Miroir du passé [GaGary]

Un pied pressé esquiva une flaque dans une rue de Londres. L’eau reflétait une femme avec un manteau cape vert émeraude, une longue jupe tailleur bleu marine, des collants noir et des escarpins brillant. Sa tête était coiffé d’un béret noir qui soulignait deux perles accrochées à ses oreilles, et elle portait un foulard à motif géométrique crème, bleus marine et verts. Elle était suivie d’un homme en costume à la carrure imposante. Ceux-ci allèrent dans une des ruelles cachées typique entre deux vieux bâtiments Londonien. Ils étaient presque trop élégant par rapport à la population de l’East End. Mais il suffisait de taper sur des symboles qui se fondaient avec un tag, et on pouvait pénétrer dans une rue un peu branchées et artistique du Londres sorcier. On y trouvait de bonnes adresses de restaurants et de cafés pas trop hors de prix. Elle aurait pu se permettre d’aller dans le West End et de prendre un de ces Afternoon Tea luxueux, mais la personne qu’elle avait invité sûrement pas. Ils étaient en avance. Cela éviterait sûrement un moment un peu gênant. Arrivée devant son lieu de rendez-vous, elle demanda doucement à son mari de prendre congé. Il n’avait pas l’air très enjoué par l’idée de la laisser toute seule, alors elle se renfrogna en essayant tout de même d’insister. Il finit par comprendre, et lui dit qu’il reviendrait la chercher dans environ deux heures. Elle l’embrassa en attrapant son cou, puis  elle acquiesça en le remerciant pour la onze-millième fois d’avoir accepté cette faveur en son égard. Elle le comprenait. Déjà, c’était son ex. C’était jamais une bonne chose pour un mari. En plus, il sortait de prison, et il était peut-être un peu dérangé. Surtout, c’était un né-moldu. Et aucun né-moldu ne devait être assez téméraire pour la toucher, encore moins lui faire du mal. Elle l’avait rassuré en lui rappelant que le café était souvent bondé et qu’au moindre problème elle l’appèlerait. Mais il avait raison. Ce n’était forcément plus l’homme qu’elle avait connu. Déjà, son ascendance moldue lui donnait une prédisposition à débloquer facilement. Elle arrivait méfiante. Mais elle ferait en sorte que cela ne se voit pas, bien qu’elle mettra une barrière entre eux. Elle n’était également plus la femme qu’il avait connu. Elle-même ne savait pas trop comment elle réagirait dans ce premier face-à-face. Elle sentait la colère encore là, même si dans le fond, elle ne souhaitait pas lui en vouloir. Six ans d’Azkaban c’était déjà beaucoup pour un homme. Mais il restait celui qui lui avait arraché Saïd, la seule personne qui tenait vraiment à elle. Elle savait très bien que pour ses parents, elle n’était qu’un instrument comme un autre. Sinon ils ne l’auraient jamais vendue aux Anderson. Heureusement, eux étaient des gens exceptionnels. Ils étaient, comme Aly, toujours aux petits soins avec elle. Ils étaient devenus avec le temps sa vraie famille. Puisque la seule avant eux était Saïd.

Elle avait décidé de le revoir quand elle avait appris par hasard au ministère qu’il avait été libéré. Des bruits de couloirs. Elle lui avait envoyé une carte lui souhaitant ses voeux pour la nouvelle année pour renouveler un contact entre eux. Au moins, Gary lui avait répondu.  Elle avait écrit exactement quatre cartes de voeux à Esteban, toujours restées sans réponse. Quatre cartes à la barbe de son cher et tendre. Quatre cartes qui avait traversé l’atlantique. Comme elle avait trop de respect pour les pauvres oiseaux qui allait les livrer pour rien, elle avait arrêté d’insister.
Aly avait été très perplexe, presque en colère quand elle lui avait parlé de son initiative envers Gary. Mais il devait comprendre autre chose. Elle n’était pas là pour être son amie, loin de là. Gary, c’était le premier pas pour choper ce connard d’Esteban. Elle voulait qu’il sache qu’on ne pouvait fuir éternellement, et qu’il fallait un jour prendre ses responsabilités. Il n’y avait pas de raison qu’il s’en sorte royalement alors que Gary avait payé ses erreurs : il y a une justice dans ce monde. Mais pour cela, il lui fallait Gary. Aloysius savait qu’elle pouvait être têtue, alors il finit par flancher. Il lui avait donné l’autorisation de converser avec le Sang-de-Bourbe, puis celle de se retrouver quand elle avait proposé un rendez-vous dans ce café. La seule condition : il l’accompagne et la raccompagne.

Elle souffla dans ses mains pour tenir chaud à travers ses gants, créant une épaisse buée autour. Il faisait froid et elle espérait que l’autre ne soit pas à la bourre. Il sait très bien qu’elle aime quand on est ponctuel. Si jamais il osait n’avoir qu’une seule minute de retard, elle l’appelle Lord GaGa devant tout le monde en hurlant son surnom dans la rue. Qu’il craigne sa terrible vengeance pour cet affront.

Dimanche 3 janvier 2016,

Est-ce qu'il avait été étonné de recevoir cette lettre ? Et il n'aurait su dire si c'était en bien ou en mal. Il était probablement plus perplexe qu'autre chose et ne savait pas comment réagir. Un côté avait juste envie de lui répondre, l'autre de l'ignorer non pas par ce qu'il était fâché contre elle, ou juste lâche, mais c'était juste son côté totalement parano qui parlait. 6 ans, ça change une personne,  surtout lorsqu'elle peut évoluer dans le monde extérieur. Probablement que des trois, c'était lui qui avait le moins, il était resté bloqué d'une certaine façon sur ses 24 ans. Bien sûr, il avait quand même évolué et pas forcément en positif : il avait à peu près tout perdu, il était devenu encore plus un paria qu'avant, n'avait plus de boulot, plus réellement d'avenir, surtout dans le monde Sorcier. Tout comme, même si ça s'améliorait un peu et que cela dépendait des jours, voire même des moments de la journée, il avait quand même sérieusement perdu sa joie de vivre, probablement emportée un quasi-totalité par les Détraqueurs ; et il était toujours en partie apathique par moment, déprimé. Sans compter cette nouvelle parano qui faisait à présent, totalement partie de lui.

Finalement après multiples tergiversations, il lui avait donc répondu qu'il serait présent au rendez-vous qu'elle lui avait fixé, le plus compliqué pour lui étant en vérité de savoir s'il arriverait à se lever ou non, dans quel état il serait à ce moment-là. Il savait qu'il ne devait pas débiner, il savait qu'il n'aurait probablement pas droit à une autre chance, si jamais elle venait réellement en paix. Mais il n'oubliait pas qu'elle avait peut-être une idée derrière la tête. Il ne l'oubliait, mais dans le feu de conversation, probablement que ça serait plus compliqué. Si ses sentiments envers Esteban étaient toujours présents et bien ancrés, qu'en était-il pour la jeune femme ? Pour le coup, il n'en était pas certain ? C'était plus compliqué qu'avec l'autre imbécile de grand dadet : il ne lui avait pas fait de mal à Esteban, c'était toujours une possibilité qu'ils se remettent ensemble, un jour. Même s'il ne voulait pas y croire, il avait gardé cet espoir pendant des années, comme un leimotiv, revoir sa sale petite tronche de bouclé-lâche. Pour Klara, les choses étaient forcément plus compliquées, il ne pouvait plus rien attendre d'elle après ce qu'il avait fait. Il le savait. Il lui était probablement en quelque sorte plus redevable qu'autre chose.

Il n'en avait pas touché mot à Margo, ou plutôt si. Il lui comptait bien lui envoyer un texto juste avant de partir, pour lui dire le lieu et l'heure de rendez-vous. Juste au cas où. Comme ça, elle ne ferait probablement rien pour l'empêcher d'y aller, il avait déjà eu des arguments merdiques d'Esteban, il n'avait pas franchement eu le courage d'écouter potentiellement ceux de Margo. Pour lui c'était simple: Klara avait envie de le voir, la moindre des choses c'était d'aller écouter ce qu'elle avait à dire. Et après il aviserait.

Il s'était donc préparé rapidement histoire de ne pas arriver en retard. Il détestait ça probablement autant qu'elle. Il avait du mal à définir son humeur, mais c'était certain que cela aurait pu être pire. Il avait mis un certain temps à trouver une « tenue correcte », il ne voulait pas faire trop décontracter, mais ne pas trop bien s'habiller non plus. Il avait donc essayé de trouver une tenu qui le mettait quand même assez en valeur sans que cela fasse trop, sans que cela soit trop chic également. Un dernier regard vers la glace et il soupire, même s'il s'était un peu remplumé pendant ce mois et demi, et s'il avait repris un peu de muscle, il avait toujours cette apparence maigrichonne et fatigué, il avait toujours les traits assez tirés. Probablement normal, on ne s'en remettait pas comme ça, surtout que ses rêves et son sommeils étaient bien souvent incertains.

Avant d'aller au café où ils avaient rendez-vous, il avait pris soin d'aller acheter quelques chocolats, ceux qui, à l'époque étaient toujours dévorés par la jeune femme. Sait-on jamais, cela pouvait toujours lui servir et il était parti assez en avance exprès. Et voilà que maintenant il se dirigeait vers leur lieu de rendez-vous. Il se sentait quand même assez nerveux. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? A l'heure, il l'avait enfin aperçu. Une chose était sûre, elle était toujours aussi belle, elle avait l'air en bonne santé,  ce qui était plutôt une bonne chose. Il se rapprocha d'elle, rapidement, les mains dans les poches de son manteau préférant les garder à l’abri du froid mais aussi pour ne pas avoir un geste impromptu qui pourrait dès le départ semer le malaise.

 « Salut, Klara comment ça va ?» dit-il une fois à ses côtés.  « Tu as bonne mine en tout cas !»

Il essaya de lui faire un vague sourire, mais ce n'était plus pour lui chose facile, dans de telles circonstances, les questions recommençaient à affluer dans sa tête et l'angoisse était de plus en plus forte. Il inspira un bon coup, essayant malgré tout de se concentrer sur ce qu'elle allait lui répondre.

Six ans, c’était long. Elle n’en avait pas eu tellement conscience jusqu’à ce qu’elle aperçoive le visage de Gary. Il avait vieillit. C’était la première chose qu’elle songea. Sûrement un peu prématurément, normal au vu de ce qu’elle avait vécu. Il était maigre comme un spaghetti. Son être entier semblait las. Elle fut inquiète face à son état, la faute à ses souvenirs qui avait gardé dans sa tête un jeune homme vif, souriant et bien portant. Il lui faisait un peu l’effet d’un pauvre chaton trouvé dans une poubelle. Misérable, et surtout ayant besoin de quelqu’un qui s’occupe de lui. Elle se gifla mentalement. Non, non, Klara, on ne peut pas ramasser et s’occuper de toutes les bestioles errantes et mal en point de cette planète. Surtout quand c’était un Sang-de-Bourbe. C’était quand même un ex-taulard, et il avait précipité Saïd dans la mort à cause de l’instabilité de sa magie. Elle n’était pas Legilimens, elle ne pouvait pas savoir ce qui se passer réellement dans ses beaux yeux tristes. Elle ne devait pas se laisser abuser par ses souvenirs et sa sensibilité. Ce n’était plus le même homme. Elle ne pouvait pas savoir comment le contact avec les Détraqueurs avait déréglé son mental. Prudence, donc.

- Je vais très bien, merci Gary, répondit-elle poliment avec un doux sourire. Dans le fond, pas vraiment. Elle était anxieuse car elle dansait un peu sur deux pieds. Elle voyait encore le morceau de plafond tomber sur Saïd. Elle voyait encore le crâne fracassé de son frère maculer de sang le parquet du salon. C’était long six ans. Le deuil avait fait son office. Elle ne pleurait plus Saïd, pourtant le moment de sa mort refusait de se brouiller dans sa mémoire. De la laisser en paix. Mais ce pauvre garçon semblait avoir besoin d’aide. Elle n’avait pas de colère contre lui. Ou alors elle s’était simplement effacée face à sa mine de petit chat tristoune ? Elle n’en savait rien. Elle s’approcha un peu de lui.

- Et toi, tu es sûr que tu manges correctement ? Genre autre chose que des pâtes ou du riz ?

Mais chut, Klara, quelle idiote ! Ça avait toujours été plus fort qu’elle, de materner ces deux imbéciles.

- Enfin entrons, il fait froid et je t’avoue que je n’ai pas tellement de temps. Deux heures tout au plus. Car...

Elle s’interrompit une demi-seconde. Elle n’osait pas trop lui annoncer de front qu’elle était mariée. Le temps s’était arrêté pour lui, c’était peut-être

- Enfin, j’ai à faire car on m’attend après.

Elle se tourna pour entrer dans le café; tendant la porte à Gary afin qu’il ne se la mange pas un pleine face. Elle arriva au comptoir et regarda le menu affiché derrière. Elle sembla avoir un moment de réflexion. Pourquoi n’avait-on qu’un seul estomac ? Pourquoi devait-elle choisir entre une bonne gaufre et une bonne part de Victoria Sponge Cake à la marmelade d’orange ? Et ce cake au citron faisait tellement envie... Elle choisit finalement le cake au citron et la gaufre avec du chocolat et une glace vanille. Avec un chocolat chaud, même si le serveur la regardait avec des yeux ronds. Comme ça, si elle n’a plus faim, elle pourra donner le reste à Gary pour qu’il prenne quelques kilos. Peut-être que sans la peau sur les os, elle aura moins pitié de lui. Elle se tourna vers lui en attendant qu’il commande lui aussi.

