Waiting for the end - Fenella

with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Ces deux derniers jours avaient été particulièrement éprouvants pour la cadette des Monarvant, depuis qu’elle avait revu Tatianna. Elle la croyait morte, elle avait été auprès de son frère à le consoler durant des mois et aujourd’hui encore elle ne pouvait parler de cette femme sans que cela ne ravive tout un tas de souvenirs en lui et elle était revenue d’entre les morts. Depuis tout ce temps, elle était si près d’elle mais tellement éloignée également. Elle se faisait appeler Theodora à présent, elle avait changé de vie et s’être faite passer pour morte sans en toucher ne serait-ce qu’un mot à Fenella ou à son frère. Pour se protéger peut-être mais avait-elle pensé un seul instant aux conséquences de ses actes ? Avait-elle envisagé à un seul instant le désordre qu’elle allait provoquer dans les vies de toutes les personnes qu’elle avait côtoyé ?

Le besoin de disparaître, Fenella le comprenait, mais le faire de cette manière, elle ne le cautionnait pas. Elle avait pris toutes ses affaires avant de quitter l’hôtel. De toute façon ce n’était qu’une question de jours avant qu’elle ne puisse déménager car hier elle avait trouvé l’endroit parfait. Elle avait enfin réussi à trouver une maison dans la campagne, isolée de tout. Une petite ferme avec un terrain plutôt sympa traversé par un ruisseau, pas de voisins avant au moins deux kilomètres, l’endroit parfait pour s’installer.

Après sa petite trouvaille, Fenella avait filé en Californie afin d’apporter enfin le petit Jobarbille qu’elle avait depuis des semaines à son collègue. Ils étaient restés là, à parler durant des heures, avant que finalement, alors que la nuit était bien tombée, elle ne décide de repartir. A l’aide de poudre de cheminette, elle quitta les USA pour se rendre de nouveau à Londres. Son nouvel hôtel n’était pas très loin de la gare de King’ Cross et elle termina la route à pied. Elle avait oublié qu’avec le décalage horaire, alors que c’était là nuit en Californie, ici le matin n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez.

Ses pas lui firent traverser un parc et elle croisa deux joggeurs qui se sont écartés à son passage. Des bribes de conversation lui vinrent aux oreilles à propos d’un ivrogne et dela fréquentation du parc. Elle n’y prêta pas plus attention que cela, continuant sa route afin d’arriver le plus vite possible à son hôtel pour pouvoir se reposer un peu.

Au croisement de plusieurs chemins, avachi sur un banc, elle vit le fameux ivrogne dont parlaient les joggeurs. L’homme avait l’air d’être dans un sale état, bouteille fortement entamée en main, il semblait ailleurs, dans un monde où seul l’alcool et son ivresse pouvaient ouvrir les portes.  En arrivant à sa hauteur, l’impression qu’avait Fenella se confirma. Le petit murmure qui lui soufflait de ne pas aller trop vite, de s’attarder sur cette personne prit tout son sens. Elle le connaissait. Elle n’en était pas sûre et pour confirmer son impression, elle s’accroupit, avant d’essayer de saisir doucement la bouteille dans sa main.

« Alec ? Alec, tu m’entends ? C’est Nella… »

Que faisait-il ici ? Pourquoi s’était-il mis dans cet état ? Cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vus mais elle en avait entendu de belles à son sujet. Il avait beaucoup fait parler de lui ces derniers temps et même si Fenella se tenait le plus éloignée des histoires de famille et de sang-pur elle ne pouvait rester sourde à tout ce qui lui parvenait aux oreilles. Une histoire de mariage, de scandale, d’une vie qui s’éloignait de plus en plus des valeurs inculquées par la famille, en somme, rien pour plaire à la Communauté.

« Alec, qu’est-ce que tu fais là ? »

(c) princessecapricieuse

with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Lorsqu’elle lui posa la seconde question, il ouvrit brusquement les yeux, comme s’il venait d’être happé par la réalité et que la gravité terrestre l’avait ramené brutalement sur la Terre après un moment en apesanteur.

« Merde alors, ‘devait pas y avoir que de l’alcool là dedans… »

Non effectivement, ou alors il en avait oublié la quantité qu’il avait ingéré. Elle finit de prendre la bouteille dans sa main avant de la poser au sol. Elle le regarda, inquiète, fronçant légèrement les sourcils.  Il se recoiffa vainement en passant sa main dans ses cheveux mais comment dire que bien que l’effort soit appréciable, il était vain ?

« Je bois et je glande sur un banc en attendant de gérer une journée de merde. Ce qui, en soit, ne devrait pas te choquer plus que ça. »

Doublement vérité, deuxième point pour lui, mais à une heure aussi matinale et seul, ça c’était bien plus surprenant. Elle le connaissait son cousin, elle savait qu’il n’était pas le plus rangé ni le plus calme mais avant en tout cas, elle ne l’aurait jamais vu endormi sur un banc autant alcoolisé.

Fenella l’écoutait en silence, sans rien dire, le laissant lui répondre et mettant ensuite de l’ordre par elle-même-dans ses réponses. Puis vint ensuite la première vraie question qu’il lui adressa. Que faisait-elle ici ? Facile.

« Loin je l’étais encore il y a quelques heures à peine. La Californie si tu veux tout savoir, mais je me doute que ce n’était pas la réponse attendue. Ce que je fais ici ? Je suis de retour, tout simplement. Il y a des histoires sur lesquelles je suis passée ici et sur lesquelles je n’aurais jamais du fermer les yeux. »

La preuve en était avec sa rencontre surprise avec Tatiana deux jours plus tôt. Un fantôme du passé qui était de retour. Elle l’avait pensé morte, elle n’avait pas cherché plus loin, elle n’avait surtout pas pris la peine de trouver des réponses par elle-même, croyant naïvement tout ce qu’on lui avait dit, réconfortant son frère éploré tandis qu’elle-même ne pensait qu’à une chose, s’émanciper le plus vite possible de toute cette vie qui ne lui convenait pas.

« Je doute que tu aies besoin de moi, je sais que tu te débrouilles tout seul mais si à la place de ta bouteille pour aujourd’hui au moins je peux être avec toi pour gérer cette journée de merde ou si tu veux juste m’expliquer, je suis preneuse. »

Elle doutait fortement qu’il allait lui donner des explications, elle savait même qu’elle n’en aurait aucune. Elle allait très certainement devoir trouver des explications par elle-même car si un jour il y avait eu de la confiance entre les deux, Fenella sentait que cette journée était bien mal tombée pour que les retrouvailles soient chaleureuses. Quelque chose avait l’air de travailler Alec et elle voulait savoir ce qui le rongeait. Avoir la gueule de bois à cause d’une soirée c’était une chose, avoir la gueule de bois à cause de quelque chose qui nous ronge de l’intérieur en était une autre. Que se passait-il à Londres en ce moment ?

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Alec la regardait sans un mot, mais Fenella sentait bien que la réponse qui allait lui tomber sur le coin de la figure serait cinglante. Comme il savait si bien le faire. Elle n’avait jamais eu à subir cela car elle s’était toujours trouvée « du bon côté » de la barrière. Aujourd’hui, elle n’en était pas aussi sûre. Il se redressa avec un petit rire qui sonnait faux et Fenella se crispa légèrement.

