Demain, c'est loin, derrière, c'est loin, on a les poches pleines de vécu ▬ Takuma

Sam 12 Sep 2020 - 19:03

Demain, c'est loin, derrière, c'est loin, on a les poches pleines de vécu
Mardi 12 Avril 2016

☨

Takuma & Enzo

Est ce qu'on à le droit de se sentir si léger quand tout se casse la gueule tout autour ? Quand les autres flanchent et s'écroulent ? C'est pourtant le cas et même si parfois la culpabilité vient chatouiller mes perceptions elle est bien vite chassée par un sentiment d'équilibre. Tout simplement. Pas vraiment de déni là dessous, je me sens simplement suffisamment solide pour soutenir les personnes à qui je tiens. Spécialement Sovahnn. Que je ne quitte que très peu depuis quelques heures, quelques jours.
J'ai pas quitté Londres depuis que j'y ai débarqué il y a deux jours, ça ne m'a même pas effleuré l'esprit si ce n'est pour prévenir Derek, Olivia et m'occuper de Lune que j'ai laissé là-bas. Les cours … J'en sais rien, je sais plus. Je me laisse le temps d'y penser, tout comme je me laisse le temps d'oublier. De m'oublier.
Comme ce soir, cette nuit, encore. À rire, à boire, à se chercher puis se trouver alors que le chaos est partout là dehors. Juste être humain, l'envoyer se faire foutre ce chaos, se faire du bien. Je m'éclate avec cette fille, pourquoi je m'en priverai quand je sais que c'est réciproque ? Pas d'ambiguïté, pas de sentiment si ce n'est une amitié qui est en train de se former au fil des semaines. On a passé des années à se croiser sans réellement s'arrêter l'un sur l'autre, aujourd'hui les choses changent. Peut être qu'on se perdra de vue comme c'est venu, et alors ? On aura passé des putains de bons moments.
Pas question de trainer dans Londres mais c'est dans Dublin, au petit matin, alors que le jour se lève à peine, qu'on déambule comme deux noctambules en plein chassé/croisé. Les gens se lèvent pour bosser, nous on rentre se coucher. Dans ma main, un sachet remplis de croissants encore fumants, l'un d'eux dans la main de Jordane qui le dévore comme n'importe quel humain après une nuit de débauche. J'ai déjà fini le mien depuis un moment, et je compte pas m'arrêter là évidement. Un dernier rire, un dernier regard, un dernier clin d'œil et on se sépare. Jusqu'à la prochaine fois ? On verra bien.

Je transplane directement dans le salon, chez Sovahnn, à peine eu le temps de poser les croissants sur la table que je suis accueilli par Wax.

« Hey, salut mon pote. »

Abandonné depuis hier soir … Tu parles, je sais pertinemment qu'il a passé la soirée à se faire chouchouter par Tim et Sova, qu'il a certainement dormi avec elle … et qu'elle me regarde depuis l'encadrement de la porte. Je devine un demi sourire sur le coin de ses lèvres, vous n'imaginez même pas à quel point un geste aussi infime peut me faire plaisir et me soulager.

« T'étais où ? »
« Parti chercher des croissants. »

Dit-il en levant fièrement le sachet beige qu'il tient de nouveau dans la main.

J'essaie pas de la duper, juste de la faire sourire … Sourire que moi même je ne parviens pas à retenir. Comme un sale gosse content de sa connerie. Ce qui se passe est atroce, ce qu'elle vit est difficile, mais en quoi ça aidera si je me laisse moi aussi happer par tout ça ? Si tout ce que je lui offre c'est une mine triste pour faire écho à la sienne ? Je suis triste, Zach ne me manque pas mais malgré tout ce qu'on a pu vivre comme tensions et ce pour diverses raisons je l'appréciai. Pour autant la vie continue et je ne vais pas faire semblant. Elle sait qu'elle peut pleurer des heures dans mes bras si c'est ce dont elle à besoin, elle sait même qu'elle peut me frapper si ça peut la soulager, ou bien se taire, m'ignorer, qu'importe … Je suis là, de toutes les façons possibles de l'être, et j'irai nulle part. Ma vie entre parenthèse, un peu, mais pas totalement. Tout est une notion d'équilibre et je le tiens, cet équilibre.
J'avance jusqu'à elle et la prend dans mes bras. Une étreinte à la base pour faire le con, mais pas seulement finalement. J'aurai voulu qu'elle soit épargnée de tout ça, j'aurai voulu que Zach pense un peu plus à elle, à elles, avant de penser aux autres. Pas de retour en arrière possible alors tout ce que je peux faire c'est être là.

Y'a rien à faire à part être présent, panser les plaies, changer les pansements, le seul remède, c'est l'temps ▬ Orelsan

« Tu sans le fauve. »
« Moi aussi je t'aime. »

Je m'écarte juste un peu, cherche son regard.

« J'le sors vite fait, je prends une douche et j'te fais un p'tit dej de l'enfer. »

Je sais, t'as pas faim, mais laisse moi l'illusion d'occuper suffisamment ton esprit pour que t'y trouve un peu de répit.
Un baiser sur son front, je lui laisse les croissants dans les mains et embarque Wax avec moi pour sa balade du matin. Le sommeil on verra ça plus tard. Will qui traverse mon esprit chaque fois que je rentre de soirée et que je me retrouve seul, aussi.

#

« Comment est ce qu'elle va ? »

Pour seule réponse une grimace, plutôt un rictus. Pas besoin de mots pour rendre tout ça limpide, elle ne va pas bien. Comment est ce qu'il pourrait en être autrement ?
Passage express par la maison pour voir le frangin, m'occuper de Lune, m'assurer qu'elle ne manque de rien d'ici mon prochain passage. Derek s'occupe d'elle je le sais parfaitement mais ça n'est pas sa responsabilité. A présent c'est à Bairnsdale que je suis, chez nos Grand-Parents, en pleine discussion avec Olivia. Dans mes bras un paquet avec des vêtements de bébé et quelques vêtements de grossesse ayant appartenu à Briana, l'une de mes cousines qui a accouché en septembre dernier.

« Tu l'embrasseras pour moi, veux tu ? Elle est toujours la bienvenue ici. »
« Merci Grand-Mère, je le lui dirai. »

Je l'enroule d'un bras, il est déjà l'heure de partir pour moi.

« Est ce que ton école est prévenue ? »
« Je les ai appelé, je leur ai dit que … j'avais eu un décès dans ma famille et que je devais partir pour l'Angleterre au moins pour la semaine. »

Soupir.

« La suite je sais pas, pour tout te dire. »

Je sais que ça la questionne, que ça lui tient à cœur. Elle est l'une des rares à m'encourager dans tout ce que je fais mais hors de question que je sois un tir au flan pour autant – c'est pas ce que je suis. Si je rate les cours ça n'est pas par plaisir, elle le sait, mais dans ma tête certains questionnement commencent à prendre forme je dois bien l'admettre.

Sa main se pose sur ma joue, elle me sourit, je reviens sur terre.

« Bon. Prends soin d'elle, le reste on verra plus tard. »

Un bisou claqué en douceur sur sa joue à elle, je transplane directement jusqu'au Portoloin après avoir rangé le paquet de vêtements dans mon sac ensorcelé. Parce que je ne rentre pas directement chez Sova, non, je fais un détour pour rejoindre quelqu'un d'autre. Et ça me fait foutrement plaisir.
Une quelconque ville anglaise de bord de mer, un rendez vous filé à l'arrache, les circonstances sont foutrement merdique mais ...

« Je pensais pas que revoir ta petite gueule me ferait autant plaisir, faut croire que tu m'as manqué. »

… le sourire est large quand je croise son regard. Ça fait combien de temps, sérieusement ? Le dernier souvenir qui me revient en tête c'est cette discussion qu'on a eu il y a quelques mois, d'abord dans une rue de Londres puis sur les falaises d'un spot où il m'arrive d'aller me poser quand j'ai besoin ou envie d'être seul, de simplement scotcher sur le paysage sans rien dire, sans penser. A rien, à personne.

Je viens le prendre dans mes bras pour une accolade rapide, autant en profiter tant que la réalité vient pas cogner à la porte de manière trop évidente.

« T'es en pleine tournée mondiale et tu veux pas nous le dire c'est ça ? »

Dim 13 Sep 2020 - 11:40

Comme l’impression que le monde le percute, le heurte, violemment, le réel comme une gifle qui s’impose de nouveau à lui. Il aurait pu fuir, aurait pu oublier, décider d’être quelqu’un d’autre, autre part, ailleurs, où que ce soit d’ailleurs. Toujours pas de nouvelles de ses parents, et pourtant le changement a commencé à s’opérer, sans réel logique, sans véritable point de départ. De retour dans sa propre existence, doucement, en partant de rien, d’un truc con, sans importance. Parce que ce qui se passait au Japon n’en avait pas, finalement. Elle n’était pas là son existence, même si les jours y étaient plus paisibles, moins pesant, ça n’avait rien à voir. Il ne faisait que s’y terrer, s’y reconstruire, se laisser le temps d’oublier et d’encaisser, d’apprendre à respirer aussi. Mais dans le fond, ça n’était pas pour rien que le seul moment où il s’était réellement senti vivant se résumait en un nom : Caitlyn. Frange du passé, refus de l’oubli. Brasier dans son regard. Elle ne l’avait pas ravivé, elle l’avait enflammé, soudainement, brutalement, sans qu’il cherche à résister, sans comprendre vraiment ce qui se passait. Ce n’était qu’une trêve dans la nuit, un truc dont on dit qu’il s’oublie.

Mensonge éhonté. Il n’oubliait pas, laissait simplement son existence reprendre un cours plus tranquille, s’éloignant de ses ombres. Car il ne l’y emporterait pas, sous aucun moyen, aucun prétexte. Takuma se connaissait, savait quels démons pouvaient ronger sa peau à l’occasion. Pourtant il n’avait pas sombré, restant difficilement à la surface, cherchant à simplement apprendre à nager de nouveau malgré les poids à ses pieds. Il y a des phases plus difficiles que d’autres, c’est ainsi, des moments où la vie nous absorbe, des moments où on ne s’en sort pas, où on sombre sans trop s’en rendre compte ni en comprendre la raison. Alors il ne ferait pas ça, en aucune façon. Ils parlaient parfois, étonnamment, se voyaient aussi, dernier contact avec son ancienne vie, rappel éphémère qu’à qui il appartenait. A eux. L’humain est un être sociable, il en avait une conscience foudroyante. Mais c’était seul qu’il avait besoin de reprendre pied. Alors de loque, il se relevait, se plongeait de nouveau dans une forme d’apprentissage, retrouvait sa curiosité. En un mois, il avait fini par se forger une place, intelligence piquante, mise au service de l’entreprise. Toujours pas de nouvelles de la famille, et pourtant, sans trop comprendre comment il avait fait ça ni pourquoi, voilà qu’il se gorgeait de management, de comptabilité, apprenait à mettre le doigt sur les problèmes de sécurité, gérait la qualité avec une facilité déconcertante, perturbant les employés, s’insérant dans les équipes avec naturel.

