celle que tu as dû avoir toutes ces années. Pour cette délectation que tu as dans la souffrance des autres. Un jour tu payeras, et je serai en première loge pour assister à ce spectacle. Reine du je-sers-à-rien. Marquise de la grognasserie, de l'infamie et de l’opiniâtreté dans les vieilleries. Dame des bourreaux.... mais pas de cœur. Odure à temps complet Il y avait aussi Aloysius en ligne de mire.

 « Je suis certain que ça nous fera du bien à tous les deux.»

Peut-être qu'il penserait aussi un peu à Esteban, Klara. Pour être Eux. Pour le faux espoir qui lui apporteraient.
Mais en tête de gondole, peut-être se verrait-il lui-même, par ce que c'était lui qui était comme un camé qui revenait toujours vers eux, c'était lui qui n'arrivait pas à passer à autre chose.

 « Une idée sur la question ?»

L’humeur s’était légèrement détendue et ils étaient tous deux tombés d’accord sur le fait que Neolina aurait été d’une grande d’aide pour leur apprendre à se comporter correctement. Ils se laissaient tous deux emporter par leurs sautes d’humeur et cela tenait du miracle que ni l’un ni l’autre n’ait décidé de partir en jetant une fourchette dans la tronche de l’autre. Au lieu de laisser la rage monter, des excuses un peu brusques et maladroites avaient été formulées. C’était mieux que rien après tout. Mieux que se quitter en mauvais terme sur une terrasse d’un café parisien.
Ils finirent par partir et prirent un taxi qui les emmena devant la façade d’un bâtiment étrange que Sanae ne connaissait pas. Une Fury room ? La sorcière n’avait pas tardé à se tourner, perplexe, vers Gary.

 « Tu payes, tu entres dans une pièce et tu peux détruire tout ce que tu veux. Je ne sais pas pourquoi, je suis certain que tu as un potentiel de destruction de folie et que ça te ferait le plus grand bien de t'en prendre à de pauvres objets inanimés. Après j'crois qu'on a même des battes et un look d'enfer.» Le sorcier lui adressa un clin d’oeil et elle eut un air amusé. « Comme ça tu peux penser à quelqu'un à qui te veux latter la gueule et hop, ça te détend.»

Au fur et à mesure où Gary parlait, Sanae était de plus en plus ravie. Une fury room pour casser des objets avec des battes ? Pourquoi ne lui avait-on jamais parlé de ça ?!
« Mais c’est….merveilleux ! » lâcha-t-elle, le regard fixé sur la façade qui soudainement ressemblait à la porte qui donnait sur Narnia. « Depuis quand ce truc existe ?! Pourquoi on ne m’en a jamais parlé avant ?! » Si elle avait su, elle aurait déjà pris un abonnement, une carte de fidélité, peu importait mais elle allait devenir une habituée. Elle ne rebondissait même pas sur son fameux potentiel de destruction…apparemment, elle ne se cachait plus aussi subtilement qu’auparavant, hein ?

 « Je suis certain que ça nous fera du bien à tous les deux.»Elle se tourna vers lui. Oh, elle ne doutait pas qu’il en ait besoin lui aussi. « Je pense que c’est l’une des meilleures surprises qu’on m’ait faite ! » dit-elle avec une joie de gamine de cinq ans. Elle frétillait déjà.

 « Une idée sur la question ?»Elle leva un sourcil. Une idée sur quel visage elle verrait en brisant des objets ? Oh, bonne question. Elle soupira en faisant la moue. « Hm. J’imagine que ça viendra sur le moment. » Et lui ? Qui verrait-il ? Elle avait déjà quelques idées, de ce qu’elle avait vu dans son esprit et elle ne comptait pas lui poser la question, pas tout de suite en tout cas. Sans doute que ça ne la regardait pas.

« On y va ? » lâcha-t-elle, impatiente.

Quelques secondes plus tard, ils entraient et se présentaient au guichet. On pouvait choisir le type de salle avec quel type d’objet et quelles armes : c’était un bonheur simple et bien trop délectable pour n’être vécu qu’une seule fois. Elle savait déjà qui elle emmènerait ensuite. L’homme à l’accueil leur laissa le temps de choisir. Sanae, appuyée contre le comptoir, se tourna vers Gary « Tu préfères le House Breaker ? Ou le Mad House ? » Le premier contenait surtout de la vaisselle et l’autre avait également des écrans, des imprimantes, et bien plus de choses à briser. « Ca pourrait être cool de casser des télés. » ricana-t-elle.

