There's something about the woods - Azalea (& Margo)

Lundi 7 mars 2016, fin d’après-midi.

La journée au 999 venait de se terminer. Il devait rejoindre Margo un peu plus tard pour faire une petite balade dans la verdure à quelques kilomètres (dizaines de kilomètres ?) de Londres. Peut-être qu’elle lui préparait un coup fourré comme elle était spécialiste, mais il fallait bien dire qu’il aimait bien ça. Un peu d’imprévisible dans ses journées du moment que ce n’était pas trop, ça lui allait. Tout était loin d’être simple, et il se félicitait bien souvent de n’avoir pris d’un travail à temps partiel, cela lui permettait de remettre doucement le pied à l’étrier sans trop se stresser, d’avoir des moments où il recommençait à ne pas arriver à quitter son foutu lit. Mais il progressait et c’était probablement le principal, n’est-ce pas ? Probablement pas assez vite à son goût, mais on ne peut pas reprendre une vie normale de suite après avoir passé 6 ans à côté de détraqueurs.

Il avait trainé un petit moment sur le chemin de travers, achetant un truc à manger pour lui, mais aussi une petite pâtisserie pour Margo tout à l’heure. Même si elle n’était pas comme Klara et qu’on ne pouvait pas l’acheter avec de la bouffe, c’était censé être un truc qui faisait toujours plaisir non ? Il soupira doucement en pensant à son ex, l’autre blondinet bodybuldé devait bientôt revenir ce qui signifiait qu’il ne pourrait plus faire ses petites escapades clandestines chez Anderson. Comment est-ce qu’ils allaient pouvoir se revoir sans que cela pose un souci, c’était bien là toute la question ; il ne pouvait pas dire qu’il ne comprenait pas son mari à sa Klara, c’était normal qu’il doute, qu’il soit jaloux ou autres. Et probablement, même qu’il avait bien raison de le faire… mais cela n’arrangeait clairement pas ses affaires. Il allait devoir encore étudier la question mais pour l’instant il n’avait pas franchement eu d’illuminations. Son portable vibra dans son sac, il le prit rapidement pour jeter un coup d’œil. Il venait d’Esteban. Allô, la Terre ici la Lune. Tu as réfléchi à ce que j’tai proposé ; si j’arrête de voyager, on pourrait se refaire une coloc, non ? Il insistait, le bougre, en même temps il n’était pas certain d’avoir fourni une vraie réponse claire et il ne savait pas trop quoi dire. Neo et Margo lui avaient déconseillé en quelques sortes ; et lui était mitigé. Il savait d’ores et déjà que ça risquait de mal finir, par ce que lui était toujours beaucoup trop accro à Esteban et l’inverse n’était pas franchement vérifié. Mais, comme disait Margo « tu es pire qu’un camé avec son rail de coke ». Il ne pouvait malheureusement pas le nier. Ma réponse et mes arguments sont toujours les mêmes Este. On en reparlera lorsque ça sera le cas. Il ne pouvait pas faire mieux, par ce qu’au fond de lui, il avait juste envie de dire oui. Mais tout comme il ne pouvait pas tirer une croix sur le brun, il ne pouvait pas non plus oublier Klara, elle aussi, il l’aimait toujours. Et les deux ne pouvaient plus se piffrer. Bienvenue au royaume des Ploucs, où il était le roi des imbéciles et des indécis. Déjà que gérer une situation amoureuse dans son cas c’était compliqué, mais alors deux. Ce n’était pas du chichi, ce n’était pas de faux arguments, même si souvent les gens ne comprenaient pas bien ça. Il les aimait sincèrement tous les deux, il n’y avait pas d’explications. Depuis le temps, le terme de polyamour avait pris un peu plus de sens aux yeux de la population mais pour beaucoup cela ressemblait toujours à une aberration, à des excuses. Foutaises, ils ne savaient pas. Ils ne comprenaient pas.

Alors, il s’était dirigé vers le lieu de rendez-vous en se contentant de transplaner dans un endroit où il n’y avait pas âme qui vive comme moldu généralement. Il était encore un peu à l’avance, mains dans les poches, il avait donc avancé un peu dans la forêt jusqu’au moment où un bruit attira son attention, il n’osa pas prendre sa baguette, par ce qu’il aurait l’air sacrément con s’il se retrouvait nez à nez avec un Moldu, même si le coin choisi était généralement plus choisi par les sorciers –probablement par ce qu’il y avait aussi un protection magique à cet endroit ais au cas où…-. Il tourna une fois sur lui-même à la recherche de l’origine du bruit, prêt à dégainer sa baguette. Puis il remarqua quelques gouttes de sang au sol.

«Hey, tout va bien ? »

Bien sûr cela pouvait aussi provenir d’un animal, mais bon si c’était une bestiole on ne lui répondrait pas.

Lundi 07 Mars 2016

*CRAC*

Azalea s’écroula, un genou à terre.
Le souffle court, une main sur son épaule gauche, le sang s’écoulait de sa bouche alors qu’elle tentait de reprendre ses esprits. Bon sang d’impurs ! Bon sang de Margo Beaumont !
La douleur était vive et lui irradiait tout le bras, jusqu’au milieu du dos et de la nuque. Les dents serrées, elle sortit sa baguette de la poche intérieure de sa veste de cuir. Une grimace déchira son visage. Son épaule était démise et son flanc gauche était touché. Elle sentait la brûlure, la déchirure de la peau si familière ; ce n’était pas sa première coupure profonde. Les sorts lancés avec une vitesse presque vipérine par la sorcière blonde ne l’avaient pas raté. Elle avait bougé, elle aussi, assez rapidement pour qu’ils ne l’atteignent pas en pleine poitrine mais les blessures auraient été inévitables. Les réflexes de sa forme animale l’avaient aidé à échapper au pire et la panthère avait déguerpi comme une flèche, avant que ce ne fut sûr de reprendre forme humaine et de transplaner.

Elle n’avait pas transplané très loin, mais assez pour savoir que ce coin-là était peu visité et que Margo devait être toute occupée à prendre soin de la victime qu’Azalea n’avait pas eu le temps d’achever. Un moldu, un jeune homme pommé qui semblait avoir fugué de chez lui et décidé de camper ici. Ça n’aurait pas été une grande perte. Non seulement c’était un être inférieur, mais en plus il n’était pas même capable de rester dans sa propre famille. Une vermine, déjà lâche de base, mais encore plus faible dans ces circonstances. Pourquoi sauver une chose aussi misérable ?

Azalea se releva doucement, gémissant entre ses dents sous la douleur. Elle s’appuya à un rocher et fit quelques pas, elle avait vu de l’eau pas loin. Un petit ruisseau qui serpentait entre les arbres. Elle tomba au bord de l’eau, essoufflée. La baguette pointée sur son épaule, elle lança un sort qu’elle connaissait bien et qui fit effet tout de suite. L’épaule fit un claquement sonore. La sorcière se recroquevilla un instant, le temps que la souffrance s’évanouisse, un peu. Posant sa baguette à côté d’elle, elle mit les mains dans l’eau pour se laver du sang et de la terre qui les recouvraient. Elle fit une coupole avec ses mains et amena de l’eau du ruisseau jusqu’à son visage, jusque dans sa bouche. Puis, reprenant sa baguette sur laquelle elle passa un peu d’eau pour la laver elle aussi, elle s’apprêtait à enlever sa veste pour examiner les coupures qu’elle avait sur ses cotes...quand un *CRAC* se fit entendre. Elle se figea. Sa main s’agrippa à sa baguette.

Elle se jeta un sortilège pour nettoyer ses vêtements ; histoire d’être sûre que toute trace de sang soit partie. Puis, se releva droite comme un piquet. Sa peau la tiraillait, elle sentait du sang couler sous son haut qui poissait contre son ventre. Sa veste de cuir noir, si longue qu’elle lui arrivait presque jusqu’aux chevilles, dissimulait un peu son flanc et ses vêtements noirs ne semblaient pas laisser voir de quelconque trace. Elle prit une grande inspiration, il faudrait redoubler d’efforts pour ne rien laisser voir de sa souffrance. Non loin d’elle se dessinait une silhouette d’homme. Elle ne le reconnut que lorsqu’il parla.

Mais bien sûr, il ne manquait plus que ça...Azalea leva les yeux au ciel, agacée par les mécanismes de l’univers. Des semaines qu’elle espérait avoir une conversation avec Gary et le voilà qui lui tombait tout droit dans le bec au pire moment qui soit. Y a des journées comme ça…
Elle apparut d’entre les arbres, et transforma une grimace en un sourire doublement faux.

« Tu parles tout seul Gatiss ? fit-elle. Décidément, Azkaban ça rend fou... »

La sorcière fit quelques pas vers lui, un peu chancelante. Elle rangea sa baguette et regarda autour d’eux.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Besoin du grand air ? »

Elle faillit lui demander si sa cellule ne lui manquait pas trop mais elle se retint. Mieux valait être la plus aimable possible en ces circonstances. Chose qui n’était pas aisée alors que son flanc était en feu tant il lui faisait mal. Ce devait se voir un peu dans ses yeux bien qu’elle fit tous les efforts nécessaires mais la douleur avait cette particularité de rendre les gens un peu fiévreux. Arrivée plus proche de lui, elle remarqua que sang par terre qu’elle y avait laissé. Changement de plan.

