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« Cause I’m falling to pieces. » | One Shot

 :: Autour du monde :: Europe :: — Norvège
Ven 10 Aoû 2018 - 15:05
Lundi 28.09.2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

C’était minuit passé, Caitlyn rentrait à son campement après la fermeture de l’auberge, encore toute enivrée de sa musique. Une nuit comme les autres, succédant à une journée comme les autres… mais une nuit un peu différente malgré tout. Il y avait toujours quelque chose de différent, quelque chose de spécial à ses yeux, lorsque la lune était pleine et qu’elle brillait haut dans le ciel comme cette nuit, éclairant son chemin dans la forêt. Sereine, heureuse, Caitlyn la contemplait comme fascinée, laissant ses jambes la porter sur la route qu’elles connaissaient par cœur. Tout semblait aller pour le mieux depuis quelques temps. Les propriétaires payaient toujours aussi bien, les clients étaient toujours aussi généreux, elle n’avait pas de soucis à se faire pour ses finances. Et puis surtout, ils étaient toujours aussi aimables, et elle aimait ce qu’elle faisait, aimait l’ambiance qui régnait dans la salle à manger où les clients dégustaient leurs repas tandis qu’elle jouait du piano et chantait pour animer la soirée. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie si bien, si épanouie dans sa vie. Bien sûr, elle n’oubliait pas le reste de ce qui se passait dans le monde, mais la distance et la solitude l’aidaient à s’en détacher, à prendre du recul, et elle avait parfois presque l’impression de retrouver son insouciance d’antan, de redevenir la gamine vive et enjouée qu’elle avait pu être jadis.

Tout à coup devant elle apparut une silhouette énorme, une ombre se détachant de la nuit, de grands yeux jaunes fixés sur elle, et Caitlyn se figea, comme pétrifiée. C'était un animal, un loup, imposant, menaçant, plus grand que tous les loups qu’elle avait vus de sa vie, le poil hérissé par le vent, la poitrine se déployant au rythme de sa respiration. Son regard plongé dans celui du prédateur, elle resta immobile pendant quelques secondes, paralysée par la peur. Et puis elle se ressaisit, sortit de sa torpeur et prit ses jambes à son cou. Derrière elle, la bête s’élança à sa suite. Elle courait à toute vitesse, s’éloignant du chemin, s'enfonçant dans la forêt, zigzagant entre les sapins ; et la bête courait derrière elle, à quelques mètres, se rapprochant un peu plus à chaque pas, la rattrapant lentement mais surement. Haletant, suffoquant, sentant son cœur battre jusque dans sa gorge, Caitlyn courait comme si sa vie en dépendait, car au fond c’était le cas, et l’adrénaline qui pulsait dans ses veines l’aidait à garder une vitesse plus rapide que jamais, l’empêchait de ressentir la fatigue de ses muscles poussés à l’extrême ou la douleur de ses poumons à bout de souffle. Mais derrière elle, le loup gagnait du terrain, elle pouvait presque entendre son souffle, sentir son haleine chaude dans sa nuque. Alors elle tira sa baguette de la poche intérieure de sa veste, et se mit à jeter des sortilèges dans son dos sans même se retourner, dans l’espoir de le toucher.

Et lorsqu’elle jeta un coup d’œil furtif vers l’arrière, ce fut juste à temps pour voir sa silhouette massive au-dessus d’elle. Il avait sauté, la bouche ouverte, les crocs prêts à s’enfoncer dans sa gorge. Elle arrêta net sa course et fit volte-face en portant son bras devant son visage au dernier moment pour repousser avec force l’animal qui tomba sur le flanc à sa droite en grondant sourdement. Et elle se remit à courir sans attendre son reste, revenant sur ses pas. Mais ce qui devait arriver arriva, son pied se prit dans une racine et elle perdit l’équilibre, essaya de rester debout mais glissa et finit par tomber lourdement par terre. Glissant dans la terre humide, elle se retourna en hâte alors que le loup la surplombait de toute sa hauteur et se mit à reculer fébrilement. Elle le vit se rapprocher d’elle et se mit à gémir pitoyablement, sentant des larmes lui monter aux yeux. Elle allait mourir. Elle allait mourir là, au milieu de la forêt, sous le regard froid de la lune. Il allait la tuer, la dépecer, la dévorer. Butant contre un arbre dans son dos, elle se mit à battre des jambes devant elle, en vain. Le loup courba l’échine, abaissant la tête vers elle pour humer l’odeur de sa chair fraîche mêlée à celle de sa peur, puis il planta ses canines dans son trapèze et elle s’entendit crier alors qu’il brisait sa clavicule comme une allumette entre ses mâchoires. La douleur se propagea dans tout son corps, atroce, insupportable, comme celle d’un Doloris, et elle perçut encore le hurlement du Loup avant que la nuit ne se referme sur elle.