Elle s’installa ensuite à la table qu’on leur avait désigné et enleva ses couches successives pour dévoiler l’intégralité de son tailler bleu marine. Elle enleva en dernier ses gants, et plaqua ses mains sur les genoux en espérant que Gary n’ait pas trop fait attention à son alliance. Elle devrait venir forcément à ce sujet, mais elle espérait d’abord l’introduire en douceur. Elle reporta alors la conversation sur lui.


- Alors... Qu’est-ce que tu deviens ? Tu vas bien ?

Elle le regarda avec douceur, mais elle espérait une réponse honnête de sa part.

Elle allait bien, c’était déjà ça de pris. Ca en faisait au moins un sur les deux, voire deux sur les trois, si on comptait Esteban qui s’en sortait pas trop mal et qui avait l’air d’aller plutôt bien. C’était bien. Oui, c’était probablement mieux comme ça. Bien sûr, elle pouvait lui mentir, si son mari lui faisait la misère, elle ne lui dirait pas comme ça, surtout pas au premier abord. La question de la jeune femme lui tira un bref sourire.

Ne t’inquiètes pas. Je mange comme il faut, je… disons que je prends du poids petit à petit.

Le souci, surtout c’est que lorsqu’il était en phase apathique où il n’arrivait pas à bouger son cul du lit, il lui arrivait de sauter un, ou deux repas, voire même, parfois de ne pas manger de la journée, alors forcément, ce qu’il mangeait dans les autres repas était assez vite lapidé. Mais il ne mentait pas, malgré tout, il grossissait au fur et à mesure des semaines. Probablement moins que l’on aurait pu le croire, mais c’était probablement normal. Il haussa un sourcil lorsqu’elle se reprit.

« Deux heures c’est déjà bien Klara. Je ne pensais pas que tu me recontacterai…. Et …. Ton « on », Esteban m’a dit que tu t’étais mariée. Félicitations, du coup.» Il laissa passer quelques instants avant de continuer « Je t’aurais bien envoyé une carte de vœux… si j’avais pu et que je l’avais su un peu avant de sortir.»

Et il se rendit compte qu’il avait peut-être fait une erreur en parlant d’Esteban, en lui faisant comprendre que l’autre dadet l’avait recontacté alors qu’il demeurait muet aux messages de Klara. Il se racla la gorge, visiblement un peu plus gêné.
Après cela, ils ne tardèrent pas à entrer dans le café, il regarda le menu sans trop savoir quoi choisir. Klara commanda plusieurs petites choses tandis que lui se contenta d’une bonne gaufre chocolat-chantilly. Ils ne tardèrent pas à aller s’installer, il ne savait plus trop quoi dire d’autres. C’était étrange de se retrouver comme ça, mais il avait l’impression qu’ils étaient presque des inconnus. Il la regarda enlever ses couches et commença à faire de même restant quand même un gros pull. Et la (ou plutôt les) questions ne tardèrent pas à tomber et il ne savait pas trop quoi lui répondre cela. Il réfléchit quelques instants

« Je crois qu’on peut dire que ça va.» Il n’avait pas envie de se morfondre, surtout pas devant elle ! C’était quelque chose qui ne se faisait pas ! « Et je vais, probablement, bientôt pouvoir retravailler, je pense dans … disons dans les appels d’urgences, dans le monde Moldu.»

Clairement, il était foutu dans le monde Sorcier, de par son sang, son passage à Azkaban. Alors il préférait faire simple, quelque chose qui lui plairait, au moins le temps de se reprendre un minimum, même si ce n’était pas évident tous les jours.

« Forcément, il y a des hauts et des bas, mais voilà. Et toi, du coup, je pense que tu as beaucoup de choses plus intéressantes à raconter que moi.»

Voilà, il se battait, il allait s’en sortir. Il ferait tout pour en tout cas. Il ne voulait pas les laisser gagner. Ils ne l’auraient pas détruit, malgré cette injustice. Même s’il ne le dirait pas à Klara, il avait payé beaucoup trop cher pour juste s’être défendu, pour de la légitime défense.

Elle n’était pas très convaincue par sa réponse, il n’avait vraiment pas l’air en forme pour un type qui mange correctement.

- Tu as intérêt à manger régulièrement parce que tu pourrais presque porter mes jupes et je pourrais peut-être te forcer à le faire, plaisanta-t-elle avec un petit sourire. Elle ne savait pas vraiment si c’était approprié comme plaisanterie, alors elle paniqua un peu intérieurement en espérant qu’il la prenne bien. C’était peut-être un peu remuer le couteau dans la plaie vu que sa maigreur était due à un long séjour à l’ombre. Selon ses sources - mes bruits de couloir - il devait être sorti depuis même pas un mois et demi. Klara précisa ensuite qu’elle n’avait pas beaucoup de temps devant elle, suggérant qu’elle était attendue. Et là, Gary aurait mieux fait de la fermer. Elle serra rageusement la bride de son sac à main quand elle comprit que Gary était en contact avec Esteban. Il y avait quelque chose en elle qui bouillait : cette colère que l’on ressent face à l’injustice. Elle avait été quoi, pour eux ? Un putain de caprice d’ado qui avait finit par gêner leur petite vie de couple ? C’était toujours comme ça, ils s’étaient préféré l’un et l’autre. C’était logique qu’ils la mette sur le carreau un jour. Pourquoi à chaque fois qu’elle espérait donner tort à Aly, il avait raison ?  Elle se crispa encore plus au «Félicitations». Ce n’était pas comme si elle avait choisi ce mariage. Elle avait juste eu de la chance d’être tombée sur un homme bien, mais elle ne cautionnait toujours pas le principe.

- Ce n’est pas grave, tu as fait ce qui était dans tes moyens, dit-elle en poussant la porte, se forçant à rester cordiale. C’est ça ou elle la lui met dans le nez en espérant qu’il casse. Quoiqu’il vaudrait mieux pas, il allait tout tâcher avec son sang impur.  La perspective nourriture la remit de meilleure humeur. Comme la maigreur de Gary ne quittait pas son esprit, elle s’octroyât un festin en espérant qu’il veuille finir ce qu’elle ne mangera pas. C’était un peu comme l’inviter sans qu’il se sente gêné.

- Oh, d’accord...

Elle ne savait pas ce qu’il appelait les «appels d’urgences» chez les Moldus mais elle n’osait pas demander des précisions.

- Il faut avouer que vu la situation actuelle, c’est peut-être plus sage dans un premier temps...

Ça fera un né-moldu en moins dans le monde sorcier. Il devrait même carrément raccrocher sa baguette, ce serait mieux pour lui. Il était à sa place dans une vie de Moldu, loin des sorciers qui de toutes façons ne le verrait que comme le type qui a pris six ans d’Azkaban. Surtout, il n’avait rien à faire avec une baguette entre les mains, comme tout né-Moldu. Elle réfléchit à comment relancer la conversation en douceur. Evidemment, ils n’avaient rien à se dire. Enfin si. Beaucoup. Mais rien qui ne soit très réjouissant. Ils devaient forcément y venir un moment où un autre. Ils devaient crever l’abcès, et Gary n’était pas comme Esteban. Il ne fuirait pas au moindre petit truc difficile à vivre. En même temps, elle avait l’impression de lui en demander beaucoup. En fait, ce qu’elle craignait, est que la fatigue et les Détraqueurs lui donne trop d’instabilité et qu’il commence à péter une durite pour rien. Et en même temps, elle gardait la conviction sûrement idiote qu’il ne s’attaquerait jamais à elle.

- Je n’ai pas vraiment des choses très joyeuses à te dire, annonça-t-elle un peu nerveusement. Elle guettait comme craignait chacune de ses réactions, et Gary lui paraissait très nerveux. Ils allaient finir aussi tendu qu’un string XS sur la croupe d’un éléphant.

- Qu’est-ce que Esteban t’as raconté ?


Commencer comme ça serait peut-être plus simple. Le laisser parler puis rebondir. Puis ça lui économiserait du temps de ne pas rabâcher des trucs qu’il sait déjà.

Il haussa un sourcil un peu perplexe à sa remarque sur son poids, sur le fait qu’il pourrait probablement mettre un de ses jupes. C’était quand même un poil déplacé, pour ne pas dire limite ou vexant mais il préféra ne faire aucun commentaire sur le sujet. A quoi bon ? Il n’était pas franchement susceptible, mais vu que c’était quand même une période difficile recevoir ce genre de remarques qui n’avaient pas lieu d’être lui restait quand même un peu à travers de la gorge, qu’elle passe ne serait-ce qu’un mois à l’ombre et on verra après comment elle en ressort ! Ils avaient continué à parler Gary ne pouvant s’empêcher de faire remarquer qu’il savait qui c’était son « on », son mari. C’est à peine s’il se rendit compte que cela la mot dans un état second essayant juste de se concentrer de son côté pour faire bonne figure. Et puis, pour lui ce n’était pas de sa faute si Esteban avait fait le con ; lui avait répondu dès qu’il avait reçu la lettre de la jeune femme il ne pouvait guère faire mieux.

«Ouais, on va dire ça comme ça. » souffla-t-il simplement en ne sachant pas quoi dire d’autres.

On ne pouvait pas dire qu’il avait eu le choix. Il avait été mis au courant beaucoup plus tard, il n’avait pas de papier, parchemin ou autre à Azkaban, alors bon ! Elle semblait compréhensive sur ce point-là, heureusement d’un côté sinon il n’aurait pas forcément compris pourquoi elle réagissait comme ça. Fais attention, qu’il continuait de se dire, la belle pouvait toujours lui tendre un piège ! Et si elle avait commandé trois tonnes de bouffe, lui s’était contenté d’une seule chose, cela serait amplement suffisant ! Il lui avait ensuite expliqué ses projets, ce qui était assez rapide, vu qu’il n’était pas spécialement encore fixé, vu qu’il avait encore du chemin à parcourir avant de réellement être prêt à aller travailler. Il avait néanmoins déjà des idées, et savait ce qu’il ne pourrait plus faire dans un premier temps : travailler dans le monde Sorcier.

Il fronça les sourcils, lorsqu’elle lui dit qu’elle n’avait rien de joyeux à lui dire ? Il cligna des yeux plusieurs fois rapidement, essayant de comprendre ce que cela signifiait. Est-ce qu’il y avait un sous-entendu ? Ce n’était pas possible qu’elle n’ait rien à lui raconter depuis tout ce temps. Probablement qu’elle n’en avait pas envie. Pour l’instant, il préférait ne pas trop se poser de questions sur le sujet, et du coup, passer directement à l’autre question, celle pour laquelle il savait répondre.

« Il ne m’a pas dit grand-chose, juste que vous vous êtes séparés pas longtemps après que je me sois fait enfermer… et que tu t’es mariée, grâce… à cause de tes parents, que tu es partie aux Etats-Unis. En gros, c’est tout. C’est pas grand-chose.» il planta son regard bleu dans celui de la jeune femme « Et si tu n’as pas de choses joyeuses à dire, qu’est-ce que tu as en stock ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie, à présent ?»

Il ne savait pas trop comment lui faire la conversation, ce n’était pas simple, il avait l’impression de s’empêtrer tout seul, de ne plus être intéressant, qu’elle ne le reconnaisse pas vraiment par rapport au garçon qu’il était avant. Peut-être que de parler d’elle, l’aiderait à trouver des sujets de conversations, ou pas.

- Je suis désolée... Souffla-t-elle après sa plaisanterie qui était franchement limite. Elle sentait qu’elle l’avait blessé, ou du moins, c’était logique qu’il le soit. Quelle gourde elle faisait, franchement.

Ils finirent par entrer dans le café, puis ils continuèrent leur conversation après avoir pris commande. Afin de commencer doucement, Klara essaya de savoir ce qu’avait pu raconter Esteban à Gary.

«Vous vous êtes séparés.» Séparés. SÉPARÉS. Bordel, SÉPARÉS. Elle avait envie d’envoyer la table voler quand elle entendit ces mots. Donc Esteban a encore moins de couilles qu’elle ne le pensait et n’a pas avoué à Gary à quel point il était un pauvre con. Mais elle garda son calme parce qu’elle ne voulait pas faire une scène devant tout ce monde. Nerveuse, car très agacée par un simple mot, elle usa de toutes ses forces pour rester la douce et calme Klara. Bon, en conclusion, Gary ne connaissait que la surface des choses.

- Gary... C’est juste que... Il y a des choses qui ne vont pas te plaire, mais... Il va bien falloir que tu les saches un moment où un autre. À vrai dire, j’espérais que je  puisse en quelques sorte mettre les points sur les I.

Elle voulait y aller doucement avec lui, car elle ne voulait surtout pas le brusquer. Mais voilà, elle savait que Gary n’était pas le genre à fuir. Il pourrait - normalement - affronter tout cela.

- La vérité c’est qu’on ne s’est pas séparés. Je ne voulais pas qu’on se sépare. Mais Esteban n’a pas demandé mon avis parce que à peine la décision de justice prise à ton égard, j’ai retrouvé l’appartement vidé de ses affaires et des tiennes. Avec aucune explication. Quand j’ai essayé d’en avoir, il arrivait toujours à m’esquiver. Je venais de perdre mon frère, de te perdre toi, et il en avait strictement rien à faire que j’avais peut-être besoin d’un soutien que m’accorderait personne d’autre.