« C’est quoi ces affaires qui attirent soudainement ton attention alors ? Non parce qu’il y a le choix dans la famille. Je suis sûr dans avoir loupé les trois quarts, éclaire donc ma lanterne ! »

Elle resta impassible mais d’un autre côté, elle ne s’attendait pas à être accueillie à bras ouverts. Surtout qu’il n’avait pas tort, elle était partie loin de toutes ces histoires de famille, sans se retourner. Elle avait bien trop souffert depuis son arrivée à Serdaigle et regarder derrière elle ne l’aurait pas aidé à avancer. Alors elle était partie, sans un regard sur les personnes de son passé, c’était un fait, mais eux en avait aussi fait de même. Qui avait essayé de la contacter depuis son départ ? Mis à part sa sœur et son frère épisodiquement ? Personne. Pas même Alec alors lui reprocher de l’avoir laissé était d’un certain côté malvenu de sa part.

« Pourquoi je suis de retour ? Même si j’ai été chassée par mes parents et par la même occasion de la communauté des Sang-Purs les gens parlent, Alec, et certaines histoires traversent même les continents. J’ai entendu parler d’un mariage un peu mouvementé, mais ce qui m’inquiétait le plus, ce sont surtout les histoires à propos de ton cousin Logan. »

Elle n’ajouta rien de plus pour l’instant, son regard fixé sur celui d’Alec. Elle en avait entendu des choses, mais de là à avoir la véritable histoire et non les bruits de couloir, il y avait parfois un monde entre les deux. Elle voulait avoir la version d’Alec sur les derniers évènements, sur ce qu’il s’était passé et si elle pouvait éventuellement, mais elle en doutait, faire quelque chose pour lui. Repenser à son enfance et aux moments passés avec Alec et les Rivers n’était pas toujours associé qu’à des évènements joyeux. En repensant à son enfance, certains moments la mettaient mal à l’aise, sans qu’elle ne puisse vraiment se souvenir pourquoi. Fouiller trop profondément dans ses souvenirs n’était pas à l’ordre du jour, car elle avait plus important à faire que de se replonger dans son passé. Pour le moment, seul l’instant présent comptait et en l’occurrence, l’état du jeune Rivers.

« Est-ce que tu veux qu’on prenne un café ou quelque chose pour parler de tout ce qu’il se passe et ce qu’il s’est passé ? Enfin, je reformule. La vraie question est surtout : Est-ce que tu veux que je reste et que l’on parle ou tu préfères me chasser et rester avec tes problèmes ? »

Même s’il lui disait qu’il souhaitait être seul, elle ne prendrait pas en compte sa volonté. Il était hors de question de le laisser ainsi.  Même si ces dernières années et il avait raison, elle n’avait pas été là, le présent était différent. Qu’il le veuille ou non elle comptait bien rester dans sa vie à présent et l’épauler le plus possible, même si cela signifiait de devoir entrer en conflit avec ses parents et surtout de les revoir. Il était temps pour Fenella à présent de ne plus fuir ses obligations, sa famille et son passé. Il était grand temps d’aller de l’avant et d’affronter ses démons pour que les personnes qui lui tenaient à cœur n’aient plus à souffrir ainsi, tandis qu’elle ne cherchait qu’une chose, fuir.

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Sans lui répondre, Alec commença à se déplacer et Fenella le suivit, peu rassurée de voir son cousin partir ainsi sans un mot. Elle resta à ses côtés, attendant une réponse de sa part qui serait plus parlante que son demi-sourire qui en disait pourtant déjà beaucoup.

Fenella se préparait à se prendre une magnifique soufflante de son cousin. Suivant la nature de cette dernière, soit elle encaisserait si elle la considérait comme justifiée, soit elle lui expliquerait avec courtoisie sa manière de penser et de voir les choses. Qu’il soit en colère contre elle pour son absence, elle pouvait encore le comprendre. Qu’il refuse de lui parler pouvait encore passer, mais se montrer agressif gratuitement, l’empêcher de pouvoir rattraper ses fautes ça, il n’en était pas question. Elle n’était pas un jouet que l’on délaisse une fois qu’on a terminé de se défouler avec. Elle avait ses propres pensées et sentiments et même si elle était consciente qu’elle avait fait des erreurs, fuyant et acceptant le fait que les liens avec sa famille soient coupés définitivement, elle s’était concentrée sur sa douleur et sa souffrance, considérant que tous l’avaient abandonné, même si en réalité, ce n’était pas vraiment le cas.

Elle savait qu’elle ne serait pas accueillie à bras ouverts, cela n’avait jamais été le cas et probablement que personne un jour ne saluerait son retour avec uniquement des bons sentiments, sans aucune trace d’amertume en arrière-plan mais Fenella voulait à présent que les choses s’arrangent et rattraper ses erreurs. Si Alec acceptait déjà de lui parler, c’était une chance qu’elle n’allait pas laisser passer, d’autant plus quand son cousin se retourna pour la rappeler à l’ordre, lui faisant remarquer qu’il l’attendait pour aller prendre ce fameux café. Un petit sourire se dessina sur son visage et la sorcière le rattrapa, accélérant le pas pour suivre le rythme imposé par le jeune homme.

« On y va oui, je te suis. »

Ils reprirent leur marche et Fenella fit tout son possible pour avancer à la même allure qu’Alec, l’écoutant petit à petit s’ouvrir, même si la rancœur transpirait de chacune de ses paroles. Elle l’écoutait, sans rien dire au début, le laissant parler jusqu’à ce qu’il décide par lui-même d’arrêter. Une question mal placée ou une interruption et elle craignait qu’il se referme comme une huître.

Ils entrèrent dans un café s’installèrent dans un coin un peu à l’écart et Fenella demanda un double expresso. Il lui fallait une bonne dose de caféine et surtout se réchauffer pour faire face à cette conversation qui ne s’annonçait pas forcément des plus plaisantes.

Sa rebellion ouverte aurait amusé Fenella à une époque, mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Elle l’écoutait parler en silence, une expression neutre figée sur son visage. Elle ne disait rien de plus, se contentant de l’écouter simplement, soutenant le regard froid et accusateur de son cousin. Elle attendit que la serveuse reparte après avoir déposé les boissons pour lui répondre.

« Ce que j’ai entendu sur Logan, que des bribes peu rassurantes. Des histoires de meurtre ? Une sorte de conflit interne à Poudlard dont je n’ai plus ou moins compris que les grandes lignes car entre nous, il est bien difficile de savoir le vrai du faux. Tout ce que je sais c’est que Logan est resté muet face à mes lettres et que je n’ai plus du tout de ses nouvelles. C’est aussi pour ça que je suis revenue. Pour savoir enfin ce qu’il se passe ici et pouvoir retrouver une place auprès de vous, même si je sais pertinnement que vous n’avez pas besoin de moi pour mener vos vies… »

Ils avaient poursuivi leur route malgré son départ et il aurait été prétentieux de sa part de supposer qu’elle allait pouvoir revenir ici et être accueillie les bras ouverts. Elle savait qu’elle allait devoir se battre pour reprendre sa place, ou tout simplement pour avoir une place auprès de certains membres de sa famille qu’elle appréciait et avait toujours apprécié. Elle n’était pas indispensable, elle le savait, mais ce qu’elle voulait surtout, c’était ne plus être séparée des siens.

