How to save a life - Doro

Est-c e que son comportement était normal ? Qu’est-ce que la normalité d’ailleurs dans ce genre de situations sincèrement ? Il n’y avait pas de manuel sur les traumatisés pour les nuls. Ça faisait deux semaines qu’ils l’avaient extrait de sa torpeur artificielle. Deux semaines qu’il alternait entre le regard hagard et la fureur sauvage. Deux semaines qu’il restait muet, qu’Alec restait en retrait, toujours sur ses gardes, toujours prêt à se prendre un retour de bâton. Deux semaines que dès qu’il était là bas, il se sentait dans un autre monde. Dans le sien, sans doute. Les premières fois, il avait tout réparé, tout rangé. Alec lui avait même fait un certain nombre de repas, tentant de l’aider à s’alimenter. A présent, il avait cessé tout ce cinéma. Logan ne l’écoutait pas, il refusait même de le regarder. Il n’agissait pas tout à fait comme s’il n’était pas là. Pas exactement. A vrai dire, Alec s’y sentait traqué. Quoi qu’il fasse, il avait l’impression qu’une ombre pesait toujours sur lui. Comme si on l’observait derrière son dos. Pourtant Logan et lui étaient seuls ici. Il n’y avait personne d’autre. Pire encore, Logan ne regardait même pas de son côté. Non, son regard se perdait vers l’eau, vers l’extérieur.
Les sorties avaient été des échecs, plus encore que les fois où il restait là, cherchant à le ramener avec eux, dans leur univers, leur réalité.

Cette fois-ci, Alec avait fini par s’assoir sur le plan de travail, poussant du bras les débris de verre qui y résidait pour il ne savait trop quelle raison. Et il avait fini par parler. Déblatérer serait même un terme plus juste. Un véritable monologue. Il parlait de tout, de rien, de son mariage, du visage atterré des invités, de celui, choqué, de Mack, des marques sur son corps, de son discours auprès de son père, de sa rencontre avec sa cousine.

« Putain Logan sérieux, fait un effort. J’ai jamais autant sorti de merdes persos en si peu de temps, ça pourrait te faire réagir quoi merde. Faut que je fasse quoi dit moi ?! J’peux te raconter des trucs gênants aussi sinon… attend voir… alors la nuit dernière… »

Et ça avait encore duré comme ça une demi-heure avant qu’il finisse par totalement se taire, se servant un verre dans l’un des derniers encore entiers avant de déambuler dans la pièce, poussant du pied ce que Logan avait pu déchiqueter, briser ou détruire. Un jour, il réparerait tout. Il y avait de quoi devenir un pro en métamorphose avec ce qu’il y avait là. Pour autant chaque fois qu’il améliorait l’état des lieux, c’était comme si ça blessait un peu plus son cousin. Peut-être s’appropriait-il son environnement à sa façon ? Il n’en savait rien. A vrai dire, ça faisait un moment qu’il avait cessé de spéculer. Parfois, des mages de la Garde venaient le voir mais aucun des bilans n’était vraiment positif.

Alors Alec était resté là encore un moment, les mains jointes sur son verre, le corps affalé sur un encadrement de porte, fixant d’un air morne celui qui avait été un pilier se complaire dans son observation des vagues. Il était là, assis dans un fauteuil face à la baie vitrée, le regard vague, le visage creusé, des cernes noires sur les yeux. Pas un mot. Toujours pas. A vrai dire, le silence avait tellement envahi les lieux qu’Alec s’était surpris à sursauter lorsqu’un bruit sourd le ramena à la réalité. Quelqu’un toquait à la porte.

Rassurant sa prise sur le verre qu’il avait failli laisser tomber, Alec s’était finalement détourné après un instant pour atteindre la porte d’entrée.

« Dorofei. Salut. Entre, j’t’en pris… »

Les jours passaient et au final se ressemblaient. Il n’y avait pas à dire son boulot d’Auror lui manquait énormément, mais il savait qu’il allait falloir qu’il fasse son deuil de ce métier chéri. Un jour, peut-être si les choses arrivaient à changer, il pourrait retourner au Ministère. Un jour, encore loin d’être arrivé. Il passait donc beaucoup de temps avec son fils, mais aussi au niveau de la Garde à s’entrainer, à essayer de palier ce qu’il avait perdu en même temps que son œil. Les réflexes étaient là, mais une partie de sa vision était définitivement morte, ce qui était gênant en combat, il devait s’y habituer et se fier encore plus à ses autres sens ce qui n’était pas franchement gagné ! Il ‘entrainait du coup également beaucoup. Il faisait toujours pour tout pour avoir peu de temps à lui, seul, pour ce que les gens appellent se ressourcer. Il cogitait trop et ce n’était pas bon pour lui. Il ne voulait pas penser à Prune. Il ne voulait pas penser à ce qui ‘était passé à Poudlard. Il préférait que tout reste enfermé dans une partie de son cerveau, sous scellé. Il essayait de se convaincre qu’on avait besoin de lui, qu’il était utile même s’il n’était pas indispensable. Il avait besoin de s’occuper l’esprit. C’était indispensable. Vital. Ne pas craquer, surtout pas devant Adam. Jamais.

Aujourd’hui serait un peu un jour différent : il avait laissé Adam à ses grands-parents pour qu’il les aide à s’occuper de la boutique de créatures magiques. Et il avait pris un porteloin pour la France, direction …. Le lieu où se reposait Logan. Il savait qu’il ne pourrait pas faire de miracle pour son ami, mais peut-être que voir une nouvelle tête pourrait disons changer un peu les choses. Après tout, ils avaient à peu près le même âge, ils avaient vécu des choses similaires à leur époque de Poudlard. Dorofei n’avait pas réellement réfléchi à ce qu’il allait lui dire, lui raconter, il préférait que cela soit spontané pour que ça marche.
Est-ce qu’il craignait que quelque chose comme le mois dernier arrive ? Probablement, dans un coin de sa tête, mais il était prêt à courir le risque. Ce n’était pas comme si c’était réellement de la faute de Logan de toute manière. Il ne pouvait lui en vouloir, mais il se savait chanceux d’avoir pu y survivre.
Une fois arrivé, il avait frappé et quelques instants après Alec était venu ouvrir.

« Dorofei. Salut. Entre, j’t’en pris… »
« Alec, comment est-ce que tu vas depuis la dernière fois ?» demanda-t-il tout en lui serrant la main.

Il espérait que le garçon lui ferait un nouveau topo sur la situation du jour/de la semaine. Même s’il avait des nouvelles assez fréquentes de ci et de là. Dans ce genre de situation, chaque jour était différent, probablement même chaque heure.

«J’espère que je ne suis pas trop à l’avance, j’ai trouvé plus facilement que je ne l’aurais pensé … et vu le temps pluvieux, me promener un peu ne me tentait pas trop. »

Surtout qu’après, il allait boucler encore plus que d’habitude… et ça n’était pas forcément une très bonne chose !

La présence de Dorofei l’avait fait sortir de sa propre léthargie. Il lui semblait qu’à chaque fois, Logan pompait toute cette force, cette énergie qu’il apportait ici et qu’il lui balançait pendant toute la première partie de sa visite. Et puis ensuite, il s’épuisait, se fatiguait à sourire, à le solliciter comme on chercherait à éveiller un enfant. Alors clairement, l’arrivée de quelqu’un était pour lui un soulagement. Il n’y avait que comme ça qu’il pouvait se reposer un peu sur les autres. Car Alec y passait systématiquement chaque jour. Chaque jour, il essayait. Et chaque jour, il échouait, jusqu’à se sentir étouffer. Ce lieu, c’était censé être un refuge pour Kezabel comme pour Logan. Avec ses grandes baies vitrées qui donnaient sur la plage et son isolement invitant au calme. Si ça marchait pour son cousin, tant mieux. Pour lui, ça relevait de la prison. Les vagues qui se brisaient contre les rochers ou sur la plage l’agaçaient au plus haut point. La luminosité l’agressait. Même la décoration finissait par lui sortir par les yeux. Une chance que Logan la brise un peu plus chaque jour durant. Alors ce fut avec un sourire soulagé qu’Alec avait serré la main de l’ancien gardien avant de l’inviter à entrer.

« Alec, comment est-ce que tu vas depuis la dernière fois ?» demanda-t-il tout en lui serrant la main.

Un haussement d’épaules et il s’écartait pour le laisser passer.

« Fatigué. »

Ce qui voulait dire : je n’en peux plus, j’ai envie de lui balancer le mobilier qu’il n’a pas encore pété pour lui exploser sur la gueule en espérant que LA il réagisse.
Autrement qu’en lui écrasant la face contre le sol, chose qu’il avait fait à son réveil, si possible.
Et encore, finalement, face à ce mutisme froid et distant, Alec préférait largement la violence. C’était au moins une sorte de contact, une façon de lui dire qu’il avait conscience qu’il était là ou quelque chose du genre. A présent, il était simplement… inexistant. Comme l’utilité de ses efforts, manifestement.

«J’espère que je ne suis pas trop à l’avance, j’ai trouvé plus facilement que je ne l’aurais pensé … et vu le temps pluvieux, me promener un peu ne me tentait pas trop. »
« Nan nan, c’est très bien, ça m’arrange. J’étais en train de craquer. Et puis ça lui fera sans doute du bien de voir d’autres têtes que la mienne et celle d’Aileen. »

Il ne tiendrait pas deux semaines de plus à ce rythme. Voir un proche se dégrader comme ça était proprement insupportable. Et que faire pour le ramener à lui ? Etait-il déjà perdu ? Va savoir. Les mages de la Garde ne semblaient pas pouvoir lui en dire beaucoup plus.

« Après son état violent et agité au réveil, il est resté comme ça. Apathique, il ne semble pas nous voir. Toujours quelques épisodes violents par-ci par-là mais de moins en moins il me semble. Bref, pas grand-chose de nouveau que tu ne saches déjà. »

Et ce statuquo tendait à le rendre fou.

« Ça va toi ? J’te proposerais bien un truc à boire, mais je crois que c’est le seul verre encore entier de la baraque. A voir avec un mug peut-être… Ou un bol… »

Il lui avait désigné le verre qu’il tenait dans la main tout en parlant et en l’accompagnant vers la pièce principale d’où Logan n’avait pas bougé.

« Fatigué. »

Il n’était pas franchement étonné d’une telle réponse. C’était quelque chose de totalement normal même après tout ce qu’il avait vécu, et il savait que veiller sur quelqu’un comme Logan ça ne devait pas être de tout repos, surtout qu’on ne savait jamais sur quel pied danser ; peut-être même que l’on ne savait pas si on pouvait faire « confiance » en son nouveau lui s’il était en crise. Dorofei avait donc essayé de faire un peu la conversation, surtout qu’il était un peu en avance et s’il détestait être en retard, être en avance ce n’était pas non plus cool. Il préférait donc vérifier que cela n’était pas trop gênant !

