Retrouvailles - Oliver

Vendredi 20 novembre 2015

Il fallait qu’il se lève, qu’il trouve la motivation au fond de lui. Il fallait qu’il se trouve au minima un boulot ou quelque chose à faire, même en bénévolat. Non un boulot, un truc qui lui rapporte du pognon pour qu’il puisse laisser les parents d’Esteban en paix. Certes, ces vieux étaient heureux de l’voir chez eux, mais lui, il était quand même plutôt gêné de tout cela. Il fallait qu’il se remette sur pied moralement, psychologiquement avant, mais cela ne l’empêchait pas de penser, encore et toujours, comme il l’avait pendant ses six ans, lorsqu’il ne lui restait que ça à faire.

Trouver du boulot oui, mais où ? Deux options : monde magique, ou monde moldu ?
Monde magique, il avait les diplômes, mais qui voudrait employer quelqu’un comme lui ? Probablement que peu de personnes lui donneraient sa chance.
Monde moldu, il n’avait pas de diplômes du coup cela serait beaucoup plus compliqué pour trouver un boulot.

Alors, il se tâtait, encore et encore, il essayait de voir le pour et le contre. Il pouvait toujours essayer de postuler un peu dans les deux mondes, peut-être qu’il pourrait se débrouiller pour devenir pompier ou secouriste en bidouillant un peu son CV. Mais repartir sur un mensonge, commencer une nouvelle vie comme ça n’était probablement pas souhaitable. Non, il devrait probablement d’abord tenter le monde magique. Peut-être que certains de ses anciennes connaissances voudraient bien l’aider, peut-être que certains employeurs pourraient être de bons samaritains ou comprendraient qu’il n’était pas dangereux, que ce n’était que de la légitime défense… qu’il n’était pas réellement un meurtrier, enfin si, mais pas dans le sens où beaucoup l’entendent.

Il ouvrit un œil, il était déjà 10h00. Il soupira, il se sentait toujours totalement vide d’énergie, vide tout court, totalement apathique. Il se passa une main dans ses cheveux et prit sur lui pour se lever, il se dépêcha à prendre une douche et sortit sans prendre le temps de manger. Il n’avait pas faim. Il n’avait envie de rien. Ses pensées divaguèrent et lui marchait, encore et encore dans les rues de Londres faisant tout juste attention où il mettait les pieds pour ne pas renverser quelqu’un. Il finit par arriver dans un parc et s’installa sur un banc et prit le livre qu’il avait dans son sac. Peut-être qu’il arriverait à se concentrer assez longtemps pour avancer un peu, pour se changer les idées, retrouver de l’énergie. Cette petite escapade ne lui avait pas spécialement fait de bien, mais au moins il avait réussi à quitter la maison contrairement à la veille. C’était un mieux.

Il détestait cette situation, il détestait être comme ça. Faible, stupide, sans but. Il avait envie de se foutre des baffes pour se réveiller, mais il savait pertinemment que cela ne changerait rien que le mal était beaucoup plus profond et que seul le temps pourrait réellement l’aider… en théorie. Il devait se fixer des objectifs pas trop difficiles, progresser un peu chaque jour, juste une miette, pour ne pas retomber d’un coup. Il soupira et referma rapidement le bouquin, impossible de se concentrer. Alors qu’il allait se lever pour retourner chez les parents d’Esté, son regard se porta sur un jeune homme noir qui lui rappelait quelque chose. Quelques secondes passèrent, probablement le temps que son cerveau se reconnecte, resitue la silhouette, le personnage.

«Oliver ?! »

Il n’était pas sûr de lui. Absolument pas sûr. Il n’était même pas certain, que l’autre l’ait entendu. Allez, Gary, on arrête d’avoir cet air hagard. Et on fait comme si tout allait bien.

La matinée, il l’avait passée déconnectée de tout réseau social. Assis en tailleur dans son salon, son chat se posant des questions avant de se désintéresser totalement de son comportement anormal, il était resté là, à fixer son téléphone, à transférer ses dossiers sur son ordinateur portable, compilant les informations, travaillant sur logiciel informatique afin de voir et revoir, agrandir, ralentir etc,  toutes les vidéos qu’il avait pu prendre. Il y avait celle de la jeune femme dont les cheveux avaient changé de couleur… seuls, comme ça, sans raison apparente. Celle qu’il avait suivi, se faisant l’effet d’un stalker, flippant au possible. Pourtant, il ne pouvait faire autrement. Il ne pouvait pas la perdre de vue, ça n’était simplement pas possible. Elle était une preuve. Une putain de preuve qu’il n’était pas cinglé. Maintenant, il faudrait qu’il montre ça à quelqu’un. Pour être sûr. Pour que quelqu’un d’autre puisse confirmer ses dires au cas où… ça, il ne voulait pas y penser. Il était sans doute déjà allé trop loin de toute manière.
La dernière fois, il était rentré chez lui sans que quoi que ce soit ne lui semble anormal. Il se sentait un peu vaseux, certes, comme s’il couvait quelque chose, mais rien de plus. Rien d’étrange. Et pourtant, lorsqu’il avait vérifié son téléphone le lendemain, il était tombé de haut. Il y avait là un enregistrement dont il n’avait plus aucun souvenir. Callum était allé faire de l’urbex, ça, il s’en souvenait. Mais tomber sur deux types étranges qui avaient fait voler un objet puis avaient disparu : de ça, il n’avait plus aucun souvenir. Ni même de la conversation avec l’autre type. Alors bien sûr, il n’avait quasiment aucune image suite à sa chute, portable dans la poche. Oliver avait tenté de faire dépasser la caméra – ce qui ne donnait de base pas une image très utile – mais rapidement, celle-ci avait glissé, ne rendant plus utilisable que la bande son. Et encore ! Celle-ci souffrait des bruits de frottement contre le tissu. C’était dommage, mais là n’était pas l’essentiel. Ce qui était important, c’était bien qu’il ne se souvenait de rien de tout ça. L’homme lui avait fait quelque chose pour effacer sa mémoire.

Et, oui, il flippait. Mais son instinct reprenait le dessus. Ce putain d’instinct qui l’avait poussé à revenir dans cette ville maudite plutôt que de disparaître et de se faire oublier. Cette connerie qui faisait qu’il était là, à subir des choses qu’il ne pouvait expliquer, à suivre des gens qui risquaient de causer sa perte. Mais c’était comme une drogue. Il lui fallait creuser et en savoir plus.

Rejetant sa tête en arrière, il s’étira en arrière, les mains à plat sur le sol. Non, là, il avait surtout besoin d’une pause. Besoin de souffler un peu et de prendre l’air. Et surtout, de se dépenser. Oliver était tendu au possible et avait besoin d’évacuer toute tension de son corps avant d’exploser.

C’est ainsi qu’il s’était retrouvé à courir à l’extérieur, prêt à intensifier son entraînement pour travailler en force. Il s’était arrêté une seconde pour sortir son téléphone, prendre une photo dans le parc afin de la poster sur les réseaux – on ne se refait pas – quand quelqu’un l’interpella. Etonné, il se retrouva donc face à un visage qu’il mit quelques secondes à remettre, répondant sur le même ton interloqué que son ami d’enfance.

« Gary ?! Sérieusement ?! Heeey !! »

Lui offrant un grand sourire, il l’avait prit dans ses bras, oubliant sa récente course et donc la sueur qu’il avait commencé doucement à sécréter.

« Merde ça fait combien d’années ?! Tu deviens quoi ?! »

Peut-être pas le sujet à aborder vu la situation de son ami, mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Abandonnant les filtres à apposer sur sa photo syn-course, il se rapprocha d’un banc, invitant Gary à le suivre, en profitant pour travailler sa cheville étrangement un peu douloureuse lors des dernières foulées. Ça l’obligerait à ne pas forcer, il était conscient que ça ne serait pas un mal. Pourtant, si son esprit était pour l’instant un  peu dévié de ses préoccupations inquiétantes, son corps, lui, aurait bien aimé se défouler encore un  peu.

Bien, l’autre l’avait reconnu, c’était plutôt un bon point. Cela voulait qu’il n’avait pas trop changé malgré ces six années d’enfer ! Dans un certain sens, c’était plutôt un compliment ; Ouais, il fallait qu’il prenne les choses de façon la plus positive qui soit ! Par contre il ne s’était pas spécialement attendu à ce que l’autre le prenne dans ses bras. Il fut assez surpris mais le laissa faire, remarquant à peine l’odeur de transpiration de l’autre garçon. C’était tout à fait supportable par rapport à ce qu’il avait subi… et puis ils étaient dans un lieu quand même très aéré !