C’est le fils de son père, il a ça dans le sang.

Etonnant compte tenu du fait qu’il avait toujours pu observer dans la dynamique familial une évidence forte : c’était sa mère la décisionnaire, là, derrière les apparences. Elle avait lâché son emploi pour l’avoir, comme grand nombre de japonaises. Pourtant, non, s’il était bon, il n’était pas le fils de son père. Enfin, si, mais pas que.
Etait-il leur fils tout court à vrai dire ? Mis à part la génétique, Takuma posait le doigt sur un manque évident, là, perdu à l’autre bout du monde, chez lui. Indécemment seul.

Alors c’était le monde qui se rappelait à lui.
Retour sur terre, on oublie la lune. Qu’importe de la décrocher de toute façon, elle ne pourrait que tomber.

Et pour tomber, il tombait. Zach mort. Le voilà ce monde que tu fuis. Ce monde d’oubli et de désespoir. Ce monde qui ne cessera de te rattraper. Ce monde dans lequel il se plongeait pourtant immédiatement, sans se poser de question, sans chercher à comprendre, sans chercher à craindre.

Son monde.

S’il y était arrivé, Takuma avait attendu le bon moment, un temps de solitude, de calme, pour affronter une tempête qui n’était étrangement pas venue. Arrivée de la part de Jordane, comme un coup au plexus qui vient de la gauche quand on l’attendait à droite. Pas étonnant de sa part finalement, mais la baffe avait eu de quoi piquer. Elle n’est pas de ceux qu’on abandonne puisqu’elle fuit en premier parait-il. Elle l’avait pris dans ses bras, ambivalente, lui décochant un coup dans l’épaule, plus fort que nécessaire avant de disparaitre.

Bon. Nous dirons que ça s’était bien passé.

Deux jours à régler ses propres affaires, à faire un bilan sur l’état d’Aileen, à gérer sa boutique abandonnée, se découvrant bien plus à l’aise avec les papiers, les choses à penser, les idées de remise en route. Etrange. Et pourquoi pas après tout ?

C’était donc en laissant Aileen et Sovahnn, pas tout à fait sûr de ce qu’il faisait, conscient de la frustration que c’était de la retrouver sans qu’elle soit tout à fait elle-même, il s’était éclipsé pour rejoindre Enzo.

Ville en bord de mer, loin de tout et comme l’impression de se dégager de la crasse que Londres pouvait déposer sur vous. Et un grand sourire qui s’affichait pourtant sur ses lèvres.

Pourquoi est-ce finalement dans l’adversité qu’on tient le mieux ?

« Je pensais pas que revoir ta petite gueule me ferait autant plaisir, faut croire que tu m'as manqué. »

Large sourire. Ouais, ça fait du bien.
L’Homme est un animal social Takuma, t’avais oublié ? Ou tu ne t’en souviens qu’en te perdant entre les cuisses d’une certaine Caitlyn ? Quoi, je demande parfaitement innocemment.

« Et t’en doutes ?! Merde c’est vexant, faut que je parte plus longtemps moi. »

Deux mois c’est bien déjà non ? Genre, sachant que tu ne serais pas rentré si l’une de tes meilleures amies ne se mangeait pas l’un des pires deuils de sa vie ?
Si Enzo l’enlaçait, mettant rapidement fin à l’accolade, Takuma le retenait une seconde de plus, parce que merde, ouais, se retrouver fait du bien.

« T'es en pleine tournée mondiale et tu veux pas nous le dire c'est ça ? »
« Ben évidemment. J’ai une tournée d’autographes de prévue dans le bar du coin d’ailleurs, si ça te dit ! »

Wah, mange-toi ta sociabilité dans la gueule sur les trois derniers jours. Etrange sensation.

« Ça va rester ce truc hein, j’aurais pas dû le balancer. »

Ouais, mais sortir des dossiers pareils quand le monde s’effondre, ça fait du bien.
Qu’avait dit Enzo ce jour-là ? De ralentir et de penser à lui avant de s’effondrer ? Conclusion il n’en avait rien fait et s’était barré quelques semaines plus tard à l’autre bout du monde. Bien. On félicite les cons qui n’écoutent pas les conseils des autres hein.

« Cela dit, j’me suis réellement mangé des paparazzis au fin fond de mon bled natal, je l’avais pas prévu ça. »

Pas que grand monde en ai quoi que ce soit à foutre de ce qu’il pouvait devenir cela dit. Enfin, si, une bande de fan d’idoles, évidemment, il y en a toujours. Mais il se faisait oublier.

« Comment ça va toi ? »

Mar 22 Sep 2020 - 11:30

« Et t’en doutes ?! Merde c’est vexant, faut que je parte plus longtemps moi. »

Ouais, non, t'évite. C'est quoi cette nouvelle mode de prendre la tangente au juste ? Ça fait combien de temps que t'es parti ? Je me rends compte que j'ai perdu le fil, ce qui est à la fois sans doute un peu égocentrique et pas vraiment étonnant avec tout ce qui nous tombe en permanence sur le coin de la gueule. Mais t'es là, maintenant, et c'est tout ce qui compte parce que tu vois mon vieux, je suis foutrement content de te voir. Les circonstances sont à chier, oui, mais on fait ce qu’on peut.

« T'es en pleine tournée mondiale et tu veux pas nous le dire c'est ça ? »
« Ben évidemment. J’ai une tournée d’autographes de prévue dans le bar du coin d’ailleurs, si ça te dit ! »
« Ah bah carrément. T'es du genre à signer n'importe quelle partie du corps ou faut absolument un exemplaire de ton album ? »

C'est pour un ami.

« Ça va rester ce truc hein, j’aurais pas dû le balancer. »
« T'as de la chance, ça reste notre petit secret. »

Un truc que j'ai pas vraiment envie de partager plus par égoïsme qu'autre chose. Faire chier les gens que j'aime est un art de vivre alors j'aurai pu aller le crier sur tous les toits c'est une certitude mais j'ai préféré garder ça pour moi. Comme un p'tit bout de toi qui serait à personne d'autre … Ce qui est à la fois touchant et flippant, j'te laisse juger.

« Cela dit, j’me suis réellement mangé des paparazzis au fin fond de mon bled natal, je l’avais pas prévu ça. »

C'est là que tu réalises l'étendu du truc, parce que clairement je ne m'attendais pas à ça. Le savoir c'est une chose, en prendre vraiment la teneur quand on n'a jamais eu l'occasion d'avoir la moindre preuve sous les yeux c'est autre chose. Est-ce que j'ai envie de rejoindre son fan club officiel ? Oui. Est-ce que j'ai envie de faire et dire des conneries ? Oui. Est-ce que je vais le faire ? Probablement.

« Ah ouais … En fait c'est peut-être pas le bon plan de trainer avec toi pour ce qui est de faire profil bas. »

Tout ça balancé dans un éclat de rire. T'es vraiment sûr de faire profil bas, d'ailleurs ? Chut.

« Comment ça va toi ? »

La question à 1 000 galions, comme on dit.

« Bien, je crois. »

L'ambiance se calme, moi avec. Le sérieux s'impose sans trop le faire, mains dans les poches j'affiche un sourire à la fois amusé et tranquille.

« En général quand tu te poses la question c'est que ça merde quelque part, pourtant non j'crois pas. »

Tu m’aurais posé cette question il y a quelques semaines la réponse aurait été tout autre, très clairement, mais après m’être bien éclaté la gueule sur le sol je me suis relevé et j’ai recommencé à vivre. Les aléas de la vie, là aussi comme on dit. Je réalise que je ne sais même pas s’il est au courant du fait que Will a foutu le camp lui aussi, me laissant derrière lui comme un bagage qu’on abandonne sur le tapis d’un aéroport et qui tourne en rond jusqu’à ce qu’on vienne le récupérer pour le foutre aux objets trouvés. Belle métaphore n’est-ce pas ? Surtout quand on sait que j’ai jamais foutu les pieds dans un putain d’aéroport.

« Ce qui tombe plutôt bien. »

Sans déconner.

« Et toi alors, cette retraite spirituelle ? »

Dire que j’ai pas eu envie d’en faire autant ces derniers temps serait mentir, puis finalement les choses se sont passées différemment. Sous cette question se cache une réelle interrogation, un « comment tu vas ? » sincère et qui attend une vrai réponse.

Mar 29 Sep 2020 - 12:09

« Ah bah carrément. T'es du genre à signer n'importe quelle partie du corps ou faut absolument un exemplaire de ton album ? »
« Oh ben non, uniquement les plus intimes voyons.. »

Est-ce qu’il était aussi connu que ça ? Clairement pas. Comme beaucoup, il avait eu sa période et avait été oublié ensuite. Tout ça sonnait comme une ancienne vie, un truc un peu étrange qui le faisait sourire, le ramenait à des temps passés. Pas moins douloureux, pas moins prise de tête. Simplement différents. Autre vie, autre culture, autres proches, autres problématiques.

« T'as de la chance, ça reste notre petit secret. »
« Oh ben ça j’me doute, un truc pareil tu risques de vouloir le garder rien que pour toi. Une telle intimité entre toi et moi dis donc, ça m’fous des frissons partout. »

Retournons dans les cachots s’embrasser en secret. Après tout, leur amitié avait commencé comme ça non ? Pas de confusions, d’ambigüité réelle, pas de questionnement non plus de son côté d’ailleurs, ni sur eux, ni sur sa propre sexualité. Il en avait joué, en jouerait sans doute encore, parce que ça l’amusait, parce que les cases parfaitement définies avaient tendance à le fatiguée, parce qu’il aimait ne pas correspondre à ce qu’on attendait de lui, aussi, sans doute, se jouer des conventions sociales et des normes. Et parce que faire chier les cons est tellement jouissif. Surtout quand on passe pour plus idiot qu’on ne l’est jusqu’à les tourner, eux, eux-mêmes en ridicule, sans même qu’ils ne comprennent tout à fait de quoi il retournait. Oui, ça l’amusait. Cet aspect de ce qu’il était, ce gamin joyeux et sans gamberge lui manquait assez, il fallait l’avouer.

« Ah ouais … En fait c'est peut-être pas le bon plan de trainer avec toi pour ce qui est de faire profil bas. »
« Côté profil je préfère le droit. »

C’est pas de ça dont on parlait ?
Et parce que malgré les rires, la problématique est là, Takuma précisait tout de même :

« Non, sérieusement, t’en fais pas, ma phase est passée. Il n’y a que là bas que je suis connu, et encore. C’est la faute de la serveuse ça en plus j’suis sûr. J’me suis fait cramer à 8km avec elle.. »

Il avait fallu qu’il tombe sur une ‘fan’, forcément.
L’excitation des retrouvailles se calmait, les véritables questions tombaient sans tomber dans le pathos. Une rupture, une perte. Lui qui nageait clairement dans une belle dépression, capable de se barrer à l’autre bout du monde sans réellement donner de nouvelles. Ouais, « comment va » semblait assez ironique comme questionnement au vu de la situation.