« Nan nan, c’est très bien, ça m’arrange. J’étais en train de craquer. Et puis ça lui fera sans doute du bien de voir d’autres têtes que la mienne et celle d’Aileen. »
« J’espère, on verra ça de toute manière.» Il n’était pas vraiment certain que cela lui ferait du bien, comment est-ce qu’ils pouvaient savoir ce qui soulagerait l’autre sorcier ?
« Après son état violent et agité au réveil, il est resté comme ça. Apathique, il ne semble pas nous voir. Toujours quelques épisodes violents par-ci par-là mais de moins en moins il me semble. Bref, pas grand-chose de nouveau que tu ne saches déjà. » Il acquiesça doucement, ne sachant pas s’il préférait le voir apathique ou violent. « Ça va toi ? J’te proposerais bien un truc à boire, mais je crois que c’est le seul verre encore entier de la baraque. A voir avec un mug peut-être… Ou un bol… »
« Ne t’embête pas je n’ai pas soif ! Et d’accord, ça marche. Ca devrait le faire, j’ai de meilleur réflexes que la dernière fois.» aka au QG.

Le garçon l’emmena jusque dans la pièce où il y avait l’autre Rivers. Le tout était de savoir comment l’aborder maintenant : essayer de se montrer gentil ? Percutant ? Sarcastique ? Le secouer un peu, ou au contraire bien le préserver ? Il n’était pas psy, il ne s’y connaissait pas trop là-dedans, et probablement que chaque cas était différent, il n’y avait qu’à voir les différents stress post-traumatiques qu’il pouvait il y avoir. Il laissa passer quelques instants et se dit qu’il devait juste y aller au feeling et essayer de réagir en fonction de comment son ami réagissait.

« Merci Alec.» Il fit un léger sourire à ce dernier avant de se tourner vers l’autre garçon. « Salut Logan, ça fait un moment.» Il laissa passer quelques instants avant de déposer le sac qu’il avait pris au sol, il s’assit sur une chaise non loin de l’autre garçon. «Tu fais à quoi ça me fait penser, toi avec cet air …. Renfrogné.» Bon, ce n’était pas forcément le mot adéquat, mais on s’en foutait bien, il essayait d’attirer son attention. Il ne comptait pas lui demander comment il allait, parler de la Garde des combats ou autre. Il avait choisi un tout autre chemin. «Ca me fait penser à Poudlard, quand on y étudiait encore, même si ça remonte maintenant à quelques années. C’était un peu avant les fêtes de Noël, les vacances venaient de commencer. »Il prenait bien son temps pour raconter l’anecdote «… on se baladait dans les couloirs et là y’a une porte qui a … je crois que le mot exact ça serait explosé, quelqu’un avait tenté de faire une potion dans les toilettes de mecs. On ‘’st pris la fumée dans la tronche, et on devait ressembler à des ramoneurs… Et là, il y a mon Directeur de Maison, à moins que ce soit le tien, qui est arrivé et qui a cru qu’on était coupable, on s’est fait remonter les bretelles. Et on a dû aller en colle, notamment tout nettoyer, ces toilettes crades. Tu vois, quand t’a entendu cette punition, tu faisais la même tête. »

Oui, c’était une anecdote pourrie, et alors ? Le but était qu’il se concentre sur des souvenirs plus ou moins bons, qu’il comprenne qu’il n’allait probablement pas le faire chier avec sa santé, ou avec le reste. Pas aujourd’hui, pas maintenant en tout cas. Il ne savait pas si cette méthode avait déjà été utilisée, mais qui ne tente rien n’a rien de toute manière.

Voir quelqu’un, pouvoir discuter, même si c’était très bref était un réel soulagement. A l’heure actuelle, le silence commençait à rendre dingue Alec qui semblait mieux respirer depuis l’arrivée de Dorofei. L’autre était là pour l’aider et le jeune homme clairement dépassé avait besoin de lâcher un peu prise. De toute façon, il était incapable d’aider en quoi que ce soit, alors laisser la galère à un autre faisait du bien parfois.

« Ne t’embête pas je n’ai pas soif ! Et d’accord, ça marche. Ca devrait le faire, j’ai de meilleur réflexes que la dernière fois.» aka au QG.
« Sincèrement, j’espère pour toi. Il ne fait pas du bien quand il s’y met. »

Malgré ce qui s’était passé, Alec passait des heures et des heures seul avec Logan tout comme il savait que Dorofei prévoyait sans doute de faire exactement la même chose. Est-ce qu’ils partaient du principe qu’ils pourraient se défendre étant donné l’état d’amaigrissement et de détérioration générale de l’ancien directeur ? Peut être. Peut être qu’ils lui faisaient simplement en partie confiance. Ou qu’ils se faisaient confiance à eux. Peut être étaient ils juste idiots. Peut-être savaient-ils juste que plus il y aurait de monde et de bruit dans cette pièce, plus il risquait d’entrer en crise. Alors autant se moquer un peu de la situation et, dans une certaine mesure, de leur inconscience. Bien sûr qu’ils savaient. Tout comme ils savaient dans quoi ils s’engageaient en étant ici.

« Utilise un patronus si tu as besoin, je rappliquerai. Je vais ranger deux trois trucs en haut et après je vous laisserai. »

Alec l’avait laissé s’approcher de Logan sans mot dire. Ramassant quelques affaires, il était prêt à monter quand il avait entendu Dorofei parler. Bien sûr, ça n’est pas très correct d’écouter aux portes. Pour autant, le jeune homme était resté là, écoutant l’anecdote un demi-sourire aux lèvres, les affaires dans les bras, figé dans sa volonté de monter. L’histoire l’intéressait. Imaginer Logan quand il était plus jeune lui semblait inaccessible et jusque là, ça ne lui était pas venu à l’esprit de demander à en savoir plus auprès de Dorofei. Il fallait dire qu’il ne l’imaginait pas vraiment avec qui que ce soit, alors penser qu’il avait vécu quoi que ce soit avec… non, Logan restait pour lui un mystère dont la jeunesse semblait inimaginable.

Il les avait finalement laissés, lançant une lessive via un sortilège dans une autre pièce, nettoyant tout de même quelques dégâts par-ci par-là. Alec avait cessé de s’attarder sur ce qui avait dû appartenir à Kezabel ou du moins faire partie de son quotidien des années auparavant. Son esprit morne avait fini par s’en détacher, se concentrant la majorité du temps sur Logan sans pour autant oublier son amie. En vérité, à force de voir Logan dans cet état, il lui semblait que le combat était perdu d’avance. Pour lui, pour elle, pour eux tous aussi sans doute.

Lorsqu’il redescendit, posant quelques affaires propres sur le canapé, aucun des deux n’avait bougé d’un iota et Alec interpela Dorofei pour attirer son attention et le faire venir vers lui. Celui-ci le raccompagna donc jusqu’à la porte.

« Je vais vous laisser, je suis attendu au boulot. Si tu trouves un moyen de lui faire avaler un truc… enfin si tu as la moindre amélioration, tient moi au courant ok ? Allez, j’suis parti. Merci d’être venu Doro. »

Pourquoi ce diminutif ? Aucune idée, c’était venu comme ça. D’ailleurs, Alec n’avait pas tardé à s’éloigner, vérifiant par réflexe les différents systèmes de défense des lieux avant de disparaitre définitivement.

Et il n’était pas le seul. Dans la salle de séjour, Logan n’était plus là. La porte vitrée était ouverte et l’homme se trouvait plus loin, mains dans les poches, poings serrés sur le tissus, le regard se perdant dans les vagues qui s’écrasaient à ses pieds, mouillant ses orteils, éclaboussant sur le tissu de son pantalon.

« Sincèrement, j’espère pour toi. Il ne fait pas du bien quand il s’y met. »
« T’inquiètes, je vais pouvoir gérer. Je pense. On verra juste…. Fais en sorte que l’on retrouve ma carcasse.»Il plaisantait… disons à moitié. Bien sûr qu’il ne pensait pas mourir ce soir, il en plaisantait, c’était toujours mieux que d’avoir peur, mais par contre si le pire arrivait –cela pouvait toujours arriver- il voulait que sa famille puisse faire leur deuil correctement « Et ce, même si tu dois mettre trois mois à retrouver chaque morceau.»

Bien sûr qu’il n’exploserait pas… quoi que il y avait bien un sort, il en était certain où il pourrait être éparpillé en si petits bouts qu’on pourrait croire à de mini biopsies. Même si la situation n’avait rien de drôle, qu’il savait le risque qu’il courait, il préférait en « jouer », si on pouvait dire ça comme ça. Tout comme il savait que c’était un humour et une façon de parler très particulière qui ne sied pas à tout le monde, Alec cependant avait toujours semblé assez réceptif à cette manière de s’exprimer qui en choquait plus d’un.

« Utilise un patronus si tu as besoin, je rappliquerai. Je vais ranger deux trois trucs en haut et après je vous laisserai. »
« Si ça peut te rassurer, ça marche, mais je ne pense pas que j’aurais besoin d’aide.»

Ils s’étaient finalement dirigés vers l’endroit où état Logan, Dorofei avait essayé de le faire réagir un minimum avec l’anecdote qu’il avait en tête. Il en avait quelqu’unes sous le coup mais elles n’étaient quand même pas très nombreuses. Il espérait qu’il réagirait un peu d’une manière pour qu’il puisse continuer ou pas dans cette voie, pour l’instant c’était probablement plus le chou blanc qu’autre chose ! Alec interpella soudain Cooper en lui disant qu’il parlait, il acquiesça sagement pour le prévenir à la moindre évolution quelle qu’elle soit ! Quant à le faire manger… ça risquait d’être compliqué…. Mais il pourrait toujours essayer. Il haussa un sourcil assez surpris au surnom que lui donna le garçon, mais ne fit aucune remarque. C’était probablement même plutôt agréable dans un sens et il l’appréciait assez pour se laisser appeler comme ça sans broncher. Ce qui n’était pas forcément le cas avec tout le monde.
Alec parti, il se dirigea de nouveau vers la salle de séjour où Logan avait disparu. Coop pesta en russe avant de se dépécherà aller voir dehors et il ne tarda pas à le retrouver : entier mais l’air toujours aussi sinistre et surtout se trempant les pieds dans une eau qui devait être gelée.