« Merde ça fait combien d’années ?! Tu deviens quoi ?! »

La question à dix mille gallions… heu non livres.  C’était logique qu’il y ait une telle question à un moment, c’était juste « obligatoire », le souci, c’est même s’il le savait il ne s’y était pas préparé et ne savait p as trop quel mensonge sortir… il n’aimait pas mentir, mais il ne pouvait pas dire non plus la vérité « hey mec je sors de prison, et tu sais quoi, une prison pour sorcier en plus », non, il ne pouvait pas dire ça e rien que de penser à ces six années lui donnaient envie de se rouler en boule sur le banc et d’y resté cloitrer, seul, dans ses songes. Mais bien sûr, il ne pouvait pas agir de la sorte, ça serait trop étrange, alors il devait prendre sur lui. Réellement. Beaucoup. Beaucoup trop.
Son regard se perdit dans le vide quelques instants. Trouver une échappatoire. Une excuse. Dire quelque chose, qui ne pourrait pas trop lui porter préjudice par la suite. Si certains mentaient avec une facilité déconcertante, ce n’était pas son cas, ou du moins pas sur certains sujets, pas sur celui-là qui était bien trop sensible pour lui, bien trop « frais », peut-être que dans quelques mois, dans quelques années ça serait beaucoup plus simple –ou pas-, mais pas pour l’instant.

« J’étais ici et là, je sais, c’est vague, mais voilà.. Et toi alors ? »

Il fit une petite moue confuse, avant de tenter de lui sortir un petit sourire. Voilà, la réponse la plus pitoyable du monde, mais…. Il n’avait pas menti. Il avait failli dire qu’il avait voyagé… ce qui aurait pu être vrai, vu qu’il avait voyagé en pensée, mais c’était quelque chose qui pourrait ensuite se … disons se retourner contre lui, avec cette réponse, cel a signifiait qu’il ne voulait pas trop en parler. Il n’y avait qu’à espérer que son ancien camarade d’enfance comprendrait qu’l avait ses raisons et qu’il ne le prendrait pas mal, pas trop.

«Tu fais quoi dans la vie  à présent? J’espère … que tu n’allais pas faire un truc important, par ce que vas-y, on pourra papoter un autre jour. » Il se tut quelques instants avant d’ajouter «Et ça doit ben faire six ans et demi, peut-être sept ans ? Mais sans en être certain totalement … »

Oui, il venait de répondre à une question du début, et alors ? Est-ce que cela posait un problème ? Non, pas du tout pour lui en tout cas !

Si Gary souffrait et s’interrogeait sur tout ce qu’il faisait et vivait à l’heure actuelle, ça n’était pas le cas d’Oliver qui, lui, agissait totalement en pilote automatique. Pas de prise de tête, pas de réflexions sur sa relation aux autres qui, elle, était complètement naturelle. Le journaliste avait beaucoup trop de sujets d’inquiétude pour bloquer sur quelque chose qui était instinctif pour lui à l’heure actuelle : l’humain. Il avait donc bien sentit être un peu trop intrusif face à ce vieil ami perdu de vue depuis bien longtemps. Le jeune homme était bien moins détendu que la dernière fois qu’ils s’étaient vus et Oliver ne pouvait présumer de ce qu’il avait pu vivre depuis. Il notait simplement cette petite tension, loin d’y voir un rejet. Sa première réponse était tout à fait dans la même veine.

« J’étais ici et là, je sais, c’est vague, mais voilà.. Et toi alors ? »

Pas envie d’en parler, ok, c’est noté. Manifestement ces dernières années n’avaient pas été simples pour son ami et il en était navré pour lui mais s’il ne souhaitait pas en parler, c’était son droit.

« Oh un peu pareil. »

Sans doute pas.

« J’ai été journaliste et ça a foiré. Je suis de retour ici depuis quelques semaines seulement. »

C’était un bon résumé. Qui omettait totalement la problématique qui le taraudait ces derniers temps, à savoir le fait qu’un type du genre magicien avait été capable de tuer son mec en une fraction de seconde, qu’il y avait d’autres personnes comme lui capable d’effacer les mémoires ou de changer leur apparence. Rien de transcendant quoi !

«Tu fais quoi dans la vie  à présent? J’espère … que tu n’allais pas faire un truc important, par ce que vas-y, on pourra papoter un autre jour. »

« Oh nan pas de soucis je… me défoulais ! »

«Et ça doit ben faire six ans et demi, peut-être sept ans ? Mais sans en être certain totalement … »

« Quelque chose comme ça ouais c’est dingue. J’te dis, je suis pas là depuis longtemps en plus donc c’est sympa de croiser des têtes connues. J’ai l’impression que tout à changer ici… tout en restant pareil. C’est un peu con ce que je dis. »

Entre la découverte d’un nouveau monde sans doute caché quelque part et le fait qu’il y ait eu un séisme ici il y a peu tu veux dire ? Les deux pouvant être liés d’ailleurs… à creuser. Bon, bref, il ne t’a pas demandé une dissertation sur les mouvements de la croute terrestre dans la région londonienne, donc réponds à sa question.

« Et sinon ben tu te souviens que je postais pas mal sur internet ? C’est un peu vieux je sais mais bon. Bref, ma carrière ayant littéralement explosé en morceau … ainsi que mon couple et mon compte en banque, j’en suis là, à recoller les morceaux. Le net commence à me rapporter, tu cherches « Callum » et tu devrais me trouver, c’est mon pseudo. Et je complète tout ça avec de la photo essentiellement, des articles par-ci par-là…. Bref, je gratte comme je peux. »

Là, c’est le moment où un « et toi » sort classiquement mais Oliver avait bien comprit que Gary n’avait aucune envie de parler de lui… il allait devoir enchaîné.

« Et vu que je fais un peu ce que je veux de mon boulot, je peux m’organiser donc là j’ai du temps ! J’avais prévu un petit footing avant d’aller à la salle, la piscine ou… en vrai, j’avais pas encore bien prévu la suite. Mais ça peut attendre. Tu veux aller boire un verre ? …. Eventuellement chez moi pour que j’ai pu prendre une douche en cours de route ? »

Non, il n’avait pas pensé une seule seconde que ceux qui l’inquiétaient tant pouvaient faire partie de ses proches. Et même de ceux qu’il n’avait pas vu depuis des années.

« Enfin, après si t’es motivé par un training pas de soucis, mais je doute que ça te branche. »

Il avait lâché un petit rire amusé. Des deux, ça avait toujours été lui l’hyperactif impossible à tenir.

Pitié qu'il ne pose pas plus de question, par ce qu'il ne savait pas franchement comment est-ce qu'il allait répondre. Il devrait mentir, probablement ; inventer quelque chose et il n'en avait pas spécialement envie. S'il commençait dans les mensonges, il risquait de finir de s'embrouiller là-dedans pour chaque Moldu qu'il rencontrerait. Pour les Sorciers, et bien, c'était quand même différent, il n'était pas forcément obligé de « mentir », éluder quelques points, probablement, mentir non. De toute manière, bon nombre de ses proches sorciers savaient pertinemment où il avait fini ; alors bon, il n'y avait pas de précautions à prendre. Pas trop du moins. Tout dépendait probablement comment ils s'entendaient avant, tout dépendait également de quel sang est-ce qu'ils seraient.  C'était quoi de monde de fou en six ? Sérieusement, il avait entendu parlé de tout ce qui s'était passé à Poudlard et juste.... Merde. Mais ce n'était pas le moment de penser à cela. Allez Gary on se concentre sur son interlocuteur, ce n'est pas difficile quand même, même si tu en as perdu un peu l'habitude.

« Oh un peu pareil. J’ai été journaliste et ça a foiré. Je suis de retour ici depuis quelques semaines seulement. »
 «Comment ça, quelque semaines et ça a foiré ? Il s'est passé quoi ? Tu as une fourni une mauvaise info qui a détruit quelqu'un ? Tu n'as pas pu aller au bout de ton reportage ? Ou alors, tu t'es rendu compte que ça t'emmerdait copieusement ? »

Oui voilà, détourner l'attention de son ami sur son cas, Ollie était bavard, bien plus expansif que lui, ce n'était donc probablement pas trop difficile d'arriver à le faire parler assez longtemps pour qu'il meuble tout seul la conversation sans qu'il ait l'impression de faire un monologue. Gary devait juste poser de bonnes questions, arriver à « philosopher » avec lui, ce genre de participation.

