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Release ▬ Caitlyn

 :: Autour du monde :: Europe :: — Norvège
Ven 12 Avr 2019 - 15:28
Release
Caitlyn & Enzo


■ Mercredi 25 Novembre 2015 ■

It gets into your body
And it flows right through your blood

Matt Simons

Norvège - Jopperland

Un jour où l’autre il faudra que je passe le cap. Je l’admets, si Caitlyn n’avait pas été dans l’équation j’aurais peut-être tenté cette nuit mais dans le fond, c’est sûrement mieux d’attendre un peu. J’ai pas passé une Pleine Lune chez moi depuis trois mois, ça me manque un peu, mais inutile de prendre le moindre risque. La prochaine, peut-être, on verra bien.
En attendant je laisse un peu de temps à ma tête et surtout mon organisme pour se régler sur le changement de décor et surtout d’heure. J’ai changé d’hémisphère, de fuseau horaire, le décalage est toujours un peu perturbant. J’échange quelques messages avec Will qui se réveille à l'autre bout du monde, installé dans un des fauteuils du salon des Stoneheaven-Helland. Ici je me sens comme chez moi, en famille, mais après le fiasco chez Grand-Mère et ce qu’il en est finalement ressorti je serais bien resté un peu plus longtemps à la maison avec Derek je crois.

Enfin peu importe, de toute façon c’est l’heure. La nuit commence à tomber, je ne tiens pas à prendre le moindre risque.

« J’vais aller la chercher, je t’envoie un message quand on arrive ok ? »
« Ça marche. On attendra ton signal pour sortir et s’assurer que tout va bien. »

Désormais debout je me rapproche d’Ismaelle et Leiv en rangeant mon téléphone dans ma poche arrière de jean. Ici tout est près, aussi bien les sortilèges que l’endroit où elle et moi allons changer. Pas ensemble, mais suffisamment proches l’un de l’autre en cas de besoin.

« Merci beaucoup. »

Un bisou sur la joue d’Isma, un câlin dans lequel je me laisse un peu aller je l’admets, et une accolade rapide pour Leiv. Pas d’Adrian cette semaine, il est chez sa mère et tant mieux. J’ai pas tellement envie de l’exposer à tout ça mais j’ai hâte de le revoir.

« Tu vas être sage toi hein ? Sois un fiston obéissant, respecte ton père. »

A qui je parle ? A Wax. Normal. Que je prends dans mes bras quelques instants pour chahuter un peu parce que lui non plus j’ai pas spécialement envie de le quitter. Je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression de ne pas vraiment avoir la tête focalisée vers la pleine lune pour l’instant même si mon corps commence déjà à m’envoyer quelques signaux.

◄►

Royaume-Unis – Londres – Hyde Park

Comme une impression de déjà-vu. Mains dans les poches, capuche sur la tête, tassé sur moi-même pour me protéger du froid tous mes sens sont aux aguets. Amplifiés. Mes muscles commencent gentiment  à me faire comprendre que l’heure approche, ma peau tiraille, mon cœur bat plus vite et ma température corporelle augmente. Tout autant de signaux que je connais par cœur. Mentalement ça va, un peu d’appréhension mais rien qui me pousse vers une quelconque panique. Comme si instinctivement, comme la dernière fois, je restais calme pour deux en prévision.
Aucune idée de comment ça va se passer cette fois, non seulement humainement mais lupinement. Je crois que j’ai dû me peindre à peu près tous les scenarii possibles dans ma tête en incluant un potentiel conflit mais je me dis surtout que ça ne sert à rien d’envisager quoi que ce soit : On verra bien.

Quand j’arrive finalement à destination pas de trace de Caitlyn, ni visuelle, ni olfactive. L’idée qu’elle puisse avoir changé d’avis me traverse l'esprit mais c’est toujours dans le plus grand des calmes, bien que sur mes gardes, que je m’adosse au grand arbre contre lequel je l’ai trouvé la dernière fois.

Une jambe pliée, pied à plat sur le tronc. Silencieux, attentif, j'attends. Conscient d'avoir sans doute l'air d'un type louche mais qu'importe.

code by bat'phanie
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 28 Avr 2019 - 15:54
Mercredi 25.11.2015
En début de soirée

Norvège

Chaque prise de conscience était suivie d’une recrudescence du déni. Comme l’effet yoyo d’un régime, ou bien simplement l’appel des bras de Morphée après une longue journée. Caitlyn avait besoin de déconnecter, d’arrêter de réfléchir. Elle n’en pouvait plus de penser à tout ce qui lui était arrivé, elle n’en pouvait plus d’imaginer tout ce qui l’attendait encore. Ça ne changerait rien à ce qu’elle était devenue, mais si ça pouvait lui permettre d’échapper ne serait ce que quelques secondes à cette spirale dans laquelle elle se sentait s’enliser, ça en valait la peine. Même si sortir du déni était comme quitter un abri chaud et sec sous une pluie battante.

Caitlyn n’avait jamais autant pleuré de sa vie. Pas quand la bande de Cassie s’en prenait à elle, pas quand les Supérieurs s’en prenaient à ses proches. Pas même quand elle avait appris le meurtre de sa famille. Aujourd’hui, tout lui revenait, lui retombait dessus alors qu’elle réalisait que c’était sa vie dont elle devait faire le deuil. Un nouveau départ, un retour à zéro dont elle ne voulait pas et qu’elle redoutait. Et elle pleurait, tous les soirs en rentrant du travail, tous les matins en se réveillant de sa nuit, toutes les fois où elle croisait quelqu’un qu’elle connaissait de Poudlard ou d’ailleurs et qui lui rappelait tout ce qu’elle avait été et qu’elle ne serait plus jamais.

Et toutes les fois où elle parlait avec Enzo. Elle ne savait pas qu’est ce qui la touchait le plus, l’inatteignabilité de l’exemple qu’il lui donnait, à gérer si bien sa condition en dépit de tout et de tous, ou la bienveillance dont il faisait preuve envers elle, à la limite de la pitié dont elle n’avait pas envie mais pourtant tant besoin. Et si en sa présence elle arrivait à retenir ses larmes de couler, bien consciente qu’elle ne donnait pas le change pour autant, elles débordaient et ruisselaient sur joues ses comme des cascades dès qu’il ne pouvait pas la voir.

Quelque part, Caitlyn sentait qu’une partie d’elle regrettait presque d’avoir fait appel à Enzo. Peut-être parce qu’elle n’avait pas envie de le déranger, ou bien parce qu’elle avait peur de le décevoir. Par pudeur, aussi, beaucoup. Et puis par crainte. Une crainte latente, de tout et de rien, pour lui et de lui, pour les autres et pour elle-même. Dans un sens ou dans l’autre, comme si tout ce qui pouvait se passer était voué à l'échec d'une manière ou d'une autre. Mais la raison avait fini par l’emporter.

Une fois de plus, Caitlyn avait quitté son campement pour Londres. Sa veste d’hiver ouverte sur son sweat à capuche, elle avait l’impression de suffoquer tellement elle avait chaud, mais Enzo lui avait conseillé de bien s’habiller alors elle l’écoutait. Elle avait pris sa dernière dose de Tue-Loup au réveil, priant comme à chaque fois pour qu’il fasse effet mais le redoutant à la fois. La boule au ventre, elle n’avait rien réussi à avaler d’autre qu’un morceau de pain au petit déjeuner, tiraillée entre la faim et la nausée. Et plus l’instant fatidique approchait, plus l’appréhension augmentait, et se mélangeait à une certaine hâte à la fois légitime et inattendue. La hâte d’en finir avec tout ça. Ou bien de commencer ?

La capitale britannique était aussi grise et vide qu’à l’accoutumée. Tête baissée, mains dans la poche centrale de son sweat, Caitlyn marchait, sans se presser mais sans trainer pour autant. Elle était calme en apparence, presque trop calme d’ailleurs, les palpitations de son cœur lui remontant jusque dans la gorge et ses poumons comme pris dans un étau qui se resserrait de plus en plus. Elle se concentrait sur la profondeur de sa respiration et sur la tension de ses muscles, malgré ses sens aux aguets. Lorsqu’elle arriva au lieu du rendez-vous, elle jeta un regard circulaire autour d’elle puis chercha l’arbre en dessous duquel elle s’était abritée de la bruine la dernière fois.

Enzo s’y trouvait (le seul, l’unique, sisi +out+), adossé contre l’écorce, capuche sur la tête. À la fois discret et imposant. Elle déglutit. L’espace d’un instant, l’envie de faire demi-tour lui traversa l’esprit une fois de plus. Elle secoua la tête, comme pour l’en chasser, continua sa route sans s’arrêter. Arrivant à quelques mètres de lui, elle releva les yeux, le salua d’un hochement de tête. Puis, réalisant qu’elle était plus distante qu’elle ne l’aurait voulu, elle s’empressa de lui faire un petit sourire.

« N’en parlons pas. »

Elle aurait pu recommencer à lui poser des questions et l’écouter lui expliquer tout ce qui allait se passer et quelle attitude adopter. Mais pour le coup, elle avait juste envie de le découvrir par elle-même une bonne fois pour toutes. Et ce n’était pas du déni. Ou presque.
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Caitlyn Louise Twain
Ptite tête boule de poils
Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 29 Avr 2019 - 12:56
Les yeux clos, les sens poussés à leur maximum, je bride volontairement ma vue pour accentuer l’efficacité et l’efficience de mes autres sens : L’ouïe et l’odorat en tête de liste, bien sûr.
Et puis elle est là. Je l’entends, je la sens, la perçois dans tout ce qui émane d’elle et décide de lui laisser le contrôle de la situation. Comment est-ce que je réagirais si elle décide de faire demi-tour ? Sincèrement, je suis partagé. Je comprends le besoin de liberté totale, l’angoisse, le besoin d’intimité aussi mais les enjeux sont tellement importants d’un autre côté.
Mes pensées s’estompent, j’ouvre finalement les yeux quand je la sens suffisamment proche de moi. Juste un hochement de tête de sa part, pas vraiment de réaction de la mienne. Cette distance je la comprends, elle me va. Nous ne sommes plus deux humains l’un face à l’autre, deux amis, mais deux loups qui ne se connaissent pas encore vraiment. Léger sourire de sa part, je laisse mon corps se détendre un peu et me désolidarise de l’arbre pour seule réponse.

« N’en parlons pas. »

Et là encore, ça me va. Je n’ai de toute façon pas envie de me lancer dans de grands discours, à vrai dire plus les minutes passent et plus la lune, ma part animale, m’appellent. Je n’ai qu’une hâte, retrouver les sensations procurées par cette deuxième peau, cet autre moi.
J’acquiesce d’un signe de tête, lui indique de me suivre et mains dans les poches amorce le chemin. Direction le Portoloin, puis un peu de Transplanage, un message à Isma pour prévenir de notre arrivée et c’est dans les bois alentours qu’on arrive. Toujours en silence je marche en fermant parfois les yeux, inspirant de grande gorgée d’air pour en tirer toutes les informations que mes sens amplifiées peuvent capter. Je l’admets, pour le moment Caitlyn n’est pas le centre de mon attention ni celui de mon intérêt. Ça n’est pas méchant, ni un manque de considération, juste les prémices d’un moment que je suis impatient d’atteindre. Mes jambes et mes bras semblent avoir qu’une envie : Laisser la place à quatre pattes puissantes pour fouler la terre et la neige d’une autre manière.

Encore quelques dizaines de mètres et c’est derrière une gigantesque grange qu’on sort de la forêt.

« L’endroit est protégé, en repartant tu n’auras plus aucun souvenir de sa localisation ni même de comment y arriver. »

Je ne lui précise pas où on se trouve exactement, dans quel pays, ça n’a de toute façon pas d’importance. On peut sentir l’odeur du feu de cheminée qui émane de la maison, cachée derrière la grange, mais c’est vers cette dernière que je nous dirige. Les créatures viennent se réfugier dedans le soir quand elles le souhaitent, c’est aussi une infirmerie pour les individus blessés et bien sûr elle est beaucoup plus grande à l’intérieur que peut le laisser penser l’extérieur. Un des avantages de la Magie.

Je m’arrête finalement face à un box ouvert.

« C’est ici que je me transforme. »

Pas besoin d’en dire plus. Oui, c’est spartiate et non je n’aime pas être enfermé mais c’est toujours mieux qu’une cage. Il n’y a de toute façon pas vraiment d’endroit idéal pour se transformer, ici les lieux ont été aménagés de manière à ce que l’humain y soit aussi à l’aise que le loup.
Encore quelques pas, une dizaine de mètres un peu plus loin, et je m’arrête à nouveau devant un autre box ouvert. La Magie irradie des deux endroit, preuve évidente des quelques sortilèges qui les protègent.

« Et voilà ton espace, si ça te va. »

Je plonge mon regard dans le sien sans ciller, sentant en moi une légère étincelle sauvage. Celui qui vibre dans mes veines par son impatience se manifeste, rôde, à la fois intrigué et territorial. Dominant, aussi, face à celle qu’il devine au travers de ces deux iris bleus. Elle aussi de plus en plus sous la surface.

« C’est pas Byzance mais pas vraiment besoin de confort pour changer de peau et le plus important est là : Des sortilèges de protection, et d’insonorisation. Tu auras l’intimité nécessaire et ensuite libre à toi de choisir d’en sortir ou non. »

L’humain reprend la totale possession des « lieux » et c’est avec pragmatisme que je lui expose tout ça. Calme, neutre, pas détendu mais tranquille. Maitre de la situation, quoi qu’il en soit.

« Je pense que j’aurais fini de changer avant toi, je t’attendrai à distance raisonnable et on avisera. D’accord ? Leiv et Isma seront là, protégés eux aussi ne t’en fais pas. Et promis à aucun moment ils ne sauront qui tu es. »

Ce secret je le garderai, elle peut me faire confiance et je pense qu’elle le sait. Eux n’insisteront pas.

« Ensuite, l’idée c’est de rejoindre la forêt. »

Pour enfin goûter à ce sentiment de liberté pure qui explose en mille sensations qu’elles soient physiques ou psychiques.

« Si tu n’as pas le contrôle, à nous trois on sera en mesure de te protéger de toi-même je te le promets ça aussi. »

Et s’il faut user de la force, alors soit. Loin de moi l’idée de lui faire du mal mais je n’hésiterai pas à user de ma supériorité physique et mon expérience pour la contenir s’il le faut. Fait plus ou moins étrange, pas une seconde je ne m’inquiète moi, de savoir si j’aurais le contrôle ou non. Ça m’apparait simplement comme une évidence et je suis très serein sur le sujet.

« Ensuite on pourra voir ce que t’as dans le ventre Twain. »

Elle est de retour, l’étincelle d’excitation, l’animalité, l’humain toujours présent mais atténué, savant mélange des deux. Clairement, c’est de la provocation, sourire sur le coin des lèvres. La situation est grave, sérieuse pour le moins, je le sais, mais qui a dit qu’on ne pouvait pas en tirer du positif ? Être Lycanthrope est pour certain une malédiction, elle en reste quoi qu’il en soit quelque chose d’irréversible alors autant l’accepter et en tirer profit.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mar 30 Avr 2019 - 11:22
Sa voix était plus rauque qu’à l’accoutumée, Caitlyn ne s’y reconnaissait pas. Son regard aussi était plus dur, plus froid peut-être. Son langage corporel dans sa totalité était plus farouche, à la fois plus réservé et plus affirmé, mélange de méfiance et de détermination. De fierté et de soumission. Elle ne savait pas sur quel pied danser. Elle ne savait pas à quoi s’attendre, n’arrivait pas à anticiper, mais n’essayait même plus. Elle assistait, découvrait, presque spectatrice de ce jeu qui était le sien, complètement captivée par tout ce qui se passait en elle. Tellement qu’elle ne percevait finalement que de manière atténuée tout ce qui ne se déroulait pas dans son propre corps. Pourtant, elle savait que si quoi que ce soit venait perturber un peu trop brusquement son mode observation, elle réagirait au quart de tour. Un mouvement un peu trop rapide ou trop ample, un bruit un peu trop fort ou trop strident, et ça suffirait pour mettre en veille les signaux de son organisme et tourner toute son attention vers l’origine de l’agitation.

Le respect, l’indulgence. Enzo s’appliquait à lui simplifier les choses au maximum. Lui laisser le choix et le temps tout en maîtrisant la situation sans perdre le contrôle une seconde, à la fois pressé et patient, dirigeant mais pas intrusif pour un sou. Il ouvrit la marche, elle lui emboita le pas, le suivant jusqu’au Portoloin puis s’accrochant à son bras alors qu’il Transplanait.