Difficile de ne pas laisser transparaître son amertume en se remémorant cette période de sa vie. Bien qu’elle en avait dépassé la souffrance, rien n’était plus terrible que l’abandon. La solitude est un endroit noir et glacial. Elle avait eu mal, si mal. Elle n’avait jamais été faite pour être seule, Esteban le savait. Et il lui a tourné le dos. Il l’a trahie alors qu’il savait que la fidélité et la communication avait toujours été le ciment de leur relation à trois. Et il était parti, comme ça, au moment où elle avait le plus mal. La preuve qu’il n’en valait pas la peine. Toutes ces larmes pour un Sang-de-Bourbe aussi lâche, quel gâchis.

- La vérité sur mon mariage est que ma famille m’a vendue à celle d’Aloysius, comme ils ont vendu Aloysius à la mienne.  Je ne voulais pas de ce mariage mais je n’ai pas eu le choix. Je ne pouvais pas me défendre contre eux, car j’étais seule et faible. J’ai eu beaucoup de chance que ce soit quelqu’un de bien et que tout se passe très bien entre nous. C’est pourquoi quand on me félicite pour mon mariage, je l’ai quand même en travers de la gorge. J’ai eu de la chance, mais je ne cautionne pas ce qu’ils ont osé faire dans mon dos. Je n’ai jamais été très mariage, tu le sais très bien.

Mais ça, c’était avant. C’était surtout parce que se marier aurait été choisir entre Esteban et Gary. En l’épousant, Aly lui avait voir le bon côté d’avoir un petit mari aux petits soin pour vous. D’accord, le mariage était surtout symbolique et financier. Mais elle ne connaissait pas le pouvoir d’une alliance sur les gens. Elle avait beaucoup perdu ce jour-là, mais elle avait gagné encore plus. Les Anderson étaient des gens formidables, et Aloysius encore plus. Aujourd’hui elle en remerciant presque ses parents de lui avoir donné ce cadeau, bien que de base, tout ça était plus pour eux que pour elle. Ils lui avaient montré le bonne voie, celle qu’elle refusait juste par rébellion. Avant, elle n’était juste qu’une adolescente qui avait arrêté de grandir, qui voulait juste faire chier ses parents de la pire des façons. Aujourd’hui, elle arrivait enfin à s’entendre avec eux. Plus de crises de nerfs, plus de disputes, plus d’insultes. Tout cela avait été la faute à son immaturité. Aly l’avait faire grandir quand elle avait bien besoin. Il lui avait  permis d’entrer chez les Supérieurs et d’agir enfin pour que le monde soit plus sûr pour leurs enfants. Enfin enfants... Elle ne savait pas trop, en fait. Elle avait tout trente ans, elle avait encore un peu de temps pour y réfléchir. Les Supérieurs n’avaient pas encore gagné et elle aimerait les faire naître dans le résultat final de leurs efforts. Ils pourront leur raconter qu’ils ont protégé le monde sorcier, leur héritage, qu’ils leur ont permis de grandir en sécurité et sans né-moldu ni Moldu autour.

- J’avais espéré sottement qu’Esteban comprenne qu’un faire-part de mariage quelques mois seulement après ton procès était louche, mais il n’a pas bougé un seul poil de son cul. Il n’était même pas là pour enterrer Saïd, mais j’aurais dû même pas en être surprise le connaissant. Qu’il lui crache dessus mentalement, je m’en foutais complètement. J’avais juste besoin de soutien et il m’a laissée tombée. Jusqu’au bout.

Au début, elle lui avait trouvé toutes les excuses du monde. Puis les excuses avaient tari, car elle découvrait que son comportement avait été inexcusable.

- Je lui ai envoyé en tout 64 lettres en quatre ans - j’ai compté chacune d’entre-elles - il n’a jamais daigné me répondre ne serait-ce que «Tu me fais chier, Klara». J’aurais préféré ça que le silence radio.

Elle avait été juste idiote d’insister. Quatre ans, c’était long. Elle s’était entêtée, mais à la fin c’était plus par acharnement que pour une autre raison. Juste pour lui montrer que non, elle l’oubliait pas, et que non, elle ne lui donnerait pas raison. Puis Aly lui avait fait remarqué que c’était totalement immature et qu’elle perdait son temps. Il avait raison, comme toujours. Alors, elle avait finit par lui envoyer une ultime gaminerie, où elle avait déversé tout son venin:

- J’ai fini par envoyé une Beuglante à son travail mais à mon avis il a préféré qu’elle explose que de l’ouvrir. Ça a été mon dernier contact avec lui.

Au moins elle aurait eu la satisfaction de soi lui voir soufflé dans les bronches une bonne fois pour toutes, soit d’avoir fait exploser une partie de la pièce dans laquelle il avait rangé la Beuglante. Elle allait reprendre mais les gourmandises apparurent sur la table. Klara eu une étrange et presque terrifiante transformation, son visage amer prenant une teinte enjouée en voyant sa nourriture arriver.

- Ah, il parait que leurs gaufres sont un best-seller ! S’exclama-t-elle dans un ton enjoué.

Elle attaqua joyeusement sa gaufre, impatiente de s’empiffrer. Ça n’avait jamais changé chez elle, ça.

Il se décida à simplement hausser les épaules à sa réplique. Ok, elle était désolée, ce n'était pas bien grave de toute manière. Il y avait bien pire comme remarque de toute manière ! Il n'avait pas l'habitude qu'on lui sorte ce genre de choses, même Esteban avait était presque plus diplomate sur le sujet et c'est peu dire ! Mais au final, il était à peu près certain qu'elle n'avait pas mal voulu faire. Il n'avait de toute façon pas fuir à la moindre contrariété – lui-. Ils avaient commencé à parler, probablement un peu plus comme d'anciens camarades qu'autre chose. Ils étaient si éloignés que ça en était presque triste. Mais forcément, à quoi il s'attendait ? Hey, mec, tu as déglingué son frère, normal que l'ambiance ne soit pas des plus chaleureuses. Il avait donc essayé de répondre avec le plus de justesse à Klara,  non pas par ce qu'elle méritait de savoir, mais surtout par ce qu'il n'avait rien à cacher. Mais il vit bien le regard qu'elle lui lança lorsqu'il dit qu'ils s'étaient simplement séparés avec Esteban. Il la connaissait assez bien pour savoir que la tempête n'était pas loin de tomber, mais il n'y pouvait bien, ou pas grand chose. Ce n'était pas comme s'il avait était là, comme s'il avait pu faire quelque chose... même si d'une certaine il était le seul responsable de leur déchéance à tous les trois. Il préféra ne rien dire, ne pas faire porter entièrement la faute à Esteban à son caractère parfois un peu lâche. Et finalement Klara avait repris la parole.

Des choses qui n'allaient pas lui plaire et qu'il fallait qu'il sache ? Il n'était pas certain de vouloir réellement le savoir suivant ce que c'était, mais il se devait de l'écouter surtout qu'elle était à présent claire sur la raison de sa venue « mettre les points sur i ». Tiens donc, lui qui avait espéré qu'elle avait juste sincèrement envie de prendre de ses nouvelles, visiblement, cela ressemblait plus à une vendetta personnelle contre l'autre ahuri. Voulait-elle que lui aussi coupe tous les ponts pour qu'elle puisse se venger ? Ou alors peut-être juste l'avertir ? Qui sait ?! Il lui fit un petit signe de tête, lui montrant qu'il l'écoutait attentivement et donc qu'elle pouvait y aller sans aucun souci. Il fronça d'abord les sourcils lorsqu'elle lui dit qu'ils ne s’étaient pas séparés avant de mieux comprendre à la phrase, il n'était pas vraiment surpris, c'était juste du Esteban tout craché. C'était sa façon d'affronter les choses ; et il n'était pas certain que si c'était Klara qui avait été emprisonné et lui resté, Esteban n'aurait pas fait la même chose. Peut-être pas. Par ce qu'il y avait quand même bien plus qui les liaient, ils étaient probablement avant tout meilleurs amis, ils partageaient tout depuis plus de 10 ans. Il était même presque étonné qu'elle n'ait pas vu les choses venir, bien que cela n'excuse en rien le comportement de l'autre garçon. Quant au mariage, il s'en doutait un peu, c'était une sang-pure après tout, et les mariages arrangés, là-encore, c'était monnaie courante. Il apprenait des choses qui étaient certes révoltantes, mais probablement assez logiques dans son esprit... probablement aussi par ce qu'il avait eu le temps de se faire mille scénarii pendant ces six années. Déjà, elle était tombée sur quelqu'un de bien, cela se voyait à sa tête qu'elle était quand même assez sereine.
Et Klara,  parfait, parlait, se défoulait, c'était probablement mieux comme ça, surtout qu'elle voyait bien qu'elle en avait surtout après leur ex – ce qui l'arrangeait bien dans un sens, il n'était pas certain qu'il aurait pu avoir une vraie conversation censée aujourd'hui... non pas qu'il se serait défilé, mais son esprit, et le reste restaient quand même parfois un peu facétieux, pour se protéger. Le tout, c'était maintenant d'arriver à répondre quelque chose de logique, sans trop enfoncer Esteban, et c'était compliqué également ça pour lui. Il ne voulait pas lui pardonner ce comportement affreux, il voulait... en fait, il ne savait pas trop quoi. Probablement ne pas avoir Klara contre lui. Lorsqu'elle eut fini changeant radicalement de sujets avec les gaufres, il se racla la gorge avant de reprendre la parole

 « Klara.... je suis désolé. Mais tu sais bien que c'est du tout Esteban tout craché d'agir comme un parfait connard dès que les choses ne tournent pas forcément bien pour lui. Il a toujours été comme ça, et je ne pense pas que ce soit personnel. La première fois que je l'ai revu, c'était quelques semaines après être sorti, il avait réussi à trouver un petit créneau de son pseudo-emploi du temps du ministre pour moi et je n'étais pas forcément au mieux de ma forme. On avait rendez-vous dans un bar, j'ai voulu juste le prendre dans les bras et il m'a repoussé avant de se casser. 3 minutes. Il est venu et resté trois minutes, alors que j'avais besoin de lui.»

Certes, il l'avait vu plusieurs fois après, mais ça ça restait quand même blessant ; surtout que c'était à un moment où il aurait eu besoin de lui. Réellement besoin... mais c'était Esteban.

 « Cela n'excuse en rien son comportement envers toi, il aurait dû être là, et si ce n'est pas comme petit ami pour X ou Y raison, au moins comme ami. Je ne sais pas trop ce qui l'a poussé à partir, je ne le sais même pas du tout, mais fait ça quand il est blessé, il a besoin d'être seul, de prendre l'air et je ne sais pas. Il a probablement eu toujours ce côté égoïste pour tout ça, lui d'abord, les autres après. Je ne pense pas, sans pouvoir néanmoins l'affirmer, que cela voulait dire qu'il ne t'aimait plus.»

Ou peut-être qu'il ne l'aimait plus mais qu'il avait toujours préféré rester par ce qu'il savait que lui ne laisserait pas Klara seule, qu'il ne voudrait pas faire un choix. Qui sait  ce que pouvaient renfermer les pensées réelles de ce garçon.

 « Et pour le reste, je ne sais sincèrement pas quoi te dire. Je trouve, ce qu'il a fait logique, par rapport à ce que je connais, même si ça en reste tristement désobligeant, désopilant, lâche et que c'est un parfait connard lorsqu'il agit ainsi, qu'il n'y a aucune excuse à lui fournir.»

Il préférait ne pas dire que le mariage aussi était logique, il ne savait pas trop quoi dire là-dessus d'ailleurs, mais il ne se voyait pas le passer sous silence non plus.

 « Je suis content pour toi si cela se passe bien dans ta vie de couple et si tu as eu beaucoup de chance, si tu es heureuse aujourd'hui, c'est le principal pour moi.»

Ce qui était totalement vrai. Voilà. Il avait probablement fait à peu près le tour et à présent il avait plongé le nez dans son assiette -enfin pas littéralement non plus- histoire de pouvoir manger ; Il espérait qu'il ne lui aurait pas fait d'affront, il avait peut-être été maladroit mais c'était aussi une chose compliquée pour lui, il avait quand même le cul entre deux chaises, et ne savait pas trop comment réagir vis à vis des uns et des autres. Il avait donc essayé de faire au mieux .

Elle avait commencé à vider son sac, et elle le savait, c’était un peu gratuit, un peu cruel même, de tout déballer d’un bloc à Gary. La réaction de son ex fut en deçà de ses attentes, mais elle ne s’en étonna pas finalement. Gary était du genre protecteur, et à péter les dents de tous ceux qui osaient s’en prendre à Esteban ou elle, mais là il se trouvait que celui qui était en faute était Esteban. Ça devait pas être facile de se retrouver le cul entre deux chaises. Mais son sentiment de malaise avait quelque chose d’étrangement satisfaisant. Gary, en voulant être gentil, lui dit que ce qui l’importait était qu’elle soit heureuse. L’était-elle ? Non, elle ne le serait jamais vraiment. Elle ne faisait confiance qu’à son mari. Elle vit dans la peur constante qu’on lui mettre un autre couteau dans le dos. Elle vit hanté par le bruit immonde du plafond qui a éclaté le crâne de Saïd juste devant elle. Avec la culpabilité de n’avoir rien pu faire, d’avoir détruit sa famille. Celle ne de même pas arriver à rendre service correctement aux Supérieurs car elle est handicapée par cette vision, et que la moindre giclée de sang la ramène à ce moment.
Elle était brisée. Elle répondit tout de même pas un grand sourire de façade, essayant d’approuver de ce fait ce que venait de dire Gary. Après tout, elle n’était pas si mal lotie grâce à Aloysius. Elle avait une bonne situation, un mari aux petits soins, elle avait enfin le job de ses rêves, elle s’entendait enfin à peu près avec sa famille. C’était ce qu’elle avait voulu. Enfin, sauf le mariage, mais on ne peut pas faire d’omelette sans casser des oeufs.
Quand Gary eut finit, elle pris quand même le temps de rebondir sur sa sollicitude.