Maintenant l'heure était au jeu. Il espérait que ce qu'il allait proposer à la jeune femme allait lui plaire et permettre également qu'ils passent un bon moment ! Il s'en voulait un peu d'avoir réagi de la sorte mais en même temps, il fallait bien avouer qu'elle l'avait aussi un peu cherché. Quoiqu'il en soit, il essayait de tout faire pour se dire qu'ils étaient passés à autre chose, que ça serait con de gâcher la journée pour quelques malencontreuses paroles. C'est donc assez fier, ou bien amusé, qu'il lui expliquait le concept de la fury room. Ouais, vraiment, il était certain qu'il avait fait le bon choix pour sa surprise et il savait qu'il avait eu raison lorsqu'il observait le joli visage de la demoiselle qui en disait long, bientôt d'ailleurs les paroles le confirmèrent.

« Mais c’est….merveilleux ! » Ouais, même s'il aurait personnellement plutôt utilisé le terme « cool » ou quelque chose dans ce genre-là, mais après tout, c'était quand même dans le même thème. « Depuis quand ce truc existe ?! Pourquoi on ne m’en a jamais parlé avant ?! »

Ah ! Ben qu'est-ce qu'il en sait, lui ? Il avait juste vu ça, trouvait ça cool et il n'était pas allé chercher plus loin. Néanmoins, il avait envie de plaisanter un petit peu sur le sujet, alors il n'avait pas tardé à répliquer

 « Probablement par ce que les gens qui en avaient connaissances pensaient que tu préférais détruire les... choses ou gens avec un autre moyen.» aka ta baguette, mais après un court temps de silence il rajouta quand même  « ...  ta langue qui est parfois plus acérée que celle d'une vipère.»

Sourire de petit con. Oui, c'était à la fois une vanne mais aussi pour camoufler les apparences si jamais quelqu'un les écoutait... On n'était jamais assez prudent ! Gatiss avait bientôt ajouté que ça leur ferait du bien à tous les deux. Oui, par ce que lui aussi était nerveux et avait besoin de se défouler sur quelque chose...

« Je pense que c’est l’une des meilleures surprises qu’on m’ait faite ! »
 «Une baston dans un bain de boue ça te plairait pas ? C'est un dégueulasse, mais ça glisse et c'est assez drôle. J't'aurai bien proposé un genre de bain au chocolat ou à la crème chantilly mais c'est pas hyper hygiénique. Ça doit bien coller après dans des endroits où indiscrets. »

Ce qui signifiait qu'il était content que ça lui fasse plaisir, surtout qu'on ne pouvait pas dire qu'il s'était décarcassé pour ça. Il avait juste aimé l'idée. Ca s'était vraiment arrêté là. Il espérait que ses proches n'étaient pas du genre à faire des surprises et qu'elle ne dirait pas ce genre de chose à côté d'eux sinon ça pouvait être blessant.
Maintenant, ils n'avaient qu'à entrer mais avant, il avait une nouvelle question assez indiscrète : qui est-ce qu'elle imaginerait frapper ? Qui subirai cet assaut de fureur et de violence ? Par ce qu'il en était certain, il y en avait beaucoup en elle, même s'il ne savait pas bien d'où elle pouvait venir ? Peut-être une partie comme lui, celle dû à « l'abandon » des parents, de vivre un moment plus ou moins long en foyer. Peut-être pour autre chose. Il ne la connaissait pas assez pour ça et n'était pas non plus psy.

« Hm. J’imagine que ça viendra sur le moment. »
 « J'espère que ça ne sera pas moi... par ce que malgré tout j'tiens à ma trogne ça pourrait te donner des idées pour après...»

Oui, il plaisantait de nouveau. Ce n'était pas spécialement comique, mais il aimait bien cette blague quand même. Ils avaient fini quelques instants plus tard par entrer dans la bâtisse.

« Tu préfères le House Breaker ? Ou le Mad House ?  Ca pourrait être cool de casser des télés. »
 « Ouais, le deuxième, je pense que ça sera plus cool et peut-être moins... on va dire commun. Dans la vie de tous les jours on envoie plus facilement balancer des assiettes que des télés.»

Une fois mis tous les deux d'accord, et en tenue adéquate, ils avaient pu entrer dans le lieu qu'on pourrait presque dit béni vu leurs états respectifs. Il ne savait plus trop où poser le regard.