« Je ne veux plus de cette distance entre nous. Même s’il me faudra certainement des années pour regagner votre confiance  à tous et avoir la chance de refaire partie de vos vies, je suis prête à faire tous les efforts possibles pour cela. Je ne veux pas te perdre Alec, pas une fois de plus. »

Sa voix était restée assurée, même si au fond, s'exprimer avec autant de sincérité devant son cousin n'était pas habituel. Elle n'avait pas l'habitude parler à coeur ouvert ainsi, mais il était grand temps de changer et de se donner les moyens d'obtenir ce qu'elle voulait, à savoir retrouver une famille.

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

La réponse se fit attendre. Le silence s’éternisa et Fenella attendait. Elle n’osait briser ce silence si fragile de peur de libérer un déchaînement d’émotions. Ces émotions que son cousin semblait peiner à retenir. Elle savait ou plutôt se doutait que si elle était à l’origine de la destruction de cette barrière, le revers serait violent, bien trop violent pour que l’un comme l’autre n'arrive à faire comme s’il ne s’était rien passé. Alors elle attendit, en silence, le regardant sans pour autant le dévisager, essayant de comprendre cet homme qui était devenu un étranger. Il n’y avait rien de pire et de plus complexe que de renouer avec une personne que l’on avait perdue de vue. Comment faire ? Faire comme avant de fonctionnait pas. Faire comme s’il était un inconnu n’était pas la solution. Réussir à jongler avec des deux possibilités était la solution mais comment parvenir à trouver le juste équilibre sans le froisser ? Être honnête et faire parler son cœur était une étape mais ce n’était pas la clé de la réussite, ce n’était pas la clé qui allait permettre de déverrouiller cette situation.

Fenella reprit la parole et s’exprima à cœur ouvert. Elle tenta d’une certaine manière le tout pour le tout, se mettant à nu et révélant ce qu’elle souhaitait. Elle n’était qu’une sorcière, elle n’était pas une déesse ou un être supérieur. Elle faisait des erreurs et elle ne demandait qu’une chose, le pardon de son cousin.

Alors, Alec finit par lui parler, par lui expliquer ce qu’il s’était passé. Il lui parla de Logan, il lui parla des Supérieurs. Des noms, des histoires et des bribes dont elle avait vaguement entendu parler mais qui maintenant prenaient bien plus de sens. Parce que cela touchait directement aux siens, parce que cela la concernait à présent directement, et que les siens avaient soufferts. Les Supérieurs semblaient donc prôner la suprématie des Sorciers et par association des Sangs-Purs. Rien de bien neuf sous le soleil en somme, si ce n’était que ce groupe semblait prendre de l’influence et donc devenir potentiellement de plus en plus dangereux. Elle prit une gorgée de café au moment où Alec lui annonça que Logan avait tué quelqu’un. Elle avala de travers en entendant cela et toussa sans réussir à chasser le goût amer de sa gorge.

Elle l’écouta sans l’interrompre, le laissant raconter son histoire, l’histoire d’une partie de sa famille qu’elle n’avait pas vue depuis bien trop longtemps. Logan devenu directeur de Poudlard après un meurtre… Elle posa sa tasse sur la table, regardant sans vraiment la voir, sans vraiment réaliser que le liquide noir qui bougeait au fond du récipient était aussi noir que ses pensées et cette histoire. Séquestration, enfermement, torture très certainement. Voilà pourquoi elle n’avait pas eu de ses nouvelles. Tout s’expliquait à présent, mais la réponse qu’elle aurait voulue n’était pas celle-ci.

Elle n’avait rien dit, pas un seul mot depuis qu’il avait pris la parole, depuis qu’il avait accepté de lui raconter les faits. Il finit par lui dire que sa sœur était portée disparue d’une certaine manière. Pas de nouvelles, pas de traces, rien. La Brune se racla la gorge, vaine tentative pour chasser le café qui avait manqué de l’étouffer.

« Pas de nouvelles de ta sœur, mais cela ne doit pas te surprendre. Je ne suis pas vraiment celle vers laquelle elle irait se tourner en cas de besoin. »

Personne n’irait se tourner vers elle en cas de besoin, elle n’était après tout qu’une renégate, qu’un membre bancal d’une famille qui préférait privilégier les apparences plutôt que les liens. Elle avait toujours eu cette impression d’avoir été une simple pièce rapportée. Au moins, avec Luke elle n’avait pas ressenti cela. C’était certainement pour cette raison qu’elle l’avait suivi en Roumanie, finissant de briser ce lien si fin qui peinait à la retenir aux Monarvant et aux siens.

Elle n’avait jamais été la confidente, la personne de confiance, la sœur sur laquelle on pouvait compter. Elle n’avait jamais été rien de tout cela. Elle était juste une Monarvant sans en être une. Celle qu’on salue quand on la croise mais qu’on ne connait pas plus que cela. Celle qu’on connait des rumeurs, des on-dit mais dont personne ne connait la vraie histoire car au final, c’est sans intérêt. Mais Fenella n’était pas venue pour penser à la pauvreté de sa vie. Non, elle était là pour soutenir son cousin et pour essayer de l’aider, autant que possible et autant que permis.

« Je suis navrée que tu aies eu à affronter cela … seul. »

Elle était dévastée d’apprendre qu’il avait été obligé d’affronter cela, que pendant qu’elle tentait de construire sa propre vie loin de toutes ces histoires, la vie des autres, des seules personnes qu’elle appréciait, prenaient des tournants désastreux. Elle termina son café avant d’avoir l’occasion de s’étouffer de nouveau avec puis reprit la parole, ayant l’impression de marcher entre les pattes d’un Magyar.

« Tu vas réussir à le gérer suite au réveil ? Le Logan que je connaissais ne t’aurait jamais fait de mal et aussi terribles soient les évènements qu’il ait vécu je ne le vois pas s’en prendre à toi. Tu dois être une des seules personnes dans ce monde à tenir à lui et en qui il peut avoir confiance. Il ne l’aura pas oublié, cela ne s’oublie pas. »

Elle se sentait terriblement impuissante. Elle ne savait que faire ni que dire. Elle ne savait même pas pourquoi il avait finalement accepté de lui parler. Elle n’était pas en capacité de l’aider, elle ne pouvait rien faire à part apporter un regard extérieur sur une situation qu’elle n’avait pas vécue.  Elle ne pouvait rien faire sans être guidée, mais encore fallait-il qu’il veuille se donner cette peine.

« Dis-moi ce que tu veux que je fasse. Dis-moi ce que je peux faire. Peu importe ta demande, je serai présente et je vais faire tout mon possible pour que la situation n’empire pas, à défaut de l’améliorer. »

Améliorer une telle situation de crise semblait utopique. Pour être réaliste il fallait avant tout chercher à limiter les dégâts. Après tout on cherchait d’abord à arrêter une hémorragie avant de panser la plaie. Il en était de même dans cette situation.

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Il saisissait toutes les perches, il s’immisçait dans la moindre faille afin de lui faire comprendre à chaque fois à quel point elle l’avait déçu. Au bout d’un moment, elle était obligée d’intégrer le fait qu’elle lui avait fait du mal puisqu’il ne cessait de le lui faire comprendre, à la moindre occasion.