- Merci... J’espère sinon que ça s’arrangera rapidement de ton côté... Je sais que ce sera très compliqué mais... Enfin, je ne sais pas vraiment comment t’aider, je l’avoue, conclut-elle. Elle ne su pas trop si c’était par politesse ou réelle envie. C’était compliqué. Elle était partagée entre ses souvenirs, car il avait gardé les mêmes gestes, la même... douceur. Et le fait qu’il restait un sang-de-bourbe doublé de la cause de la mort de son frère.

- Mais je ne suis pas surprise non plus de comment Esteban se comporte avec toi. Il n’a jamais été bon pour gérer les situations compliquées... Mais il pourrait faire un effort, au moins pour toi, merde quoi. Grommela-t-elle en plantant d’un coup sec sa gaufre avec sa fourchette. Elle s’étonna de sa propre vulgarité. Je me mêle peut-être de ce qui me regarde pas, mais peut-être tu devrais dans un premier temps ne pas trop lui courir après.  Prend peut-être... d’abord du temps pour toi. Tu vas te fatiguer pour rien et j’imagine que tu as beaucoup d’autres soucis pour t’en rajouter d’autres. Avec un peu de chances, peut-être qu’il finira par réagir. Tu vois toi... C’est différent de moi. Il y a plus de chances qu’il vienne de lui-même.

Dans les deux cas, elle serait gagnante. Si jamais il veut pas réagir, Gary verra bien qu’elle a raison et aurait tendance à venir vers elle. Ce qui ferait chier Esteban modèle géant, et serait peut-être plus facile pour gagner sa confiance. Gary avait toujours été une sorte de chaton sauvage qui prenait son temps pour accepter de manger dans votre main. Dans le cas contraire, plus ils seront proches, plus il sera facile de faire souffrir l’autre connard.

- Tu vous, j’avais espéré que non, Gary, qu’il ferait une exception pour moi. C’est vrai, il a toujours fait comme ça. Il a jamais eu de couilles et on était toujours en train de le pousser contre sa nature pour éviter qu’il aggrave des problèmes qui le rattraperont tôt au tard. Mais on a toujours basé notre relation sur la confiance, la loyauté et la communication.  Et c’est pour ça que ça marchait. Peut-être étais-je trop naïve, mais j’espérais qu’il m’aimerait assez pour éviter de jouer au con et continuer à respecter ces trois principes.

Il l’aimait moins que Gary, c’était sûr. Elle avait fait avec quand ils étaient ensembles, mais maintenant, c’était douloureux de voir qu’elle n’était qu’une pièce rapportée dans leur petit couple, et qu’ils ne l’aimeraient peut-être jamais autant qu’elle les avait aimé. Si elle les avait vraiment aimé. Elle leur avait fait infiniment confiance, elle leur avait donné sa vie presque littéralement puisqu’elle avait remis son destin entre leurs mains. Elle avait risqué de se faire mettre à la porte par sa propre famille. Est-ce que Gary savait seulement ce que c’était de sentir trahi par quelqu’un qu’on aime ? Est-ce qu’il se rendait compte tout ce qu’elle avait enduré pour eux ? Pour rien, en plus. L’amour dure ce qu’il doit durer, mais la famille restait, disait Saïd. Il avait raison, elle ne l’avait pas écouté, et elle avait fini par faire déconner les choses.

- Enfin, assez parlé de lui... Tu veux goûter le cake ? Il est top aussi !

Elle changea volontairement de sujet. Elle ne savait pas vraiment comment elle pouvait lui dire ce qu’elle voulait vraiment lui dire... Difficile de trouver les mots. Elle mangea son goûter pensivement en attendant que Gary reprenne la conversation.

Il ne savait pas trop comment réagir, il était probablement plus blasé qu’autre chose d’ailleurs, n’ayant pas envie d’être en plein milieu de ce conflit qui opposait ces deux ex. il n’y était pour rien, il n’avait pas envie de devoir marquer des points ci et là. A quoi bon ressasser encore le passé, surtout lorsqu’on savait comment était Esteban. Il essayait donc de rester le plus neutre possible, mais ce genre débat, conversation avait tendance à le fatiguer plu que nécessaire. Lorsqu’elle reprit la parole, probablement un peu calmée, il se contenta d’hausser les épaules pour sa propre situation. Il ne voyait pas bien comment cela pourrait aller mieux, réellement mieux.

« Tu ne peux pas m’aider Klara. Personne ne le peut.»

Forcément vu que c’était probablement plus un souci psy qu’autre chose. Personne ne pouvait réellement l’aider face à ce qu’il ressentait, du moins, de son point de vue. Et le sujet ne tarda pas à repartir sur Esteban, il soupira doucement, c’était Esteban, il était comme ça, c’est tout. Il fallait l’accepter,.. Quant au reste, il ne lui courait pas après, enfin pas vraiment ; Il voulait juste son meilleur ami, pas son amant. Ce qu’il n’osa pas lui dire c’est qu’ils avaient quand même eu de bons moments pour la période de Noël.Il était un peu gêné et ne savait pas trop comment aborder la chose sans qu’elle ne se sente trop laisée par leur ex. Mais probablement qu’il lui devait quand même un peu la vérité.

«Dès qu’il a eu des vacances il est venu et ne s’est pas trop mal comporté, Klara. » souffla-t-il doucement «Et on ne se court pas après, c’est juste mon meilleur ami. »

Bon d’accord, il l’aimait encore beaucoup trop, mais ça, personne à part le principal intéressé – et encore- avait besoin de le savoir. Il y a des choses qu’il valait mieux toujours garder pour soi. ;. Et il était à peu près certain que ça, ça en faisait parti. Pas besoin de remuer un passé, alors que les deux autres protagonistes étaient passés à autre chose. Il laissa passer quelques instants avant de reprendre la parole en essayant toujours d’être le plus neutre possible, mais ce n’était pas simple, il n’aimait pas spécialement cette façon 6 ans après, de s’acharner sur Esteban, même s’il le méritait. Il hésita quelques instants.

« Chacun à sa manière de gérer les choses Klara, pour lui s’éloigner c’était sa façon d’aller mieux… comme pour toi ça aurait été de l’avoir près de toi. Il a probablement dû juger que tu avais toute ta famille pour te soutenir et qu’il ne serait pas le bienvenu à l’enterrement. Par ce qu’il ne l’aurait pas été.» Il se tut quelques instants avant de continuer «Je ne dis pas qu’il a bien agi, bien au contraire, sans aller à l’enterrement, il aurait pu faire un effort pour toi. Mais la réelle question est, au final, lequel des deux aurait été le plus égoïste ? Toi qui exige sa présence alors que tu sais qu’il a besoin de calme, de solitude, que tu as le reste de ta famille, qu’il risquait à son tour de se faire attaquer par cette dernière ? Ou lui qui, a fui comme un connard. Je serai resté Klara, mais par ce que c’est dans mon caractère, par ce que pour moi, je n’aurais rien eu à perdre. Je comprends ton point de vue ; mais il a un mode de pensé différent.»

Il n’était pas certain d’avoir été convainquant, ou qu’elle puisse le comprendre. Mais en même temps, c’est vrai que si lui avait été attaqué, sa famille aurait très bien pu vouloir faire la peau au deuxième sang-de-bourbe, mais ça, probablement qu’elle n’y avait jamais pensé, ou réfléchi. Forcément, pour elle c’était sa famille. Elle ne pouvait pas avoir le même point de vue que des garçons bi/ nés-moldus. Forcément, elle ne pouvait pas tout comprendre dans cette psychologie, tout comme eux ne pouvaient pas tout comprendre pour les sang-purs.

« Ouais, vas-y fais moi goûter ton cake, sinon, je suis certain que même si je dis non, tu vas te débrouiller pour me foutre ta fourchette dans la bouche.»

Non, promis, aucun sous-entendu.

Il avait raison, on ne pouvait pas vraiment l’aider. Enfin si, on pouvait toujours lui faire subir un sort d’Oubliette, mais ce n’était pas très éthique. Bref, au moins elle avait proposé. Elle eut une expression un peu désolée à moitié calculée - qu’est-ce que vous pouviez répondre à ça ? - puis elle revint sur le sujet Esteban. Mais avec Gary, c’était un peu à s’arracher les cheveux. Gary, rentre-toi ça dans le crâne : c’est un con et tu es une gêne dans sa vie bien rangée. Quand on aime quelqu’un, on ne passe pas sa vie à le fuir, ou alors on est capable de surmonter ses défauts quand on voit qu’on le fait souffrir. Aimer, c’est faire passer ses besoins avant les siens. Quand il affirma que non, c’était juste son meilleur ami et qu’il ne lui courrait pas après, elle restait circonspecte mais n’en pensait pas moins. Vu comment ses justifications au cas Esteban commençaient par être tirées par les bouclettes, il était accroché à lui comme une moule à son rocher. Mais elle n’avait plus envie de le ménager, ça allait deux minutes.

- Gary... Je n’ai plus envie d’entendre ses raisons. Je les ai toutes passées en vue et revue. Je lui ai déjà trouvé toutes les excuses. Je lui ai donné par 63 fois une chance de reprendre la conversation avec moi. À chaque lettre, je suis restée cordiale et patiente, je lui ai juste demandé de ses nouvelles en donnant des miennes sans pourtant le pousser à venir me rencontrer. J’ai toujours essayé de ne pas le brusquer. Et dans ces lettres, je compte également les cartes que je lui envoyais pour son anniversaires et pour les fêtes. Je voulais juste montrer que je pensais toujours à lui, tout simplement. Peut-être qu’il a vu ça comme une entourloupe, hé bien tant pis pour lui, je peux pas le forcer à me croire. Mais arrête de le justifier tu t’enfonces, Gary.

C’était dommage, terriblement dommage, parce que à force de jouer au con, à force d’user de sa patience, elle avait fini par le haïr. C’était vrai, au début elle voulait juste comprendre. À la fin, elle voulait juste une réponse. Puis elle avait commencé à ruminer et maintenant elle espérait qu’il souffre le même calvaire qu’elle. Il aurait pu éviter tout cela, mais il avait préféré se coller sa vindicte. Hé bien... Tant pis pour lui.

- Parce que le soutien de ma famille ? Sérieusement ? Elle eut un sourire nerveux. Elle en revenait pas, comment avait-il pu énoncé une seule seconde qu’Esteban serait aussi débile ? Gary semblait un peu avoir  touché le fond des excuses foireuses.

- Tu crois qu’ils vont subitement changer d’attitude envers moi sous prétexte que Saïd est mort ? Tu crois qu’après tout ce qu’il a vu défiler, Esteban serait assez con pour croire une seule seconde qu’ils allaient agir de manière bienveillante à mon égard sous prétexte de la tournure sinistre des évènements? Je veux bien qu’il soit lâche, mais il loin d’être crétin voire naïf.

T’es con Gary, vraiment con. Là tu avais quand même atteint des sommets. Elle ne lui en voulait pas, c’était sûrement que maladroit mais... Il avait vu, vécu, les lots d’insultes, les menaces, les coups de pression, voire les coups tout court. Elle comprenaient mieux  ses parents maintenant, qu’ils ne savaient plus comment la gérer, que c’était sa faute de ne pas les avoir écouté, mais... Elle n’arrivait pas à oublier. Elle se souvenait avoir pleuré à cause de leur incapacité à dialoguer avec elle. Il n’y avait eu que Saïd qui avait eu la force d’être bienveillant avec elle. Saïd... C’était le seul parmi ces fous qui avait toujours montré son amour pour elle. C’est pour lui qu’elle avait décidé d’être une bonne fille, d’écouter ses parents... Ce qui était douloureux était de voir qu’ils avaient eu raison : une histoire avec des impurs de sang finit toujours mal. Et elle était là, juste devant l’assassin de son frère, à lui disputer le bout de gras au sujet d’un sang-de-bourbe lâche. Mais dont la lâcheté l’avait blessée à vie. Et quelqu’un devait payer. Ce serait lui. Parce que elle avait toujours cette conviction, cette foi, que jamais Gary aurait voulu le tuer, voire lui faire du mal. Il avait toujours su que blesser à son frère, c’était la blesser elle. Ce n’était pas tout à fait de sa faute, d’une certaine manière. Il était né impur, il ne pouvait pas être un vrai sorcier, alors la magie était incontrôlable entre ses mains. Elle en pensait parfois que son emprisonnement était injuste. Ils auraient dû juste le priver de baguette, et il serait retourné parmi les Moldus de lui-même. Gary n’était pas un danger public. Maladroit - dans tous les sens du terme - mais pas méchant.

- Oui, il est vrai que ma famille a des relations et qu’elle aurait pu lui pourrir la vie, mais  le simple fait de pouvoir se gausser à tout moment de mon abandon leur suffit pour le restant de leurs jours. Enfin, au bout de tant d’années, il ne lui est jamais rien arrivé. Et je continuais à lui écrire. Je veux bien qu’il pense différemment mais là... Ce pauvre garçon est tellement à l’ouest qu’il a fait trois fois le tour de la Terre et qu’il continue à graviter autour.