« Logan, il vaudrait mieux que l’on rentre, ou au moins rejoints moi au sec, vu comme l’eau doit être froide, tu vas finir par perdre un orteil ou deux… et Perso un œil ça suffit, je tiens à mes doigts de pieds, même si c’est pas franchement très visible.»

Il s’était quand même approché un peu plus de l’homme juste au cas où ce dernier veuille faire une connerie, ou par Merlin, ce qui pouvait lui passer par la tête. Il gardait néanmoins également une distance raisonnable qui lui permettrait de dégainer sa baguette pour l’arrêter net si le besoin était. Il n’avait pas envie de l’attaquer, loin de là, surtout pas de le blesser ; mais il agirait en conséquences et des sorts d’entrave, il en connaissait par ailleurs un paquet, tout dépendait de la façon dont Rivers l’attaquait, si jamais il attaquait.

« Alec voudrait que tu manges, quelque chose. Je vais t’épargner le truc dégueulasses, il n’a pas précisé quoi, je te propose un bon gros gâteau. T’en dis quoi ? Pas diététique, plein de gras mais ça peut se manger sans faim.» Temps de silence. « Tu vas me dire que tu es tout le temps sage comme une image, mais ça marche pas avec moi, du coup, si t’es bien sage, on pourrait peut-être même se boire un verre, ou deux. J’ai pris un truc qui vient de Russie, ça nettoye bien les boyaux.»

L’alcool était peut-être à proscrire, il n’en savait rien. Absolument rien, mais il espérait avoir une petite réaction, et puis il n’avait pas pris assez pour qu’ils soient bourrés ou quelque chose de ce genre-là.

Le monde tournait toujours un peu tout autour de lui. Il semblait pris d’épilepsie, absents parfois, basculant sans arrêt dans l’irréel. Logan le savait, que son esprit se jouait de lui. La réalité fusait par moments à travers son brouillard, aveuglante, brutale et froide, comme un flash apte à le ramener à lui. Et puis la boue de ses angoisses l’emportait de nouveau. Alors Logan entrait de nouveau profondément en lui, comme on lui avait appris durant toute son enfance. Comme il l’avait fait une fois enfermé. Mais chaque jour, il tentait de faire tomber ses barrières. Chaque jour il cherchait à faire un pas en dehors des ténèbres, jamais tout à fait persuadé de la véracité de ce qu’il pouvait voir et interpréter. Ses proches étaient là. Pas tous. Et par intermittence, comme ce qui aurait pu en effet se faire s’il était bien sorti de là. Muet, il observait sans mot dire, se décidant doucement sur la question.

A la place de Johan, c’est ce qu’il aurait fait : lui faire croire qu’il était dehors, en sécurité, afin de le faire parler. Alors il ne parlait pas. Plus les jours avançaient, plus Logan passait du temps dans cette réalité. Jamais tout à fait sûr de lui, jamais vraiment rassuré, toujours prêt à fermer de nouveau son esprit à toute intrusion. Et le monde tournait. Il avançait, calmement. Sans lui. Alors Logan se posait en simple observateur. Regarder le monde tourner sans s’impliquer avait quelque chose de reposant, surtout après les années qu’il venait de passer.
Et peu à peu, les crises s’étaient espacées, lui permettant de distinguer la réalité des mirages que son esprit montait et lui imposait par moment. Plus le temps passait, plus il se rendait apte à s’extraire de ce carcan boueux dans lequel ses neurones semblaient reposer.

Alors sans mot dire, il les écoutait tergiverser et bavasser, sans réellement se décider à entrer de nouveau à pieds joints dans sa propre existence. En vérité, il n’avait qu’une envie : disparaitre, cesser de faire face à cette réalité dans laquelle s’imposaient obligations et responsabilités. Se laisser engloutir au fur et à mesure dans ses propres ténèbres, glisser doucement loin derrière chacune des barrières qu’il avait érigées pour que personne ne puisse l’atteindre. Mais après des mois dans le noir, glacé, affamé, ce lieu infranchissable semblait être la meilleure des cachettes.

« Logan, il vaudrait mieux que l’on rentre, ou au moins rejoints moi au sec, vu comme l’eau doit être froide, tu vas finir par perdre un orteil ou deux… et Perso un œil ça suffit, je tiens à mes doigts de pieds, même si c’est pas franchement très visible.»

Mais là, face à la mer, l’eau claquant contre ses pieds gelés, il savait que ce confort, il ne pouvait en profiter jusqu’à la fin, cessant simplement d’exister. Ces derniers temps, plusieurs fois, il avait fixé le verre au sol, entaillant parfois lui-même sa peau, faisant rugir la douleur, couler le sang, effleurant la mort, par envie, par désir presque. Mais chaque fois, c’était Johan qui revenait le hanter tandis que les démons de sa cellule riaient à ses oreilles. S’il aurait pu s’enfouir sans bruit jusqu’à disparaitre tout à fait, il ne pouvait pas les laisser remporter la partie.

« Tu vas me dire que tu es tout le temps sage comme une image, mais ça marche pas avec moi, du coup, si t’es bien sage, on pourrait peut-être même se boire un verre, ou deux. J’ai pris un truc qui vient de Russie, ça nettoye bien les boyaux.»

Il ne pouvait pas baisser les armes.

Alors si le silence s’installait de nouveau au bord de cette plage, la foudre en lui, elle, grondait.

Sourde, froide, persistante. Un appel aux armes. Le rugissement d’une vie.

« J’ai déjà donné côté doigts, j’te remercie on va s’arrêter là. »

Son regard n’avait pas bougé, son visage braqué sur la mer méditerranée, il avait sorti sa main de sa poche pour la lever avec humour. De grosses cicatrices barraient toujours ses paumes dont différents sortilèges et potions avaient forcé le rétablissement. Ses doigts, eux, ne repousseraient pas.

C’est avec un sourire ironique que Logan s’était enfin tourné – sans doute après un petit moment, il restait dans sa propre timeline – vers son ami.

« Tu sais, le regard que je faisais quand Hiddleston nous a surpris ? C’est un peu celui que tu fais maintenant en fait. »

Comme quoi,  ça se transmet ce genre de trucs.
Et oui, il était là. Oui il entendait. Non, son cerveau n’avait pas intégralement cramé. Et non, il n’avait toujours pas bougé d’un iota, intégrant chaque sensation, de l’eau gelée qui frappait sa peau, à la sensation du sable qui glissait doucement sous son poids, aux odeurs d’embruns et au souffle de l’air marin. Comme un souffle de liberté. De renouveau peut-être.
Comme les prémices d’une tempête.

Y aller doucement. Exercice périlleux. Dorofei était plus quelqu’un fait pour l’action que pour essayer de parler, de parlementer, de raisonner. Même s’il parfois il se débrouillait bien, il était quand même généralement un peu trop sec et sarcastique dans ses propos et ici, il ne savait pas trop ce que cela pourrait donner. Il ne savait pas quelle attitude adopter exactement. Alors, il essaya d’aller le plus au feeling possible essayant quand même de mesurer un minimum ses propos. Le but pour l’instant était qu’ils rentrent avant que Logan n’attrape froid, ou plus vu la température de l’eau. Pas certain que ce soit une bonne idée, il essaya de le convaincre d’une autre façon : en parlant d’alcool.

« J’ai déjà donné côté doigts, j’te remercie on va s’arrêter là. »

Il s’était avancé de quelques pas ne sachant pas trop quoi dire pour sa main, être désolé ‘était ridicule, ça ne changerait rien à la situation et personnellement, quand on lui disait ça lui donnait plus envie de pester qu’autre il allait donc épargner ça à son ami. Néanmoins, il devait dire quelque chose, mais quoi ?

« Tu sais, le regard que je faisais quand Hiddleston nous a surpris ? C’est un peu celui que tu fais maintenant en fait. »
«Ouais, il parait que j’excelle dans le regard un peu bovin. »

Bien sûr, ce n’était qu’une phrase ou deux, mais c’était déjà mieux que rien. Il ne fallait pas se réjouir pour autant, mais peut-être qu’au final, c’était comme ça qu’il devait agir, en parlant du passé plus lointain. Pas du futur, pas de quelque chose de trop récent. Pas maintenant. Chance ? Ou quelque chose de plus logique ? Il n’en savait rien, mais ce n’était qu’en essayant qu’il pourrait savoir. Il n’y avait pas réellement d’autre choix, d’autres solutions pour l’instant de toute manière. Il savait qu’il ne devait pas baisser sa garde pour autant. Il se contenta de s’étirer un peu avant de reprendre

« Bon alors ce verre d’alcool ça te tente ou pas ? Par ce que si tu comptes finir le cul gelé ici, tu me dis, moi j’vais me prendre une chaise longue et attendre que tu prennes racine dans le sable tout en sirotant une boisson chaude.»

Pour qui le connaissait, savait que ce n’était pas des propos méchant sarcastiques ou autres, il essayait juste de le faire réagir un peu vu que l’autre avait l’air de réagir un peu à ses piques – tant mieux, par ce que se montrer mielleux, ce n’était pas son truc-.

« Et si tu attends que je te supplie, ou que je te propose un truc tout mignon, et gentil, je crois que tu as le temps de te noyer avant que ça arrive… enfin vu la hauteur de l’eau…. Ptet pas noyé ; mais c’est qu’un détail.»

Il allait peut-être un peu trop loin pour un début, mais ce fut un peu trop tard lorsqu’il eut prononcé. Punaise, lui et la finesse ça faisait vraiment deux quand il s’y mettait. Mais bon, ses amis le savaient, parler c’était pas son fort. La stratégie, ou l’attaque l’étaient probablement beaucoup plus.

Le froid mordait sa peau, pénétrant ses os, comme un rappel d’une autre époque, d’un cachot sombre. Mais là, il n’y avait ni les vagues ni les embruns. Du moins, il le supposait.
Dorofei n’avait manifestement pas compris l’ironie dans sa voix lorsque Logan avait désigné l’une de ses mains blessées. Pourtant c’était drôle non ? Sans doute pas. Peut-être en avait-il aussi perdu question communication humaine ? Déjà qu’il n’était pas particulièrement bon à ce jeu-là de bas. Tentons un second essai.

« Tu sais, le regard que je faisais quand Hiddleston nous a surpris ? C’est un peu celui que tu fais maintenant en fait. »
«Ouais, il parait que j’excelle dans le regard un peu bovin. »
« T’es très doué pour ça. »

Etait-ce une insulte ? Non, juste une pique. C’était courant entre eux. La réponse était élaborée sans aucun problème. En revanche, elle semblait racler pour sortir, comme si quelque chose la retenait en arrière. Cette chose qui le retenait toujours un peu loin du monde, qui l’empêchait de raccrocher complètement. Mais Logan avait décidé de mettre de nouveau un pied dans le monde réel, il devait donc s’y forcer et cesser d’écouter cette petite voix intérieure qui l’appelait à rester dans le confort de son esprit, loin de la réalité et de toutes les souffrances qu’elle pouvait entraîner.