« Tu n’aurais pas vu un sanglier passer par hasard ? Cette satané bestiole m’a échappée de justesse mais elle n’ira pas loin, sois en sûr. Elle m’a par contre laissé avec un souvenir, ajouta-t-elle en regardant le sang. Mais rien de bien méchant. »

On ne pouvait pas dire qu’il était franchement très rassuré ! Punaise, pourquoi est-ce qu’il sentait que le karma allait encore jouer des siennes ? Ce genre de chose ne préconisait jamais rien de bon, mais ce n’était pas une raison pour sortir sa baguette, pas tant que la possible menace soit identifiée, cela lui éviterait de possibles ennuis. Oui, voilà c’était mieux. Il ne pourrait pas il y avoir de nouveaux incidents. Il avait donc essayé de se diriger vers le possible bruit, vers l’endroit où les tâches de sang pouvait le mener. Stupide ? Probablement. Et elle apparut, elle qu’il n’avait pas envie de voir. Il n’était pas spécialement rassuré non plus : eux deux, seuls dans une forêt. Génial. Karma de merde. Est-ce qu’il devait avoir peur d’elle ? Probablement. Seulement, malgré ce sourire, malgré cette première phrase qui lui fit lever les yeux au ciel il voyait bien qu’elle était chancelante qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme. Tiens donc, intéressant. Petit sourire en coin qui naissait au creux de ses lèvres. Elle voulait être vache, il pouvait l’être aussi, sans aucun souci, même s’il devait éviter de trop merder.

«Moi au moins je ne me terre pas comme un animal blessé. » souffla-t-il doucement, et encore il ne savait pas quelle était animagus sinon ça aurait été vraiment pu être une bonne blague dans la part de réalité.

Temps de silence. Ils avaient le temps, lui probablement beaucoup plus qu’elle et il avait envie d’en profiter un peu. Pour une fois. En fait, son karma n’était pas si mauvais aujourd’hui contrairement à ce qu’il avait cru au début.

« Contrairement à toi, je m’inquiète pour mon prochain, j’ai vu du sang au sol, je voulais vérifier que tout allait bien, au risque de parler à une créature, un animal quelconque. Mais il est vrai que l’empathie n’est pas un mot que tu connais, contrairement à ce que tu crois, ce n’est pas un signe de faiblesse bien au contraire c’est une force.» Temps de silence. « Et comme tu le vois, je suis toujours debout.»

Et comme dirait Renaud « Toujours vivant, rassurez-vous, Toujours la banane, toujours debout
J'suis retapé, remis sur pieds , Droit sur mes guibolles, ressuscité ». Voilà. Ca c’est dit.

« Et comme tu le vois, je suis en train de cueillir des pâquerettes et quelques baies pour mon repas du soir.» Question qui ne la regardait pas, réponse donc totalement débile. « Toi visiblement tu n’es pas là pour une promenade de santé !»

Il allait lui proposer de regarder sa plaie, il avait quand même commencer ses études en médicomagie vu que c’était une amie de Klara et que malgré tout il n’était pas un mauvais bougre du moment qu’on ne dépasse pas certaines limites… seulement elle avait repris la parole, lui faisant hausser un sourcil.

« Tu chasses le sanglier, comme ça avec ta baguette ?» demanda-t-il dubitatif. « Plus sérieusement, laisse-moi voir ta blessure avant de tomber dans les pommes. Par ce que je veux bien essayer de regarder ce que tu as et de faire avec les moyens du bord, mais si tu tournes de l’œil tu peux toujours rêver pour que je te fasse du bouche à bouche. » sourire sarcastique. « Quoique ça serait une bonne manière de t’achever. T’en ferais peut-être une crise cardiaque. Intéressant choix.»

Elle était dangereuse, il le savait, mais moins que d’habitude, et puis il n’avait pas envie de vivre dans la peur. Il perdrait probablement dans un combat contre elle, mais ça serait ainsi. Il pourrait probablement aussi l’amocher. Il verrait suivant ses réponses comment il devait se comporter, pour l’instant ça serait le jeu du plu con. Et il se débrouillait bien là-dedans.

La douleur lui brûlait la chair.
C’était ce genre de douleur diffuse, qui n’était pas aussi vive qu’une fracture mais qui pesait davantage sur les nerfs. Elle se réveillait à chaque fois que la sorcière bougeait, la peau étirant la plaie. Comme Gatiss avait raison de parler d’animal blessé...il n’en savait rien mais il avait mis le doigt sur quelque chose de crucial. Quelque chose qui la représentait parfaitement en cet instant. Elle fit une grimace, le visage tiré par un mélange de rage et de souffrance. Un petit rire moqueur l’agita.

« Méfies-toi Gatiss...siffla-t-elle. Il n’y a rien de plus mauvais qu’un animal blessé. C’est un coup à se faire mordre jusqu’à l’os alors ne te réjouis pas trop vite. »

La menace était plus lourde qu’il ne le réaliserait sûrement. Mais il n’y avait pas plus vrai. La douleur la rendait mauvaise et c’était bien pour cette raison que la présence du sorcier était regrettable. Cela faisait un moment qu’elle espérait être en tête à tête avec lui, pour parler posément de quelque chose d’important qui lui tenait à coeur. Une conversation où elle aurait du faire preuve de sang froid, de calme. Les circonstances d’aujourd’hui n’étaient sans doute pas réunies pour cela, mais elle ferait au mieux. Qui savait quand l’occasion se représenterait ?

Azalea tiqua quand il commença à s’auto-congratuler. Tant de mots qui menaçaient de lui échapper...tant d’insultes, de gestes qu’elle réprimait.

« Tu t’inquiètes pour ton prochain...répéta-t-elle d’un ton ironique. »

Elle grimaça. Mais pas de la même douleur qui tiraillait son ventre. Il lui parlait d’empathie ? Bah voyons ! Le meurtrier de Saïd qui lui faisait la leçon...Il s’en fallait de peu qu’elle lui déchire la gorge à coup de griffes et de crocs. C’est tout ce qu’il mériterait, tout ce qu’il devrait recevoir pour l’acte ignoble dont il était responsable. Au diable, cet « accident » ! Il avait tué l’un des leurs ! Pourquoi fallait-il faire comme si c’était lui la victime ? Pourquoi fallait-il prendre sur soi pour ne pas rafraîchir ce visage de chien battu ? La réponse s’imposa d’elle-même dans son esprit. Klara. C’était pour elle, et seulement pour elle, que Gatiss n’était pas déjà en train de dire au-revoir à ses bijoux de famille – entre autres choses.

« Oui, ça je le vois que tu es débout, rétorqua-t-elle comme un reproche, lui renvoyant un regard si noir qu’il aurait pu lui lancer des éclairs en pleine face. Azkaban devient trop souple. Ils relâchent vraiment n’importe qui. »
Elle n’avait pas pu s’en empêcher alors même qu’elle savait qu’il aurait mieux valu serrer les dents et respirer un bon coup. Son ironie ne fit que lui faire flamber les veines encore un peu plus ; évidemment qu’elle n’était pas là pour une promenade de santé. Pourquoi fallait-il qu’il soit plus agaçant de seconde en seconde ? Encore que...c’était toujours drôle de voir un imbécile jouer au plus intelligent. Il y avait comme une erreur de casting.

« Je chasse le sanglier comme une sorcière, avec ma magie donc. Je ne suis pas une moldue. J’ai mes propres armes. Du reste, ce n’est pas une blessure profonde et cela me ferait davantage souffrir de recevoir ton aide. »

La haine et le mépris suintait de ses paroles comme de l’acide sur la peau, faisant fondre tout sur son passage. Elle s’appuya contre un rocher et s’humecta les lèvres.

« Tu la vois souvent ? dit-elle de but en blanc. »

Elle parlait de Klara, il le comprendrait sans mal. Et il y avait probablement des moyens plus doux d’amorcer la conversation mais Azalea s’en sentait incapable aujourd’hui. C’était la première fois qu’elle le voyait depuis le soir où Saïd était mort, et la rage qu’elle avait appris à enfouir semblait resurgir sans laisser de chance à toute tentative de dialogue. Il fallait essayer pourtant.

« J’imagine que tu prétends l’aimer encore... »ajouta-t-elle.

Oui, il prétendait. Parce que ce n’était pas possible pour elle qu’il l’aime vraiment, pas possible qu’il ait été si égoïste, si imprudent s’il l’avait ne serait-ce qu’aimer pour de vrai. Ou alors, c’était ça l’amour ? Enfoncer l’autre, lui prendre tout ce qu’il avait, lui faire mal, le trahir… Si c’était ça, Azalea n’en voulait pas.

Il haussa un sourcil, avant d’afficher un léger sourire en coin à ses paroles. Est-ce qu’elle cherchait à lui faire peur ? Probablement. Est-ce que cela marchait ? Elle aurait probablement pu faire mieux, c’était même certain ! Mais finalement, comme seule réponse elle eut droit à un petit, très léger rire de sa part qu’elle prendrait probablement comme pire affront que le reste, qu’une réplique stupide. Oui, ça c’était pire, c’était peut-être plus provocateur, du moins il l’espérait, il avait perdu un peu certaines notions là-bas. Et il avait continué, à parler disant quelques vérités, rien que pour l’irriter.

« Je te rappelle que j’ai été inculpé pour légitime défense.» Et si les yeux de son interlocutrice lançaient des éclairs, les siens aussi. «Mais il est vrai que j’aurais peut-être dû le laisser me tuer ; et qui sait ce qu’il aurait fait la prochaine fois à Klara sous le coup de la rage, s’il l’a frappée une fois… » Temps de silence. « Je ne sais pas ce que tu sais exactement, mais elle avait un œil au beurre noir. Personne n’a…..vait le droit de lever sur elle. 6 ans pour avoir voulu la protéger, c’est beaucoup, vous pensiez me briser vous l’avez dans l’os.»