« Oh nan pas de soucis je… me défoulais ! »

Donc, il l'avait interrompu en train de se défouler, … en train de courir. Vu l'activité sportive qu'il avait eu à Azkaban il allait probablement cracher ses poumons rapidement donc non, il ne participerait pas si l'autre lui demandé. Pas aujourd'hui du moins, lorsqu'il se serait refait une santé à peu près potable pourquoi pas, mais il allait surtout falloir qu'il retrouve un peu volonté d'abord. Beaucoup même. Cette déprime, si on pouvait appeler ça comme ça, ce n'était pas simple à gérer pour lui et il n'arrivait pas à se débarrasser de tous ces sentiments néfastes. Il n'avait donc rien répondu à cela se contentant simplement d'acquiescer, pas la peine de tendre le baton pour se faire battre en disant « cool », ou quelque chose comme ça ; Ici, le silence était préférable bien qu'avec Ollie on pouvait s'attendre à tout.

« Quelque chose comme ça ouais c’est dingue. J’te dis, je suis pas là depuis longtemps en plus donc c’est sympa de croiser des têtes connues. J’ai l’impression que tout à changer ici… tout en restant pareil. C’est un peu con ce que je dis. »
 « Non, non je vois totalement ce que tu veux dire. C'est vrai qu'en quelques années la ville a changé, des immeubles de notre enfance, vétustes sont parti et d'autres ont été construit à la place, et il y a pas mal de nouvelles infrastructure.»

Et s'il savait comment ça a avait changé dans le monde magique qui se trouvait juste « à côté », c'était pire, bien pire. S'il savait, peut-être que cela lui foutrait les jetons, mais il ne savait et il valait mieux que les moldus restent dans l'ignorance.

« Et sinon ben tu te souviens que je postais pas mal sur internet ? C’est un peu vieux je sais mais bon. Bref, ma carrière ayant littéralement explosé en morceau … ainsi que mon couple et mon compte en banque, j’en suis là, à recoller les morceaux. Le net commence à me rapporter, tu cherches « Callum » et tu devrais me trouver, c’est mon pseudo. Et je complète tout ça avec de la photo essentiellement, des articles par-ci par-là…. Bref, je gratte comme je peux. »
 « Ca fait beaucoup de morceaux, je suppose que tu ne pouvais pas tout recoller. » dit-il pince sans rire,

Et pourtant c'était bel et bien un trait d'humour. Mais bon, au moins ils avaient des choses en communs, lui aussi tout avait volé en morceaux, son couple -trouble-, byebye, sa vie, en morceaux, son compte en banque, lui n'avait pas bougé mais on ne pouvait pas dire qu'il été très plein non plus ? Klara, il ne la reverrait probablement jamais, quant à Esteban, ce dernier lui avait promis d'essayer de venir passer une soirée avec lui dès qu'il le pourrait avec son boulot ; et un peu tard dans l'année, il espérait pouvoir prendre quelques vacances. Bref, Esteban était aux quatre coins du monde, blindé de boulot. Il soupira doucement avant de reprendre.

 «D'accord, j'essayerai de regarder ça ce soir. De la photo, de quel genre ? »

Oui, de quel genre. Quel genre de photos marchaient aujourd'hui ? Celles pour les reportages, mais visiblement surtout celles du star-system, ou celles de professionnelles pour les particuliers ou autres -mariage, naissance et compagnie-.

 « Et vu que je fais un peu ce que je veux de mon boulot, je peux m’organiser donc là j’ai du temps ! J’avais prévu un petit footing avant d’aller à la salle, la piscine ou… en vrai, j’avais pas encore bien prévu la suite. Mais ça peut attendre. Tu veux aller boire un verre ? …. Eventuellement chez moi pour que j’ai pu prendre une douche en cours de route ? Enfin, après si t’es motivé par un training pas de soucis, mais je doute que ça te branche,»
 «Ouais, non le training, une autre fois... dans quelques mois. Je sors d'un mauvais truc et je dois avoir la capacité pulmonaire d'un oisillon. »

Ouais truc, c’était vague, mais ça pouvait tout expliquer. C'était assez large pour qu'Oliver se fasse des idées, et sans précisions, pour bien lui montrer qu'il n'avait pas envie d'en parler. Ce n'était pas très glorieux, mais ce n'était pas non plus un mensonge.

 « Mais je suis d'accord pour le verre, et je te suis ! Après, on peut se reprogrammer mais ça pour plus tard, je ne veux pas non plus que tu te dépêches ou quoi que ce soit. Je ne le prendrais pas mal, si tu me dis je préfères ce soir ou demain, ça sera plus cool, ou quelque chose dans ce goût-là. »

Peut-être par ce que ça lui donnerait du temps pour se préparer à tenir une vraie conversation, plus que quelques minutes. Il n'en avait plus trop l'habitude et c'était... ouais, presque épuisant. En fait, il ne savait pas trop comment définir tout cela, c'était un peu inédit comme émotions qui s'entrechoquaient.

«Comment ça, quelque semaines et ça a foiré ? Il s'est passé quoi ? Tu as une fourni une mauvaise info qui a détruit quelqu'un ? Tu n'as pas pu aller au bout de ton reportage ? Ou alors, tu t'es rendu compte que ça t'emmerdait copieusement ? »

« Non, ça a duré quelques années avant de merder. Mais je ne suis de retour ici que depuis quelques semaines, c’est ce que je voulais dire. »

Souhaitait-il lui expliquer comment sa carrière avait volé en éclat ? Sincèrement, il n’était pas réellement sûr. Loin de là même. Le jeune homme était parti pour se défouler, pas pou aborder des sujets compliqués comme l’existence d’un monde de magiciens psychopathes et de la mort d’un proche dont il était coupable du fait de ses recherches. Non, sincèrement, il n’avait pas réellement envie d’aborder ces sujets un peu merdiques. Ni même de lui servir ses mensonges habituels sur le sujet. Il était de notoriété publique sur le net qu’il avait mit le doigt dans un truc juteux mais à la fois pour se préserver et pour re-booster sa carrière, il n’avait toujours pas donné toutes les informations. Ça lui permettait de donner un petit coup de pouce à sa chaîne quand elle en avait besoin. Et en attendant, aucun magicien étrange n’avait sonné à sa porte, ce qui était plutôt une bonne chose.

« Non, non je vois totalement ce que tu veux dire. C'est vrai qu'en quelques années la ville a changé, des immeubles de notre enfance, vétustes sont parti et d'autres ont été construit à la place, et il y a pas mal de nouvelles infrastructure.»

« Ouais.. ! »

Quelque chose dans ce goût-là. Et il y a des types en robes longues qui buttent des gens, les enlèvent ou leur effacent la mémoire au coin de chaque rue. Sujet délicat. C’était son problème à l’heure actuelle, et la raison pour laquelle son nombre d’amis avait drastiquement chuté : il ne pouvait pas parler de ce qui avait réellement de l’importance. Pire encore, un grand nombre de ses anciens contacts avaient disparus dans la nature sans donner de nouvelles. Certains ne se souvenaient même pas d’eux. Il savait que quelque chose n’allait pas. Tout comme il savait qu’il était sur la sellette également.

« Ca fait beaucoup de morceaux, je suppose que tu ne pouvais pas tout recoller. »
Son air pince sans rire avait déclenché un rire amer chez Oliver.

« Ouais on peut dire ça comme ça. Je fais comme je peux pour remettre doucement de l’ordre dans ce joyeux bordel. »

Et mine de rien, il se rendait compte qu’il n’avait toujours pas répondu à la question principale que Gary lui avait posé à l’origine : que c’était-il passé ?

«D'accord, j'essayerai de regarder ça ce soir. De la photo, de quel genre ? »

« Pas mal de choses. De l’alimentaire … enfin, dans le sens, des photos qui marchent facilement quoi. Pour des reportages ou des événements. Et puis ce qui m’éclate vraiment. Du vif, de l’urbex aussi…  Tu parlais des vieux immeubles et autre. Je ne sais pas si tu connais, le principe c’est de trouver des lieux sympas de la jungle urbaine. Une espèce de monde oublié, éparpillé partout dans la ville. J’te montrerai si tu veux. »

Car oui, il n’avait pas son appareil sur lui. Pas en pleine séance, ce serait trop dangereux pour du matériel qui lui couterait actuellement trop cher à remplacer.

«Ouais, non le training, une autre fois... dans quelques mois. Je sors d'un mauvais truc et je dois avoir la capacité pulmonaire d'un oisillon. »

« Ah merde, j’espère que ça va mieux. Enfin tu sais, c’est sans doute justement le moment de s’y remettre. Enfin tu fais comme tu veux. »

Oui, parce que ça peut être vite chiant, les sportifs qui te sortent ça à la tronche, comme si c’était simple.