« Bon alors ce verre d’alcool ça te tente ou pas ? Par ce que si tu comptes finir le cul gelé ici, tu me dis, moi j’vais me prendre une chaise longue et attendre que tu prennes racine dans le sable tout en sirotant une boisson chaude.»

Un petit sourire s’était dessiné que les lèvres de Logan. Dorofei cherchait clairement à le faire réagir. Il pouvait le comprendre, ça faisait sans doute des semaines qu’il ne communiquait pas, avec personne. Sans parler des mois passés aux cachots sans plus s’exprimer.

« Et si tu attends que je te supplie, ou que je te propose un truc tout mignon, et gentil, je crois que tu as le temps de te noyer avant que ça arrive… enfin vu la hauteur de l’eau…. Ptet pas noyé ; mais c’est qu’un détail.»

Il avait encore mis un peu trop de temps à réagir. Le monde semblait tourner trop vite pour lui qui s’en était tant détaché des semaines durant. Logan avait fini par lâcher un petit rire.

« Me supplier de quoi ? De boire un verre ? T’es tombé bien bas mon ami. »

Clairement, il n’y avait rien de réellement sérieux dans ce qu’il venait de dire. Disons qu’il socialisait pour la première fois depuis quasiment un an. Est-ce que ça faisait du bien ? Sincèrement, il n’aurait su le dire. Parler avec Dorofei était à la fois complètement naturel et totalement douloureux. Sa voix était rauque, ses muscles faciaux comme engourdis, et chaque mot lui semblait demander un effort considérable.

Logan s’était penché une seconde, posant sa main à plat dans les vaguelettes qui l’atteignaient calmement, passant finalement cette couche humide sur sa nuque. Elle semblait bouillante sans qu’il y ait la moindre logique à cet état de fait.

« Je ne sais pas quoi lui dire. A lui ou à Aileen. J’ai pas réellement envie de prendre la responsabilité d’avancer de nouveau. »

Alors il préférait le statue quo, le mutisme. Mais ça n’était pas viable dans le temps, il le savait. D’autant qu’en lui, hurlait une rage destructrice. Pour l’instant, l’envie de se détacher du monde et de rester loin de ses implications l’emportait mais il se connaissait, un jour, ce serait la haine qui gagnerait le pas sur la passivité.

Ce jour-là, il voudrait tuer Johan.

« T’as raison, rentrons. »

Il n’en avait pas envie, mais s’il restait là, il n’arriverait plus à s’arracher à la contemplation de l’eau.

« J’aurais bien besoin d’un verre. »

Dorofei avait obtenu en quelques trentaines de minutes ce qu’Alec ou Aileen n’avaient réussi en des journées de présence dévouée. Etouffante. Epuisante.

En entrant, Logan s’était blessé sur les débris de verre, ne semblant pourtant pas remarquer le sang qui tachait le sol à son passage.

« T’es très doué pour ça. »
« Il me faut bien quand même quelque chose dans laquelle je peux être doué, ça ne serait pas drôle sinon !»

Ils pourraient probablement passer des heures comme ça, s’envoyer des piques qui n’auraient plus aucun lien à la fin avec le sujet du départ. Lequel des deux auraient le dernier mot ? A une époque Logan était vraiment très doué avec ça, mais aujourd’hui …. Est-ce que c’était toujours le cas. Au moins, il avait réussi à en tirer quelque chose, même si ce n’était pas grand-chose, Alec serait probablement content de voir qu’il pouvait sortir de son mutisme. Dorofei avait essayé de changer de sujets, en lui parlant de nouveau de l’alcool et compagnie. Il essayait d’y mettre un peu d’humour, de sarcasme, d’ironie qui lui ressemblait tant, comme si rien de grave ne s’était passé. C’était probablement ça qui lui fallait ; qu’on fasse comme pour l’instant comme si ne rien ne s’était passé. Il n’en avait pas besoin, et il pouvait comprendre Logan, lui non plus n’avait pas envie d’en parler, de rassurer, de ci de ça. Probablement que c’était pour ça qu’il y arrivait pas si mal avec son ami par ce que sur certains points, ils se ressemblaient et avaient des façons d’agir similaires. Et cela lui fit plaisir de voir un très léger sourire s’afficher sur les lèvres de son ami, mais il ne le releva pas à voix haute.

« Me supplier de quoi ? De boire un verre ? T’es tombé bien bas mon ami. »
«Et si tu bouges pas, je vais devoir creuser encore plus profond, et je ne suis pas certain du résultat ! Tu sais les suppliques, être mielleux tout ça, je trouve d’un ennui et d’un pathétisme, alors m’oblige pas à aller dans cette voie, quoique …. Peut-être que ton penchant sadique veut me voir ramer et je déteste encore plus cette option.»

Au moins, ils parlaient le même langage bien qu’ils soient loin d’avoir le même passif.

« Je ne sais pas quoi lui dire. A lui ou à Aileen. J’ai pas réellement envie de prendre la responsabilité d’avancer de nouveau. »

Là, c’était une vraie question …en quelque sorte, ou plutôt un vrai besoin. Cette fois il devait essayer de bien lui répondre, de bien le conseiller.

« Il y a plusieurs options, Logan. Personnellement j’ai juste dit à ma famille que je ne voulais pas en parler et qu’ils me foutent la paix là-dessus. Tu peux leur dire tout simplement que tu as besoin de temps, d’espace, d’aide mais sans que l’on soit collé à toi, même si je comprends les angoisses d’Alec et que je comprends également sa façon d’agir.» Temps de silence. « Juste que tu n’as pas envie de parler ; ou de parler de ça. Si ça peut t’aider, viens quelques jours à la maison, peut-être que changer d’air te fera du bien, mais je te préviens, j’ai mon gamin – que je peux refiler à ma famille- mais aussi Jordane.» Il se tut quelques instants avant de reprendre «Et c’est pas moi qui vais te materner. » Il eut un petit sourire, avant de reprendre plus sérieusement. «On a vécu deux choses totalement différentes ; même s’il y a quelques points similaires. Et personnellement je pense à deux choses : ne pas en parler, par ce que ça ne sert à rien de ressasser, et la vengeance. Ils ont Prune quelque part et je compte bien la retrouver. Alors, si tu as pas envie de parler de ça, je m’en fouts ; si tu as envie, pas de soucis. Quoique tu ais envie, Logan, je ferai mon possible pour t’aider, sans te préserver par ce que je considère que tu n’es pas une chose fragile. »
Ca faisait beaucoup de paroles pour pas dire grand choses, mais il avait quand même essayé d’arrondir les angles, de lui faire comprendre qu’il serait pour lui, qu’ils pouvaient juste parler du passé, du futur, de vengeance, de tout et de rien.

« T’as raison, rentrons. » Dorofei acquiesça doucement. « J’aurais bien besoin d’un verre. »

Il avait donc suivi son ami, fronçant les sourcils en voyant l’état du sol.

«Hey ; Cendrillon, tes chaussures en verre se sont fait la malle, t’es en train de salir tout le sol. Alors va t’asseoir, je vais chercher de quoi désinfecter tout ça et les verres quoique non, pas besoin de verre. »

D’un accio, il avait amène la bouteille jusque sur la table, celle juste à côté de son ami. Bon, restait le souci du verre et des pieds. Hum, là, c’était pas son domaine, surtout vu son côté brutasse.

«ca se trouve les trousses de secours ici ? Ca m’ennuierait fortement de te foutre un peu de la bouteille sur tes pieds. »

«Et si tu bouges pas, je vais devoir creuser encore plus profond, et je ne suis pas certain du résultat !  Tu sais les suppliques, être mielleux tout ça, je trouve d’un ennui et d’un pathétisme, alors m’oblige pas à aller dans cette voie, quoique …. Peut-être que ton penchant sadique veut me voir ramer et je déteste encore plus cette option.»
« C’est une idée. Laisse-moi l’envisager. »

L’idée d’un Dorofei singeant la supplique avait de quoi le faire sourire et ce, même si un tel acte restait compliqué à l’heure actuelle. Logan n’était pas choqué comme pouvait l’être Kezabel, ses entraînements durant l’enfance ayant manifestement servi à quelque chose. Peut être son père avait-il fait quelque chose de bon pour lui finalement. En revanche, il n’avait simplement aucune envie de rentrer de nouveau pleinement dans la réalité. Il souhaitait disparaitre et chaque parole, chaque contact lui était une torture. Pour autant, Logan savait qu’il ne pouvait pas simplement fuir ainsi, qu’il lui fallait se forcer. Alors c’était ce qu’il faisait. Lasse de regarder sans agir le monde tourner, il se forçait à y plonger un orteil de nouveau, hésitant, prêt à fuir aussi brusquement qu’il semblait être revenu à la vie. A tout instant, il lui semblait que ce monde était trop lourd pour lui. Que lui-même, à vrai dire, ne pouvait plus se supporter.

« Il y a plusieurs options,  Logan. Personnellement j’ai juste dit à ma famille que je ne voulais pas en parler et qu’ils me foutent la paix là-dessus. Tu peux leur dire tout simplement que tu as besoin de temps, d’espace, d’aide mais sans que l’on soit collé à toi, même si je comprends les angoisses d’Alec et que je comprends également sa façon d’agir. Juste que tu n’as pas envie de parler ; ou de parler de ça. Si ça peut t’aider, viens quelques jours à la maison, peut-être que changer d’air te fera du bien, mais je te préviens, j’ai mon gamin – que je peux refiler à ma famille- mais aussi Jordane. Et c’est pas moi qui vais te materner. On a vécu deux choses totalement différentes ; même s’il y a quelques points similaires. Et personnellement je pense à deux choses : ne pas en parler, par ce que ça ne sert à rien de ressasser, et la vengeance. Ils ont Prune quelque part et je compte bien la retrouver. Alors, si tu as pas envie de parler de ça, je m’en fouts ; si tu as envie, pas de soucis. Quoique tu ais envie, Logan, je ferai mon possible pour t’aider, sans te préserver par ce que je considère que tu n’es pas une chose fragile. »

Logan était resté tourné vers l’eau sans réaction apparente jusqu’à ce que Dorofei évoque sa femme. Alors seulement, il s’était retourné vers lui pour le dévisager un instant avant de se détourner de nouveau. Qu’ils aient sa femme était dramatique pour son ami, Logan le savait bien. Pour autant, il ne savait pas quoi dire. La vengeance, il la comprenait, c’était sans doute la seule chose qui le ramenait dans le monde des vivants à l’heure actuelle. L’amour n’y avait pas suffit. Mais la rage, elle, ne faiblissait pas. Chaque fois qu’il la soufflait, bien décidé à la laisser s’enterrer avec lui, loin de la violence du monde, elle battait un peu plus à ses tempes, enflammée, puissante elle palpitait jusqu’à ce qu’il accepte de l’écouter.