La neige, la forêt. Une nature qu’elle connaissait bien, même si elle ne savait pas où ils étaient ni où ils allaient. Pas un souffle d’air en dehors de la vapeur qui s’échappait d’entre leurs lèvres, pas un bruit ni un mouvement à l’exception des crépitements de leurs pas. De temps en temps, un cri d’oiseau retentissait entre les sapins, un remous ramenait l’effluve d’un feu de bois.

Enzo aussi était différent. Caitlyn ne saurait dire si elle l’avait déjà côtoyé à la veille d’une Pleine Lune par le passé, mais si c’était le cas, les circonstances étaient tellement différentes aujourd’hui que ça n’était pas comparable. Toujours focalisée sur ses propres ressentit, elle restait attentive à lui néanmoins, l’observant du coin de l’œil, le surveillant presque, à moitié inconsciemment et involontairement. Instinctivement. Et il en faisait de même, elle le sentait. Mieux, forcément, avec plus d’aisance et de maîtrise, de facilité. Elle savait qu’il devait penser pour deux, gérer pour deux, assumer pour deux derrière aussi probablement, porter la responsabilité. Mais alors qu’elle marchait derrière lui, elle le devinait concentré sur quelque chose d’invisible, d’insondable. Quelque chose dans l’air. Et ce quelque chose, peut-être qu’elle le discernait un peu aussi.

Mais c’était surtout son corps qu’elle écoutait. Sa température qui augmentait perceptiblement, humidifiant sa peau et y générant des frissons qui hérissaient ses poils. Ses muscles tendus, crispés, mâchoires serrées et ventre noué. Son cœur qui tantôt accélérait et tantôt ralentissait, indécis, partagé. Elle s’efforçait d’oublier la salive qui affluait dans sa bouche et la faim qui faisait gargouiller son estomac, d’ignorer la peur de ce qu’elle était et le chagrin de ce qu’elle n’était plus. Et elle respirait, dilatait ses poumons le plus lentement et le plus amplement possible, comme pour s’imprégner à la fois de toutes les fragrances suspendues autour d’elle, et de la sérénité qui régnait sur cette nature endormie.

Finalement, arrivant derrière une énorme grange, elle sortit de ses réflexions, leva les yeux vers Enzo.

« L’endroit est protégé, en repartant tu n’auras plus aucun souvenir de sa localisation ni même de comment y arriver. »

Elle hocha la tête. Elle lui faisait entièrement confiance, s’en remettait à lui sans réserves. Il poussa la porte et ils entrèrent dans un espace encore plus grand depuis l’intérieur que depuis l’extérieur. Plein de magie et d’odeurs. Elle expira, enroula ses bras autour de son ventre. Tout se concrétisait, tout allait à nouveau trop vite, elle se sentait pas bien. L’anxiété, le stress, prenaient le dessus sur tout le reste, et elle n’était soudain plus capable d’éprouver autre chose.

« C’est ici que je me transforme. »

Ils étaient arrivés devant un box ouvert et complètement vide, s’y attardant quelques instants et elle lutta contre l’envie de faire demi-tour et fuir le plus loin possible. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle empêche la pression de monter encore. Le visage fermé, elle suivit Enzo jusqu’à l’entrée d’un autre box, une dizaine de mètres plus loin.

« Et voilà ton espace, si ça te va. »

Elle aurait pu lâcher un rire sec mais amusant, rétorquer que ce n’était pas comme si elle avait le choix… elle n’en fit rien. Elle prit plusieurs minutes pour inspecter les lieux, s’imaginant par terre à se tordre de douleur sans pouvoir retenir ses hurlements… Elle n’avait pas envie. Pas ici, pas maintenant. Pas si tôt, pas si près. Elle ferma un instant les paupières, se résignant, puis se tourna vers Enzo qui plongea ses yeux dans les siens sans détours. Elle le sentait la scruter, la sonder, comme à la recherche de quelque chose. De quelqu’un, et pas de Caitlyn, ni l’actuelle ni l’ancienne. Elle soutint son regard, un frisson lui parcourut l’échine et lui donna la chair de poule.

« C’est pas Byzance mais pas vraiment besoin de confort pour changer de peau et le plus important est là : Des sortilèges de protection, et d’insonorisation. Tu auras l’intimité nécessaire et ensuite libre à toi de choisir d’en sortir ou non. »

Ce fut comme un retour à la réalité, subit et brutal. Concrétisant toujours plus cette situation qui lui nouait les trippes et lui comprimait la gorge. Toutes ces explications, tous ces détails, elle n’en avait pas envie. Elle n’en avait plus envie. Elle n’en avait jamais eu envie, pourtant elle les demandait, les accueillait… mais c’était douloureux.

« Je pense que j’aurais fini de changer avant toi, je t’attendrai à distance raisonnable et on avisera. D’accord ? Leiv et Isma seront là, protégés eux aussi ne t’en fais pas. Et promis à aucun moment ils ne sauront qui tu es. »

Un mouvement de recul qu’elle ne parvint pas à réfréner.

« Leiv et Ismaelle seront là ? »

La douleur s’accentua, l’envie de s’enfuir, la peur qui la submergeait à nouveau. Incapable de parler, elle secouait la tête frénétiquement, l’implorant presque pour qu’il revienne sur ses mots. C’était pas comme ça que c’était censé se passer. C’était pas comme ça qu’elle s’était peint la situation.

« Ensuite, l’idée c’est de rejoindre la forêt. »

Une promesse qu’elle attendait mais qui ne l’intéressait presque pas, pas alors qu’elle bloquait encore sur ce qu’impliquait la présence de Stoneheaven et de Helland. Et ce n’était pas pour son anonymat qu’elle se faisait du souci.

« Si tu n’as pas le contrôle, à nous trois on sera en mesure de te protéger de toi-même je te le promets ça aussi. »

Mais, aussi inconscient et prétentieux que ça puisse paraitre, ce n’était pas pour soi-même qu’elle avait peur. Pas en première intention, en tout cas. Bien sûr, elle avait peur des répercussions, du sentiment de culpabilité qui ne la quitterait pas… mais c’était pour eux qu’elle s’inquiétait le plus. Parce qu’elle avait bien vu l’état dans lequel elle avait laissé cet élan le mois dernier. Et elle savait qu’ils avaient des baguettes, tout comme elle savait qu’elle ne ferait pas le poids face à Enzo, mais pourquoi l’exposer à cette tentation, pourquoi lui imposer des altercations ?

« Ensuite on pourra voir ce que t’as dans le ventre Twain. »

Et il lui souriait en coin, provocateur, comme s’il ne voyait pas sa réticence, comme s’il ne la comprenait pas.

« Je n’aurai pas le contrôle, je le sais. »

Si elle s’appliquait autant à le garder, c’était bien parce qu’elle savait qu’elle pouvait facilement le perdre. Mais il n’y avait plus aucune trace de supplication dans sa voix. Ferme, résignée, elle le laissa plonger à nouveau ses yeux dans les siens et ne broncha pas. Elle était prête.

Du moins, c’était ce qu’elle croyait. Puis les premiers signaux se manifestèrent, tiraillements presque crampiformes déjà, et elle se sentit perdre toute sa contenance, non pas sous l’effet de la douleur encore très supportable mais bien par capitulation. Essayant de garder la face encore tant qu’il était là, elle lui jeta un regard, à la fois pour voir si lui aussi le sentait, et pour lui faire comprendre qu’elle oui.

« Je pense que c’est le moment. »

Le moment d’y aller et de la laisser. S’il y avait une chose qu’elle avait envie d’éviter, c’était qu’on la voie dans cet état. Dégainant sa baguette, elle lança un sort d’insonorisation, quand bien même il lui avait dit que les précautions avaient déjà été prises. Et puis elle s’installa à même le sol, s’adossant contre les murs en béton, respirant profondément. Rapidement, les crampes s’intensifièrent et elle enserra ses jambes dans ses bras, baissant la tête et fermant les yeux. Déjà, les larmes affluaient sous ses paupières et ses traits se déformaient, lèvres toujours pincées. Et bientôt, elle dut glisser ses doigts dans ses cheveux, se crisper autour de leurs racines. Un spasme lui coupa le souffle et lui arracha son premier cri. Les larmes débordèrent, roulèrent sur ses joues. Le supplice ne faisait commencer, et déjà elle avait envie que tout s’arrête.

Le temps lui parut interminable alors qu’elle se tordait de douleur, allongée par terre sur la pierre froide. Tantôt hurlant, tantôt gémissant, elle se cambrait, tendue comme un arc, ses membres écartelés, ses ongles s’enfonçant dans sa chair ou crissant sur le sol. Elle finit par entendre les craquements de ses os puis ceux de ses vêtements et elle réalisa qu’elle avait oublié de les enlever. Alors, fébrile, elle ôta sa veste, s’extirpa de ses pantalons, se débattit pour sortir de son sweat, les coutures de son t-shirt lâchant déjà tandis que son dos s’allongeait et se recouvrait d’une manière qui lui était propre. Et puis son crâne explosa et elle hurla plus fort et plus longtemps que jamais. La douleur s’estompa ensuite, peu à peu, et elle resta inerte, flasque, épuisée.

Elle resta de longues minutes ainsi, les yeux clos, sans bouger, sans presque respirer, pour ne pas raviver la douleur qui résonnait encore jusque dans ses os. Et quand elle eut repris un tant soit peu ses forces et son souffle, elle se releva, fit quelques pas hésitants, puis gagna en assurance et sortit du box. Elle s’arrêta un court instant, regarda autour d’elle, huma l’air de la grange, puis emprunta le couloir central par laquelle elle était arrivée. Son trot était léger, fluide, essayant au maximum d’éviter les secousses et les impacts sur ses membres ankylosés. Arrivant à la hauteur de la porte, elle ralentit, passa sa tête à travers, puis le reste de son corps, se retrouvant face à la nature.

Louve jeune, maigre, au pelage poivre et sel parsemé de reflets roux, le regard perçant et les sens aux aguets. Nerveuse, impatiente, mais comme méfiante, farouche. Elle inspectait les environs, à l’affût du moindre mouvement, du moindre bruit, du moindre effluve. Se familiarisant à cette immensité qui s’offrait à elle. Immensité qu’elle aurait dû rallier plus vite, elle le comprit trop tard. Déjà, une odeur alléchante, irrésistible, s’imposait à ses narines et elle se vit partir dans sa direction. Dans son champ de vision, deux silhouettes qui se détachaient de la neige au loin.

Elle aurait voulu les rejoindre de quelques bonds puissants, mais elle se brida, et franchit les derniers mètres d’un pas mesuré avant de s’arrêter sans pour autant se détendre, les lèvres retroussées en s’efforçant de ne pas montrer les crocs, un grondement sourd vibrant dans le fond de sa gorge.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Jeu 2 Mai 2019 - 22:52
« Je n’aurai pas le contrôle, je le sais. »

Résignée, peut-être mais déterminée. L'atmosphère devient électrique, nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d'onde mais ça ne m'inquiète pas pour la suite. Excès de confiance ? Assurance démesurée ? Je mets les pieds dans quelque chose que je maitrise contrairement à elle, j'ai déjà envisagé toutes les options, j'agirais et réagirais en conséquence peu importe ce qu'il se passe. En attendant, l'humain laisse déjà la place à la bête. Sciemment.

Pour elle, c'est différent.

Je le vois, je le perçois. Nul besoin des yeux pour distinguer tout ce qui émane d'elle. Entre tension et angoisse, sans doute un peu de colère, mais surtout l'esprit et le corps qui commencent déjà leur course vers l'autre. J'en ressens moi aussi les prémices depuis de longues heures, familiarisé, je laisse venir comme un boa qui s'enroulerait autour de mes muscles et mes os dans le seul et unique but de les broyer si fort qu'ils explosent le moment venu. La douleur je ne la redoute plus depuis des lunes, je l'embrasse même si elle me terrasse. Et l'autre, je l'attends.

Pour elle, c'est différent.

« Je pense que c’est le moment. »

Juste un signe de tête et je me détourne sans un regard de plus. Pas d'attention particulière, pas maintenant. Parce que je ne suis pas dans cet état d'esprit et qu'elle ne l'est pas non plus. Loup n'est pas aussi protecteur, prévenant, que peut l'être Enzo. Il est plus dur, plus détaché. Je. Cette autre partie de moi.
Mon cœur bat sourdement dans ma poitrine, je le perçois dans mes tempes, le regard braqué droit devant moi alors qu'à l'extérieur l'obscurité s'invite de plus en plus. L'impatience se déplace comme une nuée d'insecte à l'intérieur de moi. Homme d'apparence, Animal jusque dans le regard à présent. Je reste un instant immobile, yeux clos, au milieu de l'allée. Les sens poussés à l'extrême, j'étends leur capacité aussi loin que je le peux. Là, un rongeur qui se déplace. Ici, un oiseau de proie nocturne qui suinte. Je perçois les battements de coeur de chaque créature imposante dans un rayon de plusieurs dizaines de mètres. Abraxans, hippogriffes, Sombrals.
La première crampe se manifeste et je ne bouge pas, me contente de serrer les dents pour étouffer le gémissement de douleur qui essaie de m'échapper. Elle, a déjà quitté mon esprit. Juste là, à quelques mètres, enfermée, isolée … Plus rien ni personne n'existe pour moi en cette seconde. Je l'imagine déjà en train de se tordre de douleur sur le sol, j'ai encore la force de tenir debout et tenter le diable en le regardant droit dans les yeux. Repousser mes limites. Rester debout le plus longtemps possible. Nouvelle crampe, plus violente. Un sourire qui pourrait sembler malsain sur les lèvres. Je ne suis pas masochiste, loin de là, je retrouve simplement des sensations qui m'ont longtemps terrorisés à nouveau, d'un autre regard. Je les contrôle, les apprivoise.

Inconscient ? Pas une seule seconde. Quand je sens le point de non retour atteint je m'enferme finalement, m'écroule à genoux la seconde suivante. Mes paumes rencontrent le sol elle aussi, mon dos s'arque, ma colonne vertébrale semble éclater sous les assauts de la transformation et un hurlement de douleur me déchire la gorge. Ce refrain, je le connais par cœur. Un a un je retire finalement mes vêtements, ma montre et ma chaine. Juste à temps pour voir ma peau se recouvrir d'un épais pelage noir. Mes os se brisent, je rencontre le sol et m'abandonne. Cette souffrance est comme une renaissance, une libération.

#

Puissance. De la pointe des oreilles jusqu'au bout des griffes. Je n'ai pas côtoyé ce sentiment depuis ce qui me semble être une éternité. Cette union parfaite entre la conscience humaine, la bestialité libératrice et la puissance de l'animal. Une vingtaine de minutes pour changer du tout au tout. La Magie qui occupe les lieux me libère, c'est d'un pas lourd mais lent que je retrouve le couloir et dehors déjà les rayons de la lune viennent faire vibrer tout mon être. La forêt explose en milliers d'odeurs et de bruits dans mes perceptions et je n'ai qu'une hâte : Courir. Traquer. Laisser entièrement la place à mes pulsions les plus animales. Alors je mes pas accélèrent, puis je me souviens.
Je me souviens d'elle, de sa présence. La louve … Caitlyn. L'humain s'interroge, se demande de quelle couleur elle peut être, quelle est sa taille, sa forme … Loup s'en moque, ce ne sont que des détails. Il sait avoir un rôle à jouer mais pour l'heure, il n'aspire qu'à retrouver sa liberté et agacé, se sent légèrement bridé. Un grondement sourd prend forme dans ma gorge, je secoue la tête pour remettre un peu d'ordre dans mes esprits.

Pour qu'on s'accorde.

Sans surprise, le box où elle se trouve est encore fermé. Les premières transformations sont très longues, c'est seulement sa seconde … Tout ça peut prendre une heure comme plus … Première étape, prévenir Leiv et Ismaelle. Un puissant hurlement gorgé monte vers le ciel quand mes deux pattes avant dans la neige, griffes enfoncées dans la terre, je donne le signal.
Et ils ne tardent pas. Les deux bipèdes sortent de la maison, prudents, baguettes en main. Je laisse l'animalité et mes instincts les plus sauvage refluer légèrement vers l'intérieur, juste de quoi leur laisser transparaitre que je ne suis pas un danger, que c'est bien l'humain qui a le contrôle. Et pour accentuer cet état d'esprit, ce message silencieux, je contiens mon envie de m'élancer à pleine vitesse vers l'obscurité argentée de la forêt pour m'assoir à l'entrée de la grange.