« Ça aurait pu. Après tout vous vous êtes toutes les deux barrées de la famille sans un regard en arrière. Ça aurait pu être un super sujet de discussion au coin du feu. »

Ignorer les attaques, voilà ce qu’elle devait faire. Elle pinça les lèvres, refusant de répondre à cela, préférant se concentrer sur la conversation, laissant les paroles non constructives de côté. Pour le moment, il fallait avancer pour avoir le plus d’informations possibles afin de rattraper au maximum le retard. Alors elle préféra s’excuser pour ce qu’il avait subi, pour les souffrances qu’il avait eu à supporter, seul, sans sa famille à ses côtés.

Elle s’avança un peu trop, sur un terrain qui de toute façon était une vraie patinoire et il était donc obligé qu’elle tombe. Ce qu’elle venait de faire en toute beauté en supposant que Logan ne lui ferait jamais de mal. Faux, complètement faux ! Mais elle l’aurait su, bien entendu, si elle avait été présente.

Elle en était arrivée à un tel niveau sur l’échelle des surprises et des annonces toutes plus rocambolesques les unes que les autres que lorsqu’elle apprit que les deux frères, ou plutôt que Logan avait refait le portrait d’Alec, elle ne sut quoi dire, restant sans un mot et sans expression. Il avait attaqué Alec, il s’en était pris à un ami d’enfance et au final, Alec lui dit que ce n’était pas plus mal s’ils ne s’étaient pas mariés, même si les choses auraient peut-être été apaisées…

Fenella n’était pas une femme de l’ancien temps, à dire Amen au mariage arrangé prévu par ses parents, à prier pour que le parti qu’ils lui avaient choisi puisse la combler sur le plan physique, émotionnel et financier. Elle n’était pas une Sorcière de cette époque-là. Elle était une femme moderne qui choisirait elle-même son destin et son parti. Si elle avait écouté ses parents, peut-être que Logan ne se serait pas comporté ainsi, peut-être lui aurait-elle permis de conserver son humanité et son calme, mais avec des suppositions on peut refaire le monde et vivre sur des hypothèses, l’Ecossaise ne le supportait pas. Elle avait choisi de suivre une voie, pas la peine de regarder derrière à présent car il n’est pas possible de faire machine arrière. Alors la Sorcière se contente d’avancer car elle ne peut plus reculer.

Que pouvait-elle faire pour aider ? Elle était prête à tout pour avancer, pour aller dans la bonne direction, celle des retrouvailles.

« Ça devait pas être mal la Roumanie. Tu sembles moins atteinte que nous. »

Douche froide pour calmer ses ardeurs et sa motivation. Elle n’avait jamais oublié le fait que le chemin serait pavé d’embuches mais elle ne s’attendait pas à se heurter si tôt à un obstacle. Il lui recommanda de repartir de là d’où elle venait, de reprendre sa vie et de les laisser. Elle ne le pouvait pas. Elle n’avait pas d’autre choix que de rester ici, qu’ils le veuillent ou non.

Elle fronça les sourcils, quand il parla de quelque chose qui se répandait. Parlait-il toujours des Supérieurs ou d’autre chose ?

« Pour l’instant, je ne peux pas te proposer d’aller le voir et de nous aider. Ça ne concerne pas que moi. Mais peut-être après. Mais Fe’… réfléchis bien. T’impliquer là-dedans, ça n’est pas sans conséquences. J’te ferais pas le couplet façon grand frère, t’es assez grande et intelligente pour faire tes propres choix. T’as bien réussi à te casser alors que je suis resté là-bas comme un con moi alors bon… j’serais mal placé pour parler de capacités à faire des choix. Mais… penses à toi d’abord. »

Pas le temps de plus s’y attarder, un autre sujet était déjà lancé mais détail surtout important, le loup s’apaisait. Le simple fait qu’il l’appelle Fe’ lui montrait qu’il commençait à ne plus la considérer comme une étrangère. Mais elle n’allait pas crier victoire de si tôt. Rien n’était sûr avec le Rivers et elle resta sur ses gardes, se refusant de hâtives réjouissances. Ce que son cousin lui disait-là était sans colère. Juste de la résignation. Partir, fuir pour ne pas avoir à remuer tout cela. Fuir pour rester loin de ces histoires de familles plus sombres à chaque instant, partir pour ne pas souffrir. Mais elle n’allait pas saisir cette opportunité. Non, si lui ne pouvait s’y soustraire, alors elle serait là, à ses côtés. Il n’était plus temps de partir et de fuir. Il était temps de vivre auprès de ceux qu’elle aimait.

« Je comprends. Je ne suis de toute façon pas la première personne qu’il souhaitera voir, loin de là. Mais je n’ai pas l’intention de partir, ni de retourner là-bas. Je me dois de rester ici car m’éloigner du Royaume -Uni n’a pas été que bénéfique. »

Elle avait perdu beaucoup en Roumanie et depuis plusieurs années elle allait de pays en pays pour son travail, pour se créer une nouvelle vie, une nouvelle routine, se trouver une nouvelle raison de vivre cette fois ci en étant seule. Mais l’appel de Londres fut le plus fort. Revenue à l’origine seulement pour déposer des documents au Ministère, elle se sentit appelée ici, était-ce à cause du message de sa sœur ? Quelle que soit la raison qui l’avait amenée à rester ici, le résultat s’était avéré être le même, essayer d’être de nouveau là pour les quelques membres de sa famille qui n’avaient pas de griefs à son égard et encore, c’était vite dit.

Alec ne semblait pas très optimiste ce qui en disait long sur l’état de Logan. Elle espérait que les choses allaient s’arranger mais elle se devait d’être réaliste, rien n’indiquait que son état allait s’arranger. Vu ce qu’il avait subi, des quelques bribes qu’Alec avait lâchées, il allait immanquablement être marqué et parfois les blessures de l’esprit étaient bien pires que celles du corps et pouvaient s’avérer immuables.

Il fallait qu’elle se renseigne, qu’elle trouve un moyen de venir en aide aux Rivers mais dans l’immédiat, elle ne savait que faire. Elle ne pouvait rester silencieuse car elle sentait qu’il ne lui pardonnerait pas. Elle avait voulu savoir, à présent à elle d’agir.

« Je sais que tu feras tout ce qui possible pour l’accompagner dans cette épreuve. Je suis là également, tu pourras toujours m’envoyer un Hibou. »

S’assurant que personne ne les regardait, elle sortit sa baguette et une adresse commença à s’inscrire sur sa serviette en papier. Elle la plia et la glissa vers son cousin.

« Tu pourras me contacter à cette adresse pour le moment. Ce n’est qu’une question de temps avant que je ne puisse disposer de ma propre adresse mais à défaut, je suis joignable ici. »

Elle n’avait pas besoin de s’éclipser dans les jours à venir donc en théorie, elle allait être avertie directement en cas de réception de courrier, s’il prenait la peine bien entendu de lui écrire ce qui n’était pas garanti. Elle hésitait à lui poser une question, elle se demandait si elle était en droit de lui demander des nouvelles de ses frères et de sa sœur, tout comme lui l’avait fait mais elle ne se sentait pas légitime dans cette démarche. Il l’avait fait car il avait été délaissé, elle voulait le faire car elle était partie. Les situations étaient opposées.