Pivotant, Logan s’était finalement détourner de son ami pour se diriger vers la demeure. Au début, il n’avait pas tout à fait compris de quoi il s’agissait ni pourquoi il se trouvait ici. Mais au fur et à mesure, son esprit s’était fait plus clair. Pour autant, il flottait encore, sa conscience alternant parfois entre l’intérieur et l’extérieur, pas toujours connectée à son corps.

«Hey ; Cendrillon, tes chaussures en verre se sont fait la malle, t’es en train de salir tout le sol. Alors va t’asseoir, je vais chercher de quoi désinfecter tout ça et les verres quoique non, pas besoin de verre. »

Du sang au sol, qui se répandait tandis qu’il avançait. Assez pour lui retourner l’estomac un instant et faire battre jusque dans ses yeux l’adrénaline. L’espace d’un instant, il n’y voyait plus rien, s’asseyant dans le fauteuil non loin de la fenêtre le temps que les mouches devant ses yeux ne disparaissent.

«ca se trouve les trousses de secours ici ? Ca m’ennuierait fortement de te foutre un peu de la bouteille sur tes pieds. »
« Laisse mes pieds où ils sont et file moi cette bouteille… »

Etait-ce correct de vider une bouteille qui ne lui appartenait sans doute pas ? Ça ne lui était pas venu à l’esprit.
L’important était l’alcool. Pour autant, Logan s’en était désintéressé et avait ramené un pied sur une jambe, retirant d’un air absent les morceaux de verre de sa chair, se plongeant quelques instants en lui avant de… se blesser un peu plus, concentré sur la douleur encore abstraite. Revenir en lui. Ressentir. Il lui fallait ressentir. Mais si la douleur était là, il ne semblait pas réellement l’intégrer, pas plus que des quelconques sentiments. Non, il flottait, ailleurs, détaché, balançant finalement un morceau au loin, laissant quelques gouttelettes de sang tâcher le sol au passage.
Pourtant, la nausée était là. Elle témoignait d’émotions non ? De la peur, du dégout, quelque chose. Pas si loin. Mais étouffé si fort...

« Comment tu l’as su ? »

Il parlait de Prune. D’accord, il n’était sans doute pas bavard ni facile à suivre, mais à ses yeux, c’était parfaitement clair.
Main tendue, il se saisi de la bouteille, vidant quelques gorgées venant le brûler. Une grimace. Chaque déglutition était étonnamment douloureuse depuis son réveil, alors de l’alcool… Il lui semblait avoir perdu toute habitude de boire. Pourtant, plusieurs fois, seul, il avait déjà sifflé quelques biens des Hastings.

« Vous en êtes où ? Contre eux ? »

Qu’avait fait la Garde depuis tout ce temps où Logan n’avait pas pu être en contact avec l’extérieur de Poudlard, enfermé dans sa geôle.

Des faits. Du concret. Et puis, quelques instants plus tard :
…
« Et que fous cette gamine chez toi ? »

Le fait de la traiter de gamine étant hautement dérangeant étant donné que des années auparavant elle et lui avaient eu des rapports charnels… mais ça lui était sorti de la tête.

« C’est une idée. Laisse-moi l’envisager. »
«C’est pas obligé d’essayer de l’envisager, moi, je disais comme ça. »

Non, mais … avec Logan on pouvait s’attendre à tout. Quelque chose lui disait que peut-être qu’il y prendrait goût et ce n’était pas franchement une option envisageable pour Dorofei. Néanmoins ne voulant pas franchement s’appesantir sur le sujet, il avait continué assez longuement sur autre chose/ un autre sujet, essayant de le faire réagir, de lui montrer qu’il n’agirait pas forcément comme les autres –même s’il ne savait pas trop comment les autres réagissaient-. Il avait bien vu que le sujet de sa femme l’avait fait un peu réagir, vaguement disant mais c’était déjà beaucoup plus que rien. Il n’avait pas insisté et continué sur sa lancée, notamment lorsqu’ils étaient rerentrés dans la maison… maison que Logan était en train de dégueulasser avec ses pieds plein de sang. Il lui fit une petite remarque soi-disant humoristique avant d’aller vouloir chercher alcool et trousse de secours. Concernant cette dernière d’ailleurs, il faudrait d’ores et déjà la localiser !

« Laisse mes pieds où ils sont et file moi cette bouteille… »

Il allait répondre quelque chose de saignant –whoaw le jeu de mot- mais se retint en voyant son ami se retirer l’air de rien les morceaux de verre de sa chair. Une activité presque banale dans le quotidien de Rivers vu la tronche qu’il tirait. Mais il allait en falloir un peu plus pour désarçonner l’ex auror. En attendant qu’il ait fini, il avait posé la dite bouteille à côté d’eux, laissant le soin à Logan de commencer à boire en premier lorsqu’il le souhaiterait ! C’est beau une telle conversation, avec autant de mots. Magnifique. Mais Cooper n’était pas franchement doué là-dedans et il ne savait plus trop quoi dire.

« Comment tu l’as su ? »
« Hum ?!» Il fronça un peu les sourcils se demandant de quoi il parlait. Il devait faire chemin arrière pour essayer de trouver le fil manquant. Pieds et sang. Il l’avait dit le sol. Avant ça c’était son grand discours, sur la vengeance, Prune, et tout le reste, les suppliques. Les suppliques ne  lui feraient pas répliquer cela, ce qui signifiait qu’il parlait soit de Prune, soit de comment il avait su quoi lui dire pour le faire parler. La première solution lui semblait probablement un peu plus logique, mais le temps qu’il réfléchisse à tout cela, l’autre avait déjà pris la bouteille et grimaçait. «Je te l’avais dis, qu’elle arrachait ! Je te rappelle que j’ai du sang Russe dans mes veines, l’alcool là-bas c’est autre chose qu’ici. »  Quoi l’importation ? Chut. «Walters me l’a dit…. Plus ou moins montré, mais je ne sais pas à quel point je le crois, elle avait l’air en vie… mais ça ne veut rien dire. » Il soupira. Il ne savait pas s’il devait continuer, par ce qu’il lui répondrait probablement comme les autres, alors pour l’instant, il ne devait pas trop l’ennuyer avec ça.
[coor=tomato]« Vous en êtes où ? Contre eux ? »[/color]

Il se contenta d’hausser un peu les épaules. Il avait envie de dire nulle part ce qui était plutôt vrai dans les faits, mais des choses commençaient à être mises en places, ou le seraient probablement bientôt, alors ce n’était pas que négatif.

«Il faut faire attention à ce que l’on fera dans l’avenir. Chaque erreur nous coute beaucoup et on est pas si nombreux que cela. »

…
« Et que fous cette gamine chez toi ? »
«Whoa, je fais juste ça pour l’aider, sans aucun sous-entendu ou contrepartie. Le temps qu’elle se prenne en main on va dire, c’est tout.  Qu’est-ce que t’as contre ma maison, Rivers ? Je te promets qu’à part les hurlements d’Adam, c’est plutôt sain là-bas. »

« C’est une idée. Laisse-moi l’envisager. »
«C’est pas obligé d’essayer de l’envisager, moi, je disais comme ça. »

Torturer un ami en le faisant partir dans le pathos ? C’était une idée. Mais ça ne serait pas pour tout de suite. Il avait eu son compte de drama, vraiment, et n’avait aucune envie d’avoir une pleureuse de plus à son chevet. C’était bon. Ça n’était pas parce qu’on le suppliait de parler qu’il s’y mettait. Et quant à revenir ? C’était tout un terme ça. Revenir. On ne lui demandait pas de redevenir lui-même mais de revenir. Bien sûr, ils le pensaient effacé, perdu, ailleurs. Il le comprenait car c’était le cas ; du oins, ça l’avait été pendant longtemps et il était toujours très tenté de repartir dans cet état de léthargie, loin de tout ce tumulte. Mais revenir, c’était aussi se ré-impliquer dans la partie, entrer de nouveau dans le jeu. Et ça, Logan n’en avait absolument aucune envie, et il s’en voulait d’être si pleutre. Mais cette cage était devenue la sienne et il n’aspirait qu’au silence et à l’immobilisme.
Disons que l’alcool était donc pour l’instant un premier pas. Parler avec un ami, avouer sa présence en était un second. Mais Dorofei n’était pas tout à fait comme les autres. Il n’attendait rien de lui. Il était là, voilà tout. Et ça changeait bien des choses à l’instant.

«Je te l’avais dis, qu’elle arrachait ! Je te rappelle que j’ai du sang Russe dans mes veines, l’alcool là-bas c’est autre chose qu’ici. »
« Que veux-tu, ici on a un gosier bien trop fin pour apprécier vos doses de bourrins. »

A moins qu’il n’y ait là qu’un but : celui de sentir l’alcool brûler les chaires et raviver le feu.

«Walters me l’a dit…. Plus ou moins montré, mais je ne sais pas à quel point je le crois, elle avait l’air en vie… mais ça ne veut rien dire. »

Non, Dorofei n’attendait rien de lui, alors pourquoi était-il là à poser ce genre de questions ? Pourquoi ne pas simplement continuer à fuir la réalité ?

« Dans quelles mesures étais-tu aptes à distinguer la réalité ? »

Dans quelles mesures l’était-il actuellement ?

«Il faut faire attention à ce que l’on fera dans l’avenir. Chaque erreur nous coute beaucoup et on est pas si nombreux que cela. »
« Je ne dois pas donc voir en vous une bande de super-héros costumés ayant finalement répondu à l’appel ? »

Bien sûr, il s’en doutait. A vrai dire, Logan avait eu des contacts avec ces gens, ceux qui avaient monté la Garde et qui l’avaient sorti de là. Cela dit, enfermé là en bas, conscient d’avoir fait disparaître toutes les traces de la Garde, il n’avait eu aucun espoir qu’ils ne déboulent.
A vrai dire, il n’avait surtout pas eu le temps de faire ce qui devait l’être, parce qu’il avait fait la connerie de penser aux autres. Et s’ils avaient réussi à percer la barrière de son esprit, qu’auraient-ils appris ? Il avait été idiot.