« Bien, je crois. »

Ça semble. Bizarrement. Malgré les traits tirés de fatigue. Malgré la situation.

« En général quand tu te poses la question c'est que ça merde quelque part, pourtant non j'crois pas. »

Ouais, ou ça tombera plus tard. Le genre de réflexions qu’il ne ferait évidemment pas. Il ne sert à rien d’appeler la misère, elle a déjà bien assez tendance à cogner toute seule. Lui-même avait bien encaissé durant des mois avant de s’écrouler, conscient que sa rupture avec Dakota et son départ soudain n’étaient pas tout à fait étrangers à ses réactions actuelles.

« Ce qui tombe plutôt bien. »

Un petit rire de son côté, les mains plongées dans ses poches pour contrer le froid.

« Clairement… ça me fait penser à quelqu’un d’autre tient. »

On récupère les autres à la petite cuillère en espérant que quelqu’un sera là pour nous ramasser quand ça sera notre tour. Apparemment c’est une histoire de timing ; ils y passaient les uns après les autres, tout naturellement, toujours soudés, même lorsque la distance les séparait. Reliés par le passé.
Prends du temps pour toi, sinon tu ne tiendras pas, avait-il dit. On avait vu le résultat. Est-ce qu’il lui ferait l’affront de lui rendre le conseil ? N’était-ce pas le parallèle qu’il faisait déjà ?

« Et toi alors, cette retraite spirituelle ? »
« Chouette façon de nommer ma tournée mondiale. »

T’es passé par le Mexique, on va dire que c’est mondial.
Un instant, il fixait le sol, puis relevait le regard, observant doucement les bateaux du port, l’eau qui bougeait, tranquille et grise. Un peu comme lui.

« Mieux. J’ai l’impression. »

Toujours pas défoncé dans un coin, la seringue dans le bras. C’est que ça doit se tenir.

« Je squatte une chambre dans un hotel de la compagnie de mes parents. »Ouais parce que mes parents sont à la tête d’un empire, salut, je m’appelle Takuma et personne ne me connait. « Pas de nouvelles depuis, mais… je sais pas trop comment c’est arrivé mais j’me suis lancé dans le management apparemment. » Il semblerait. « Bref, j’ai arrêté d’être une loque minable et j’me bouge un peu. Comme ça j’aurais peut être une idée de comment gérer la boutique ici. »

Non, t’es pas au courant, mais j’ai hérité de la boutique. Voilà, surprise.

« Ouais le proprio est mort dans l’arrière boutique. Le cœur a lâché. Et apparemment ça me revient. Me demande pas pourquoi ni comment, j’comprends pas. »

Est-ce que ce type était si seul que ça ? Il fallait croire. Et ça c’est foutrement triste. Du reste, il serait sans doute un peu moins démuni face à la charge de travail et de responsabilités que cet évènement impliquait.

« Donc j’vais sans doute chercher à engager quelqu’un. Cette phrase n’a aucun sens, mais on va faire comme si c’était le cas. » Bienvenue dans la vie adulte sans que tu l’as vu venir. « J’envisage de proposer à Caitlyn. »

Caitlyn. Ta pote. Celle avec qui Takuma n’a jamais eu le moindre petit début de contact mis à part lors d’une bataille, auprès des autres soignants. Avec Zach d’ailleurs, cela dit en passant. Bref, non, aux yeux d’Enzo, ils ne se connaissaient pas, à moins qu’elle en ait parlé. Est-ce qu’il cherchait à le savoir ? Peut-être un peu, admettons-le.

Quoi ? Parler filles/mecs/licornes plutôt que deuil, isolement, factures, dettes… c’est plus chouettes non ?

Jeu 1 Oct 2020 - 21:40

« Chouette façon de nommer ma tournée mondiale. »

N'est ce pas ? Je trouve ça plus poétique. Pourquoi j'ai la vague impression d'être face à un miroir quand je vois regarder le sol puis le reste de cette façon ?

« Mieux. J’ai l’impression. »

Peut-être pour ça. Parce qu'il y a du pire avant d'accéder au mieux. On ne fout pas le camp comme ça du jour au lendemain sans raison, je ne sais pas si je dois prendre ce qu'il me dit comme argent comptant mais il a l'air d'avoir bonne mine. Et puis j'ai envie de lui faire confiance, c'est tout.

« Je squatte une chambre dans un hotel de la compagnie de mes parents. »
« O...kay. »

Est ce que je vais apprendre un truc sur toi à chaque phrase ou comment ça se passe ?

« Pas de nouvelles depuis, mais… je sais pas trop comment c’est arrivé mais j’me suis lancé dans le management apparemment. »

Oui, visiblement.

« Bref, j’ai arrêté d’être une loque minable et j’me bouge un peu. Comme ça j’aurais peut être une idée de comment gérer la boutique ici. »

La boutique, ça j'ai ! Mais la gérer ?

« Ouais le proprio est mort dans l’arrière boutique. Le cœur a lâché. Et apparemment ça me revient. Me demande pas pourquoi ni comment, j’comprends pas. »

J'éclate de rire, pas parce que je me moque mais parce que tout ça est une avalanche d'infos que je me prends tout droit dans la gueule. C'est quoi la prochaine ?

« Donc j’vais sans doute chercher à engager quelqu’un. Cette phrase n’a aucun sens, mais on va faire comme si c’était le cas. »
« Donc en fait on te laisse dans ton coin quelques semaines, mois, et tu reviens t'es PDG à l'international. Normal. »

Oui j'exagère les traits mais tout le monde a compris.

« J’envisage de proposer à Caitlyn. »

WOOT.

« Caitlyn, Caitlyn ? Twain ? »

Tu me diras, pourquoi pas ? Je ne les ai jamais vu trainer ensemble mais c'est pas comme si j'avais un regard sur les fréquentations des uns et des autres. Ils étaient dans la même maison, peut-être même dans la même année je ne sais plus vraiment alors dans le fond rien d'incroyable. Au point où on en est dans les révélations de toute façon, j'ai envie de dire, ça de plus ou de moins ...

« J'sais qu'elle a – au moins – deux boulots donc oui clairement c'est une bonne idée. Et puis à mon avis elle se démerde bien. Surtout ça l'intéresse tout ce milieu là. »

Les plantes, les herbes, ce qui pourrait peut-être aussi lui permettre d'avoir accès plus facilement à certains ingrédient pour le Tue-Loup. J'ai ce qu'il faut, toujours, mais je sais à quel point c'est important pour elle de pouvoir se débrouiller par elle-même et je le comprends. Est ce qu'il est au courant ? Instinctivement je dirai que non mais ça ne me regarde pas, j'irai bien évidemment pas poser la question. Takuma ou pas, confiance aveugle ou non, ça n'est pas de moi dont il s'agit. Et puis honnêtement, qu'est ce que ça change ?

« Vous avez gardé contact du coup ? »

Ven 2 Oct 2020 - 0:44

Est-ce qu’il allait réellement mieux ? Sans doute. Il avait cessé de se terrer dans sa chambre, évoluant entre cette grotte et les tentations dangereuses de la rue, là où il s’abandonnait par moment, perdant pied sans doute. Aucun poison dans ses veines, elles restaient intactes, contre toute attente. Il s’était senti plonger, envisager le pire, tenté par des démons dont il n’avait pas toujours la maîtrise. Takuma n’irait pas dire qu’ils n’étaient plus là, à murmurer par-dessus son épaule, mais ce besoin autodestructeur laissait place à autre chose. L’oubli, il se le refusait, s’efforçant de se rappeler du chemin parcouru, de l’obstination à cesser de voir le sombre pour se concentrer sur le reste. Il ne sortait pas véritablement des brumes, mais disons qu’elles se faisaient moins épaisses, qu’il se forçait à raccrocher au monde, à faire quelque chose de son existence de nouveau, même s’il y allait plus lentement, comme s’il sortait d’un long sommeil. Burn out ou dépression ? Sans doute les deux. Donc oui, mieux. Sans doute. Moins pire du moins.

« Donc en fait on te laisse dans ton coin quelques semaines, mois, et tu reviens t'es PDG à l'international. Normal. »

Le rire est communicatif, l’idée globale aussi d’ailleurs puisque, résumée comme ça, la situation n’avait pas tardée à le faire rire à son tour. Situation improbable.

« Ouais, normal. Quoi j’ai pas la gueule de l’emploi ? »

C’est ce qu’ils disent à l’hôtel en tout cas.

« Alors non, j’suis pas PDG à l’international, j’ai accepté une petite boutique criblée de dette et je nage complètement face à ce bordel parce que j’ai pas la moindre idée de ce que je fous. »

Et j’aurais dû refuser. Mais j’ai dit oui. Parce que j’ai des coups de folies chelou là moi parfois et que parfois putain je me déteste.

Et oui, le fait de se former en douce parmi les employés de ses parents – qui eux, étaient PDG à l’international, à la tête d’une sacrée putain de fortune – ça pourrait potentiellement l’aider à éviter de couler en deux mois top chronos.

Bref, on continue, et la discussion s’étire, aboutit sur Caitlyn, parce que… parce que pourquoi pas. Parce qu’elle est toujours là, dans un petit coin, même s’il ne l’admet pas tout à fait.

« Caitlyn, Caitlyn ? Twain ? »
« Ouép. »

Truc improbable, nous sommes d’accords. Ils s’étaient à peine adressé la parole à Poudlard. Alors comment une telle relation avait pu naître ?! Il n’en avait pas la moindre foutue idée. C’était là, c’était tout. Et ce que c’était au juste, il ne le savait pas non plus. Elle avait rencontré un mec, lui en parlait. Ouais. Bon. Voilà. Pas qu’il attende quoi que ce soit cela dit. Ça ferait comme avec Jill. C’est bien. Ce qui s’était noué entre eux était improbable, sorti de nulle part, ça l’avait percuté comme ça, sans raison, sans qu’il n’imagine un quart du dixième de ce qu’il s’était passé. Ça faisait un mois et demi qu’elle était entrée dans sa vie ainsi, comme un boulet de canon qui débarquait sans prévenir. Un mois et demi qu’ils parlaient, se voyaient par moment. Son seul contact avec sa vie d’ici. Sa façon d’y raccrocher autant que de s’en protéger.