Elle termina la boisson chaude, tout en assimilant tout ce qu’elle venait d’apprendre aujourd’hui. Cette matinée n’était décidément pas aussi reposante que prévue. Elle décida d’embrayer sur un autre sujet, sur un sujet qui pour l’instant n’avait été que survolé.

« Quand tu dis qu’Ils sont partout, à quel point penses-tu que cette menace s’est étendue ? »

Elle ne réalisait pas bien la gravité de la situation, car sa sœur s’était bien gardée de lui dire à quel point la situation à Poudlard était différente depuis son départ. Elle s’était bien gardée de lui parler de toutes les atrocités qui s’étaient déroulées au sein de l’école et du conflit interne qui avait fait trembler ses murs. La Monarvant avait l’impression de s’être déplacée avec des œillères ces dernières années mais dans le fond, ce n’était peut-être pas qu’une impression.

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Les paroles de la Monarvant ne plaisaient pas forcément au Rivers qui ne pouvait retenir des soupirs de désapprobation. Au moins, ils n’étaient pas accompagnés de remarques virulentes, la situation s’apaisait petit à petit mais elle ne cria pas victoire trop vite. Elle ne devait pas se penser gagnante dans cette conversation puisque d’une part, rien n’était assuré, elle s’attendait à un changement de comportement assez soudain venant d’Alec mais également car il n’y avait au fond ni gagnant, ni perdant. Juste deux personnes qui essayaient d’échanger, de communiquer et de se rapprocher de nouveau.

Elle lui redit qu’elle serait présente s’il souhaitait être accompagné, il lui dit qu’il la tiendrait au courant. Cela restait donc à voir mais les choses étaient en tout cas nettement mieux engagées qu’au début. Elle sentait qu’il était fatigué, que sa détermination n’était plus aussi présente, peut-être était-ce l’alcool qui commençait à se dissiper ? Malgré ce qu’il lui avait affirmé, elle se doutait qu’il avait bu plus que de raison, mais maintenant, elle comprenait.

L’adresse temporaire de sa résidence fut écrite et transmise. C’était bien beau de lui dire qu'il pouvait la contacter mais ne pas lui donner d’endroit où la joindre n’était pas non plus des plus simples pour communiquer.

A présent, elle voulait savoir, elle voulait comprendre et entendre à quel point cette menace était présente. Elle avait entendu des choses, bien évidemment, elle n’était pas sourde ni aveugle, mais étant étrangère à tout cela, elle ne s’en était pas mêlée. Elle n’était pas une vagabonde, enfin, pas vraiment, elle s’était plutôt comportée comme une exploratrice ces dernières années mais suivant le point de vue, le résultat restait finalement le même. Elle s’était contentée du strict nécessaire pour ne pas devenir folle mais n’avait pas non plus vraiment pris la peine de s’intéresser à ce qu’il se passait autour d’elle. Un moyen de se noyer dans le travail et dans ce qui l’animait. Une fâcheuse habitude qu’elle avait conservée depuis l’enfance. S’isoler dans sa bulle pour être dans un monde qui lui convenait mieux.

« Je pense que ceux qui ont dirigé puis repris l’école sont les mêmes que ceux qui ont fait tomber Salem et y ont fait des tas de morts et qu’ils ne sont pas inquiétés, du moins pas assez pour que ce soit innocent. Ce qui veut dire qu’ils sont présents à la fois dans les médias et dans des postes plus haut placés comme au ministère par exemple. »

Elle en avait entendu parler de Salem, forcément, elle était encore aux Etats-Unis à ce moment-là. Mais une fois de plus, ce n’était que des bribes de conversations qui lui étaient arrivées aux oreilles. C’était en décembre 2014. Elle s’en souvenait malheureusement, de la panique engendrée peu de temps avant Noël. Mais égoïstement, elle n’avait pas arrêté sa vie pour autant. Après tout, elle ne connaissait personne de Salem, c’était une tragédie, mais elle n’était pas concernée pour autant.

Ce qu’Alec lui décrivait-là était une sorte de machination, un complot et s’il disait vrai, la situation était bien plus grave que ce qu’elle aurait pu imaginer. Si depuis deux ans ces évènements n’avaient pas obtenus justice, si les assaillants prenaient en puissance, alors rien ne garantissait que Poudlard était en sécurité, ni même les membres de sa famille qui y étaient encore.

« On est en danger Fe’, quoi qu’on pense. Et c’est pire si on est proche de certaines personnes…. Genre Logan. Il ne voulait pas se mêler à ça tu sais ? C’était un concours de circonstances. Mais maintenant c’est fait. Et l'attachement qu'il te porte te mets en danger aussi... »

« L’attachement qu’il me porte ? Es-tu sûr qu’il en a encore pour moi ? »

L’attachement était un bien grand mot. Elle ne s’attendait pas à ce que les personnes qu’elle avait laissé derrière elle soit particulièrement heureuse de la revoir. Pas fâchées non plus, juste neutre. Comme si elle n’était au final qu’une connaissance qu’on revoyait. On était content de revoir cette personne mais la vie se passait également bien sans sa présence, il n’y avait pas de sensation de manque, pas de sensation d’attachement non plus. A une époque peut-être oui, depuis qu’elle était partie, non.

« La seule chose qui puisse me mettre en danger c’est surtout mon comportement. La distance qui s’est installée entre vous tous et moi, par ma faute, je le sais. Je pense que Logan peut potentiellement être attaché à celle que j’étais avant, pas à la femme que je suis aujourd’hui. »

Et c’était également cela qui lui fendait le cœur. La femme qu'elle était aujourd’hui aurait peut-être été plus rationnelle et aurait accepté ce mariage. Parce que Logan était une personne qui méritait d’être heureuse, une personne qui avait eu besoin d’être secondé à un moment et que elle n’avait  pas été présente. Elle ne disait pas que sa présence à ses côtés aurait tout changé, mais les choses auraient certainement été différentes. Sa vie n’aurait pas été encore plus détruite qu’elle ne l’était et qu’elle ne l’est devenue.

La nausée commençait à monter, ajoutée à la fatigue et au café qui était dans son ventre vide. Le jour était déjà levé depuis un moment et à présent, elle ressentait de plus en plus la fatigue.

« Je veux être présente pour vous, mais entre ce que je veux, et ce que je suis en capacité de faire, il y a certainement un monde. Ma place n’est peut-être pas auprès de vous. Je ne dis pas ça parce que je veux fuit, je dis cela parce que forcer alors que ma place n’est peut-être pas ici pourrait être plus néfaste qu’autre chose. Et si ma présence provoquait plus de soucis à Logan, si elle n’était pas utile ? »

Ce n’était pas forcément ce qu’il voulait entendre, mais c’était aussi la réalité. Elle ne voulait pas miser sur une hypothèse, elle souhaitait que les choses s’améliorent, mais peut-être qu’il était trop tard pour ça. Il fallait parfois aussi être réaliste et terre à terre et la fatigue qui lui tombait sur les épaules ne l’aidait pas à être plus positive à l’heure actuelle.

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with Alec Kaleb Rivers

Le 10 janvier - Londres

Il n’avait pas de réponses à ses questions, mais en même temps, il ne pouvait pas non plus s’avancer pour lui. Mais cela signifiait aussi qu’ils n’avaient pas parlés d’elle récemment, voir pas depuis des mois ou des années. Sinon il aurait eu une réponse à sa question. Sans s’avancer pour autant, une simple réponse aurait été possible, mais elle semblait avoir été rayée de la famille Rivers également, elle semblait n’être rien de plus qu’un fantôme qui tentait de revenir parmi les vivants.