« Et que fous cette gamine chez toi ? »
«Whoa, je fais juste ça pour l’aider, sans aucun sous-entendu ou contrepartie. Le temps qu’elle se prenne en main on va dire, c’est tout.  Qu’est-ce que t’as contre ma maison, Rivers ? Je te promets qu’à part les hurlements d’Adam, c’est plutôt sain là-bas. »
« Justement. »

C’est sain. Quel ennui.

« Il y a du monde. »

Et il n’avait absolument aucune envie d’être entouré comme ça. Pour le coup, de ce qu’il avait compris, cette histoire était une volonté d’Alec, la solution ayant été trouvée par Kezabel. Qui l’eut cru ?
Cela dit, ils avaient raison, c’était ce qu’il lui fallait. Le calme, le silence. Chaque bruit soudain, chaque intervention non prévue était une torture. Même là, cette conversation commençait à être de trop, à l’irriter. Pour autant, il y avait encore des points qu’il souhaitait éclaircir… mais tout ne se ferait pas aujourd’hui, il n’en aurait pas la force.

« Qu’est-ce que ça aurait pu lui apporter ? »

A Jordane ?

« A Johan. Quel intérêt de te dire que ta femme est en vie. Il t’a fait chanté pour te faire changer de ‘camp’ ? »

« Que veux-tu, ici on a un gosier bien trop fin pour apprécier vos doses de bourrins. »
« Non, là-bas faut se réchauffer aussi.» répliqua-t-il au tac au tac en lui faisant son sourire le plu crétin qu’il avait en stock.

Et si jusque-là, le sujet était au final redevenu plus calme lorsqu’il se remit à parler de Prune, c’était comme rouvrir une plaie, déjà un peu trop à vif, mais avec Logan il pourrait probablement avoir un autre point de vue intéressant. Même Rain avait été étonnée de sa façon de voir les choses, et lui avait conseillé autre chose qu’il aimait moyennement, comment est-ce que percevrait Logan toute cette histoire. Peut-être qu’il se tairait de nouveau dans le silence son ami, mais cela lui convenait. Il n’attendait pas grand-chose, un autre avis serait bien, rien n’était pas non plus si grave que cela.

« Dans quelles mesures étais-tu aptes à distinguer la réalité ? »
« Assez pour l’envoyer bouler…. Mais une pensée, un « souvenir », reste flou, peut-être truqué. Je crois que la réelle question, c’est plus… disons est-ce que je peux faire confiance à quelques instants d’un souvenir non daté ? La réponse est probablement non…. Mais si elle est en vie, je ne peux pas la laisser là-bas. Il faut qu’elle arrête de souffrir.»

Impératif. Et il ne fallait pas qu’elle soit un risque pour la garde, pour lui, pour leurs enfants. Comment est-ce qu’était son mental à présent ? Est-ce qu’elle n’avait pas été manipulée, endoctrinée ? Sans compter l’Imperium. C’était beaucoup, beaucoup trop de risques. Dans ces cas-là ce n’était pas l’empathie qui devait être là, mais la simple logique, pour le bien de tous et il était plutôt bon là-dedans ?

« Je ne dois pas donc voir en vous une bande de super-héros costumés ayant finalement répondu à l’appel ? »
«Ouais, pour les costumes tu repasseras. » Il avait quand même réussi à avoir un bref rire. « J’suis pas certain que la combi super moulante soit faite pour moi.»

Et puis ils en étaient arrivés à Jordane. La réaction de son ami était plutôt marrante, il fallait bien l’avouer, mais le pire là-dedans c’est qu’il se retrouva à se justifier, à argumenter légèrement alors que rien ne l’y obligeait. La prochaine fois, il faudrait qu’il pense à lever un certain d’une certaine main comme seule réponse… mais ça manquait peut-être un peu d’argument pour lui.

« Justement. [….] Il y a du monde. »
«Du monde ? Je ne suis pas certain de comprendre. »

Il ne savait plus trop comment prendre cette phrase et avant de risquer de répondre à côté, il préférait donc quelques petites précisions, c’était toujours mieux pour ne pas dire ou faire de connerie.

« Qu’est-ce que ça aurait pu lui apporter ? […] A Johan. Quel intérêt de te dire que ta femme est en vie. Il t’a fait chanté pour te faire changer de ‘camp’ ? »
« Je pense qu’il voulait des informations contre sa « liberté ». C’est bien beau ce mot, mais quelle liberté aura-t-elle, si elle est en vie ? Probablement plus aucune. Il n’a pas bien misé et il a probablement donné un indice qui me sera un jour utile.. ; Je doute qu’il ait fait ça pour que je me jette dans la gueule du loup, vu que j’y été déjà. Alors, j’avoue que je ne sais pas trop et que cela me laisse quand même globalement assez perplexe. Mais ce qu’il n’a .. avait visiblement pas compris, c’est qu’une vie, même si c’est celle de ma femme ne vaut pas des dizaines de vies si jamais je parlais. Dommage pour lui.»

Il haussa un peu les épaules. Dommage pour eux deux probablement, par ce qu’il avait été moins têtu, probablement qu’aujourd’hui il aurait toujours eu ses deux yeux. Mais tant pis, tout était un pari gagnant ou perdant, il avait perdu en parti, mais Johann n’avait pas obtenu de lui ce qu’il voulait et ça restait une bonne satisfaction pour l’ex Auror.

« Non, là-bas faut se réchauffer aussi.»
« Ça c’est complètement con. »

L’alcool refroidi en réalité. L’éthanol provoque la vasodilatation, les vaisseaux sanguins s’élargissent, faisant affluer le sang vers les extrémités et favorisant la déperdition de chaleur. Ce qui explique le rouge aux joues et les cons en hypothermie.

« Ça explique sans doute pourquoi ta consommation n’a pas baissée arrivée ici… »

A vrai dire il n’en savait trop rien. La sienne en revanche était en constante augmentation. Sans doute une histoire de climat également.


« Dans quelles mesures étais-tu aptes à distinguer la réalité ? »
« Assez pour l’envoyer bouler…. Mais une pensée, un « souvenir », reste flou, peut-être truqué. Je crois que la réelle question, c’est plus… disons est-ce que je peux faire confiance à quelques instants d’un souvenir non daté ? La réponse est probablement non…. Mais si elle est en vie, je ne peux pas la laisser là-bas. Il faut qu’elle arrête de souffrir.»
« Je pense qu’il te manipule, que tu penses comme moi mais que tu ne peux pas te permettre de fermer les yeux puisque le doute existe. »

Et que si Johan disait la vérité, jamais Dorofei ne se le pardonnerait. Il aurait besoin de tout faire pour aider sa femme, et ce, même si tout ça n’était finalement qu’une vaste fumisterie. Bien sûr, ils en étaient tous les deux conscients. Mais comment faire autrement ? Simplement fermer les yeux sur ce qui pourrait, en faible proportion, être la réalité ? Que ferait-il ? Est-ce qu’il saurait simplement tracer un trait sur ceux qu’il aimait ? Est-ce qu’en un sens, il ne l’avait pas déjà fait ?
Bref, Doro irait, ils le savaient tous les deux. Et pour cela, il risquait d’être dangereux dans ses actions. Et voilà, Logan avait de nouveau un pied dans toute cette histoire et ce, même si ça le rebutait. Même s’il n’avait qu’une envie, c’était de fuir toutes ces pensées.

«Ouais, pour les costumes tu repasseras. [..] J’suis pas certain que la combi super moulante soit faite pour moi.»
« On ne peut dire qu’on n’aime pas tant qu’on n’a pas essayé. »

Sourire carnassier.

« Et compte pas sur moi pour le repassage. »

On repassera, tout ça. Hey, il tente de faire de l’humour, le cassez pas dans ses premiers pas balbutiants vers le monde des vivants !

« Justement.  [….] Il y a du monde. »
«Du monde ? Je ne suis pas certain de comprendre. »
« Je préfères rester ici, au calme. »

La proposition de Dorofei de l’accueillir était certes bienveillante mais elle ne lui disait rien. Il lui semblait déjà ici se trouver harceler de bruits, de sensations d’oppression sans qu’il n’y ait personne alors il n’imaginait pas ce que cela pourrait être entouré d’un certain nombre de personnes. Et d’un enfant. Pire truc bruyant possible. Sans parler de leurs capacités à se mouvoir sans arrêt. Non, définitivement, cette idée ne le tentait pas le moins du monde.

« Je pense qu’il voulait des informations contre sa « liberté ». C’est bien beau ce mot, mais quelle liberté aura-t-elle, si elle est en vie ? Probablement plus aucune. Il n’a pas bien misé et il a probablement donné un indice qui me sera un jour utile.. ; Je doute qu’il ait fait ça pour que je me jette dans la gueule du loup, vu que j’y été déjà. Alors, j’avoue que je ne sais pas trop et que cela me laisse quand même globalement assez perplexe. Mais ce qu’il n’a .. avait visiblement pas compris, c’est qu’une vie, même si c’est celle de ma femme ne vaut pas des dizaines de vies si jamais je parlais. Dommage pour lui.»

Là, Logan n’avait pu s’empêcher de lui adresser un sourire sincère. Merde, il en fallait des couilles pour encaisser ça et penser de cette façon. A moins qu’il ne dise ça car il savait que c’était l’avis de Logan. L’un comme l’autre, il avait encaissé.

« Tu devrais peut-être tenter les combi moulantes finalement, il semblerait que tu ais assez de burnes pour être un super héro. »

Entre lui qui laissait crever un gosse pour cette raison et Dorofei qui ne lâchait rien malgré la possibilité – sans doute fausse – de sauver sa femme… Johan ne devait pas être particulièrement content de la situation.

« Finalement c’est lui qui doit se noyer dans l’alcool à l’heure qu’il est.  Il va hésiter. Prendre son temps. C’est pas forcément une mauvaise chose pour nous. »

C’était un petit sourire mauvais qui s’était dessiné sur son visage. Ça, par exemple, ça lui donnait l’étrange envie de voir la suite. Curiosité malsaine sans doute. En attendant, il s’était permis quelques gorgées de plus.
Et puis, le regard perdu à travers la baie vitrée, vers la mer de moins en moins visible dans la luminosité déclinante, Logan s’était de nouveau tut, ne semblant pas intégrer ce qu’on pouvait lui dire.

« Ça c’est complètement con. Ça explique sans doute pourquoi ta consommation n’a pas baissée arrivée ici…»

De nouveau Dorofei eut un léger rire et secoua un peu la tête en se passant une main dans les cheveux. C’est qu’il était marrant quand il s’y mettait le Logan !