« Mais je suis d'accord pour le verre, et je te suis ! Après, on peut se reprogrammer mais ça pour plus tard, je ne veux pas non plus que tu te dépêches ou quoi que ce soit. Je ne le prendrais pas mal, si tu me dis je préfères ce soir ou demain, ça sera plus cool, ou quelque chose dans ce goût-là. »

« Eh bah tu sais quoi, je finis mon sport, et quand je serais complètement vidé, donc d’ici… allez, on dit 2h ? Je t’invite chez moi. Ça te va ?! Comme ça je finis mon training, je range, et on ne paye pas un verre un rein et demi. Et j'aurais pu prendre nune douche, ce qui est sans doute mieux pour tout le monde ! »

« Non, ça a duré quelques années avant de merder. Mais je ne suis de retour ici que depuis quelques semaines, c’est ce que je voulais dire. »

Gary acquiesça doucement. C’était pas mal quelques années, mais c’était dommage pour lui que ça ait merdé, et encore ce terme était franchement vaste. Il avait envie de lui demander plus de détails, mais il se dit qu’au final l’autre garçon n’avait pas forcément envie d’en parler ! Il arrivait quand même à faire un peu la conversation à l’autre garçon sans trop livrer d’informations personnelles. Il avait même essayé de faire une petite blagounette, un peu cynique, mais ça Oliver devait avoir l’habitude depuis le temps… enfin l’habitude, était un bien grand mot vu ce qu’ils se côtoyaient depuis quelques années.

« Ouais on peut dire ça comme ça. Je fais comme je peux pour remettre doucement de l’ordre dans ce joyeux bordel. »
« Bon courage alors, même si je suppose que ça ne sera pas suffisant !»

Ils avaient ensuite parlé de la photo, ce que l’autre garçon faisait exactement. C’était bien, c’était simple avec lui, il disait une phrase ou deux et l’autre garçon enchainait avec de petits monologues, parfait pour meubler la conversation ! Ca avait du bon les gens bavards ! lui, avait moins à s’exprimer ! Autant des fois ça ne le gênait pas, autant pour l’instant, il ne se sentait pas encore trop de faire de grandes causettes !

« Pas mal de choses. De l’alimentaire … enfin, dans le sens, des photos qui marchent facilement quoi. Pour des reportages ou des événements. Et puis ce qui m’éclate vraiment. Du vif, de l’urbex aussi… Tu parlais des vieux immeubles et autre. Je ne sais pas si tu connais, le principe c’est de trouver des lieux sympas de la jungle urbaine. Une espèce de monde oublié, éparpillé partout dans la ville. J’te montrerai si tu veux. »
« De…. L’urbex ?! Heu ok. Mais tu photographie quoi là-bas ? Enfin, je ne dois pas être très au fait de toutes ces modes, par e que ce n’est pas franchement ce qui m’intéresse le plus, du coup je suis un peu paumé. »

En quoi photographier de vieux immeubles pouvait être intéressant ? Autant le reste, il pouvait voir ce que c’était, autant ça, c’était un peu mystère et boule de gomme. Quant à aller courir avec lui, double ou triple non. Niet. Ce n’était pas possible.

« Ah merde, j’espère que ça va mieux. Enfin tu sais, c’est sans doute justement le moment de s’y remettre. Enfin tu fais comme tu veux. »
«Ouais, ouais, mais pas là. Un jour… ou l’autre. »

Uais, non, c’était juste pas possible, pas maintenant, du moins. Comme il venait de lui dire il s’y remettrait un jour, quand il irait mieux. Là, il ne se sentait pas la force, il avait beaucoup d’autres choses à régler avant ! Mais tout cela bien sûr Callum ne pouvait pas le savoir ! Gary lui proposa ensuite de se voir un autre jour où le garçon aurait plus de temps de façon à ce qu’il ne se sente pas trop pressé, ou qu’il abandonne son sport ou autre pour lui. C’était une idée assez déplaisante ! Il acquiesça doucement, et se contenta de prendre son adresse histoire de pouvoir aller chez lui sans trop de soucis.
Deux heures, il se demandait ce qu’il allait pouvoir faire pendant ce temps-là, et après avoir laissé Oliver à son entrainement… Il décida d’aller dans un magasin histoire de prendre quelque chose à grignoter pour aller avec le verre d’alcool, et il se prit également un autre bouquin. Juste au cas où l’envie le prenne soudain. Et puis l’heure arriva… il alla frapper à sa porte en se demandant toujours si c’était une bonne idée. Il n’était pas certain d’être très distrayant, ou de savoir quoi raconter suivant ce qui était abordé. L’actualité, pendant ces six ans il l’avait juste survolé. Il espérait que ça ne parlerait pas non plus politique… Bref, au final, il le sentait plutôt mal cette histoire mais il était à présent trop tard pour faire marche arrière. Il sonna à la porte et attendit sagement que l’autre garçon vienne lui ouvrir.

«Je t’aurais bien dit surprise… mais je sais que ça n’en ait pas une. » Il lui fila le paquet de cochonneries prises au supermarché «Il parait que c’est toujours mieux de ne pas picoler le ventre vide ! »

Uais, voilà, avoir l’air détendu c’était pas mal.

Certes, cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vus mais Oliver avait cette facilité de contact qui aidait dans ce genre de cas. Il se comportait comme si ça ne faisait que quelques mois. Comme si tout ça était parfaitement normal. Comme si aucun des deux protagonistes n’avait traversé d’épreuves que l’autre n’aurait pu comprendre. Et pourtant, l’un d’eux connaissait une vérité que recherchait l’autre. Comme quoi les vieilles amitiés recèlent des trésors parfois inimaginables.

« Bon courage alors, même si je suppose que ça ne sera pas suffisant !»

« Oh si t’en fais pas ça le sera ! Enfin ! Tu peux éventuellement ajouter une sacré dose de chance dans le pack cadeau, ça ne fera pas de mal ! »

Pour éviter de se faire tuer par une bande de tarés sans doute membres d’une secte type Klu Klux Klan et dotés d’un genre de puissance magique mortelle ? La chance ne serait sans doute pas de trop. Le courage non plus c’était certain.
Ainsi, oui, il avait préféré détourner la conversation pour éviter de devoir monter une histoire là-dessus ou d’éluder la conversation. Autant passer à autre chose. Pour ça, Gary lui facilitait la tâche.
A croire qu’ils avaient tous les deux quelque chose à cacher.

« De…. L’urbex ?! Heu ok. Mais tu photographie quoi là-bas ? Enfin, je ne dois pas être très au fait de toutes ces modes, par e que ce n’est pas franchement ce qui m’intéresse le plus, du coup je suis un peu paumé. »

« Tient, regarde ça. Ça sera plus simple que d’essayer d’expliquer ce que j’y vois. »

Il lui avait tendu son téléphone après avoir recherché sur celui-ci quelques exemples de son travail de type urbex afin de lui permettre de se rendre compte de ce que cela pouvait donner.

quelques exemples et travail d'un ami d'ami Kalistor Dinent'dal, allez voir son taff c'est cool

Finalement, les deux jeunes hommes avaient fini par décider de se séparer. Gary ne risquait pas de le suivre dans du sport comme ça, au débauché – surtout en sortant à peine d’Azkaban – et lui avait réellement besoin de se défouler. La pression qu’il ressentait devait s’évacuer d’une manière ou d’une autre et quand il ne faisait pas ça via la photo, c’était via le sport. Et à l’heure actuelle, il avait besoin de ça : bouger. Juste bouger. Et ne pas penser. Aller au-delà des limites de son corps et annihiler tout le reste.
C’est donc ainsi qu’il passa le reste des deux heures qu’il possédait devant lui. Courir. Soulever de la fonte. Rester concentré sur chacune de ses respirations. Sur les battements puissants de son cœur, l’afflux brûlant du sang dans ses muscles. Puis le calme étouffé de l’eau lorsqu’il profita de la piscine de la salle afin de terminer sa séance là où émotions et son sont engloutis par le coton de l’eau.

Ainsi, lorsqu’il ouvrit la porte de son appartement, Oliver venait à peine de finir de ranger en urgence toutes ses affaires de recherche. Le but n’était pas que Gary tombe là-dessus.

«Je t’aurais bien dit surprise… mais je sais que ça n’en ait pas une. Il parait que c’est toujours mieux de ne pas picoler le ventre vide ! »

Lui offrant un petit rire amusé, le jeune homme le fit entrer.

« Bienvenue dans mon humble demeure. Enfin celle de mon chat. Je suis locataire. Ou esclave à ses ordres pour être plus honnête. Dis bonjour à sa majesté. »

Quatre fers en l’air, le matou fixant le nouvel arrivant avec un air lascif. Manifestement, il ne quitterait pas sa sieste pour si peu. Déjà que l’autre l’avait dérangé un peu plus tôt avec son raffut. Au moins lui avait-il libéré SON fauteuil. Pas une place pour stocker des photos compromettantes : un lieu adapté au sommeil merde ! Ils ne savent pas y faire ces humains !

