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The young and the Hopeless

 :: Autour du monde :: Europe :: — France
Dim 4 Oct 2020 - 19:59
9 avril - Après midi
« Oh ça va, oublie, il est pas drôle, tu le sais. Toujours à bougonner et à rester dans son coin à faire sa sale tête ! Occupes-toi de moi. »

Laisse-le. Je ferais tout ce que tu veux, mais laisse mon frère tranquille.
C’était un peu plus tard dans la soirée. Cette foutue main traînait toujours entre ses cuisses, s’aventurant là où elle ne le devrait pas. Celle qui l’asservissait, comme chaque regard lancé par les adultes, le faisant taire. Pourtant dès sa plus tendre enfance, il s’était montré rude, refusant le silence, refusant de baisser le regard, ses yeux de braises incendiant sans cesse ceux de son père, quitte à prendre les coups, quitte à ce que ses os se brisent, sa chair se décide. Qu’importe tant qu’il ne s’écrasait pas. Mais quelque chose chez son oncle changeait tout. Quelque chose qui avait à trait à la terreur pure, à la sidération la plus totale. Alors il le regardait s’effacer avec sa sœur, une fois de plus, et il restait là, la marque glaciale de ces doigts laissés contre son jean, comme s’ils s’y imprégnaient. Les siens restaient crispés sur sa fourchette, l’autre main passée entre ses cuisses serrées, les mâchoires contractées, le regard planté là où sa sœur avait disparu. Et sa mère qui interceptait son oncle, riait avec lui, une caresse glissant sur son dos avant de s’assoir à côté de lui, de son fils, ignorant la chaise vide de sa fille.

Cette main, la sienne, il l’avait fixée durant bien des minutes égrenées ensuite, avec cette envie folle, furieuse, brutale, de planter sa fourchette entre ses os, de sentir le métal y tracer des sillons, de percer les chairs, détruire ses nerfs.

- Alec, tu te comportes bien maintenant. -

Un mot glissé entre les lèvres, son regard maternel planté dans le sien, les reproches pleins les rétines. Sourit. Soit social, soit à la hauteur de celui que tu devrais être. Tu es mon fils, comporte toi comme tel.
Il s’était brutalement levé, comme enfin libéré des chaînes qui le liaient à sa chaise jusque là. De ses prunelles perçaient l’orage alors qu’il repoussait sa chaise sous les regards incrédules des invités.

- - Qu’est-ce qu’il a celui-là encore ?! --

Il a qu’il ne laissera pas faire. Pas encore. Pas à sa place. Son couteau, il l’avait gardé dans sa manche, contournant la tablée sans un mot, disparaissant dans le couloir tandis que derrière lui, les murmures de reproches s’enchaînaient, répandant la disgrâce sur les parents Rivers.

Il savait où ils étaient. Cette putain de porte close, il l’avait fixée durant des heures déjà. Et il s’y dirigeait, le cœur cognait sous ses cotes, la fureur irradiant ses iris, la lave enflammant ses veines. Pré-adolescent. Combien de temps qu’elle durait, cette mascarade ? Cette crasse emplissait son âme, détruisait ses sens, et contre ses doigts serrés, le manche du couteau devenait brûlant. Magie ou fureur pure ? Les deux.

Mais jamais il n’avait atteint cette putain de porte, car c’était avec violence que le bras de son père s’était refermé sur lui, l’envoyant valser au sol, cognant un mur au passage. Les mots qu’il avait prononcé lui revenaient étouffés, saccadés. Souvenirs manquants. Des insultes, ça et là. Mais surtout, la douleur, saisissante, transperçant son bras de part en part. La lame s’était plantée en lui sous le choc, tout le long de l’avant-bras, s’arrêtant au coude alors même qu’il se redressait, l’esprit vague, le regard dur planté sur son géniteur. Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu m’arrêtes ? C’est un test encore ? C’est une épreuve, une leçon ? Ou tu es juste purement aveugle ? La conversation qui avait eu lieu, il ne s’en souvenait pas, seule la haine claquant dans le ton de propos inaudibles qu’il n’avait pas le droit de prononcer alors. Tais-toi. Les invités ne sont pas loin. Qu’ils entendent. Qu’ils comprennent. Vous faites tout pour fermer les yeux, pour ne pas voir, vous faites tout pour nous détruire, vous…

Son sang coulait au sol, repéré par son père. Tu veux blesser qui comme ça ? Je vais te la faire passer, moi, l’envie de te servir d’une arme. La lame de la souffrance dans son dos entaillé, la plaie ouverte dans son bras, les tendons déchirés de son coude, la violence des poings de son père, les entailles balafrant sa peau pour lui faire payer, il s’en souvenait, c’était d’ailleurs tout ce qui revenait par flash. Mais ça, ça n’était rien comparé au seul truc qui importait ce jour-là. Cette satanée porte qui s’éloignait à mesure que son père le traînait à l’abri des regards.

Toute son enfance.
A l’assaut des regards.

Et ces sons qui lui déchiraient les tympans, passant au dessus des mots de son père, oubliés depuis. Les sons, jamais.

Le souvenir se trouble.

« Je suis désolée Alec, je peux juste plus.. »

La voix de Janie résonne alors qu’il s’arrache ailleurs. Les visages défilent, les corps aussi, mais son esprit s’arrête sur un tout autre souvenir. Son oncle, tel qu’il était durant ces années là, celui qui le suit, ne cesse de déblatérer dans son dos, là-bas, au château. Poudlard. 2013. La rage comme écume au bord de ses lèvres alors qu’il se retournait, frappait, le détruisait. Tu ne me fais plus peur depuis longtemps disait-il à l’époque. C’était faux, bien sûr. Mais ce besoin méritait de sortir, aussi brutalement qu’il le faisait. Il ne pardonnerait pas, jamais, bien sûr, mais avait cessé de se terrer à sa vision. Il l’avait brisé ce jour-là, dans ce couloir. Mais n’avait brisé qu’une illusion.

La vision se trouble, atteint une cellule fermée, la porte qui refuse de s’ouvrir. Et Emily, là, dans le fond de la pièce. T’es sérieux ? Ça ne s’ouvre vraiment pas ? Devrait-elle rester ici, avec son bourreau ? Oui. Mais la pièce ensorcelée avait décidée que le bourreau se devait de finir victime. Ou bien était-ce parce qu’il avait été victime qu’il était devenu bourreau ?
Qui créé les monstres ?
L’enfant, blessé, dans un coin, le bras en sang, le souffle d’un satyre sur sa nuque, c’était bien lui alors.
Emily et lui avaient parlé, il avait besoin sa baguette, s’était exposé à la violence, s’était excusé. Il avait encaissé. Encaissé les reproches, encaissé ses responsabilités. L’enfant était adulte et connaissait ses failles, les acceptait, les gérait comme il le pouvait par moment.

Protèges-là. C’est Sanae qui entre là où elle ne devrait pas. Fuit. Fuis ces souvenirs qui comptent, fuit ceux et celles que tu veux préserver.
L’image de Kezabel et Emily passait de façon fugace. C’est pour elle que tu dois la préserver. Et parce que tu lui as déjà fait assez de mal comme ça. Laisse-la fuir loin.

Un éclat de rire, celui de Jordane, un visage qui n’apparaissait pas, même s’il était là, dans un coin de son esprit. Chaque âme de ce château, interconnectées.

Le souvenir s’affaissait, les rires, la musique, la joie. Poudlard avait été un cloaque pour tous ceux là. Pour lui, il avait été une trêve.

Mais déjà, le visage de Logan apparaissait dans la salle commune, endossant, fort et fier, son rôle de directeur. D’un discours, il expliquait les raisons de ces illusions qui viendraient les cueillir, tous, les uns après les autres.

Il faut apprendre à faire face à ses peurs disait-il. Il faut savoir les affronter, les modeler, s’en servir pour ne plus les craindre, annonçait-il. Car lorsqu’on est apte à encaisser nos pires démons, plus rien ne peut réellement nous détruire. Et on est libre d’avancer.

« Putain d’enfoiré de merde. »

Sa voix résonnait hors de son esprit, ses cordes vocales actives, là, dans la réalité, et Sanae sortait de sa tête, le laissant avec cette désagréable impression de crasse, de douleur. D’échec en demi-teinte. La nausée toujours au bord des lèvres, mais un rire les passant à la place de la bile. Il savait. Il agissait ainsi depuis des années, maître de l’échiquier, posant les pions uns à uns au fil des années. Combien de coups avait-il d’avance ?

« Si c’est pas Johan qui le tue, j’crois que ça sera moi.. »

Ça n’était pas vrai, mais l’affection percutait la colère, le dégout.

Raccrochant au regard de Sanae, il se redressait soudainement, balançait l’eau de son verre dans un pot de fleurs.

« Sérieusement, il me faut quelque chose de plus fort si on continue à remuer la merde comme ça. »
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mar 6 Oct 2020 - 21:25
8 avril 2016 - Après-midi



Les regards ne se lâchaient pas. Corps en suspend, souffles maîtrisés, visages concentrés. Un silence étrange régnait dans la pièce baignée de lumière. Une belle après-midi ensoleillée, si près de la plage, si près du sable qui se réchauffait, un peu, sous les rayons du soleil. Pas assez chaud pour se baigner. Pas assez chaud pour se prélasser. Un fond d’air frais. Il n’était pas encore venu le temps des rudes chaleurs, mais il s’annonçait peu à peu, timidement. Et si la pièce était illuminée, ce n’était que pour venir contraster la noirceur invisible des ténèbres mentales du sorcier. Echange muet. Sanae s’était glissée dans son esprit et s’y trouvait si profondément imbriquée qu’elle n’avait plus conscience du dehors, plus conscience du reste. Plus concentrée que jamais, plus dure aussi dans ses intrusions, elle creusait, creusait, toujours plus, tentant de déjouer les pièges, de s’infiltrer, de manipuler, de tordre, de briser… Mais tout cela n’était pas dans le but de la blesser. Au contraire, tout ce qu’elle souhaitait, c’était qu’il réussisse à repousser ses attaques, à lui donner l’impression qu’elle avançait dans la bonne direction alors qu’en réalité, il détenait un contrôle parfait sur sa présence, sur ce qu’elle récoltait. Son contrôle n’était pas parfait, mais il y avait des progrès considérables qui ne pouvaient se mesurer. Il ne fuyait plus, il encaissait avec un courage et une force que peu de gens avaient en eux. Et si elle le poussait, c’était avec toute l’admiration muette qu’elle ressentait à son égard. Et aussi, parce que dans le fond de son esprit à elle, il y avait quelqu’un qui y tenait, quelqu’un qui avait besoin qu’Alec réussisse. Alors autant pour le jeune sorcier, que pour son cousin, Sanae mettait pendant un temps sa vie sur pause pour entraîner Alec.
Pause dans le chaos de son existence. Pause dans l’effervescence de ses envies. Tout comme à l’hôpital, elle ne cherchait plus vraiment à imposer sa nouvelle vie, elle effaçait un peu les changements, les gardait à couvert, tentait de rester en surface, de se retenir plus qu’en d’autres circonstances. Un prix à payer pour ne pas trop attirer l’attention à son travail. Et ici...et bien ici, elle se devait de demeurer dans le rôle de l’enseignante, à plus forte raison qu’Alec devait en savoir le moins possible sur elle. Elle le tenait à distance, et pourtant, elle s’impliquait plus que jamais dans son avenir. Elle s’impliquait oui…tout son esprit était focalisé sur lui, sur les émotions qu’elle se bouffait au travers des souvenirs, sur les mécanismes, les défenses, les failles de l’esprit...et lui, il  acceptait d’être sur l’estrade, dévoilé à son regard, sous presque toutes les coutures.

Etrange de se dire qu’elle savait tant de choses sur lui sans qu’il ne sache rien d’elle.
Oh, c’est ça que ça fait alors d’être de ce côté de la barrière ?

La barrière, elle l’avait repoussée et elle s’était infiltrée dans les souvenirs d’Alec. Les images défilaient et il ne fallait pas se perdre dans la puissance des sensations pour garder un œil attentif au tissage dont Alec était l’auteur. Et bon sang que c’était dur…

« Oh ça va, oublie, il est pas drôle, tu le sais. Toujours à bougonner et à rester dans son coin à faire sa sale tête ! Occupes-toi de moi. »

Tous les sentiments qu’il éprouvait, toutes les choses qu’il voyait…cette putain de sensation sur sa cuisse qui ne s’en allait pas, qui restait comme accrochée à lui dans une caresse glaciale, mordante, à vous donner la gerbe et vous faire hurler à pleins poumons...tout ça lui remuait les tripes, cisaillait ses organes, faisait crisser ses os. La vision de Janie s’éloignant, sa chaise vide… les rires des convives, toujours aussi aveugles, toujours aussi hypocrites et stupides. Et le si jeune Alec dans la tourmente de son calvaire, protégé par une sœur qui se jetait dans la gueule du loup pour lui offrir un instant de repos. De repos ? Non. Le calvaire continuait, même lorsqu’il n’était pas sous les mains de cet homme ignoble. Ce n’était même pas un homme. C’était un monstre. Le pire de tous. De ceux qui souriaient innocemment en public, qui serraient des mains avec un air confiant, qui riaient à gorge déployée alors que pendant ce temps, un enfant se mourrait en silence. Sensation dégueulasse dans la bouche, dans le coeur, partout à vrai dire. Une impression de sentir un truc visqueux sur soi, de le voir dégouliner sur ses membres, s’infiltrer en dedans. Cela faisait un moment maintenant que Sanae ne s’étonnait plus de la bile qui lui venait au bord des lèvres lors des entraînements. La sensation devenait familière. Tout comme la rage. La rage profonde et sourde de voir les adultes apparaître comme les geôliers complices de ce petit garçon à la merci du monstre. Une parole de la mère et Alec débordait, le couteau scintillait dans la manche de son haut. Il se levait et fonçait. On s’en foutait des regards, des remarques ! Ces adultes, ils ne le protégeaient pas, ni lui, ni Janie. Alors pourquoi leur donner une quelconque importance ? Et pourquoi ne pas prendre soi-même les choses en mains ? Parce que c’était la seule solution, n’est-ce pas ? La seule manière de se protéger. A mesure qu’il approchait de cette porte obsédante, la fureur cognait, tambourinait de sa symphonie puissante.

Dans sa main à elle, Sanae aurait presque pu sentir le manche du couteau, se gorgeant d’une chaleur nouvelle. Ses doigts s’étirèrent dans la moquette du salon. Et le souvenir se poursuivait.

Il n’eut pas le temps d’atteindre la porte. Son père se dressait soudainement dans le tableau, lui empoignant le bras pour le propulser plus loin. Le corps se heurtait au mur. Elle en sentit le choc, la violence. Mais c’était loin d’être terminé. Mots étouffés. Sanae fronça les sourcils. Altération de souvenir ? Mémoire effacée ? Tout lui parvenait par saccades, comme si des morceaux étaient passés sous silence. Pourtant, elle percevait très bien les gestes. La lame s’était plantée dans son bras et la douleur l’irradiait. Les insultes, la rage, la haine balancée au visage du père. Des mots inaudibles pour la plupart. Un déni puissant ? Avait-il occulté ? Et puis la réponse lui parvenait...la violence des impacts sur le corps du jeune Alec, son sang s’écoulant par terre, marquant le sol, et la lame qui venait scintiller à nouveau avant de s’abattre sur son dos, entaillant la peau. Et les poings s’abattaient à leur tour. Frappé, entaillé, soumis au silence, pas étonnant que le souvenir soit si chaotique. Dans tout ça, un point fixe pourtant : cette porte de l’enfer.

« Je suis désolée Alec, je peux juste plus.. »

Elle reconnaît la voix, elle aussi était devenue familière. Janie. La tristesse infinie d’un abandon nécessaire, compréhensible, mais qui restait déchirant. Le souvenir disparaissait et d’autres images prenaient place. Des visages, des corps, et puis le monstre à nouveau. Poudlard. Violence des gestes qui reprennent leur pouvoir, qui tentent de faire disparaître l’impuissance.