«Je vie ici depuis toujours, enfin à Londres, mais j’allais chez ma famille en Russie à chaque vacances… et la consommation d’alcool est tout à fait raisonnable pour moi ! » Oui, c’était vrai ! « J’me vois mal m’occuper de mon fils en étant totalement torché Monsieur Rivers ! Vérité vraie d’un poufsouffle !»

Ils avaient ensuite parlé d’un sujet beaucoup plus sérieux à savoir ce qui s’était là-bas, et sa femme, la réalité, ou l’illusion. La vérité ou le mensonge, et le fait est, qu’il ne savait pas ce qui était vrai ou faux. Mais au moins Logan ne le jugerai pas par ce qu’il parlait de la « tuer », même s’il l’avait plus sous-entendu qu’autre chose dans sa dernière phrase. Il comprendrait probablement mieux que n’importe qui. Lui, Logan n’importe qui pour la Cause de a Résistance ne devait pas exister réellement en tant que personne ayant des sentiments, les sentiments faisaient faire des erreurs, il fallait calculer de manière plus abjecte, moins empathe. Il fallait réfléchir pour le bien de tous, même si cela impliquait la perte de sa femme.


« Je pense qu’il te manipule, que tu penses comme moi mais que tu ne peux pas te permettre de fermer les yeux puisque le doute existe. »
« Je ne suis pas certain de cela, c’est bien le souci, Logan. Je crois même qu’il disait en grande partie la vérité, même s’il reste un énorme doute. Mais pour l’instant, je n’ai pas réussi à la localiser, à trouver de preuves de sa vie… mais ne t’inquiètes pas, j’irai seul, sans risquer la vie de personne d’autres et avec un code bien précis pour quand je reviendrai au cas où quelqu’un s’amuse à prendre mon apparence… même si, entre nous, personne n’aura pas classe… et que je doute qu’il veuille se niquer un œil.»

Il essayait d’en plaisanter, par ce que s’apitoyer sur cela, sur cette douleur, cette façon d’être borgne ne servirait à rien, c’était un fait. Il était certain que Prune lui dirait encore une fois qu’il était sans cœur, qu’il fallait qu’il réfléchisse un peu plus avec ses sentiments plutôt qu’avec de la logique, qu’il devait s’abattre pour mieux remonter. Probablement qu’elle n’avait pas tort. Probablement qu’un jour il aurait un contre coup de trop forcer, de faire comme si tout allait bien, de prendre ça trop à la rigolade. Mais quand ce jour-là viendrait, il aviserait. Pour l’instant il puisait sur tout ce qu’il avait appris au cours de la vie, mais surtout sur chez les Aurors.

« On ne peut dire qu’on n’aime pas tant qu’on n’a pas essayé. Et compte pas sur moi pour le repassage. »
« Tu es certain, je me voyais bien poster une photo de nous deux, sur les réseaux sociaux, soit en train de faire la bonniche avec ton petit fer à repasser et un super uniforme et moi devant qui lève le pouce, genre je gère trop. Ca aurait un succès fou, j’en suis certain. T’es vraiment pas marrant quand tu t’y mets.»

L’humour Logan/Dorofei était particulier et souvent bien difficile à suivre pour les non-initiés, mais comme ils n’étaient plus que tous les deux, cela devrait le faire, n’est-ce pas ? Ce n’était pas comme s’il y avait quelqu’un pour les écouter.
Il acquiesça quand son ami lui dit qu’il préférait rester au calme. On ne pouvait pas dire qu’il pouvait réellement comprendre, lui, le calme, rester sans rien faire le rendait dingue, malheureux et déprimé, il avait trop besoin de bouger, de s’activer. De travailler.
Et ils avaient fini par revenir sur le sujet de sa femme et de Johann.

« Tu devrais peut-être tenter les combi moulantes finalement, il semblerait que tu ais assez de burnes pour être un super héro. »
« Je croyais t’avoir déjà dit, que je n’aimais pas quand tu m’espionnais dans mon intimité… Mais plus sérieusement, ça n’a rien avoir avec du courage. C’est juste de la logique, je trouve. Je veux dire. Déjà en quoi si je parle, est-ce que je peux… pouvais lui faire confiance ? Parler, aurait pu tuer des dizaines et des dizaines de personnes…je l’aime… je l’aime toujours et elle me manque toujours autant après… tout ce temps, ces années. Mais je ne peux pas trahir la cause pour elle. Je crois qu’avec Adam ils auraient pu me faire craquer mais je n’en suis même pas certain.» Il eut un sourire triste, cette fois. « Est-ce que ça fait de moi un mauvais père ? Etre prêt à le laisser mourir… pour une Cause, pour le bien de plus de personne ? Prune me disait que je manquais d’empathie, et elle avait raison. Je n’arrive pas… je suis « trop » logique.»

Bien pour la Garde, mais la culpabilité restait là, si ces arguments tenaient la route pour sa femme, pour son gamin, il n’y avait aucune excuse. Aucun père ne ferait ça, chaque père sacrifierait n’importe quoi pour la survie de son enfant, mais pour lui, il y avait un doute, un énorme doute. Un truc devait clocher chez lui, sérieusement.


« Finalement c’est lui qui doit se noyer dans l’alcool à l’heure qu’il est. Il va hésiter. Prendre son temps. C’est pas forcément une mauvaise chose pour nous. »
« Plus il est lent, plus des gens chez lui doivent s’impatienter, effectivement, cela peut jouer en notre faveur… surtout que je l’ai trouvé assez étrange. Et encore, c’est gentil. Totalement différent de son frère beaucoup plus… dans le psychologique et moins dans la force brute… ca aussi, ça pourra toujours jouer en notre faveur. » Il eut un petit rire jaune. « T’imagines, le Grand Chef, qui n’arrive pas à faire parler un petit Auror tandis que des « gosses » arrivent à faire cracher le morceau à d’autres gosses.» Il ne faut pas s’y méprendre, il ne se réjouissait pas ou se moquait pas des tortures et compagnie… c’était juste imaginer sa sale tronche en train de ruminer cela qui l’amusait grandement. «Tu te sens de men dire plus sur lui, si t’en sais un peu plus bien sûr… et rien ne t’y obliges, je prendrai pas la mouche. »

«Je vie ici depuis toujours, enfin à Londres, mais j’allais chez ma famille en Russie à chaque vacances… et la consommation d’alcool est tout à fait raisonnable pour moi ! J’me vois mal m’occuper de mon fils en étant totalement torché Monsieur Rivers ! Vérité vraie d’un poufsouffle !»


Un demi-sourire, un haussement d’épaules.

« Boutade. »

Rien de plus. En réalité, il savait que Dorofei n’avait pas de problèmes avec ça… tout comme il savait surtout que ça pouvait venir au vu de la situation. A vrai dire, il avait gardé cette possibilité dans un coin de sa tête sans s’en départir. Pas qu’il aille lui faire la morale à vrai dire, mais étrangement l’idée l’intéressait. Il fallait croire que, dans un coin bien perché de son crâne abimé, il restait inquiet de l’état réel dans lequel pouvait être son ami. Pour autant, Dorofei n’était pas vraiment du genre à s’étendre sur ce qui le blessait. Il fermait les yeux et il avançait. Tout ce que Logan avait toujours fait… et qu’il n’avait aucune envie de reproduire actuellement.

« Je ne suis pas certain de cela, c’est bien le souci, Logan. Je crois même qu’il disait en grande partie la vérité, même s’il reste un énorme doute. Mais pour l’instant, je n’ai pas réussi à la localiser, à trouver de preuves de sa vie… mais ne t’inquiètes pas, j’irai seul, sans risquer la vie de personne d’autres et avec un code bien précis pour quand je reviendrai au cas où quelqu’un s’amuse à prendre mon apparence… même si, entre nous, personne n’aura pas classe… et que je doute qu’il veuille se niquer un œil.»
« Ça je me doute… »

Et le polynectar n’oblige pas à se crever un œil pour parfait le déguisement mais passons.

« Ça te donne un côté brutasse, ça fait pas d’mal. Et puis comme ça tu te fais une sacré réputation. »

Tenir tête à Johan, se trouver forcé d’arracher son propre œil et continuer à marcher droit. Il fallait avouer qu’un élément de ce type pouvait marquer les esprits côté Supérieurs. Entre ça et le crucifié… au moins ils se faisaient une réputation. Mais pour cela, encore faudrait-il qu’il se relève et qu’il avance à son tour. Sauf que là, Logan n’en avait absolument aucune envie.

« Tu es certain, je me voyais bien poster une photo de nous deux, sur les réseaux sociaux, soit en train de faire la bonniche avec ton petit fer à repasser et un super uniforme et moi devant qui lève le pouce, genre je gère trop. Ca aurait un succès fou, j’en suis certain. T’es vraiment pas marrant quand tu t’y mets.»

Grimace ou sourire ? Sans doute un peu des deux. Il imaginait assez mal la situation, il fallait l’avouer. Merde, il passait de l’envie de déconner à un état maussade proche de la dépression. Sans oublier l’envie de plus en plus dévorante qui l’engloutissait au cours des minutes. Cette envie de disparaitre. De lâcher prise. Et pourtant voilà qu’il continuait dans cesse de sortir la tête de l’eau, s’arrachant à cette envie lâche mais légitime. Il se faisait violence, se brutalisait pour raccrocher à ces sujets pourtant brûlants.

« Je croyais t’avoir déjà dit, que je n’aimais pas quand tu m’espionnais dans mon intimité… Mais plus sérieusement, ça n’a rien avoir avec du courage. C’est juste de la logique, je trouve. Je veux dire. Déjà en quoi si je parle, est-ce que je peux… pouvais lui faire confiance ? Parler, aurait pu tuer des dizaines et des dizaines de personnes…je l’aime… je l’aime toujours et elle me manque toujours autant après… tout ce temps, ces années. Mais je ne peux pas trahir la cause pour elle. Je crois qu’avec Adam ils auraient pu me faire craquer mais je n’en suis même pas certain.» Il eut un sourire triste, cette fois. « Est-ce que ça fait de moi un mauvais père ? Etre prêt à le laisser mourir… pour une Cause, pour le bien de plus de personne ? Prune me disait que je manquais d’empathie, et elle avait raison. Je n’arrive pas… je suis « trop » logique.»
« Ça fait de toi quelqu’un d’intelligent. Ce qui m’arrange, sinon je devrais sans doute te tuer. »

Etait-il sérieux ? Va savoir.

« Ton fils est en danger de par le monde dans lequel il vit. Chaque bataille qu’ils remportent le met un peu plus sur la sellette. Ils ne laisseront pas vivre des gens comme lui libres et heureux. »

Sangs mêlés. Il était bien placé pour comprendre ce que c’est que d’être un putain de bâtard. Dans tous les sens du terme.