« Alors voyons ce qu’on a là ! Hm ! Tu me juges si je te dis que je crève de faim et que j’ai rien dans mon frigo ?! Tient assieds toi. Désolé c’est encore blindé de cartons. J’ai toujours le temps de faire un milliards de trucs mais étrangement jamais celui de déballer mes merdes ou de faire la vaisselle. Va comprendre. »

Déposant deux verres sur la table basse, il apporta ce qui traînait dans les placards.

« Pour résumer nous avons donc …. Quatre types d’alcool différents et plein de merdes à manger. On est bons ! Tu veux quoi ? »

Dans les startings blocs pour attraper une bouteille.

« Ordonne, tu auras, j’suis grand prince ! C’est à cause de l’autre, là, je m’habitue à être exploité. »

Petit signe de tête vers le poilu.

Il l’avait écouté, il avait regardé quelques photos que lui avait passé le jeune homme se contentant d’acquiescer doucement ! Il n’y connaissait rien, il ne pouvait pas donc juger et commenter d’une quelconque manière ! Ils avaient finalement convenu de se retrouver un peu plus tard pour boire un petit coup chez son ami, pour parler sans trop contrarier les plans du métisse. A l’heure convenue, il était donc arrivé chez Oliver avec de quoi grignoter un peu ! On lui avait toujours appris – et il l’avait vécu également pour confirmer que c’était vrai-, il faut toujours bouffer lorsqu’on boit un coup ou deux.

« Bienvenue dans mon humble demeure. Enfin celle de mon chat. Je suis locataire. Ou esclave à ses ordres pour être plus honnête. Dis bonjour à sa majesté. »
«Bonjour Votre Majesté. »

Il fit même une petite révérence au gros matou qui se contenta de bailler.

«Je crois qu’il approuve ma venue, même s’il essaye de me faire comprendre qu’il me trouve ennuyeux au premier abord, non ? »

Il se dirigea doucement vers l’animal pour s’accroupir à côté du fauteuil. Il préférait ne pas faire de gestes brusques, les chats aussi étaient des animaux imprévisible, doucement il tendit sa main, la laissant près du museau du poilou histoire qu’il le sente et voit qu’il n’était pas un danger. Mais Sa Majesté du Poils semblait préférer refermer les yeux.

« Alors voyons ce qu’on a là ! Hm ! Tu me juges si je te dis que je crève de faim et que j’ai rien dans mon frigo ?! Tient assieds toi. Désolé c’est encore blindé de cartons. J’ai toujours le temps de faire un milliards de trucs mais étrangement jamais celui de déballer mes merdes ou de faire la vaisselle. Va comprendre. «
«Je savais bien que je faisais bien d’apporter quelque chose à bouffer ! je vois que tu n’as pas changé, ça fait plaisir ! dit-il amusé par le désordre ambiant.

Dans ses souvenirs son ami était du genre à toujours avoir trois millions de choses à faire, sans en avoir le temps, alors beaucoup de choses …. Disons étaient « oubliées » comme remplir le frigo.

« Heureusement qu’en cas de petite fringale tu peux commander sur internet ! ca doit bien t’arranger de pouvoir te faire livrer, non ? »

Il le regarda déposer verres et alcools sur la table en se passant une main dans les cheveux lorsque l’autre li demanda ce qu’il voulait boire. La vérité c’est qu’il ne savait absolument pas. Faire confiance dans les goûts – et l’humour- de son camarade n’était peut-être pas quelque chose de conseiller, il le pensait capable de lui faire un truc imbuvable rien que pour rire un coup ! Et pourtant, il glissa à l’autre garçon

« Ecoute, je te laisse gérer… essaye juste de ne pas me rendre bourré comme un coing, c’est tout ce que je te demande.» il jeta un nouveau coup d’œil au chat «Je peux le caresser ou sa majesté risque de feuler de me griffer pour avoir osé un tel outrage ? »

Oui, il ferait tout pour éviter les questions un peu trop personnelles, par ce qu’il ne pourrait probablement pas en répondre sincèrement à la plupart et cela était … disons un peu gênant pour lui. Alors il ne devait pas être trop bavard et ne pas lui poser trop de questions sinon l’autre allait lui retourner et il se mettrait dans la merde tout seul comme un grand. Le chat semblait donc un bon point de départ.

«Bonjour Votre Majesté. »

Callum avait lâché un petit rire en le voyant saluer ainsi son chat, toujours aussi détendu, maître des lieux jusqu’au bout des ongles. Comme n’importe quel chat me direz-vous. Les réseaux sociaux devaient lui monter au cerveau. Oliver : tu en fais un monstre, sois-en conscient !!

«Je crois qu’il approuve ma venue, même s’il essaye de me faire comprendre qu’il me trouve ennuyeux au premier abord, non ? »

« Ouais c’est comme ça qu’il drague. Il a trop suivi les conseils de « fuis moi, moi je te suis ». Je lui ai dit que ça lui ferait du tors un jour mais il n’écoute pas ! »

Il n’écoute jamais rien d’ailleurs. Sauf le mot « pâtée » étrangement.
Oliver avait donc observé son ancien ami s’approcher de l’animal pour lui permettre de le sentir. Le chaton n’avait pas tardé à fermer les yeux, semblant l’ignorer parfaitement. Il lui envoyait surtout un message d’apaisement, signe que tout allait bien. Il appréciait le nouvel arrivant. Le chat valide.

«Je savais bien que je faisais bien d’apporter quelque chose à bouffer ! je vois que tu n’as pas changé, ça fait plaisir ! [/b

Un coup d’œil au reste de l’appart.

« Ah euh ouais.. j’ai jamais fait le meilleur colloc’ qui soit et même seul je me désespère. A croire qu’il y avait toujours quelqu’un pour passer derrière moi quand je posais un truc quelque part ! »

Ouais, ce quelqu’un, il s’appelait Gary.

« Heureusement qu’en cas de petite fringale tu peux commander sur internet ! ca doit bien t’arranger de pouvoir te faire livrer, non ? »

« Le chinois d’en face reconnaît déjà mon numéro de téléphone alors que j’habite ici depuis un mois, ça réponds à ta question ? »

Un constat assez inquiétant concernant son compte en banque cela dit.

« En fait heureusement que je suis seul sinon bonjour la merde. »

Ça n’était pas tout à fait la réflexion la moins triste qu’il puisse faire mais il s’arrangerait avec son propre cynisme. Et cela méritait au moins quelques gorgées de quelque chose de piquant ! Ainsi, il s’était rapidement agenouillé pour surplomber les différents choix de boisson dont ils disposaient.

« Ecoute, je te laisse gérer… essaye juste de ne pas me rendre bourré comme un coing, c’est tout ce que je te demande.»

En temps normal,  il lui aurait sans doute fait le coup. S’il avait habité ici depuis plus longtemps, il aurait même probablement sorti une vieille bouteille abandonnée depuis des lustres et issue de la cave de la grand-mère d’un lointain contact. Juste pour lui faire la blague. Mais avec le peu d’informations que Gary avait laissé échapper, Oliver craignais que trop d’alcool ou quelque chose de trop particulier puisse lui poser un problème de santé.

« Hey oui, tu veux peut-être un truc sans alcool d’ailleurs ?! Je dois avoir euh… de l’eau… »

Instant de réflexion intense.

« Eventuellement du jus d’orange si t’as du bol. Et c’est pas tout à fait sûr. »

Est-ce qu’il l’avait fini ? Est-ce qu’il l’avait sorti la semaine précédente et non pas celle-ci ? Sincèrement, il n’aurait su le dire.

«Je peux le caresser ou sa majesté risque de feuler de me griffer pour avoir osé un tel outrage ? »

« Hm normalement il est plutôt calme. Il est encore jeune et vient d’arriver, je l’ai prit à mon retour ici. Mais il est plus malléable que son air de malotru le laisse entendre. »

Malotru, oui, il assumait.
Bientôt, les deux verres furent plein et Oliver attrapait le premier truc qui lui passait sous la main pour satisfaire son estomac vide.

« T’as dit que tu venais de revenir en ville, tu as un boulot ou des pistes déjà ? Et un lieu de vie ou pas du tout ? »

Car il craignait la seconde version.

Il regarda le matou en haussant un sourcil un brin perplexe. Humhum. Sale bête adorable. Mais passons à un autre sujet qui semblait au premier abord bien plus intéressant : la bouffe et boire un verre tout en commentant en plaisantant l'état de l'appart du garçon.

- heureusement que tu as la tête bien accrochée à tes épaules sinon je suis certain que tu la sèmerais en permanence.... et oui c'est le cycle de la vie, certains sont désordonnés et d'autres rangent presque un peu trop. Il y a rarement de juste milieu là-dedans... mais t'en fais pas on s'accommode vite des manières des autres lorsqu'on vit avec eux. Pas trop le choix de toute manière.... n'est-ce pas ?