Petit rire sarcastique. Au fond c’était faux, totalement faux, mais il ne voulait pas la laisser voir cette facette, il ne voulait pas qu’elle sache que c’était loin d’être aussi simple, qu’ils avaient en parti gagné. Il ne les laisserait pas gagner, ils lui avaient déjà trop pris pour rien, ou plutôt pour un accident malencontreux d’un type qui voulait protéger sa nana et sa propre vie, d’un type à moitié assommé et qui aurait pu crever au prochain coup. Mais oui Saïd était un saint, un pauvre martyr victime d’un vilain sang de bourbe, il en aurait presque craché par terre de haine, de dégoût.
Elle y tenait à cette chasse au sanglier, sans trouver ça étrange, lui franchement ne comprenait pas le plaisir que l’on pouvait y prendre à massacrer un pauvre animal comme ça … mais soit ! Sa dernière phrase sur son aide le fit sourire.

« Comme tu veux, mais n’oublie pas que tu as refusé mes soins si jamais ça s’infecte et que tu finis hospitalisée.»

Haussement d’’épaules jusqu’à ce qu’elle pose la prochaine question, il fronça un peu les sourcils avant d’hausser un sourcil. S’il la voyait souvent… et la question suivante lui soutira un faible rire. Il s’approcha d’elle, jusqu’à être à quelques centimètres d’elle, il savait que c’était peut-être dangereux pour lui mais il osait, par ce que si elle avait déjà voulu lui faire du mal, elle l’aurait fait. Son amitié pour Klara devait beaucoup jouer là-dedans, alors autant faire ce qu’il ressentait dans ses tripes. Et il braqua son regard bleu dans celui de l’autre sorcière, histoire qu’elle comprenne qu’il ne mentait pas.

« Je ne vois pas en quoi ça te regarde, ma relation avec Klara. Mais non, on ne se voit pas souvent ; et je ne prétends pas l’aimer, je l’aime réellement. Mais je doute que tu saches ce que c’est d’avoir autant quelqu’un dans les veines que je l’ai elle.» Et Esteban, mais ça il se garda bien de le dire. «Par ce que si j’ai tenu là-bas, c’est grâce à ces souvenirs. Je ne l’ai jamais oubliée. » temps de silence. « Et vu que je pense que ça sera ta prochaine question, tout ce que je veux c’est son bonheur, et si ce n’est pas avec moi, c’est comme ça.»

Mais si c’était avec lui, il ne se gênerait pas. Il ne fallait pas oublier que lui, elle avait choisi d’être avec, et pas son mari actuel. Loin des yeux, loin du cœur, mais aujourd’hui, qu’est-ce qu’il en était réellement ? Qu’est-ce que l’avenir pourrait leur réserver.

« Et je la respecte probablement beaucoup plus que tous les hommes de votre cliques, dont la plupart ne voient en une femme que le sexe faible à qui on peut ordonner. Est-ce un crime punissable par la loi, Azalea ?»

Réelle question, cette fois pas d’ironie. Et il ne voulait pas dire par la Loi avec un grand L, mais par la loi façon de la jeune femme, celle qu’elle avait dans le crâne.

Azalea n’était pas sûre mais il lui semblait bien que Gatiss avait cette particularité de lui faire flamber les veines plus vite qu’un Warren ou qu’un Alec. Même en étant blessée, dans une position délicate, la sorcière ne rêvait que d’une chose : de faire fermer sa bouche à ce chien battu qui continuait pourtant de remuer la queue d’un air satisfait. Comme elle voulait le faire taire une bonne fois pour toute ! Et comme elle détestait cette relation qu’il avait avec son amie qui valait bien 50 Gary et 100 Esteban réunis ! Elle ne comprenait pas davantage aujourd’hui ce lien qui les unissait et l’acceptation était toujours aussi lointaine, toujours aussi improbable. Pourtant, elle était prête à faire des efforts, à prendre sur elle, à passer outre les visites que lui donnait Gatiss. Mais rien n’y faisait...de les savoir ensemble lui donnait la nausée.

« On est d’accord sur un point : tu aurais du le laisser t’ôter ta misérable petite vie. Rien de tout cela ne serait arrivé si tu t’étais éloigné de Klara, si tu avais vu à quel point tu bouleversais sa vie. Quant à tes...accusations... tu ne sais RIEN, cracha-t-elle hargneusement. Saïd était un vrai sorcier, il était dix fois l’homme que tu es. Ne t’avises pas de le dénigrer. »

Il y avait des choses qui s’expliquaient par une logique infaillible et d’autres...qui relevaient davantage de l’instinct, d’un besoin presque animal de protéger une vision idéale de l’autre. Et c’était exactement ce qui se passait pour Azalea lorsqu’elle pensait à Saïd. Ce frère qui n’était pas le sien mais qu’elle aurait voulu avoir, ce frère sur lequel elle avait reporté tous ses besoins, tous ses espoirs, toute son affection à défaut de pouvoir le faire avec le sien. Ce n’était pas un hasard si la sorcière ne pouvait entendre encore aujourd’hui que Saïf fut un jour violent avec Klara : on ne souffrait pas deux fois de la même trahison sans se débattre, sans espérer échapper à cette réalité qui tordait les tripes. L’histoire qui se répétait...il n’y avait rien de plus triste, de plus douloureux de se voir tromper par deux fois de la même manière. Encore que Saïd et Samuel ne pouvaient être comparables ; il y avait pourtant toujours trop de similitudes pour qu’Azalea ne puisse être objective. Saïd ne pouvait être ce frère violent. Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait l’entendre. Pourquoi voulait-on lui enlever cette image toute lisse de ce frère qui n’était pas le sien ?

« Je préfère mourir d’une infection que d’être aidée par toi...mieux vaut crever que d’accepter l’aide d’un fils de chien dans ton genre. »

Elle pensait chaque mot. Bien qu’elle n’était pas à l’article de la mort, Azalea aurait davantage souffert d’être soignée par Gatiss que d’une blessure non-guérie. En outre, la rage la maintenait debout, l’esprit clair et vif pour haïr avec violence celui qui lui faisait face.

« Les relations qu’entretiennent mes amis me concernent toujours, justement parce qu’ils sont mes amis et que l’on veille les uns sur les autres. Un concept qui t’échappe sûrement. Et que sais-tu de ma vie ? Que sais-tu de ce qu’il y a dans mes veines ? Assurément ce qui s’y trouve est bien plus noble que dans les tiennes. Si tu voulais vraiment son bonheur, tu ne serais pas là. Et je m’en cogne de ce qui t’a fait tenir dans ta putain de cellule Gatiss ! Je devrais te plaindre c’est ça ? Pauvre petite merde qui a laissé Klara en deuil, pauvre petit orphelin dont personne ne veut et qui s’est retrouvé en prison pour un crime qu’il a commis, pauvre lâche qui n’est même pas capable de condamner Esteban parce que lui avait le choix de rester et d’assumer ce merdier mais il a préféré se barrer sans donner de nouvelles ! Si tu avais vraiment les couilles d’aimer Klara comme il se doit, tu retrouverais ce chien et tu lui servirais sur un plateau ! »

Les mots sortaient de sa bouche à vive allure. Tout ce qu’elle taisait d’ordinaire semblait s’évader avec une brutalité trop forte pour être réfréner. Elle était dégoûtée. L’amertume lui poissait la bouche, elle en aurait vomi tant cela la rendait malade de le voir se trouver des excuses. L’amour, tu parles ! Justification de merde ! Un faible. C’était un faible, c’est tout.

« Mais non...tu ne vaux rien. C’est ça la vérité. Tu ne vaux pas mon amie et elle est trop aveuglée pour t’arracher les yeux. Moi je sais et tu me donnes la gerbe. »

Elle avait dépassé depuis longtemps le stade où les tentatives de persuasion pouvaient être possibles. Abandonné le plan de le convaincre d’arrêter de voir Klara ! C’était trop fort ce qu’elle ressentait en cet instant, trop violent pour faire preuve de diplomatie.

« Tu me fais bien rire...siffla-t-elle, venimeuse. Te voilà bien prompt à critiquer les hommes de familles bien plus pures que la tienne...tu ne sais rien de notre monde et même, je choisirai volontiers une poignée de sangs-purs misogynes plutôt qu’un sang-de-bourbe qui croit avoir de l’honneur. »

Dans d’autres situations, cette conversation n’aurait pas eu lieu. Dans d’autres circonstances, Azalea aurait déjà fondu sur son ennemi pour lui arracher ces cordes vocales, déchirer cette bouche qui proférait des mensonges. Mais elle n’avait pas ce luxe...elle ne pouvait pas assouvir tous les gestes qu’il lui inspirait. Et peut-être cela la rendait d’autant plus mauvaise qu’elle se retrouvait enchaînée à son affection pour Klara qui lui interdisait de punir Gatiss. Et merde.

Est-ce qu’il l’avait cherché ? Oui probablement un peu mais en même temps elle lui avait ces questions, il y avait ces sous-entendus, il ne pouvait pas y répondre tout en sachant que quoi qu’il dise il aurait de toute manière toujours tort. Il eut un sourire sarcastique.