Disparition du souvenir. Suivant. Une cellule. Emily. Les décors commençaient à revenir en boucle au fil des entraînements, Sanae les connaissaient majoritairement, bien qu’elle n’ait jamais visité les lieux. Elle voyait Alec encaisser les reproches, prendre ses responsabilités. Et d’un seul coup, au milieu de tout ça, et peut-être depuis quelques temps déjà, il lui semblait qu’il n’était plus si jeune, plus si adolescent. Sans doute cela venait-il aussi du fait qu’elle voyait Kezabel de plus en plus femme, de moins en moins comme une enfant, que par association, Alec prenait des airs plus adultes. Un adulte plus fort qu’il n’y paraissait. Plus fort qu’il ne le pensait lui-même à vrai dire.
Sanae fronça les sourcils néanmoins. Si Emily était là, alors Kezabel ne serait pas très loin dans les souvenirs.

Attention Alec...

L’image de Keza et d’Emily ne dura que quelques secondes. Quelques secondes qui étaient déjà de trop. Il reprit néanmoins le contrôle.

Bien. Continue.

Un rire perça son esprit. De la musique. Pas d’image. Mais elle crut le connaître, ce rire. Elle ne tenta pas de l’identifier néanmoins, elle poursuivait la route. Et puis, d’un seul coup, Logan apparut, les envahissant tous les deux. C’était toujours aussi étrange de le voir à travers d’autres yeux, dans d’autres contextes, bien que cela satisfaisait toujours sa curiosité. Il était là, donc, dans cette salle commune, dans son rôle de directeur. Elle retint un sourire en coin. La force qu’il dégageait, la fierté, sur ce visage dur. Le discours était écouté de tous. Sa voix lui parvenait et un agacement amusé vint tendre ses muscles. Apprendre à faire face à ses peurs, les affronter, s’en servir. Encaisser les démons pour qu’ils ne nous détruisent plus. Être libre d’avancer.

Oh, Logan...
C’était fou comme on pouvait adorer quelqu’un et avoir quand même envie de lui décalquer la gueule à coup de poêle à frire.

« Putain d’enfoiré de merde. »

Un fin sourire et elle s’extirpait de l’esprit d’Alec.

« J’préfère l’insulter de sale con personnellement, mais enfoiré de merde ça marche aussi. » s’amusa-t-elle.

Malgré la colère, elle voyait néanmoins un amusement amer chez le sorcier. Sans doute parce qu’elle ressentait la même chose, dans une moindre mesure.

« Si c’est pas Johan qui le tue, j’crois que ça sera moi.. »

Elle rit franchement, détendant ses jambes qui avaient été en tailleur trop longtemps.
Bien sûr qu’il n’était pas sérieux. Il n’avait pas envie de le tuer.
Mais y serait-il obligé un jour ? Elle préférait ne pas y penser. Non, ça n’arriverait pas.

Over my dead body…

Le regard d’Alec accrocha un instant le sien et il vida le verre d’eau dans un pot de fleurs. Elle suivit le geste des yeux. Boarf, elles avaient besoin d’être arrosées.

« Sérieusement, il me faut quelque chose de plus fort si on continue à remuer la merde comme ça. »
« Ah ! Tu as raison. La merde, ça passe mieux avec de l’alcool.»

Elle se releva avec enthousiasme et lui fit face. « On va dire que c’est la récré ! » fit-elle avec un sourire espiègle.

La sorcière s’éloigna alors jusqu’à la cuisine ouverte, sortant des placards deux verres. Un regard à la baie vitrée, le soleil tapait sur les vitres. Elle avait chaud. Elle enleva son gilet et le jeta sur l’îlot central. Débardeur blanc, jupe cintrée, bleu foncé. Pieds nus. Les cheveux détachés sur ses épaules. Elle s’était mise à l’aise. La bouteille de whisky ne tarda pas à apparaître et elle versa une bonne dose dans chaque verre. Revenant vers Alec, elle lui tendit son verre et alla s’asseoir sur la table basse du salon, ne reprenant pas place par terre devant lui. Elle croisa les jambes, son verre entre ses mains, sur sa cuisse. Son regard était fixé sur le sorcier.

« Le souvenir de ton père qui te fracasse… je ne pouvais pas entendre tout ce qui se disait : est-ce que c’est une altération voulue du souvenir ou t’as fais un coma ? »

Zéro délicatesse Sanae. Bravo.

Bah quoi ? On n’est plus à ça près. Pis c’est un solide.
C’est un Rivers !

« Tu t’es un peu perdu en cours de route, mais seulement pour une seconde. Ce qui est un large progrès. Attention aux associations naturelles qu’on fait. Il faut que tu les anticipes. »

Elle but une gorgée de son verre, un sourire en coin aux lèvres.

« T’as le droit de dire que j’te fais chier, c’est la récré. »

Attention, Sanae...tu ne te caches pas tant que ça. On a dit enseignante! Pas pote. Pas ...ça.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 6 Oct 2020 - 22:49
Les souvenirs s’enchaînaient mais il évitait encore d’affronter le plus frontalement ses émotions. Il allait vers ce qui lui avait fait perdre pied, oui, mais pas le plus horrible à ses yeux. Là, il avait voulu faire quelque chose. Il s’était réveillé, était sorti de sa paralysie. Il avait cherché à agir, même si tout ça s’était terminé avec quelques cotes fracturées, un dos en charpie et un bras brisé. Rendre sa mère furieuse n’était pas la meilleure des solutions si l’on souhaitait passer une bonne soirée. Et pourtant qu’il aimait ça, déjà à l’époque, faire vriller son père. Toucher l’endroit précis où il lui faisait péter les plombs. Le voir comprendre qu’il n’avait finalement aucun contrôle sur lui. Ça le rendait toujours un peu plus violent. Et pourtant jamais la joie sauvage de le voir perdre sa fameuse rigidité, ce calme glacial qu’il affichait partout ailleurs, ne s’était tue. Mais ce jour-là il ne s’agissait pas de ça. Ce jour-là, il l’avait contré, et rien d’autre n’avait plus d’importance.
Il n’était pas dans la peur, ne cherchait pas à fuir le contact de cette ordure sur lui, il n’était pas dans une réaction épidermique, il était dans la fureur, la rage de tuer, profonde, ancrée dès le plus jeune âge. Oui, s’il avait pu, il l’aurait éliminé, et ce fantasme courrait dans ses veines depuis bien des années maintenant. Alors il ne se réfugiait pas comme il avait pu le faire la première fois. Il ne perdait pas le contrôle de la même manière, parce qu’il n’était plus confronté à la même dynamique. Parce qu’il arrivait à s’en éloigner. Mais il faudrait y revenir, il le savait parfaitement. Il devait apprendre à lutter contre le courant pour engloutir les intrus sans être emporté en même temps qu’eux. Mais il commençait par le plus gérable. Pas que les émotions n’en soient pas moins fortes. Mais elles ne le calcinaient pas de culpabilité. Rien que d’impuissance. Pas assez pour le faire vriller. Pas assez, du moins, après ces quelques jours d’horreur.

Certains souvenirs, eux, avaient de quoi l’agacer, le faire s’extirper de là. Sérieusement Logan ? Plusieurs années auparavant ? Mais comment fais-tu pour avoir autant de coups d’avance au juste ? Sale con. Putain de sale connard de merde.

« J’préfère l’insulter de sale con personnellement, mais enfoiré de merde ça marche aussi. »
« C’était ma deuxième option. »

Affecté, oui, mais il gérait mieux ses propres émotions. On se rend compte, à force d’affronter l’horreur, qu’on est capables d’y survivre. Et d’en rire.

« Ah ! Tu as raison. La merde, ça passe mieux avec de l’alcool.»

Elle étirait ses muscles douloureux tandis qu’Alec lui adressait un sourire, le regard s’égarant une fraction de seconde sur ses cuisses alors qu’elle se redressait. Rien d’étonnant de sa part. Cela dit ce qui l’étonnait plus, lui, c’était les quelques changements infimes qui marquaient le comportement de Sanae. Les fringues, en premier. Ça venait doucement, par petites touches, mais c’était là. De la maîtrise pourtant, les chemises toujours rentrées, les tissus lisses, mais moins repassés. Plus de boutons délaissés, presque négligemment. Une envie d’être vue.  Alors il voyait. Rien de vraiment marqué, seulement il notait ces changements d’habillement, de phrasé, de posture.

« On va dire que c’est la récré ! »
« Oh parce que j’ai le droit à des récrés maintenant ? Merci professeure. »

C’était vachement ce à quoi il avait été habitué tient. Les récréations, les pauses, le temps de respirer, de se détendre. Pas le genre de la maison. Elle devait l’avoir compris depuis longtemps.

Il la suivait calmement, glissant les mains dans ses poches, laissant son regard dériver sur l’extérieur à travers la grande baie vitrée. Rapidement, il se détacha du mouvement, traînant du côté de la fenêtre avant de reporter son regard sur elle lorsqu’elle revint, pris le verre tendu, la remerciant d’un signe de tête avant de l’observer s’assoir de nouveau - face à la place qu’il avait repris - sur la table du salon. Jupe tendue sur ses cuisses, le verre posé sur l’une d’elle. Pas le genre de façons de faire qu’elle avait au début. Moins… innocent.

« Le souvenir de ton père qui te fracasse… je ne pouvais pas entendre tout ce qui se disait : est-ce que c’est une altération voulue du souvenir ou t’as fais un coma ? »

Ça aussi c’est moins innocent tient. Plus rude. Mieux. Etait-ce un changement réel chez elle ou s’habituait-elle juste à lui, sa façon d’être, s’adaptant à ses besoins ? Car oui, il était plus à l’aise avec cette brusquerie là.

Un petit sourire amusé avait accompagné son rire de gorge alors qu’il prenait quelques gorgées du liquide ambré avant de hausser des épaules.

« Aucune idée. Pas impossible. Mais c’est sans doute plus bête que ça : j’me suis assez fait cogné pour que ça se mélange. J’m’en fous juste. Celle-là ou une  autre, ça revient au même. »

Ce jour-là, la seule chose qui comptait, c’était son oncle et Janie. Les coups de son père n’avaient été qu’une entrave. C’était tout ce qu’ils représentaient pour lui. Qu’importe les coups, qu’importe les plaies, qu’importe la douleur, qu’importe les insultes, les mots prononcés. Ils n’étaient juste… pas ce qui comptait ce jour-là. Ç’en était là de la banalité.

On dit qu’on ne s’habitue pas à l’horreur. C’est faux. On s’habitue à tout.

« Tu t’es un peu perdu en cours de route, mais seulement pour une seconde. Ce qui est un large progrès. Attention aux associations naturelles qu’on fait. Il faut que tu les anticipes. »

Un sourire, qui répondait à celui, en coin, qu’elle lui adressait.

« T’as le droit de dire que j’te fais chier, c’est la récré. »
« Tu m’fais chier. »

Un petit sourire et il buvait de nouveau quelques gorgées bienvenues. L’alcool brûlait sa gorge, le lavait de toute cette poisse qui lui collait à la peau.
Alec ne tarda pas à attraper la bouteille, se servant de nouveau. Apparemment, sa descente avait été plus vive qu’il ne l’avait imaginé. Un besoin, réel, traduisant un mal être qu’il encaissait pourtant avec naturel. On s’habitue à tout je vous dit. Même au pire.

Nouveau sourire.

« Pourtant j’en évite un tas, d’associations. Et je sens que je vais m’y engouffrer comme un bleu dès qu’on va retourner sur les souvenirs qui me font vriller le plus. »

Honnête. Qu’avait-il à gagner à ne pas l’être de toute manière ? Elle avait accès à tout, par brides, par moments volés. Et pourtant, oui, à la fin, elle aurait tout. Des confins troublés de son âme à la surface immuable qu’il affichait. De l’horreur au néant.

« T’as du bol déjà, toutes mes associations ne concernent pas Keza… » Pas toutes, mais de proches en proches, il fallait l’avouer, bien des amitiés ressortaient. « Vous.. » Vous connaissez depuis longtemps ? « J’ai rien dit. Oubli. Boit et oublie. » Il faisait un geste du doigt, comme s’il pouvait soulever le cul de son verre par ce simple geste. « Allez, on y retourne. De toute façon va bien falloir que je me batte contre ces fameuses associations de merde hein. C’est partit, fait moi mal ma belle. »

Trop bu ? Non (laissez-moi rire…), juste une aisance naturelle qui revenait toujours au galop. Le genre d’habitudes qui n’est tue qu’un temps,  lors des premiers contacts, mais qui reprend toujours ses droits. L’attitude de petit con, d’arrogant sûr de lui. Malgré la situation. Ou peut être justement à cause de cette situation.

Parce qu’il ne pouvait pas être simplement l’enfant terrifié. Et parce qu’à force de tourner toujours autour de cette image dans la boue immonde de ses souvenirs, il lui semblait par moment l’être de nouveau. Alors la lave se mettait à couler dans son esprit. Elle venait tout recouvrir, tout engloutir. Tout calciner… pour rappeler qu’il était autre chose que l’enfant terrifié. Car Kezabel disait juste : il ne le laisserait pas gagner. Jamais plus. Rien que pour ça, l’adulte avait besoin de retrouver sa place. Peut-être que les mécanismes étaient gossiers, évidents, attendus. Mais au moins avaient-ils le mérite d’exister. Pour ne pas se noyer.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Jeu 8 Oct 2020 - 22:24


« C’était ma deuxième option. »

Un sourire. Un brin de complicité peut-être dans la colère pleine d’affection qu’ils partageaient envers Logan ? Sans doute. C’était là quelque part. Quelque part dans cette merde dans laquelle ils se trouvaient tous les deux présentement. Enfin, Alec y était enfoncé jusqu’aux genoux et Sanae s’y invitait pour l’y guider. Sauf qu’elle...elle en ressortait. Elle ne s’y plongeait que pour l’aider, l’espace de quelques heures, avant de retrouver sa vie à elle. Et au fond, cela lui cisaillait le coeur de le voir ainsi face à de telles perspectives. Plus encore quand celui qui avait planifié tout ça souffrirait de l’absence qu’Alec laisserait derrière lui…

Elle ne savait plus trop à quel moment elle s’était mise à s’inquiéter du sort des Rivers...mais elle le faisait, de plus en plus intensément, sans même pouvoir lutter. Et encore plus depuis ce qu'il s'était passé avec Logan, depuis qu'il était devenu une partie d'elle...comme par ricochet, Alec comptait plus que jamais.

« Oh parce que j’ai le droit à des récrés maintenant ? Merci professeure. »
Un rire léger. « Ouais, j’suis généreuse. De rien. » Oui, elle savait qu’il n’avait pas l’habitude. Il n’avait pas non plus l’habitude des encouragements, des compliments et de la douceur. Fort heureusement, elle essayait de gommer ces choses-là de son attitude, petit à petit, pour non seulement s’adapter à ses besoins à lui, mais surtout, aux siens, à elle. S’il trouvait que les changements qui s’opéraient chez elle étaient étranges, il n’en avait jamais rien dit. Aucune remarque. Non. Rien. Le voyait-il ? Il le devait sûrement. Ne serait-ce que sa façon de s’habiller, de parler aussi...et les règles qui s’assouplissaient, les méthodes qui changeaient. Tout changeait à vrai dire, mais elle en contrôlait un minimum le rythme. Dérapage contrôlé ? Hm.

Elle avait prit place sur la table basse, jambes croisées, verre de whisky sur la cuisse, faisant face à Alec qui reprenait sa place dans le canapé. Elle le fixa un instant avant de poser une question sans prendre de pincettes, ce qui ne sembla pas l’offusquer, au contraire. Un vrai Rivers, qu’est-ce que je disais !

« Aucune idée. Pas impossible. Mais c’est sans doute plus bête que ça : j’me suis assez fait cogné pour que ça se mélange. J’m’en fous juste. Celle-là ou une  autre, ça revient au même. »

Sanae acquiesça avec un souffle amusé. Elle but une gorgée de son verre, retenant une blague, mordant légèrement le bord du verre avec ses dents. C’est sûr que vu les coups...ça explique les séquelles...Chut Sanae, laisse les taquineries trop poussées de côté.
C’était la récréation, mais elle en profita néanmoins pour lui faire quelques remarques, qu’il entendit. Elle ne put s’empêcher d’anticiper le possible agacement...parce que ça la faisait rire, tout simplement.