Et il était du genre champion là-dedans.... entre le foyer où il avait grandi avec les autres gosses puis Poudlard et ensuite son logement avec Klara et Esteban... ouais au final jusque là il avait toujours vécu en troupe c'était donc probablement un peu plus simple pour lui de parler comme ça.
Concernant le chinois, il haussa un peu les épaules. Il comprenait son ami et en même il devait souvent se faire  livrer la même chose !! Mais il n'était personne pour lui donner des conseils là dessus, lui qui en ce moment vivait chez les parents de son ex... le temps de se remettre sur pieds. C'était étrange, cela avait tendance à beaucoup le gêner mais en même temps il n'avait pas de famille à lui et celle d'Esteban ressemblait probablement le plus à cela pour lui.

- Du moment que tu n'y passes pas tout son salaire je ne suis pas certain que ce soit réellement gênant... je veux dire tu te nourris comme tu veux même si ça doit être une vrai rente !!

Ils avaient ensuite parlé boissons et Gary haussa un sourcil perplexe sur l'alcool... ou sur le jus de fruit. Gneuh !? Qu'est ce qu'il était en train de lui faire là ?? Il cligna plusieurs fois des yeux avant de remettre enfin le possible souci.

- Non. Non tu peux y aller. Ne t'inquiètes pas ça ne risque pas de me tuer ou de me rendre accroc. Donc fais moi le mélange dont tu as envie !

Avec l'approbation de l'esclave du chat il caressa ce dernier tandis qu'oliver avait une nouvelle question qu'il posa sans aucune diplomatie....  sur le travail et le logement. Là ça commençait à sentir le roussi mais étrangement il fut pris d'un fou rire nerveux.

- Tu n'y vas pas par quatre chemins toi !!

Il laissa passer quelques instants avant de reprendre

- Non je n'ai pas encore de boulot... mais je vais bientôt en rechercher. C'est juste un peu compliqué pour le moment.

Pas de cv sur les capacités moldues et chez les sorciers il avait un gros trou dans le ledit cv et personne ne voudrait probablement un ex prisonnier. Ou peut etre que si... mais pas forcément dans ce qu'il voulait.

-  Je cherche dans quoi me réorienter. Je pensais chez les secouristes voire les pompiers mais il faut que je me remette déjà en condition physique. Et non. Je ne suis pas à la rue. J’habite pour l'instant chez les parents de mon ex. Je crois que tu as déjà du le voir Esteban.

Bon en même temps ils étaient ensemble de 16 à leurs 24 ans du coup Gary était à peu près certains que les deux se soient croisés.

- heureusement que tu as la tête bien accrochée à tes épaules sinon je suis certain que tu la sèmerais en permanence.... et oui c'est le cycle de la vie, certains sont désordonnés et d'autres rangent presque un peu trop. Il y a rarement de juste milieu là-dedans... mais t'en fais pas on s'accommode vite des manières des autres lorsqu'on vit avec eux. Pas trop le choix de toute manière.... n'est-ce pas ?
« Oh ça c’est probable en effet. Pour ma tête. Pour le reste, sincèrement, je n’en sais rien. Mis à part la colloc’, j’ai toujours plus ou moins vécu seul. Et j’ai toujours plus ou moins été bordélique. Trop de choses à penser ou à faire et je me perds en cours de route. Surtout quand il s’agit des tâches ménagères. Et encore là j’ai rangé ! »

C’est ça, justifie-toi. T’es pas bon à marier, voilà tout, soit honnête. Entre l’état de ton appartement et tes repas quelque peu désordonnés, ça n’est pas tout à fait le top. Mais c’était comme ça qu’il aimait vivre et ne se prenait pas trop la tête là-dessus. Il était dans une phase de sa vie où il tentait de reconstruire un bon nombre de choses, alors oui, certaines passaient en secondaire.

- Du moment que tu n'y passes pas tout son salaire je ne suis pas certain que ce soit réellement gênant... je veux dire tu te nourris comme tu veux même si ça doit être une vrai rente !!
« Ben disons que mon salaire est un poil aléatoire et que je devrais sans doute faire un peu plus attention. Mais bon, pour l’instant ça se passe plutôt bien malgré tout. Même si je devrais sans doute faire un petit effort là-dessus quand même…. Maiiiis… on verra ça plus tard. »

C’est bien, plus tard. C’est vachement bien même. Quand il voyait tous ces gars qui s’imbibaient de shakers et autre dans le domaine du sport, qu’il fréquentait… il se sentait un peu en dehors des clous, mais ça lui allait comme ça. Il avait simplement besoin de se défouler, ça n’était pas un scoop. Alors son mode de vie actuel lui allait parfaitement. Il avait subit largement assez de déroute en deux ans, pas besoin de tout chambouler de nouveau alors qu’il commençait doucement à trouver un équilibre. D’autant que ses recherches avançaient bien et que ce qu’il découvrait suffisait largement à casser le quotidien.

- Non. Non tu peux y aller. Ne t'inquiètes pas ça ne risque pas de me tuer ou de me rendre accroc. Donc fais moi le mélange dont tu as envie !

Lui servant un mélange un peu étrange – juste pour tester – avec un petit sourire taquin, le jeune homme n’avait pas tardé à lui poser une question. De celles qu’il ne jugeait pas particulièrement dérangeantes mais qui avait manifestement un peu heurté son invité.

- Tu n'y vas pas par quatre chemins toi !!

Petite grimace. Possible en effet. Il ne se rendait pas réellement compte. Mais il souhaitait juste s’assurer que son ami n’était pas à la rue. Au pire, il avait un convertible. Pas de prime jeunesse et certainement pas confortable, MAIS il en avait un ! Et un toit au dessus de sa tête, l’eau courante et un chinois pas loin. Cela faisait déjà des tas d’avantages que tout le monde n’était pas prêt de posséder, et il en avait parfaitement conscience. D’autant qu’en perdant son job et son mec, il avait également eu l’impression qu’il risquait de perdre tout ça également.

- Non je n'ai pas encore de boulot... mais je vais bientôt en rechercher. C'est juste un peu compliqué pour le moment.
« Ouais ? »

Bon… ça n’était pas tout à fait encourageant de prime abord.

-  Je cherche dans quoi me réorienter. Je pensais chez les secouristes voire les pompiers mais il faut que je me remette déjà en condition physique. Et non. Je ne suis pas à la rue. J’habite pour l'instant chez les parents de mon ex. Je crois que tu as déjà du le voir Esteban.
« Bon, c’est l’essentiel. Et oui je me souviens très bien ! Je ne savais pas que vous étiez séparés. Il va bien ? … Et toi ? »

Ça faisait sans doute un moment et manifestement, les choses s’étaient plutôt bien passées, sinon il ne vivrait pas chez eux mais la question semblait légitime tout de même.

« Tu sais, si t’as besoin de quelque chose, tu sais où me trouver maintenant, n’hésite pas. Je me suis retrouvé sans rien il y a un peu plus d’un an. Mon mec disparu, mon boulot perdu… j’ai pas osé retourner vers ma famille, du moins pas au début. Bref ça n’a pas été la joie. Il m’a fallu revoir mon plan de carrière qui était pourtant putain de bien ficelé. J’étais bien parti, j’avais un boulot stable, je grimpais les échelons et je faisais ce que j’aimais… et puis paf, plus rien. Donc je comprends que ça ne soit pas facile. »

Non, pour le coup, tu ne comprends pas, Oliver. Mais lui non plus ne comprendra pas ce qui se cache derrière cette situation affreuse mais banale que tu décris.

« Oh ça c’est probable en effet. Pour ma tête. Pour le reste, sincèrement, je n’en sais rien. Mis à part la colloc’, j’ai toujours plus ou moins vécu seul. Et j’ai toujours plus ou moins été bordélique. Trop de choses à penser ou à faire et je me perds en cours de route. Surtout quand il s’agit des tâches ménagères. Et encore là j’ai rangé ! »
« Je n’ai connu que ça, alors bon ! Je dois être trop habitué à faire ce qu’il faut si je ne voulais pas vivre dans une espèce de grosse porcherie. Mais bon, je veux dire si tu vis seul, c’est quand même ennuyant, je suis certain que dès que tu ne supporteras plus le bordel tu rangeras tout bien. C’est aussi simple que cela !»