« Je ne sais rien ? J’y étais. Où étais-tu pour ton amie à ce moment-là ? Où étais-tu si elle aurait eu besoin d’aide, s’il s’était acharné sur elle. C’est sûr frapper sa sœur pour ses penchants sexuels c’est être un vrai sorcier. Suis-je censé applaudir ?» Temps de silence. « Et, entre nous, je préfère ne pas un vrai sorcier et ne rien valoir que de me comporter de façon aussi stupide et étroite d’esprit. Vous êtes tous deux aveuglées par l’amour que vous lui portiez, mais RIEN ne justifie une telle violence envers sa sœur. RIEN, Azalea. Frapper une femme ce n’est pas être un homme mais une sous-merde.»

Etre un moins que rien un minable,  soit, il pouvait le supporter, il s’en foutait un peu à vrai de l’avis de la jeune femme à ce sujet-là. Par contre excuser un tel geste par ce que c’est ce qu’elle faisait là, il ne pouvait pas le supporter. Qu’est-ce qu’il aurait le Saïd la fois d’après, un mauvais coup et elle aurait pu mourir. Est-ce que l’une des deux le comprenait ? Est-ce que Azalea comprenait que lui regrettait cette mort, qu’il avait juste sincèrement voulait l’assommer pour éviter de mourir, pour éviter qu’il s’en prenne à Klara et que à moitié assommé jeter des sorts était plus compliqué. Mais il n’avait pas fui, au contraire.

« Et si tu ne me crois pas, Azalea. Je peux te proposer quelque chose. Mes souvenirs, dans une pensive. Tu sais que ça, ça ne peut pas mentir. Qu’est-ce que ça m’apporterait d’essayer de truander sur le sujet ? Rien. Je n’ai jamais menti à ce sujet-là.»

Peut-être que c’était là, le souci, qu’elle ne voulait pas comprendre qu’il aurait pu être réellement dangereux pour Klara. La suite, c’était une suite d’insulte pour son grade. Il se passa une main dans les cheveux, il avait pris l’habitude de ce discours pour le « fils de chien » et compagnie.

« Tu m’avais appris à plus de finesse, mais soit. Si tu veux.»

Ce n’était pas franchement le moment de rire et d’ailleurs la question suivante ne lui donnait absolument pas envie de ricaner, il voulait juste être franc et sincère, qu’elle comprenne, qu’il ne voulait aucun mal à Klara bien au contraire. Et tout ce qu’il entendait c’était au final « blablabla » je suis plus noble « blablable » t’es un vilain qui vaut rien. Néanmoins, elle avait touché un point sensible sur sa « famille » ou plutôt celle qu’il n’avait pas. Il se retint tout juste d’émettre un grognement et se tendit encore plus lorsqu’elle parla d’Esteban. Mais finalement il eut un rictus.

«Tu ne sais probablement pas ce que c’est d’aimer ma pauvre fille. Tu as l’empathie et la gentillesse d’une petite cuillère, à un tel point que même de sang pur personne ne veut de toi. Je suis peut-être un minable, mais mes amis sont toujours là, après tout ce temps.  Je suis peut-être une simple merde, mais je suis certain que j’ai plus d’amis que toi, et tu ne sais pas ce que je serai capable de faire pour eux. Alors laisse-moi rire… par ce qu’à part me rabaisser tu n’as aucun réel argument.» Temps de silence. « Mais peut-être qu’au final tu ne sais faire que ça, rabaisser les autres pour te sentir puissante, et à mes yeux, cela te rend pas plus forte, ni même probablement juste plus détestable. T’es juste du vent.» Temps de silence, encore une fois. «Et concernant Esteban, ne t’inquiètes pas qu’il a eu de mes nouvelles concernant ça. Mais ce ne sont pas mes affaires, mais celle d’Esteban et Klara.  Je respecte leurs deux avis, leur deux façon de réagir, par ce qu’être ami c’est aussi être ça. C’est savoir aussi dire stop, ou faire preuve d’impartialité, de pouvoir guider. Pas juste sortir vacheries, muscles, menaces et baguettes. Conseiller c’est la chose la plus primordiale.» Il eut un vague sourire. «Tu n’es pas une bonne amie, par ce que tu n’acceptes pas son choix. Par ce que tu ne la comprends pas comme je peux le faire, la voilà, la vérité. Tu as peur que je gagne contre toi à ce combat-là, à cette affection là…. Mais tu sais quoi, ce n’est pas jeu, ni une bataille, il y a assez de place pour tout le monde dans son cœur. Quant au fait que je connais rien de votre monde, j’ai vécu 4 ans en couple avec elle, j’en sais beaucoup sur vos mœurs et coutumes que toi, sur les miennes. » Il secoua la tête, avant de ricaner. « L’honneur, où est l’honneur de frapper une femme ? Où est l’honneur de faire épouser deux personnes qui ne s’aiment pas ? Ce n’est pas de l’honneur, ce sont des coutume ancestrales, ce qui est différent.»

C’était toujours le problème lorsqu’on se mettait à converser avec des esprits plus petits que soi, on perdait automatiquement son temps et son énergie.
Azalea le laissa parler, se mordant les lèvres pour s’empêcher de proférer des insultes inutiles. Il ne comprenait pas, il ne voyait pas. C’était un fou aveugle qui était persuadé d’y voir et de faire sens. Il voyait de l’amour dans cette histoire : elle n’y voyait que de la douleur, de la manipulation, et l’odieuse déception d’actes égoïstes. Que Klara soit en couple avec plusieurs personnes n’était pas le problème, c’était lui...lui et Esteban. Il y avait de quoi être écœuré à l’entendre parler de Saïd en inventant et tordant des faits comme il le faisait. Rien ne l’autorisait à parler de lui, à dénigrer un mort dont il était responsable. Rien ne l’autorisait à lui parler à elle de cette manière.
Il s’en mordrait les doigts.
Il s’en mordrait les doigts.
Mordre.
Mordre.
La sorcière se répétait ces mots dans sa tête. Des images toutes brutales les unes que les autres commencèrent à affluer dans son esprit alors qu’un large sourire étira ses lèvres. La tête de Gatiss sur une pique, le corps d’Esteban démembré. Elle sentait son côté animal se réveiller. Comme une démangeaison obsessionnelle, il lui semblait que la panthère tentait de reprendre le dessus à mesure que sa rage augmentait. Cette pulsion violente qui ébranlait un esprit déjà échauffé faisait toujours poindre l’animalité constante qu’elle essayait de contrôler. Les insultes se mélangeaient aux fantasmes sadiques que son imagination façonnait au fil de la conversation. Son regard changeait progressivement. Si elle était du vent, Gary se trompait. Elle n’était pas moins qu’une tempête, une bourrasque, un ouragan. Tout dévaster, détruire, arracher, éclater. Elle devait respirer, faire redescendre la montée trop brusque de rage. Mais quel moyen d’y échapper ? Il y avait bien une image à invoquer en cet instant mais plus Gatiss parlait, plus il mettait à mal l’image vacillante de Klara dans l’esprit de la sorcière. Klara. Klara. Bon sang ! Pourquoi fallait-il qu’elle ait trouvé ce pourri ? Pourquoi fallait-il l’épargner ? Oui. Pourquoi ? Personne n’avait jamais dit qu’il fallait l’épargner. Il suffisait qu’elle ne soit pas responsable de sa mort. Pas directement. Et puis, elle n’était pas la seule à vouloir s’en débarrasser pour le bien de Klara. Aloysius pourrait penser à la même chose. Sans oublier qu’il était né-moldu...des accidents arrivent. Ce pouvait être une voiture allant un peu trop vite, une explosion, un incendie, une agression dans la rue, un empoisonnement indétectable.
Non. Non ! Elle pencha la tête de côté, grimaçant en essayant de réfréner les idées qui lui venaient. Ce serait une trahison envers Klara. Il fallait être patient, attendre que les choses se défassent d’elles-mêmes, que les sentiments se brisent sous le poids des obstacles, en faire peser davantage pour accélérer le processus, et une fois libérée de tout cela...une fois libérée des sentiments que Klara avait pour Gary, la voie serait libre, ses mouvements moins entravés. Alors, elle décharnerait toute sa rage sur celui qui lui faisait face, sur celui qui prenait un malin plaisir à l’insulter en cet instant. De la patience…de la patience...

Azalea passa sa langue sur ses lèvres. Sa bouche avait un goût de sang. Elle ne savait pas si c’était que la blessure était plus grave que prévu ou qu’elle avait mordu ses joues si fort qu’elles s’étaient ouvertes...Le liquide rouge vint colorer le bord de ses lèvres et de ses dents, lui donnant un air plus fou encore lorsqu’elle se mit à rire. Doucement d’abord, comme une hilarité naissante, puis, plus hilare par les paroles que lui assénaient le sorcier, elle se mit à rire à gorge déployée. Ce n’était pas de ce qu’il disait mais de l’entrain qu’il y mettait, de la verve qu’il se donnait à lui parler sur ce ton.

« J’admire ton inconscience...elle est touchante. Et si je ris, ce n’est pas vraiment de toi, mais plutôt de voir un homme si près de la corde se débattre avec autant d’ardeur. Sauf qu’il est bien inutile de se battre contre une corde déjà enroulée autour de son cou. »

Elle se leva de son rocher, une main sur l’endroit de sa blessure. Elle sentit ses doigts s’humidifier du sang qui maculait son ventre et son haut. En se posant devant Gatiss, elle eut un léger sourire, puis dans un calme qui était plus à craindre que sa rage, parce qu’il était annonciateur de décisions, elle passa rapidement sa main sur son visage, y traçant une marque de sang.