 « Bon vas-y honneur aux dames, mais dépêche-toi. Je trépigne d'impatience !»

Ouais, on va quand même essayer d'être un peu galant même si ce n'était pas forcément son fort.

 « Probablement par ce que les gens qui en avaient connaissances pensaient que tu préférais détruire les... choses ou gens avec un autre moyen.....  ta langue qui est parfois plus acérée que celle d'une vipère.» Le regard de Sanae se posa sur Gary dans un étrange mélange de malice et de sentiment blasé ; un petit sourire en coin ornait ses lèvres et elle avait au moins une trentaine de blagues qui lui traversaient l’esprit, à croire que le sorcier le cherchait exprès. « Personne ne s’est jamais plaint de ma langue... » fit-elle, le sourcil relevé dans une expression équivoque. Elle se dit néanmoins qu’elle n’avait sûrement pas du faire assez d’efforts pour cacher à Gary son goût pour la violence, peut-être qu’elle émanait de sa personne ; après tout, elle se souvenait que Maxence avait senti ça chez elle sans pour autant en savoir trop, quand d’autres personnes semblaient louper cette information. C’était amusant en réalité de voir toutes ces personnes réagir différemment.
Quoi qu’il en soit, ce petit échange laissaient les deux jeunes sorciers très fiers de leur humour. Et Sanae ne plaisantait pas quand elle disait que c’était bien la plus merveilleuse surprise qu’on lui ait réservée jusque-là. Il lui manquait une fury room dans sa vie.

 «Une baston dans un bain de boue ça te plairait pas ? C'est un peu dégueulasse, mais ça glisse et c'est assez drôle. J't'aurai bien proposé un genre de bain au chocolat ou à la crème chantilly mais c'est pas hyper hygiénique. Ça doit bien coller après dans des endroits où indiscrets. »Elle ricana sans se retenir face à cette remarque. Merlin ce que Gary pouvait tendre comme perches... Elle lui fit un clin d’oeil avant de lâcher « J’aime bien quand ça glisse. »

Le sorcier eut alors une question intéressante à laquelle elle n’avait pas encore de réponse. Qui verrait-elle dans son esprit quand elle fracasserait des objets ?

 « J'espère que ça ne sera pas moi... par ce que malgré tout j'tiens à ma trogne ça pourrait te donner des idées pour après...»Elle rit plus franchement, posant une main sur son épaule en la tapotant. « Mais non, rassure toi si je voulais te frapper ce serait déjà fait. » Très rassurant, oui !

Ils étaient arrivés au guichet et Sanae regardait les différentes prestations, demandant à Gary ce qu’il préférait.

 « Ouais, le deuxième, je pense que ça sera plus cool et peut-être moins... on va dire commun. Dans la vie de tous les jours on envoie plus facilement balancer des assiettes que des télés.»Sanae abattit une main sur le comptoir et tendit le papier à l’homme du guichet. « Tout à fait d’accord mon bon monsieur ! La Mad House pour nous s’il vous plaît ! »

Ils furent dirigés vers les vestiaires et une fois en tenue, ils purent entrer dans la salle qui présentait des écrans de télés, des imprimantes, de la vaisselle, des vases, des miroirs, et tout un tas d’objets du quotidien agencés pour constituer une pièce qui aurait pu être le salon d’un appartement high tech. A l’entrée de la salle, un certain nombre d’armes ; Sanae choisit une batte de baseball.

 « Bon vas-y honneur aux dames, mais dépêche-toi. Je trépigne d'impatience !»

Comme une gosse, Sanae tenait sa batte entre ses mains et elle sautilla sur place en s’avançant dans la pièce, regardant autour d’elle en ne sachant où viser en premier. Il ne fallait pas lui dire deux fois, c’était certain. Un grand sourire aux lèvres, elle tint plus fermement son arme et envoya le premier coup, vif et fort, dans l’écran de télévision. C’était une impression étrange de pouvoir briser cet écran auquel, en d’autres circonstances, on tenait tant et qu’on préservait. Elle se retourna vers Gary , un large sourire collé sur son visage.

« A ton tour !!! » s’écria-t-elle avec joie.