Elle avait presque envie de rire de sa propre blague, si ce n’était pas si dramatique comme situation. Elle se radoucit, parce qu’elle voyait très bien qu’elle était sur un terrain conversationnel qui ne plaisait à personne.

- Enfin... je suis désolée, je voulais pas t’entrainer vers ça... Ou te mettre le cul entre deux chaises. Je sais qu’Esteban est important pour toi... Je ne veux pas spécialement lui tailler un habit pour l’hiver - en fait si,  elle avait adoré pouvoir le faire, surtout devant Gary - mais il faut que tu comprennes que je n’arriverais jamais à comprendre son comportement. Tu pourras essayer de lui trouver toutes les meilleures justifications, je ne les croirais pas. Comme je l'ai dit, je les ai déjà toutes faite dans ma tête.

Elle proposa de clore le sujet. Ils avaient de toutes façons fait le tour de la question Esteban. Elle proposa ensuite du cake pour changer de sujet. Elle rit doucement à la phrase de Gary et lui coupa un bon gros morceau de gâteau qu’elle déposa de son assiette en piaffant qu’il fallait qu’il le goute maintenant.

- D’ailleurs, je suis toujours à la poursuite de la recette du meilleur cookie de cette planète. Mais sache que maintenant, je pense presque atteindre mon but, lança-t-elle en lui adressant un regard taquin. - En même temps je n’avais pas de travail quand je suis arrivée à New York, donc beaucoup de temps libre et il fallait bien que je m’occupe !

Sinon Klara, n’avais-tu pas autre chose à lui dire ? De plus important que tes recettes de cuisine ? Elle se disait que ce n’était peut-être pas le meilleur endroit... Mais ils ne pouvaient pas se quitter sans... Courage Klara, tu allais forcément trouver le bon moment !

C’était compliqué, toujours si compliqué. Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas une conversation plus normale, plutôt que de remuer un passé pour lequel il ne pouvait rien. Il avait envie de lui hurler de se la fermer. Il avait besoin de calme, pas de ce genre de réflexion. Pas de réfléchir à tout cela, d’être dans un conflit qui ne le concernait pas, mais là encore, elle devait trop égoïste, trop aigrie, pour le comprendre… ou alors peut-être qu’elle s’en foutait complètement. Elle disait beaucoup de choses, mais elle n’avait pas l’air de respecter toutes ses règles. Comme tout le monde en somme. Si humaine, si normale. Et plus le temps passait, plus il était agacé.

«C’est ton point de vue. TU voulais de ses nouvelles, qu’il en prenne de toi, donc tu lui a envoyé moultes lettres en ne prenant pas en compte son silence, jamais. Imagine que quelqu’un avec qui tu n’as plus envie d’avoir de contact t’envoie 63 lettres en 4 ans…. Ca peut aussi être vu comme du harcèlement. Tout est une question de point de vue, Klara. Alors ne me dis pas que je m’enfonce par ce que dans ce cas tu t’enfonces, et probablement plus que moi, à n’y voir qu’un seul point de vue. Et même si j’aurais plus tendance à te donner raison, Klara.»

Par ce que merde, si elle l’avait en 4 ans, ça faisait plus d’une lettre mois… et vu qu’à la fin elle ne semblait pas avoir voulu lui écrire sur pour les gros évènements, cela laisser comprendre le nombre de lettres que l’autre idiot avait reçu. Et elle s’était bêtement acharnée. Et la voilà qui se plaignait de sa famille. Certes, sa famille était loin d’être parfait, très loin, il pouvait comprendre le mal être qu’elle avait dedans. Mais sa famille restait quand même là, elle ne l’avait pas rejeté, déshéritée, tuée.

« Au moins toi tu en as une. » répliqua-t-il d’un ton glacial. « Bien sûr que non, ils n’auraient pas agi de façon bienveillante, mais ils auraient pu te foutre à la rue. Te tuer. Te…. Je ne sais quoi. Tu as une famille, Klara, même si elle est très loin d’être parfaite, tu as quelqu’un vers qui te tourner, alors ne me fais pas ce genre de discours, à moi. Surtout que je n’y suis pour rien.»

Surtout que ce n’était pas elle qui avait été tant menacée, ce n’était pas elle ci ou ça, alors c’était simple ces arguments, si simple. Et il avait l’impression qu’elle ne réfléchissait pas plus loin que le bout de son nez.

« Et ça ne t’a jamais effleuré l’esprit, Klara, que s’il préférait rester éloigné, c’était pour éviter que ta famille lui pourrisse la vie ? Et que c’est pour ça qu’il est toujours en vie, ou du moins en bonne santé ? C’est un peu simple de l’accuser de la sorte, ce n’est pas toi, qui était maltraité pour ton statut de sang pendant des années.»

Il ne voulait pas être méchant, ni désagréable, il essayait de garder son calme, mais c’était un peu de conflits, qui ne le concernait pas vraiment pour ses nerfs. Il espérait qu’elle comprendrait un minimum ses arguments et qu’elle arrêterait de le prendre pour un débile qui s’enfonçait par ses arguments, par ce que la seule qui n’avait qu’un point de vue unilatéral, c’était bien elle. Les pseudo-excuses de la jeune femme ne l’aidèrent pas franchement à se calmer, il se sentait sur les nerfs et, malgré ses dires, elle avait tellement insisté sur Esteban qu’elle avait plus l’air d’avoir eu envie de se défouler sur leur ex en commun qu’autre chose. Il se contenta donc d’hausser un peu les épaules.
Parler de bouffe était un bon changement de sujet, il haussa un sourcil lorsqu’elle parla de la meilleure recette de cookie.

« Si tu es presque arrivée à ton but, j’espère qu’un jour je pourrai la goûter pour te donner mon avis le plus impartial possible !» avait-il fini par dire en lui dédiant un joli petit sourire en coin ;

Bah quoi ? Il en avait testé de ses recettes et pas que des bonnes, alors si elle pensait réussir, c’était quand même la moindre des choses qu’il puisse la goûter, n’est-ce pas ?

Effectivement, c’était son point de vue mais Esteban ne lui a jamais dit d’arrêter. Il avait continué à fuir, fuir, fuir, sans jamais oser lui dire qu’elle le gonflait avec ses lettres, donc ça signifiait qu’il en voulait bien. Au moins elle lui aurait foutu la paix. Esteban savait très bien comment elle fonctionnait, il savait très bien qu’elle s’entêtait, et qu’en plus ça avait tendance à être exponentiel avec le temps. Mais aussi qu’il suffisait de lui dire de lâcher l’affaire pour qu’elle le fasse. Donc franchement, Gary était de mauvaise foi. Il refusait tout simplement de voir le vrai visage d’Esteban, ou du moins, la profondeur de ses conneries. Peut-être parce que accepter ce fait, c’était accepter le risque qu’il lui fasse subir la même chose. Alors il se raccrochait, il se disait que c’était pas possible, qu’elle exagérait. Après tout, peut-être était-ce la seule lueur qui l’avait fait resté à peu près équilibré. Peut-être qu’il avait développé avec la carotte de se remettre avec Esteban à sa sortie une sorte d’obsession envers ce trou du cul. Pauvre Gary. Le problème, c’est que la vérité le rattrapera forcément. Esteban était lâche, et au vu du potentiel nid à problèmes que pouvait être Gary, il n’aurait les épaules assez larges pour prendre le taureau par les cornes. Il continuera à fuir. Ou même, il s’éloignera de lui à la moindre contrariété, elle en mettait sa baguette à couper. Mais qu’adviendra-t-il de Gary ? Elle n’osait se formuler la réponse. Il finira encore plus misérable qu’elle, et déjà, elle songeait qu’il était difficile de sombrer aussi bas. Elle ne savait pas si elle devait rire jaune ou alors s’apitoyer à cette perspective. Sûrement un mélange des deux. Elle ne tirerait aucune satisfaction de voir Gary malheureux, d’autant plus que cela signifierait que l’autre s’en sortirait encore royalement.
Elle se ferma lorsqu’il aborda le sujet de sa famille. C’était une éternelle dispute entre deux. Ils auraient les mêmes arguments, les mêmes contre-arguments, comme un éternel refrain qui finirait inexorablement par les fâcher tous les deux. Ils ne pourraient jamais se comprendre sur ce sujet. Elle ne savait pas ce que c’était de vouloir d’une famille car elle avait toujours voulu se débarrasser de la sienne. Gary, qui était orphelin, imaginait sûrement qu’une famille, c’était comme dans les histoires. Il ne voyait pas le poids que les obligations familiales, la fidélité à celle-ci, les attentes parentales pouvaient causer. Il ne pouvait pas comprendre ce que c’était de constater que ses parents étaient des humains, parfois avec des défauts et des principes qui vous sortent par les yeux. Il était sûrement de ceux qui croient que votre famille font toujours les choses dans votre intérêt, et s’ils se trompent, que c’était juste de la maladresse, un quiproquo. Ce qui ne lui était jamais rentré dans sa tête, c’est qu’il n’y plus de discussion possible avec ses parents. Elle s’était salie, elle les avait trainé dans la boue avec ses caprices. Elle reconnaissait que c’était sa faute, qu’elle avait profondément merdé en se tapant non pas un, mais deux sang-de-bourbe en même temps. Qu’ainsi, elle avait ignoré les dommages qu’elle pouvait faire à la réputation des Kendrick. Peut-être qu’elle avait mérité les coups et les insultes. Mais aucun parent ne devraient traiter ses enfants ainsi. Aucun parent ne devrait vendre sa fille comme une pouliche de race. Elle était même sûre qu’un cheval aurait eu plus de libre-arbitre à ce sujet. En vrai, elle ne savait pas vraiment comment se positionner par rapport à eux. Elle aimerait se rapprocher d’eux, mais elle avait toujours ces flashbacks qui provoquaient chez elle une répulsion immédiate, une méfiance trop profonde. Peut-être parce qu’elle connaissait leur vrai visage derrière leur apparente bonhommie, et qu’elle s’était toujours dit que s’ils étaient ainsi à l’extérieur, ils pouvaient également l’être avec elle. Dans tous les cas, elle préféra clore cette partie de la conversation.

- Ecoute... Je... Je ne veux pas qu’on se fâche. Finit-elle par un ton doux, espérant que cela calme Gary. Tu sais très bien qu’on ne sera jamais d’accord sur ce sujet à cause de nos vécus respectifs. On ne l’a jamais été.

Mais elle lui en voulait quand même de dire qu’elle avait été privilégiée par son statut de sang. Avait-il oublié qu’elle avait toujours fait tampon face à leur colère ? Qu’elle les avait toujours protégés du mieux qu’elle pouvait ? Que c’était elle qui s’était pris les coups et tous les noms d’oiseaux à leur place ? Gary, t’es vraiment con. Il ne faut jamais oublier que les sang-purs qui se rallient aux sangs-de-bourbe seront traités comme tels. Comme des traîtres. Car c’est ce qu’ils étaient.

- Je veux juste te rassurer, te promettre qu’Esteban ne risque rien à cause d’eux, commença-t-elle d’un  ton sincèrement empli de sollicitude. Ils ont autre chose à faire que de courir derrière lui. Pour ceux c’est passé, fini. Il est parti, il m’a laissée, il s’est couvert de ridicule à leurs yeux. Ils ne pouvaient pas obtenir plus grande satisfaction que ce qu’il a offert de lui-même, c’est à dire de leur donner raison à son sujet et surtout, partir loin de moi. Désormais, même un moucheron aurait plus d’importance. Il n’a pas assez d’influence, de relations ou de dangerosité pour qu’ils lui consacrent une seule seconde à penser à son existence.

Par contre, elle s’avoua qu’elle ne savait pas comment ils allaient réagir en apprenant la libération de Gary. Pour eux, il aurait dû crever à Azkaban embrassé par un Détraqueur. Il leur avait retiré leur fils prodigue, leur enfant chéri, la fierté de la famille. Il avait également laissé une femme très amoureuse veuve après même pas un an de mariage. Klara devrait faire tampon, comme avant, tout en espérant qu’Aly soit d’accord pour l’aider un peu. Elle priait dans un premier temps que la nouvelle leur parviendrait le plus tard possible, mais elle ne se leurrait pas, ça leur parviendrait aux oreilles avant la fin du mois. Elle aimerait que leur assurer qu’il allait retourner vivre parmi les Moldus leur donnerait assez d’os à ronger pour qu’ils lui foutent la paix. Gary avait peut-être raison d’être parano, mais peut-être pas pour Esteban. Ou alors il osait simplement pas le formuler devant elle? Klara se rendit compte qu’a cause de ce paramètre, Gary devait se méfier encore plus des siens que prévu. Peut-être pas d’elle directement, mais des potentielles épées de Damocles qui venaient avec elle. Elle changea finalement de sujet. La pâtisserie, voilà quelque chose qu’ils aimeraient tous les deux.

- Hé bien, pour toi qui a connu les premiers essais... Tu serais sûrement le meilleur juge ! Je devrais t’en ramener ! Tu verras la différence. Cette fois, promis, ils ne rendent pas la langue verte à pois bleus. Et ils n’ont pas le goût de hareng au chocolat. Et je ne fais plus exploser la pâte dans toute la cuisine comme quand j’essayais de faire des churros...

Elle souriait avec plaisir en ce remémorant ce fou rire quand elle avait commençait à crier de panique en voyant la catastrophe imminente. Ses deux petits-amis avaient accouru dans la cuisine juste avant l’explosion, et étaient devenus... Des hommes-pâte-à-churros. Les sorts cuisiniers ne sont pas si faciles à maitriser que cela. Et contrairement à la méthode Moldu, les ratages sont beaucoup plus... surprenants.