« T’as le droit de dire que j’te fais chier, c’est la récré. »
« Tu m’fais chier. »

Un large sourire éclatant, fier, victorieux. Et lui aussi souriait. Son verre ne tarda pas à être vide et il se munit de la bouteille, se servant à nouveau sous le regard tranquille de Sanae. Pas de jugement. Jamais. Elle s’en foutait bien. Dans cette situation, l’eau n’avait plus sa place. Si ça pouvait l’aider à stabiliser ses nerfs, ce serait sans doute bienvenue. Au delà, il en avait besoin et ça se voyait dans la façon dont il ingurgitait son verre comme un mec ayant traversé le désert, trouvant de l’eau pour la première fois depuis trop longtemps.

Il fit un nouveau sourire.

« Pourtant j’en évite un tas, d’associations. Et je sens que je vais m’y engouffrer comme un bleu dès qu’on va retourner sur les souvenirs qui me font vriller le plus. »

Un sourire en coin. Ses doigts tapotaient contre son verre alors qu’elle le regardait avec amusement. « Possible. Ce n’est pas simple de créer de nouvelles associations. Tu ne pourras jamais empêcher ton esprit d’associer des images, des sons, des sensations : mais dans chaque souvenir il y a une infinité de possibilités pour le raccrocher à un autre. Trouve juste un autre file pour présenter une autre association que celle qui craint du cul. Repère les associations avec lesquelles tu as du mal et travaille dessus jusqu’à les remplacer par d’autres. C’est comme… un parfum. Souvent, on l’associe à quelqu’un, ou à un lieu, à une saison, bref...on s’en branle...on le rattache à quelque chose de précis. Même avec le temps, ça reste bien attaché. Mais si on y travaille, on peut déplacer cette odeur, lui faire évoquer autre chose, y rattacher un autre visage, un autre lieu, un autre moment… Autrement dit, Emily par exemple...bah tu la rattaches à autre chose qu’à Keza. Tu piges ? Suffit d’anticiper.»

Ils se parlaient franchement. C’était déjà un atout pour les entraînements. Il n’y avait pas de but à se mentir, du moins, IL n’avait pas de but à le faire. Elle, en revanche, avait tout intérêt à dissimuler le plus d’informations possible la concernant.

« T’as du bol déjà, toutes mes associations ne concernent pas Keza… » Un grognement, amusée. « Vous.. »Elle leva un sourcil. Une seconde de suspend. Ah ? On est curieux, hein ? « J’ai rien dit. Oubli. Boit et oublie. » Il fit un geste pour lui intimer de boire et elle sourit en riant silencieusement. Oui, c’était dur de ne pas poser de questions, de rester dans le noir comme il l’était face à elle, et de pourtant, être exposé, sous les projecteurs. « C’est chiant hein ? Si ça peut te consoler, j’étais aussi frustrée que toi face à ton cousin. » Un sourire et elle portait son verre à sa bouche.

« Allez, on y retourne. De toute façon va bien falloir que je me batte contre ces fameuses associations de merde hein. C’est partit, fait moi mal ma belle. »
« Oh, ne me dis pas ça... »

Ça pourrait m’inspirer…

Du contrôle, Sanae.
De la distance.

Elle sourit, déterminée, avalant la dernière gorgée d’un coup sec, quelques gouttes restant sur ses lèvres. Une langue passée rapidement et le verre allait rejoindre la table sur laquelle elle demeurait assise. Elle décroisa les jambes, une main de chaque côté de ses cuisses, agrippant la table, le corps tourné vers celui d’Alec, son regard trouvant le sien. Franc. Brutal. Sans animosité.

Son esprit s’étendit vers celui du sorcier et elle y pénétra.


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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 20 Oct 2020 - 18:45
Les choses passaient mieux avec Sanae, c’était certain. Le changement s’était fait subtile au début mais était de plus en plus marqué à présent. Peut-être était-ce elle qui s’adaptait ou bien simplement son comportement réel qui reprenait le dessus à présent ou bien encore des changements plus profond, Alec n’en savait rien, ne la connaissait pas, ne cherchait pas à le faire. Pourtant, oui, ce détachement plus net, ces réponses plus brutales lui permettaient de se retrouver dans un univers qu’il connaissait bien mieux que celui de la douceur. L’humour et la brusquerie, ça faisait partie de ses modes d’apprentissages, de réponse, de combat, de protection. Ça n’était pas nouveau, c’était même bien plus instinctif ainsi. Zone proximal de développement vous connaissez ? Oui, tu connais. En agissant ainsi, elle ne lui mettait pas un obstacle de plus. Il n’avait plus réellement besoin de s’adapter à elle, de dépasser ses propres blocages en plus de la difficulté que c’était de faire face à ses propres démons tout en apprenant à bloquer son esprit. Une chose à la fois, ne sollicitons pas trop de compétences chez ce cher Alec à moins de rechercher la surchauffe.

« Possible. Ce n’est pas simple de créer de nouvelles associations. Tu ne pourras jamais empêcher ton esprit d’associer des images, des sons, des sensations : mais dans chaque souvenir il y a une infinité de possibilités pour le raccrocher à un autre. Trouve juste un autre file pour présenter une autre association que celle qui craint du cul. Repère les associations avec lesquelles tu as du mal et travaille dessus jusqu’à les remplacer par d’autres. C’est comme… un parfum. Souvent, on l’associe à quelqu’un, ou à un lieu, à une saison, bref...on s’en branle...on le rattache à quelque chose de précis. Même avec le temps, ça reste bien attaché. Mais si on y travaille, on peut déplacer cette odeur, lui faire évoquer autre chose, y rattacher un autre visage, un autre lieu, un autre moment… Autrement dit, Emily par exemple...bah tu la rattaches à autre chose qu’à Keza. Tu piges ? Suffit d’anticiper.»
« J’avais compris l’idée oui. »

Le regard levé au plafond, un sourire moqueur sur les lèvres.
Autrement dit : je vais finir par te défoncer les neurones si tu associes trop facilement Kezabel à tes souvenirs problématiques car je veux la protéger au moins autant que toi. Il saisissait, c’est bon,  pas besoin de schéma explicatif. Rattacher les souvenirs à d’autres, se créer des nouveaux chemins de pensées, de nouvelles associations d’idées n’était pas tâche aisée.
Pas plus que d’éviter de poser les questions qui ne faut pas. Alors ouais, laisse tomber.

« C’est chiant hein ? Si ça peut te consoler, j’étais aussi frustrée que toi face à ton cousin. »
« Oh j’en doute. On est vite fait plus frustré face à Logan que face à toi quand même. Pour ça il a le monopole. »

Le monopole du con qui ne communique pas, qui tisse sa saloperie de toile dans son coin et qu’on ne remarque qu’une fois qu’on s’est pris la gueule dedans. Merci Logan. On t’aime Logan. Va te faire foutre Logan.

« Allez, on y retourne. De toute façon va bien falloir que je me batte contre ces fameuses associations de merde hein. C’est partit, fait moi mal ma belle. »
« Oh, ne me dis pas ça... »

Vous savez ce qu’on dit ? Chassez le naturel et il revient au galop. C’était ce qu’il se passait. Au fur et à mesure, son naturel avait fini par se tracer un nouveau chemin. Parce que c’était ainsi, oui, mais également parce qu’il n’en pouvait plus d’être ce gosse qui a besoin d’aide. Parce que l’ado acerbe avait besoin de se faire entendre. Parce que l’adulte sûr de lui, souriant, piquant, avait besoin de reprendre le contrôle, de se faire de la place, d’effacer la petite chose terrifiée qui prenait parfois le dessus.
Parce qu’il préférait sourire, la provoquer à sa façon, cette petite fibre de rébellion qui vibrait tant en elle ces derniers temps. Et parce qu’avouons-le, on ne peut avancer sans cesse dans les ténèbres.

Au risque de perdre pied.

**

« Oh non, tu ne vas pas t’y mettre Alec ! »
« Mais c’est pas ça ! Je ne veux pas passer la journée avec lui, on.. »

Pas un caprice, pourtant.

Le coup était parti, violent, le déstabilisant. Pas physique pourtant. La peau n’avait jamais percuté la sienne, pas plus que cette bague épaisse dont il connaissait le mordant. Non. Et pourtant il était là. L’uppercut dans les veines du petit garçon qui avait pourtant tenté de parler ce jour-là. Il était petit, bien plus qu’il ne l’avait été lors du premier souvenir. Petit et pourtant si sombre. Trop petit pour connaître si bien les règles avec lesquelles il avait pourtant appris à grandir. Et pourtant il avait essayé. Et ses lèvres s’étaient closes, le souffle lui avait manqué alors qu’il portait ses petites mains à celles-ci. Mais sa mère ne l’avait pas laissé faire, posant un genou à terre, ses ongles s’étaient fichés dans l’épiderme de son nez, y traçant des sillons rougeâtres tant ils serraient fort. Lèvres scellées, narines écrasées, le petit garçon étouffait déjà, posant sur sa mère des pupilles dilatées, angoissées alors qu’il agrippait ses poignets, hurlait dans son fort intérieur. Essayez de hurler quand l’air ne passe plus. Le son ne passe pas, il s’écrase sur les murailles de l’organisme. Il s’écrase, oui, tout comme ses revendications. Tout comme ses suppliques. Je ne veux passer la journée avec lui. Je ne veux pas que Janie nous accompagne. Je ne veux pas. Pitié, je ne veux pas. Et les larmes humidifiaient ses yeux, acides.

« Tu vas m’écouter attentivement très cher fils. Si je te dis de passer la journée avec ton oncle, tu vas le faire et je ne souffrirais d’aucun argumentaire futile. Il ne vous a pas souvent et a envie de profiter un peu de vous. Donc tu te tais, et qu’importe les jeux idiots que tu avais envie de faire aujourd’hui, ça sera avec lui que tu joueras, tu as bien compris ? Ce soir vous rejoindrez le précepteur. Je trouve que vous vous relâchez ces derniers temps. »

A cette époque, il ne savait pas pourquoi ces termes l’angoissaient tant. Et pourtant elle était là, la terreur, gravée au fer rouge dans ses veines.

Jouer. Profiter.

Et il ruait sous ces doigts, se retenant pourtant de frapper, de se dégager avec violence. Alors les ongles entraient dans sa peau plus fort encore et un craquement sinistre se mit à résonner à ses oreilles, signe que le cartilage avait fini par lâcher sous la pression.

« Tu apprendras à faire ce que je te dis Alec crois-moi. De gré ou de force. Tu penses peut-être qu’ici c’est ton père qui fait la loi. Saches que tu as tors. »

Vous m’avez tué. Tous, les uns après les autres. A coup de violences et d’interdit, qu’importe. A coup de non dit et de regards détournés. A force de retard et d’oubli. Oui, vous m’avez tué.

Droit comme un i, le regard braqué dans le sien, son sang coulant doucement sur ses lèvres closes et le long de la paume de sa mère, le gosse ne baissait pas le regard et dans ses prunelles, insidieusement, s’infiltrait l’orage.

« Tu passeras la journée avec ton oncle. Hoche la tête si tu es d’accord. »

Et il n’avait jamais hoché.

Et à l’instant même où le môme basculait, le cerveau manquant d’oxygène, l’adulte en faisait de même et le souvenir s’effaçait, remplacé par d’autres. Non, de la maîtrise Alec. Eloigne-les. Eloigne ceux qui comptent. Eloigne celles qui comptent. Pas de Kezabel cette fois, soit-en rassurée. Mais les rires qui se mêlent, là, dans un bureau de Poudlard. C’était l’olivine joyeuse qui accrochait son cœur alors que sa voix ricochait contre les murs, se stabilisant doucement. Une main passant dans ses cheveux de feu, une bouteille à la main.

Tu comptes me dénoncer ?
Oh non, je compte t’imposer de partager.
Julian.
Alec.

Quelque chose comme ça. Les échanges se faisaient joyeux, piquants, amusés. L’évidence était là dès le premier instant : ils accrochaient bien. Littéralement car il n’avait pas tardé à la rejoindre contre le bord de ce bureau, son regard contre elle, comme une flamme qui léchait son organisme. C’était avec violence qu’ils s’étaient trouvés.

Elle n’est pas en danger. Ils ne savent pas, hein ? Dis moi Julian, ils ne savent pas que tu es née moldue, si ? Est-ce un secret de plus que je dois garder sous clé ?

Ses mains glissent sous le tissu de son haut, balancent les affaires du bureau d’un des Supérieurs, l’y assoient. Mais le souvenir vibre, se subtilise et son regard dévasté l’attrape, ce jour-là dans les couloirs.

Non.

D’une rousse à une autre, Alec s’échappe, refuse d’entrer dans ce jeu, refuse de la trahir. Alors c’est Jayden qui apparait, le pousse, ses mains déjà contre sa ceinture à la défaire, s’abandonnant à travers le tissu, l’envie envahissante, brutale, s’accrochant à ses sens.

Non plus. Pas elle.

« Tu feras gaffe, tu baves. »

Elwynn qui s’arrêtait et le détaillait en pleine séance d’entrainement. Et l’impression étrange qui coulait dans ses veines en cet instant. Dure à définir, dure à retranscrire. Une attirance totale qui électrisait son épiderme, l’impression de ne voir qu’elle pendant quelques secondes, puis Elwynn était partie, tout comme la sensation, le laissant là, sourcils froncés, attrapant le t-shirt qui traînait non loin pour le passer sur son front, incapable de réellement comprendre ce qui se passait. Ça ne tarderait pas, bien sûr, mais à cet instant précis, il n’en savait encore rien. Semi-vélane. Fourbe petite chose.

Un souvenir noyé de plus. N’importe qui, quitte à la rattacher à ces envies, à ce besoin de contrôle. N’importe qui mais pas celles qu’il voulait protéger.

« T’imagines pas tout ce qui pourrait se faire si tu acceptais. »

Mily, bien avant Warren, lorsque c’était à lui qu’elle était promise, une union à laquelle il faisait autant de résistance qu’à celle que les Blackburn proposaient. Sa main contre lui, ses lèvres proches de son oreille. La réalité ? Il comprenait Warren. Et pourtant c’était bien en la prenant par les hanches, ses doigts s’imprimant dans sa chaire qu’il la repoussait, un petit sourire mauvais sur les lèvres.

« Oublie-moi Mily. T’as aucune chance. Trouves-toi un autre pigeon. »

Désolé Bro.

L’association ? Elle venait bien trop naturellement, alors il la rejetait avec violence, insistance. Il ne laissait pas ces discussions reprendre le dessus, s’accrochait à son besoin maladif de retrouver le chaos des corps quand il s’enfonçait un peu trop dans la boue acide de son passé.