#

Tic tac. L'impatience me guète, j'ai beau me tempérer au maximum le besoin d'épouser totalement à nouveau mes instincts se manifeste. Pourtant je le sais, je dois les brider. Ici, avec eux, puis plus tard, avec elle. Qu'elle soit entièrement louve, ou légèrement humaine sous la surface. Je ne veux pas lui faire du mal mais je n'hésiterais pas s'il le faut, pour autant, c'est à moi de faire mon possible pour ne pas la mettre dans une situation où elle se sentira en danger. Donc sur la défensive. Et un loup qui a peur, bien souvent, attaque. Je fais les cent pas, communique comme je peux avec Leiv et Ismaelle, m'éloigne parfois pour faire le tour du périmètre en laissant le Loup prendre un peu plus de place pour ne pas trop le frustrer. Me frustrer.
Mais bientôt c'est tout mon être qui se fige. Quelque chose change dans l'atmosphère, comme une vibration, et je comprends. Il est là cet autre cœur qui bat, cette odeur à la fois familière mais différente … C'est comme si je n'avais pas besoin de la voir pour réellement la visualiser. Mes autres sens l'appréhende déjà, font connaissance avec elle. Tapis dans l'ombre j'attends. Me montrer trop tôt serait une erreur, je peux le deviner, mais jamais je ne quitte des yeux les deux humains. Ils sont sous ma protection, si elle tente quoi que ce soit je serais sur elle avant même qu'elle ne m'ait vu, entendu ou même senti venir. Mes perceptions ont l'expérience des années qu'elle n'a pas, je peux ressentir sa méfiance, sa peur, puis enfin elle se dessine. Grande, fine, élancée pour ne pas dire maigre. D'un gris parsemé de roux et de teinte plus sombre. Je l'observe, épie chacune de ses réactions jusqu'au mouvement de ses oreilles, le moindre frisson qui fait vibrer son pelage. Ses premiers pas vers nos hôtes, je les étudie avec encore plus de soin. Qui de l'humaine ou de la louve est aux commandes ? Probablement les deux, à vrai dire.

Juste quelques mètres, ses crocs presque dévoilés, un grondement sourd qui prend naissance dans sa gorge et je m'interpose. Mon pas est lent, mesuré, assuré. Les crocs dévoilés je grogne, signe d'avertissement, avant de poster entre elle et eux. Ne touche pas à mes humains. Voilà le message. Si tu leur fais du mal, je serais obligé de t'en empêcher et je n'en ai pas envie. Je m'assoie finalement. Rester debout, pourquoi pas. Me coucher ? Non. Elle pourrait l'interpréter comme un signe annonciateur d'une attaque. De mon corps je fais barrage, en cas de besoin, mais tache de me montrer le moins imposant possible. Le cœur d'Ismaelle bat à tout rompre, celui des Leiv est bien plus mesuré, c'est elle qui prend la parole.

« On va simplement t'entourer de quelques sortilèges. Protection. Localisation. Ensuite, on s'en ira. D'accord ? »

Est ce qu'elle la comprend ? Je le crois. J'imagine qu'on ne tardera pas à le savoir.
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Enzo S. Ryans
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Dim 5 Mai 2019 - 0:11
Les résidus de la douleur étaient loin quand la faim était si mordante, la soif si ardente. Louve se savait affaiblie, fragile quelque part, mais cette odeur alléchante, envoûtante, cette fragrance plus intense que toutes celles qui émanaient des environs, était la promesse de retrouver un peu de forces et de rassasier sa faim, étancher sa soif. Les proies étaient proches, elle pouvait sentir la chaleur qu’ils dégageaient, entendre leurs cœurs qui battaient. Elle savait qu’ils l’avaient vue, mais ça n’avait pas la moindre importance : c’était trop tard pour y changer quoi que ce soit de toute manière, et ce n’était pas ça qui lui ferait changer d’avis ni regretter. Oui, c’était la force du désespoir. Le ventre troué et le gosier aride, ils pouvaient se défendre et la blesser autant qu’ils le voulaient, ça en valait le coup.

Mais c'était sans compter cette trace de conscience, là, dans un coin de son esprit, qui tenait les rennes et tirait dessus. Et Louve renâclait, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, les narines dilatées et les lèvres retroussées, un grondement rauque bouillonnant dans le fond de sa gorge. Son corps entier livrait combat, muscles crispés et poils hérissés, à cette conscience qui le bridait, qui l’empêchait de répondre à ses besoins et la rendait plus vulnérable.

Et puis il y eut cette autre odeur, ce bruit de la neige qui crépitait sous des pas puissants, cet autre rythme cardiaque et cette autre température corporelle. Le pelage noir, la carrure imposante, le regard dur et les crocs saillants, et finalement un grondement sorti du tréfond de ses entrailles, faisant écho au sien, mais plus menaçant, comme une mise en garde. Et Louve lâcha un aboiement rauque et claqua des mâchoires, avant de s’enfermer dans le silence. Agacée. Frustrée. Elle le vit qui s’asseyait, tranquille, confiant, et plongea ses yeux dans les siens, le défiant du regard, sans tenter quoi que ce soit, simplement pour lui montrer qu’elle n’appréciait le message mais qu’elle l’avait compris. En tout cas pour l’instant.

« On va simplement t'entourer de quelques sortilèges. Protection. Localisation. Ensuite, on s'en ira. D'accord ? »

L’Humaine avait parlé, puis levé sa baguette, et Louve se tourna vers elle pour la fixer à son tour. Elle n’était pas sûre de comprendre, ni même de vouloir comprendre. C’était quoi cette mise en scène ? Un appât, des limites… Un jeu pour la provoquer ? Un piège pour la neutraliser ? Son petit cœur battait à toute vitesse, sa main frêle tremblait légèrement, Louve sentait la peur ou du moins l’émotion qui émanait d’elle ainsi que de son partenaire dans une moindre mesure. Ils n’étaient pas à l’aise. Ils ne savaient pas comment se comporter ni quoi espérer. Et Louve n’allait certainement pas s’abstenir d’en profiter. Alors, montrant à nouveau les crocs, elle émit un grognement mauvais, hostile. Intentionnellement. Maigre satisfaction par rapport à celle qu’elle aurait éprouvée en écoutant ses pulsions, certes, mais satisfaction malgré tout. En tout cas pour l’instant.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mar 7 Mai 2019 - 22:40
Mélange de peur et d’agacement, voilà ce qui émane d’elle. Une bombe à retardement, un élément instable, et mon esprit qui se cantonne dans une sorte de froideur. A l’affut de la moindre réaction. Qu’elle me grogne dessus, qu’elle gronde, claque des mâchoires, me défit du regard, menace, peu m’importe, ça n’est pas pour moi que je m’inquiète. Je ne la toise pas, reste neutre, conscient de sa situation et de sa difficulté. J’ai été à sa place, j’ai ressenti tout ce qu’elle doit ressentir actuellement.
Nul besoin de regarder Ismaelle pour savoir ce qu’il se passe. Je sais qu’elle regarde la louve face à elle et attend une réaction de sa part avant de faire quoi que ce soit. Je sais aussi que Leiv, bien que stoïque, est prêt à intervenir pour défendre sa femme – et moi, si besoin, tout en préservant au maximum l’être humain tapis sous cette peau animale et ce pelage gris.

Et cet animal, il n’a pas l’intention de se laisser faire.

Je le perçois avant même qu’elle n’ait eu la moindre réaction. Statue sombre, attentive, plus solide et en contrôle que je ne l’ai été depuis des mois. Elle a peur et je le comprends, elle se méfie et compte bien le montrer je l’entends parfaitement, mais il y a des choses qu’elle doit comprendre. Que ça lui plaise ou non. Pour le bien de tous, le sien inclus.
Le claquement de mâchoires, l’aboiement, étaient déjà des signes annonciateurs, mais j’ai gardé mon calme. Ces crocs à découvert, ce grognement mauvais, c’est un pas de plus vers une réaction de ma part. Oreilles plaquées en arrière contre le crane, je me redresse, le poil gonflé sur l’échine, queue haute, crocs dévoilés à mon tour. Le grognement rauque mais lent qui s’échappe de ma gorge vaut bien plus que n’importe quel mot et qu’elle soit femme ou louve, elle en comprendra la signification.
Tu veux ta liberté, je n'attends que la mienne. Tu ne veux pas qu'on te mette en cage, qu'on t'impose quoi que ce soit, alors on est sur la même longueur d'onde. Mais dévoile tes crocs de cette façon et menace encore une fois cette femme, je n'hésiterais pas une seule seconde à te remettre à ta place. Voilà ce que veut dire cette attitude, je sais qu'elle ne connait sans doute pas encore totalement les codes mais l'instinct fera ce qu'il faut pour palier à ses lacunes. Un jour elle en sera au même stade que moi, que d'autres, aujourd'hui ça n'est pas le cas et aussi frustrant que ça puisse être c'est comme ça.

Inéluctable.

Alors nous y voilà, à la croisée des chemins. J'envisage différente options : L'attaque ou la fuite. Qu'importe celle qu'elle choisira, je ne la lâcherai pas d'une semelle. La soumission ? Elle n'est déjà pas de celles-là sous son autre forme, j'ai rapidement compris que sa part animale ne pencherait pas de ce côté là non plus et ça n'a pas la moindre importance en ce qui me concerne. Je ne me considère pas au dessus d'elle, il n'y a pas de question d'Alpha, simplement j'ai plus d'expérience qu'elle et ne ressent pas le moindre problème à m'imposer comme étant le loup le plus expérimenté et le plus fort ici. Pour des raisons évidentes.
Maintenant vas-y, c'est ta décision quelle qu'elle soit mais tu devras me passer sur le corps si tu espères les atteindre et crois moi, aucun de nous n'a envie de ça ici.

Personne ne touche à ma famille. Si mes crocs doivent pénétrer ta peau pour que tu le comprennes saches qu'il n'y aura aucune hésitation de ma part.
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Dim 12 Mai 2019 - 18:23
Non. Voilà ce qu’il signifiait, ce grognement sourd qui faisait vibrer l’air alors que Louve plantait ses yeux dans ceux de la femme. Non elle n’était pas d’accord, non ces humains n’auraient pas son consentement. Elle ne devait pas les toucher, elle ne voulait pas les toucher, mais ils ne la toucheraient pas non plus, en tout cas pas avec sa permission. Aussi capricieux et puéril que ce soit. Surtout qu’en réalité, ça ne l’était pas, ou du moins pas que. La frustration, l’agacement, mais aussi la crainte, la méfiance… Elle ne se sentait pas libre, et elle ne se sentait pas en sécurité. Alors elle faisait tout pour inverser la situation, pour reprendre le contrôle, ne serait-ce qu’en apparence. En vain.

L’autre Loup se redressa, la surplombant de sa carrure et surtout de son aura, les oreilles plaquées en arrière et le poil gonflé sur son échine, imposant, menaçant, le regard dur et froid et les crocs dévoilés. Louve se rétracta légèrement, sans baisser sa garde et sans jamais le quitter des yeux, attentive au moindre de ses mouvements, aux aguets du moindre signal de sa part. Elle n’était rien face à lui. Il laissa échapper grondement mauvais, et elle avorta le sien, retenant son souffle. Son cœur battait la chamade.

Elle n’avait pas envie de ça. Elle n’avait jamais eu envie de ça. D’attaquer ni de devoir se défendre, de perdre ni même de gagner… Elle ne voulait pas se mesurer à lui. Elle voulait juste se dérober à toutes ces limites qu’elle sentait se resserrer autour d’elle, physiques et mentales, ces brides autour de son esprit, ces menaces autour de son corps. Et la seule issue qu’elle voyait était la fuite. Mais c’était leur faute à eux, à tous les trois, ils l’avaient attendue là comme pour lui tendre un guet-apens, c’était à eux de partir ! Alors elle lâcha un dernier petit feulement irrité puis se détourna et s’éloigna en direction de la forêt sans un regard de plus.

Ses pattes puissantes foulaient le sol enneigé, les arbres défilaient à toute vitesse dans son champ de vision, le vent froid lui fouettait la face et lui brûlait la gorge. Louve essayait de se focaliser sur sa course, de ravaler la rancœur, d’oublier la frustration. L’odeur qui lui avait paru si irrésistible se dissipa peu à peu, laissant sa place à celles de la forêt et de la nuit, mais l’agacement restait, elle le sentait qui la prenait à la gorge et faisait bouillonner son sang. Et, bientôt, elle réalisa qu’elle n’était pas seule.

S’arrêtant brusquement, ses pattes arrière dérapèrent alors qu’elle faisait volte-face, soulevant un petit nuage de neige, et Louve se mit sur la défensive. C’était lui - Loup. Encore. Et elle avait beau savoir, quelque part au fond d'elle, qu'il ne pensait pas forcément à mal, elle restait méfiante. Qu'est ce qu'il lui voulait ? Pourquoi il la suivait ? À quoi il jouait ? Elle aurait voulu montrer les crocs, mais un instinct étrange l'en empêchait, comme si elle sentait que ce n'était pas le moment. Alors, l'observant sans un bruit, le scutant, elle resta d'abord immobile quelques instants puis fit quelques pas de côté, s’appliquant à laisser une distance respectable entre eux.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 15 Mai 2019 - 23:24
Garde ton calme, mets-toi à sa place. C’est ce que j’essaie de me dire, bridant mes instincts les plus sauvages pour ne pas la mettre dans une situation plus délicate qu’elle ne l’est déjà. Ici la cage n’est pas matérialisée et même si je m’agace un peu de ses réactions je peux les comprendre : Elle doit se sentir prise au piège.
Alors je tempère, reste stoïque sans pour autant changer quoi que ce soit dans ma stature ni dans le message que je fais passer avec. Loup se régale un peu de la voir se tasser sur elle-même je ne le nierai pas, je le tempère lui aussi ou plutôt ce côté de moi habitué à avoir – en général, on passera sur certains évènements – le dessus sous cette forme. Grand, imposant, noir comme la nuit, j'impressionne, le sais et aime parfois en jouer c'est un fait. Mais je sais faire la part des choses et si l'espace d'un instant j'ai pu craindre de mes réactions je constate sans trop de surprise, simplement parce que j'ai écouté mon instinct, que je suis en total contrôle de la situation et surtout de moi-même.

Le reste, ça dépendra d'elle.

De prime abord, j'aurai tendance à me dire qu'elle comprend. Non elle n'aura pas le dessus et une tentative d'attaque serait un risque pour elle. Risque qu'elle semble mesurer, puis décide d'abandonner. Quand elle se détourne sans un regard, s'éloigne en nous tournant le dos à tous, le loup en moi prend ça pour un affront mais là encore je le tempère.
Mon regard posé sur cette silhouette je suis partagé entre l'humain et l'animal, entre celui qui ressent de la compassion et l'autre, appelé par l'instinct. Celui qui s'inquiète, se sent concerné, et l'être qui de manière générale ne pense qu'à lui. Je ne sais pas tellement comment la considérer … elle est mon amie sous forme humaine, pour l'instant même si Loup la reconnaît comme une semblable aucun réel lien n'est créé. Et peut-être que ça ne sera jamais le cas.

« Enzo ? »

Et dans tout ça j'en avais presque oublié la présence des humains derrière moi. Pourtant jamais leur deux battements de cœur ne sont sortis de mes perceptions. Je cligne des yeux pour revenir sur terre et tourne la tête vers Ismaelle. Elle me regarde, me questionne, sur la marche à suivre. Sa baguette dans la main, le bras légèrement tendu vers la louve qui continue de s'éloigner elle me demande mon avis. Et mon accord je crois. Chose que je lui donne en acquiesçant d'un signe de tête et sans la moindre trace d'hésitation deux sortilèges fendent l'atmosphère pour venir entourer celle qui s'éloigne, sans la moindre trace de douleur ni même d'agression.

Maintenant je la sais protégée, tout comme les autres le sont.

« Fais attention à toi. »

Je l'entends mais ne me retourne pas, désormais moi aussi élancé, soumis à cet appel transcendantal qu'est celui de la nuit, de la lune … de la liberté. Le moindre son, la moindre odeur, le moindre mouvement rien ne m'échappe. Ici un cœur qui bat, là la fragrance de la peur, le hululement d'une chouette et sa danse silencieuse entre les troncs, la neige qui craque et fond sous ses pattes puissantes que sont les miennes … Dans ma cage thoracique mon propre cœur cogne avec violence et le froid, je ne le ressens pas. Je ne la vois pas mais je la sens, je la ressens, et puis ses traces dans la neige sont un piège à elles toute seule. Elle est rapide, relativement agile sur ses pattes pour une louve si jeune, la course m'enivre et je me laisse prendre au jeu jusqu'à accélérer et la rattraper sans trop de mal.

Et elle me perçoit.