Déboussolée par la tournure que prenait cette conversation, elle lui fit part d’une partie de ce qui la blessait, de ses torts, qu’elle comprenait et des conséquences que cela engendrait. Elle n’était pas fondamentalement différente de celle qu’elle était avant, mais elle avait évoluée, tout comme eux avaient aussi évolué mais à une vitesse qui semblait bien plus élevée. Leurs vies étaient marquées par des conflits, par ce combat sanglant qu’Alec ne lui décrivait que par bribes. Mais de toute façon, avec le recul, il n’y avait que deux possibilités pour cela, soit il n’avait pas envie de lui parler plus que nécessaire, soit il doutait de ses intentions. Les deux possibilités étaient totalement compréhensibles et encore une fois, elle ne pouvait lui en tenir rigueur puisqu’elle avait été à l’origine de ces réactions, de ces changements, de ces relations fragiles qu’un rien pouvait briser. Son départ pour une vie meilleure avait été un échec cuisant et elle n’en mesurait réellement les conséquences qu’aujourd’hui.

« Sincèrement, j’ai eu beau passer les trois dernières années à le côtoyer tous les jours, je sais toujours pas s’il me balancerait pas en pâture si j’étais un risque… alors j’en sais rien. Vraiment. En fait c’est con ce que j’ai dit. C’est ce que je pense instinctivement. J’me plante peut-être complètement. Il ‘est pas simple à suivre. »

Même Alec au final ne savait pas vraiment comment Logan pourrait réagir, s’il était fiable ou pas, de ce qu’il disait, à moins qu’il ne se trompe, rongé par ses propres doutes et ses craintes. Si Logan n’était pas simple à suivre, lui non plus ne l’était pas tout le temps. Mais ils avaient été ravagés par une bataille qu’elle n’avait pas vécue. Alors elle doutait d’autant plus de sa capacité à être présente pour eux. Parce que ce qu’ils avaient vécus la dépassait. Il l’avait pourtant mise en garde, plus d’une fois. Tout depuis le début de cette conversation aurait dû l’alerter, lui faire prendre conscience que derrière ces mots, il y avait eu des impacts sur leurs vies. Logan a tué le meneur des Supérieurs. Les Supérieurs avaient fait tomber Salem. Janie avait disparue, Logan avait été enfermé, sédaté, il avait de nouveau tué. Il avait attaqué un ami d’enfance, ce n’est pas quelqu’un de sain mais le mariage aurait pu apaiser les choses, Elle aurait pu faire quelque chose. Elle semblait moins atteinte, plus préservée et pour cause, elle n’avait pas vécu tout cela, elle n’avait pas subi toutes ces souffrances, elle ne vivait pas cette vie qui était devenue la leur depuis bien trop longtemps.

Mais lorsque ses doutes furent exprimés à voix haute, après toutes les informations qu’elle venait d’enregistrer tant bien que mal, le couperet tomba. Le lien si fragile fut coupé net. Il lui re-balança à la figure tout ce que Logan avait subi, terminant même en insinuant qu’elle lui cachait peut-être des choses.

« Alec, ce n’est pas ça … »

Il doutait d’elle et cela lui fit l’effet d’un poignard en plein cœur. Mais pas d’un simple coup, non, d’une myriade de coups, toujours plus douloureux, toujours plus violents. Il se leva pour lui assener le coup fatal.

« Si c’est pour te trouver des excuses, casse-toi. »

Elle lui avait dit qu’elle ne voulait plus fuir, elle ne voulait plus de cette distance, elle savait qu’il y aurait du travail et elle allait faire les efforts nécessaires car elle ne voulait pas les perdre, mais cet énième rejet depuis leurs " retrouvailles " lui fit monter les larmes et commença à lui faire perdre son calme. Elle se leva à son tour, posant fermement ses mains sur la table. Mais elle n'allait pas crier, ce n'était pas son genre. Elle devint glaciale. Elle n'allait pas se montrer condescendante car à part déclencher un affrontement dans ces lieux, il n'y aurait pas d'utilité à ça. Mais elle ne fit plus preuve de chaleur ou de compréhension. Elle était à présent blessée et elle refusait d'encaisser plus.

« Je ne vais pas te présenter mes excuses pour avoir l’honnêteté de douter de ma légitimité à ses côtés. Au lieu de foncer tête baissée, sans réfléchir, je préfère me poser les questions, plutôt que d’empirer les choses. Je ne vais pas imposer ma présence, ni venir en terrain conquis en clamant que je vais tout arranger. Je VEUX arranger les choses, c’est une certitude. » elle baissa le ton, tout en poursuivant, plantant son regard dans le sien. « Mais comprend qu’avec ce que tu m’as raconté, avec ce qu’il t’est arrivé alors que TU as, et je te cite, passé les trois dernières années à le côtoyer tous les jours, j’ai quelques doutes quant aux bienfaits que pourrait lui faire ma présence s’il se montre aussi hostile à mon égard que tu ne l’es. Si tu juges que je ferai mieux de me casser, comme tu ne me l’as déjà dit, une dernière fois sera la bonne. Je suis longue pour comprendre les choses apparemment mais là ça sera on ne peut plus clair. »

Elle essuya sèchement son œil droit pour en effacer la trace de la larme naissante. La fatigue avec toutes ces révélations ne lui réussissait pas. Elle n’avait pas pleuré depuis des années mais il réussissait l’exploit aujourd’hui de briser ce fait. On lui avait appris à être forte et pleurer était une marque de faiblesse. Elle ne serait pas faible aujourd'hui.

« Si tu considères que parce que je ne pense pas comme toi, que parce que oui, j’ai des doutes et que parce je ne suis pas porteuse de toutes les réponses aux questions que tu te poses je ne mérite pas d’être là, alors le message est reçu parfaitement. »

Elle s’arrêta un instant, regardant autour d’elle mais le café était toujours aussi peu rempli. L’avantage d’être dans un coin faisait également que la scène attirait moins l’attention, fort heureusement mais elle poursuivit un ton en dessous une fois de plus.

« Et si ça peut te rassurer, non, je ne suis pas l’une des leurs. Mes idées n’ont pas changées quant aux différentes origines des personnes qui composent notre communauté. Je considère que nous sommes tous égaux et j’ai eu l’occasion de le constater. Je ne m’intéresse pas à Logan parce qu’il est une menace pour des abrutis finis ou parce qu’il a tué, je m’intéresse à lui parce que malgré le temps qui est passé, j’ai toujours de l’affection pour lui et que … je ne veux pas envisager une seule seconde de plus qu’il puisse souffrir et que je reste les bras croisés. Alors si je dois partir en croisade pour montrer ma bonne fois, je le ferai. Mais pas pour te rassurer toi et tes doutes, tes craintes et pour te prouver que je ne te veux absolument aucun mal. Ce sera pour lui, parce que je me sens redevable, parce que je n'aurais pas dû le laisser seul. »

Elle avait pensé à elle, avant de penser à ses proches. Son bonheur éphémère avait eu un coût, mais ce dernier était bien plus élevé que ce qu'elle pensait. Elle doutait que son cousin accepte quoique ce soit au vu de ses dernières paroles, mais elle ne pouvait plus encaisser en silence.