Des inconnues donc. Des anonymes même parfois. Celles dont il déconnait avec Warren justement. Nouveau chemin de pensée. Nouvelles associations. Faire simple, instinctif. La vie choisie toujours le chemin le plus court, c’est ce qu’on appelle le principe de parcimonie. Alors c’était ce qu’il devait faire, pour que le jour venu, il choisisse ce chemin-là, et pas l’autre. Ne pas laisser ses proches s’insinuer. Ces réflexes,  ces associations, il les vivrait forcément. Alors il devait se reconditionner, devait diriger ses pensées, orienter ses souvenirs vers des personnes qui ne comptaient pas, éloigner les intrus de celles qui pourraient devenir des otages s’ils savaient. Après tout, du sexe sans attachement, il y en avait eu. Alors c’était ce sur quoi il cherchait à se fixer. Une fille, un bar, ses jambes autour de lui, l’impact contre le mur, la violence de ses soupirs, ses ongles enfoncés dans sa chaire. Un corps parmi d’autres.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mer 28 Oct 2020 - 22:25
Dès lors qu’elle s’était émancipée de sa cage, le dialogue avec les Rivers était devenu plus simple, plus facile, plus naturel. Elle n’avait pas été surprise de voir les changements dans ses échanges avec Alec, à mesure qu’elle assumait de plus en plus les bouleversements de son être, revêtant une nouvelle peau bien plus à l’image de ce qu’il connaissait. Sans doute était-ce cette violence en eux, ce besoin de percuter, de vibrer, de se foutre de cette droiture qu’elle rejetait désormais...qui faisait en sorte qu’ils communiquaient bien mieux, les mots s’écoulant entre eux avec plus de rapidité, plus d’évidence sans qu’ils ne s’affrontent pour autant. Elle l’avait trop bercé de douceur, d’optimisme auparavant et elle n’y voyait maintenant que des mièvreries, que des détours trop lointain de sa réalité à lui. Pas assez proche, pas assez en phase avec ses besoins, ses mécanismes, son caractère pour réellement créer un lien propice à lui apprendre, à l’entraîner. Alors ces changements venaient redonner une toute nouvelle dynamique, souffler le vent de la bataille interne qui rugissait en lui. Elle se plaçait à ses côtés sans rien exiger en retour, sans même y penser. Elle jouait son rôle, oui, parce qu’elle s’y était engagée et qu’il y avait certaines choses en elle qui demeuraient immuables. Sanae tenait toujours ses promesses. Et il n’y avait aucun putain de moyen pour qu’elle recule face à la tâche, face à l’affrontement, face à la difficulté de la situation ou la hauteur des obstacles. Elle les franchirait avec lui, non seulement parce que sa survie en dépendait, mais parce qu’il y avait un être qui les reliait et auquel elle tenait plus que tout au monde. Kezabel. Et il était hors de question qu’elle souffre de l’avenir maudit du sorcier.

Un seul être qui vous relie Sanae ?
Vraiment ?

Voyait-elle toujours le visage de Logan dans son esprit à chaque entraînement qu’elle donnait à Alec ? Oui. C’était comme s’il se tenait toujours en surplomb au-dessus de leurs têtes, souriant amèrement, férocement, alors que son plan se jouait sans même qu’il n’ait à intervenir au jour le jour. Il avait donné une direction et ils la suivaient. En parfaite connaissance de cause…

« J’avais compris l’idée oui. »

Le sourire moqueur et les yeux levés au ciel. Spécial combo. On rafle la mise. Elle sourit largement. Quoi ? Elle le lui rappellerait autant de fois qu’il échouerait à cacher Kezabel dans son esprit. Et si ça ne lui plaisait pas alors il avait tout intérêt à réussir. Parce que s’il ne le faisait pas...il n’y aurait plus qu’une seule option à envisager, et elle n’avait pas envie d’y venir. Autant pour Alec que Kezabel...

« Oh j’en doute. On est vite fait plus frustré face à Logan que face à toi quand même. Pour ça il a le monopole. » Elle rit franchement, buvant une nouvelle gorgée de whisky.
« Clairement, ce sale con a la palme. »

Félicitations Logan, on te décerne un trophée. Souris et assomme qui tu veux avec.
Et fais pas chier.


Alors, comme deux jolis soldats, deux magnifiques pions, ils se remettaient à l’entraînement. Sanae posa son verre sur la table, toujours assise sur la surface lisse, ses pieds ancrés dans le sol, ses mains posées de chaque côté de ses cuisses, tenant le rebord en bois et son regard noir et profond fondit dans celui d’Alec.

On plonge. Encore.



« Oh non, tu ne vas pas t’y mettre Alec ! »

« Mais c’est pas ça ! Je ne veux pas passer la journée avec lui, on.. »

La bague percuta le garçon, si jeune, si petit… Le choc l’avait déstabilisé mais il tenait toujours debout. Oui, debout, debout malgré l’horreur, debout malgré le silence qu’on lui imposait à grands coups. Rappels incessants des règles du monde dans lequel il vivait. A parcourir les souvenirs du sorcier, Sanae s’estimait heureuse d’avoir été abandonnée : elle préférait ses souffrances enfantines plutôt que les siennes. Même là, dans son orphelinat, les oreilles pleines des coups de batons sur les corps d’orphelins ; même là, ballottée de foyer en foyer, de famille en famille, rejetée de partout, revenant toujours à la case départ, piégée dans l’abandon répétitif… elle préférait largement cet abandon plutôt qu’à la proximité des démons qui avaient serpenté dans l’enfance gâchée de ce petit garçon. Petit garçon qui étouffait entre les mains d’une mère qui ne voulait pas entendre, ne voulait pas voir et qui envoyait son fils à l’abattoir. Oh, comme il lui prenait des envies de hurler et de brûler ces visages en les voyant défiler dans son esprit. Les larmes, les cris étouffés, l’effroi intérieur...tout venait la percuter violemment.

« Tu vas m’écouter attentivement très cher fils. Si je te dis de passer la journée avec ton oncle, tu vas le faire et je ne souffrirais d’aucun argumentaire futile. Il ne vous a pas souvent et a envie de profiter un peu de vous. Donc tu te tais, et qu’importe les jeux idiots que tu avais envie de faire aujourd’hui, ça sera avec lui que tu joueras, tu as bien compris ? Ce soir vous rejoindrez le précepteur. Je trouve que vous vous relâchez ces derniers temps. »

Profiter un peu de vous...ce sera avec lui que tu joueras...Les mots dégoulinaient d’horreur. A vomir. Des envies de destruction, des envies de sang sur les mains. Elle dénoua son ventre en inspirant lentement, imperceptiblement, gardant son calme, s’accrochant malgré tout au souvenir. Elle ne cillait pas. Elle ne cillait jamais face à ce qu’elle voyait en lui ; elle l’accompagnait, serrait les dents, supportait, parce que s’il pouvait le faire, elle le pouvait largement.

Il se débattait, autant qu’il pouvait sans pourtant franchir les limites. Parce qu’il savait, sans doute, que ça ne ferait qu’empirer les choses : le craquement du cartilage en était la preuve.

« Tu apprendras à faire ce que je te dis Alec crois-moi. De gré ou de force. Tu penses peut-être qu’ici c’est ton père qui fait la loi. Saches que tu as tors. »

Le sang coulait de son nez, venait dessiner des traces écarlates sur ses lèvres fermées et dans ses yeux...dans ses yeux la rage, la tempête, l’impuissance et le dégoût qui laissent place à la fureur. Il ne détournait pas le regard. Il le plantait en elle, comme un message silencieux et pourtant...assourdissant. Vous ne voyez donc pas ce que vous avez créé ?

« Tu passeras la journée avec ton oncle. Hoche la tête si tu es d’accord. »

Le petit garçon d’hocha pas la tête.

Et le souvenir disparaissait.

Des fragments du passé. Des rires rebondissant entre les murs d’un bureau de Poudlard. L’ancien temps. Celui où sans doute, il s’était lié le plus à des êtres, celui où il avait pu vivre, du mieux qu’il le pouvait. Les lumières scintillèrent sur une bouteille, une main passée dans des cheveux flamboyants.

Tu comptes me dénoncer ?
Oh non, je compte t’imposer de partager.


Des échanges joueurs, pleins d’enivrement. Le désir s’infiltrait, titillait, venait accrocher l’épiderme alors qu’il s’approchait de la rousse, venait la rejoindre vers ce bureau qui n’attendait qu’eux. Les regards se mêlaient, l’envie s’enflammait et ils se trouvaient brutalement.

Les pieds nus de Sanae sur la moquette du salon se contractèrent, s’enfoncèrent dans le tissu doux et épais.

L’affolement surgit dans le souvenir. L’inquiétude qui pointait, face à l’évidence du danger. Combien de visages à protéger ? Combien de secrets à retenir en lui ? Mais les mains revinrent bientôt, s’imposèrent par images, glissant sous le tissu, attrapant la peau chaude. Affaires balayées du bureau dans la passion de l’instant. Les mains agrippèrent, firent asseoir la jeune femme sur la surface lisse, le désir les dévorant tous les deux.

Les orteils dans la moquette se contractant légèrement. Elle ne cillait toujours pas. Mais en elle, vibrant de concert, la pointe du désir qui venait la tiraillait, la soulever sans qu’elle ne puisse l’ignorer, tout aussi accrochée qu’elle était au fil des souvenirs qui passaient dans son esprit. De la concentration, de la maîtrise.

Une autre image. Une autre rousse. Des doigts qui s’acharnaient à défaire la ceinture d’un pantalon de trop. Gestes pressés. Envie brutale.

Confusion des sensations. Celles d’Alec devenaient les siennes. Et aucun moyen d’y échapper. Parce que ces souvenirs titillaient une corde trop sensible pour qu’elle ne puisse balayer les envies.

« Tu feras gaffe, tu baves. »

Nouveau souvenir. Nouveau visage. Oh, quel visage… fascinant, enivrant. Alec torse nu qui attrapait le regard de la jeune femme, déstabilisé par la sensation qu’il ne comprenait pas. L’impression de sentir ses veines flamber, l’électricité envoyer des décharges dans tout le corps. Bon sang…

Virage. Le souvenir laissait place à un autre.

« T’imagines pas tout ce qui pourrait se faire si tu acceptais. »

Le visage d’une sorcière qui s’approchait de lui, une main posée sur son corps, bouche tout contre son oreille, venant susurrer l’invitation. Les mains d’Alec prenait ses hanches, doigts s’ancrant sur son corps tandis qu’au lieu de la rapprocher de lui, il s’éloignait, un sourire aux lèvres. Et la pique ne se fit pas attendre.

« Oublie-moi Mily. T’as aucune chance. Trouves-toi un autre pigeon. »

Mily. Ah. La voilà donc, la fameuse. Celle dont le nom était apparu auparavant sans avoir de visage.  La femme de Warren. Et elle s’était attendue à voir s’insinuer les traits de Tveit par association...mais il n’en était rien. C’est bien Alec. Tu transformes les chemins, tu prends des virages inattendus mais cohérents, tu évites les embuches. Elle était impressionnée. Un retint un sourire de fierté.

Cette fois-ci, pas de Kezabel non plus. Pas de souvenirs dangereux capables de condamner ceux qui lui étaient chers. Bien.

Si elle avait souri, l’étirement de ses lèvres se serait vite effacé par la suite. Pas de grimace, mais la tension de son corps revint comme une contraction instinctive. Des corps qui ondulaient, qui se percutaient, des lèvres qui se dévoraient, des souffles erratiques, des gémissements emplissant soudainement son crâne, lascifs, orgasmiques. Des mains qui agrippaient, peignaient les marques de l’ardeur sur des peaux brûlantes. Les visages importaient peu, pas du tout même. Ils n’existaient que dans l’instant suave des rencontres pleines de désir. Peu importait le lieu, les circonstances. Seule l’envie avait sa place, seul le plaisir gouvernait. Et cette sensation devenait entêtante, dérangeante, enivrante, fascinante...parce que comme tout ce qui passait dans l’esprit du sorcier, Sanae la faisait sienne.

Ses orteils s’enfoncèrent à nouveau dans la moquette, ses mains s’accrochèrent avec plus de fermeté à la table. Elle ne détournait pas les yeux, mais elle sentait ce vent de chaleur perturber son épiderme, comme si un souffle électrisait les poils de sa nuque. Un frisson. Impossible à réprimer. Et des cuisses qui se serrent légèrement sur la table.

Un progrès pour lui. Un changement d’associations.

Une épreuve pour elle.

Bon sang de Rivers...

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Alec Kaleb Rivers
Dim 8 Nov 2020 - 12:45
Et la voilà l’étincelle dans le regard, l’éclat joueur, la flamme dansante de la compétition, du défi, de la tentation pure. L’enfant blessé, qui replongeait dans ses cauchemars entraînements après entraînements, intrusions après intrusions, se meurtrissant à chaque image, à chaque parole réveillée si intensément dans son esprit, venait de se faire bouffer tout cru. Sanae ne se faisait pas d’illusion, elle avait attendu à un moment donné qu’Alec se mette en opposition, la teste, la mette au défi – mais les semaines écoulées, et les bouleversements qu’elle avait connu, avaient semblé établir un contact plus aisé, et la phase de rébellion n’était pas venue. Pourtant, elle aurait pu parier sur son apparition, sur le fait qu’il y viendrait, tout vulnérable qu’il était lors de leurs séances ; elle l’avait vu faire tant de fois dans ses souvenirs, s’opposant aux uns et aux autres, sûr déjà de l’effet qu’il produirait, de l’étendue de ses provocations. Sûr...de gagner. Il devait gagner. Comme une façon de reprendre le contrôle, une façon de sortir de l’obscurité de ses démons les plus monstrueux, une façon de se rattacher à quelque chose de familier, qu’il maîtrisait, qui lui faisait du bien...parce qu’on cherchait finalement toujours à panser ses plaies, d’une manière ou d’une autre, à balayer ce sentiment d’impuissance qui rendait malade, qui était à germer. Alors bien sûr qu’il tentait, qu’il instillait soudainement ce jeu dans lequel il était si doué. Comme les Rivers se ressemblaient… Pas les mêmes jeux, mais la même envie de contrôle. Le même besoin. Enflammé.

Oh, oui, elle la voyait cette flamme qui venait embraser ses pupilles fixées dans les siennes. Regard qui ne se détournait pas. Le corps immobile, ancré, solide. Toute la détermination de l’élève qui veut renverser le pouvoir. Elle aurait pu se voir petite en miroir...c’était troublant, dérangeant même. Parce que si la position, la volonté étaient les mêmes, l’angle d’attaque choisi était complètement différent. Et il venait la prendre à revers. Malin. Il avait observé les changements chez elle et il avait vu une ouverture, quelque chose qui se déliait, qui se matérialisait sous un autre visage, d’autres habitudes qui se mettaient en place, un autre regard. Et si ses yeux n’avaient pas quitté les siens, il avait capté les inflexions de son corps, le resserrement des cuisses sur la table, la tension des muscles, et les pupilles, là deux perles noires qui se dilataient avec rage. Alors, il avait saisi l’occasion.

Et les images défilaient...vives, enflammées, vibrantes de chaleur et de vie.

Une vie plongée dans le corps des autres. Femme après femme, cri après cri. Perdu dans les souffles erratiques, dans le soulèvement des cages thoraciques, dans la cambrure des corps pris dans le plaisir superbement intense qui venait vriller les sens. Aucun d’eux ne bougeait mais il semblait à la sorcière que les souvenirs d’Alec venaient l’agripper toute entière. Deux mains fermes et brûlantes s’ancrant dans sur sa peau à travers la peau d’une autre...d’autres...tant d’autres. Et l’élève finissait par regarder dans le regard de son professeur et venait extirper, remuer, tirer sur des files pour en tester les limites, pour récolter les réactions, les faire naître, là, dans ce corps que l’esprit tentait de faire taire, d’ignorer. Elle ne cillait pas mais son regard se fit plus dur. Les flammes, elles aussi, dansaient dans ses prunelles sombres. Ses coudes vinrent se poser sur ses genoux et ses mains se lièrent devant elle, son dos allant vers l’avant, se rapprochant, mais pas pour instaurer une proximité  dangereuse, juste pour lui dire...pour lui faire comprendre...ce message très clair et évident…

Tu veux jouer ?
Jouons.


Et des souvenirs éparses se dégagea un premier, plus long, dont les détails venaient infiltrer l’envie suave, lascive de deux corps qui dansaient l’un contre l’autre. Le frôlement des peaux qui se voulaient, les souffles qui se mêlaient, les regards qui s’échauffaient d’un désir brutal. Dos contre torse, lèvres dans le creux de ce cou qui se tendait, mains pleines d’envie qui se refermaient sur ce corps qui se collait au sien. Les doigts qui froissaient le tissu des vêtements, venaient s’imprimer sur  la jolie brune avec fermeté. Et il lui semblait alors que leur désir était le sien, que ces mains venaient se perdre sur son corps à elle, que ce souffle venait réchauffer sa propre nuque… Une chambre alors se dessina bien vite dans son esprit. Deux corps entremêlés dans un lit quelconque, qui se cherchaient, se tendaient. Les bassins s’appelaient avec une tendresse brûlante, dans le silence d’une nuit seulement perturbé par des souffles et des soupirs qui se chargeaient d’une nouvelle puissance. Les peaux nues qui se trouvaient, se collaient, tandis que plus fort, cognait un désir qui sortait du sommeil.