« J'sais qu'elle a – au moins – deux boulots donc oui clairement c'est une bonne idée. Et puis à mon avis elle se démerde bien. Surtout ça l'intéresse tout ce milieu là. »
« Ben ouais c’est ce que je me dis. Je sais que c’est un domaine qui lui plait, que ce soit l’aspect médicinal que la médicomagie ou l’usage thérapeutique de la botanique donc… » Pour quelqu’un qui ne lui avait jamais parlé, tu en sais plus que prévu toi. « Et puis elle remplace une nana en congé parental ou mater je ne sais plus, bref, elle va arriver au bout du son contrat donc… ouais c’est une option. »

Ça lui permettrait de prendre du temps avant de rentrer sur Londres, histoire de revenir mieux formé, mieux préparé, plus apte à éviter de tomber dans ses propres ténèbres.
Et puis bon, de toute manière, était-ce réellement nécessaire qu’il se précipite à revenir, notamment pour la voir elle, à présent qu’elle vivait son idylle ? Ouh la réflexion de merde. A peine avait-elle effleuré ses pensées qu’il l’enfouissait bien loin, en dehors de sa conscience.

« Vous avez gardé contact du coup ? »

Gardé contact ? Euh ouais on peut dire ça ouais…

« Garder contact, c’est pas tout à fait ce que j’dirais… On parlait peu à l’école… voire pas du tout à vrai dire. » Deux trois batailles, des gens blessés, du sang, des drames, bref, le quotidien normal pour des jeunes dans une école de magie quoi. « On a… lié contact de manière inattendue, soudaine et répétitive plutôt… »

Taku ? Ce petit sourire en coin, t’en as conscience ou pas du tout ? Et la légère tension dans tes muscles, la pression artérielle qui augmente légèrement ?

Les regards se captent, un léger rire passe sur ses lèvres en voyant l’air d’Enzo.

« Avec toi, j’me ferais cramer même sans rien dire moi de toute façon. »

Pour l’attirance. Pour le fait, indéniable, qu’il l’aimait bien, également.

« On s’est vus il y a quelques temps. Enfin croisés. Elle allait pas bien, moi non plus, j’me suis barré… et elle a débarqué début du mois dernier comme ça. Genre… elle s’est pointée à ma porte d’hôtel. Conclusion : de un, elle ferait une stalkeuse de qualité. Deux : c’est détective privée qu’elle devrait faire, pas herboriste. Et de trois… sacrément déterminée cette nana. »

Parcourir le Japon pour le retrouver alors qu’ils ne se connaissaient pas ? Sérieusement ?

« J’lui ai envoyé Alec alors qu’elle allait pas bien, faut avouer que me dire que c’était débile c’est une raison suffisante pour traverser la planète t me le dire en face. »

Pas du tout, ça n’a pas été évoqué d’ailleurs. Après seulement. Et il n’a pas fait le con, comme quoi… tout arrive. La dernière réflexion était évoquée comme le reste sur le ton de l’humour. Mais l’incompréhension restait là. Pourquoi avoir fait ça ? Il le saurait sans doute jamais mais aimait ce que ça avait déclenché.

Ven 2 Oct 2020 - 13:37

« Garder contact, c’est pas tout à fait ce que j’dirais… On parlait peu à l’école… voire pas du tout à vrai dire. »

Je pourrais dire que c'était bien ce qu'il me semblait, ça serait mentir. On a évolué tous ensemble dans la même école pendant des années, on se connait tous plus ou moins de près ou de loin, pourtant certains liens ne sont simplement pas évident.

« On a… lié contact de manière inattendue, soudaine et répétitive plutôt… »

Et là, à cet instant précis, ça pourrait devenir gênant. C'est pas le cas, pas une seconde, parce que c'est lui, c'est moi, c'est elle. Les évidences se manifestent l'une après l'autre, à commencer par les mots bien sûr. Puis ce sourire qu'il a sur le coin des lèvres, son rythme cardiaque qui s'intensifie, ce regard qui se perd dans ce que je devine être des souvenirs. Je suis surpris, oui, mais c'est clairement un rire qui m'échappe.

« Hum. Ok. Pas sûr de vouloir savoir. »

Ouais, non, les détails ça vous regarde.

« Avec toi, j’me ferais cramer même sans rien dire moi de toute façon. »
« Crois moi c'est une plaie la plus part du temps pour moi aussi. J'ai pas besoin de savoir qui se fait qui, merde. »

Et de nouveau un rire. Est ce que j'avais besoin/envie de savoir pour Raf ? Non. Pour rien, personne, c'est pas mes histoires et pourtant malgré moi j'obtiens des infos que je ne veux pas. Ou pas comme ça. C'est comme ça, on s'y fait, mais clairement si vous tenez à garder une relation secrète faut arrêter de trainer avec moi. Ou vous faire à l'idée. Et quand je dis vous c'est général, je parle pas de ces deux là. P'tite cachotière va.

« On s’est vus il y a quelques temps. Enfin croisés. Elle allait pas bien, moi non plus, j’me suis barré… et elle a débarqué début du mois dernier comme ça. Genre… elle s’est pointée à ma porte d’hôtel. Conclusion : de un, elle ferait une stalkeuse de qualité. Deux : c’est détective privée qu’elle devrait faire, pas herboriste. Et de trois… sacrément déterminée cette nana. »

De nouveau cette question : Est ce qu'il sait ? Si elle ne lui a pas dit, pas sûr qu'il n'est pas deviné tout seul à vrai dire. Mais qu'importe, là encore, not my business. Même si c'est le cas un tel secret peut diffcilement être mieux gardé que par lui. Et pas l'ombre d'un jugement à prévoir, aussi. Je ne sais même plus comment il a su pour moi, tout ce que je retiens c'est que ça n'a jamais fait la moindre différence. Sans parler des heures qu'il a passé à chercher dans tous les bouquins possibles et imaginables pour m'aider quand j'en avais besoin. Non, j'oublie pas. J'oublierai jamais. Pas que je me sente redevable, c'est pas comme ça, mais non je n'oublie pas.

Quant à Caitlyn ...

« J'aurai dit bornée moi, mais ça marche aussi. »

… oui je me moque ouvertement d'elle. On s'est beaucoup rapprochés ces derniers mois, la relation étrange qu'on avait jusqu'ici s'est clarifiée, simplifiée même je dirai. Mais ça ? Non, je ne l'ai pas vu venir. Traverser le globe pour retrouver un type que tu connais à peine … Y en a pas un de nous qui a fait ce choix, toi si. Et visiblement ça a donné un truc plutôt positif. C'est que c'était la bonne solution, non ?

« J’lui ai envoyé Alec alors qu’elle allait pas bien, faut avouer que me dire que c’était débile c’est une raison suffisante pour traverser la planète t me le dire en face. »

De nouveau un rire, rien de plus. Fut un temps j'aurai peut être tiqué d'entendre parler d'Alec, surtout dans ces circonstances, mais c'est plus le cas. Pourquoi ? Cailyn va bien, c'est que ça s'est finalement bien terminé, non ? J'ai vu comme il s'inquiète pour Warren, comme sa propre existence est loin d'être simple, pas envie de le blamer pour un truc qui n'a pas lieu d'être tout simplement. On fait tous comme on peut, lui comme un autre.

« J'arrive pas à savoir si c'est mignon ou flippant … J'vais dire que c'est mignon. Surtout avec les paillettes que ça te colle dans les yeux. »

Voilà, se concentrer là dessus, voir un peu de positif dans tout ce qui se casse la gueule et nous entraine avec. Zach est mort, il sera enterré demain, mais la vie continue. On a le choix : S'arrêter, broyer du noir ou au contraire rester debout, faire ce qu'il faut pour continuer à avancer. En ce qui me concerne il est fait ce choix et j'ai pas l'intention de retourner m'étaler sur le sol.

« Ça t'va bien au teint, t'as bonne mine. »

Ou va le monde si on peut plus faire chier les potes.

Ven 2 Oct 2020 - 16:15

« Hum. Ok. Pas sûr de vouloir savoir. »

Oh tu ne veux pas que je te raconte les détails ? C’est con parce que c’est mémorable. Tellement que ça confine au fantasme à vrai dire. Tellement qu’il se demandait toujours par moments comment un truc pareil avait pu arriver. S’il n’avait pas tout inventé. Ils n’en parlaient pas plus d’ailleurs, mais la relation était là, bien réelle, un pont entre son lieu de fuite et la réalité de Londres. Entre ses vies d’avant. Pas d’invention de sa part donc. D’ailleurs il ne voyait pas comment une telle chose aurait pu être possible. Il n’avait jamais eu de vues sur elle, n’avait jamais envisagé quoi que ce soit. Bien sûr, à évoluer au même endroit, ils se côtoyaient, d’autant plus lorsqu’il dormait sur le canapé de la salle commune, bien connu de tous. Pour autant, non, ça ne l’avait jamais effleuré. Peut-être parce qu’il était avec Dakota, peut-être juste parce que la vie est ainsi faite. Belle femme, oui, indéniablement. Mais voilà, ça n’avait ni racine ni source. Et pourtant, c’était là.

« Crois moi c'est une plaie la plus part du temps pour moi aussi. J'ai pas besoin de savoir qui se fait qui, merde. »
« Le super-pouvoir de la mort : savoir qui baise qui. Hey ne néglige pas l’importance d’avoir des infos sur les autres. »

Dit le mec qui paraissait tellement abruti que personne ne se méfiait alors qu’il accumulait mine de rien les données. Assez pour finir par en savoir tant sur les gens qu’il en avait extrait certains secrets bien gardés. La lycanthropie d’Ever, évidemment. Le vampirisme d’un autre. S’il y avait bien quelqu’un pour le deviner, ça aurait pu être lui. Les quelques indices auxquels il avait été exposé, il les avait, mais ceux-ci restaient accrochés à une nuit qui semblait plus relever du rêve que de la réalité, alors il ne cherchait pas. Peut-être, surtout, ne voulait-il juste pas entrer dans une intimité qui lui aurait déplu, lui laissant l’espace pour aborder ce genre de choses ? Toujours était-il que, non, il ne savait pas, et n’avait pas fait le rapprochement. Pour l’instant.

« J’ai couché avec Jill et Aileen. Voilà, t’as toutes les données. Cadeau. »

Concernant celles que tu connais.
Pas Dakota. Ouais. T’as le droit d’ouvrir grand les yeux. En deux ans et demi de relations. Ouais.

Et oui, Logan a bien envie de me buter pour avoir couché avec sa nana.

Bref, revenons-en à Cait et les circonstances de ce rapprochement aussi étrange qu’inattendu.

« J'aurai dit bornée moi, mais ça marche aussi. »
« Aussi ouais. »

Et sans doute un peu tarée pour faire un truc pareil. Ou alors en sacré besoin, elle aussi, de prendre le large. Car c’était ainsi qu’il l’avait compris. C’était une bonne excuse autant qu’un besoin de rattraper quelque chose. Ou juste de faire quelque chose de bien.

Et ça, elle l’avait bien fait..
Pardon, Jordane a repris le contrôle, faut l’excuser.