« Je ne doute pas un seul instant de tes intensions bien que des années soient passées. J'aurais aimé qu'il en soit de même pour toi. »

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« Je ne doute pas un seul instant de tes intensions bien que des années soient passées. J'aurais aimé qu'il en soit de même pour toi. »
« Tu devrais. »

Il n’était pas décidé à lui laisser du répit. Il continuait de lui assener ses réflexions, de la bombarder de phrases toutes plus désagréables les unes que les autres. Tout était bon pour se moquer d’elle, pour la tourner en ridicule, pour se montrer amer et aigri. Comment quelqu’un de si jeune pouvait déjà être aussi infect ?

Il se pencha pour lui faire face. Dire que la tension était palpable était un pur euphémisme. Le ton avait radicalement changé, les choses étaient différentes, il n’y avait plus de bonnes manières, de filtres ou de gants à prendre. Les choses étaient dites, le plus froidement du monde. Car c’est comme ça qu’ils étaient, au fond, c’est comme cela qu’ils avaient été éduqués car c’était ainsi qu’agissaient leurs parents qu’ils avaient pris pour modèle.

« Tout ce que je dis… c’est que si tu me penses violent, alors tu n’es en effet pas prête à ce qu’il est devenu. Et que si tes doutes en sont là avec si peu, c’est qu’effectivement tu ne peux sans doute rien pour lui parce qu’il risque de te broyer. »

Ce qu’il lui reprochait, c’était donc d’avoir été honnête ? D’avoir reconnu qu’elle n’était qu’une humaine, qu’elle n’était pas pourvue de superpouvoirs qui allaient lui permettre de débloquer n’importe quelle situation d’un claquement de doigts ? Non, la vie ne fonctionnait pas ainsi et elle pensait qu’il l’aurait compris. Mais d’un autre côté, si ce qu’il lui avait dit ne représentait presque rien, alors celui des deux qui cachait des choses à l’autre, ce n’était pas elle mais bel et bien lui. Mais de toute façon, il lui avait clairement fait comprendre qu’elle ne devait pas lui faire confiance aveuglement. Cela semblait se confirmer.

Elle le trouvait toutefois bien culoté, le Rivers, de lui en vouloir d’avoir des doutes alors qu’il ne cessait de changer d’avis. Logan pouvait être sauvé, Logan était violent, Logan pouvait être heureux de la voir, Logan n’avait peut-être plus rien en lui qui pouvait être sauvé, quand allait-il finalement statuer sur son sort ? Elle le trouvait fort injuste de lui demander d’assumer un choix et une prise de position que lui-même ne semblait pas être en mesure d’effectuer.

A moins que tout ceci ne soit pas le vrai fond du problème mais pour le moment, Fenella était trop aveuglée par sa colère sourde pour voir autre chose. Mais il baissa de nouveau les bras, abandonnant une fois de plus, la surprenant dans sa démarche. Elle ne comprenait pas ce énième changement de position. Il abandonnait et la laissait faire ? Que lui cachait-il exactement ? Que se passait-il réellement ?

« Que cherches-tu à faire, exactement ? Me faire fuir ? Que je prenne peur ? Je n’ai pas vécu ce que vous avez eu à vivre, c’est un fait. Effectivement, je ne peux comprendre à l’heure actuelle tout ce tourbillon d’émotions qui t’habite et qui l’habite également. »

Car il semblait violent, ce tourbillon, il semblait dévastateur, ravageur. La personne qu’elle avait face à elle n’était pas celle qu’elle avait connu dans le passé. Il était écorché vif et cela lui serrait le cœur, lui broyait la poitrine et l’empêchait de respirer convenablement.

« Ecoute, dis-moi ce que tu veux que je fasse pour que tu ne doutes plus de moi. Je sais que ça ne se fera pas en un jour, mais explique-moi ce que tu attends-moi. »

Elle avait bien compris que ça serait à elle de tout faire pour retrouver une place dans la vie des Rivers. Que non, ça ne serait nullement des pique-niques au parc en riant, avec bouteilles, bambins occupés à courir partout et ambiance détendue. Non, jamais cela ne se produirait car ce n’était pas comme ça qu’on leur avait appris à vivre. Ce n’était pas ainsi que se dérouleraient leurs dimanches mais si déjà ils arrivaient à parler plus sereinement qu’aujourd’hui, sans toute cette amertume, cette colère et sans se repousser continuellement, alors ce serait un grand pas en avant. Mais elle ne savait pas s’il lui laisserait cette chance. Cette conversation était éprouvante et elle était épuisée. Elle ne voulait qu’une chose, que cela s’arrête. Mais pas que leur relation prenne fin pour autant car elle se doutait pertinemment que s’ils se séparaient dans ces conditions, jamais ils ne se reverraient. La situation devait s’apaiser le plus vite possible.

Elle se rassit en soufflant doucement portant une main à son front, fermant les yeux un instant avant de reprendre, moins froide que lorsqu’elle avait vidé son sac.

« Tu attends de moi, que je comprenne tout, que tout se passe comme si je n’avais pas été absente ? Mais ce n’est pas le cas. Je ne peux pas rattraper en une heure ce que j’ai raté en plusieurs années. Il faut aussi que tu me laisses le temps et l’occasion de rattraper tout ça. Ma vie ces dernières années n’a été des plus mouvementées donc il n’y a pas grand-chose à dire. Mais la tienne semble être bien plus chargée, alors laisse-moi le temps de te redécouvrir aussi, d’apprendre à tous vous connaître. »

Car au final, elle ne le connaissait pas. Elle ne connaissait pas le nouvel Alec, tout comme elle ne connaissait pas les personnes qu’elle avait laissé derrière elle. L’Ecossaise avait oublié ce point-là. Il n’y avait pas que Logan dans cette histoire. Ils avaient beaucoup parlé de lui, beaucoup parlé de son état, de ce qu’il s’était passé, mais il y avait d’autres personnes de touchées, d’autres personnes qui étaient concernées. Elle n’avait parlé ni de sa sœur, ni vraiment de lui. Elle ne connaissait même pas le nom de sa femme alors qu’il lui avait dit qu’il était marié. Elle avait merdé, depuis le début de cette conversation. Elle avait fait une énorme erreur, une de plus à son palmarès.

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Le 10 janvier - Londres

Il ne disait rien, il encaissait, prêt à exploser, ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se prenne tout dans la figure. Le revers allait être sacrément douloureux et elle n’était pas sûre d’être préparée à le subir. Elle avait déjà accumulé beaucoup plus de choses qu’elle ne le pensait via ces retrouvailles, elle n’y était pas préparée, pas un seul instant. Elle ne s’attendait pas au tapis rouge, mais elle ne s’attendait pas non plus au champ de bataille qu’était devenu la vie de ceux qui étaient auparavant ses proches.

Elle voyait que cela le touchait, mais qu’il encaissait, la muraille qu’il avait érigé autour de son être était bien trop épaisse pour céder, elle était trop solide pour craquer. Mais lorsque le barrage allait céder, elle craignait que les effets soient dévastateurs.  