Arrêt brutal, volte face, mes foulées se transforment en trot, puis en pas, jusqu'à l'arrêt à mon tour. Les oreilles bien droites sur le sommet du crane, la queue dans le prolongement du dos, je n'ai plus les poils hérissés ni ne me montre menaçant. Plus d'humain à protéger, plus besoin. Je ressens sa méfiance et reste immobile, je crois que Loup oscille entre l'envie de jouer et celle de lui montrer qui est le plus fort mais la curiosité le pousse à se montrer conciliant, tranquille. Un seul maitre à bord, il en a conscience. Quelques pas de côté, une distance accentuée, mes yeux auscultent son corps dans son entièreté. Connais ton ennemi ? Non. Ça n'est pas ce qu'elle est, mais il est intéressant de savoir face à qui on se trouve. Moins lourde, probablement plus agile à terme, elle est sans doute plus rapide. J'ai de mon côté la force, l'endurance et l'expérience. Celle de la nuit, des sens, celle de cette deuxième peau revêtue une à deux fois par mois en fonction du calendrier lunaire.

On s'observe un moment, sans se toiser, presque comme des présentations silencieuses. Je sais qui je suis dans mon entièreté, dans ma dualité. Elle ne sait pas qui elle est au delà de cette petite louve non pas fragile mais hésitante.
Et puis ça me prend comme ça, sans prévenir, les oreilles couchées en arrière, le museau vers le ciel, un profond et long hurlement gorgé s'évade dans la nuit entouré par une volute de brume elle-même chassée par un souffle de vent parsemé de neige. Ce hurlement je m'y abandonne totalement, j'exprime tout ce que je suis, tout ce que je ressens et perçois. Est ce qu'elle s'y joindra ? Peut-être. Pour moi il est aussi ce qui marque le début de la traque et c'est sans attendre que je m'élance à nouveau. Elle me suivra si elle le veut, vaquera de son côté si c'est ce qu'elle souhaite. Mes pas lourds frappent le sol et le fond trembler, mes muscles roulent sur ma peau et mes sens sont désormais focalisés sur une seule et même chose. D'abord, courir. Rien que pour le plaisir. Ensuite, chercher. Traquer. Chasser. Tuer, si l'humeur et la faim me le dictent. La chaine alimentaire, simplement. Les kilomètres ne cessent de défiler et la fatigue ne semble pas m'atteindre, je me laisse complètement envahir par cette seconde nature, lâche prise, quitte l'humain pour n'être qu'animal ou presque et enfin ce sentiment aussi puissant qu'enivrant de liberté me fait trembler de la tête jusqu'au bout des pattes. Je slalome entre les arbres, accélère, ignore un renard mécontent, un lynx qui l'est tout autant, focalisé désormais sur ce fumet familier.

Proie.

L'instinct me pousserait vers l'Homme, l'espace d'un instant je ressens cette envie de chercher une certaine petite cabane au beau milieu des forêts pas loin du Fjord mais m'abstiens. L'humain y a des souvenirs forts, le loup le sent et une part de lui réclame cette autre moitié. Cette présence. Plus tard. Nouvelle accélération et l'odeur se fait de plus en plus forte. Nouveau hurlement et c'est la panique que je sème. Qu'importe si je perds tant que le plaisir de la traque est poussé à l'extrême. Je veux la débandade et le chaos, je veux le challenge et contrairement à une meute de loups qui chasse pour survivre compte bien trouver l'élément le plus fort, le plus solide, celui qui rusera et durera le plus longtemps avec sa fierté.
Ils sont là, au fond de cette clairière, une vingtaine, peut-être un peu plus. Quelques grands mâles, coiffés de leur bois immenses, arme létale, entourés de plus jeunes, puis quelques biches. La harde s'éclate, déjà les plus âgés tente de pousser les plus jeunes pour que le prédateur les suivent mais ça ne prendra pas. Instinct animal, conscience humaine, ils ne peuvent rien contre cette combinaison et mon dévolu c'est sur celui là que je le jette. Ni trop vieux, ni trop jeune, la force de l'âge, un cerf qui dès l'automne prochain pour prétendre à une belle place de brame s'il vit jusque là. Au fond de moi, c'est tout le mal que je lui souhaite, Loup grogne à cette idée.

La traque commence, elle peut durer des heures. Et la petite louve ? Elle m'était sortie de l'esprit, puis revient flirter avec ses contours. Chasser à deux, je ne l'ai que très rarement expérimenté.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 2 Juin 2019 - 13:46
Louve n’était pas en train d’essayer de fuir. Fuir impliquait qu’elle puisse être poursuivie, ce qui n’était pas le cas, ou du moins ce n’était pas là-dessus qu’était focalisé son esprit. Non, elle courait pour courir, comptait ne s’arrêter que quand elle le voudrait, et quelque part oui elle voulait être seule et surtout libre, mais l’éventualité d’une présence sur ses pas ne lui était pas venue à l’idée, comme si elle avait oublié les interactions qu’elle venait d’avoir. Pourtant, elle finit par la percevoir, cette présence derrière elle, cette vibration du sol à chaque pas qui n’était pas le sien, cette vibration de l’air également à chaque battement de cœur et à chaque souffle qui n’étaient pas les siens non plus, et surtout cette odeur qu’elle reconnut sans peine. Et lorsqu’elle s’arrêta, ses pattes arrière dérapant dans la neige avec une certaine maladresse alors qu’elle se retournait d’un bond, elle se retrouva à nouveau face à face avec ce Loup.

La situation était différente. Aucun réel danger, aucun élément perturbateur, le Loup avait l’air moins menaçant, même s’il restait imposant. Ses yeux jaunes, ses mâchoires puissantes, ses épaules larges et son pelage de jais, il était tout aussi calme que précédemment mais moins prompt à vouloir la remettre à sa place. Pourtant, Louve restait méfiante, ne savait pas à quoi s’attendre, sur quel pied danser avec lui. Elle entreprit de le contourner lentement, sans le quitter du regard. Une certaine curiosité derrière la méfiance. Qui était-il ? Qui serait-il ? Quelque part, dans une autre vie, c’était comme si elle le connaissait. Oui, comme si elle l’avait déjà vu, déjà rencontré, mais qu’elle n’arrivait pas à se souvenir. La seule chose qu’elle savait, qu’elle sentait, c’était qu’il n’y avait pas de différend entre eux, et qu’ils avaient tout à construire. Ou pas.

Alors qu’elle analysait la situation, le scrutant en prenant soin à ne pas le provoquer, il y eut soudain un changement infime dans l’atmosphère, et elle le vit qui arquait la nuque, prenait une profonde inspiration. Puis un hurlement retentit, brisant le silence de la nuit. Un hurlement clair mais guttural et puissant, et elle l’écouta un instant, comme pour l’associer à l’animal, un long frisson lui dressant le poil sur l’échine. Et, instinctivement, elle ferma les yeux et se cambra à son tour, se joignant à lui dans ce chant nocturne, y rajoutant son timbre, ses tonalités. En cet instant, plus rien d’autre n’avait d’importance que leurs deux cœurs qui battaient et leurs deux âmes qui s’évadaient vers le ciel.

Mais d’un coup, il mit fin à son ode à la Lune, et elle le perçut qui se crispait légèrement, concentré, déterminé, puis le vit s’élancer et de quelques bonds puissants disparaître dans la nuit. La laissant là, seule, avec un étrange sentiment d’abandon et surtout d’incompréhension. Ce qu’il faisait était plutôt clair, mais elle, que devait-elle faire ? Sur le moment, elle fut tentée de le suivre, de l’imiter sans réfléchir comme un cadet copie ses ainés et cherche à leur ressembler. Mais elle n’en fit rien, prit encore quelques temps pour s’orienter, retrouver sa contenance. Et alors, elle sentit un nouvel instinct se développer en elle. La faim. Une faim teintée d’une certaine colère et surtout d’une certaine hâte. Oui, au fond d’elle, elle savait ce qu’elle voulait, et n’avait besoin de personne pour ça.

Elle huma l’air, inspira profondément pour s’imprégner de toutes les odeurs dont regorgeait la forêt. Celles des deux humains planaient encore dans l’air, et elle fut tentée de s’élancer dans leur direction, revenir sur ses pas pour rejoindre l’habitation. Elle s’ébroua, souffla comme pour se défaire de cet effluve grisant, se fit violence pour partir dans le sens opposé, une nouvelle vague de frustration la submergeant. Et puis soudain, une fragrance nouvelle parvint à ses narines, et elle sentit ses pupilles se dilater, l’eau lui monter à la bouche. C’était un espoir, comme une promesse de voir finalement ses envies étanchées. Sans rien ni personne pour l’en empêcher cette fois.

C’était elle et sa proie. Un renard, qui ne tarda pas à la percevoir, et se mit à courir, espérant lui échapper. Il était rapide, agile, et surtout petit, se zigzagant entre les troncs et se faufilant sous les branches sans difficulté. Tout pour attiser sa colère et sa détermination. Sa soif de gagner. Elle était peut-être plus maladroite et plus grande que lui, elle n’était pas beaucoup plus lourde ni beaucoup moins rapide, et surtout, elle avait plus de force, de puissance. Et elle ne comptait pas le laisser lui échapper. Finalement, les arbres se firent moins denses, et alors elle sut que c’était le moment ou jamais.

Forçant davantage encore sur ses pattes, elle accéléra, réduisit la distance qui la séparaient de sa proie, puis referma ses mâchoires sur sa queue et le tira vers l’arrière, l’envoyant contre un arbre. Il eut un couinement plaintif, se releva mais déjà Louve se dressait face à lui et avant qu’il n’eut pu ne serait-ce qu’esquisser un mouvement pour esquiver, elle plantait ses crocs dans son épaule. Une vive douleur à l’oreille, et elle enfonça ses canines un peu plus loin encore, puis sentit les muscles de l’animal se relâcher, son corps s’écrouler. Déjà, le sang coulait dans sa bouche et elle extirpa ses crocs puis entreprit de le dépecer, un grognement de plaisir résonnant au fond de sa gorge.

Oui, c’était elle et sa proie. Son butin. Sa récompense. Plus rien d’autre n’avait d’importance, plus rien d’autre n’existait. Les humains, l’autre Loup, la Pleine Lune… Tout lui était sorti de sa tête, ne restait plus que le goût métallique du sang, la tendreté de la viande, et la victoire.

Jusqu’à ce que d’un coup, ses intestins ne se tordent dans son ventre, comme pris d’une crampe, lui coupant le souffle. Elle se tendit, se crispa, finalement la crampe céda et elle s’empressa d’arracher un nouveau morceau de chair pour l’avaler comme si ça pouvait la reconnecter avec le moment présent. Mais c’était trop tard, son esprit était déjà loin, repensant à cette douleur aigue qu’elle venait de ressentir. Elle ne comprenait pas. Ne voulait pas comprendre. Mais bientôt, elle n’et plus le choix. Une nouvelle salve de crampes la prit aux tripes et elle glapit, s’éloigna à reculons, se replia sur elle-même, recrachant le liquide visqueux et lâchant un geignement.

Geignement qui se transforma en hurlement alors que la douleur déplaçait dans ses muscles et dans ses os, puis ses pattes se dérobèrent sous elle et elle s’enfonça dans la neige. Elle se tortilla, se débattit, claquant des dents comme pour se défendre contre un ennemi invisible qui la broyait de l’intérieur. Les tendons qui s’étirent, les ligaments qui lâchent, la peau qui se rétracte. Les articulations qui se luxent et les os qui craquent, enfin, le squelette entier se remodelant.

Et Caitlyn hurlait. Oui, à nouveau Caitlyn, qui réalisait qu’elle avait complètement perdu la notion du temps ainsi que celle du soi, entièrement Louve, mais qu’elle était en train de redevenir humaine en pleine forêt. Mais c’était trop tard pour chercher à rejoindre le box dans lequel elle aurait dû retourner pour changer. Elle ne cherchait même pas à retenir ces cris de douleurs qui lui lacéraient les cordes vocales et lui vrillaient les tympans, ni ces larmes qui lui collaient les yeux et lui inondaient les joues. Elle avait l’impression d’exploser. Elle avait juste envie que tout s’arrête.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 3 Juin 2019 - 17:05
Pas de petite louve. L’humain garde une part d’inquiétude, le loup a vite fait de passer à autre chose pour profiter à 100% de cette liberté tant attendue. Elle ne veut pas jouer ? Tant pis. L’esprit complètement focalisé sur la traque j’en oublie cette notion abstraite que devient le temps, pleinement confiant sur le fait d’être alerté par mon instinct et mon horloge biologique quand il le faudra. Alors je m’oublie, je deviens Bête et laisse l’Homme dans un coin, me libérant de toutes ces entraves liées à l’humanité elle-même.

Jusqu’à percevoir comme une sorte de hurlement dans le lointain.

J’ai décidé de ne pas tuer cette nuit, sans trop savoir pourquoi. L’instinct est là, la traque est jouissive, mais pas de mise à mort. Mon corps me le reprochera dès l’instant où viendra l’heure de la transformation inverse mais je suis prêt à l’affronter.
Mes pattes foulent la neige tranquillement quand je perçois ce bruit qui alerte mes sens. C’est lointain, ça n’est pas un hurlement de loup. Les oreilles dressées sur le sommet du crâne j’essaie de capter au mieux ces sons pour les situer, puis les suivre. Le museau légèrement relevé je hume l’air pour tenter de capter d’autres indices, rien de très flagrant pour l’instant mais j’ai le vent dans le dos. Curiosité ou inquiétude, sans doute un peu des deux, je m’élance. Je retrouve sur mon chemin la harde de cerfs et biches malmenée un peu plus tôt mais ils semblent comprendre que mon objectif est tout autre à présent et ne bougent pas, se contente de me regarder passer avec attention. D’abord un petit trop, puis un puissant galop quand je comprends d’où viennent ces sons que j’identifie désormais parfaitement.

Une petite voix dans ma tête me souffle que je n’aurai pas dû la laisser seule, une deuxième me confirme que j’ai pris la bonne décision.

Lorsque je la retrouve elle a déjà retrouvé une partie de son apparence humaine mais douleur qui imprime ses traits me pousse à lâcher un couinement. Ma Transformation n’a pas encore commencée, je n’en ressens qu’à peine les prémices à vrai dire. Là-dessus aussi j’aurai sans doute dû être plus vigilant mais c’est ainsi. J’ose à peine l’approcher, pour ne pas lui faire mal, pour ne pas lui faire peur, pourtant l’instinct me pousserait presque à m’enrouler autour d’elle pour la réchauffer. Je le ferai si elle était totalement humaine mais la Transformation chez les nouveaux loups durent bien plus longtemps. Ma décision est prise, peut-être pas la meilleure mais la plus logique qui me vient en tête.
Après avoir effleuré son visage du bout du museau pour lui faire comprendre que je suis là, que je ne vais pas l’abandonner, je quitte les lieux à grandes foulées – Direction notre point de départ. Nous exposer tous les deux à une Transformation en pleine nature serait stupide, je le sais la meilleure chose que je puisse faire est de retrouver ma forme humaine à l’abri et revenir la chercher pour la ramener en sécurité. Et ça, avant que le froid ou un autre prédateur ne se décide à lui créer des ennuis. Je ne suis pas seul maitre à bord, ma partie animale n’a clairement pas envie de mettre un terme à cette liberté et je n’ai de toute façon aucune maitrise sur ça mais je peux toujours essayer. Elle a commencé bien avant moi, ça ne devrait pas non plus tarder en ce qui me concerne.

#

Le temps me parait interminable, c’est la première fois que j’attends une Transformation inverse avec autant d’impatience et dès qu’elle se présente j’y mets toute ma concentration. Il faut que ça aille vite, plus vite que d’habitude. Alors je m’y abandonne totalement et lorsqu’enfin je retrouve mon corps de bipède je ne me laisse pas aller à la fatigue, le froid ou la faim. Je remets mes vêtements le plus vite possible, attrape une couverture et mon téléphone pour appeler Ismaelle qui, je le sais, est déjà debout. Elle décroche presque aussitôt.