Oui, trop tendre.
La sorcière sentait les picotements sur son dos, lui parcourant l’échine, mais ce n’était pas assez.

Il en faudra plus Alec.
Plus pour me faire craquer.


Le voulait-elle, du reste...craquer ? Dans quoi s’engageait-elle ? Pourquoi fallait-il que le jeu lui-même appelle quelque chose de si brutal en elle ? Pourquoi fallait-il que les remparts dressés entre eux vibrent avec autant de force aujourd’hui ?

Le souvenir se dissipa et un autre prit sa place. Que vas-tu choisir pour faire vibrer cette corde que tu veux saisir ?

A nouveau, la sorcière rousse faisait son apparition. Elle la connaissait celle-là, à force. Cette chevelure de feu, ces yeux bardés d’envie fixés dans ceux d’Alec...ce n’était pas la première fois. De l’autre côté de la table, la complicité fendait l’air, se répondait même à distance. Le feu crépitait au loin, et il n’était pas question de ne pas s’y plonger tout entier. Mais déjà la main de Logan venait  emporter Alec. Toujours un mauvais timing. Tu casses le groove de l’Empereur, sale con. Conversation passée, oubliée, dissipée. La salle de cours se matérialisait dans son esprit, et toujours la même envie venait poser ses mains sur les épaules de la rousse, et ses lèvres glissaient contre son oreille pour murmurer des mots qui importaient peu. Tout était d’une évidence qui se passait bien de paroles. Les corps se comprenaient déjà trop bien. Et l’heure de cours faisait grimper le désir … l’ongle érafla la braguette du jean tandis que la main du sorcier glissait sa main entre les cuisses de la jeune femme. Un regard échangé avec une autre rousse plus loin. Un autre temps, un avant...avant beaucoup de choses, les prémices. Et puis un chaudron qui explosait tout comme l’envie au creux des reins. Une distraction, une excuse, parce que ce désir, il avait besoin de véritablement rugir. Déjà, il plaquait la sorcière contre la porte de la réserve, les séparant si finement de la salle de cours. Comme un pied de nez à l’autorité, une moquerie, une rébellion amusante et grisante. Les corps se perdaient l’un dans l’autre, Alec se glissait en elle et les ongles vinrent se planter dans sa chair.

Le ventre de la sorcière se creusait, se tordait, elle se refusait de serrer un peu plus ces cuisses qui hurlaient de s’ouvrir pourtant, d’elles-aussi se nouer autour des hanches du sorcier. Une respiration, profonde, mais elle ne bougeait toujours pas, retenait l’envie qui voulait surgir et l’emporter..lui, elle...tout.

Une main sur des lèvres, souffles étouffés, gémissements coincés dans les gorges, murs qui vibraient en rythme des coups de reins percutants, tandis que derrière cette fine cloison, la classe retenait l’attention du prof...avant que finalement, la sentence tombe. Mais pas de regret là-dedans. Non, aucun.

Une autre rousse. Jayden. Ils accéléraient dans le temps. L’affection, la complicité joyeuse des deux jeunes qui se trouvaient, leurs rires rebondissant contre les murs et une main qui attirait cette cravate, tirait, pour embarquer le sorcier ailleurs. Dans cet ailleurs plein d’impatience, dans cet ailleurs plein de passion, d’un embrasement plein de pulsion. Etait-ce leurs souffles qui se perdaient ou le sien, à elle ? Ou les deux, peut-être. Elle ne savait plus très bien. Les scènes traversaient son esprit avec fulgurance. Pas seulement des images. Mais des sensations si fortes, qui se crashaient toutes à la fois.

‘En même temps c’est vrai que c’est une fille facile, Jayden’
‘C’est moi qui suis un mec facile.’

Un sourire en coin, amusé. Et puis une image qui s’imprima un instant dans ses rétines, éphémère, mais bien existante. Trois corps, endormis dans le même lit. Une chevelure blonde. Une chevelure rousse. Et Alec au milieu de ces deux corps. Et l’image fut vite balayée...Oh, Alec, ne perds pas le contrôle de tes associations juste pour me faire craquer. Est-ce donc cela que tu caches ? Cette chevelure blonde endormie à tes côtés ? Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres mutines.

Un autre souvenir fit faner le sourire.
Son corps percutait le sol tandis qu’apparaissait un visage familier. Jordane. Elle ne cilla pas, mais elle reconnaissait avec plaisir cet amusement vorace, fier sur son visage. Le regard d’Alec détailla un instant les muscles de ce corps acharné de violence, sculpté par le combat.

« C’est un truc de fou comme tu m’excites là tout d’suite. »
« Et c’est mon unique but dans la vie. Amènes-toi que j’te fasse payer ça, couillon. »
« Quoi, t’as peur que ton copain soit au courant ? »
« C’est pas mon copain. »

Copain ? Hm. Les informations surgissaient et venaient s’ancrer dans son esprit, là, dans un tiroir, comme tout ce qu’elle apprenait, comme tout ce qu’elle captait, attrapait au passage sur les autres, sur leurs vies, leurs désirs, leurs affections et inimitiés profondes. Mais ce qui venait la prendre aux tripes, c’était ce désir qui naissait des coups, de l’affrontement, de la rage de vaincre et qui se nourrissait de brutalité. Parce que ce désir, c’était aussi le sien. Alors non, elle ne souriait plus, ne s’amusait plus, parce qu’elle comprenait le chemin qu’il allait emprunter...Et son ventre se tordait plus encore, sa mâchoire se crispait, son regard s’assombrissait d’un danger évident. Celui de craquer, celui de se laisser emporter par un souffle plein de rage enivrante.

Et ça ne loupait pas…
Next. Prochain souvenir. Direct sur la case violence.

Un visage qu’elle ne connaissait pas. Mais peu importait, n’est-ce pas ? Combien en avaient-ils de visages défilant dans les affres du plaisir ? Trop pour les compter.

Le corps du sorcier se souleva pour être plaqué contre un mur, son gémissement de douleur emplissant son crâne. Seulement de la douleur ? Oh, non. Elle le sentait dans ses veines, comme si cette sensation était sienne...l’envie crissait au fond des entrailles. Mais la surprise pourtant, tiraillait ; parce que la force employée n’avait rien d’humaine, rien de normale...ah...oh… ? La froideur du corps répondit à ses questions muettes. Vampire. Intéressant. Oh, Alec...c’est le danger qui te fait planait toi aussi ? Bientôt, elle se retrouvait plongée entièrement dans l’impact des gestes rapides au milieu des grondements féroces. Ce n’était plus seulement du désir, c’était une vibration si intense qu’elle cramait l’épiderme, vrillait les nerfs trop sensibles, appelait le plus...Plus, plus, plus… Ou était-ce elle qui l’appelait ? Ses lèvres se pincèrent, le bout de ses dents terminant de les mordre, sa langue se collant à son palais comme pour se réfréner. Et les images se succédaient, les gestes prenaient plus d’ampleur, plus de violence, les bouches se percutaient, tout comme les corps, les doigts attrapaient, tiraient les cheveux. Ascension du désir et du plaisir animal. La fièvre la prenait elle aussi au passage, poigne ferme sur son organisme bouleversé, mis à rude épreuve. Elle résistait, résistait tant que tout se tendait en elle.

Ce n’était pas un autre souvenir clair qui prit la suite, mais des tas...une foule de visages sans noms, sans identités. Un flot de corps à l’agonie du plaisir. Les lieux se bousculaient, les corps se mêlaient. Et il n’y avait plus que la cambrure des dos, que le feu dans les reins, que les respirations erratiques, que les coups de reins frénétiques. Chevauchements des corps, chaotiques, sublimes, bordéliques dans la passion souveraine des envies libérées. Tout l’emplissait, s’infiltrait sous sa peau comme des ongles venant érafler son être, grisant ses sens, meurtrissant sa résistance, rampant comme des insectes dans son crâne parasité. S’il y avait un feu dans ses prunelles noires, ce n’était que le reflet de celui qui brûlait dans son ventre, là où cognait son propre désir mêlé à ceux des souvenirs percutant. Elle aurait du lâcher, s’extraire, se parachuter ailleurs pour retrouver un semblant de maîtrise, mais son esprit s’accrochait, s’ancrait plus profondément en lui sans pouvoir s’en empêcher, comme s’il s’agissait de s’y imprimer, de s’y abreuver dans la fureur du désir qui montait si haut que ses envies lui chatouillaient les doigts. Oh, oui, cet oubli dans corps dans ce qu’ils avaient de plus humain, de plus pur, de plus sensationnel … Sanae voulait y goûter, voulait s’y plonger et ne plus en sortir. S’échapper de la réalité, écraser le réel, écraser le cadre, laisser souffler la bourrasque qu’elle retenait depuis de longues minutes.

Ses mains se refermèrent plus profondément sur ses genoux et ses narines frémirent, son souffle se faisait moins contrôlé. Une bête trop tentée qui, face à ce regard déterminé, n’avait qu’envie de sourire et de fondre sur lui pour s’acharner, pour rugir, pour mordre, piller, griffer, briser le silence et n’être que chaos. Parfois, la défaite avait un goût bien plus délicieux que la victoire…

Mais la résistance était tout aussi délectable...parce qu’au fond, Alec n’était pas le seul qui aimait jouer. Alors, la bourrasque éclata mais pas dans la pièce, seulement dans l’esprit. Sanae se gorgea d’une inspiration rageuse et fondit dans son esprit comme une catapulte, comme une vague surgissant des flots agités et venant défoncer les barrages. Une vague qui s’enfonçait, emboutissait tout sur son passage. Une façon de le punir, de le bousculer lui aussi, de mettre à mal ses défenses, de lui rappeler que s’il avait le contrôle, c’était aussi parce qu’elle n’utilisait pas toute sa puissance de feu. Une façon de reprendre ce putain de contrôle, elle aussi. Un rappel, un avertissement, surtout…

Les traits de son visage se déformèrent pour la première fois devant lui. Animal enragé. Animal affamé. Et elle ne s’inquiétait pas même des effets sur lui...parce qu’il avait connu Logan, parce qu’il savait résister, batailler, qu’il était aussi solide qu’elle et qu’elle aussi, voulait tester sa résistance. Son esprit alors, s’acharnait avec plus de rage, plus de puissance, voulait tordre le cou à la tentation qui lui faisait face avec amusement. Putain de volonté de la faire craquer, putain d’envie de voir ce qu’il y avait sous sa surface...Tu veux voir ? Tu es curieux ? Alors le voilà mon visage, mon esprit plein de fougue, mon envie écrasante de domination, de contrôle...Nous ne sommes pas si différents.

Et lentement, le regard toujours ancré dans le sien, aussi profondément que des griffes plantées en lui, la sorcière se levait de la table et se plantait devant lui, ses jambes entre les siennes, le surplombant de sa hauteur, avec un sourire monstrueux étirant ses lèvres.Ses prunelles noires comme le néant venaient l’engloutir, le happer, s’engouffrer plus intensément que jamais et au fond d’elles, une flamme incandescente, brutale, perfide, mais diablement amusée.

Tu en veux de la violence? Tiens, je te la donne...

"Tu me crois la marée, et je suis le déluge." (Victor Hugo)

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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 8 Nov 2020 - 16:13
Got ya’.

Il l’avait sentie fléchir, frémir, s’engouffrer dans la voie qu’il traçait. Bien sûr qu’il en jouait, qu’il s’amusait, qu’il  cherchait la brèche. Bien sûr, oui, Alec se rattachait à des choses connues, bien plus gérables, bien moins morbides que ce qui l’amenait ici jours après jours. Et bien sûr que c’était attendu. Comment aurait-il pu en être autrement ? A chaque instant dans sa vie, il avait cherché à échapper à son passé à l’aide de ce contrôle-là, de ces contacts charnels, de ce besoin évident de vibrer, de reprendre le contrôle de ce qui ne devrait être qu’associé au plaisir et non à l’horreur. Et l’envie, elle se dessinait dans chacun des pores de sa peau, elle grillait ses nerfs à mesure qu’il l’agrippait, l’embarquait dans ses souvenirs, l’y noyant totalement. Noyée de plaisirs, noyée de désirs, noyée de cette violence grisante qui accroche les nerfs, délaisse la réalité, éloigne le monde. Besoin de sentir leurs corps contre le sien, leurs souffles dans son cou, leur chaleur pour réchauffer une âme qui manquait parfois tant de chaleur. Besoin qu’elles soient siennes pour qu’il consente, un peu, à être leur. Leurre, même, à vrai dire. Bien sûr que ça n’était qu’illusion. Mais c’était là une façon de se reconstruire, de se trouver, de s’éloigner de la boue qui constituait son passé. Alors le présent ? Pour une fois il s’éloignait de l’acide, cherchait la vie, la chaleur, le plaisir. Pour une fois, il lâchait l’immonde pour retrouver ce qui faisait de lui une personne entière où le sombre et l’amer faisaient face à la vie, bouillantes, qui cramait ses veines. Et parmi elle, il y avait ce truc. Ce truc d’acharné, de joueur, de combattant. Ce truc qui s’exprimait parfois par quelque chose de bien innocent qu’une envie de gagner, pour une fois, de reprendre la main. Alors il la reprenait, se délectait de la sentir emportée à son tour. A vrai dire, il s’en amusait depuis qu’elle s’était penchée vers lui, les mains jointes, le dos droit, les coudes sur les genoux. Mais c’était bien des infimes variations que son esprit tendait vers lui, les légères contractions de son corps, leurs changements discrets qui le grisaient le plus en cet instant. Ça n’était pas l’envie d’elle qui avait joué à l’origine, simplement celle de l’attirer en dehors des sentiers bien dessinés, l’envie de jouer, de remporter la partie. Alors oui, cette narine qui frémissait, ces mains qui se contractaient, il y était attentif, les captait, s’en amusait, tout fier qu’il pouvait être d’entrer dans cette insolence absurde qui était pourtant la sienne. Elle l’avait vu, l’enfant. Le regard mauvais qu’il portait à tous ceux qui avaient cherché à le faire plier au fil des ans. Alors quoi de bien étonnant de le voir tordre un peu le cadre établi, de le voir en violenter les bords, en tester la résistance ? Quoi de bien étonnant à la chercher, elle, dans tout ce qu’elle avait de plus animal, de plus humain, de plus faible, finalement. Car ô comme nous sommes faibles par moments. Si malléables face à la tempête. C’était elle, l’humaine, celle qu’elle était en profondeur, elle et ses failles, qu’il cherchait et trouvait, là. Celle qu’il mettait face à ses contradictions, face à ses interdits, ses dissonances. Celle qu’il tentait, tout joueur qu’il pouvait être.

Et par Morgane qu’elle répondait.

L’attaque, il l’avait vue venir, devinée plus qu’anticipée et qu’il s’était blindé, la déferlante lui avait coupé le souffle, cramant ses chemins de pensées, s’insinuant dans chaque faille d’où il tentait pourtant de la repousser, griffant ses nerfs, violentant son âme comme un étau. Un grognement marqué pourtant d’un sourire et il tentait de l’agripper, l’emportant ailleurs, contrant ses attaques. Et pourtant, elle passait chacune de ses défenses, le contournant à chaque étape, toujours présente là où il ne la sentait pas, plus fluide que l’eau, plus vive qu’un animal sauvage, quoi qu’il fasse, elle passait.

Et donc, elle trouvait. Elle trouvait ce qu’il s’acharner à garder sous clef depuis toujours, ce qu’il éloignait de tous, sans cesse, à tel point que ça en devenait naturel. Du moins presque naturel. Pas assez concentré, trop épuisé, pas assez entrainé, trop faible. Qu’importe. Elle y était.

« T’es qu’un sale petit con Alec, tu le sais ça ?! »
« Ouais je sais ouais ! »

Deux enfants qui se font face. Deux gosses, l’un souriant, amusé de toute cette rage que cette petite fille pouvait lui adresser. Tout le mépris, tout le rejet. Oh comme il s’en amusait, d’elle et de sa petite perfection toute ridicule. Elle et sa belle famille aimante, elle et ses jérémiades, sa résistance si faiblarde. Elle et son petit regard furibond, ses poings serrés si dérisoires. Elle à qui on venait d’annoncer qu’elle l’épouserait, lui, le voisin, pour sauver les affaires familiales. Oh comme elle résistait. Comme elle le haïssait. Comme il trouvait ça amusant.