- D’ailleurs, je sais faire des churros également. Avec de la sauce chocolat dessus. Mais t’inquiète pas, Aly n’a pas esquivé l’explosion non plus. Je lui ai fait un... masque de beauté intégral.


Elle rit en y repensant. Le comble est que le pauvre sortait tout juste de la douche et qu’il était passé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce qui était dommage, c’est que la pâte à churros non cuite c’était pas très bon, sinon elle se serait peut-être proposer de l’aider à se nettoyer un peu...

- Bref, plus de Strudel qui s’enfuit quand on veut le couper, plus de parfums étranges, je maitrise maintenant ! Ça m’a pris un peu de temps... Je l’avoue. Oh, et comme je n’avais pas grand chose à faire, j’ai essayé d’apprendre le chant... On m’a dit que je progressais bien. Il faudrait d’ailleurs que je retrouve un professeur à Londres, mais je n’ai pas trouvé de profil qui me convient... Et j’avoue que j’aurais moins de temps cette fois, vu que désormais je travaille.

Voilà, la conversation était redevenue banale. Mais moins tendue au moins.

Forcément qu’il partait facilement en vrille en entendant ce genre de paroles, par ce qu’elle ne savait pas ce que ça faisait de ne pas connaitre ses origines, ne de pas avoir de réel foyer et ce genre de choses. Elle avait, à raisons, une certaine haine pour sa famille, mais enfant même si elle n’avait pas eu une vie rêvée, elle avait pu construire des choses, avoir de la complicité avec son frère. Mis non, c’était bien plus simple de se plaindre, par ce que sa famille était parfois dure et injuste. Elle ne connaissait pas la vie en foyers, sinon il en était certain, elle serait d’accord avec lui. Cela ajouté au fait qu’elle se borne à ne pas voir la vérité, juste par ce qu’elle avait pris leur parti au niveau du statut de sang, ça avait le don de l’agacer. Par ce qu’elle n’en avait vu qu’une partie, par ce que sa famille n’était qu’une chose parmi tant d’autres. Elle oubliait que ça ne faisait que quelques années, qu’aujourd’hui elle s’était rangée. Elle oubliait tant de choses, ou ne voulait pas les voir… mais forcément, ce n’était pas simple. Néanmoins, il inspira un bon coup, probablement que lui aussi ne comprenait pas tout.

« Bien sûr. On ne sera jamais d’accord. » répliqua-t-il doucement.

Il inspira un bon coup, réfléchissant ce qu’il allait pouvoir dire pour Esteban, probablement qu’elle avait raison, qu’ils avaient autre chose à faire pour lui. Probablement, au final, qu’il s’inquiétait plus pour lui, pour sa propre sécurité et qu’il mettait inconscient Esteban là-dedans. Par ce que si c’était du passé pour le bouclé, ce dernier n’avait pas commis de meurtre, c’était là qu’était tout la différence. Lui était coupable du pire, même s’il avait « légalement » payé. Il hésita pendant quelques instants, à lui poser la question, mais finalement n’osa pas, craignant un peu trop la réponse. Il préférait juste rester parano en se disant qu’il n’y avait pas de certitude, sa vie était déjà assez compliquée comme ça, sans se rajouter du stress supplémentaire qui serait forcément mauvais ! De là, ils étaient passés étrangement à la pâtisserie, et visiblement elle se débrouillait beaucoup mieux aujourd’hui ce qui n’était pas franchement difficile à vrai dire ! Il restait quand même curieux de pouvoir goûter lui-même cette « différence », cette amélioration, sans être certain que se voir de temps en temps, surtout pour manger et compagnie, soit réellement une bonne idée. Ce n’était pas comme si elle était célibataire, bien au contraire. Il ne voulait pas courir de nouveaux dangers inutiles.

« Effectivement ce sont de gros progrès, et bien, je serai ravi de les goûter et de dire mon avis. Les churros aussi, enfin, s’ils sont au point aujourd’hui. Les langues à pois ce n’est pas franchement top, ça ne me va pas trop de mémoire !» essaya-t-il de plaisanter. « je ne dirai pas que je suis ravi que lui aussi ait droit à ce traitement, par ce que c’est galère à enlever tellement c’est pâteux.»

Il haussa un peu les sourcils lorsqu’elle avait parlé d’apprendre le chant. Il n’y connaissait rien du tout, alors ce n’était pas lui qui allait pouvoir l’aiguiller, il lui aurait bien proposé de chercher aussi chez les Moldus, ce genre de choses devait être plus courante, mais ce n’était pas quelque chose à faire, il l’avait bien compris.

« Tu travailles dans quoi déjà ? Je suis désolé, si tu l’as déjà dit, j’oublie facilement les choses en ce moment.» Il se racla un peu la gorge avant de continuer « Mais c’est cool, si tu peux travailler, les journées te paraitront probablement moins longues.»

Par ce qu’à part ses tests de cuisine, il se demandait bien ce qu’elle aurait pu faire avant d ses journées, surtout qu’avec les différents sorts, le ménage et compagnie était quand même plus rapidement fait que chez les Moldus, et vu qu’elle n’avait pas d’enfants ….

Elle souffla, elle était soulagée de voir qu’elle avait réussi à couper court au crescendo d’énervement qui allait forcément tourner au vinaigre. Elle en vint à parler de sa cuisine.

- Je pourrais peut-être t’en ramener une fois. Enfin, pour les churros c’est plus dur car ça se mange chaud, mais les cookies, je pourrais peut-être même te livrer une boîte via hibou ?

Gary se doutait bien qu’elle ne l’inviterait pas chez elle. C’était tendu. Aly ne voudra jamais qu’un Sang-de-Bourbe pénètre dans sa maison et il aura bien raison. De plus quand il était doublé de l’ex de sa femme. Il avait été bien clair : il était monogame et sa femme devait l’être aussi. Klara avait accepté le fait que plus jeune elle avait juste oublié de réprimer ses désirs. Elle juste voulu le beurre et l’argent du beurre sans penser qu’un moment, quelqu’un finirait blessé. Malheureusement, ce fut elle. Il valait mieux donner son amour à une seule personne, mais qui se consacrera à vous. Esteban avait sûrement choisi Gary quand il était parti. Il avait déjà choisi Gary depuis le début.

- Je n’avais pas vraiment des journées trop longues... Enfin... Je n’ai pas pris de travail tout de suite aux USA surtout car... en fait... je n’étais juste pas en état de travailler... On va dire que j’essayais de prendre soin de moi mais... Seul, on y arrive pas. J’ai eu des gens qui ont pu m’aider, et heureusement. Alyosius a été de bon conseil, il m’a réfrénée quand je disais que je vouais travailler alors que c’était juste pour... Enfin, je ne sais pas comment dire, mais pour esquiver mes pensées noires plus qu’autre chose. Se noyer dans une exécution sans fin afin que le reste te foute la paix. Puis il y avait des matins où me lever c’était... Juste ça, j’y arrivais pas. Au bout d’un moment, j’ai pu avoir un petit poste à la MACUSA grâce à l’aide de mon mari. Quelque chose de tranquille qui m’a permis de me remettre en route.

Elle but un peu de son chocolat chaud, prenant une pause dans son discours. Elle essayait d’amener la suite qui était plus... sensible. Elle craignait un peu sa réaction si jamais elle expliquait qu’elle travaillait au Ministère. Elle savait très bien que ce travail était un privilège au vu de son statut de sang. Mais tant pis, il valait mieux cela qu’il ne l’apprenne par manière détournée.

- C’est en toute logique que... J’ai été prise au Ministère à Londres. Il est vrai que j’avais toujours voulu y travailler, c’est pourquoi j’étais une bûcheuse à Poudlard mais... D’une certaine manière j’ai l’impression que c’est pas pour mes compétences, mais parce que de la place s’est libérée à cause des circonstances actuelles...

Ils ont fuit, mais tant mieux. Il valait mieux mettre des Supérieurs à tous les étages et éviter la traîtrise. La victoire restait amère, car elle aurait quand même voulu être prise pas parce qu’elle était Klara Anderson, mais parce qu’elle était hautement compétente et digne de son poste. Elle avait toujours être fière de ce que ses efforts lui apportaient, et ce n’était pas vraiment satisfaisant.

- Tu peux me juger d’avoir choisi de travailler pour le gouvernement, tu as le droit. Je suis consciente que ma place est... injuste. De toutes façons, je ne compte pas rester. J’ai juste besoin de mettre de côté, car j’ai d’autres projets. Et c’est malheureusement le seul job qui était à ma portée et qui me permettait de mettre de côté rapidement.

C’était par exemple plus facile d’élever des enfants quand on avait pas de carrière à côté. Il leur fallait juste un ou deux ans et elle pourrait déjà avoir assez de sous pour faire un petit pactole pour leurs études. Il était dur pour elle de renoncer à une carrière alors qu’elle adorait étudier, travailler, et se voir progresser. Mais Aly lui avait fait bien comprendre qu’il ne pouvait pas abandonner son travail et qu’il ne pourrait pas toujours, du moins pendant quelques années, beaucoup consacrer de temps à leur famille. Il était ambitieux, et elle devait soutenir son ambition, son ascension au sein des Supérieurs. Elle pourrait peut-être reprendre le travail après, quand leurs enfants seront plus âgés... Elle s’imagina quelques instants avec sa progéniture dans les bras, et elle balaya le rejet qu’elle ressenti face à ce probable avenir. Elle serait heureuse avec des enfants. Elle rendrait heureux son mari, après tout ce qu’il avait fait pour elle... Elle devait consacrer du temps et de l’énergie à sa famille. Elle ne pouvait pas passer sa vie à rester un veracrasse avachi sur le sofa. Elle créa comme un silence. Elle n’était pas très à l’aise. Elle se rendait compte que l’heure tournait et qu’elle ne s’était toujours pas ouverte à Gary. Avant-même que celui-ci reprenne, elle l’interpella doucement :

-Gary...

Elle baissa un peu le regard et pris son courage à demain

- Je suis heureuse que tu sois venu car je voudrais... te dire quelque chose qui me semble important. Avant toute chose j’aimerais que tu saches que c’est sincère, même si tu trouves ça... étrange comme raisonnement.

Ses mains descendirent sous la table et tirèrent le tissu de sa robe.

- En fait... Je voulais surtout te dire que...

Elle pris une grande inspiration.

- Je ne veux pas que tu sentes mal par rapport à... ce que tu as fait.

Elle resta évasive. Elle ne pouvait pas déclarer dans un café «regardez cet homme sort de taule après avoir tué un type par accident».

- Tu as juste voulu te défendre. Tu n’aurais jamais voulu lui faire de mal si ce n’était pas parce que tu n’y était pas obligé. Tu as déjà payé, bien trop cher à mon sens, et je ne veux pas te le faire payer encore plus... Je ne dirais pas que je te pardonne complètement, en revanche mais... Je ne t’en veux pas...

Pas comme Esteban. Parce que Gary avait été droit jusqu’au bout, lui. Avant qu’Esteban se casse comme le dernier des lâches, elle avait espéré qu’ils puissent l’attendre, tous les deux. Mais il avait fait son choix. Et cela le conduirait à sa perte.

Il acquiesça doucement lorsqu’elle lui proposa de lui envoyer une boite par hibou. Il lui aurait bien proposé autre chose, une autre solution, probablement un peu plus …. Disons sociale. Mais il n’osait pas, ou plutôt il hésitait ne sachant pas si c’était réellement une bonne idée. La raison VS la parano. Laquelle triompherait ? C’était un combat cornélien intérieur, il y avait tellement de points positifs et de négatifs. Il se mordilla finalement la lèvre avant de souffler doucement :

« On pourra peut-être aussi se revoir en ville, un jour, si tu le veux, ça sera disons… plus personnel qu’avec un hibou.»

Il eut un vague petit sourire, tout en se disant que bordel, il abusait de lui proposer ça sans être certain que la suite de la conversation allait bien se passer… sans être certain que la jeune femme n’avait pas une idée derrière la tête. Peut-être qu’elle attendait ce genre de réponse pour pouvoir se venger. Peut-être qu’elle voulait juste que tout se passe bien. Ou pas. Comment le savoir ? Comment en être sûr ? Pour le passé, pour ce qu’ils avaient vécu, il pouvait bien lui laisser quand même le bénéfice du doute. C’était la moindre des choses, et puis d’une certaine façon, il ne voulait pas non plus croire qu’elle était devenue quelqu’un de mauvais, ou quelque chose dans ce genre-là. Probablement qu’il se laissait un peu aller, alors qu’il s’était promis de rester dans l’hypervigilance, mais c’était plus fort que lui. Certains sentiments devaient toujours être bien présents, pas suffisamment enfouis pour qu’il arrive à être totalement impartial, mais assez pour ne pas lui sauter dessus et lui dire quelque chose qu’il regretterait forcément par la suite. Tout comme Esteban, elle avait dû passer à autre chose depuis bien longtemps, il ne fallait pas qu’il ne pense qu’à lui, qu’il complique une situation déjà fort dure. Il soupira doucement, ne rajoutant du coup rien pour l’instant.

Et bientôt, elle avait repris la parole, lui expliquant ses journées aux USA. Là encore, il ne pouvait faire qu’acquiescer ci et là. Il ne savait pas quoi réellement dire. Peut-être qu’il était désolé, par ce que c’était vrai ; mais cela ne suffisait pas, cela lui paraissait même presque totalement hors propos. De nouveau, il se mordilla un peu la lèvre, et se passa également, un peu gêné, troublé, une main dans les cheveux.