« Tu sais pourquoi je trouve surtout ça si amusant ? lui murmura-t-elle. C’est parce que l’issue est déjà toute trouvée et que ça ne sert à rien de se battre tous les deux. Elle le fixait droit dans les yeux, ses prunelles brillant d’un nouvel éclat, un éclat de plaisir non dissimulé. Vous avez profité de l’absence d’Aloysius pour vous voir et c’est tant mieux, mais il ne va pas tarder à revenir et alors les choses seront différentes. Tu as raison quand tu dis que conseiller est important, je suis certaine qu’Aly a de très bons amis qui lui donneront de très bons conseils te concernant. Et qui sait ? Peut-être n’aurais-je pas même à lever le petit doigt...Oh, je te le souhaite Gatiss. Parce que peu importe comment se déroulent les événements, il n’y a qu’une seule fin pour toi. Une seule et même fin. Je la vois aussi clairement que je te vois là, tout de suite… Et si tu veux un aperçu en avant première, tu n’auras qu’à être attentif à ce qu’Esteban deviendra. Nous le retrouverons bientôt et Klara se fera un plaisir de lui faire payer tout ce qu’il lui a fait subir. Et toi..toi...tu disparaîtras. Tu appartiendras très bientôt à son passé, et à son passé uniquement. Et quand viendra le moment, nous resserrerons la corde autour de ton cou et on le fera craquer qu’un coup sec. »

Elle se mordit la lèvres et lécha le sang qui s’y trouvait avec un amusement presque électrique. Mais au souvenir des insultes qu’il avait cru bon de proférer, Azalea eut un sourire en coin et pencha légèrement la tête.

« Mais ne crois pas que j’oublie tout ce que tu viens de me dire mon cher Gatiss...Si le sort d’Esteban est scellé depuis longtemps mais tu viens de sceller le tien.Et je te promets une chose : je festoierai sur ton corps mort. »

Oh, il se fichait bien d’abuser, par ce qu’il savait qu’il avait une marge de manœuvre tant qu’il dirait la vérité. Et cela faisait du bien de se lâcher, par ce qu’il n’aimait pas la jeune femme qui se trouvait face à lui, par ce qu’elle était dangereuse pour Klara et qu’elle finirait tôt ou tard par lui faire du mal, par ce qu’elle se croyait meilleure, par ce qu’elle n’était rien et surtout pas une bonne amie. Alors non, il n’allait pas se faire face à elle par ce qu’il savait pertinemment qu’elle ne lui ferait probablement rien et au pire qu’est-ce qu’il avait à perdre, pas grand-chose au final. Pas aujourd’hui en tout cas. Il eut un petit ricanement quand elle parla d’inconscience, et elle c’était son aveuglement stupide qui était presque tordant.

«Tu as beaucoup plus à perdre que moi, Azalea.» Il eut un net sourire en coin. « J’en ai rien à faire de crever, j’aimerai juste que tu comprennes que c’est toi qui a des œillères concernant Klara et ta soi-disante amitié. Qu’est-ce que tu peux te tromper, Klara est quelqu’un de pur à sa façon et tu la pollues, tu l’emmènes dans la piste que tu souhaites. Quelle amitié dis donc. Respecte-là un peu plus déjà et on en reparle après.»

Il n’avait pas bougé d’un pouce lorsqu’elle s’était avancée et qu’elle avait passé une main sur son visage pour y tracer une marque de sang, au contraire, il avait eu un bref sourire. Elle ne pouvait donc se permettre que ça. Intéressant, très intéressant même. Il avait donc laissé passer quelques instants avant d’avoir un nouveau rire.

« Tu la sous-estimes, tu sous-estimes tellement Klara que ça en est tordant. Moi, je sais de quoi elle est parfois capable. Est-ce que tu l’as déjà vu autrement que gentille, et je ne parle pas de quelques légers clashs à quelques personnes. Et, tu es la seule qui veut se battre visiblement, par ce que rappelle-toi j’ai proposé, à la place tu m’as insultée.» Petit haussement d’épaules faussement désolé. « Tu veux pas mettre un autre refrain que la mort, non ? Par ce que j’ai compris… blablabla corde au cou, blablabla pas lever le petit doigt, blablabla une seule fin. C’est redondant. Tes arguments où sont-t-ils ? Si tu veux être macabre où me faire peur Aza’ il va falloir t’y prendre autrement, par ce que là je n’y vois que de pauvres menaces qui ne changent pas d’habitude. Genre, j’ai plus de risques de mourir maintenant qu’avant, la bonne blague, j’en rirai presque. J’ai pris soin d’elle, je lui ai apporté à manger, je l’ai consolée, comme un ami le ferait où est le mal ? A part la jalousie peut-être ? A moins que ce soit la peur ? Ou pire encore, l’incompréhension ? Pourquoi prend-t-elle autant de risques pour quelqu’un de si insignifiant : une seule réponse, c’est par ce qu’elle n’a pas d’œillères, c’est par ce qu’elle voit au fond des âmes, et que contrairement à to elle n’est totalement optue.» Doux temps de silence, nouveau sourire ancré sur sa tronche « Et ne t’inquiètes pas je n’ai pas l’intention de te la voler, et, que je sache si je ne t’appréciais pas je ne l’ai jamais empêché de te voir, elle est grande, elle est libre, elle peut faire ses choix seules. »

Et il savait qu’il ne devait pas suréagir en ce qui concernant Esteban, mais c’était déjà plus compliqué. Il avait du lutter contre lui-même contre ce stupide instinct de protection qu’il avait envers le bouclé. C’est vrai qu’Esteban était lâche, c’est vrai que Klara lui en voulait, ais est-ce qu’elle irait réellement jusqu’à lui faire du mal. Et si oui, d’un côté ça serait bien mérité, il avait vraiment agi comme le dernier des trous du cul. S’il était resté aujourd’hui ils n’en seraient pas là, aujourd’hui Klara serait peut-être plus heureuse, réellement heureuse. Par ce qu’il ne savait pas si elle lui avait menti, ou si elle s’était convaincue qu’elle l’aimait pour ne pas trop souffrir, mais quelque chose en elle s’était éteint et ce n’était pas que dû à la mort de Saïd.

« Si elle avait réellement eu l’intention de lui faire du mal, je suis certain qu’elle y serait déjà arrivée. Pour l’instant elle le croit, peut-être qu’elle hésite sur la manière de procéder. Mais encore une fois ce n’est pas moi que ça regarde c’est leur querelle de fin de couple.» Temps de silence « Hum, pardon, à quel moment je devrais disparaitre ? Une amie qui veut faire souffrir Klara, je dois applaudir. Tu es juste une putain d’hypocrite stupide, tu ne veux pas son bonheur, tu veux la contrôler.» Ricanement. « Je suis ravi de savoir que tu me dévorerai une fois mort, c’est vrai, je suis pour qu’il n’y ait pas de gâchis…je dois bien le prendre que tu bouffes du sang de bourbe, ou bien ?» Il soupira ensuite. «La seule chose que je te demande, c’est d’être là pour Klara, vraiment là, pas d’agir comme une pétasse arrogante comme tu le fais-là, pas d’agir comme tu le fais là en pensant à tes intérêts, à ceux des sang-Purs, par ce que scoop, c’est comme ça que tu risqueras de la perdre. Elle aura besoin d’une vraie amie… quelqu’un comme Neolina par exemple, et essaye ne serait-ce que de lui arriver à la cheville, tu n’y arriveras pas. Par ce qu’elles ont partagé à l’époque, tu ne pourras jamais l’avoir, par ce que ton cœur et ta raison sont bien trop restreint sur certaines choses, même si, contrairement à toi j’en conviens, je suis certain que tu penses bien faire, mais ce n’est pas le cas. »

Est-ce qu’il aurait mieux fait de se taire ? Probablement, mais il ne pouvait pas laisser passer ça, il ne pouvait la laisser croire que Klara était réellement heureusement comme ça, par ce qu’il n’y croyait pas ! Peut-être à tort, mais il avait du mal à croire que l’on pouvait être heureuse avec quelqu’un avec qui on s’est fait marier de force. Ce qu’elle croyait, était-ce réellement la vérité ? C’était là toute la question et s’il avait son avis là-dessus…. Il n’était pas non plus certain d’avoir raison, néanmoins il n’avait pas pu s’empêcher de lui faire valoir sa façon des choses. Qui, de toute manière interdisait, d’anciens amis à venir voir sa femme ? Personne, même si on ne l’aimait, ce n’était pas comme s’il était réellement dangereux, n’est-ce pas ? Ce n’était pas comme s’il comptait à lui faire du mal à Klara, par ce qu’il tenait beaucoup trop à elle et ne voulait que son bonheur !