Oliver était vraiment un drôle oiseau ! Il n’avait pas de salaire fixe et pourtant ne semblait pas faire attention à économiser. Ca encore, c’était quelque chose que Gary avait beaucoup de mal à comprendre. Mais après tout chacun faisait bien ce qu’il voulait de son fric, il n’était personne pour juger, et il ne le connaissait pas assez… ou plutôt cela faisait trop longtemps qu’ils s’étaient perdus de vu pour qu’il essaye de le raisonner ! Ca ne serait pas raisonnable ! Gary avait donc préféré ne pas trop rebondir là-dessus et continua la conversation, notamment que l’alcool ne le gênait pas. Il le regarda faire un cocktail avec des mélanges étranges et se dit que finalement, il aurait du accepter le jus de fruit simple, mais ça pouvait quand même être drôle ! Et il avait enchainé comme quoi il allait bientôt chercher un boulot…. Bientôt, par ce que c’était compliqué.

« Bon, c’est l’essentiel. Et oui je me souviens très bien ! Je ne savais pas que vous étiez séparés. Il va bien ? … Et toi ? »
«C’est…. Compliqué là aussi. Mais oui, il va bien. Il bosse beaucoup, je n’ai pas eu le temps de le revoir depuis que je suis revenu, il n’est pas dans le pays en ce moment. »

Il trouvait qu’il disait beaucoup trop le mot compliqué, peut-être qu’il devrait lui expliquer pourquoi tout était compliqué…. Mais bon lui dire qu’en gros il avait tué quelqu’un pour se défendre et qu’il avait fini en prison ce n’était pas non plus très recommandé, mais au moins, cela éviterait peut-être à l’avenir des questions gênantes.


« Tu sais, si t’as besoin de quelque chose, tu sais où me trouver maintenant, n’hésite pas. Je me suis retrouvé sans rien il y a un peu plus d’un an. Mon mec disparu, mon boulot perdu… j’ai pas osé retourner vers ma famille, du moins pas au début. Bref ça n’a pas été la joie. Il m’a fallu revoir mon plan de carrière qui était pourtant putain de bien ficelé. J’étais bien parti, j’avais un boulot stable, je grimpais les échelons et je faisais ce que j’aimais… et puis paf, plus rien. Donc je comprends que ça ne soit pas facile. »

Il se gratta un peu la nuque. Ne sachant pas trop quoi dire, déjà niveau famille, il ne pouvait pas juger et …. En fait il n’était pas très doué là-dedans en plus. Il soupira, non il ne pouvait pas comprendre, il secoua un peu la tête avant de reprendre :

« Si tu m’as perdu de vue et que tout est compliqué à présent, c’est par ce que j’étais en prison.» souffla-t-il. Tant pis, il pouvait comprendre, probablement le Ollie. «Je ne sais plus si tu l’as connu, mais à l’époque, j’étais avec Esteban et on vivait également avec Klara. Ce n’était pas une colloc, on était vraiment un couple à trois. Un jour, je suis rentrée, elle s’était faite frappée par son frère qui visiblement ne supportait pas son mode de vie et il s’est mis à m’attaquer alors que je voulais juste essayer de le raisonner. Même si j’avais envie de lui casser sa sale petite gueule de con pour avoir cogner sa sœur…. Et disons que ça s’est mal fait fini. Il est mal tombé et il est mort. J’en ai pris pour 6 ans, malgré la légitime défense. »

Enfin c‘était plutôt le plafond qui était mal tombé mais ce n’était qu’un détail n’est-ce pas ? Il ne pouvait de toute manière pas dire cela à son ami, ça serait trop bizarre.

«Je suis sorti il y a quelques jours, Klara a disparu, Esteban travaille aux quatre coins du monde, je n’ai pas de famille ou personne réellement vers qui me tournait, alors je suis allé vivre chez ses parents. Et pour le boulot, comme tu te doutes, ça ne va pas être simple. Voilà. Tu ne vois pas de souci, de drogue, ou d’alcool ou autres. Juste plutôt un karma de merde. Bref, je ne veux pas m’étendre là-dessus.»

Dans le monde moldu, de combien est-ce qu’il aurait écopé ? Le statut de sang n’aurait pas été pris en compte, mais bon, les moldus auraient vu ça comme une vie de déb auche, est-ce que ça aurait pire ? Ou pas ? Il n’en savait trop rien.

« Je n’ai connu que ça, alors bon ! Je dois être trop habitué à faire ce qu’il faut si je ne voulais pas vivre dans une espèce de grosse porcherie.  Mais bon, je veux dire si tu vis seul, c’est quand même ennuyant, je suis certain que dès que tu ne supporteras plus le bordel tu rangeras tout bien. C’est aussi simple que cela !»
« Ouais sans doute. Enfin ça fait quelques années que c’est comme ça. J’ai surtout tendance à faire trop de choses en même temps, à ne pas être chez moi ou seulement pour bosser alors forcément, le ménage est rarement ma priorité. Mais à un moment, c’est sûr, je vais me réveiller et arrêter de me comporter comme un ado qui ne veut pas ranger sa chambre hein ! A mon âge il serait temps ! »

En effet, le jeune homme agissait bizarrement avec son salaire. Cependant, il avait tellement galéré pendant l’année passée, s’était tellement prit la tête sur toutes ces questions financières que maintenant qu’il avait enfin des rentrées, il estimait qu’il pouvait enfin agir autrement. Ça n’était sans doute pas particulièrement intelligent de sa part car il s’agissait d’un comportement risqué. Mais voilà, il avait un peu de côté malgré tout et il n’en pouvait simplement plus de se priver. Seulement, en effet, les fins de mois étaient souvent quelque peu compliquées. Disons que ça le rendait accessible comme influenceur. D’autres vivaient dans des baraques de taré, lui finissait par manger des pates et du riz en fin de mois. Chacun son délire.

«C’est…. Compliqué là aussi. Mais oui, il va bien. Il bosse beaucoup, je n’ai pas eu le temps de le revoir depuis que je suis revenu, il n’est pas dans le pays en ce moment. »
« Eh ben… tous les aspects de ta vie sont compliqués à ce que je vois. Ça se passe quand même bien avec ses parents ? »

L’idée de se retrouver à habiter chez les parents de son ex pour une durée indéterminée lui faisait froid dans le dos. Mais il fallait dire que son ex avait été assassiné, alors forcément, ça foutait un sacré froid. Peut-être n’aurait-il pas dû insister, mais il fallait dire que la situation de son ami le préoccupait. Heureusement qu’il avait eu certaines personnes pour l’aider lorsque tout s’était écroulé. Il avait déjà passé un certain temps dans sa voiture avant qu’on ne la lui retire, alors il n’imaginait pas ce qui se serait passé si personne ne lui avait proposé de venir chez lui. D’autant qu’il avait prit l’option parents pendant un temps, mais ils ne comprenaient pas ce qui se passait, ni qu’il ne retrouvait pas de travail, alors il avait dû changer d’option avant que leurs relations ne deviennent trop tendues.

« Si tu m’as perdu de vue et que tout est compliqué à présent, c’est par ce que j’étais en prison.»

Son ami avait sorti cette bombe en un souffle. Et il y avait en effet de quoi être soufflé. Yeux écarquillés, bouche entrouverte, Oliver n’avait rien dit, le laissant enchaîner, pas tout à fait sûr de savoir comment réagir face à une annonce pareille.

«Je ne sais plus si tu l’as connu, mais à l’époque, j’étais avec Esteban et on vivait également avec Klara.  Ce n’était pas une colloc, on était vraiment un couple à trois. Un jour, je suis rentrée, elle s’était faite frappée par son frère qui visiblement ne supportait pas son mode de vie et il s’est mis à m’attaquer alors que je voulais juste essayer de le raisonner. Même si j’avais envie de lui casser sa sale petite gueule de con pour avoir cogner sa sœur…. Et disons que ça s’est mal fait fini. Il est mal tombé et il est mort. J’en ai pris pour  6 ans, malgré la légitime défense. »

Wow. Voilà, c’était tout ce qu’il avait à dire et à penser : wow.

«Je suis sorti il y a quelques jours, Klara a disparu, Esteban travaille aux quatre coins du monde, je n’ai pas de famille ou personne réellement vers qui me tournait, alors je suis  allé vivre chez ses parents. Et pour le boulot, comme tu te doutes, ça ne va pas être simple.  Voilà. Tu ne vois pas de souci, de drogue, ou d’alcool ou autres. Juste plutôt un karma de merde. Bref, je ne veux pas m’étendre là-dessus.»

« Wow ah oui en effet c’est… compliqué. »

Ah le côté poly-amoureux là, on l’oubli vite hein. Face à une telle somme de deuil dans un certain sens, Oliver en était coi. Tu réponds quoi à ça sérieusement ? En effet, ça n’avait pas dû être facile du tout cette histoire. Loin de là. D’autant qu’il sortait de là et n’avait donc… plus personne. Plus rien et plus personne.