« Pourquoi est-ce que je te jugerai pour la voie, ou plutôt le métier que tu as choisi ?» Temps de silence. « Tu fais bien ce que tu veux et tu n’as aucun compte à me rendre de toute manière. Tu n’as pas à te justifier, tant mieux pour toi si tu as trouvé un métier qui te permettra un jour d’accomplir tes rêves.»

Bien sûr, ce n’était pas forcément quelque chose de très agréable à entendre. Bien sûr qu’elle soit peut-être dans leur camps, ou travailles pour ces pourritures ne lui faisait pas plaisir. Mais qu’est-ce qu’il dire, ou faire ? Elle avait une bonne place, c’était la chose principale à retenir probablement. Il est vrai que cela donnait à la chose un probable goût amer, mais comme il lui avait dit, il n’était personne pour la juger, chacun faisait ses choix et devait en subir les conséquences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. C’était probablement mieux pour elle qu’elle travaille plutôt qu’elle soit un genre de femme au foyer de toute façon !
Il avait eu un temps de silence, tandis qu’il continuait à grignoter un peu ce qu’il y avait dans son assiette –ou même dans son verre-, il ne savait plus trop comment rebondir, n’étant toujours pas certain de la façon dont Klara voyait les choses. Il ne pouvait pas dire n’importe quoi, ne sachant donc pas s’il pouvait réellement lui faire confiance ou pas. De toute manière, en soi, qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire ? Il ne savait pas. Et soudain elle reprit la parole d’une voix qui le fait lever les yeux ainsi que les sourcils un peu surpris. Elle baissa le regard tandis qu’il la laissait causer… et ce qu’elle dit le laissa perplexe. Perplexe, mais heureux, mais le côté parano lui hurlait un peu plus loin dans son coin de faire attention, qu’il y avait peut-être une arnaque là-dessous. Elle parlait, parlait et lui ne pouvait faire qu’écouter, de toute manière, même s’il avait dû dire quelque chose, qu’est-ce qu’il aurait bien pu formuler comme chose ? Comme choix ? Comme dire ? Il la regardait, la bouche probablement un peu trop entrouverte d’étonnement, essayant de déterminer quelle était la part de vérité. Elle parlait, et puis avait fini par se taire ; et merde, c’était maintenant à lui de quelque chose, mais il ne savait toujours pas quoi. Il arriva néanmoins enfin à fermer enfin la bouche histoire d’avoir l’air un peu moins ridicule, et cherchait à toute allure quelque chose qu’il pourrait bien lui répondre ;

« Heu.. merci. »

Whoaw, quel discours ! Il devait l’ouvrir un peu plus cette fois. Il voulait y croire, réellement, sincèrement. Pire, il avait besoin d’y croire. Mais le monde était plus compliqué, plus cruel. Sa parano, ses fêlures trop fortes pour qu’il puisse assimiler tout cela comme un simple acte de bonne foi. Il ne savait malheureusement pas définir, à quel point elle pensait tout cela et cela lui faisait mal pour elle –pour lui-.
Et pourtant, il devait reprendre la parole. Être plus expansif. C’était même une obligation.
Il était touché, mais ne devait pas non plus trop le montrer. Il arriva néanmoins à lui faire un tendre sourire sincère.

« Je… Je suis désolé, je ne sais pas trop quoi dire, je ne m’y attendais pas. Je… Heu, disons que je suis content que, que tu comprennes que …. Voilà. Enfin que ce n’était pas volontaire et que j’ai réellement juste voulu me défendre la base. Et que j’ai merdé. Totalement. »

Pourquoi est-ce qu’il disait de telles évidences, dont elle avait du coup conscience. Probablement par ce qu’il était perturbé, par ce que c’était compliqué pour lui de parler de ça, et surtout, au final de ce qui avait suivi. Des Démoins qui le poursuivaient toujours en rêves, de Détraqueurs, de cette sensation. Il se mordilla un peu la lèvre avant de souffler.

« Il ne vaut mieux pas revenir sur le passé, le ressasser n’en sortira rien de bon, Klara.» dit-il quand même avec difficulté. « Et que pour l’instant, le plus important c’est ton futur.»

Oui, « ton », pas notre, par ce qu’un côté il savait bien que le sien serait juste compliqué pendant les années à venir. Ce lui de Klara comptait donc plus, par ce que c’était elle qui pourrait faire de belles choses, pas lui.

Son sourire fut un peu tendu lorsqu’il lui proposa de se revoir en ville. Il fallait bien qu’elle lui explique que c’était plutôt délicat. Elle avait dû batailler avec son mari pour deux heures avec Gary, mais se voir une seconde fois ? Soit elle se montrait très convaincante, soit il faudra que Gary comprenne qu’il fait qu’ils y aillent très doucement.

- Je... je verrais ce qui sera le mieux ! Finit-elle par répondre, paniquant un peu sur les mots qu’elle aurait dû prononcer. Ah mais quelle cruche je vous jure !  Elle aurait dû être honnête depuis le début, mais elle avait peur d’être trop abrupte et que la déception de Gary entache la conversation. Elle pouvait toujours le préciser plus tard... Rien n’était perdu après tout... Puis elle espérait pouvoir lui dire quelque chose de plus important. Elle hésita, et elle se sentit pas très à l’aise lorsqu’elle dû avouer qu’elle travaillait pour le ministère. Gary était gentil et essayait de ne pas juger, à son habitude, mais elle savait qu’intérieurement cela ne pouvait qu’être amer pour lui. Travailler pour le gouvernement, c’était un peu le cautionner. C’était totalement vrai dans son cas, mais il fallait éviter que ça se sache. C’était mieux pour le moment. Tant que les Supérieurs n’avaient pas triomphé et éclater les dernières grosses poches de résistance, il était dangereux de se révéler de leur bord. Puis pour son travail, cela rendait les choses plus facile. Qui penserait que la gentille petite Klara viendrait vous prendre par surprise pour vous trainer de force jusqu’au QG ? Puis Gary ne voudrait plus la voir, et c’était embêtant. Elle avait besoin de lui. Parallèlement, le «croire en ses rêves» de Gary sonnait un peu aigre. Elle ne savait pas vraiment quel était ses rêves. Elle avait gagné, comme elle le souhaitait, un poste au Ministère mais au final c’était plus une situation confortable qu’elle cherchait. Et quand elle était plus jeune, une façon que ses parents reconnaissent son talent. Elle avait toujours été une excellente élève, même meilleure que Saïd sur certains points. Les potions notamment, où il fallait une rigueur absolue pour réussir les breuvages et une connaissance très strictes des ingrédients et de leurs effets combinés. Il se trouve qu’elle n’a jamais fini potionniste, car c’était quand même un peu lugubre de manipuler tout ces produits magiques dangereux à longueur de journée. La seule chose qui aurait pu la motiver dans cette voie était sûrement de trouver un moyen de manger des gâteaux sans grossir.  Ou même de manger tout ce qu’elle voulait sans finir comme une baudruche. Voilà ce qui était son vrai rêve sûrement. Mais comme cela lui semblait irréaliste, elle se contentait d’aller là où c’était le mieux, c’est tout.
En gros, elle se contenta une nouvelle fois de sourire bêtement faute de savoir quoi répondre. Quelle déesse du dialogue, cette Klara. Elle installa un silence, et dit enfin ce qu’elle voulait lui dire durant tant d’années. C’était sincère, et elle espérait qu’il le perçoive ainsi. Parce que oui, cette indulgence pouvait sembler étrange. C’était son frère, la seule personne de sa famille avec qui elle s’entendait. Mais il avait déconné aussi, quoiqu’en disent ses parents. Elle le comprenait mieux maintenant, mais si seulement Saïd... Si seulement il s’était arrêté à temps et avait compris que cela ne servait à rien de s’en prendre à Gary.

- Je comprends totalement Gary, j’étais là. Je sais parfaitement ce qu’il s’est passé et je vous connaissais aussi bien l’un que l’autre. Vous avez chacun votre part de responsabilité, et jamais je ne nierais que l’attitude de Saïd a été le contraire d’exemplaire.

On pensait souvent à tort que la sensibilité de Klara ne lui permettait pas de garder la tête froide. Mais elle savait être objective et mettre son coeur de côté.

- Je suis heureuse en tout cas si tu crois en ma sincérité. Heureuse si je peux... enlever un peu de poids sur ton coeur... Car c’est important pour ton futur...

Mais d’où elle avait sorti un truc aussi niais ? Et puis quel futur ? Il allait dégager du monde magique. Il était sûrement traumatisé par son passage à Azkaban même si elle n’en savait pas vraiment les séquelles. Mais personne ne pouvait ressortir sain d’esprit de là-dedans.

- Enfin... Je tenais vraiment à te le dire maintenant parce que...

Voilà, maintenant la partie qui allait peut-être moins lui faire plaisir. Elle joua avec ses mains aux doigts soignés croisées sur ses genoux.

[color=palevioletred- Je dois t’avouer que je ne sais pas si... [/color]

Elle s’interrompit parce qu’elle ne voulait pas lui faire trop de peine, alors elle réfléchit à comment alléger ses propos.

- En gros dans combien de temps on pourra se revoir. Ça n’a rien à voir avec toi... Enfin c’est juste que mon mari a du mal avec l’idée. Tu restes mon ex, et tu n’as pas un passif disons... excellent. Et il souhaite qu’on reste dans une relation monogame... Donc pour lui c’est... délicat, tu vois ?

Il s’agissait surtout d’un sang-de-bourbe donc trainer avec lui n’était pas une bonne idée de toutes façons. Gary était gentil, adorable même. Mais voilà, il n’était pas... Il n’était pas destiné au monde magique, alors qu’elle oui. Elle ne s’avoua pas qu’elle était un peu perturbée par le constat évident qu’ils s’entendaient toujours bien. Qu’elle le trouvait toujours aussi agréable que dans ses souvenirs.

- Je pense qu’il faudra juste un petit peu de temps pour qu’il prenne confiance... Il faut que je t’avoue que j’ai dû déjà batailler pour te voir maintenant. Et je suis sûre qu’il m’a dit qu’il avait à faire dans un autre quartier mais qu’il est pas très loin en vrai.

En fait tout se passait très bien. C’était mignon son côté protecteur, mais c’était surtout un peu pénible. Elle savait se démerder seule, merde. D’accord, peut-être que Gary avait tourné en un fou-furieux.

- Il faudra juste y aller doucement, d’accord ?

Peut-être qu’elle aussi avait besoin de prendre confiance en lui, de se rassurer qu’il n’était pas devenu complètement taré. Elle refusait de croire à un complot, à une paranoïa lui disant qu’il jouait peut-être le gentil pour voir où ça les menait. Dans tous les cas, il valait mieux avancer petit pas par petit pas. Elle devait surtout voir comment elle pouvait se servir de son lien avec Gary pour trouver où taper pour bien faire mal à Esteban. Comme elle n’avait pas de nouvelles de l’autre, elle devait faire avec ce qu’elle avait à disposition...

Elle verrait ce qui serait le mieux ? Ok. Ca c’était de la réponse vague, et un peu décevante, par ce que pour lui, il manquait quelque chose, probablement une argumentation, mais il n’allait trop entrer dans les détails, cela ne servait à rien, il préférait juste suivre la conversation, alors forcément lorsqu’elle lui dit le fond de sa pensée sur ce qui s’était passé il y avait 6 ans, il était touché. Probablement en bien, même s’il n’en était pas tout à fait sur vu que le sujet le touchait énormément. C’était compliqué pour lui de décrire ce genre d’émotions quand tout semblait si compliqué. Il acquiesça doucement lorsqu’elle reprit la parole, expliquant toujours son point de vue, comprenant bien que Saïd n’avait pas été exemplaire, comme elle le disait si bien. Il avait même été plus qu’agressif selon Gary, mais bon, ce n’était pas le moment d’être amer à cause d’une phrase probablement un peu maladroite. Au moins, il avait eu ce qu’il voulait –si elle ne mentait pas-, à savoir qu’il était maintenant au point sur ce qu’elle pensait de lui, de ce qui s’était passé. Le seul point noir au tableau c’est qu’elle semblait beaucoup plus en vouloir à Esteban qu’à lui, mais ça n’était pas ses affaires. Ils étaient tous de grandes personnes. Il n’avait pas envie de rentrer dans leur conflit. Malgré tout, il n’avait pas pu s’empêcher d’avoir un léger rire sarcastique quand elle lui avait dit « on futur », quel futur avait-il ? Pas quelque chose comme il l’aurait souhaité ; pas avec ce passé, ces traumatismes. Il ne savait pas si on pouvait un jour de remettre réellement d’Azakaban et de ce que l’on pouvait voir, ressentir là-bas. Est-ce qu’une partie de son âme ne s’était quand même pas évaporée là-bas ? Il n’avait néanmoins pas encore reprit la parole et elle continuait encore et toujours à papoter… jusqu’au moment où elle parla « d’avouer » quelque chose. Il fronça les sourcils, se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir lui inventer et la suite fut… étrangement presque comme une douche froide. Pourtant c’était logique qu’elle lui dise quelque chose comme ça, mais en même temps ça n’était pas simple. Parce qu’il se sentait encore et toujours exclu. Qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’elle l’accueillerait de nouveau les bras ouverts, que son mari pro-sang pur (probablement), lui ferait une petite place dans leur petite famille. Qu’il était con.