Elle se tourna alors vers les autres objets et balança sa batte en plein dedans, sautant d’un endroit à l’autre. Et plus elle évoluait dans cet espace, plus elle perdait la notion du réel. Sa rage se déployait de plus en plus à chaque mouvement féroce de l’arme qui venait briser les vases, qui venait renverser les assiettes pour les exploser au sol. Elle y prenait goût, terriblement goût, et se jouait sur son visage un mélange de joie pure et de fureur enfin libérée. Elle aimait comme chaque chose explosait autour d’eux. Ces choses rondes, lisses, ou aux surfaces planes dont les angles étaient arrondis...oh ces choses qui ne blessaient pas tant qu’elles étaient entières...elle aimait les voir éclater. Elle aimait voir tous les morceaux exploser et se répandre sur le sol. Et chaque morceau était tranchant. Tranchant parce qu’ils étaient isolés, séparés de leur tout. Etait-ce elle ? Ce vase, ce pot, cette assiette ? Etait-ce son avenir ? Avait-elle été en morceaux à l’intérieur d’elle-même ou l’était à présent ? Elle ne savait pas même si c’était le fait d’être entière qui la rendait plus tranchante ou si c’était d’être morcelée. Elle se découvrait des angles pointus, des textures rêches, et pourtant, il y avait toujours de la douceur chez elle.

Il fallut en réalité plusieurs longues minutes pour qu’elle pense à autre chose qu’à ces morceaux brisés un peu partout qui éclataient au sol. Comme un nuage aux mille visages, son esprit matérialisait celui de son père, des Supérieurs, de collègues de travail qu’elle détestait, de tous ceux qui n’avaient jamais cru en elle ou s’était moquée de son accent, de son apparence, de ses faiblesses ; toutes ces filles de Beauxbâtons qui se riaient d’elle, tous ces garçons qui se moquaient des rougissements et de la gêne dès qu’ils se collaient à elle. Elle repensait à toutes les fois où elle avait échoué ; de toutes les fois où elle s’était trompée ; de chaque moment de doute, d’impuissance, de rage contenue qui lui avait scié l’existence en deux ; de ce manque qui la terrassait depuis des semaines, à faire grincer ses dents si fort qu’elle en avait mal ; à la solitude tenace ; à la douleur de la perte ; à l’absence ; aux non-dits ; aux ingérences et aux questions sans réponses ; à ceux qui avaient fait du mal à Kezabel, y compris elle.

Oui, surtout elle.
C’était elle qu’elle voyait le plus en brisant ces objets.

« Personne ne s’est jamais plaint de ma langue... » Est-ce que ce n'était pas un genre de défi là ? Dans son esprit, cela sonnait comme un « trouve toujours quelqu'un qui peut s'en plaindre »... et ça lui donnait franchement envie d'essayer. Il allait peut-être devoir mener une enquête. Il est vrai que pour sa part, il n'avait pas eu à se plaindre de sa langue, néanmoins, il pouvait peut-être trouver quelque chose, une réplique pour l'embêter un petit peu.  « Je la trouve peut-être un peu trop blanche, tu sais normalement c'est rose...» Il haussa les épaules et continua l'air de rien.  « Ouais, celle-là était vraiment merdique mais je n'avais rien de mieux ; j'voulais faire une blague sur la taille, mais je sais pas pourquoi je sens que tu l'aurais retournée d'une manière ou d'une autre contre moi, cette blague.» Non, il savait que la pseudo- partie de son corps ou elle aurait pu blaguer avec la taille (outre son presque mètre 90)... était pas trop mal foutue, mais elle aurait réussi quand même à trouver quelque chose. Avec sa langue de vipère là !

Maintenant qu'elle lui avait dit à quel point son cadeau lui faisait plaisir, il essayait de trouver une autre activité qui aurait pu plaire à la dame. Et tout à ce qu'elle lui avait dit, elle lui avait fait un clin d'oeil avant de répliquer. « J’aime bien quand ça glisse. » Il eut un ricanement  « En même temps si ça coince c'est déjà moins agréable.» On s'en fout de ce qu'elle voulait dire par « glisser », il avait envie de l’interpréter comme ça. Il avait fini par reprendre rapidement la parole pour lui dire qu'il espérait que ça ne serait pas à lui qu'elle penserait lorsqu'elle se mettrait à tout casser. Cette fois, il la fit rire alors que ce n'était pas franchement voulu, elle alla même jusqu'à lui poser une main sur son épaule. « Mais non, rassure toi si je voulais te frapper ce serait déjà fait. » il haussa un sourcil plus amusé qu'autre chose. Il essaya de trouver sa voix outrée pour clamer  « Tu aurais osé ? Mais tu es vraiment une fille atroce ! » D'accord, niveau crédibilité c'était pas ça surtout qu'il continuait de ricaner à moitié. Difficile de le prendre au sérieux dans de telles circonstances.