« Tout va bien ? »
« Je sais pas trop. Est-ce que tu peux apporter une couverture chauffante dans la grande s’il te plait ? »
« Est-ce que je dois prévenir Leiv ? »
« Elle a commencé à se transformer dans la forêt, j’vais la chercher. Si besoin je vous rappelle, d’accord ? »
« D’accord. Je vais tout de suite à la grange mais si jamais tu as le moindre doute tant pis Enzo, sa vie est plus importante que son secret. Et fais attention à toi. »
« Promis. »

Je raccroche et ma baguette en main, transplane immédiatement à l’endroit précis où j’ai laissé Caitlyn. Elle est toujours là, position fœtale, entièrement humaine à présent. Consciente ? Je ne sais pas, mais son cœur bat et c’est ce qui m’intéresse le plus. Sa nudité ne me gêne pas, elle ne me perturbe pas, tout ce qui m’importe c’est de la ramener au plus vite dans un endroit chaud où elle sera en sécurité. Je m’approche d’elle sans tarder, dépose la couverture sur son corps glacé avec une précaution infinie, conscient qu’après une Transformation la peau est extrêmement sensible. Et je l’enroule dedans, tente de la rassurer en lui parlant bien que pas vraiment certain qu’elle puisse m’entendre. L’adrénaline fait son boulot correctement, je sais pertinemment que dès l’instant où je me poserai tous les effets post Transformation me rattraperont. Lentement je la soulève du sol, la remonte jusque dans mes bras et transplane de nouveau : Dans la grange cette fois ci. Ismaelle n’est plus là mais l’odeur du thé brulant me chatouille l’odorat immédiatement. Je dépose Caitlyn sur le lit de fortune posé dans le box et et l’enroule cette fois dans l’épaisse couverture chauffante  - et magique – que notre hôte a déposé sur le matelas. L’endroit est isolé du froid mais le corps a besoin de bien plus que ça pour réguler sa température. Je pourrais me blottir contre elle mais d’une la couverture sera suffisante, de deux … quelque chose m’en empêche. Elle vient de reprendre forme humaine, moi aussi. C’est un moment délicat, pendant lequel je ne suis en général pas vraiment prompt au contact.

« Ça va aller. Dors. »

Je m’autorise simplement une légère caresse du revers des doigts sur sa joue pour m’assurer qu’elle reprend un peu de température et je me laisse tomber contre le mur en face. Emmitouflé dans le gros sweat que m’a offert Grand-Mère l’année dernière et qui accompagne tous mes lendemains de pleine lune, un T-shirt que j'ai piqué à mon homme parce qu'avec mes sens plus aiguisés qu'en temps normal j'aime sentir son odeur. Une couverture sur les épaules, capuche sur la tête, tasse brulante entre les mains, je prends le temps d’envoyer un message à Isma pour la rassurer et me mets en veille. Littéralement. J’compte pas m’éterniser, mon corps et ma tête réclame repos, solitude, il réclament William aussi, mais je veux d’abord m’assurer qu’elle va bien avant de mettre les voiles.
Il se passe une minute dans le silence et l’immobilité, avant que tout ça ne soit brisé par l’arrivée de Fenrir et Wax. Si le plus âgé vient se coucher près de moi tranquillement, je dois canaliser le plus jeune avant qu’il ne vienne se blottir contre moi à son tour.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 3 Juin 2019 - 19:53
Comment avait-elle fait pour oublier ? Comment avait-elle pu perdre le contrôle à ce point ? Elle ne se souvenait déjà plus de ce qui s’était passé, c’était comme une ellipse, un saut dans le temps. La dernière chose qu’elle se rappelait avec certitude était cette même douleur que celle qui l’anéantissait en cet instant. Pourtant elle savait qu’elle avait vécu des choses entre-temps, mais leur nature lui était insaisissable, dans l’immédiat du moins. Saurait-elle y trouver l’accès plus tard ? Une partie d’elle l’espérait. L’autre le redoutait.

La seule chose qui l’intéressait, qui l’inquiétait presque, était Enzo. Auprès d’elle avant que tout ne commence, il avait tenté de lui expliquer, de la rassurer, de l’accompagner jusqu’à ce que la Pleine Lune ne les sépare. Les avait-elle réunis à nouveau ? Où se trouvait-il en ce moment, que faisait-il ? Quelque part, elle aurait aimé qu’il soit là auprès d’elle à nouveau, comme un parent au chevet de son enfant malade. Sauf que malade, il l’était aussi, et Caitlyn ne pouvait qu’espérer pour lui qu’il était en sécurité.

Un contact froid juste en dessous de son œil, un souffle chaud sur sa joue. Elle aurait pu l’avoir rêvé, mais elle sentait que ça n’était pas le cas. Il était là, sous sa forme encore animale. Elle aurait voulu cacher son visage dans son pelage, s’accrochant à lui, mais son corps ne lui obéissait pas, en proie aux spasmes et aux convulsions. Elle aurait voulu ne serait-ce qu’ouvrir les yeux pour le voir, le remercier, s’excuser, mais ses paupières étaient scellées par les larmes. Elle aurait voulu tellement de choses, mais c’était trop tard, il n’était plus là. Parti, avant que le sort ne le rattrape à son tour. Elle s’en serait voulu si ça n’avait pas été le cas.

La douleur revint à la charge, mais Caitlyn n’avait plus la force pour crier ni même pour gémir. Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues, se transformant en perles de glace dès le moment où elles touchaient la neige. Ses membres gisaient, atones comme ceux d’une poupée de chiffons, soubresautant à chaque fois qu’une articulation se luxait puis se remettait, se cambrant à chaque fois qu’un muscle s’étirait ou se rétractait. Plus aucune explosion de ce volcan entré en éruption en elle, la lave coulait lentement et consumait tout sur son passage.

Et finalement, la douleur s’estompa, laissait derrière elle un vide tel le feu laissait des cendres. Cendres qui s’envolèrent avec le vent, vide qui fut comblé par l’épuisement et le froid. Difficilement, Caitlyn entreprit de se relever, prenant appui sur un arbre, tanguant dangereusement alors qu’elle ouvrait les yeux dans la pénombre. Au pied de l’arbre, la carcasse d’un renard se vidant de son sang dans la neige. Autour d’elle, d’autres arbres à n’en plus finir. Une boule se forma dans son ventre. Elle avait envie de vomir. Elle avait envie de pleurer.

Elle prit une inspiration, déglutit. Elle ne pouvait pas rester là, comme ça, seule, en peine forêt, en plein hiver. Il fallait qu’elle rentre, qu’elle se mette à l’abri. Elle fit quelques pas, se rattrapant aux branches. Ses genoux se dérobèrent sous elle, elle essaya à quatre pattes, mais finit par se rouler en boule dans la neige. Frissonnante, tremblotante, elle referma ses bras autour de ses jambes, rentra son cou dans ses épaules, ferma les yeux.

* * *

Un contact. Un murmure. Une présence.

Impressions fugaces, à la fois stressantes et apaisantes. Elle le sentait, l’entendait, mais était incapable de le lui montrer. Incapable de sortir de cette nuit qu’elle avait laissée se refermer sur elle. La force centrifuge lui arracha une grimace et un gémissement, elle sentit ses boyaux se retourner et se crispa. Mais bientôt, une douce chaleur l’enrobait et elle se détendit, de nouveaux frissons la parcourant et de nouvelles larmes se formant sous ses paupières alors qu’elle se laissait aller à l’épuisement.

Un dernier contact, un dernier murmure, et finalement l’absence.

* * *

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle avait mal partout. La tête lourde, un bourdonnement dans les oreilles, la gorge qui grattait. Les muscles endoloris, courbaturés. Elle se tourna dos au mur, se redressa sur le coude de son bras droit, mâchoires serrées. En face d’elle, Enzo, la nuque adossée contre la façade, le reste du corps replié à même le sol, emmitouflé dans ce pull qu’elle l’avait déjà vu porter, à moitié enroulé dans un plaid. Son cœur manqua un battement quand elle réalisa qu’elle était nue sous cette couverture manifestement chauffante. Elle soupira, déglutit.

Lentement, précautionneusement, elle entre prit de se relever, tentant de ne pas perdre l’équilibre sur le lit de fortune où il l’avait déposée. De quelques pas silencieux, elle quitta le box, puis rejoignit celui qu’il lui avait attribué la veille, lançant des regards furtifs autour d’elle en chemin. Retrouvant son pantalon et son pull, elle les enfila, chaussa ses baskets, puis accrocha sa veste à la poignée et ramassa les lambeaux qui restaient de son t-shirt et de ses sous-vêtements, les fourrant dans la poche centrale de son sweat. Puis elle remettant la couverture magique autour de ses épaules et sortit dans l’allée.

Elle s’apprêtait à retourner vers le lit, mais finalement emprunta la direction opposée, partant à la découverte du reste de cette grange qui leur avait servi de refuge. Elle percevait les odeurs des animaux qui y vivaient, entendait leurs cœurs battre et pouvait presque sentir la chaleur de leurs souffles. Voulait la sentir, en tout cas. Bientôt, elle déboucha sur un grand espace, et elle les vit. Deux Hippogriffes, magnifiques, un grand et un plus petit, et puis un Sombral, femelle. Il y en avait d’autres, elle le savait, mais ils n’étaient pas là en cet instant.

Un petit sourire flottant sur ses lèvres, Caitlyn resserra ses bras autour d’elle, fit quelques pas le long du mur, puis s’y adossa et se laissa choir au sol. La tête appuyée, les paupières mi-closes, la respiration profonde et tranquille, elle se laissait imprégner de l’atmosphère paisible qui régnait dans la grange, puis finit par s’endormir à nouveau.

* * *

Un frétillement autour de son poignet, Caitlyn ouvrit les yeux, tendit le bras, posant sa main sur le corps du chiot qui venait de la tirer de son sommeil. Elle passa ses doigts dans ses cheveux, se releva au moment où Enzo apparaissait dans son champ de vision. Une hésitation, son cœur battant la chamade dans sa poitrine, mais il n’eut que le temps de faire deux coups que déjà elle réduisait la distance qui la séparait du garçon et le prenait dans ses bras. Cherchant ce contact, cette chaleur, à la fois humaine et animale, cette présence tout simplement.

L’étreinte ne dura pas longtemps, dix secondes, quinze au maximum. Elle aurait voulu la prolonger, mais s’écarta, et à nouveau hésitante, releva les yeux vers lui. Réalisant enfin que sa disparition l’avait peut-être inquiété.

« Je… désolée, je voulais pas te réveiller. »

Et alors tout lui revint d’un coup, la frappant de plein fouet. La transformation, le froid, l’épuisement, le cadavre, la présence, la chaleur, le confort. Et le trou, le noir, le voile.

« Désolée pour tout, je sais pas ce qui s’est passé, je crois que…  »

Puis la honte, celle qui parfois fait détourner le regard mais qui cette fois la força à rester les yeux rivés dans les siens, comme pour s’accrocher à quelque chose, n’importe quoi.
Que j’avais pas le contrôle.
Et finalement, l’inquiétude.

« Tu… vas bien ? »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Ven 7 Juin 2019 - 12:52
Morphée. Quatre cœurs qui battent, là, tout près, le mien y compris. Puis d’autres, un peu plus loin. Des présences calmes malgré les deux prédateurs assoupis qui se trouvent à proximité, sous leur toit. Ils sont habitués à moi, et mon odeur recouvre en partie celle de la Louve. De Caitlyn. Je ne me sens pas partir, mes yeux se ferment et les respirations des deux chiens sont une berceuse contre laquelle je ne peux pas luter. Rythme régulier, un peu rapide, sans parler de leur chaleur qui m’enveloppe dans un cocon agréable.
Je rêve. De neige, de forêt et toutes ses odeurs de pins, d’autres créatures, viennent envahir mes songes. Je suis Homme. Je suis Loup. Je ne suis qu’un. Je suis libre.

#

Ça n’est pas un sursaut qui me ramène parmi les éveillés, simplement la fin d’un sommeil profond dont je m’extirpe en douceur. Je n’ai pas fermé les yeux pendant des heures, simplement suffisamment longtemps et profondément pour qu’elle ait le temps de quitter cet endroit – et ce sans me réveiller.
Fenrir se lève, il s’étire tranquillement et s’éloigne tranquillement vers l’extérieur. Wax, lui, hésite. Suivre son père ou rester avec moi ? Je me frotte le visage, bois une gorgée du liquide encore chaud et étire les muscles de mon cou et de mes épaules. Ankylosé. Il prend sa décision mais au lieu de suivre les pas du grand chien blanc disparait de l’autre côté.
Je comprends. Je la pensais partie, je n’ai pas à me concentrer outre mesure pour la percevoir. Toujours présente. Lentement, non sans grimacer, je me relève en prenant appui sur la paroi. La couverture glisse de mes épaules et reste sur le sol, je rentre mes mains dans mes manches, m’étire un peu plus jusqu’à faire craquer mes os. Une seconde je porte le col du T-shirt à mon odorat, la suivante je sors dans le couloir et loge mes mains dans poches.
Sourire fatigué à son adresse, je me sors doucement du sommeil, me laisse le temps d’émerger tranquillement. Et puis elle est là, contre moi. D’abord la surprise, puis mes bras s’enroulent autour d’elle. Je ne dis rien, pose ma tête sur le sommet de son crâne et la laisse gérer cette étreinte comme elle le souhaite. Il se passe quelques instants dans cette immobilité et ce silence, j’entends Wax s’éloigner en trottinant – sans doute pour rejoindre son père à l’extérieur. Elle s’écarte, là encore je la laisse faire, toujours ce sourire tranquille sur les lèvres et sans doute des poches sous les yeux.

« Je… désolée, je voulais pas te réveiller. »

Pas le temps de réagir, de la rassurer, qu’elle enchaine et je sens, je crois, la panique l’envahir.

« Désolée pour tout, je sais pas ce qui s’est passé, je crois que…  »

Son regard dans le mien je peux percevoir un peu de gêne, de la honte, puis … de l’inquiétude ? Je suis tellement ailleurs, pas encore réellement réveillé, presque en veille, juste … tranquille, que j’ai un peu de mal à tout percevoir dans les temps. Et ça ne me dérange pas, je n’essaie pas de faire autrement.

« Tu… vas bien ? »
« Dans le brouillard, mais ça va. »

Voix rocailleuse du matin, on est au top du glamour, mais là encore ça n’a pas d’importance.

« Un peu vexé que t’aies pas voulu jouer avec moi par contre. »

Pas trop réveillé, non, mais suffisamment pour la taquiner.

« Je plaisante. »

Sourcil arqué, sourire en coin. Loup ou pas, matin ou pas, lendemain de pleine lune ou pas, je reste un branleur. Je reste moi.  

« Comment tu te sens ? T’as besoin de quelque chose ? Y a du thé dans un thermos et j’peux aller te chercher un truc à manger si tu veux. »

Aucune idée de l’heure qu’il est, je n’ai regardé ni ma montre ni mon téléphone et les deux mains de retour dans mes poches je ne compte pas le faire maintenant. Ça non plus, ça n’a pas d’importance. Pas pour l’instant.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 7 Juin 2019 - 23:43
Il avait mauvaise mine. L’espace d’un instant, Caitlyn se demanda si elle aussi. Les yeux cernés, le teint cireux, un sourire fatigué aux lèvres, il n’essayait pas de donner le change, pourtant c’était comme si ça le rendait encore plus fort. Contrairement à elle qui devait simplement avoir l'air faible et perdue, comme d'habitude. Oui, Caitlyn avait de l’admiration pour Enzo, une admiration presque teintée de découragement tellement l’exemple qu’il lui offrait semblait inatteignable, mais cachée derrière toutes les autres émotions qui émanaient d’elle en cet instant. La reconnaissance pour être resté auprès d’elle tout le long, mais surtout la joie de le retrouver, malgré la honte et le remords qui ne la quittaient pas. Et puis l’inquiétude, finalement, parce que si tous deux étaient bel et bien là, debout, vivants, et si les précautions avaient été prises, les sortilèges de protection disposés sur eux et autour d’eux, il n’en restait pas moins qu'ils venaient de se Transformer à nouveau en humains, après s'être transformés en Bêtes en début de nuit, et c'était sans parler de tout ce qui avait pu se passer entre deux...

« Dans le brouillard, mais ça va. »

Alors ça, pour être dans le brouillard, elle l’était aussi. Probablement pas de la même manière, cela dit. Elle était surtout incapable de se rappeler ce qui s’était passé, incapable de tirer ce voile qui enveloppait une partie de son esprit. Mais pour le moment elle n’essayait pas outre mesure, comptant s’y attaquer dès qu’elle aurait récupéré ses forces et ses esprits.

« Un peu vexé que t’aies pas voulu jouer avec moi par contre. »

Elle fronça les sourcils.

« … Ah. Mince. … Heuuu… »

Jouer avec lui ? Elle passa une nouvelle fois ses doigts dans ses cheveux, faisant finalement quand même un effort de concentration. À quel moment avait-il été question de jouer avec lui ? Pas face à ces humains, en tout cas. Ces humains… Stoneheaven et Helland. Merde. Ses réflexions s’arrêtèrent là. Sa main gauche, du sommet de son crâne, glissa pour venir cacher à moitié son visage alors qu’il se décomposait sous l’effet de la réalisation. Stoneheaven et Helland. Elle avait défié Stoneheaven et Helland. Les avait menacés. Qui sait ce qui se serait passé si ce Loup, Enzo, ne s’était pas interposé. Qui sait ce qui se serait passé si cette voix, sa conscience, ne l’en avait pas empêchée…

« Je plaisante. »

Elle tenta un petit rire, qui sortit plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu et eut probablement l’effet inverse de celui escompté, et elle le regretta immédiatement. C’était vraiment pas le but ni le moment. De paniquer, de s’excuser, de s’en vouloir. Elle n’en avait pas envie. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.