« Humhum.» grommela –t-il au « pour lui c’est délicat ».

Il lui en foutrait dans la tronche de la délicatesse. Pas à elle, mais à l’autre. Son mari. Est-ce qu’il était jaloux ? Peut-être un peu, mais il savait que ce genre de sentiment ne devrait pas avoir lieu. Elle avait pu refaire sa vie, elle avait l’air quand même plutôt heureuse, son mari n’avait pas l’air trop con. Et elle avait continué à parler, à se justifier. Il n’avait plus trop envie de l’écouter, par ce que c’était assez blessant d’une certaine manière, mais il avait encore assez de savoir vivre pour se taire et tenter de faire bonne figure. Elle continua à parler et à un moment ce fut le silence. Tiens donc, est-ce que cela signifiait que c’était fini et qu’il allait pouvoir parler ? Mais qu’est-ce qu’il pouvait dire alors qu’il était probablement plus mal à l’aise et député qu’autre chose ? Même s’il comprenait… même si… ce n’était pas simple. Il soupira doucement, en se passant une main dans les cheveux.

« Je te laisserai me recontacter alors, je crois que ça vaudra mieux.» finit-il par dire doucement, les yeux un peu perdus dans le vide, mais au moins, il avait réussi à ne pas être amer.

Sous la table son poing gauche se serrait-desserrait, il se tapotait durement la jambe, nerveusement, son autre main, la droite, était sur la table et jouait à présent avec un des couverts. Il ne se sentait pas super bien.

« Si tu as fini, je crois qu’il vaut mieux que j’y aille.»

Avant qu’il ne vrille, qu’il se sente encore plus mal. Il ne voulait pas fuir et en même temps pour l’instant ils s’étaient probablement tout dit. Alors autant qu’ils ne se mettent pas plus mal à l’aise l’un et l’autre.

Klara essaya de parler de la situation «délicate» dans laquelle elle se trouvait par rapport à Aloysius, mari qui avait peu confiance en Gary. La raison principale - et elle ne pouvait l‘exposer - était évidemment qu’il n’était pas de sang-pur. il aurait eu une meilleure tolérance pour un sang-mêlé, mais un sang-de-bourbe, jamais. Aly lui avait également dit d’oublier le passé, mais malheureusement, Gary en faisait parti. Elle essaya d’être diplomate, d’y aller doucement, mais elle avait l’impression qu’elle lui aurait dit brusquement les choses, cela aurait été presque mieux. Soit ses précautions avait agrandit le malaise de Gary car il savait qu’elle essayait de le ménager, soit elle aurait dû y aller encore plus doucement. Elle lisait en lui qu’il était pas très bien et elle ne put s’empêcher de se sentir un peu coupable. Pourtant, elle trouvait pas malhonnête de ne rien lui dire, voire pire, le laisser espérer des choses qui n’arriveraient pas. Elle ne savait pas exactement ce qu’il se passait dans sa tête, mais elle devinait qu’il se passait un truc vertigineux dedans car il avait l’air d’être bien trop nerveux
Gary n’eut même pas le temps de se lever qu’une main attrapa le bout de sa manche pour essayer de le retenir. Un geste presque automatique, poussé par ses émotions. Elle ne voulait pas le voir partir, et elle se surprit à sentir abandonnée par ce départ soudain. Il n’avait pas le droit de la fuir, comme l’autre, à la moindre difficulté

- Reste... Dit-elle d’un ton doux. Puis elle se rendit compte que sa demande était peut-être égoïste. Enfin... Je ne te retiens pas si tu veux partir mais... déjà qu’on a pas beaucoup de temps ensembles... Enfin voilà... En plus tu n’as même pas finit ton plat, conclut-elle. Elle se rendit compte que c’était sûrement un peu maladroit, mais il était tout sec et il fallait qu’il mange. Et c’était triste de la nourriture pas mangée.

- Ecoute... Ce n’est pas que je ne veux pas te fréquenter... Ou que c’est une excuse pour ne pas le faire... Ou même t’abandonner là... C’est juste que... Je pense qu’il faut que vous vous habituiez un peu à l’autre... Je ne sais pas trop ce qui se passe dans sa tête, si c’est de la jalousie ou simplement... parce qu’il n’a pas confiance en toi à cause de ton passif...

Elle avait croisé ses bras sur elle, jouant à tirer le tissu de son pull entre son pouce et son index. Elle se sentait un peu gênée. Elle avait peur de le blesser encore plus et qu’il quitte le café en claquant la porte, ce qu’elle ne voulait pas. Et en même temps, elle lui mentait un peu. Elle savait parfaitement pourquoi Aly ne souhaitait pas qu’elle fréquente Gary. Une question de sang. Peut-être de jalousie, sûrement, mais étrangement vu l’assurance naturelle de son mari, ça lui paraissait étrange. Elle misait plus sur de la surprotection. Il avait raison au sujet du sang, elle ne devrait pas. Mais avait-elle le choix ? Avec Esteban qui la fuyait, impossible de l’atteindre discrètement. Car elle ne voulait pas ruiner sa vie d’un coup. Ce n’était pas assez savoureux. Il fallait y aller par à coups, et voir où cela les menait. Il fallait une belle part d’impro. Elle ne pouvait pas tout planifier à l’avance. Elle ne savait même pas pour le moment sur quels éléments se baser.

- Je ne demande pas que vous vous entendiez, juste que vous vous tolériez.  Et je pense qu’y aller doucement, c’est peut-être même mieux pour nous deux. Dans le fond, est-ce qu’on se connait autant qu’avant ? Dans tous les cas, ça ne peut être que positif. Je te l’ai dit, je te pardonne pas complètement. Je reconnais les torts de Saïd... Mais je dois sûrement reprendre aussi confiance en toi. Et toi aussi, je pense que tu as besoin de reprendre confiance en moi, est-ce que je me trompe ?

Elle ne le pensait pas. Par contre, elle ne songeait pas avoir apaisé Gary. Mais cela lui paraissait mieux. Le problème quand on arrondissait trop les angles, c’est que le message ne passait pas, et après on vous en voulait quand on en découvrait le vrai sens. Et on était déçu.[/i]

Il devait partir. Absolument. Avant de perdre les pédales, ou de devenir apathique. Il devait partir, il ne prenait plus qu’à cela. Il ne devait pas s’humilier plus. Leur laisser croire qu’ils avaient totalement gagné. Il ne voulait pas leur faire ce plaisir. Il avait besoin d’être seul. De faire un point. De se remettre de tout cela, par ce que mine de rien, ça faisait quand même pas mal à encaisser. Elle ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas comprendre et c’est bien pour cela qu’elle lui avait agrippé son manteau. Une partie de lui avait enfin de secouer brusquement la main pour la faire lâcher, pour s’enfuir, se protéger ; mais il était resté. La raison ? Il n’en savait trop rien. Peut-être par ce qu’il ne voulait pas la blesser. Oui, ça devait être ça, qu’est-ce que ça pouvait être sinon. Lorsqu’elle lui demanda de rester, il avait envie de lui hurler non. Qu’il fallait qu’il parte. Elle avait raison, ils n’avaient pas beaucoup de temps, il ne devait le gâcher, mais en même temps, s’il se sentait trop mal ça n’arrangerait rien.

«Je n’ai plus très faim. Désolé. » répondit-il doucement, ne pouvant pas s’empêcher d’avoir le regard fuyant. Partir. Se casser. « Et vaut mieux que je parte ? C’pas contre toi, Kla’.»

Il avait à présent l’impression de parler presque de façon hachurée. La panique, le stress, le reste le gagnait peu à peu et il n’avait pas envie d’avoir une quelconque crise de quelques devant elle. Il avait presque envie de la supplier de le lâcher, mais il se contenta du regard suppliant, sans dire un mot de plus pour l’instant.

« J’ai compris. T’inquiètes. Pas besoin de te justifier. Je resterai sage en attendant de tes nouvelles»

Et voilà, maintenant c’était la voix plus automate/robot qui avait fait le retour. Mais au moins, elle avait fini par le lâcher. Il pouvait donc partir à présent comme il le voulait, malgré tout il restait-là, planté sur ses pieds, avec tous ces sentiment contradictoires qui lui vrillaient le cerveau. Blablabla, elle parlait trop, pas méchamment, elle essayait probablement de l’aider, mais c’était actuellement tout le contraire. Il dû d’ailleurs se faire violence pour ne pas lui demander de se la fermer une bonne fois pour toutes. Il n’avait plus envie de discuter, ou plutôt il n’en avait plus la force, alors pourquoi est-ce qu’elle continuait à s’agiter comme si quelques paroles pouvaient arranger les choses. Il était seul. Il se sentait si seul. Si désespéré. Frigorifié, pour une raison presque inconnue. Seul. Perdu. Anéanti. Vide. Vide de toutes les choses essentielles de la vie. La rengaine recommençait, il n’avait plus envie de rien. Il ne savait même pas comment est-ce qu’il allait arriver à rentrer jusqu’à chez Margaux. Peut-être qu’il pouvait s’arrêter dans un coin, se foutre en boule en attendant que ça aille mieux. Qu’il se sentait mieux. Il remarqua à peine qu’elle avait fini par se taire, peut-être même qu’il n’avait pas entendu tout ce qu’elle lui avait dit.

« Ouais, ouais.» répondit-il finalement, juste pour lui faire plaisir, par ce qu’il sentait bien qu’elle attendait une quelconque réponse, et le « ouais », semblait la meilleure des choses, si elle ne remarquait qu’il était vraiment mal, c’est vraiment qu’elle était plus égoïste/égocentrique ou aveugle qu’il ne le pensait. « Ca serait vraiment mieux que j’y aille Klara. Et promis, j’attends que tu me fasses signes.»

Il fuyait, sans fuir, et puis, il fallait bien avouer qu’il ne voulait pas non plus risquer de croiser l’homme qui lui servait de mari.

Klara essaya d’apaiser les choses, bien qu’elle comprit rapidement qu’il y avait de fortes chances qu’elle soit complètement impuissante face au malaise qui envahissait Gary. Elle se rendit vite compte qu’elle se comportait comme face à une personne normale, mais comme elle s’était fait plusieurs fois la réflexion, elle ne pouvait pas deviner ce qu’il se passait derrière ces pupilles bleutées tremblantes. Gary... Son Gary n’existait plus. Ses couleurs ont sûrement pâlis, comme les siennes se sont assombries. Il l’avait attendue, et d’une certaine manière elle également, mais toute chose laissée à un endroit chose inévitablement. Elle en avait eu conscience dès qu’elle était rentrée dans ce café. Dès qu’elle l’avait invitée en vrai, mais c’était autre chose que de se confronter avec la réalité.
Elle essaya quand même de mettre les choses au clair, mais chaque seconde semblait absorber l’âme de son interlocuteur. Elle laissa le «ouais» de Gary planer, puis celui-ci reprendre. Une seconde de silence plus tard, qui lui parut un peu malaisante, elle essaya de formuler une réponse.

- D’accord, pas de souci... Rentre-bien chez toi.

Elle reprit immédiatement :

- Mais prends soin de toi. Je t’enverrai un hibou bientôt, d’accord ?

Elle avait doucement posé sa main sur son épaule, mais la retira rapidement de peur que ce contact spontané soit dérangeant. Elle savait que son mari sera sûrement réfractaire à qu’elle envoie une lettre dès le lendemain, mais ce n’était qu’une lettre pour le remercier, rien de plus. Pour le reste... Négocier une autre entrevue sera sûrement un peu fatiguant. Long également.
Elle resta debout alors qu’elle voyait son ancien petit-ami s’éloigner de la table pour régler sa commande, puis disparaître de son champ de vision. Elle avait échoué à le faire rester auprès d’elle, et elle se savait un peu blessée par ce départ soudain. Sauf qu’au vu de la tête qu’il tirait, insister serait égoïste et malvenu. Elle avait dit elle-même qu’il fallait qu’ils y aillent doucement. De toutes façons, dans le fond elle ne lui voulait pas que du bien. C’était confus. Embrouillé dans sa tête. Elle aurait besoin d’un peu de temps pour démêler tout cela. Elle alla au comptoir pour aller demander une boite pour emporter ce qui n’avait pas été mangé. On lui fit remarquer qu’il y avait un paquet oublié sous la table. Klara cligna des yeux avant d’effectivement voir un sac à côté de la chaise de Gary. Il était donc parti si vite qu’il avait oublié son emplette... Elle remercia le serveur, puis ouvrit le sac par curiosité. Elle sourit quand elle vit que c’était sa boutique de chocolats préférée, puis l’insulta de gros débile parce que non seulement il avait osé lui acheté un cadeau dans sa situation, mais en plus il n’avait même pas eu le cran de lui donner. Elle devra songer tout de même  à le remercier pour cela dans sa prochaine lettre. Elle écrit un mot avec un bout de papier, puis d’un coup de baguette magique, celui-ci devint un origami de grue qui s’envola retrouver Aloysius. Quelques minutes plus tard, sa silhouette massive venait de transplaner juste à l’entrée du café, et lui offrit un grand sourire charmeur. Elle sortit pour s’enfoncer autour de ses grands bras, lui accordant un petit baiser au passage. Il semblait de meilleure humeur qu’elle ne l’aurait prévu. Mais vu l’heure, et comme elle était seule, il devait avoir deviné que Gary avait quitté prématurément le café... Maintenant, elle devait songer à comment raconter ce qu’il s’était passé. Il était de son devoir d’épouse de l’informer sur cette entrevue.