Ils avaient fini par arriver au guichet et avaient choisi la formule la plus « chère » histoire de pouvoir aussi s'amuser avec de vieux ordinateurs et compagnie. Beaucoup plus sympa que de la simple vaisselle ! Approuvé vendu pour les deux si bien qu'ils avaient pu partir rapidement aux vestiaires se changer et tout comme Sanae, il avait choisi une batte de baseball pour frapper ; pratique, simple à manier ! Il la laissa donner les premiers coups – honneur aux dames, l'observant avec un petit sourire amusé-. Elle semblait vraiment heureuse à cet instant précis et c'était peut-être, au final, tout ce qui importait. Elle se tourna alors vers lui.

« A ton tour !!! »

Il acquiesça doucement, avant de donner un énorme coup à une télé dont quelques éclats volèrent ci et là. Il jeta un coup d'oeil distrait à Sanae qui s'était elle aussi remis à frapper. Non, en vérité, elle semblait presque déchaînée, presque incontrôlable. Il fronça un peu les sourcils se demandant s'il devait intervenir, mais il se dit que non, que ça ne pouvait que lui faire du bien. Il en avait probablement besoin, et pas qu'un peu.
Il hésitait du coup à se lancer là-dedans de peur de finir comme elle, sauf qu'il n'était pas pouvoir de s'asseoir sur cette rage, d'arriver à réellement l'éteindre. Surtout pas s'il commençait à penser à certaines choses... pourtant, c'est bel et bien d'un défouloir dont il aurait besoin... il en était certain, mais le doute s'était insinué dans son esprit. Et si jamais c'était une erreur, si, dans son cas, ça faisait plus de mal que de bien. Par ce que si oui, ça lui ferait du bien d'imaginer Azalea, il y avait beaucoup d'autres choses qui tournaient dans son crâne, les choses dont il s'obligeait à ne pas penser, à garder loin pour ne pas aller plus mal. Est-ce que ça ne serait pas déchainer quelque chose dont il ne maîtriserait rien ?
Et puis merde. Il n'avait qu'à essayer de rester focus sur l'autre garce. Juste sur elle. Peut-être aussi sur ce connard qui était mort, sur la famille de Klara en général, sur l'espèce d'armoire à glace désagréable qui lui servait de mari et qui ne la rendait pas heureuse. Il avait tous envie de leur exploser leur jolie petite tronche – pour Saïd, c'est déjà fait, très cher, lui souffle sa conscience-.
Alors il frappa. Encore et encore un peu tout ce qui lui tombait sous la main. Rester focus sur certaines choses. Absolument. Mais au final ce n'était pas si compliqué que ça, il suffisait de se rappeler à quel point Klara semblait éteinte et pas bien pour que cette rage remonte. Il voulait la sauver. Il voulait la rendre heureuse, réellement heureuse, et qu'elle retrouve son éclat et son épanouissement d'antant. Impossible.

Il avait fini par de se calmer, lui aussi, plus par la fatigue de ses muscles qu'autre chose. Il jeta un regard à Sanae avant de lui souffler.

 « Tu te sens comment ?... Tu la trouves toujours bonne, mon idée ?»

Il avait failli lui dire qu'elle l'avait un poil fait flipper tout à l'heure, mais il n'était pas certain d'avoir été beaucoup mieux.

Plus ils reprenaient leurs taquineries habituelles, plus les nuages qui avaient pesé sur leur humeur se dissipaient. L’humour pouvait parfois faire des miracles, hein ? Ils étaient passés tous deux au-dessus des contrariétés et le dialogue s’était renoué de lui-même, allant jusqu’aux plus basses vannes de merde.

 « Je la trouve peut-être un peu trop blanche, tu sais normalement c'est rose...» Un regard pétillant de malice, la tête penchée et le sourcil arqué. La sorcière arborait un sourire en coin. Ils ne s’arrêtaient jamais, n’est-ce pas ?  « Ouais, celle-là était vraiment merdique mais je n'avais rien de mieux ; j'voulais faire une blague sur la taille, mais je sais pas pourquoi je sens que tu l'aurais retournée d'une manière ou d'une autre contre moi, cette blague.»Un rire s’échappa de Sanae presque aussitôt immédiatement qu’il dit le mot « taille ». « A croire que tu lis dans mes pensées... » railla la sorcière. Blague de légimens.