« Comment tu te sens ? T’as besoin de quelque chose ? Y a du thé dans un thermos et j’peux aller te chercher un truc à manger si tu veux. »

Elle secoua la tête.

« Non t’inquiètes, ça va, je peux… »

… manger une fois rentrée. Mais son ventre choisit cet instant précis pour manifester son désaccord en gargouillant bruyamment, et Caitlyn plaqua ses mains dessus avant de lâcher un petit rire de capitulation, plus sincère cette fois.

« Bon okay, j’avoue que j’ai la dalle. On se retrouve dans le box ? »

Elle aurait presque voulu aller avec lui, comme si se retrouver seule lui faisait soudain peur. Et rien que pour ça, elle était tentée de faire le contraire et partir avant que ce sentiment de dépendance et cette crainte de l’abandon ne la submergent totalement. Mais elle s’appliqua à garder un air désinvolte, toujours ce sourire amusé aux lèvres d’avoir été si lâchement trahie par son estomac, et le regarda transplaner, puis retourna dans leur chambre de fortune.

Elle déposa sur le lit de camp la couverture chauffante qu’elle portait toujours enroulée autour de la taille, versa un peu de thé dans le couvercle du thermos, puis s’assit sur le matelas, ses jambes repliées devant elle, et but une gorgée. Le breuvage la réchauffa de l’intérieur, et elle soupira, sentit ses épaules s’affaisser alors que la fatigue lui retombait dessus comme une chappe. Un coup de barre, et elle appuya la tête contre le mur, fermant les yeux. Dix secondes ou dix minutes, elle ne savait pas, mais le craquement de l’air la ramena à la réalité. Elle décolla sa tête du mur, se frotta les yeux en s’asseyant en tailleurs, et prit le plat qu’Enzo lui tendait.

« Merci. »

Première bouchée, puis deuxième, manger ne faisait qu’augmenter sa fatigue, n’empêche que ça faisait du bien. Elle reprit une gorgée de thé, fit une petite pause comme pour reprendre son souffle. Finalement, elle releva les yeux vers lui et posa les questions qui lui brûlaient les lèvres.

« Comment ça j'ai pas voulu jouer avec toi ? Je… j’ai fait quoi ? J’étais comment ? »

Et quelque part, elle aurait presque envie de parler plutôt que d’écouter, pour une fois. Mais timide un jour timide toujours...
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Dim 9 Juin 2019 - 22:38
« Non t’inquiètes, ça va, je peux… »

Son corps la trahit, un sourire amusé étire mes lèvres et s'élargit devant son air résigné.

« Bon okay, j’avoue que j’ai la dalle. On se retrouve dans le box ? »
« Ça marche. J'en ai pas pour longtemps. »

J'ai presque envie de lui proposer de m'accompagner. Je sais qu'elle tient à son secret, je le comprends et le respecte, mais la chaleur d'un foyer parfois n'a pas de prix. C'est exactement ce que Leiv et Isma offre à chaque personne posant les pieds ici, spontanément, instinctivement, et même si une partie de moi tient à garder ça précieusement, presque jalousement, une autre est prête à partager. Pour tout un tas de raisons.
Pourtant je ne le fais pas, peut-être parce que je ne suis pas certain qu'elle sera encore là quand je reviendrais. Je me contente de faire demi tour et rejoindre d'abord la fraicheur de l'extérieur qui me réveille un peu puis l'intérieur de la maison où le sourire de celle qui veille sur moi depuis des années m'accueille. Je ne sais pas quelle heure il est, mais ça ne m'étonne pas qu'ils soient déjà levés tous les deux.

« Bonjour Champion. »

Petit signe de la main, sourire fatigué, les deux chiens entrent en même temps que moi et c'est dans les bras d'Ismaelle que je m'abandonne une seconde comme un enfant le ferait dans les bras de sa mère. Parce que ça me fait du bien, tout simplement, et que ce genre de moments est devenu presque un rituel pour nous deux. Je n'étais pas dans les meilleurs dispositions les premiers temps passés ici mais une fois sortie du brouillard j'ai retrouvé cette impression d'avoir un contexte familiale. Des figures parentales, un petit frère … Je ne regrette pas d'être rentré chez moi, c'est là-bas près de Derek que se trouve ma place, mais parfois ce que j'avais ici me manque.

« Tout va bien ? »

Je réponds par un signe de tête, mon sourire ne me quitte pas et je salue Leiv avec plus de retenue certes mais pas moins de chaleur. Si ce n'est dans les gestes, pour cause de pudeur, au moins dans le regard.

« Est ce qu'elle est partie ? »
« Non. Nos estomacs crient famine, je plaide coupable ... »

Oui, le mien aussi.

« J'peux vous emprunter votre cuisine ? »
« Je ne comprends même pas pourquoi tu poses la question. Tu restes dormir un peu ici après ? »
« Si ça dérange pas ? »
« Si, horriblement. »

Elle lève les yeux au ciel, je lui fais une grimace.

« Ta chambre est prête. »
« Merci beaucoup. »
« Si elle veut se reposer un peu au chaud, avec plus de confort, la maison lui est grande ouverte. »
« Je lui dirai, merci encore. »

#

« Merci. »

Non, vraiment, je n'étais pas certain de la retrouver là où je l'ai laissé. Pas par manque de confiance en elle, simplement parce que j'aurai compris qu'elle décide de partir. Et que ça ne m'aurait pas étonné.
Wax dans les pattes, je m'assoie face à elle et pousse un soupir d'aise, presque de soulagement, quand la nourriture rencontre mon organisme. Deux Transformation sans se nourrir est la garantie de dormir pendant au moins 24h pour récupérer un semblant d'énergie, le corps n'est pas fait pour supporter ça à la base. Il s'adapte, s'habitue un peu, mais il a besoin d'un coup de pouce.
J'ai assis à côté de moi cette petite présence envahissante qui n'a d'yeux que pour mon assiette. Il sait pertinemment que ça n'est pas pour lui mais exactement de la même façon dont j'use de mon regard parfois il sait y faire.

« Comment ça j'ai pas voulu jouer avec toi ? Je… j’ai fait quoi ? J’étais comment ? »
« Comme tu l'es sous cette forme là, je crois. »

Les mots sortent spontanément, tranquillement, sans même que je ne la regarde. Je relève les yeux vers elle, sonde son regard, toujours ce même sourire sur le visage. Je ne suis pas en train de la juger, mais elle m'a posé une question et j'y réponds en exprimant la vision que je peux avoir d'elle.

« Indépendante. Un peu solitaire peut-être. »

Par choix ? Par peur ? Par la force des choses ? Simplement parce que c'est son tempérament ? Je n'ai pas à avoir d'opinion là dessus.

« T'as juste … fait ton chemin, et j'ai fait le mien. Je crois que t'avais pas forcément envie d'avoir un mastodonte noir comme la nuit sur le dos alors j'ai taillé la route. Je pensais que tu me rejoindrais peut-être mais tu l'as pas fait. Et c'est pas grave. »

Non, ça ne l'est pas. Je passe mes pleines lunes seul depuis toujours à de très rares exceptions, même si une part de moi avait envie de garder un œil sur elle l'instinct a parlé et j'ai décidé de le suivre. J'imagine qu'elle en a fait autant.

« Tu ne te souviens de rien ? »
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mar 11 Juin 2019 - 19:02
Partir ? Aussi bizarre que ce soit, non, elle n’en avait pas envie. L’espace d’un instant, l’idée lui avait traversé l’esprit, sans doute, mais était passée presque inaperçue au final, et c’était à peine si Caitlyn s’en souvenait. Oui, ça aurait été le moment parfait pour simplement s’éclipser, sans prévenir et sans demander son reste. Tout comme elle aurait pu l’avoir fait en se réveillant sur ce lit de camp et en le voyant profondément endormi à même sol. Mais c’était peut-être justement pour ça qu’elle ne le faisait pas : parce qu’il était allé lui chercher à manger, parce qu’il avait dormi par terre. Parce qu’il ne faisait que prendre soin d’elle depuis le début, se sacrifiait pour elle sans arrêt. Ce serait une bien piètre façon de le remercier que de disparaitre sans laisser de traces. En réalité, ce n’était pas en guise de remerciement qu’elle lui faisait l’honneur de sa présence, non. Mais, si elle ne comptait pas s’imposer indéfiniment, elle n’allait pas pour autant partir comme une voleuse sans lui avoir dit au revoir.

En attendant, elle se laissa choir sur la couchette et lâcha un long soupir en fermant les yeux. La tête appuyée contre le mur de pierre froide, les genoux repliés, les muscles complètement détendus, elle aurait pu s’endormir à nouveau, et c’était d’ailleurs ce qu’elle faisait, réalisant chaque seconde un peu plus à quel point elle était épuisée. Elle aurait voulu se forcer à réfléchir, à se concentrer, à se rappeler ce qu’elle venait de vivre à peine quelques heures plus tôt, mais c’était peine perdue. De temps à autre, des flashs l’assaillaient de manière totalement imprévisible, et elle revoyait tantôt ces deux humains, tantôt ce Loup, tantôt ce renard, mais le reste du temps, c’était en grande partie le vide dans sa tête, le noir derrière ses paupières. Jusqu’à ce que des bruits de pas ne l’arrachent aux bras que Morphée commençait à tendre vers elle.

Une assiette dans chaque main, le chiot dans les pattes, Enzo s’avança dans le box alors qu’elle émergeait de son quasi-sommeil avec au ventre ce poids étrange au ventre de celui qui s’était fait réveiller alors qu’il s’endormait. Elle se frotta les yeux puis prit le plat qu’il lui tendait et le remercia, les odeurs lui chatouillant déjà le nez et lui faisant monter l’eau à la bouche. Et lorsqu’elle avala sa première bouchée, ce fut comme si elle redécouvrait les bienfaits de la nourriture… avant que tous ses besoins ne se réveillent d’un coup. La faim, le froid, la fatigue, et puis la curiosité. Elle voulait savoir. Oui, elle voulait savoir ce qu’il avait voulu dire par "jouer" tout à l’heure, elle voulait savoir ce qu’elle avait fait, ce qu’elle n’avait pas fait, ce qui s’était passé en somme, et elle voulait savoir comment elle était.

« Comme tu l’es sous cette forme-là, je crois. »

Elle fronça les sourcils, un peu prise de court par sa réponse. Elle n’était pas sûre de comprendre, et surtout, elle n’était pas sûre de s’être fait comprendre. Sa dernière question était surtout très physique en réalité, car si elle avait bien senti qu’elle était plus petite que lui, c’était la seule indication qu’elle avait sur son apparence. C’était sans doute pas très important, mais elle voulait savoir.

« Indépendante. Un peu solitaire peut-être. »

Cette fois, elle baissa légèrement la tête, détourna le regard en plissant les yeux. Il était à la fois parfaitement clair et très vague, et elle n’était pas sûre de voir où il voulait en venir. Probablement nulle part en réalité, mais dans ce cas, elle ne savait pas trop quoi faire de cette information. Ça avait l’air d’être un simple constat, énoncé d’un ton sans reproche, pourtant elle ne pouvait s’empêcher de l’interpréter comme tel. Trop indépendante. Un peu trop solitaire peut-être.

« T'as juste … fait ton chemin, et j'ai fait le mien. Je crois que t'avais pas forcément envie d'avoir un mastodonte noir comme la nuit sur le dos alors j'ai taillé la route. Je pensais que tu me rejoindrais peut-être mais tu l'as pas fait. Et c'est pas grave. »

Alors qu’il parlait, elle revoyait la scène. Les arbres partout autour, la silhouette imposante du Loup au pelage couleur nuit se détachant de la neige qui recouvrait le sol, avant qu’il ne s’élance et disparaisse en deux-trois bonds puissants. Elle aurait pu le rejoindre. Elle aurait dû le rejoindre. Peut-être même l’avait-elle voulu, quelque part. Mais elle ne l’avait pas fait, et elle-même ne saurait dire pourquoi. Probablement justement parce qu’elle était trop indépendante, trop solitaire.

« La prochaine fois je te ferai l’honneur de ma présence. »

Un sourire, réellement amusé de sa propre prétention même si tout ça n’était que pour donner le change. Et si Caitlyn savait bien qu’Enzo ne serait pas dupe, elle espérait qu’il ne se douterait pas de l’ampleur de son malaise. Non, elle ne savait pas pourquoi Louve n’avait pas suivi le Loup, mais peut-être qu’il y avait une part de… Non, ça n’était pas un instinct animal que la peur de déranger, mais il y avait de ça aussi en Caitlyn. De la timidité, de l’insécurité. Et de la crainte de s’attacher. Oui, elle était solitaire, elle était indépendante, malgré elle quelque part. Et parce que c’était plus facile ainsi. Et puis parce qu’elle ne méritait pas mieux.

Elle reprit une bouchée, puis deux, comme pour reprendre contenance. Elle avait envie de parler, de répondre quelque chose à ça, sentait qu’elle avait des choses à dire mais ne savait pas par où commencer. Jusqu’à ce qu’Enzo ne pose la question qu’il lui fallait.

« Tu ne te souviens de rien ? »

La tête toujours un peu baissée, les yeux dans le vague, elle resta quelques instants sans rien dire, comme en suspens. Et puis les mots sortirent. Ceux qu’elle attendait de pouvoir prononcer depuis le début, qui ne rêvaient que de s’échapper d’entre ses lèvres pour tomber dans l’oreille de quelqu’un à qui ils parleraient.

« Le mois dernier, je ne me souvenais de rien. Vraiment rien. Et quelque part je crois que ça m'arrangeait un peu, j'avais pas tellement envie de savoir. Mais là… là c’est différent. »

Elle releva le regard vers lui à nouveau, sans le plonger dans le sien pour autant, mais le promenant sur son visage, observant ses réactions, ses expressions faciales, alors qu’elle enchainait.

« En fait, c’est comme si je savais que je pourrai me souvenir à terme, mais que là actuellement ça veut pas. Ya des trucs qui me reviennent sans même que je ne le veuille, mais dès que j’essaye de creuser, dès que j’essaye de réfléchir, rien. »

Elle fit une petite pause, haussa les épaules, puis reprit.

« Je pense que quand je pourrai me poser pour me concentrer vraiment, j’arriverai à me souvenir, mais là… nan, j’arrive pas à savoir ce qui s’est passé, dans l’ordre. Je me souviens de toi, d’eux, d’un renard, mais c’est comme s’il manquait des pièces au puzzle. »

Elle passa sa main gauche dans ses cheveux, ses doigts appuyant sur son scalp dans l’espoir ça la réveillerait, la stimulerait, puis l’accrocha derrière sa nuque, son coude sur sa poitrine, soupirant à nouveau mais sans un bruit.

« Et j’ai peur que les pièces qui manquent soient les moins belles. »

Les pires. Les plus sombres, les plus violentes, les plus horrifiantes. Celles où elle devenait une bête féroce assoiffée de sang que rien ni personne ne pouvait arrêter.

« Je sais pas ce que j’ai fait. Je sais même pas ce que j'avais envie de faire. Mais je sais que j’avais pas le contrôle. J’étais pas moi-même. Je sais que c’est débile de dire ça, que c’est normal de ne pas être soi-même et que je pouvais pas vraiment espérer échapper à la règle, mais c’est flippant. Et la potion m’a sûrement aidée à ne pas oublier, peut-être même à me modérer, mais n'empêche que je suis vraiment pas rassurée. »

Pour ne pas dire carrément flippée. Et elle aurait pu s’arrêter là, l’aurait d’ailleurs sûrement fait déjà bien avant en temps normal, mais pour le coup, c’était comme si ça sortait tout seul, sans filtre ou presque.