« Arrête de parler d’amour quand tu ne sais pas ce que c’est. Tout ce que je veux c’est qu’elle soit heureuse. Et Scoop, la faire rire quand elle va mal, lui faire oublier quelques heures toute cette merde, c’est réussir ça, c’est être un pas trop mauvais ami. Toi tu veux juste l’empêcher de voir quelqu’un qu’elle apprécie, tu ne la respectes pas sur ce point, tout simplement. Aucun argument ne pourra aller à cet encontre, par ce que tu l’as dis, elle est grande, elle peut me dire non, elle peut me dire de dégager et je respecterai son choix. Alors laisse-là faire ses propres choix, sans les influencer, sans vouloir m’intimider. Pourquoi ire qu’elle est si forte si derrière tout tu fais tout pour la mettre dans une petite bulle. Tu te contredis presque toute seule ; elle est forte, blablabla mais oh pitié elle ne saurait pas me dire non je dois absolument la protéger par ce que sinon la pauvre elle risque de faire un mauvais choix. Non, elle sait pertinemment ce qu’elle fait, MOI je lui laisse le choix, elle sait pertinemment que si elle me dit on se voit plus je n’insisterai. Et contrairement à toi, je le répète lorsqu’on était ensemble je ne l’ai jamais empêché de voir quelqu’un. Voilà la vérité. Elle n’est pas libre. Tu es aveugle sur ça. Et tu me traiter de stupide, mais en attendant, celui qui aurait dû être médicomage c’est moi… celui qui aurait fait et qui avait commencé des études longues et compliquées avec brio, et toi qu’est-ce que tu fais actuellement ?» Temps de silence. « Ce qu’elle a construit, ou ce qu’on lui a imposé ? Grosse différence, non négligeable.»

Probablement qu’il abusait, mais il ne laisserait pas la situation comme une grognasse comme Azalea. Est-ce qu’il l’avait vu prendre sa baguette pas réellement, et lorsqu’il le remarqua il savait qu’il était déjà probablement trop tard, mais quelle importance de toute manière, par ce qu’il avait dit c’était pour la bonne cause. Il allait reprendre la parole mais il se fit violemment projeter contre un arbre, l’assommant en partie, du moins assez pour qu’il perde certains réflexes qui n’étaient pas franchement présents depuis qu’il était revenu d’Azkaban. Il jura entre ses dents et allait se relever – probablement avec difficulté-, mais le deuxième sort fusa.
Il le connaissait probablement un peu trop bien. Il ne savait trop bien ce qui allait suivre, et il pria pour que Margo soit à l’heure, ou pas trop en retard du moins, par ce que sinon il risquait d’être foutu, et même si ça ne serait pas une grosse perte, il voulait au moins que Klara connaisse la coupable. Son raisonnement ne put pas aller plus loin, bientôt il eut l’impression d’avoir chaque nerf en feu, chaque centimètre carré de sa peau en ébullition, tendu, douloureux, mais le pire c’était probablement que tout arrivait en même temps dans son crâne qui semblait comme étouffé par cette foutue douleur.
Il ne devait pas crier. Il ne devait pas lui faire ce plaisir malgré tout. Elle n’allait pas le faire assez longtemps pour le rendre dingue, n’est-ce pas ?
Il devait se concentrer sur autre chose. Sur. Autre. Chose. Secondes qui passaient, défilaient, si lentement si douloureusement. Cerveau qui ne pouvait plus réfléchir, plus raisonner. Plus se concentrer, alors, comme tout le monde, il avait fini par crier la douleur. Rien de bien neuf.
Il avait à peine vu qu’elle lui avait pris sa baguette, il s’en doutait cependant. Pourquoi se serait-elle approchée sinon ? Dans quel but ?
Le sort s’était arrêté, ce qui fut vécu comme un vrai soulagement. Mais il avait quand même du mal à s’en remettre, les muscles toujours douloureux, le cerveau proche de la compote, il savait néanmoins qu’il devait agir vite, mais comment, à quatre pattes par terre il essayait de reprendre son souffle. Il ne pourrait pas gagner, et même s’il arrivait à s’enfuir il ne serait pas protéger longtemps, alors il décida de jouer sur un tout autre plan

«Dis-Siri…. Dis à Esteban : Azalea. » Le nouveau sort fusa, informulé, mais il sentait que quelque chose changeait, qu’il commençait à s’étouffer. «Envoyer. »

Merci la technologie Moldue, au moins, même s’il y restait, Esteban saurait quoi faire, et cette connasse ne pourrait rien y faire. Enfin si, il n’y aurait pas de preuves, mais il n’avait aucune raison de mentir. S’il crevait, s’était foutu aussi bien pour elle que pour lui ; sauf que lui ne s’en mordrait pas les doigts vu qu’il mangerait déjà les pissenlits. Plus les secondes passaient plus sa respiration se faisait difficile avec une sensation étrange en plus. Bordel, il n’allait quand même pas crever comme ça ! Il commença à paniquer en sentant l’air lui manquer, par ce qu’il était bien au fait de savoir que cela pouvait être long, très long comme mort, que chaque inspiration qu’il arriverait à reprendre à un moment donné lui prolongerait la vie…. Dans la souffrance. Et puis il y avait eu cette sensation dans la gorge avant qu’il commence à recracher de la terre…. Il ne pouvait plus parler, sa respiration était plus que précaire et il avait toujours l’impression de s’étouffer. Il ne pouvait rien faire, pas agir, bien trop absorbé à arriver à respirer tout en dégueulant/recrachant la terre ; tandis que l’autre se marrait.
Et le sort sembla prendre fin. Il avait eu de a chance, il aurait pu se retouver à cracher des limaces, la bonne blague, il aurait presque pu dire à Aza que c’était ça, son animal totem à la dame, gluant et pas apetissant

La fatigue étreignait déjà tout son corps, mais elle n’en avait visiblement pas fini avec lui. Un nouveau sort fusa avant qu’il ne se retrouve à se « balader » comme ….comme quoi d’ailleurs, une merde ne vole pas, entre les branchages avant de se retrouver pendu par les pieds. Il n’avait jamais été très doué au cochon pendu et la tête en bas comme ça était désagréable, il essaya de jouer sur ses abdos pour au moins se « redresser » un peu. Mais aller faire ça après un doloris et avoir dégueulé pendant de longues minutes…. Son corps ne semblait pas vraiment très coopératif.
Il cligna des yeux lorsqu’elle prononça de nouveau quelques mots. Couleur ? Et n’eut pas à se poser bien longtemps la question le nouveau sortilège fusa, nouvelle douleur, nouveau grognement. Le sang commençait déjà à se répandre rapidement le long de son torse remontant jusqu’à sa tête.
Douleur, douleur. Il savait qu’avec ce sort, il ne lui restait que quelques minutes, plus ou moins. Il eut un vague sourire en coin lorsqu’elle se rapprocha de lui. Oh non, il ne l’oublierait pas mais elle non plus n’oublierait pas qu’à croire que baguette magique était tout. Sentant le gout du sang au fond de sa gorge, il se la racla avant de lui cracher…. Probablement au visage un mélange de sang et de glaviot.

« Tu as perdu…» souffla-t-il difficilement, luttant contre ne pas fermer les yeux, pour ne pas s’évanouir à cause de la perte du sang et/ou de la douleur. Les secondes passaient et il se sentait de plus en plus mal, et faible, mais il voulait lui faire un dernier doigt d’honneur… verbal. …lâchement en plus, même pas capable d’affronter quelqu’un en vrai combat. Gloire à toi. Il espérait que ses paroles étaient claires mais probablement que certains mots ressemblaient plus à des gazouillis informes qu’autre chose, d’ailleurs une bulle de sang, non contrôlée ne tarda pas à éclore de sa bouche, avant d’exploser.
Les secondes passaient, et il avait du plus en plus de mal à garder ces foutus yeux ouverts.

Si Azalea avait voulu être honnête, si elle avait cherché la raison d’une telle obstination sur ce sujet-là, si elle avait voulu comprendre pourquoi elle agissait ainsi dès qu’il était question de Klara, elle aurait sûrement admis que Gatiss avait raison sur bien des points. Ce n’était pas exprès cette façon de vouloir garder Klara pour elle, de la préserver dans cette bulle dont il parlait et de n’y admettre que des gens dont elle savait qu’elle pourrait avoir le dessus. Gatiss, lui, était une exception pour la simple et bonne raison que ce n’était pas une simple amitié, mais bien un amour sincère au milieu d’un terrible foutoir et que par sa nature même, ce lien échappait complètement à Azalea. Elle n’aimait pas grand monde mais lorsqu’elle aimait, elle ne faisait pas de demi-mesures. Pas de nuances, pas de faux semblants. Elle était trop entière pour ça. Elle n’aimait pas comme les autres, ne comprenait sûrement pas comment aimer sainement. Qui aurait pu lui avoir appris ça de toute façon ? Personne.
Alors quand elle aimait, ce n’était pas avec modération, ce n’était pas en prenant des pincettes, ce n’était pas en tant que spectatrice, pas en tant que conseillère passive. Non, elle prenait les devants, tuait tous les ennemis qui pouvaient menacer ceux qu’elle estimait importants dans sa vie, réduisait à néant les tentatives de trahisons, prévoyait les déceptions, supprimait les dangers à venir. Peut-être était-ce aussi cet instinct animal qui l’animait … il la poussait à agir comme un félin protégeant ses petits, protégeant sa horde. La survie du groupe, au détriment des égos et de l’image qu’elle renvoyait à l’extérieur. Peu importait si elle se faisait détester, voire haïr. Le but n’avait jamais été de paraître douce. La vérité au fond, c’était qu’Azalea était terrifiée à l’idée de perdre Klara. Et quand la peur la tiraillait, ce n’était jamais bon. Elle ne réagissait jamais avec justesse, jamais avec du recul. Pas de preuve de bonne foi non plus. Ça, c’était pour les plus raisonnables. Mais on n’était pas raisonnable quand on était en proie à ce genre de sentiments.
En outre, que tous ces reproches viennent du meurtrier de Saïd, Azalea avait trop de raison sans doute pour faire la sourde à ses arguments : son avis ne comptait pas, et elle ne croyait déjà plus possible une quelconque façon de s’entendre sur le sujet. Le débat était fini.