Et ils riaient sur le compte d’Alec. Facile ? Ouais, un peu. Avoir habité avec lui ne l’aidait pas à l’apprécier, c’était évident. Mais il savait aussi que de ce qu’il en avait vu, son amitié avec Caitlyn était sincère et sans danger. Il l’avait vu, avec Mack et Jayden, même Jordane. La réalité ? Il pouvait être un mec bien autant qu’un parfait connard. Dépend de qui, dépend du moment, dépend des circonstances. De toute évidence, il avait bien fait. Etonnamment. Mais ça n’empêche d’en rire.

« J'arrive pas à savoir si c'est mignon ou flippant … J'vais dire que c'est mignon. Surtout avec les paillettes que ça te colle dans les yeux. »
« Concernant Alec, pars du principe que c’est flippant.. »

Sourire en coin, mutin, réplique réflexe.

« Mais ouais ça me met des paillettes dans les yeux quand il se comporte pas un connard. »

Je fantasme sur son jumeau bénéfique tous les soirs d’ailleurs.

Ah on ne parlait pas de ça ? Au temps pour moi.

« Ça t'va bien au teint, t'as bonne mine. »

Nouveau rire, franc, qui claque dans l’air. Ouais, ça fait du bien de retrouver des amis, surtout. De revoir du monde, des gens auxquels il tenait. Dont Caitlyn, oui.
Un geste soudain vers lui, un faux coup à l’arrière du crâne, très probablement esquivé, et le rire perdure, s’écrase sur les bateaux là, non loin. Ouais, la vie continue, même malgré les pertes, même malgré l’horreur que vit une amie, même malgré les coups de blues, les épuisements, l’incapacité momentanée de continuer. Parce que c’est ça qui compte, les contacts simples, les rires, les moments partagés. Parce qu’Enzo lui avait manqué et qu’il se rendait compte à présent que ce fameux texto, il aurait sans doute dû l’envoyer bien plus tôt. Et qu’il airait aimé que son ami en fasse de même. Mais c’est comme ça, on fait comme on peut, on s’accroche, on s’éloigne, on ne fait pas toujours au mieux, mais on fait, et parfois c’est déjà beaucoup.

« Fous-toi d’moi tient ! » T’es mieux comme ça qu’à te morfondre en non stop depuis le départ de Dakota dix mois plus tôt. Merde Sovahnn a eu le temps de faire un môme pendant ce laps de temps. Et de perdre les deux pères potentiels. Bon. Bref. « Toujours sympa de se faire des potes…. Ou des potes de potes. » Voilà, ça c’est mieux.

Quoi, j’me fais ta pote, tu t’es fait Sova, tout ça est un bel entremêlement de relations charnelles parfois improbables.

Ven 2 Oct 2020 - 17:48

« Le super-pouvoir de la mort : savoir qui baise qui. Hey ne néglige pas l’importance d’avoir des infos sur les autres. »
« Si. Si, vraiment, je néglige. Tu dis ça parce que t'as pas les odeurs parce que crois moi y a rien de plus parlant. »

Les phéromones, tout ça ... Alors je dis pas, parfois ça peut être excitant autant dire les choses clairement mais c'est pas dans la majorité des cas.

« J’ai couché avec Jill et Aileen. Voilà, t’as toutes les données. Cadeau. »
« Oh je sais. Me demande pas comment je m'en souviens pas mais j'le sais … Tout comme je sais que si t'es encore en vie aujourd'hui ça tient du miracle. »

Aileen … Logan … CQFD. Jill … Derek … CQFD. Est ce qu'à une époque j'aurai grimacé vis à vis de Jill ? Oui, probablement, mais il a grandi le p'tit frère insécure. On va dire ça. Chacun fait bien ce qu'il veut de son cul, j'ai déjà bien assez à faire avec le mien. Ou pas, en l'occurence. Stop.

« J'ai embrassé les deux, d'ailleurs, en fait. »

La première pour de très mauvaises raisons, la seconde par erreur – Merci la métamorphose ! Et oui, je sais, j'aurai du sentir que c'était pas Ofelia. Ça va, c'est bon, j'aime vivre dangereusement laissez moi tranquille.

« Et Jill a couché avec Kyle. La boucle est bouclée. Encore. »

Trop de boucles. Vraiment. Faut s'ouvrir à d'autres gens un peu là, hop ! Je me sacrifie pour l'équipe si vous voulez. Et je me fais cogner, ça tu vois c'est moche parce que tout ce que je fais c'est te faire un compliment sur ton teint de pêche, ma pêche. Le premier qui dit citron finit au tribunal. Quant à Alec, peut-être qu'il est pas si connard qu'il aimerait l'être, c'est tout ce que je dis. C'est bien plus simple d'être un connard qu'un mec bien, ça sera tout pour moi merci.

« Fous-toi d’moi tient ! »
« Pas mon genre, enfin. »

Vraiment, pas du tout mon genre. Je n'ai pas inventé le concept du qui aime bien chatie bien mais je lui donne ses lettres de noblesse. Oui, rien que ça.

« Toujours sympa de se faire des potes…. Ou des potes de potes. »
« Oui hein ? »

Ever, Casey, potes ou potes de potes. On est vraiment en train de faire ça ? De lister comme deux connards ? Oui, visiblement, mais ni lui ni moi ne somme des connards.

« Tu peux rajouter Jordane à la liste. »

Dans le genre lier contact de manière inattendue, soudaine et répétitive je penses qu'on est bien. Ça me fait sourire parce que c'est un truc sorti de nulle part qui fait du bien, qui me fait kiffer tout simplement, mais le sourire devient grimace.

« Hum, ouais, j'suis plus avec Will depuis 3 semaines, un mois. »

Surprise ! Ou pas. Y avait juste aucune raison que j'aille voir ailleurs tant que j'étais avec lui, pas mon genre. Vraiment cette fois.

« Lui aussi il a foutu le camp du jour au lendemain sans laisser de trace, ça doit être un truc de Serdaigle. »

Ça pourrait sonner comme un reproche, c'est pas le cas. Pas pour lui en tout cas. Est ce que je me prends un revers de médaille ? Est ce que l'amertume remonte ces derniers jours ? Un peu, j'vais pas mentir, parce que c'est pas la fête à la maison et quand ça va pas le reflexe premier c'est de vouloir sentir les bras de la personne que vous aimez autour de vous. J'encaisse, je suis solide pour Sovahnn, je me protège aussi sans doute, mais je ne suis pas insensible pour autant. Loin de là même. Alors je sors, je fais la fête, je me noie dans l'alcool et le sexe, je vis tout simplement mais ça ne m'a pas empêché d'essayer de l'appeler. Une dernière fois, une dernière tentative, soldée par un échec et un énième message pas très aimable sur son répondeur. Quelques mots, c'est tout.

Tu fais chier avec tes silences.

« On fête ça en buvant un coup ? »

Sourire crispé, oui, mais sourire quand même. Histoire que ça devienne pas gênant, loin de moi l'idée de pourrir le groove de l'Empereur.

Ven 2 Oct 2020 - 18:58

« Si. Si, vraiment, je néglige. Tu dis ça parce que t'as pas les odeurs parce que crois moi y a rien de plus parlant. »

Les paupières qui se ferment, un rire chargé d’une sorte de dégout, pas sûr de vouloir comprendre ou savoir, Takuma se marrait, voilà tout, de cette conversation improbable.

« Merde j’vais arrêter de penser à elle, j’veux pas savoir quelle odeur j’ai. »

Il y a des gens auprès de qui tu dois pas avoir envie de traîner toi.
Et la colloc d’Alec doit être un sacré lieu de merde pour un lycan dis donc.

« Oh je sais. Me demande pas comment je m'en souviens pas mais j'le sais … Tout comme je sais que si t'es encore en vie aujourd'hui ça tient du miracle. »
« J’ai dû le dire. Ou alors t’as parlé avec les deux principales concernées. Et ouais, j’me balade à travers les balles. »

RAS, ça passe. Me demandez pas comment mais ça passe.

« J'ai embrassé les deux, d'ailleurs, en fait. »
« Ah, je connaissais qu’une partie de l’histoire. »

Aileen, évidemment. Parce que même s’il l’avait reléguée au même rang d’abandon complet que les autres ces derniers deux mois, elle restait sa meilleure amie et celle qu’il avait le plus côtoyé durant ces quatre dernières années.

« Et Jill a couché avec Kyle. La boucle est bouclée. Encore. »
« Tu crois que c’est normal ce côté baisodrome dans nos huis clos amicaux ? Parce que j’trouve qu’on est pas mal quand même. »

Et oui, ça aussi il le savait. Tout simplement parce qu’ils en avaient parlé tous les deux… et il se demandait même si ça n’était pas juste avant que tout ne dérape entre eux tient. Ou après ? Bon, bref, ils en avaient parlé.

« Fous-toi d’moi tient ! »
« Pas mon genre, enfin. »
« Disons ça ! »

Menteur.

« Toujours sympa de se faire des potes…. Ou des potes de potes. »
« Oui hein ? »

Est-ce qu’il venait de lui faire un check totalement débile et ironique ? Oui, tout à fait. Parce qu’après tout, merde. Soyons cons, ça fait du bien.

« Tu peux rajouter Jordane à la liste. »

Instant de bug, son regard se plantant sur lui, surpris. Ça c’est inattendu par contre.

« Ah ça j’l’attendais pas tient. »

Merde alors. Enzo et Jordane ? Pourquoi pas après tout. Est-ce qu’ils listaient leurs conquêtes ? Hey, et pourquoi pas. A un moment, ça fait du bien aussi de dire de la merde et de l’assumer. Tout le monde est consentant dans l’histoire ? Bon. Surtout qu’il connaissait Jordane et savait comme elle abordait ce genre de choses avec légèreté. Et puis, franchement, sa gueule quand il recevait cette nouvelle avait de quoi être collector, alors gardons ça. Un peu la même que celle d’Enzo quand il sous-entendait son rapprochement avec Caitlyn. Il se passe des choses improbables ces derniers temps. Entre gens qui ne se sont jamais vraiment cotoyés d’ailleurs.

« Hum, ouais, j'suis plus avec Will depuis 3 semaines, un mois. »

Ses mains retrouvaient le chemin de ses poches, le regard droit devant, léchant les bâtiments du petit port.

« Lui aussi il a foutu le camp du jour au lendemain sans laisser de trace, ça doit être un truc de Serdaigle. »

Un souffle amusé sous la pique.

« C’est d’bonne guerre. »

Il en connaissait une autre de Serdaigle qui était du genre à fuir au bout du monde en cas de problème. Et se demandait bien comment elle gérait ça, la mort de son meilleur ami. Comme quoi…. Ouais, ça doit être un truc de Serdaigle.

« Ouais Sovahnn m’a dit. Et m’a défoncé la gueule de pas avoir été là pour toi, au passage. »

Une forme d’excuses ? Ouais. Son regard accrochait le sien. Eh ben on est bien tient tous les deux.

« On fête ça en buvant un coup ? »
« Grave ! »

Un geste de tête et il désignait un bar pas loin, orientant leur marche.