« Ouais… Ben écoute, t’as le temps tant qu’ils me trouvent pas. »

Nouveau rappel de l’existence des Supérieurs. Nouveau rappel de la menace qui pesait sur les épaules des Rivers. Nouveau rappel pour lui signifier que tout n’était qu’éphémère et qu’il n’était pas en sécurité.

« Désolé mais j’ai pas… juste pas la stabilité émotionnelle pour t’expliquer tout ce qui déconne chez moi là tout de suite. »


Un appel à l’aide, mais une demande de le laisser en paix. Elle n’insisterait pas. Car insister n’amènerait rien de bon. Il n’allait pas bien, elle l’avait compris depuis le temps, mais il ne voulait pas d’aide pour l’instant. A part le braquer, elle n’obtiendrait rien alors elle n’ajouta pas un mot de plus. Elle se contenta de l’écouter, en silence, continuant d’assembler les quelques pièces qu’il lui donnait, mais le puzzle était loin d’être complet. Elle sentait qu’elle n’aurait pas toutes les informations aujourd’hui, ni même dans les jours à venir mais elle espérait bien un jour avoir toutes les cartes.

« J’te tiens au courant d’accord ? De son état. »

Elle resta un moment silencieuse, un très court instant pour ne pas le froisser une énième fois, mesurant la portée de chacun des mots prononcés et de ceux qui allaient être dits.

« Très bien. Je te remercie. »

Rien de plus, mais pas moins non plus. Il fallait qu’elle prenne aussi le temps de son côté de tout digérer et ce n’était pas à Alec de faire ce travail. Elle allait rentrer dans cette chambre d’hôtel qui était la sienne pour quelques jours encore, espérant ne pas croiser Théodora sur sa route car elle n’avait nullement envie d’ajouter cela à sa journée. En quelques jours, c’était une avalanche d’informations, de changements, d’évènements qui lui étaient tombés dessus, c’était trop, beaucoup trop pour elle. Beaucoup trop pour une personne lambda en si peu de temps. Mais elle n’avait pas d’autre choix que d’avancer. Elle n’allait pas s’effondrer, elle n’en avait pas le droit. Elle allait devoir avancer, coûte que coûte. Son chemin ne faisait que commencer.

Elle se releva, cette fois ci pour partir, car elle avait besoin de se retrouver seule, seule avec ses pensées, avec ce qu’elle venait d’apprendre, avec tout ce que cela impliquait.

« Merci, pour le temps que tu m’as accordé, sincèrement. Tu sais où me trouver si besoin, comme je te l’ai dit, j’y reste pour quelques jours encore, de manière générale sinon, Elysa du Département de contrôle et de régulation des créatures magique au Ministère connait mes dernières adresses. N’hésite pas à passer par elle, elle me remet toujours le courrier sans faire d’histoire et sans l’ouvrir. »

Même si elle doutait qu’il allait passer par Ely’, elle lui offrait une autre possibilité de la joindre, si jamais il avait envie de lui envoyer un courrier mais ce n’était pas une certitude. Elle remit son manteau et son écharpe, s’apprêtant à partir, fouillant dans sa veste pour en sortir de quoi payer les cafés. Elle regarda son cousin un instant, hésitante mais finalement garda ce qu’elle souhait partager pour elle, se ravisant pour une autre question, même si elle connaissait d’avance la réponse.

« Je suppose qu’on fait chacun sa route et que tu ne veux pas que je te raccompagne jusqu’à ton quartier ? »

On ne sait jamais ce qu’il peut se passer, même si elle doutait qu’en début de matinée il puisse se passer quelque chose, elle préféra demander.

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Le 10 janvier - Londres

Elle avait mis du temps à répondre, une attente qui aurait pu être fatale mais il ne dit rien, l’épargnant de toute remarque acerbe. Elle marchait sur des œufs, elle le savait. Elle savait que la situation était loin d’être sereine, qu’un rien pouvait la faire vaciller mais elle s’accrochait toujours à ce fil aussi épais que ceux composant la toile d’une araignée. Elle s’y accrochait, elle ne voulait pas lâcher, pas après tout ce qu’ils venaient de se dire. Alors elle poursuivit, le remerciant une fois de plus. Essayant de lui montrer qu’elle n’avait pas été insensible au temps qu’il lui avait accordé, qu’elle était reconnaissante, pleine de gratitude, car même si les choses n’avaient pas été simples il avait accepté de lui en dire plus sur sa vie, de se révéler, de la mettre un minimum à la page.

Il pouvait passer par Elysa si besoin, elle aurait également pu lui donner le nom de Warren mais elle ne savait pas s’ils se connaissaient, très probablement puisqu’il était lui aussi un sang-pur mais avec tout ce qu’il venait de lui dire et bien qu’elle sacha qu’auparavant il tendait plus à partager son idéologie à elle que celle des Supérieurs, elle ne savait pas comment il avait évolué ces dernières années. Alors elle préféra donner le nom d’une personne dont elle était sûre et certaine. Elle avait confiance en Elysa.

Elle proposa de faire un bout de chemin ensemble, sachant qu’il allait refuser mais il ne pourrait lui reprocher de l’avoir laissé en plan. S’en était malheureux de faire des propositions en anticipant le pire, pour se protéger mais c’était ainsi qu’elle avait choisi d’agir, pour le moment.

« Ouais, c’est l’idée. J’ai besoin de souffler. »

Un refus. Ce n’était pas surprenant, au contraire. Besoin de souffler, elle pouvait le comprendre, elle aussi, et elle devait aussi combattre cette envie de se terrer sous sa couette, de prendre le premier portoloin qui se présentait pour repartir aux Etats-Unis. De toute façon, même là-bas elle n’était pas à l’abri et il lui avait proposé de prendre la fuite et elle avait refusé. Elle n’allait donc pas partir, même si l’envie commençait à s’installer en elle. A moins que cela ne soit tout simplement un effet de la fatigue qui l’empêchait de réfléchir convenablement. Elle avait besoin de dormir et ensuite, de réfléchir à tout cela, d'essayer de comprendre à quel moment le fait d'avoir voulu quitter cette vie avait rendu son retour aussi chaotique et déroutant, car chaque journée lui apportait son lot de surprises, qui n’étaient en rien agréables. Toutes plus terrifiantes les unes que les autres et même si elle voyait difficilement comment les choses pouvaient empirer, elle préférait ne pas s’avancer. Quelque chose lui soufflait que les choses pouvaient toujours être pires…

« Très bien, on fait comme ça. Rentre bien, Alec. »

Une inspiration de sa part à lui, un regard adoucit de son côté à elle.

« Bonne journée Fenella…. » Un moment de battement, une réflexion, une hésitation, elle ne saurait le dire car elle connaissait au final plus cet homme qui était face à elle, à supposer qu’elle l’ait un jour connu. « Prend soin de toi. »

« Toi aussi, prends soin de toi. »

Elle le regarda partir, se diriger vers le comptoir pour payer alors qu’elle était sûre qu’il l’avait vu sortir son portefeuille. Elle posa un billet sur la table et sortit peu de temps après lui, retournant vers le secteur de son hôtel. Elle était totalement épuisée, écrasée par le poids de ces révélations, de ces retrouvailles et de cette journée. Elle avait besoin de poser son cerveau juste un instant, de se laisser porter, de dormir avant de pouvoir mettre de l’ordre dans toute cette histoire et d'essayer de trouver quelle était sa place aujourd'hui.

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