La sorcière eut un rictus acerbe.

« Ce que je fais en ce moment ? Je t’entends chouiner et me faire perdre mon temps. Comment ais-je pu croire que nous pourrions converser ensemble de ce qui est important ? Tu me confortes d’autant plus dans mon opinion Gatiss. Tu n’admettras jamais que tu es mauvais pour elle. »

L’ironie échappait à Azalea mais il aurait juste de dire qu’elle aussi, était mauvaise pour Klara. D’une certaine manière, les deux sorciers se disputaient l’amour d’une personne qui pourtant les aimait déjà tous deux. Mais la sorcière n’aimait pas partager, pas avec ceux qu’elle estimait valoir moins que la personne qui leur octroyait cette place-là.

Alors, la rage avait percé les barrières instaurées au départ. Tout se fissura et laissa place à la satisfaction de voir Gatiss souffrir, au moins un peu sous la baguette sadique de la sorcière. C’était un acompte sur tous les moments qu’il passerait encore avec Klara, une façon de se venger de son audace, de son insolence à l’insulter, elle, alors qu’elle était davantage dans son droit que lui ne l’était. Là encore, il n’y avait rien de juste dans ce raisonnement. Elle était d’ailleurs si perdue dans le plaisir qu’elle ressentait à le torturer qu’elle n’entendit pas le sorcier parler à son téléphone, n’aurait sans doute pas même compris qui était cette « Siri » à qui il s’adressait – des murmures, voilà tout ce qu’elle avait entendu. Et elle s’en fichait pas mal de ce qu’il pouvait dire à voix basse. C’était davantage ses cris qui l’avaient ravie.

Elle attendit qu’il soit pendu par les pieds pour s’approcher de lui. Une opportunité qu’il saisit en lui crachant du sang au visage, sur la joue gauche. Ses paupières s’étaient fermées l’espace de quelques secondes par réflexe et la rage atteignit un niveau dangereusement haut. Elle s’essuya la joue d’un revers de manche. Puis, fit apparaître davantage de cordes de sa baguette et elles vinrent le saucissonner, s’enfonçant dans les coupures qui zébraient son torse, appuyant là où il avait mal, enserrant également ses bras vers le bas.
Les yeux sombres, la sorcière ouvrit à nouveau la bouche.

« Tu es celui qui se vide de son sang, pendu à un arbre Gatiss. Alors oui, Gloire à moi. Gloire à moi. »

C’était bien lui qui était pendu par les pieds, lui qui saignait. Peu importait ce qu’il pensait, l’important était cette vision qu’il renvoyait en cet instant : la faiblesse incarnée. Elle jeta sa baguette par terre sans aucun respect, à quelques mètres plus haut.

Puis, la sorcière disparut dans un CRAC sonore en jetant un dernier coup d’oeil au sang qui dégoulinait du corps du sorcier. Une œuvre d’art.

Gloire à elle.

La douleur continuait de se répandre dans son corps. Plus que jamais, probablement. Mais il ne voulait pas faiblir, il ne voulait pas lui donner ce plaisir de baisser les bras, de la supplier de la lâcher. Jamais. Plutôt crever…ou non, il espérait survivre. Il l’espérait par ce qu’il pourrait se venger, par ce qu’il venait de vivre devait être réellement puni. La police magique ne ferait probablement rien, mais aujourd’hui on peut se passer de justice, il avait bien vu ce que ça donnait lorsqu’on se rendait. Il avait donné une fois pas deux. La justice se passerait probablement bien de lui à présent ! Oui, c’était cette soif de vengeance, de comment est-ce qu’il allait la pourrir auprès de klara – et d’autres- qui le faisait probablement tenir. Il ne devait pas mourir, il ne devait pas partir aussi bêtement.

Les secondes passaient, ses yeux papillonnaient et il avait de plus en plus de mal à les garder ouverts. Allez Gary… Allez…. Oui, non, malheureusement ça n’était pas aussi simple , par ce qu’il continuait de perdre du sang et que sans sang, c’était compliqué de rester éveillé, de ne pas perdre connaissance.

Margo, allait arriver, il en était certain.
Elle allait arriver.
Ou pas.
Merde, si elle arrivait à la bourre et qu’il crevait, elle s’en voudrait probablement pendant longtemps ! La culpabilité est une chose parfois un peu étrange. Il devait tenir. Absolument.

Les secondes passaient, défilaient. La douleur aussi, il sentait à chaque seconde ce sang qui coulait un peu trop, qui quittait son corps. Son esprit aussi semblait faiblir il ne tenait plus. Il devait dormir, juste quelques instants, il n’arrivait même plus à garder la bouche fermée, si bien qu’en plus du sang qui dégoulinait, ce dernier était un peu mêlé à de la bave en arrivant au sol.

Un bruit, non loin de lui qui lui soutira un grognement. Impossible de faire plus ! Il était tellement fatigué, tout était brouillé, beaucoup trop. Il ne se sentait pas le courage de rouvrir les yeux. Un peu de repos. Et puis, il y avait eu la voix de Margo, et soudain il avait l’impression d’être au sol et détaché. Lorsqu’elle prononça son prénom, il grogna pour lui faire comprendre que oui.
Mais il avait envie de dormir. Il se sentait si fatigué.
Malgré tout il arriva à entre ouvert quelques instants les yeux, il voulut lui faire un sourire, mais probablement que ça ressemblait plus à une grimace ! Encore une chance, il ne lui avait pas craché du sang à la gueule en toussant.
Elle était gentille Margo, il acquiesça doucement pour montrer qu’il comprenait à peu près ce qu’elle disait, probablement plus lentement qu’un être humain en bonne santé, mais il y arrivait… à peu près.

« Non !» arriva-t-il à s’exprimer rapidement quand elle parla de la famille de Klara, il essaya d’ouvrir la bouche de nouveau mais produire de vrais mots qui comportaient plus d’une syllabe semblait pour l’instant un peu trop compliqué, d’un vague geste de la main, il montra une poche où était son portable. Il eut ensuite un vague petit rire et inspira difficilement avant de se mettre à tousser à cracher un peu de sang. Il se sentait toujours terriblement, mal et faible, mais les principales blessures étaient refermées. Il devait se reprendre, il devait arriver à dire quelque chose « T’sais bien j’suis un ange.» voulu-t-il dire, mais au final cela ressemblait que vaguement à ça entre deux bruits ressemblant à des gazouillis pathétiques. Il recligna des yeux plu rapidement essayant de retrouver un semblant de confiance. « Aza….c’nasse» arriva-t-il de nouveau à dire le début et la fin étant entrecoupés par une partie inaudible et incompréhensible.

Non. Ce n’était pas Klara. Klara ne lui ferait jamais ça, il en était certain. Il en mettrait sa main à couper, elle était douce son ex petite amie même si comme tout le monde elle avait de petits travers. Oh, bien sûr, il savait que comme lui elle pouvait aussi être capable du meilleur comme du pire, mais pas avec lui. Il en était certain. Il l’avait pu le voir dans son comportement, dans sa façon de se comporter. Une telle chose serait arrivée à Esteban, il n’aurait pas pu en être certain, mais lui non. Elle ne lui avait pas pardonnée, mais ils s’acceptaient aujourd’hui. Tout n’était plus comme avant, mais il restait certain qu’ils pourraient redevenir amis, au minimum, peut-être plus. Il la connaissait trop bien, et inversement.

En attendant, la mort l’attendait probablement, il le savait, il faisait avec. Ce n’était pas comme s’il serait une énorme perte. Ce n’était pas comme si ce n’était pas grave et si ça pouvait faire fâcher Klara et Azalea ça serait même parfait, un dernier doigt d’honneur à cette chienne, à cette connasse lui ferait le plus grand bien. Une nique sur son lit de mort, la belle affaire ! Il déraillait, il divaguait. Il avait envie de laisser autre chose comme souvenir que celui d’un pauvre homme croulant, il préférait rester dans les mémoires comme l’emmerdeur, comme le rigolo ou autres, comme le bon ami. Mais il avait envie de vivre, il avait envie de foutre la merde dans la vie de cette connasse de sang-pur. Il avait envie de s’en réjouir. Oui, malgré tout, il restait en lui cette soif de vivre ; et avec Margo il était probablement dans de bonnes mains. Paraissait-il qu’on ne faisait pas d’humour dans ce genre de circonstances, mais il n’avait pas forcément les bonnes limites. Puis merde, c’était un ange non ? Un ange du chaos ok, mais un ange. Il divaguait, mais ricana un peu à cette idée d’ange du chaos qui persistait dans sa trogne. Rire qui fut trop vite stoppé par la douleur intenable, par quelques nouveaux crachats de sang.

Il se sentait de plus en plus mal, alors il se contenta de lui montrer au final sa poche qui contenait son téléphone, histoire qu’elle comprenne, peut-être pas maintenant, peut-être pas aujourd’hui, mais elle était intelligente, elle saurait qu’il n’aurait pas envoyé ça par hasard. Elle avait repris la parole, mais il ne comprenait plus vraiment ce qu’elle disait, il tentait plus ou vainement que ses dires arrivent à être traduits par son cerveau mais il avait du mal. Il clignait de plus en plus des yeux pour essayer de tenir éveillé. Heureusement qu’il n’avait pas compris la phrase sur lui en coller une, parce que, crétin comme il était, il aurait été capable de déconner là-dessus.