« Du coup d’ici neuf mois, t’accouches d’un voyage improvisé au Japon et tu donnes pas signe de vie à ton tour ? »

Ouais, lui aussi en avait une qui s’était barrée sans donner de nouvelles.

« D’ailleurs j’ai reçu un texto de Dakota hier. Premier depuis quatre mois. Elle a appris pour Zach. Elle est paumée au Népal et ne peut pas venir soutenir Sova… et apparemment ya pas de réseau au Népal. »

Amertume ? Ouais, aussi.

« Désolé, c’est tombé au mauvais moment. J’aurais voulu être là. »

Une main sur l’épaule et ils entraient dans le bar, commandaient et repartaient avec leurs verres, s’asseyant un peu plus loin à une table isolée. Les réflexes ont la vie dure.

« Bon alors ! Mis à part parler de nos ex qui ont foutu le camp on ne sait où. Enfin si, au Népal du coup. » Qui va au Népal sérieux ? « Jordane, sérieux ? J’ai loupé toute une vie d’info en deux mois moi ou … ? »

Mar 6 Oct 2020 - 14:37

« Ouais Sovahnn m’a dit. Et m’a défoncé la gueule de pas avoir été là pour toi, au passage. »

Haussement d’épaules, l’air de dire : T’en fais pas. J’étais pas plus là pour toi, soyons honnêtes. Pas par indifférence, juste parce que … C’est comme ça, la vie, on ne fait pas spécialement ce qu’on veut et parfois certains trucs nous échappent c’est tout.

« On fête ça en buvant un coup ? »
« Grave ! »

Voilà, ça c’est mieux, et puis mon foie commence à être en manque.

« Du coup d’ici neuf mois, t’accouches d’un voyage improvisé au Japon et tu donnes pas signe de vie à ton tour ? »

Insérer ici un rire entre l’amusement et l’amertume, encore. Pour lui, pour moi, pour nous foutus sur le carreau du jour au lendemain comme si on n’avait jamais existés, comme si on n’avait jamais eu d’importance.

« J’pense que si ça doit arriver ça prendra plutôt la forme d’une mise à l’eau de mon rafiot et tchao la terme ferme. »

Mais est ce que je peux vraiment foutre le camp comme ça ? Là tout de suite, non. On verra bien dans neufs mois où en sera ma vie mais c’est clairement pas un truc que j’exclus. Je suis pas fait pour rester en place, je crois. J’ai jamais autant bougé que ces derniers mois, ces dernières années, parce que j’ai envie de découvrir le monde et que rester le cul posé sur une chaise ça ne durera qu’un temps. Je sais aussi avoir besoin de mon cocon, de mes repères, alors je suppose que je trouverai simplement l’équilibre entre la maison et le monde, peu importe où se trouve cette maison.

Au fond j'crois qu'la Terre est ronde pour une seule bonne raison : Après avoir fait l'tour du monde tout ce qu'on veut c'est être à la maison ▬ Orelsan

« D’ailleurs j’ai reçu un texto de Dakota hier. Premier depuis quatre mois. Elle a appris pour Zach. Elle est paumée au Népal et ne peut pas venir soutenir Sova… et apparemment ya pas de réseau au Népal. »
« J’aurai peut-être des nouvelles dans trois mois alors, je note. »

On a l’air fin là tous les deux, avec nos cœurs malmenés et notre sarcasme. Sauf que des fois ça fait du bien, alors merde j’ai envie de dire. Ouais, merde.

« Désolé, c’est tombé au mauvais moment. J’aurais voulu être là. »
« Pour me ramasser à la p’tite cuillère ? Ça n’a rien de très fascinant va. »

D’autres ont été là, quand j’ai arrêté de vouloir rester dans mon coin le temps de digérer – ou de faire n’importe quoi. C’est pas un concours, je sais qu’il aurait vraiment voulu être là mais pas une seconde je ne lui en veux. Manquerait plus que ça.

« Caitlyn a été aux premières loges au moment où j’me suis effondré, on va dire que c’est un travail d’équipe et que c'était son tour de jouer. »

Sourire taquin, un poil de charriage, on entre dans le bar pour aller s’installer à une table isolée près de la vitre. Entre mes paumes, un café. Besoin de ça pour rester éveillé, sans doute, mais c’est surtout le truc qui me fait envie là tout de suite.

« Bon alors ! Mis à part parler de nos ex qui ont foutu le camp on ne sait où. Enfin si, au Népal du coup. »

Toi au moins tu sais. Je ne l’ai pas dit, je l’ai pensé. Trop d’amertume, pas envie, ça fait chier. Get out of my fucking mind comme dirait l’autre.

« Jordane, sérieux ? J’ai loupé toute une vie d’info en deux mois moi ou … ? »

Nouveau rire.

« Je sais pas trop, je t’avoue que j’ai un peu perdu le fil et très honnêtement c’est pas tellement le cerveau qui fonctionne le plus actuellement chez moi. »

La bienséance, Enzo, la bienséance … Je l’emmerde la bienséance. On l’a bien emmerdé la nuit dernière, je crois que c’est peu de le dire et ça fait juste du bien. Tout ça ne durera sans doute qu’un temps mais je compte bien en profiter chaque jour qui passe. J’irai pas jusqu’à dire que ça me rend heureux mais c’est ce qui me permet d’avancer actuellement, de gérer ce qu’il se passe, de digérer cette rupture qui m’a pété à la gueule comme une bombe trop bien cachée. Comme pour un deuil je passe par plusieurs phases, plusieurs étapes, reste à savoir comment ça va se passer pour ce qui est de Zach. Pour le moment j’ai juste pas de place pour lui, je n’en ai que pour Sovahnn. Et pour moi.

De toute façon on le sait, que je débranche ou pas, que la tête s'arrête de tourner ou pas, c'est toujours le cœur qui parlera le plus chez moi.

« Mais, ouais. C’est venu comme ça et c’est cool, on s’entend bien, on s’amuse bien. Je crois que c’est de ça dont on a besoin tous les deux en ce moment alors pourquoi se priver j’ai envie de dire. »

Un sourire sur le visage, le regard rivé sur mon café que je fais tourner avec une petite cuillère sans trop y faire attention. Je crois qu’il y a un peu de pudeur derrière tout ça, surtout une réelle affection née un peu de nulle part mais qui se place naturellement dans mon décor.

« Je sais bien qu’elle prend cher, j’suis pas idiot ni aveugle, et moi … j’me retrouve projeté dans un truc qui me fout autant la trouille que j’le gère alors la soupape de décompression j’en ai besoin. »

J’suis pas en train de te qualifier toi de soupape, Galway Girl, mais je sais qu’on est sur la même longueur d’onde toi et moi.
Alors oui, ce mode de vie anarchique dans lequel je plonge à corps perdu n’a rien d’une chute, c’est juste un moyen de trouver un équilibre nécessaire. J’ai pas la moindre idée de ce que va donner l’avenir, je sais juste que Sova va avoir besoin de moi plus que jamais et pas une seule seconde j’envisage de ne pas être là. Maintenant, oui, mais aussi après. Hors de question que je joue un rôle qui ne m’appartient pas, c’est pas l’idée, mais les choses se placeront d’elles-mêmes et on fera comme on a toujours fait : On se débrouillera. Comme les deux oisillons tombés de leur nid qu’on est, qu’on a toujours été, qu’on sera sans doute toujours un peu.

Dim 11 Oct 2020 - 23:07

« J’pense que si ça doit arriver ça prendra plutôt la forme d’une mise à l’eau de mon rafiot et tchao la terme ferme. »
« Jsuis vraiment un fils de bourge moi à me barrer à l’autre bout du monde pour faire trempette dans une piscine grand luxe et à me faire une employée »

L’employée ? Ouais. La fan. Après Caitlyn. Bien après même, à vrai dire. Comme si la machine était remise en marche après deux ans de latence, après deux ans d’oublies, de négations des envies. Comme pour se rappeler à ses propres besoins, donner corps à ses envies. Avec quelqu’un qui admirait quelqu’un qui n’est qu’une image, une illusion lointaine ? Eh ben pourquoi pas hein ! Après tout, lui-même n’avait plus la moindre foutue idée de qui il était.

« ça donne assez envie le coup du rafiot cela dit. »

Un tour sur les flots, loin de la réalité du moment, loin des absences et du mépris. Loin des promesses rompues, de l’amitié gâchée, des sentiments explosés.

« J’aurai peut-être des nouvelles dans trois mois alors, je note. »

Une grimace. Autant de rancœur l’un que l’autre.

« Vu le peu de messages que j’ai depuis juillet… jsuis pas sûr qu’on puisse appeler ça des nouvelles. Surtout si ça implique un autre mort. »

Depuis Juillet. Et chaque fois qu’elle le contactait, elle faisait comme si tout allait bien. Comme s’ils étaient proches amis, comme si elle ne l’avait pas simplement largué, laissé de côté, dans la merde qu’il était, pour se barrer de l’autre côté du monde. Pour les lâcher, lui, mais aussi les autres du groupe afin de s’enterrer, seule, loin de la crasse et des deuils. Peut-être était-il simplement jaloux qu’elle ait eu le courage de tout larguer et de se protéger. Sans doute même. Jaloux de ne pas avoir fait le choix de partir avec elle. De quitter la terre ferme.

Soupir sec. C’est naze. Les deux ruptures le sont.

« Pour me ramasser à la p’tite cuillère ? Ça n’a rien de très fascinant va. »
« Bah je t’avoue qu’il y a d’autres petites cuillères vachement plus sympa mais j’te demanderai l’autorisation quand même avant, on n’est pas bourrins ! »

Quoi ? Avec de l’humour tout passe toujours mieux non ?

« Caitlyn a été aux premières loges au moment où j’me suis effondré, on va dire que c’est un travail d’équipe et que c'était son tour de jouer. »

Le petit rire amusé par la vanne s’était rapidement transformé en rire plus marqué, plus amusé tandis qu’il se noyait dans son liquide sombre.

« Ah ça, pour avoir bossé, elle a bossé. »

…

« Pas en petite cuillère MERDE, j’ai foiré la vanne. Rah putain ! J’étais à ça du truc parfait… mais non. »

C’est con. Faudra réitérer.
Ahem. Besoin d’espace, de se reconstruire. Conscience qu’elle s’emballe à voir un certain Jake. Non, on se calme mon Takuma, on se calme. Même si la blague est bonne je l’admets.
Et puis, tant qu’on est partis sur les vannes sous la ceinture, autant continuer…

« Je sais pas trop, je t’avoue que j’ai un peu perdu le fil et très honnêtement c’est pas tellement le cerveau qui fonctionne le plus actuellement chez moi. »

Un rire léger, amusé.

« Ouais je visualise assez. J’suis tenté de faire la même. » A retardement, oui. « T’façon, Jo te propose pas de bosser la théorie des cordes à priori si ? Donc bon…. » Tu entends ta propre phrase à double sens là ? « Ou alors d’autres usages des cordes quoi… »

Question : depuis quand t’es comme ça ? A faire ce genre de vannes ?
Merde. Là. Je sais pas. Je suis paumé, je ne sais plus qui je suis, je suis en roue libre, laissez moi tranquille en roule libre. On verra bien ressortira de ce foutoir.