« Lui, toi, moi… n’importe après tout. Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a rien de mal à être pragmatique. Tu vois le monde comme il est, si moche que cela soit. C’est une force. »

D’un autre côté, Logan n’était pas non plus la personne la plus empathique qui soit et avait déjà établit que rien ne le ferait parler s’il ne l’avait pas décidé. La vie de ses proches faisait en effet partir des choses parmi lesquelles il avait décidé de tirer un trait dans de telles situations. Les différentes illusions proposées où Alec et Aileen mourraient n’y avaient rien changé. Ou peut-être que si. Peut-être s’était-il accroché au fait qu’il avait toujours estimé qu’il s’agissait d’illusions. Ou que la réalité actuelle était, elle, factice. Aucune de ses propositions n’étaient encore tout à fait valable à ses yeux.

« Plus il est lent, plus des gens chez lui doivent s’impatienter, effectivement, cela peut jouer en notre faveur… surtout que je l’ai trouvé assez étrange. Et encore, c’est gentil. Totalement différent de son frère beaucoup plus… dans le psychologique et moins dans la force brute… ca aussi, ça pourra toujours jouer en notre faveur. »
« C’est mon ressenti oui… »

« T’imagines, le Grand Chef, qui n’arrive pas à faire parler un petit Auror tandis que des « gosses » arrivent à faire cracher le morceau à d’autres gosses.»

Logan avait eu un sourire mauvais. Oui, il imaginait.

« Son image de marque vient d’en prendre un coup. »

N’est pas Anthony qui veut après tout. Ils l’avaient suivi, prêtant allégeance à l’ombre du grand leader mais étaient-ils toujours aussi positifs face à une telle attitude ? Et pourtant, là, sur l’estrade, il s’était montré présent, le sang des Walters. On aurait presque cru voir le fantôme de son frère dans son regard. La fureur froide dont il avait fait preuve, cette incapacité à se contrôler… à vrai dire, Logan l’avait attendu dans cette foutu cellule. Mais il ne s’était jamais montré.

«Tu te sens de men dire plus sur lui, si t’en sais un peu plus bien sûr… et rien ne t’y obliges, je prendrai pas la mouche. »

Il ne savait pas exactement combien de temps il était resté là à méditer la question, une heure peut-être, mais il avait fallu quelques gestes sur sa gauche – peut-être pas les premiers – pour que Logan ne se décide à répondre.

« Il a toujours été instable, toujours l’ombre d’Anthony. Même enfant. Johan n’est pas celui qui se met en avant. Il ne sait pas faire. Alors il se camoufle. Il mime son grand frère comme s‘il était toujours là pour lui dicter ses paroles. Du moins quand il veut faire le show. Quand il s’emporte. Mais en dehors… j’en sais rien. Il ne se ressemble pas. »

C’était sans doute la bonne conclusion. Qui était le vrai Johan ? Celui qui avait grandit dans l’ombre. Celui que personne  n’avait écouté ? Avaient-ils finalement jamais été de vrais amis ? Sans doute pas. Sa trahison n’en serait que plus violente. Qu’aurait-il pu dire de plus ? Qu’entre vilains petits canards, on devrait s’entraider.

A défaut, ils allaient s’entretuer.

Boutade qu’il lui disait. Mouais boutade. Il ne l’avait juste pas compris, ça aussi c’était quelque chose à travailler visiblement chez lui. L’humour dans une autre forme. Le sarcasme, l’ironie, l’autodérision c’était plutôt quelque chose qu’il maitrisait bien… Mais ça, c’était totalement différent ! Voir le positif, c’était toujours ce qu’il fallait.

« Ça te donne un côté brutasse, ça fait pas d’mal. Et puis comme ça tu te fais une sacré réputation. »
« Ouais. Je sais, j’aime que l’on parle de moi, je me demandais pourquoi mes oreilles sifflaient un peu plus que d’habitude depuis un mois, mais grâce à toi, j’ai compris ! Ma réputation !»

Bon, il savait que même s’ils plaisantaient sur le sujet, il y avait peut-être une part de vérité là-dedans… et que la prochaine fois, si prochaine fois il y avait ça serait pire. Ces types là n’aimaient probablement pas perdre la face… mais pour l’instant ils avaient probablement plus intéressant à gérer que son petit cas personnel. Pour une fois il parlait beaucoup, pour meubler la conversation, ou bien tout simplement par ce qu’expliquer certaines choses ne nécessitaient pas qu’une phrase ou deux mais de réels arguments et forcément, ça l’obligeait à l’ouvrir un peu plus.

« Ça fait de toi quelqu’un d’intelligent. Ce qui m’arrange, sinon je devrais sans doute te tuer. Ton fils est en danger de par le monde dans lequel il vit. Chaque bataille qu’ils remportent le met un peu plus sur la sellette. Ils ne laisseront pas vivre des gens comme lui libres et heureux. »
« Je le sais bien, mais le mettre encore plus en avant dans le danger et ne pas le « sauver »… c’est quand même deux choses totalement différentes. Je ne sais pas, quand je pense à ce genre de choses j’me sens comme un mauvais père, tu sais le genre de choses impensable pour le reste des êtres vivants. »
« Lui, toi, moi… n’importe après tout. Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a rien de mal à être pragmatique. Tu vois le monde comme il est, si moche que cela soit. C’est une force. »
« Hum. J’aurais bien envie de dire que ça me rassure, mais te connaissant en fait, pas vraiment. T’es pas beaucoup plus empathique que moi…m’enfin. C’est pas vraiment le sujet.»

Il avait soupiré mais ils avaient continué sur ce genre de souci épineux. Il tenta quelque chose, essayant de voir si Logan était sur la même longueur que lui concernant Johann et sa place chez les Sups.Un chef devait avoir certains… disons atout et pour l’instant, ce qu’il en avait vu il était totalement différent de ce que beaucoup pouvez vouloir. Et ça c’était probablement quelque chose qu’il fallait retenir.

« Son image de marque vient d’en prendre un coup. »
« J’en serai presque fier de moi. J’aime mettre les gens dans l’embarras… surtout ce genre de personnes.»

Après sa dernière question, essayant d’avoir quelques informations supplémentaires sur Johann, son ami lui répondit enfin, avec probablement des informations précieuses.

« Il a toujours été instable, toujours l’ombre d’Anthony. Même enfant. Johan n’est pas celui qui se met en avant. Il ne sait pas faire. Alors il se camoufle. Il mime son grand frère comme s‘il était toujours là pour lui dicter ses paroles. Du moins quand il veut faire le show. Quand il s’emporte. Mais en dehors… j’en sais rien. Il ne se ressemble pas. »
[b] « Hum. Je vois, enfin je crois… Mais je vais voir ce que je peux apprendre sur lui. Ca pourrait nous servie, mais on a l’air d’avoir la même vision des choses… et les mêmes points obscurs à son sujet, ce qui pourra nous desservir. Menfin …»

Il se passa une main dans les cheveux, avant d’hausser les épaules.

« Bon, tu veux faire quelque chose en particulier histoire de profiter encore plus de ma merveilleuse compagnie ?»

Il voulait essayer de faire bouter un peu l’autre mais doutait que cela marche. Ils avaient probablement assez parlé de sujets qui fachent alors, il fallait bien trouver une alternative.

HS ;sorry ma rép s'est jamais postée hier oO

« Hum. J’aurais bien envie de dire que ça me rassure, mais te connaissant en fait, pas vraiment. T’es pas beaucoup plus empathique que moi…m’enfin. C’est pas vraiment le sujet.»

Sans offenses.

« Ça c’est pas faux. »

Il en était conscient. En effet, il n’était pas l’homme le plus empathique qui soit, loin de là. C’était bien l’un des reproches qu’on lui faisait si souvent, notamment venant d’Aileen qui peinait parfois à comprendre son point de vue. Il préférait les chiffres, la logique à l’imbroglio des sentiments. Ça n’était pas nouveau. Et pourtant, les sentiments, ça n’était pas ce qui lui manquait. Legimen, il avait grandit en ressentant LITTERALEMENT ce que les autres pouvaient bien ressentir. Pour autant, il le savait, bien qu’ils soient une réalité à ne pas nier, ça n’était pas forcément le plus essentiel. L’important à grande échelle était tout autre.

« Son image de marque vient d’en prendre un coup. »
« J’en serai presque fier de moi. J’aime mettre les gens dans l’embarras… surtout ce genre de personnes.»
« Vu le nombre de fois que tu m’as mis dans l’embarras, je suppose que je fais parti de ce genre de personnes… »

Il l’avait dit sur le ton de l’humour, bien qu’il reste un fond de vérité là derrière. Logan avait finalement donné quelques informations sur Johan. Oui, ils avaient été proches et il était clair que tout ça n’était finalement qu’un sacré gâchis. Il aurait dû être grisé par l’idée de le savoir instable, en position de faiblesse quoi qu’il en dise. Mais actuellement, même si son envie de sentir son sang sur ses mains était devenue forte, il n’avait qu’une envie : la laisser de côté un moment. Cesser d’être en première ligne, toujours fort pour montrer l’exemple. Cette place, il ne l’avait jamais souhaité. Il avait cherché à se taire, à rester dans l’ombre. C’était un beau foirage dans les règles de l’art, oui.

« Hum. Je vois, enfin je crois… Mais je vais voir ce que je peux apprendre sur lui. Ca pourrait nous servie, mais on a l’air d’avoir la même vision des choses… et les mêmes points obscurs à son sujet, ce qui pourra nous desservir. Menfin …»
« C’est ça. »

Il aurait sans doute pu en dire plus, notamment sur sa relation avec son frère ou ses parents. Mais il n’avait pas la force de se replonger dans une explication prolongée. Encore moins de fouiller son passé pour en faire ressurgir ce qui pourrait être utile. Oui, c’était une forme de lâcheté. Et il vous emmerde.

« Bon, tu veux faire quelque chose en particulier histoire de profiter encore plus de ma merveilleuse compagnie ?»
« Sincèrement ? Non. Merci d’être passé Dorofei. »

On pourrait presque y voir une sorte de déformation professionnelle. Le masque du directeur qui avait tendance à ressurgir parfois, sans doute aux moments où il avait besoin de se protéger. Et quelque soit la façon dont il cherchait à apparaître actuellement, Logan était vulnérable. Il avait déjà beaucoup donné là, et il arrivait à bout de ses capacités de communications. Les ténèbres l’englobaient de nouveau, emmurant de nouveau son esprit pour quelques heures de repos loin du monde.

Bref, il avait besoin d’être seul de nouveau.