Et l’image de son jardin s’effaçait, remplacé par les rires, les regards, les échanges, doucement, pas à pas. Et puis cette bouille qui apparaissait à sa fenêtre.

« Qu’est-ce que tu fous-là ?! »
« Pff, t’imagines pas, mon père a.. »

Sa main agrippait ses lèvres, les fermait, son regard dans le sien, ses propres lèvres posées sur sa main, barrière au son autant qu’aux sentiments de la jeune fille. L’amitié, celle sur laquelle un autre avait parié. Un autre père. Et quoi que le Blackburn pouvait lui reprocher, c’était bien la terreur qui cramait ses cellules en cet instant. Pour elle. Parce qu’elle ne devrait pas être là. Pas maintenant, pas aujourd’hui, pas tout de suite ! Bordel, mais quel timing de merde ! Non, il ne se rendait pas compte de leur proximité, ni même du regard qu’elle lui jetait, elle. Il n’était attentif qu’à une chose, les grincements du parquet, là, dehors. Qui s’approchaient.

Pas le temps. S’il la faisait sortir par la fenêtre, elle s’écroulerait, tomberait en arrière, sur le toit, risquait de se briser en trois. Alors il agrippait son poignet, la balançait sous le lit. « Ferme ta gueule ! » Rien qu’un ordre murmuré, éraillé, brisé. Comme les cotes qui ne manqueraient pas de l’être l’instant suivant, quand son père entrait là, quand Alec s’étalait au sol, encaissant les coups, le regard braqué sur ce petit corps qui se plaquait contre le mur, les yeux écarquillés de terreur. Et dans ses prunelles, l’acide, l’ironie. Il te voulait quoi ton père, déjà ?

Grognement sourd, s’arracher de là. Le sexe, retrouve ça.

Si c’était l’image d’une inconnue qu’il imposait, Sanae s’en détachait, glissant d’associations en associations, toujours plus loin, comme une réponse, une pénitence à son impertinence. L’image disparaissait et l’image de la coloc arrivait, il s’extirpait du lit où Mack dormait, fermait la porte en silence, se retournait et… bloquait intégralement. Jayden, nue, serviette sur la tête, se séchant les cheveux tout en ouvrant il ne savait trop quel placard avec le pied, rangeant un paquet d’il ne savait quoi non plus. Oh non, il ne savait pas, trop obnubilé par ces formes auxquelles il n’avait pas le droit, l’envie cramant ses rétines. L’interdit percutant ses désirs de plein fouet.

« Ok… tu me rappelles pourquoi j’ai fait ça déjà. »
« Parce que tu es quelqu’un de bien Alec. Et parce que tu aimes te torturer. »
« Hm. » Pas convaincu. «  Et toi tu vas me rendre taré. »
« C’est l’idée. »

Viens me chercher…
Son sourire, vorace, un regard lancé en coin par-dessus son épaule, accrochant son organisme entier dans une torture immonde.  Et pourtant là dedans, la connivence évidente, l’attachement complice.

« Je te connais assez pour savoir de quoi tu as besoin Alec. » Une voix sortie d’un autre souvenir, vers lequel Sanae s’engouffrait. Sort-moi de là si tu y arrives…. Semblait-elle lui intimer. « ça fait des années Alec que je me suis faite à l’idée. Ça me gène pas, alors arrête de te torturer pour rien parce que c’est à moi que tu fais mal en agissant comme un con à te refreiner alors que ça a pas de sens. C’est qu’une bague ok ? Ça change rien entre nous. Je ne suis plus la gamine naïve que j’étais. »

Deux choix. Deux chemins.

L’émotion et le physique. Dans la voie de l’émotion, il y avait le mariage, le regard, les sentiments qui explosaient dans ce regard de celle qu’il sortait de l’enfer et la peur, chevillée au corps, de la perdre. L’amour, évident, percutant tout sur son passage, assez violent pour l’amener à faire face à une assemblée de sangs purs, conscient qu’il pourrait mourir sur place s’il avait mal misé. Conscient, surtout, que s’il ne venait pas ce jour-là, le lendemain, elle serait morte. Et que quoi qu’il se passe, quoi qu’il encoure, quoi qu’il redoute, jamais il ne choisirait ni sa survie, ni sa liberté à son existence à elle. Quoi qu’il lui en coûte, ça serait elle et à jamais.

Et puis il y avait le physique. La voie vers laquelle il propulsait Sanae avec toute la rage de celui qui la protégeait de toute sa rage depuis toujours. Celui qui avait marqué ça au fer rouge dans son âme depuis bien des années. Un instinct naturel, puissant, implacable. Celui de se protéger, aussi, de toute l’affection qu’il pouvait lui porter.

Alors il l’emportait ailleurs, agissant tant par instinct qu’il n’était plus foutu de s’arrêter sur un seul souvenir, se raccrochant à Jayden comme dans un réflexe d’association. De proche en proche, son corps contre le mur, puis balancé sur le lit, un sourire triomphant aux lèvres. Puis, sans qu’il ne sache trop pourquoi, c’était l’affrontement avec Caitlyn, bien plus qu’un échange sain de corps qui se cherchent. Son corps percutant le sien, ses ongles dans sa chair, et il zappait avant d’arriver au moment où il arrêtait cet échange, partant sans trop s’en rendre compte vers Elwynn de nouveau, ses lèvres venant prendre les siennes, ses mains sur son corps, sa voix comme enchantée, percutant ses tympans « ferme-là, j’ai envie de toi. ». Et l’envie, dévorante, anormale.

Il avait fallu ça. Fallu tout ça pour qu’il ait de nouveau conscience du monde extérieur. Fallu que la vague d’attaque de Sanae s’apaise un peu, l’étau perdant de sa fureur contre son âme, ses souvenirs de nouveau mis sous contrôle, pour qu’il capte à nouveau ce qui se passait à l’extérieur de sa tête, moins aveuglé par la force de l’intrusion. Et pourtant, elle était toujours là, violente, percutante, comme des serres ancrées en lui, profondément plantées dans son âme. Mais cette fois, il la distinguait, avec ce sourire mauvais, dominateur alors qu’elle se levait, ses jambes entre les siennes et ses prunelles noires toutes plongées dans les siennes. De glace ? Oh non, de lave.
Bien sûr, qu’il aurait dû avoir le réflexe de s’en éloigner, de fuir ce qu’il avait déclenché, de retrouver quelque chose de plus… banal. Et pourtant, l’envie de s’éloigner du monstre n’était pas là. Et il souriait, calmement, en silence, fier, sans doute, d’avoir déterré celle qu’elle était sous la surface bien trop lisse à son goût. Et jamais il ne cherchait à s’échapper, à baisser le regard, à sortir de l’étreinte de ces griffes.

Et sans son esprit, la violence des crocs de Charlotte s’enfonçant dans sa gorge, la jouissance malsaine de la douleur associée au plaisir, de la violence associée à l’envie. C’est ce que tu aimes Alec ? Non. Pas que, disons.

Surplombé par son corps, englobé par son esprit autant que son regard, il voyait soudainement ce qui ne l’avait jamais vraiment marqué plus que ça : l’envie de la défaire à son tour des tissus qui la camouflaient. Parce que la flamme de l’amusement et de l’envie, celle qui appelait aux réponses brusques, percutantes, elle le faisait sourire en retour. Est-ce qu’il voulait la violence ? Non. Oui. Un peu. Pas comme Logan pouvait la chercher, pas comme il ne tarderait sans doute pas à la chercher. Pour autant, dans son univers elle était là, acceptée, acceptable. Comme l’effronterie, l’arrogance, plantée dans son regard. Elle, la voulait. C’était bien suffisant. Ses mains se refermaient sur ses genoux, brutales, les forçant à plier, la déstabilisant pour la faire basculer vers l’avant, vers lui. Et dans le même temps il l’emportait de nouveau au loin dans ses pensées. Malgré la douleur de ces serres qui griffaient son âme, malgré les risques immondes de la voir trouver de nouveau d’autres passages interdits au centre de son âme. Emportée, là, dans le plaisir violent, les corps percutés, les noms oubliés, les inconnues cambrées. Qu’importe, tant que les souffles se faisaient erratiques, tant que le plaisir se faisait vif, brusque, emporté. Pas toujours sain, pas toujours moral, pas toujours acceptable. Et alors ? T’as pas la gueule de quelqu’un qui cherche le beau, le tendre, le bienveillant.
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Sam 21 Nov 2020 - 19:05
Elle le savait, pour l’avoir tant vu dans sa tête, et plus encore aujourd’hui, Alec s’échappait de la réalité, du monstre de ses pensées, des souvenirs obscures et brumeux, en se plongeant tout entier dans le corps des autres, dans les souffles erratiques du plaisir sublime des collisions humaines. Cette réalité, cette vérité, qu’il avait l’habitude de fuir pour respirer un peu mieux, pour sentir un peu de chaleur sur sa peau, ils s’y étaient consacrés depuis de nombreux entraînements, les mains et les pieds dans la boue, avançant sans espoir de voir autre chose que la souffrance, la recherchant même, pour en jouer, pour protéger le reste, pour le protéger, tout court, lui et les autres. Et puis voilà que le sorcier les embarquait tous les deux hors de la boue, hors de cette vase qui les rendait malades, pour se diriger vers des eaux claires et ensoleillées. Si Sanae s’était bien gardée de s’approcher de ce terrain-là, gardant une distance qui n’avait pourtant fait que se réduire à mesure qu’elle se métamorphosait de jour en jour, c’était parce que cette chose qu’elle tentait à la fois de fuir et d’apprivoiser...se trouvait bien plus dans la collision des corps. Cette chose, c’était l’émancipation dévastatrice de son être ; la violence de ses besoins, de ses envies ; le sentiment de dominance qui prenait racines en elle. C’était l’épanouissement des profondeurs de son âme, l’étirement de son esprit, la délivrance de sa magie dans l’écroulement des barrières. Oui, ces eaux-là...Sanae s’y aventurait presque tous les jours depuis le commencement de sa libération, et elle ne savait pas encore tout à fait y naviguer. Seulement à demi consciente de ce qu’elle faisait réellement, Sanae pensait fuir sa réalité en allant de corps en corps, de soupir en soupir, mais peut-être que finalement, c’était tout l’inverse qu’elle faisait presque tous les jours : elle se noyait dans ses désirs les plus brutaux, les plus instinctifs dans l’envie charnelle qu’elle découvrait à peine, et sans doute cela constituait-il davantage un défi que de s’en éloigner comme elle l’avait toujours fait auparavant… Elle plongeait dans les eaux, et à chaque fois, apprenait un peu plus.

Mais avec lui, avec lui Sanae n’avait pas eu envie de plonger. La pensée s’était barricadée, entravée par l’image de Kezabel, de son statut qui la poussait à garder cette distance...Et puis, tout comme les pensées d’Alec, celle-ci s’était libérée, avait craqué sous la pression, et le flot se déversait. Bien sûr qu’elle luttait pourtant, elle luttait par jeu, par volonté d’emmerder cette opposition de gamin qui voulait reprendre le contrôle, faisant de même à son tour parce qu’au fond...ils n’étaient pas si différents. Ils s’étaient englués dans la noirceur ensemble, tout au long des entraînements, et ils en sortaient … juste un instant, juste pour faire une pause, juste pour oublier l’horreur de ses souvenirs à lui, et voilà qu’elle tremblait soudainement vers ce terrain vers lequel il l’emmenait. Parce qu’il y avait une certaine horreur de ce côté-là aussi pour elle, ce truc qui rugissait si fort, qui se déployait, étirait ses muscles, grondait doucement au son des cris d’extase des visages qui s’effondraient de plaisir. Cette chose en elle, elle aussi voulait hurler de plaisir. Elle aussi voulait se crasher, se percuter dans des gémissements d’animal qui voulait fondre, mordre, grignoter le désir de l’autre comme l’on se repaît d’un met délicieux. Déjà, la distance se réduisait, l’appétit grimpait de seconde en seconde, alors qu’elle avait l’impression que c’était elle qu’il agrippait entre ses mains brûlantes, que c’était son corps qui subissait les frissons, les sensations fulgurantes et brutales.

Face à lui, mains jointes devant elle, le regard ancré dans le sien, son esprit profondément agrippé, elle pouvait voir le plaisir insolent, la mutinerie de ses lèvres qui s’étiraient à mesure qu’il perçait, qu’il faisait tomber les défenses, qu’il la prenait à revers, l’empêtrait dans un désir acharné. Mais il ne la connaissait pas. Il n’avait vu que certains aspects d’elle, ne connaissait rien d’autre : ni son histoire, ni le chaos de sa vie. Avait-il besoin de cela pour la percer à jour ? Non. C’était bien le problème qui éreintait ses nerfs : les souvenirs avaient défilé jusqu’à ce qu’il trouve ce qui faisait le plus écho en elle. Un point pour lui.

Tu fais chier, Alec.

Tout son corps lui répondait, voulait percuter le sien, l’enserrer, l’attraper et le coincer entre ses cuisses qui voulaient se serrer si fort dans la tempête de désir qui l’assaillait. Mais elle luttait, et son esprit se déploya plus violemment encore, s’enfonçant dans celui d’Alec sans merci, se fondant dans les souvenirs avec une fluidité déconcertante. Elle se ruait, tantôt avec force, tantôt avec discrétion, s’échappant du contrôle du sorcier qui voulait l’extirper des souvenirs, barrer sa route, la diriger ailleurs et plus il essayait, plus elle redoublait d’ardeur, souriant au grognement qui le prit alors que la puissance de son esprit l’assaillait tout entier. Lui aussi souriait, impertinent. L’impudique insolence se peignait sur ses traits tirés pourtant par la douleur. Et elle répondait par un sourire mauvais, rageur, et dans cet étirement, néanmoins, un amusement certain. Un plaisir, peut-être plus que de l’amusement. Le plaisir de s’affronter. Le plaisir de jouer. Le plaisir de s’affirmer face à lui et de le voir faire face à elle. Peu importait au fond. Mais il y eut un plaisir indéniable qui suivit son attaque, un de ceux qui lui tira un sourire victorieux : le plaisir de trouver de nouveaux souvenirs, de détruire les barrières, d’anéantir les défenses pour s’engouffrer dans les secrets bien gardés...


« T’es qu’un sale petit con Alec, tu le sais ça ?! »
« Ouais je sais ouais ! »

Les voix enfantines des deux gosses la percutaient soudainement alors qu’elle s’ancrait dans le souvenir. Alec, bien plus jeune, se tenait, souriant, face à une petite fille blonde dans un jardin. La colère et le mépris se lisaient sur les traits de la gamine et de son côté à lui, il n’y avait que la joie de les déclencher. Petit con oui.

Le souvenir s’effaçait. Avance rapide dans l’écho des rires partagés, des regards échangés. Et elle s’accrochait à un autre.

La figure presque angélique de la petite blonde apparaissait dans l’ouverture d’une fenêtre alors qu’Alec s’y penchait.

« Qu’est-ce que tu fous-là ?! »
« Pff, t’imagines pas, mon père a.. »

Les mains du jeune sorcier fusèrent, rapides et pressées, pour couvrir la bouche de la gamine...et la sienne dans un même mouvement. La panique s’insufflait, la crainte, la peur, et dans leurs regards liés toutes ces choses tourbillonnaient. Se taire, ne pas faire de bruit, ne rien dire. Rien dire des sentiments. Rien dire de la peur de se faire prendre. Noyer tout ça dans le silence. Un silence troublé par le son des pas qui faisaient grincer le parquet, se rapprochant, se rapprochant...et le coeur battait, lui, plus intensément. La décision fut vite prise : le jeune sorcier attrapa la petite blonde par le poignet et en quelques secondes, elle fut sous le lit. Un « ferme ta gueule ! » lancé par un murmure trempé dans l’acide de la crainte. Et bientôt la porte s’ouvrait et la violence déferlait. Son père faisait pleuvoir les coups sur le corps perclus de douleur de cet enfant qui pourtant, encaissait tout, serrait les dents, si familier de la douleur. Mais la gamine, elle, ouvrait grands les yeux, terrifiée, choquée par la brutalité des coups qui ne semblaient jamais vouloir finir. Au sol, le regard d’Alec avait croisé le sien avec toute l’ironie et le cynisme dont il était capable…

Ses oreilles captèrent le grognement d’Alec, dans cette réalité qui n’était plus vraiment, et elle ne fit que sourire davantage. Quoi ? C’était ça que tu voulais tant cacher ? Ton amour pour elle ? Ce que vous partagez depuis si longtemps ? C’est à moi que tu veux le cacher ou à toi Alec ?

