Lose Yourself - One Shot

Les ténèbres semblaient pulser tout autour de lui. Pourtant, il les distinguait, les contours des meubles tout autour de lui. Mais pas moyen. L’angoisse serrait sa poitrine jusqu’à l’empêcher de respirer. Il voulait fuir. Fuir mais où ? Au fur et à mesure, il devenait son propre geôlier. Il n’y avait rien là dehors, rien, aucun danger. Personne. Il n’y avait que ses propres démons, que ses propres choix. Mais pas moyen. Si ses pensées rationnelles tambourinaient à son esprit, le reste le compressait, l’opprimait, ne cessant de l’enfoncer encore et encore sans qu’il réussisse à réellement sortir la tête de l’eau. Ça ne prenait régulièrement alors qu’il cherchait à reprendre contenance. Comme si revenir parmi les vivants ne se faisait qu’au travers d’un quota d’angoisses qu’il ne savait comment gérer. Comme s’ils étaient là, devant sa porte à attendre un signe de sa part, un moment de violence, un éclair de combativité. Et c’était exactement ce qui devait se passer. Johan ne le laisserait pas disparaître, il en était sûr.

Le piège ne cessait de se refermer sur lui depuis que son frère s’en était pris à Aileen. C’était là que tout avait commencé. A l’instant même où il l’avait empoigné et fracassé sur le mur d’en face. A l’instant même où il avait compris qu’il ne laisserait plus rien passer. A l’instant même où il avait compris qu’il ne le laisserait simplement pas en vie.
Et tout s’était enchaîné. Et chacune de ses prises de position n’avait cessé de l’enfoncer un peu plus dans un conflit pour lequel il n’avait pas signé. Jusqu’à devenir un fer de lance, une figure d’une guerre dans laquelle il avait voulu rester neutre. On fait meilleur déserteur, il en convenait. Et chacun de ses actes avait entrelacé un piège autour des quelques personnes auquel il tenait. Pourquoi ne pourrait-il pas simplement disparaître ? Merde, ça ne le concernait même pas à l’origine. Il n’avait pas voulu tout ça. Il n’avait pas voulu être en première ligne de mire. Et pourtant, c’était sa carcasse qui avançait en premier sur le champ de bataille. C’était vers lui que les regards se tournaient dès qu’il y avait une décision à prendre et c’était lui qu’on prenait pour cible lorsque cela ne plaisait pas.

C’est facile de dire qu’on ferait mieux. Facile de dire que ça n’était pas le bon choix. Facile de pleurer un enfant quand on oublie tous ceux qui ne sont pas tombés. Facile de reprocher l’absence quand on oublie les autres.

Et pourtant, là, seul face au bruit des vagues, dans le silence des ombres de cette grande maison vide, Logan ne voyait qu’eux. Ces regards des jeunes oubliés. Ces cris avortés. Ces larmes désespérées. Il n’y avait que ça. Le sang sur ses mains. Les reproches qui pulsaient à ses oreilles tandis que le vent s’engouffrait par la porte fenêtre grande ouverte. Et la tempête sifflait, faisant claquer ardemment les rideaux contre les grandes vitres.

Et les cris vociféraient. Et les larmes tombaient.

Et sa chaire meurtrie par le caisson de bouteille s’ouvrait. Mais rien ne ferait taire les pleurs des proches éplorés.