Il y avait eu un transplanage, probablement, mais il n’en était plus certain. Par contre, il avait eu un sacré trou noir. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il mit un moment à comprendre où il était ce qu’il faisait là et surtout pourquoi diable, est-ce qu’il avait mal dans chacune de ses fibres musculaires. Il se sentait toujours franchement mal, comme si son cerveau et son corps n’étaient plus bien coordonnés et c’était sans compter cette fatigue intense. Margo ne tarda pas à entrer et il essaya de lui dédier son sourire le plus mignon qu’il avait en stock histoire de la rassurer.

« Ca va un peu mieux ? Est-ce que t’as assez de force pour tout me raconter ? »

La bonne nouvelle, c’est qu’il comprenait de nouveau ce qu’elle racontait, la mauvaise c’est qu’elle risquait de se mettre en colère et il n’avait pas forcément ni envie de se faire engueuler même si bon, être un petit con… avait toujours été ancré en lui qu’il n’avait rien fait de beaucoup plus que d’habitude, mais surtout il n’avait pas envie que Margo risque quelque chose.

« J’suis en vie, je crois que c’est déjà pas mal de pas avoir fini comme un pruneau desséché en pleine forêt.» Il eut un faible sourire. Il n’avait pas voulu répondre réellement à la question. « C’est un peu flou, mais j’suis arrivé à l’avance à notre rendez-vous, j’ai entendu un bruit, Azalea était là-bas, visiblement un peu blessé, bref j’lui ai proposé d’la soigner…. Et on a fini par s’engueuler, notamment à propos de Klara…. Et je crois qu’elle a pas aimé quand je lui ai parlé de Neolina, elle a pété un plomb. Elle est jalouse comme pas possible et sait pas se tenir.» Temps de silence. « Je crois qu’elle a pas aimé que j’lui dise qu’il fait qu’elle arrête d’agir comme une pétasse arrogante et qu’il faut qu’elle se comporte comme une vraie amie pour Klara, comme pouvait le faire Neo. C’juste la vérité.»

Haussement d’épaules. Voilà, il avait tout dit. Cela pouvait se résumer à un mot : Klara. Bon il n’avait ptet pas été cool, mais il n’avait fait que répondre et généralement on baffe les gens ou on les insulte, on essaye pas de les tuer de cette façon.

« T’en fais pas, je t’aurai fait empailler et tu serais resté avec moi jusqu’à la fin. »
«Hum, un Gary de décoration, quelle chance tu aurais eu, un modèle inédit en plus ! Tu aurais pu faire flipper les gens, j’empaille mes potes alors imaginez avec mes ennemis. »

La décence ? C’est quoi ce mot ? Il ne connaissait pas. Il trouvait juste qu’un monde sans moquerie, sarcasme et humour ne valait pas la peine d’exister, même dans cet état-là. Probablement même encore plus dans cet état là car celui lui rappelait que vivre, c’était quand même pas mal, même si ces dernières années avaient été horribles. Aujourd’hui, il espérait pouvoir faire « peau neuve » pouvoir avoir une vie sympa en tirer en trait sur tout ça, en grande partie sur le monde magique même s’il n’était pas prêt à renier totalement ce dernier. Cela faisait partie de lui, alors bon, il ne pouvait pas totalement le renier à ses yeux. Néanmoins les plaisanteries les plus courtes sont les meilleurs et bientôt, il lui avait expliqué ce qui s’était passé, ou plutôt ce dont il se rappelait, il espérait ne rien oublier de trop important mais pour le coup il n’en aurait pas mi sa main à couper. Il savait qu’il y avait été un peu fort, mais en rien cela n’excusait la réaction d’Azalea. Il devrait quand même penser à dire à Neo de faire attention à tout ça, à cette nana. Hampton savait se défendre sans aucun souci mais on n’était jamais assez prudent !

- Je reconnais bien là cette conne. Ouais, elle n’avait probablement pas trop changé depuis le temps . Bref conne un jour, conne toujours. Tu lui aurais qu’elle avait un truc entre les dents qu’elle t’aurait quand même arraché les yeux. Putain de tarée. Je suis désolée que ça te sois tombé dessus, j’aurai du me bouger le cul pour être un peu plus à l’heure.

Vous la voyez la lueur amusée dans son regard ! Ca c’était une bonne idée ! C’est bien, il y penserait la prochaine fois qu’il la verrait. Non, il n’irait pas la chercher, mais il était certain que d’une manière ou d’une autre ils se recroiseraient

« J’ai le droit de te voler cette réplique ? …. M’enfin je tiens à mes yeux quand même ça fait grande partie de mon charme, n’est-ce pas ? » Il lui sourit doucement « Pourquoi tu te fustiges comme ça ? Sérieux si je l’avais fermée ma grande gueule, j’en serai pas là, tu n’y es absolument pour rien. C’est juste une tarée qui aime pas ma gueule.»

Ouais une psychopathe, ou sociopathe aurait bien fait l’affaire aussi. Bref, en soit ce n’était pas grave le terme, il n’y avait que le résultat qui restait important ! Ce qui comptait aussi, c’est que lui l’aimait bien sa gueule !

... Je n’savais pas qu’elle et Klara étaient si proches … Et ça, putain, ça craint.

Il grimaça étant quand même assez d’accord avec elle sur ce sujet-là, ça craignait bien ! Surtout que Klara l’appréciait vraiment beaucoup.

« Tu m’as dit qu’elle était blessée, c’est ça ? Est-ce que tu te souviens où exactement ? Gravement ? »
« J’aurais dis l’épaule gauche, mais sincèrement je ne suis pas sûr.» Il grimaça un peu « Et pour Klara … ouais ça craint ce genre d’influence, mais si tu sais avec son Mari … enfin ce qui lui sert de mari niahniahniah, je ne suis pas certain que ce soit mieux, c’est un foutu Monsieur Muscle Parfait en apparence.»

Il se passa une main dans les cheveux en grimaçant un peu. Putain c’était toujours douloureux de bouger.

«J’tai remercié, ou pas ? Je ne sais plus trop… »

Il se demanda pendant un instant pourquoi est-ce qu’elle lui posait cette question. C’est vrai quoi, pourquoi est-ce qu’une blessure qu’elle avait pouvait être important ? Il n’en savait trop rien, mais au final cela ne le regardait pas, pour ne pas dire que ça ne l’intéressait pas vraiment non plus ! Margo avait ses raisons, et dans ce moment précis, il se doutait que lesdites raisons étaient importantes. Il avait bientôt ajouté un mot ou deux sur Klara. Bon voilà-voilà.. il avait toujours cette impression d’être totalement crevé et qu’il allait falloir qu’il dorme un peu plus, mais en attendant, il voulait vérifier qu’il l’avait bien remerciée par ce qu’elle le méritait et pas qu’un peu. - On s’en fout de ça, tu me remercieras avec un restau quand t’iras mieux, ok ? Elle eut un petit rire avant de souffler « Si tu veux, mais je ne suis pas Neo’, moi. J’suis pas qu’attiré par la bouffe !» Bon elle non plus, mais Margo savait que leur amie aimait la bouffe probablement autant que sa vie (petite exagération, mais on s’en fout !) . Bon allez, reposes toi, t’as une sale gueule. Et rumines pas trop toute cette merde et ne préviens pas Klara, pas tout de suite, je n’suis pas sûre que ça te serves vraiment de faire ça. Sauf si t’as envie qu’Azalea vienne finir ce qu’elle a commencée. Il eut un petit sourire amusé de nouveau, mais lui sourit un peu plus faiblement « J’vais avoir de grosses cicatrices, ou pas du tout ? Et si, ça fait genre bad-boy sexy, ou alors trucs difformes ? » Très important pour savoir comment est-ce qu’il allait pouvoir draguer Klara, Esteban et autres personnes. Il se passa une main dans les cheveux tout en grimaçant doucement « T’inquiètes pas, je préviendrai pas Klara… pas encore, faut que j trouve les bons mots et que je sois moins…. Groggi et dégueulasse. Après… je n’en sais rien… T’as raison, c’est ptet une mauvaise idée, elle protégera l’autre gueuse.» Oui gueuse, pardon, Rain de t’avort emprunté cette expression même si les personnages ne se connaissent pas ! « J’te ramènerais de quoi manger un peu plus tard, ok ? En attendant, pionces un peu. » Il la regarda quelques instants, s’empêchant de bailler un peu. Il hésita quelques instant avant de dire « Hey Beaumont, t’occupe pas d’elle, elle ne vaut pas que tu perdes ton temps pour elle. Alors fais gaffe à toi quand même, c’est une vraie tarée, elle risque de d’en vouloir d’avoir décroché son petit cochon de lait de son arbre. Ne fais rien qui puisse te nuire d’une quelconque façon, ni elle ni moi, n’en valons pas la peine.» Temps de silence le temps de la fixer quelques instants dans les yeux. « Ca ne reste qu’une gueguerre d’égo pour Klara.» Il n’était pas certain qu’il n’y ait que cela, mais il préférait dresser ce portrait pour être certain qu’elle ne fasse pas de conneries. M argo était probablement une des meilleures sorcières qu’il connaisse, surtout en combat, mais Azalea était une psychopathe fourbe qui utilisait probablement des méthodes peu recommandables.
Il avait laissé partir la jeune femme avant de ne pas tarder à s’endormir, pour un long sommeil réparateur.