« Merde… je suis vraiment désolé pour toi…. Pour tout ça. T’as vraiment aucune nouvelle d’elle, pas une piste ? »

Bonjour l’angoisse. Et il ne veut pas s’étaler plus que ça là-dessus il a dit Oliver. Donc tu n’es pas censé relancer le truc je te signale.

« Tu sais quoi ? On a un truc en commun dans l’histoire. »

T’es sûr de vouloir lancer le sujet ?

« Il y a un an, ce qui m’a fait fuir mon boulot et … bah un peu tout perdre, c’est l’assassinat de mon mec. »

…

« Et je pense que l’ensemble de tes révélations et des miennes, demande un sacré putain de verre. »

Ainsi, il s’était resservi avant de faire de même pour Gary en lui adressant un petit sourire fatigué.

« Ouais sans doute. Enfin ça fait quelques années que c’est comme ça. J’ai surtout tendance à faire trop de choses en même temps, à ne pas être chez moi ou seulement pour bosser alors forcément, le ménage est rarement ma priorité. Mais à un moment, c’est sûr, je vais me réveiller et arrêter de me comporter comme un ado qui ne veut pas ranger sa chambre hein ! A mon âge il serait temps ! »
«Humhum. Je ne sais pas pourquoi, pour l’instant, on ne peut pas dire que tu sois réellement très convainquant Oliver ! Enfin, tu es chez toi, tu fais ce que tu veux. Pas de jugement ! » Il soupira doucement et après avoir parlé d’Esteban, ajouta « Et ouais, ne t’inquiètes pas, ils sont cools e m’aiment bien, alors ça va ! ca se passe bien. »

Et à force de dire compliqué, il se dit qu’il lui devait des explications, peut-être que cela lui ferait du bien, ou au moins, il comprendrait un peu mieux le comportement du sorcier. Alor, il avait essayé de s’expliquer.

« Wow ah oui en effet c’est… compliqué. »

Ouais voilà, visiblement ils avaient le même mot pour décrire la situation, mais au moins il ne posait pas de questions, et semblait comprendre sans prendre peur. Certains auraient probablement été effrayés lui semblait juste…. Il ne savait pas trop exactement comment décrire l’attitude de son ami.

« Merde… je suis vraiment désolé pour toi…. Pour tout ça. T’as vraiment aucune nouvelle d’elle, pas une piste ? »

Celle-là, il ne s’y était franchement pas attendu ! Il fronça un peu les sourcils. Probablement qu’en faisant jouer quelques anciens contacts, il aurait pu avoir des nouvelles, mais il ne l’avait pas fait, il ne voulait pas la mettre en danger. Et en essayant de reprendre contact avec elle (ou si c’était Esté), c’était un risque un peu trop gros. Il hésita quelques instants, il ne savait pas comment répondre à cela. Il n’avait pas envie de lui mentir, mais en même temps, c’est qu’un des soucis était le statut de sang et ça, il ne pourrait pas…. Disons pas lui en parler. On réfléchit, Gary. On essaye de trouver une solution pas trop mauvaise. Et heureusement, le poto était quand même assez bavard !

« Tu sais quoi ? On a un truc en commun dans l’histoire. » Il haussa un sourcil intrigué, vas-y, parle de toi… ça lui éviterait de donner trop de détails. « Il y a un an, ce qui m’a fait fuir mon boulot et … bah un peu tout perdre, c’est l’assassinat de mon mec. Et je pense que l’ensemble de tes révélations et des miennes, demande un sacré putain de verre. »

Gary n’avait même pas eu le temps de répondre quoi que ce soit qu’il avait déjà un verre à nouveau plein ! Il se passa une main dans les cheveux en réfléchissant à ce qu’il pouvait bien répondre à cela. A part je suis désolé, ou quelque chose dans ce gout-là.

« Je ne sais pas quoi dire… mes condoléances, avec… beaucoup de retard. Et disons que l’on peut trinquer à une pseudo-nouvelle vie ?»

Il avait déjà du mal à mettre un mot sur ses maux, alors se montrer réconfortant envers son ami c’était quelque chose de très compliqué pour lui. Ce qui était rassurant c’est qu’Oliver n’était pas beaucoup plus éloquent au final. Parfait !

« Mais je crois que je ne vais pas trop m’attarder, je n’ai pas encore l’habitude de… disons… ce genre de choses, boire, parler autant. Alors … avant de donner une mauvaise image de moi, encore plus que celle-là. Je… Enfin, ça fait mal élevé…. »

Il était désolé, mais avoir parlé de tout cela avait remué deux ou trois choses pas très sympathiques en lui. Il préférait donc s’éloigner avant d’exploser en plein vol. Il ne tenait pas spécialement à ce qu’Ollie assiste spécialement à cette déchéance !

Qu’il y ait un jugement face à son incapacité chronique à être bien sur tous les plans ? Non, sincèrement, il n’en avait pas grand-chose à faire. Et certainement pas de la part d’un ami. D’autant qu’il savait que ça n’était pas son genre. Et encore ! Il avait rangé ici avant l’arrivée de Gary. Qu’est-ce que ça aurait été si ça n’avait pas du tout été le cas ! Cela dit, il valait sans doute mieux être jugé sur la qualité de son intérieur plutôt que sur sa culpabilité dans une affaire de meurtre. Il fallait l’avouer : ça remettait les choses dans le contexte ! Il était clair qu’ils avaient tout deux un sacré paquet de choses qu’ils gardaient pour eux et qui n’étaient pas simples à aborder. Alors bien sûr, le fait de les ramener sur le tapis avait mit un froid. Manifestement, ils faisaient en partie semblant. Semblant que tout était normal. Qu’ils pouvaient discuter de tout et de rien comme avant. Mais il y avait des sujets bien lourds à porter qui obscurcissaient leurs pensées.

Ainsi, la conversation s’était faite sérieuse… puis muette. Une nouvelle fois, Oliver sentait qu’il avait mit les pieds dans un plat un peu délicat. Pourtant, il lui semblait avoir posé une question relativement classique. D’autant que les deux ex de Gary… eh bien, il les connaissait. Même si ça n’avait pas duré particulièrement longtemps puisque le jeune homme avait fini par disparaitre. Mais pour lui, il ne s’agissait que d’une connaissance. Il pouvait comprendre que pour Gary, parler d’elle et de son absence, tout comme celle d’Esteban n’était pas simple. Ça devait remuer beaucoup de choses. Et notamment tout ce qu’il pouvait avoir perdu. Et ça n’était pas du tout ce que souhaitait Oliver… alors il avait remué sa propre vase. Une chose qu’il n’avait pas particulièrement envie de faire non plus. Et en effet, sur le sujet, il était plus évasif et concis. Parce qu’il s’en voulait. Parce qu’il avait peur. Parce qu’il culpabilisait de ne pas être plus mal encore pour Liam. Bref, là aussi, ça remuait trop de choses. Alors un nouveau verre s’imposait.

« Je ne sais pas quoi dire… mes condoléances, avec… beaucoup de retard. Et disons que l’on peut trinquer à une pseudo-nouvelle vie ?»
« Ouais.. hf, c’est passé. A une nouvelle vie ! »

Non. Non, au bout d’un an, le deuil n’est pas passé non. Mais il y avait surtout eu d’autres deuils à faire qui avaient été plus durs et qu’il vivait toujours d’ailleurs. Celui de la normalité. Celui de sa vie, de ses habitudes, de sa carrière, de sa sécurité. Définitivement, c’était loin d’être du passé. Mais il préférait songer comme ça. Ça évitait de rendre tout ça trop… proche. Et d’ailleurs, il n’avait pas du tout envie de ramener tout ça à lui. Il cherchait juste à détourner le malaise de son ami.

« Mais je crois que je ne vais pas trop m’attarder, je n’ai pas encore l’habitude de… disons… ce genre de choses, boire, parler autant. Alors … avant de donner une mauvaise image de moi, encore plus que celle-là. Je…  Enfin, ça fait mal élevé…. »

Et c’était totalement foiré. Voilà voilà.

« Nan, oui, nan nan je comprends. C’est pas tout à fait banal comme situation. Mais j’ai pas une mauvaise image de toi Gary, c’est juste… pas simple. Même pour moi, alors j’imagine pas toi. »

Voili voilou. Lui qui cherchait à se vider la tête en milieu de journée semblait avoir encore plus de choses à penser maintenant. Et surtout, il ne savait pas comment mettre à l’aise son ami qui avait sans doute beaucoup à encaisser de son côté. Il faudrait un moment pour qu’il se fasse de nouveau à la société, c’était certain.

« Ecoute, dans tous les cas tu es le bienvenue ici. N’hésite pas. »