Gary avait raison, elle aurait trouvé mille et une blague à faire sur la taille. Tout comme cela lui venait tout naturellement de glisser un « J’aime quand ça glisse » dans la conversation. Et dire qu’il y avait quelques temps, elle n’aurait jamais osé dire ça...ou y penser.  « En même temps si ça coince c'est déjà moins agréable.» Elle fit la moue, hochant la tête dans un air qui voulait dire « C’est pas faux. » mais ne dit rien, son sourire parlant pour elle en définitive.

Mais à qui penserait-elle en frappant tous ces objets ? Bonne question. Il était clair qu’elle ne penserait pas à Gary, il n’arrivait même pas dans la liste de gens à qui elle voudrait du mal – mais cela ne l’empêchait pas de le taquiner pour autant.

 « Tu aurais osé ? Mais tu es vraiment une fille atroce ! » Il paraissait théâtralement outré et cela ne fit que l’amuser davantage. Elle prit le même air et lâcha un « Oh oui, atroce ! ». Elle aimait le ton léger que reprenait cette conversation mais il fut bientôt l’heure de passer aux choses sérieuses. Prêts, habillés et armés, les deux sorciers entrèrent dans la fury room et déchaînèrent leurs rages.

Sans doute que d’un point de vue extérieur, cette scène aurait pu effrayer. Mais en réalité, ce n’était que deux jeunes personnes ayant trop accumulé, trop vécu, trop dissimulé sous le tapis une colère qui pouvait se libérer ici librement. Et Merlin, ce qu’avoir cette batte entre ses mains faisait un bien fou. Ce n’était pas pour rien qu’elle aimait la violence, pas pour rien qu’elle redoublait la fréquence des entraînements. Se défouler avait toujours été un élément important dans sa vie et les fois où elle avait perdu ça, Sanae s’était sentie emprisonnée. La vie était parfois étouffante quand on ne pouvait ni hurler ni briser quoi que ce soit. Et à défaut de briser les autres, elle jetait son dévolu sur les objets qui l’entouraient. Tout y passait et elle ne se gênait pas pour afficher un sourire plein de rage, déformant ses traits délicats en quelque chose de plus furieux. La frénésie s’était emparée de ses membres, elle sautillait partout pour balancer avec une joie non dissimulée. Toute sa frustration, ses rancoeurs et ses silences se libéraient dans l’impact de la batte contre les écrans, les vases, les assiettes. Et elle appréciait le bruit des objets qui éclataient, se dispersaient, explosaient. Pourtant, elle ne laissait pas libre cours à sa magie de se déployer. Elle gardait le contrôle sur l’afflux qui menaçait souvent de déborder d’elle et toute sa force était contenue dans son arme.

Après quelque temps qu’elle n’aurait su définir tant elle s’amusait, Sanae était essoufflée. Elle avait coincé sa batte sur son épaule et s’était tournée vers Gary qui lui aussi commençait à fatiguer. Elle l’avait vu prendre plaisir à se défouler, à cogner, à bouger au rythme de son envie de destruction.

 « Tu te sens comment ?... Tu la trouves toujours bonne, mon idée ?»
Elle se rapprocha de lui, un large sourire collé sur le visage.
« La meilleure idée du siècle, vraiment. On devrait faire ça tous les jours, je m’éclate ! Et toi ? T’as assez frappé pour la journée ou quoi ? »

Mais pouvait-on être vraiment repu de violence ?
Pas elle en tout cas.

Quelques minutes plus tard, ils sortaient de la salle, le front légèrement en sueur. Ils avaient reposé leurs armes et avaient enlevé leurs équipements pour les rendre aux gérants. Au comptoir, Sanae déposa un billet pour payer pour eux deux et après quelques échanges avec le mec du guichet, elle remit sa veste et glissa ses mains dans les poches, faisant signe à Gary qu’ils pouvaient y aller. Dehors, le soleil se couchait et la soirée commençait à livrer ses premiers fêtards. Ils sortirent et Sanae s’étira, les bras en l’air en humant l’air du dehors.

« Et bonsoir Pariiiiiiiiiiis ! »