« Un Loup-Garou ça attaque des humains, c’est ce qu’on apprend en tout cas… Imagine la prochaine fois je les attaque vraiment ? Ou j'attaque quelqu'un d'autre ? Je l’ai peut-être même déjà fait, en fait, j'en sais rien... je les ai attaqués ?! »

Contrairement aux autres fois où elle avait mentionné ses craintes, elle n'était pas réellement en train de paniquer. Résignation, fatigue, peut-être un peu des deux finalement. Il n'empêche que son coeur s'était serré et une boule s'était formée dans son ventre alors qu'elle évoquait toutes ces possibilités. Pour l'instant, la curiosité l'emportait... mais pendant combien de temps encore, avant qu'elle ne retombe dans le déni.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 12 Juin 2019 - 22:37
« Le mois dernier, je ne me souvenais de rien. Vraiment rien. Et quelque part je crois que ça m'arrangeait un peu, j'avais pas tellement envie de savoir. Mais là… là c’est différent. »

Ne pas savoir et laisser travailler son imagination ou bien savoir et devoir faire avec les conséquences, qu'est ce qu'il y a de mieux ? Aucune des deux options n'est la meilleure, il n'y a pas vraiment d'option parfaite, de toute façon. Tout ça, quoi qu'il en soit, ce sont des réflexions que je me suis faite bien sûr. Le chemin a été long, peut-être qu'il le sera pour elle aussi, je me dis qu'elle a au moins la « chance » d'avoir la possibilité d'avoir de l'aide, de pouvoir en parler avec des personnes qui ont vécu ou vivent la même chose. Un groupe de paroles pour Lycans tiens, quelqu'un y a déjà pensé ? Je tourne ça à la dérision mais en soit, je trouve l'idée pas si naze.

« En fait, c’est comme si je savais que je pourrai me souvenir à terme, mais que là actuellement ça veut pas. Ya des trucs qui me reviennent sans même que je ne le veuille, mais dès que j’essaye de creuser, dès que j’essaye de réfléchir, rien. »

Est ce que je vois son cerveau faire des nœuds ? Presque. Mais je comprends. C'est comme … le lendemain d'une énorme cuite, t'as des black out, tu sais pas ce que t'as fait ni avec qui, et ça angoisse. Je sais que la comparaison est un peu douteuse mais dans le fond ça se tient.

« Je pense que quand je pourrai me poser pour me concentrer vraiment, j’arriverai à me souvenir, mais là… nan, j’arrive pas à savoir ce qui s’est passé, dans l’ordre. Je me souviens de toi, d’eux, d’un renard, mais c’est comme s’il manquait des pièces au puzzle. Et j’ai peur que les pièces qui manquent soient les moins belles. »

Difficile de ne pas penser aux miennes, de pièces de puzzle manquantes. Rien que dans cette cage, il y a quelques mois, je sais que je n'ai pas tous mes souvenirs. Ni même de ce qui a pu se passer avant. Je sais que l'un des hommes du Vieux a le visage lacéré d'une griffure qui pourrait avoir été faite par un ours vu la taille. Je sais qu'il ne l'avait pas avant. Et je sais qu'il n'y a pas d'ours au Royaume-Unis. Moindre mal, j'ai fait pire, bien pire, que je m'en souvienne ou non. Si je peux épargner ça à Caitlyn d'une manière ou d'une autre, s'il n'est pas déjà trop tard, alors je le ferais.

« Je sais pas ce que j’ai fait. Je sais même pas ce que j'avais envie de faire. Mais je sais que j’avais pas le contrôle. J’étais pas moi-même. Je sais que c’est débile de dire ça, que c’est normal de ne pas être soi-même et que je pouvais pas vraiment espérer échapper à la règle, mais c’est flippant. Et la potion m’a sûrement aidée à ne pas oublier, peut-être même à me modérer, mais n'empêche que je suis vraiment pas rassurée. Un Loup-Garou ça attaque des humains, c’est ce qu’on apprend en tout cas… Imagine la prochaine fois je les attaque vraiment ? Ou j'attaque quelqu'un d'autre ? Je l’ai peut-être même déjà fait, en fait, j'en sais rien... je les ai attaqués ?! »

Ne pas rire. Mais putain j'en ai envie. Pas parce que je me moque ni que je prends ça à la légère, loin de là, c'est juste … J'suis pas un humain toujours blindé de confiance en soi, en revanche ma part animale, sauvage, celle là explose les quotas et j'ai pas de doute quant à mes capacités, ma manière de gérer. Jamais elle n'aurait pu les atteindre, de ça j'en ai la certitude. Parce que j'étais là pour faire barrage, aussi parce qu'ils sont tous les deux en mesure de se défendre et maitriser un Loup-Garou nouveau né grâce à la Magie.

« Crois moi si c'était le cas tu t'en souviendrais. »

Une main distraite dans le pelage de Wax, j'ai posé mon assiette de l'autre côté de mon corps, sur le sol, et je regarde Caitlyn avec un sourire mi-amusé, mi-tranquille sur le visage. Je sais qu'elle n'apprécie pas forcément toujours ma nonchalance vis à vis de cette particularité qui nous relie désormais mais je changerai pas, je ne reviendrais pas en arrière. Et j'estime que ça n'est pas en faisant un drame que je l'aiderai.

« C'est pas parce que t'es une demi portion et que t'as un joli pelage gris et roux que je t'aurais épargné Miss Twain. »

Je la taquine, mais c'est vrai. Femme ou louve, elle serait passée sous mes griffes et mes crocs s'il l'avait fallu. Point.

« C'est pour ça que j'ai insisté pour que tu viennes, parce que je savais qu'ici au moins toutes tes craintes resteraient uniquement des craintes. »

Je retrouve un semblant de sérieux, un peu plus en tout cas puisque je l'étais déjà malgré le demi sourire. Je ne prends pas tout ça à la légère, loin de là, mais j'ai plusieurs longueur d'avance sur elle. Même si on ne vit pas nécessairement les choses de la même manière j'ai à lui apprendre, une expérience à transmettre, des choses à lui faire entendre.

« T'as tué un renard, rien de plus que la chaine alimentaire. »

Là encore, je dédramatise. On s'habitue, mais il faut du temps pour ça aussi. Il en faut pour tout. Prendre une vie ça n'a rien d'anodin, qu'elle soit humaine ou animale. C'est plus simple de tuer un animal, c'est évident, mais passer le cap peut être compliqué. Même si entre nous, le renard, c'est pas franchement ce qu'il y a de meilleur ... Commentaire que je m'abstiendrais de faire, quand même.

« Laisse toi le temps, ça ne se fera pas d'un claquement de doigts et t'as de toute façon aucune emprise là dessus alors … essaie de faire avec, de prendre les pleines lunes les unes après les autres. J'ai passé mes toutes premières lunes enfermé, c'était pas agréable mais au moins j'étais certain de pas faire de mal à qui que ce soit. Tout ça, c'est une question de choix à faire. T'as des options, je te les ai déjà exposé, à toi de gérer et prendre tes décisions en connaissance de cause. »

C'est abrupt, j'en ai conscience, mais la préserver ne serait pas lui rendre service et je crois qu'elle le sait. Tout ça, vraiment, je le comprends, mais j'ai pas de solution miracle à lui proposer. Il n'y a que le Tue-Loup et le temps qui lui permettront d'atteindre un jour ce dont je dispose aujourd'hui. Une totale acception de ce que je suis et le contrôle qui va avec. Quand on ne me met pas de bâtons dans les roues évidemment.

« Tu sais ce qu'on dit, la nuit porte conseil. Ton corps et ta tête ont besoin de se reposer. D'ailleurs ils m'ont chargé de te dire que si tu veux profiter du confort et de la chaleur de la maison la porte t'es grande ouverte. »
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Enzo S. Ryans
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Ven 21 Juin 2019 - 15:06
Comment savoir ? Comment être sûre ? En cet instant, Caitlyn n’en avait tout simplement pas les moyens. Elle ne savait pas ce qu’elle avait pu faire, encore moins ce qu’elle avait pu vouloir faire. Et même si elle avait des indices, ne serait-ce que dans son propre état de santé et celui de Enzo, ainsi que dans l’atmosphère générale qui régnait entre eux, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire. Le souvenir de la carcasse de cet élan dépecé gisant dans la neige à côté d’elle et celui de ce renard qui avait subi le même sort se mélangeaient à des images de cadavres qui pullulaient dans son esprit, et elle se voyait, bête sauvage et féroce, au milieu de ce bain de sang, hors de contrôle. Instable. Létale.

Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas savoir, elle ne voulait pas ne pas savoir, elle ne savait même pas ce qu’elle voulait finalement, mais elle ne voulait pas de tout ça. Quelque part, elle aurait pu se mettre à paniquer alors que des flashs terrifiants surgissaient de part et d’autre dans sa tête sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour les en empêcher, mais ce ne fut pas le cas. Fatigue mais aussi lassitude, résignation, et puis une certaine forme de timidité et d’égards. Paniquer ne résoudrait rien, et en ferait que rajouter du travail à Enzo. Il en avait fait déjà bien assez pour elle, et elle en avait déjà trop dit.

« Crois-moi si c’était le cas tu t’en souviendrais. »

Et le nœud qui s’était formé dans son ventre se resserra, lui tiraillant l’estomac. Ça non plus, elle n’en voulait pas. Qu’il mentionne une possibilité d’affront entre eux comme si ça n’avait pas plus d’implications que ça. Ça en aurait pour elle, et elle ne comprenait pas comment il pouvait prendre ça à la légère alors que c’était pourtant grave, ni pourquoi il lui donnait l’impression qu’il ne lui en aurait pas vraiment voulu a posteriori alors qu’elle-même aurait été rongée par le sentiment de culpabilité.

Ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde, clairement. Car si lui comprenait sans doute l’état dans lequel elle était et les émotions qu’elle ressentait, ce n’était absolument pas réciproque. Non, elle ne comprenait pas sa désinvolture, sa nonchalance. Elle ne comprenait pas qu’il ne prenne pas au sérieux les problèmes qu’elle soulevait, qu’il ne les considère pas comme problèmes ou s’imagine les résoudre sans peine et sans conséquences. Sans que ça ne change quoi que ce soit entre eux.

« C'est pas parce que t'es une demi portion et que t'as un joli pelage gris et roux que je t'aurais épargné Miss Twain. »

Non, il ne sous-estimait pas la situation, le danger en soi, mais ce qu’il sous-estimait, c’était l’impact que ça aurait sur elle. Il ne voyait pas qu’elle ne le verrait plus jamais de la même manière, n’oserait plus le regarder dans les yeux, et surtout qu’elle ne se verrait plus jamais de la même manière elle-même et n’oserait plus se regarder dans un miroir. Elle évitait d’ailleurs soigneusement de croiser son regard, sans pour autant baisser ni détourner le sien. Et voir son petit sourire eut l’effet de la conforter dans cette sorte de frustration qu’elle sentait naître en elle.

Elle savait ce qu’il était en train d’essayer de faire là. Il voulait la provoquer, la faire sortir du trou où elle se terrait, de cette spirale de pensées dans laquelle elle s’enlisait comme dans des sables mouvants, et lui faire reprendre du poil de la bête (… ha, ha, ha). Et quelque part, peut-être avait-il réussi, mais probablement pas de la manière escomptée. Cette frustration, cet agacement, ce n’était sans doute pas ce à quoi il s’attendait de sa part. Mais elle n’arrivait pas à rentrer dans son jeu, et n’en avait même pas envie. Car ce n’était pas un jeu.

Et puis il y avait la tristesse, celle qui lui pinçait le cœur et lui donnait envie de se rouler en boule dans un coin. Une tristesse un peu sortie de nulle part, finalement, mais bel et bien là alors qu’elle réalisait que malgré tout, elle n’avait rien à reprocher à Enzo. Qu’il faisait de son mieux pour l’aider, depuis le début, et qu’elle n’avait pas le droit de lui en vouloir alors qu’il ne faisait qu’essayer de trouver les bons mots pour lui parler…

« C'est pour ça que j'ai insisté pour que tu viennes, parce que je savais qu'ici au moins toutes tes craintes resteraient uniquement des craintes. »

Elle hocha la tête. Elle ne risquait rien ici… oui, mais à quel prix ? Au prix de lui imposer le rôle de chaperon ? Au prix d’imposer à tout le monde de rester sur ses gardes et d’éventuellement user de violence contre une amie ? Non, elle n’était pas à l’aise avec ça. Même si sa raison lui disait que c’était mieux ainsi plutôt que de risquer la vie d’inconnus et la sienne, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si elle n’aurait pas mieux fait de rester dans son coin pour leur épargner tout ça… et pour se l’épargner aussi.

« T'as tué un renard, rien de plus que la chaine alimentaire. »

Non, vraiment, elle n’était pas à l’aise. Et le voir aussi indifférent ne faisait que la confronter à son malaise et le rendre encore plus impressionnant à ses yeux. Comme si elle n’arriverait jamais à s’en débarrasser. Comme si elle n’arriverait jamais à sa hauteur.

« Laisse toi le temps, ça ne se fera pas d'un claquement de doigts et t'as de toute façon aucune emprise là dessus alors … essaie de faire avec, de prendre les pleines lunes les unes après les autres. J'ai passé mes toutes premières lunes enfermé, c'était pas agréable mais au moins j'étais certain de pas faire de mal à qui que ce soit. Tout ça, c'est une question de choix à faire. T'as des options, je te les ai déjà exposées, à toi de gérer et prendre tes décisions en connaissance de cause. »

Nouveaux hochements de tête, tandis que ses yeux commençaient à la piquer. Elle était fatiguée. Elle était fatiguée, et cette conversation… c’était trop. Trop d’émotions, trop lui demander. Trop de choix et de contraintes à la fois. Elle était à deux doigts de craquer, de se mettre à pleurer de fatigue plus qu’autre chose.

« Tu sais ce qu'on dit, la nuit porte conseil. Ton corps et ta tête ont besoin de se reposer. D'ailleurs ils m'ont chargé de te dire que si tu veux profiter du confort et de la chaleur de la maison la porte t'es grande ouverte. »

Cette fois-ci, elle secoua la tête de droite à gauche, comme pour résorber les larmes qui s’étaient formées à la surface de ses yeux. Les avait-il vues ? Les avait-il senties venir ? Était-ce pour ça qu’il en avait rajouté une couche ?

« Non, non, je vais rentrer chez moi… »

Et c’était presque drôle de se dire qu’elle était finalement enfin à nouveau capable de prononcer ces mots. Chez moi. À la maison. Oui, malgré tout ce qui chamboulait sa vie ces derniers temps, il y avait au moins une chose de stable. Contrairement à ses apparences.

« Mais dis leur merci de ma part. »

Elle aurait voulu s’arrêter là, elle aurait dû s’arrêter là, mais, après un instant de silence plein de tension, elle céda.

« C’est juste que... ben c'est super gentil, vraiment... Comment ils m’ont acceptée, sans chercher à savoir qui je suis, et puis tout le reste, la bouffe, le thé, le lit… Mais je peux pas juste prendre indéfiniment sans jamais rien donner en retour... »

Trop fatiguée pour les retenir, les mots sortaient tout seuls une fois de plus, bientôt suivis par ces larmes qui ne demandaient qu’à couler le long de ses joues, et Caitlyn repensait à toute cette aide qu’elle avait reçue, tous ces risques qu’ils avaient pris et tous ces sacrifices qu’ils avaient faits, pour elle, alors même qu'elle ne le méritait pas, qu’elle n’avait aucun moyen de le leur rendre un jour.

« Enfin, vous avez surement mieux à faire que vous occuper de moi tout le temps... »

Et pourtant, alors qu'elle craquait, c'était justement ce qu'elle lui imposait une fois de plus. Qu'il s'occupe d'elle, alors que lui-même n'en menait pas large et n'attendait que le moment de pouvoir retourner se coucher. Elle cacha son visage dans ses mains, déposant l’assiette sur le matelas et remontant ses genoux contre sa poitrine.

« Je suis désolée. »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Sam 22 Juin 2019 - 19:32
« Non, non, je vais rentrer chez moi… »

Est ce que je me sens coupable de voir ces larmes apparentent sous ses paupières ? Est ce que je me sens coupable en percevant les battements de son cœur qui accélèrent et sa respiration qui se hache ? Un peu, oui, je ne suis pas un monstre, mais je ne regrette pour autant pas ce que je viens de dire. Chaque mot prononcé est pensé. Même si je comprends qu'elle n'en soit pas au même stade que moi – chose on ne peut plus normal – et que mon attitude désinvolte la dérange d'un certain côté je ne changerai rien.

« Mais dis leur merci de ma part. »

Je ne dis rien, je ne bouge pas, parce que je sens qu'elle est sur le point d'imploser. Comme une impression de déjà vu – et non, ça n'est pas un jugement. Bien au contraire.

« C’est juste que... ben c'est super gentil, vraiment... Comment ils m’ont acceptée, sans chercher à savoir qui je suis, et puis tout le reste, la bouffe, le thé, le lit… Mais je peux pas juste prendre indéfiniment sans jamais rien donner en retour... Enfin, vous avez sûrement mieux à faire que vous occuper de moi tout le temps... »

J'irai pas jusqu'à dire que ça me frappe d'un violent coup au cœur, mais ces mots là … Je me souviens si ce n'est les avoir prononcé, au moins en avoir ressenti ce qu'ils expriment. Là , il n'y a pas si longtemps, quelques semaines, quelques mois tout au plus. Quand je n'étais plus rien si ce n'est l'ombre de moi-même, qu'ils m'ont tous portés à bout de bras, ont supporté mes différentes phases et angoisses. Sans eux … Sans Leiv, Isma, mon frère, mon petit ami, mes amis … je ne me serais pas aussi bien retapé je le sais.
Après la Morsure, je n'ai pas eu autant de soutien. Derek ne me supportait pas et à ce moment là c'était réciproque. Nos grand-parents étaient dépassés … Je n'avais personne. Je sais que c'est difficile d'accepter de l'aide, il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre ça, pour y arriver, alors oui je peux comprendre dans quel état d'esprit elle se trouve.