Quelqu’un capable de s’envoyer en l’air dans la flotte en dessous de l’hôtel de ses parents et qu’importe si on les voit, déjà. Baiser et transplaner. Va savoir lequel était le pire.

Et puis après tout on s’en fout. Allez on dit ça. Juste un peu. On s’en fout.

« Mais, ouais. C’est venu comme ça et c’est cool, on s’entend bien, on s’amuse bien. Je crois que c’est de ça dont on a besoin tous les deux en ce moment alors pourquoi se priver j’ai envie de dire. »
« Mais clairement ! Pas besoin de se priver. Ça m’étonne juste. Comme quoi ya des rapprochements improbables ces derniers temps. »

Il les connaissait bien tous les deux sans vraiment s’y être attendu. Mais parfois, il y a des choses qu’il ne faut juste pas théoriser.

« Je sais bien qu’elle prend cher, j’suis pas idiot ni aveugle, et moi … j’me retrouve projeté dans un truc qui me fout autant la trouille que j’le gère alors la soupape de décompression j’en ai besoin. »
« Ouais, ils étaient proches. Plus que ce que j’ai vu je pense. Je sais pas ce qu’il s’est passé à Poudlard entre eux entre temps… ‘pas vraiment la plus grande bavarde qui soit. Mais ouais. De toute façon, si elle fait ça, c’est qu’elle en a besoin aussi. Et pour le coup, je la côtoie… yais tous les jours depuis quatre ans… et Jordane qui n’a pas intégralement envie de faire un truc ça se voit. Donc elle doit en avoir besoin aussi. D’autant qu’elle est décomplexée à ce sujet… »

Petite grimace amusée. Pas de jugements, hein, que ce soit clair. Juste de l’amusement face à ce comportement parfaitement assumé de sa propre sexualité qu’elle portait même en bannière par moments.

« Et puis franchement, la soupape, ouais, elle est nécessaire en ce moment. Alors on s’en fout. S’il y a bien un moment pour se sentir en vie c’est bien maintenant. »

C’est pas d’Enzo ni de Jordane dont tu parles.

« Les règles sont claires et vous êtes tous les deux conscients du truc donc… attention, phrase de vieux beauf : ya pas de mal à se faire du bien. Ouais, nan, ça sonne affreux. Oublie, j’ai pas dit ça, je retire. Mais on a l’idée. Et puis, en vrai, ça fait pas de mal de rencontrer des nouvelles personnes et de … tisser du lien avec. » Ouais tisser du lien ouais. « Y compris dans des draps. Ou ailleurs. » C’est chouette aussi. Ça change. C’est bon de changer.

Notons que je n’ai rien bu ni rien sniffer.

Dim 18 Oct 2020 - 21:12

« Ouais, ils étaient proches. Plus que ce que j’ai vu je pense. Je sais pas ce qu’il s’est passé à Poudlard entre eux entre temps… ‘pas vraiment la plus grande bavarde qui soit. Mais ouais. De toute façon, si elle fait ça, c’est qu’elle en a besoin aussi. Et pour le coup, je la côtoie… yais tous les jours depuis quatre ans… et Jordane qui n’a pas intégralement envie de faire un truc ça se voit. Donc elle doit en avoir besoin aussi. D’autant qu’elle est décomplexée à ce sujet… »

Une grimace de son côté, amusée, un sourire du mien. J'ai pas envie d'analyser tout ça, je veux juste le vivre, le ressentir, bouffer l'instant présent quand il se présente et sentir la brûlure de l'oubli de soi quand elle me consume. Avec elle c'est peut être un peu différent, sans doute parce que je la connais différemment, mieux d'une certaine façon, et qu'au delà de l'aspect sexuel j'ai surtout l'impression de la voir devenir une amie tout simplement. On ne se confiera peut être jamais nos plus intimes secrets, ça ne change rien au fait qu'on partage quelque chose, et que ça n'a pas forcément besoin de mots, d'échanges verbaux, pour s'exprimer et se consolider. On s'amuse, on ri, on fait trembler le monde parce que sinon quoi ? On s'écroule. Je ne peux plus faire ça, je ne veux plus.

« Et puis franchement, la soupape, ouais, elle est nécessaire en ce moment. Alors on s’en fout. S’il y a bien un moment pour se sentir en vie c’est bien maintenant. »

Quand le monde part en lambeau, que ce qu'il nous reste d'innocence s'étiole, que les cœurs se brisent et les morts s'accumulent. C'est sans doute ça notre arme la plus forte, la plus évidente, la plus essentielle surtout : Vivre. A s'en éclater le myocarde et se brûler les poumons. On fait ce qu'on peut, on fait au mieux, qu'est ce qu'on peut faire d'autre de toute façon ? On pourrait se battre, rejoindre les rangs des soldats, mais je sais pas toi … Moi j'ai trop donné. Surtout j'ai pas l'âme d'un guerrier, j'ai juste pas eu le choix quand il a fallu se battre pour survivre ou saigner pour sauver les autres, les épargner.

« Les règles sont claires et vous êtes tous les deux conscients du truc donc… attention, phrase de vieux beauf : ya pas de mal à se faire du bien. Ouais, nan, ça sonne affreux. Oublie, j’ai pas dit ça, je retire. Mais on a l’idée. Et puis, en vrai, ça fait pas de mal de rencontrer des nouvelles personnes et de … tisser du lien avec. »

Sur mon visage le sourire s'étire un peu plus, amusé.

« Y compris dans des draps. Ou ailleurs. »
« Ça te rend philosophe en tout cas. »

Parce que je suis pas sûr qu'on parle encore de Jordane et moi là, hum ? Jordane, Jody, d'autres … Non, y a pas de mal à se faire du bien c'est une certitude. Je ne sais pas combien de temps ça durera, je ne sais pas non plus qu'elle est la suite et je n'ai pas envie de me poser la question. Je n'envisage rien, je n'attends rien, je vis c'est tout.

« Non mais oui, c'est cool. J'ai rencontré d'autres Loups d'ailleurs, normalement je passe la prochaine Lune avec eux. Ça aussi ça fait du bien. »

Vraiment. Parce que c'est une part de moi que je peux essayer de partager avec mes proches mais la vivre avec ceux qui l'expérimentent aussi c'est autre chose. On se comprend, on ressent les choses de la même façon, même si j'apprécie les moments passés avec Caitlyn je sais que cette fois ça sera différent. Je ne sais pas vraiment ce que va donner l'arrivée de Ben dans ma vie mais le savoir dans le décor provoque chez moi un sentiment de confiance, un certain soulagement aussi. Je ne manque pas de personne vers qui me tourner en cas de besoin, mais il est le seul le Loup adulte et c'est là toute la différence. Encore dix jours à attendre et évoquer cette pleine lune me provoque des fourmillements partout dans le corps. De l'impatience, tout simplement. Il n'y a pas de moments où je me sens plus libre que lorsque je suis dans mon autre peau.

« Tu vas faire quoi ? Repartir ? Rester ? Continuer à tisser du lien dans des draps ou ailleurs ? »

Si je me moque ? Absolument. La question est néanmoins sérieuse.

Mer 21 Oct 2020 - 19:59

« Ça te rend philosophe en tout cas. »

Les lèvres pincées dans une pseudo grimace humoristique, Takuma s’affichait sceptique.

« Hm, non, pas plus que ça. » Sûr ? « Enfin si peut-être un peu. »

Ok, peut-être ne parlait-il pas tout à fait de Jordane là pour le coup, admettons-le. Mais rien d’aussi recherché que ça finalement. Simplement un besoin évident dans ses veines, celui de cesser de s’isoler, celui d’aller mieux aussi. Celui d’oublier, évidemment, celle qui lui avait déchiré le cœur en deux, n’en laissant que des lambeaux, sa confiance en prenant un coup, son égo parti nourrir les vers. Besoin de passer à autre chose, en fait. D’arrêter de l’attendre quand il était clair qu’elle ne reviendrait sans doute pas. Même pas pour Sovahnn, c’était dire. Et ça, il ne le comprenait pas vraiment. Ou alors peut-être débarquerait-elle. Etait-ce pour ça qu’il était ici ? Espérant la croiser au détour d’une rue ? Et que dire, que faire, si elle apparaissait soudainement face à lui ?

« Non mais oui, c'est cool. J'ai rencontré d'autres Loups d'ailleurs, normalement je passe la prochaine Lune avec eux. Ça aussi ça fait du bien. »
« Oh c’est vrai ?! C’est top ça ! ça doit te changer de l’école tient.. »

Bien sûr, il ne connaissait que ce qu’il avait lu dans les ouvrages et ce qui transparaissait des témoignages d’Enzo, mais il imaginait bien qu’il y avait là quelque chose de plus naturel et positif que de passer ses lunes seul… ou mal accompagné.

« Il y a des anciens dans le groupe ? »

Des anciens, oui, une façon étrange de poser la question mais il ne voyait pas quel autre terme utiliser. Bref, des personnes plus âgées, transformées depuis plus longtemps que lui. Enzo avait majoritairement dû apprendre à gérer seul, parfois épaulé, bien sûr, mais dans la globalité, une chose ressortait, depuis toutes ces années, il aurait pu être mieux encadré, par des personnes comprenant bien mieux que lui ce qu’il vivait et ce à quoi il devait avoir affaire. Alors ouais, que son ami puisse avoir ce genre de… pas de modèle, mais de références, ça le soulageait pour lui. Parce qu’on a tous besoin de pouvoir partager certaines choses avec des semblables, des gens qui puissent partager les mêmes expériences. Bonnes comme mauvaises. Soulagé, donc, heureux aussi pour lui, d’une certaine façon.

« Tu vas faire quoi ? Repartir ? Rester ? Continuer à tisser du lien dans des draps ou ailleurs ? »
« Ouh comme il se moque ! C’est bas ça ! Comme c’est vilain ! » Vraiment ? Non. Riait-il ? Oui. « Je vais… espérer qu’une certaine personne ne se pointe pas chez Sovahnn quand j’y suis. Sait-on jamais, le Népal c’est pas si loin si elle se trouve un poto capable de faire l’aller retour. » Oui, parce que tout le monde n’a pas la capacité physique de faire huit fois le tour du globe dans la semaine. « Et je vais sans doute rester un peu dans le coin pour gérer deux trois trucs. Genre éventuellement récupérer mon chien si Alec n’en a pas fait de la charpie. Accessoirement. » Alors ça, ça va être compliqué mon coco, je te préviens tout de suite, il le traîne partout où il va… sinon le bougre se démerde pour venir à pied de toute façon. Or côté discrétion, on a connu mieux quand une panthère vous colle aux basques. « Et sinon je vais repartir je pense. Mais me mettre à faire plus d’allers retours. Et arrêter de bouder aussi. » Bouder, oui, c’est comme ça qu’on appelle une dépression nerveuse profonde impliquant une dépendance nette aux stupéfiants. Mais ce genre de définitions est bien trop connotée pour une discussion légère. « Et… sincèrement ça serait sympa de continuer de tisser du lien ouais. J’me suis beaucoup trop isolé. Et puis de toute façon à un moment, je ne dois rien à personne. Entre l’une qui s’est barrée au Népal, l’autre en Nouvelle Calédonie* et le dernier dont j’ai rien à carrer… je vais surtout être là pour Sova, me remettre à passer du temps avec Jo et … » Caitlyn ? «… Et voir si d’autres veulent bien de ma trogne comme compagnie. » Genre toi.