C’était quoi déjà ? … Ah oui...Got ya’ !

Oh pourtant, il persévérait, s’appliquant à vouloir la déloger des souvenirs qu’elle transperçait en plein coeur. En plein coeur...oui, c’était bien pour ça qu’il voulait la chasser. Parce que toutes ces images, toutes ces sensations, ces sentiments étaient ce qu’il voulait enfouir profondément dans ce qui palpitait en lui, si fort, à la vision de ces boucles blondes. Ne te fatigue pas Alec, je compte pousser plus loin. Déjouant le souvenir qu’il voulait lui imposer, elle s’infiltrait plus avant avant de s’arrêter sur une image, y plantant ses griffes violemment.

Alec sortait d’un lit, y laissant la figure endormie qui avait bien grandi depuis le tout premier souvenir, sa chevelure de blés éparse sur le coussin. Fermant la porte, il se glissait à l’extérieur pour tomber sur une autre figure féminine, enroulée dans une serviette, porte de la salle de bains ouverte. La vague de désir la percuta autant que lui alors que le regard se posait sur les courbes, les jambes nues, les bras, la poitrine dissimulée dans la serviette nouée.

« Ok… tu me rappelles pourquoi j’ai fait ça déjà. »
« Parce que tu es quelqu’un de bien Alec. Et parce que tu aimes te torturer. »
« Hm. » «  Et toi tu vas me rendre taré. »
« C’est l’idée. »

Tu aimes te torturer ?
Tu aimes aussi torturer les autres…


Cette avidité dans le sourire déclenchait d’autant plus l’envie. Les regards se percutaient, complices,  pleins d’envie.

« Je te connais assez pour savoir de quoi tu as besoin Alec. »

Délogeant ses griffes, elle glissait autre part. La voix de Mack lui parvenait et elle s’y rattachait sans lui laisser le choix. Tu n’y arriveras pas Alec. Je profite bien trop là. Mais tente, tente d’arrêter l’eau de s’écouler, d’englober tout ce que tu caches. La trouvaille la rendait mauvaise. Fière conquérante d’un nouveau terrain.  « ça fait des années Alec que je me suis faite à l’idée. Ça me gène pas, alors arrête de te torturer pour rien parce que c’est à moi que tu fais mal en agissant comme un con à te refreiner alors que ça a pas de sens. C’est qu’une bague ok ? Ça change rien entre nous. Je ne suis plus la gamine naïve que j’étais. »

Elle eut un sourire en coin, moqueuse.
On a un souci avec la monogamie hein ? Pas étonnant.
Et elle ? Oh, comme l’écho était drôle. Elle n’en avait pas tout à fait conscience, n’y pensait pas en cet instant, mais l’ironie était bien là : ils se ressemblaient plus qu’elle ne le croyait, plus qu’elle ne le savait à ce moment précis.

Alors elle passait à d’autres souvenirs qui défilaient rapidement. Le mariage. Cette volonté si puissante de sauver Mack des griffes d’un mari qui l’aurait tuée si facilement dès l’instant où elle lui aurait appartenu. La peur viscérale de la perdre, déstabilisant son organisme, le violentant si brutalement que l’issue n’aurait pu en être autrement : la sauver, coûte que coûte, peu importait le fait de se retrouver enchaîné, marié. Non, il n’avait pas prévu ça, l’aurait évité à tout prix si les circonstances avaient été autre. Pour elle, il acceptait cette bague au doigt. Pour elle, il aurait tout fait...c’était aussi évident que ça crevait les yeux, les sens, le coeur. Et Sanae prenait alors conscience de cet amour si puissant qu’il avait pour Mack, soudainement déstabilisée à son tour par des sentiments qui lui paraissaient étrangers jusqu’alors. Alors, c’était ça l’amour ? Entre deux personnes, autre que la famille, autre que les amis. Un amour qui transperçait tout, qui surmontait tout, qui donnait à l’autre l’espace d’être lui-même. Parce que c’était ça que faisait Mack : elle donnait l’autorisation, le feu vert, la sécurité rassurante à Alec pour lui permettre de faire ce dont il avait envie, besoin pour exister et l’amour qu’elle lui portait n’en était pas moins fort. Peut-être l’était d’autant plus...parce qu’ils se permettaient l’un l’autre de s’aimer à leur façon, selon leurs propres termes.
Étrangère à tout cela, Sanae ressentait comme une gêne d’avoir pénétré dans cet espace de lui-même qui en dévoilait tant. Bizarre. De toute ce qu’elle avait vu de lui, c’était cela qui la déroutait tant ? Sans doute parce que justement, elle mettait les pieds dans quelque chose de si nouveau pour elle. Alors son esprit perdait de sa poigne sur le sien, au même moment où Alec redoublait d’efforts, reprenant le contrôle avec rage, la propulsant hors du souvenir pour l’embarquer ailleurs.

Furieuse, son regard se faisait plus sombre encore.
Jayden apparut dans son esprit et ce fut à nouveau le déferlement de désir qui venait mordre sa peau. La collision des corps, les sourires qui se répondaient. Voraces.

Les poils se dressaient sur son épiderme si brutalement éveillé.

Et puis une autre sorcière, qu’elle avait déjà vu dans d’autres souvenirs, Caitlyn, dont l’affrontement des corps se faisait plus violent. Les ongles plantés. Autre souvenir. Tout défilait rapidement. La femme qui déclenchait une salve d’envie incroyable revenait pour heurter ses sens. Les lèvres se joignaient, se goûtaient. « Ferme-la, j’ai envie de toi ! » Les gestes étaient pressés, pleins d’envies brutales et elle frissonna presque sous l’assaut des sensations. L’emprise sur son esprit se faisait moins violente mais elle demeurait si profondément ancrée en lui que tous ses sens étaient allumés, embrasés par les images. Se levant, ses jambes entre les siennes, debout en surplomb, elle le regardait avec le plaisir dominateur de celle qui s’implante sans douceur dans l’autre, de celle qui le forçait à tripler ses efforts, à renforcer ses barrières, de celle qui bouffait le contrôle sur l’autre et pourtant, c’était lui qui reprenait la main, lui qui l’envoyait valser dans les souvenirs erratiques et charnels. Peut être cela lui plaisait aussi, cette façon qu’il avait de la défier, de lui faire face avec toute son insolence...et dans tout ça, le plaisir sublime de se libérer de sa position d’enseignante contrainte de garder la distance. Cette distance, elle n’existait quasiment plus. Elle se réduisait de seconde en seconde, comme quelque chose qui gronde dans l’air, qui l’alourdit, qui le fait vibrer. Et c’était le cas, car le défilé d’images ne cessait d’abrutir sa résistance, de faire glisser sa volonté de reprendre le pouvoir sur lui, et faisait déferler l’envie brute et irrésistible de se cracher. Les digues se brisaient peu à peu, et ce fut les crocs de la vampire s’enfonçant dans la chair qui lui fit mordre ses lèvres, un grondement roulant dans sa gorge. La jouissance du plaisir et de la douleur mêlés...il n’y avait rien de plus divin à ses yeux en cet instant.

L’animal monstrueux en elle répondait à l’appel et il souriait largement à la joie impudente qu’Alec affichait sans honte. Sans honte. Oh, oui, la honte était loin, écrasée sous le poids du désir qui hurlait, crissait, se ruait dans ses veines aussi vivement qu’un poison. Les raisons de leur distance ? Oubliées. Balayées. Réduites à néant. Au moment où elle avait bougé de cette table, Sanae s’était échappée de son statut, de son rôle, et rien n’était plus à sa place. Ils se faisaient face avec plus d’honnêteté qu’auparavant : là, tu voulais le voir mon vrai visage ? Le voilà.

Les mains agrippaient ses genoux avec brutalité et elle bascula d’un seul coup, son regard ne lâchant pas le sien. Ses jambes retombèrent de chaque côté de son corps, les genoux percutant le canapé, s’enfonçant dans le tissu, et ses mains, par réflexe, partirent en avant, attrapèrent les épaules pour se stabiliser. Souffle court, sourire perfide aux lèvres. Une perfidie pleine de joie, parce que putain ce que c’était bon de pouvoir se décharger de ses entraves.
Ses mains attrapèrent sa nuque, ses ongles se plantant dans son cou, pouces sur la carotide de chaque côté, sentant sous son doigt pulser, pulser, pulser… Ou était-ce elle qui pulsait si intensément ? Car les images, elles, ne s’arrêtaient pas. Une multitude de corps, de visages en émoi, les dos se cambrant, les souffles se coupant dans l’extase ultime. Et putain ce qu’elle en avait envie de cette extase, ce qu’elle voulait le percuter totalement et pas seulement son esprit, mais son corps, dont elle sentait la chaleur entre ses cuisses qui se refermaient sur lui, l’emprisonnaient. Sa jupe remontait sur ses hanches, sa poitrine se soulevait furieusement alors que leurs visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres. Les regards s’affrontaient, se fondaient. Ses prunelles noires bouffaient les siennes, s’ancraient toujours avec force. Et ses doigts à l’arrière de sa nuque griffaient les cheveux, la peau, jusqu’à ce que ses mains viennent enserrer son cou plus fermement pour plaquer sa tête contre le dossier du canapé, son corps à elle s’élevant, se décollant de ses cuisses pour que son visage vienne surplomber le sien. Son sourire s’élargit, mauvais, et ses lèvres s’ouvrirent pour capturer avec ses dents celle d’Alec, la mordillant dans un grognement.

« Mauvais élève » souffla-t-elle avec moquerie.

Ses mains glissèrent sur son torse, ses épaules, froissant le tissu, agrippant, tirant, griffant le vêtement. Et d’un seul coup, son corps s’abaissa sur lui, son bassin percutant le sien dans une ondulation délicieuse qui la fit frémir et soupirer, ne se défaisant pas de son sourire. Oh, comme elle aimait ça. Oh, qu’elle avait déjà envie de mordre cette peau. Cette pensée n’eut pas le temps de s’imposer durablement dans son esprit que déjà, elle se retirait de son esprit, coupant le contact visuel pour venir croquer dans son cou, gémissant contre la chaleur de l’épiderme qui l’appelait. Autour de lui, son esprit était toujours présent, l’englobait, le caressait, le piquait, griffait les barrières du sien, comme un flux incessant qui s’étendait dans l’air, invisible. Un flux électrisant. Tandis que sur la table, son verre d’eau tremblait déjà, se déplaçant de centimètre en centimètre vers le bord de la table qui vibrait à son tour ; l’air se chargeait à mesure que le désir la percutait, grimpait dans son corps ; les tableaux cognaient doucement contre les murs. Sa magie s’étendait, tout comme son esprit, et elle se sentait libérée d’un poids sur sa poitrine qui se soulevait, plus légère bien que de plus en plus frénétique.

Oh, Alec, j’espère que tu es aussi solide que tu en as l’air.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 6 Déc 2020 - 1:10
Pouvait-on véritablement le blâmer ? Combien de temps à affronter ce qui le terrifiait pourtant ? Combien de temps à parcourir la boue acide de ses souvenirs, à percuter ses propres émotions, ses souvenirs, ses peines et ses haines. Combien de temps à lutter contre l’avenir autant que le passé. A se laisser emporter dans ce qui faisait de lui un enfant effrayé, blessé, terrorisé. Pourtant, un gosse n’aurait pas fait ça. Il ne se serait pas dressé comme il le faisait contre les monstres de son existence. N’aurait pas fait face, n’aurait pas combattu, n’aurait pas accepté la torture. Vraiment ? Et pourtant, il faisait quoi ce môme-là, justement ? Le regard braqué vers l’horreur d’une porte close ou le rejet d’une mère maltraitante, il ne cessait d’affronter. Car baisser les yeux, reculer, admettre, ça aurait signifié disparaitre. Et dès sa prime jeunesse, Alec avait su qu’il ne pouvait se le permettre. Céder, c’était échouer. Cesser de défier, c’était capituler. Alors il y avait là une part de réflexe, une part de survie, d’évidence. Sortir du cadre, c’était retrouver du contrôle et chez lui, le contrôle, surtout sur ce type de situation, c’était un besoin primaire. Voilà pourquoi il ne s’était pas coupé des rapports physiques, bien au contraire, il était allé les chercher, toujours plus violemment jusqu’à y trouver son compte. Jusqu’à réussir à y trouver un apaisement évident. Alors oui, elle était attendue, cette réaction. Purement instinctive. Le désir autant que la brutalité de la réaction, du refus de plier, de la rébellion dans ses veines. C’était ce qui le maintenait en vie dans un univers qui ne voulait pas de lui. C’était ce qui lui permettait d’exister dans une famille qui avait voulu l’asservir plus que l’élever. Pouvait-il dès à présent se contenter d’être l’élève, spectateur passif de sa propre déchéance ? Aurait-il seulement pu regarder l’horreur sans la prendre à bras le corps ? C’était là, dans ses veines. Et plus elle forçait, plus il s’accrochait, refusait le genou au sol, le regard baissé, la défaite évidente. Ces réflexes, ils étaient  autant dans ses gènes que dans ses veines. L’enfant avait rapidement appris à ne pas baisser les yeux. L’adulte en faisait autant. Et ce regard qu’il capturait. Ce regard qui lui tordait l’âme, la mettait à la torture, l’agressait, la pressait, l’éraflait sans cesse un peu plus, il l’aurait enflammé s’il l’avait pu. Il l’aurait fait sien, l’aurait emmuré dans son propre désir. Elle refusait, l’emportait ailleurs, l’arrachait à sa propre fuite, en maitrisait les virages. Bien sûr, les émotions autant que les souvenirs qu’elle déterrait auraient dû le calmer, apaiser le défi dans ses rétines et pourtant il n’en était rien. Malgré tout. Malgré Mack. Ça aurait pu pourtant. Mais ça faisait bien longtemps qu’ils avaient dépassé ces questions-là. Bien longtemps, surtout, qu’il avait accepté sa propre nature. Même s’il restait de la culpabilité, tapie elle aussi comme un monstre dans le fond de son âme, elle se faisait noyer par le reste. Noyée d’envie. Elle tourbillonnait et emportait tout. Le refus, les coups, la peur mais aussi l’amour. Parce qu’elle était là, cette putain d’émotions qu’il avait appris à enterrer très jeune. Maintenant qu’elle savait où chercher, elle ne tarderait pas à sillonner autour de ce concept qu’il rejetait pourtant si violemment, conscient depuis toujours qu’il y trouvait là une faiblesse qui finirait par le tuer. Et à présent ? Ça semblait plus qu’évident.

Pour autant, sa poigne se faisait plus ferme encore, dévastatrice à son niveau, elle profitait d’un trouble pour retrouver un contrôle pourtant surfait. Il l’arrachait de là, l’apportait ailleurs. Là où l’amour n’avait plus sa place, dévasté de désir, pétrifié d’envie, il ne pouvait que se taire et admettre. Et cet esprit, dans le sien semblait être tant la marée que des griffes se plantant en lui, toujours plus profondément, y laissant ses traces sanglantes. Il brisait le cadre, le refusait comme il avait systématiquement refusé toutes les places qu’on lui avait désigné au fil des années. Alors il l’emportait avec lui, accrochait ce désir qu’il avait senti en elle pour le faire sien et le déchainer, là, au creux de ses reins. Ne faire qu’un par la puissance d’un désir immuable, intraitable, plus puissant qu’eux même. Hors de contrôle, sans doute. Du moins c’était ainsi qu’il l’aimait. L’Envie, plus forte que tout. Celle qui se jouait des apparences, des besoins, des images. Celle qui envoyait au loin les carcans de la bienséance, qui se jouait de l’Education, des règles, des cadres. Celle qui flambait plus fort encore si elle était défiée.