« Je suis désolée. »

Le trop plein. La fatigue. Le contre-coup. Ce qui lui arrive est brutal, drastique, c'est un changement énorme et faire avec les premiers temps est extrêmement compliqué. J'ai beau faire le malin, le type détaché et à l'aise avec ça, j'oublie pas ce par quoi je suis passé pour autant. Ne serait-ce que, encore une fois, ces dernières semaines.
Mais à tort ou à raison je ne peux pas m'empêcher de penser que ça, craquer, pleurer, laisser sortir tout ce qui l’oppresse, ne pourra qu'être positif. Et si je la regarde un instant sans rien dire et sans rien faire, je finis par me lever et venir m’asseoir à côté d'elle. Mon bras vient enrouler ses épaules et je la ramène contre moi en douceur. D'abord le silence, juste ma présence, le peu de chaleur que je peux communiquer, mais surtout le réconfort j'ose l'espérer. Ma main caresse son dos, je regarde devant moi sans réellement voir quelque chose de précis.

« Ça va aller. »

Non j'en ai pas la certitude mais si je le dis c'est que je le pense.

« Tu vas en chier, probablement pendant un sacré paquet de temps, mais tu réussira à faire de ça une force j'en suis certain. »

Peut-être qu'elle n'est pas encore prête à entendre ça, et je le comprends encore une fois. Ça prendra le temps, ça fera son chemin. Elle a survécu à la Morsure, ce qui va suivre ne sera pas simple mais ça n'est pas insurmontable. J'en suis la preuve vivante et j'y crois dur comme fer.

« T'es forte Caitlyn, t'y arriveras. »

Je me suis légèrement écarté, pour capter son regard quand ces mots là s'échappent à son attention. Je ne la connais pas par cœur, loin de là, mais j'en ai la quasi certitude.

« Et Isma et Leiv, ils aidaient déjà tous ceux qui en avaient besoin à Poudlard, ils continuent de le faire en dehors, sans se poser de question. Sans rien attendre en retour. Tu veux que j'te dise, j'ai arrêté de compter le nombre de fois où ils ont été là pour moi. Puis si c'était toi qui m'aidait, t'accepterais que je te tienne un tel discours ? »

Léger sourire en coin, un sourcil arqué, la tête penché, mais moins dans la désinvolture que précédemment. Je suis simplement intimement persuadé de tout ce que j'avance et même si je sais que pour le moment tout ça n'aura sans doute aucun effet peut-être que ça en aura plus tard.

« T'es mon amie, ma semblable maintenant, en ce qui me concerne non j'ai rien de « mieux » à faire que de t'aider comme je peux à traverser ce qui t'arrive. »

Simple fait.
Et de nouveau un sourire.

« Même si la tout de suite je cracherai pas sur mon plumard. »

Cette fois c'est carrément un rire bref qui m'échappe. Non, je n'arrêterai pas d'essayer de détendre l'atmosphère. Je suis fait comme ça, je ne changerai pas. Surtout pas après avoir flotté dans les limbes pendant de trop nombreuses semaines.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 1 Juil 2019 - 14:09
Elle était désolée. Désolée d’être dangereuse, d’être faible, d’être égoïste. Désolée de pleurer et d’être désolée. Oui, Caitlyn était désolée au plus profond de son âme, et les larmes coulaient à flots sur ses joues. Des larmes de fatigue, qu’elle n’arrivait pas à retenir alors qu’elle cachait son visage d’abord entre ses mains puis derrière ses jambes, les entourant de ses bras et se roulant en boule autour de son cœur qui éclatait en morceaux.

Elle n’en pouvait plus. Elle n’en pouvait plus de tout ça, elle n’y arrivait plus. Elle se sentait complètement perdue, démunie. Impuissante face à tout ce qui lui tombait dessus, croulant sous ce poids qui la terrassait chaque jour un peu plus. Et elle pleurait, sanglotait, laissant libre cours à cette tristesse qui l’emplissait, qui débordait. Ne cherchait pas à la retenir ni à la cacher, n’en avait ni la force ni l’envie. Et quand elle entendit Enzo se lever, le sentit s’asseoir à côté d’elle, elle le laissa l’attirer contre lui et la prendre dans ses bras, s’y réfugiant et pleurant de plus belle.

C’était tout ce dont elle avait besoin en cet instant. Des bras pour la protéger, une épaule sur laquelle pleurer. Sans rien dire, sans bouger, simplement une présence, un peu de chaleur, alors qu’elle ouvrait les vannes une fois de plus. Comme une gamine qui se serait disputée avec sa meilleure amie à la récré et qui pleurait dans les bras de sa mère car elle avait l’impression que c’était la fin du monde, mais qui en réalité n’avait besoin que d’une bonne nuit de sommeil pour se remettre de ses émotions et de quelques jours pour que tout revienne dans l’ordre.

Mais Enzo n’était pas sa mère, et elle s’en voulait de lui imposer ce rôle qui n’était pas le sien, qui ne devrait pas l’être. À la soutenir quand lui-même n’en menait pas forcément large, à supporter ses humeurs et sécher ses larmes, à l’aider à se relever voire la porter. Elle aurait voulu se débrouiller seule comme elle l’avait toujours fait, Mais force était de constater qu’elle n’en était plus capable. Qu’elle avait besoin de lui tout comme elle avait besoin de craquer et de dormir.

« Ça va aller. »

Sa voix posée, sa main qui caressait son dos, sa présence et son empathie… c’était exactement ce qu’il lui fallait en cet instant. Ses barrières tombaient une à une, comme des barrages d’un lac artificiel qui se fissuraient avant de céder complètement. Et les larmes continuaient à couler, ne tarissaient pas, des sanglots se formant dans sa gorge et la secouant mollement.

« Tu vas en chier, probablement pendant un sacré paquet de temps, mais tu réussiras à faire de ça une force j’en suis certain. »

Elle hocha la tête, renifla, essuya ses joues dans ses mains puis ses mains dans son pull, restant blottie dans le creux de ses bras. Oui, ça allait aller… Sa vie venait de basculer, de changer du tout au tout, mais elle allait retrouver un équilibre. Quant à réussir à faire de ça une force… c’était possible, c’était faisable, Enzo en était la preuve vivante et elle l’admirait, le respectait chaque jour un peu plus. Mais l’exemple qu’il lui donnait, aussi rassurant qu’il soit, était parfois presque décourageant.

« T’es forte Caitlyn, t’y arriveras. »

Il semblait si sûr de lui en disant ça. Tellement convaincu par ce qu’il affirmait. Mais plus il était sûr, plus elle doutait d’elle-même. Comme anticipant la déception qu’elle pourrait lire sur les traits de son visage quand il verrait qu’elle n’était pas à la hauteur et ne le serait jamais. Ses yeux dans lesquels il avait plongé les siens s’embuèrent à nouveau, ses lèvres se remirent à trembler et elle détourna le regard alors que de nouvelles larmes roulaient sur ses pommettes, silencieuses mais d’autant plus douloureuses.

Il avait tort, elle n’était pas forte. Elle n’était pas cette battante qu’elle avait été. Elle n’avait plus cette ardeur et cette détermination presque inconsciente qui la caractérisaient il y avait à peine un an de cela. Et elle n’avait plus cette confiance et cette sympathie envers les Lycanthropes et autres créatures magiques maintenant qu’elle en était une et comprenait à quel point ils avaient peur d’eux-mêmes.

« Et Isma et Leiv, ils aidaient déjà tous ceux qui en avaient besoin à Poudlard, ils continuent de le faire en dehors, sans se poser de question. Sans rien attendre en retour. Tu veux que j’te dise, j’ai arrêté de compter le nombre de fois où ils ont été là pour moi. Puis si c’était toi qui m’aidais, t’accepterais que je te tienne un tel discours ? »

Elle baissa la tête. Non, bien sûr qu’elle ne l’accepterait pas. Et elle se rendait compte de l’absurdité de son raisonnement. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Non, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle ne le remercierait jamais assez pour ce qu’il faisait et qu’elle ne serait probablement jamais à même de lui rendre la monnaie de sa pièce. Qu’elle lui serait redevable jusqu’à la fin de sa vie.

« T’es mon amie, ma semblable maintenant, en ce qui me concerne non j’ai rien de « mieux » à faire que de t’aider comme je peux à traverser ce qui t’arrive. »

Elle prit une inspiration, essuya une nouvelle fois ses yeux. Son cœur battait finalement presque à l’unisson avec celui de Enzo, et elle sentait une chaleur prendre naissance dans son ventre et se répandre partout dans son corps. Aussi fort qu’elle s’en veuille d’avoir besoin de lui ainsi, son soutien lui faisait tellement de bien qu’elle l’accueillait à bras ouverts.

« Même si là tout de suite, je cracherais pas sur mon plumard. »

Un petit sourire fatigué mais sincère étira ses lèvres alors qu’il laissait échapper un rire, et elle porta sa main à ses cheveux pour les remettre derrière son oreille en hochant la tête. Elle soupira légèrement, ses épaules s’affaissant. Elle se sentait soudain complètement vide. Vidée.

« Oui moi aussi. Je… pourrais peut-être rester là ? Promis je m’en vais pas et on se retrouve là pour que tu me ramènes à Londres ce soir. »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 1 Juil 2019 - 23:39
Ça n'est pas grave si elle n'y croit pas, j'y crois pour deux. J'étais probablement dans le même état d'esprit quelle à l'époque, plus ou moins, mais avec le recul je pense que j'aurai aimé entendre ce genre de discours, avoir un ou des exemples autour de moi pour me montrer et m'apprendre que ça peut ne pas être seulement une malédiction. Personne n'aime souffrir, pas comme ça en tout cas, mais j'aime à croire qu'avec le temps tout comme moi elle parviendra à passer au dessus des points négatifs pour apprécier ceux qui en valent le plus la peine.

Vous savez ce qu'on dit, non ? A chaque jour suffit sa peine. Et sincèrement je pense que pour aujourd'hui, tout ça, c'est suffisant.
Et non je ne dis pas ça parce que j'ai envie de dormir. Oh !

« Oui moi aussi. Je… pourrais peut-être rester là ? Promis je m’en vais pas et on se retrouve là pour que tu me ramènes à Londres ce soir. »
« Tu peux, si tu veux, mais simplement pour que tu ne sois pas surprise Ismaelle va probablement aller et venir ici toute la journée. »

Après tout, c'est chez elle, et surtout son lieu de travail. Ce qu'elles faisaient à Poudlard, elle continue de le faire ici. Les cours en moins, pour l'instant en tout cas.

« T'en fais pas, tu peux lui faire confiance. Elle ne cherchera pas à savoir qui tu es. »

Pas parce qu'elle y est indifférente, simplement parce qu'elle respecte toujours le choix des autres. Je ne sais pas à quel point Caitlyn la connait, j'aime à penser qu'elle sait tout ça néanmoins.

« Ce sera peut-être avant ce soir, par contre. »

Sourire tranquille, encore une fois rien de plus que la vérité. Non je ne compte pas passer la journée ici, j'aimerai rentrer, retrouver mon frère, mes repères, ma solitude aussi – et ça n'a rien contre elle, évidemment. Je sais aussi que tôt ou tard je ressentirai le besoin et l'envie un peu plus fort d'avoir mon petit ami près de moi. Sentir sa peau, son odeur, percevoir les battements de son cœur comme je ne les perçois qu'une seule fois par mois. Je sais, c'est sans doute étrange d'un point de vue totalement humain mais je ne suis pas, totalement humain. Surtout, ça ne regarde personne. Et naturellement Wax a profité de mon inattention le concernant pour finir mon assiette.
Ankylosé, fatigué, je me relève et m'étire tout en faisant craquer mes cervicales une nouvelle fois. Un long et profond soupir m'échappe, pas de lassitude ni d'agacement, juste un réflexe physiologique. Ma tête a envie d'appuyer sur pause, mon corps cri au repos et je compte bien les leur accordé.

Pour autant, c'est bien un sourire de sale gosse qui se dessine cette fois sur mon visage alors que je la regarde de haut – sans volonté de me montrer supérieur ou imposant pour autant.

« En attendant tu me fais passer pour un sacré gougeât de te laisser dormir dans la grange alors que j'ai un lit douillet et chaud qui m'attend, j'te remercie pas. »

Franchement … Mais elle a fait son choix !

« Si t'as besoin de quoi que ce soit tu me sonnes. »

Une dernière fois je me penche légèrement vers elle et dépose un baiser sur le sommet de son crane, plus sérieux. De nouveau tranquille.

« Repose toi bien. A plus tard. »

Un dernier sourire, un dernier regard. Je claque de la langue pour appeler Wax après avoir ramassé les assiettes vides et sort du box. Direction la maison et Morphée. Et une croix de plus dans le calendrier.

▬ FIN ▬
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 8 Juil 2019 - 22:50
Non, Caitlyn n’y croyait pas. Ou du moins avait beaucoup de mal à y croire. À croire en elle-même, en sa force, sa capacité à tirer le meilleur de ce qui lui arrivait de pire. Pourtant, elle n’avait jamais considéré la lycanthropie comme une malédiction… mais depuis qu’elle en faisait l’expérience, et aussi triste que ce soit, elle avait changé d’avis sur la question. Pas au point de dramatiser la situation si ça arrivait à quelqu’un d’autre et qu’elle devait le soutenir, mais assez pour désespérer de sa propre situation.

Mais la fatigue avait au moins l’avantage de ralentir le flot de pensées qui lui traversaient l’esprit. Maintenant que ses larmes s’étaient taries et son souffle calmé, elle se sentait vidée. Le calme après la tempête. Complètement à bout de forces, elle n’arrivait même pas à lutter contre l’envie de rester dormir là dans cette grange qui sentait si bon le foin et les animaux, quand bien même elle savait qu’elle ne le méritait pas.

« Tu peux, si tu veux, mais simplement pour que tu ne sois pas surprise Ismaelle va probablement aller et venir ici toute la journée. T'en fais pas, tu peux lui faire confiance. Elle ne cherchera pas à savoir qui tu es. »

Non, elle ne méritait pas ce confort, et surtout cette gentillesse dont ils faisaient tous preuve envers elle, sans rien attendre en retour. Même pas de savoir qui elle était. Elle avait encore assez de scrupules et de morale pour se priver du luxe de la chambre à l’intérieur de la demeure, avec lit douillet et draps propres, savait qu’elle s’en voudrait beaucoup trop si elle acceptait la proposition de Helland, mais n’avait pas tellement la foi de traverser terres et mers pour rejoindre son campement dans l’immédiat.

« Ce sera peut-être avant ce soir, par contre. »

Elle acquiesça sans hésiter, puis entreprit de se relever lentement, l’imitant. Tête baissée, elle le laissa s’étirer, essayant pour sa part de détendre ses muscles les paupières fermés. Et puis il y eut un changement dans l’air et elle releva les yeux pour voir un grand sourire étirer les lèvres de Enzo.

« En attendant tu me fais passer pour un sacré gougeât de te laisser dormir dans la grange alors que j'ai un lit douillet et chaud qui m'attend, j'te remercie pas. »

Elle lâcha un petit rire amusé, haussa les épaules.

« Bah, tout le monde ne peut pas être un gentleman… »

Non mais vraiment... Enzo, un gougeât ? Un incorrigible sale gosse, oui, et heureusement d’ailleurs, mais autrement, il était juste un des mecs les plus gentils qu’elle connaisse. Voire le.

« Si t’as besoin de quoi que ce soit tu me sonnes. »

Qu’est-ce qu’elle disait ?

« Merci Enzo. Vraiment. »

Un murmure, et elle ferma à nouveau les paupières, soupira, alors qu’il déposait un bisou dans ses cheveux.

« Repose toi bien. À plus tard. »

Elle releva la tête, plongea ses yeux dans les siens alors qu’il lui souriait.

« Toi aussi. Bonne nuit. »

Adossée à l’encadrement de la porte, elle le regarda s’éloigner, le chiot dans les pattes, puis rentra dans le box et le referma. Réalisant qu’elle était transie de froid, récupéra la couverture chauffante et s’emmitoufla dedans, lâchant un dernier soupir d’aise.

The End.
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