Et oui, la Nouvelle Calédonie est le mot de passe pour Nouvelle Zélande, pour cause d’éviction d’indications claires sur la localisation précise d’Aileen. Avant de se prendre un Logan dans la gueule, c’est une précaution à prendre. Prochain coup on parlera d’Albanie Russe, Polonaise et Hongroise. Démerdez-vous avec ça.

« ça semble être pas mal comme projet. »

Un petit sourire et il terminait sa boisson. « Juste prendre du temps quoi. Et puis, ouais, vraiment, j’me rends compte que j’ai sacrément besoin de sortir. »… « Tu sais qu’Alec m’avait contacté une pute un jour ? C’était peut être pas si con que ça ! »

BLAGUE, humour ! Précisons !

Mar 27 Oct 2020 - 18:38

« Oh c’est vrai ?! C’est top ça ! ça doit te changer de l’école tient.. »

Pourquoi tu dis ça ? Parce que la première à m'avoir aidé et pris sous son aile est une animagus cannibale clairement affiliés à ces connards et qu'elle aurait sans doute pu me faire tomber du mauvais côté ? Parce que le taré qui m'a mordu m'a traqué, retrouvé, a menacé tous mes proches, tué le petit ami de l'une d'eux et que j'ai fini par lui briser la nuque avant de manquer d'y passer moi aussi ? Parce qu'Ever n'avait pas encore accepté et que Jakob malgré toute sa bonne volonté n'a jamais instauré entre nous un feeling évident ? Oui, sans doute.

« Il y a des anciens dans le groupe ? »

Pour toute réponse juste un hochement de tête exprimant l'affirmatif, et un sourire. C'est tout ce que je peux lui donner, tout ce que je veux lui donner aussi sans doute et ça n'a rien à voir avec un quelconque manque de confiance. Je crois que je suis juste pas prêt à partager cet univers, comme si je voulais le garder encore un peu pour moi. Et puis il est toujours là, planant, ce besoin de protéger les « siens » pour nous éviter à tous de finir dans une putain de cage. A la façon dont tourne le monde, avec ces meurtres qui ont un peu trop attirés l'attention sur les Lycans ces derniers mois, faut pas nous en vouloir de nous renfermer un peu sur nous-même.

« Tu vas faire quoi ? Repartir ? Rester ? Continuer à tisser du lien dans des draps ou ailleurs ? »
« Ouh comme il se moque ! C’est bas ça ! Comme c’est vilain ! »

I'm a bad guy, toi même tu sais.
Non.

« Je vais… espérer qu’une certaine personne ne se pointe pas chez Sovahnn quand j’y suis. Sait-on jamais, le Népal c’est pas si loin si elle se trouve un poto capable de faire l’aller retour. »

Vous la sentez la rancœur ? Parce que moi oui, super bien même, sans doute aussi parce que je comprends aujourd'hui bien plus clairement tout ce qu'il peut ressentir vis à vis de ça. Je peux complètement me mettre à sa place, je sais pas bien comment je réagirai si je tombais sur William comme ça sans prévenir. Est ce que j'en ai envie ? Je ne peux pas nier cette flammèche d'espoir à la con qui ne me quitte pas quand j'envisage qu'il puisse se pointer au mariage vendredi. Pas envie de passer cette journée spéciale à attendre comme un connard de voir si oui ou non il se décidera, oui ça me fait chier et oui ça m'emmerde. C'est la même chose ? Je vous emmerde.

« Et je vais sans doute rester un peu dans le coin pour gérer deux trois trucs. Genre éventuellement récupérer mon chien si Alec n’en a pas fait de la charpie. Accessoirement. »
« La dernière fois que je l'ai vu il avait l'air de bien se porter, j'pense honnêtement qu'il ne manque de rien. »

Que ce soit à la salle ou chez Alec et les filles, oui, tout ce que j'ai vu c'est un chien qui a l'air bien dans sa peau, plutôt content de son sort. Est ce que je pense à Will qui s'est barré sans Einstein ? Oui. Est ce que je pense trop à Will ? Oui. Bientôt un mois, va falloir commencer à décrocher mon pote. On va dire que c'est de parler avec Takuma qui me le colle à ce point dans les pensées. Ouais, on va dire ça.

« Et sinon je vais repartir je pense. Mais me mettre à faire plus d’allers retours. Et arrêter de bouder aussi. »

Une gorgée de café, un sourire, un regard. Bouder, hum ? Ouais, pour ça aussi on va dire ça. Juste, j'suis pas mécontent de t'avoir sous les yeux.

« Et… sincèrement ça serait sympa de continuer de tisser du lien ouais. J’me suis beaucoup trop isolé. Et puis de toute façon à un moment, je ne dois rien à personne. Entre l’une qui s’est barrée au Népal, l’autre en Nouvelle Calédonie* et le dernier dont j’ai rien à carrer… je vais surtout être là pour Sova, me remettre à passer du temps avec Jo et … Et voir si d’autres veulent bien de ma trogne comme compagnie. »
« Duh. Quelle plaie. »

Tu m'aimes.

« Ça semble être pas mal comme projet. »
« Ouaip. Je valide. »
« Juste prendre du temps quoi. Et puis, ouais, vraiment, j’me rends compte que j’ai sacrément besoin de sortir … Tu sais qu’Alec m’avait contacté une pute un jour ? C’était peut être pas si con que ça ! »

Est ce que je manque de m'étouffer avec mon café ? Oui. Difficile de ne pas éclater de rire même si sur le coup j'imagine qu'il n'a pas forcément eu cette réaction. Je vois sur son visage qu'aujourd'hui ça passe, que ça le fait marrer, mais vu les relations un poil tendues entre ces deux là … Disons qu'à sa place j'aurai pas forcément apprécié la blague sur le moment.

« Jordane envisage de refaire faire des cartes d'identités pour un peu tout le monde, dont lui. J'ai déjà mis une option pour choisir son identité. Je t'appelle ce jour là et on voit ça ensemble. »

Coalition ? Non. Fraternité mon ami.

« En tout cas pour ce qui est de sortir je suis ton homme. J'suis probablement en train de cramer une partie de mon capital vie mais comment dire … »

Tu t'en fous ? Pas aussi extrême, mais on aura compris l'idée. Autant kiffer un peu avant que d'autres viennent danser sur nos tombes. Demain c'est l'un de nous qu'on va voir disparaître en terre, encore, alors j'estime qu'en tant que nouveau largué – oui ça n'a rien à voir, je sais – c'est à moi de l'entrainer sur ce qu'il n'a pas pris le temps d'expérimenter quand ça a été son tour.

« J'suis content que tu te sois pointé. »

Vraiment. Séquence émotion ? Réalité, c'est tout.

Mar 27 Oct 2020 - 22:00

Autant rire non ? Même si c’est compliqué en ce moment, même s’il faisait par moment de véritables montagnes russes, Takuma cherchait à sortir la tête de l’eau, à se poser de nouveau, à avancer, à faire de son existence quelque chose de sain. Pas simple de se sortir de là, d’extraire son esprit de la boue infâme qui l’étouffait. Mais il essayait, réellement, profondément. Et voir du monde, surtout ceux qui comptaient, aidait réellement. Alors oui, autant rire. Et pour le coup, si la situation avait du mal à se détendre entre lui et Alec – et qu’il n’y était pas tout à fait étranger, certes – il fallait avouer une chose : en tant que troll, celui-là en tenait une couche ! C’était donc avec un grand sourire très fier de lui que Takuma voyait Enzo manquer de s’étouffer avec son café. Voilà, ça c’était cadeau. Et son rire étant communicatif, il lui prit tout aussi bien la gorge, joyeux.

« Jordane envisage de refaire faire des cartes d'identités pour un peu tout le monde, dont lui. J'ai déjà mis une option pour choisir son identité. Je t'appelle ce jour là et on voit ça ensemble. »
« Nooon !? Oh tu m’parles là ! T’es un bon toi ! » Bien joué ! « Ou elle… ou les deux. » Bref, vous gérez !

Et cet air de sale gosse venait ramper sur ses traits, les étirer en cet air enfantin qu’il portait si souvent il y a pourtant seule quelques longs mois. Un an ? Enfin ! Peut-être timides, peut-être insistants, toujours était-il que son espièglerie pointait de nouveau le bout de son nez et que ça, c’était plutôt bon signe.

« Oh je sens qu’il y a moyen de s’amuser… On va lui trouver un truc sympa ! »

Oh que oui, il n’en doutait pas. Ce dont il ne doutait pas non plus, c’était de cette amitié, pourtant … boudée ? Ok, le terme qu’il avait utilisé n’était absolument pas le bon, mais il avait au moins le mérite d’alléger un peu les choses. Vous savez ce qu’on dit sur les vrais amis ; il suffit de les recontacter, qu’importe le temps passé sans les voir, finalement… rien n’aura vraiment changé. Comme si c’était hier hein ?

« En tout cas pour ce qui est de sortir je suis ton homme. J'suis probablement en train de cramer une partie de mon capital vie mais comment dire … »
« Ouais.. j’ai l’idée générale. »

Autant en profiter avant de finir dans la tombe ?
Sur son épaule, son démon personnel aimait cette réflexion, lui susurrant de lâcher la bride, de laisser tomber ses refus successifs, de bouffer la vie, et qu’importe la violence de la chute.

« J'suis content que tu te sois pointé. »

Un sourire, presque tendre, s’attardait un instant sur ses lèvres avant de terminer son café.

« Bon ! Bah du coup c’est pas l’tout mais go ? Je t’offre un verre .. Dans un endroit un poil plus fréquenté parce que c’est pas comme ça que j’vais tisser du lien moi. »

Est-ce que j’entends déjà Caitlyn dans la box avec ses « wut ?! » : oui.

« J’suis content d’être là aussi. »

Rien que quelques mots, accoudés à un bar avant de se retourner, repérer deux jolies filles… et tenter l’coup.

« J’retiens qu’il aura fallu plus de six ans et une soirée avec toi pour refaire un truc comme ça. Comme quoi les baisers en sous sol ça amène à tout… »

Vous avez déjà vu How I met your mother ? Bah Takuma, oui.

« Salut ? J’te présente Enzo. »

- The End ? -