Tu ne peux pas t’en empêcher hein ?
Depuis quand est-ce que ça gronde comme ça en toi ? Depuis quand est-ce devenu si ingérable que la belle et rigoureuse Sanae d’autrefois a fini par se laisser emporter ?

Et ce regard. La fureur de ces yeux, de leur tonnerre, cette monstruosité qu’elle lui affichait, qui menaçait de l’emporter. Voilà ce qu’il voulait voir, bien plus qu’un masque lisse et froid de bonté servile.

C’est ce que tu es non ? C’est ainsi que je te veux.

Laisse la prof de côté. Laisse cette femme mesurée et pleine de retenue, de valeurs, de gravité. Laisse-la de côté, la pudibonde. Elle ne m’intéresse pas.


Un geste soudain, brutal et elle basculait vers lui, ses genoux percutant les coussins dans une onde de choc jouissive. L’instant de basculement parfait. Celui qu’on note sans vouloir revenir en arrière. Celui qui crash dans nos veines.

C’est mal.
Ouais. C’est pour ça que c’est bon non ?


Ses mains étaient parties en avant, bloquées sur ses épaules pour se stabiliser et déjà, elles partaient à sa recherche, attrapant sa nuque, crissant sur son épiderme, les pouces sur ses carotides.

Tient, ça me rappelle quelqu’un. Toi aussi tu veux sentir la vie qui pulse, celle qui réfute l’emprise de la mort prochaine, celle qui clame, bien plus fort que tout, l’indécence d’une existence ? Toi aussi, tu enrages de le laisser couler, le liquide vermeil ?

Les corps s’enchainaient dans son esprit, imposant un rythme autant qu’une perdition sublime. Parmi eux, la vampire, le sang, la violence, et les décharges qui percutaient tout son organisme à son contact.

Tu finiras par en crever. Lui disait-elle de sa voix suave de prédatrice.
ça me va. répondait-il, parfaitement sérieux. Crever comme ça, ça me va.

Emporté en plein tonnerre. Dévasté par la tempête du plaisir. Hey, on n’a encore jamais fait mieux comme façon de cramer son existence non ?

Tout autant conscient des images qu’il continuait de faire défiler, les laissant agir bien plus qu’il n’en gardait le contrôle, les sens d’Alec, plus classiques captaient le reste. La chaleur de son corps, le poids de son bassin sur ses cuisses, le souffle entre ses lèvres qui venaient lécher son épiderme tandis que la distance se réduisait. Et cette jupe qui remontait contre ses cuisses, juste au dessus de ses mains qui l’enserraient toujours. Ça. Mais surtout cette joie sauvage de sortir à son tour de la perfection du chemin engagé. Et sa prise se faisait ferme, bloquant son cou, plaquant sa tête contre le dossier alors qu’elle se redressait sur lui, l’enserrant entre ses cuisses. Dominante plus encore que conquérante, vorace, perfide presque et voilà qu’elle prenait sa lèvre entre ses incisives, un sourire mauvais aux lèvres.

« Mauvais élève »
« C’est bien mal me connaitre. »

Un sourire en coin, avide.

Qu’il soit un bon élève autant qu’un mauvais d’ailleurs. Bon parce qu’acharné, il n’aimait ni perdre ni échouer et s’avérait bien souvent particulièrement bon dans tous les domaines où il se décidait à se réaliser. Et mauvais… eh ben, à cause de ce genre de trucs. Dur de rester à sa place pour un Rivers, hein ?
C’est pas comme ça qu’on t’a élevé, aurait sans doute dit sa mère.
Bien sûr que si. Aurait répondu le mauvais élève. Celui qui projette les peurs d’une société absurde autant qu’abjecte au bagne d’une décadence jubilatoire.

Ses mains remontaient le long de ses cuisses, ses pouces glissant à l’intérieur de celles-ci, griffant presque d’envie la peau fine qui y frémissait déjà. Et les siennes, elles s’aventuraient sur son torse, en griffaient le tissu, dessinaient les traits de ses muscles qui se contractaient à leur passage. Et soudainement, brutalement même, elle s’abaissait, ses mains rejetées par reflexe pour la laisser faire autant que pour ne pas se retrouver bloquer sous elle. Comme un geste de reddition dans ses mains balayées sur le côté, paumes vers elle. Et son bassin le percutait dans une ondulation lui arrachant un grognement de plaisir assumé alors même que la décharge courrait dans tout son organisme, le prenant au bassin pour ensevelir son corps entier. Déjà, son esprit s’arrachait du sien tandis que ses lèvres venaient trouver la voie de sa gorge qu’il lui dégageait, ses mains glissées l’une sur sa cuisse, l’autre sur sa hanche, enserrant les muscles de son bassin. Et tout autant d’eux, le monde semblait frémir à son tour, soupirer de cette brutalité qui cramait ses veines, dévastait déjà sa poitrine qui se soulevait, erratique, impatiente mais si légère à présent que les chaines d’un cadre établi s’étaient écroulées. Le monde, oui, mais son esprit aussi qui, s’il s’était retiré du sien, l’englobait pourtant toujours autant. On dit que les yeux sont les portes de l’âme. Vous n’imaginez pas à quel point cela peut être vrai. Son regard quittant le sien, elle ne pouvait rester en lui, et pourtant elle était bien là, son âme éraflant la sienne de sa puissance, ne cessant de l’entourer, de l’encadrer, de l’encercler. Un serpent prêt à refermer son étreint, voilà ce qu’elle était.

Et il aurait s’en inquiéter.
Mais dans le fond, comme pour avec la vampire, une question subsistait : pourquoi pas ?

Ce flux d’air changeant, comme si l’atmosphère autour d’eux avait changé de densité, se chargeait d’électricité, comme celle du bord de mer en plein orage, elle l’électrisait un peu plus, emportait au loin les quelques réticences qu’un instinct de survie aurait pu avoir. Parce qu’il ne mesurait pas, sans doute. Parce qu’il ne savait pas. Parce qu’il ne la connaissait pas. Ou parce qu’il s’en foutait.

Et parce qu’il s’en foutait.

L’égo des Rivers. Capable de résister tant à la marée qu’au cataclysme.

Frappe, beauté. On verra bien si je flanche.
Montre-moi la monstruosité de tes désirs. On verra bien, oui, si j’y survis.


D’un geste, ses mains la plaquaient contre lui, imprimant sur son bassin une profondeur du contact désirée, n’attendant pas qu’elle lui soit offerte, un souffle dans sa nuque, ses doigts enserrant les muscles de ses cuisses. Plus puissants qu’ils n’y paraissaient. Ceux d’une combattante. Qui était cette femme au juste ? En cet instant, celle qu’il avait jugée fade, facile au premier abord, n’était plus qu’une inconnue. Une inconnue puissante, vorace, indomptable. Bandante, donc. J’ai le droit de le dire ou c’est mal pris ? Disons que je le dis quand même.

Glissant de nouveau, ses mains enserraient ses hanches, remontaient plus haut jusqu’au creux de ses hanches, effleurant sa poitrine, froissant le tissu de son haut qu’il dégageait de sa jupe cintrée. Trop de contrôle mensonger dans cette femme. De faux semblants non assumés. De censure bâclée quand son âme entière appelait pourtant à la débâcle. Il la sentait gronder, grouiller là, sur les barrières de son esprit. Et ses mains glissaient plus encore. Quitte à ne pas la connaître, à l’ignorer, il en découvrait au moins le corps, se grisait de ses gestes, de ses réactions, de cet organisme qui ne frémissait pas, non, il se tordait d’envie un peu plus fort à chaque caresse, chaque pression, chaque contact. Alors il la cherchait plus encore, quelques doigts retrouvant ses cuisses, légers cette fois, l’effleurant, glissant contre elle jusqu’à en survoler l’intimité sans jamais lui offrir un contact qu’elle réclamait pourtant déjà, il le savait. En bas, il l’effleurait. En haut, ses doigts s’étaient mêlés à ses cheveux, rejetant soudainement son visage en arrière, son regard agrippant le sien, conscient de ce qui risquait d’arriver alors. Il délaissait le bas de ce bassin avec lequel il s’amusait jusque là, laissait sa main gauche remonter, emportant avec elle le débardeur blanc pour venir glisser contre ses seins puis s'en saisir à l’instant même où il retrouvait ses lèvres avides.

Avide de plus.
Avides de tout.
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Mar 5 Jan 2021 - 23:58
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Dim 31 Jan 2021 - 18:45
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Lun 8 Fév 2021 - 18:52
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Sanae M. Kimura
Mar 16 Fév 2021 - 18:53
Le chaos régnait, emportait tout, les bibelots, les pensées, les souvenirs, les craintes et les peurs. Il faisait vibrer les meubles, griffait les murs, tremblait le sol. Comme le chaos pouvait régner en maître dans cette maison au passé morcelé. Comme il savait être meurtrier, celui qui se savait être maîtrisé. Et pourtant, un seul restait plus puissant que lui, le dominait, le contrôlait, le déclenchait sans s’en priver. Le désir, ultime architecte de vies qui se cachaient des autres. Le désir, seul maître à bord quand plus rien d’autre ne vient lécher les bords avides d’une existence contrôlée. Griffer, mordre, cracher le plaisir, le faire sien, le violenter, le faire vibrer jusqu’à exploser n’avait plus rien d’une distraction, c’était là une question de survie. Renverser l’obscure, dépasser l’usure. Trouver la folie des corps, la rage du désir, exploser.

Oui, exploser ! D’urgence, avec violence. Qu’importe comment, mais déclencher la déflagration pour exister enfin, encore, malgré la pression et les remords, malgré la promesse assumée d’une déchéance controversée.

L’oubli, salutaire, crachait dans ses veines comme des basses lancées à plein régime. Emporter quelqu’un au loin, se perdre dans le plaisir ensemble, se repaitre de ses envies. C’était égoïste, oui, probablement. Mais bordel que c’est bon d’être égoïste, de prendre parce qu’on le souhaite, de déclencher, de se foutre des conséquences, de ne pas réfléchir pour une fois. De juste être présent, s’imposer, provoquer sans fars, sans gène, et gronder de plaisir là, contre elle. Cesser d’être l’enfant blessé, cesser d’être le mort en sursis, le jeune paumé, l’adulte délaissé. Etre, simplement. Refuser les chemins tout tracés cette fois, refuser le rôle, le masque, le destin. Prendre, la prendre, sans chercher plus loin que le désir qui crashait entre ses reins. Quand les râles emportent tout, ils laissent l’humain derrière, celui qui se cache pourtant si souvent, celui qui se contraint aux exigences, brûler de les réduire en cendre. Alors elle se découvre, elle dans toute sa puissance sauvage, sa réalité impie. Loin d’être la femme qu’il avait connu la première fois, elle s’était animée, enflammée, révélée. Et celle-là, elle lui plaisait bien plus que la première. Celle qui prenait à son tour, imposait, se cramait la peau et en redemandait. Mordre sa peau, tordre ses muscles, se perdre contre elle, en elle, avec violence, acharnement, c’était presque une revanche sur la vie, sur ces cours, sur la misère surtout qui s’imposait dans cette putain de baraque depuis les premiers échanges qu’ils y avaient eu. Alors ils mettaient le monde en chambranle, faisaient vaciller la réalité, la privait d’air et se gorgeaient d’oubli comme un caprice admis, revendiqué. Et l’univers se ramassait sur lui-même, se résumait à deux corps en ébullition, avides l’un de l’autre, puissants, conquérants, brutaux même. Il pulsait, vibrait, se renversait à tout moment, gagnait enfin en couleurs, en reliefs, et perdait en structure, ne laissant que la fièvre du moment, la chaleur des griffures, les ondes ravageuses, partout en eux, affolées de plaisir, cognant les contours de leurs corps, saturant leurs nerfs de plaisir, leurs esprit de l’âme de l’autre, fascinant déséquilibre où il se perdait sans chercher véritablement à lutter. Instinctivement, il se protégeait de la perte, bloquant du mieux qu’il pouvait certains assauts, comme lointainement conscient qu’il aurait pu devenir un véritable légume si cette déferlante s’était voulue meurtrière. Mais il savait d’expérience qu’il ne suffisait pas de le vouloir pour provoquer le danger, Logan le lui avait déjà prouvé maintes fois. Alors oui, la douleur cognait, ravageait, emportée par le plaisir, ingérable, il les laissait faire, comme un noyer cesse de résister au courant pour éviter de se noyer, évitant finalement ainsi les rochers meurtriers. Alors tout avait explosé, vrillé, claqué partout dans son esprit tant que dans son organisme. Et seulement, la tempête s’était apaisée, l’œil du cyclone posant la chape de calme sur les lieux, détendant les organismes qui pulsaient encore du plaisir asservi. Il ne s’était aperçu qu’à cet instant que, durant quelques secondes, il n’avait plus rien capté d’autre que ses propres sensations et l’esprit de Sanae déferlant dans le sien, ne voyant plus ni la pièce ni son corps au bord de la rupture. Dommage.
Souffles courts, ses doigts crispés contre son épiderme se détendaient, son cœur cognait contre ses cotes, ses nerfs pulsaient, balançant le plaisir dans toutes les fibres de son organisme alors que ses paupières se fermaient, libérées de l’emprise d’un esprit qui n’était pas le sien et dont la marque brûlante scindait encore son crâne en deux, laissant en lui comme des traînées de magma crépitant dans chaque parcelle de son âme, grésillant contre les souvenirs d’enfance, de sexe, de larmes et de cendres, prenant tout, blessant, griffant, tordant. Et pourtant c’était bien le plaisir qui pulsait encore à travers le mal. Si ses paupières avaient voulu s’ouvrir, la violence de la lumière dans ses prunelles irritées par la céphalée les en avait dissuadées, et sa main avait quitté sa cuisse pour se poser contre son avant bras, comme pour s’assurer de sa présence alors qu’elle se dégageait finalement de lui, glissant au loin pour se laisser retomber lourdement sur le côté, lui arrachant un petit rire… qui se transformait bientôt en rire franc, joyeux.

Celui de l’homme qu’elle avait si peu observé ici. Car lui aussi, respirait mieux à présent.

« On dira rien à Kezabel. On dira rien à personne. Marché conclu ? »

Ce rire qui semblait lézarder les murs, c’était celui qui aurait dû cramer sa gorge bien plus souvent. Celui qui aurait dû être plus naturel, plus courant quand ces derniers temps, la boue ternissait jusqu’à sa voix. Mais là, elle était ravalée, emportée au loin et sa poitrine se soulevait, saccadée de la joie simple d’un rire complice. C’était d’ailleurs avec connivence que leurs poings s’entrechoquaient dans un geste naturel, amical.

« Vendu ! Ce qui se passe à Vegas… »

Dorénavant, le nom de code de ce lieu sera Vegas. C’est décidé.

Elle se tournait légèrement vers lui tandis qu’il dégageait sa jambe, la pliait, posée contre le montant du canapé, le poing contre son crâne sous la surface duquel son cerveau semblait palpiter, une certaine nausée familière montant dans sa gorge.

« J’le mettrai pas dans ton bulletin mais y a un grand potentiel...Tu veux un ptit sucre ou tu vas pouvoir marcher droit ? »
« Pas sûr ça. Apporte le miel plutôt. »

Couillon jusqu’au bout des ongles. Ça ne changerait pas, qu’importe le gout de fer qui lui prenait la langue ou le vertige typique des attaques légimens qui cloquait ses neurones. Violent, oui, bien sûr. Grisant surtout.

« Si la prochaine fois que Logan fait ça je pense à ça… je considèrerai que c’est entièrement ta faute. Même réplique pour les interrogatoires à venir. » Et de nouveau, il riait, se redressant doucement, laissant tomber quelques gouttes vermeil sur son torse, glissant entre les sillons de ses muscles, terminant leurs courses dans les creux de ses cicatrices. « Cela dit ça peut prendre de court.. »

Le rire, toujours, éloigne les ombres. Et les regards se faisaient complices, autant que les âmes.

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