* * * 


Fin septembre – début octobre 2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle fut aveuglée par la clarté de la lumière qui rayonnait partout autour d’elle, ses rayons du soleil traversant les feuilles des arbres et l’éblouissant violemment. La seconde d’après, elle étouffait un cri en réalisant la douleur lancinante qui l’emplissait. Et puis elle cessa de le retenir, ce cri qui ne cherchait qu'à s’échapper de sa gorge, et il lui vrilla les cordes vocales, lui déchira les tympans, brisant le chant doux de la nature qui s’éveillait autour d’elle. Un cri rauque, sorti du plus profond de ses entrailles, un cri terrible et épouvantable, le cri d'un être à l'agonie. Les muscles crispés jusqu'à en faire trembler ses membres, des sueurs froides baignant son corps fiévreux, les marques de ses ongles intaillées dans les paumes de ses mains, Caitlyn réalisa qu’elle était toujours étendue en bas de l'arbre au pied duquel le Loup l'avait abandonnée après l'avoir attaquée. Alors, avec la force du désespoir, elle rampa pour attraper sa baguette et rassembla les restes de son énergie pour Transplaner jusque dans sa tente où elle se laissa aller à son supplice.

Elle ne savait pas combien de temps elle y resta, elle ne savait pas combien de jours et de nuits passèrent, tout ce qu'elle savait était qu'elle avait horriblement mal. C’était comme si tous ses os se brisaient, comme si tous ses muscles se lacéraient, comme si sa peau était en flammes. Comme quand elle avait ses règles mais en cent fois pire et étendu à la totalité de son corps. Alternant les phases de convulsions et les phases de flaccidité, tantôt crispée et tantôt inerte, Caitlyn n’était qu’à moitié consciente, son esprit errant quelque part entre le jour et la nuit, son âme à la frontière entre la vie et la mort. Et elle criait, elle couinait, elle grognait, elle soufflait, pleurant toutes les larmes de son corps et se maudissant d’être encore en vie. Elle aurait préféré crever, elle aurait préféré se faire bouffer, même la torture qu’elle avait pu vivre aux cachots ces dernières années valait mieux que le martyr qu’elle souffrait en cet instant.

Puis à travers la douleur, elle réalisa que la faim lui tordait le ventre, une faim dévastatrice qui peu à peu prit le dessus sur tout le reste. Alors elle sortit de sa tente à quatre pattes, puis se releva tant bien que mal, et, telle un robot rouillé, les mâchoires serrées et les poings fermés, fit quelques pas, concentrée pour garder son équilibre alors qu’elle tanguait dangereusement de tous les côtés. Ses cheveux et ses vêtements étaient encore imbibés d’eau et de boue partiellement séchée, mais Caitlyn n’y accorda aucune importance, et se dirigea vers le coin cuisine de son campement. Ce ne fut qu’une fois un tant soit peu rassasiée qu’elle entreprit de se laver et de se changer, avant de retourner se réfugier dans son sac de couchage, succombant à la fièvre et à l’épuisement.


* * *
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Caitlyn Louise Twain
Ptite tête boule de poils
Caitlyn Louise Twain
Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Sam 22 Déc 2018 - 17:23
Mi-octobre 2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

Elle mit une bonne semaine à se rétablir de ce mal étrange. Ce fut comme une énorme grippe, peut-être la rage ou alors le tétanos… elle n’en savait rien, elle vivait au jour le jour, survivait plus qu’autre chose en réalité, emmitouflée dans son sac de couchage, tantôt étouffant de chaud, tantôt frissonnant de froid. À Poudlard, sans doute qu’elle serait allée à l’infirmerie, qu’on l’aurait incitée à s’y rendre ou bien qu’on l’y aurait transportée, pour l’y faire soigner. À la maison ou à l’appartement, probablement que ses parents ou bien Casey et Rafael l’auraient emmenée à l’hôpital. Mais, seule, loin de tout, elle était livrée à elle-même, et n’avait pas la foi d’entreprendre quoi que ce soit d’autre qu’attendre que ça passe, tout simplement.

Et ça finit passer. La fièvre retomba, la douleur s’estompa, les forces lui revinrent. Elle recommença à prendre soin d’elle, sortant de sa tente pour s’alimenter et se laver et prendre un peu l’air. Elle recommença à aller au travail, sa musique moins entrainante qu’à l’accoutumée, en écho à ses pensées encore vaseuses, mais retrouvant bientôt sa légèreté. Elle recommença à s’entraîner, aussi, physiquement et magiquement, reprenant peu à peu du poil de la bête. La vie suivait son cours. Les journées se faisaient de plus en plus courtes, la nuit tombait de plus en plus tôt, les températures descendaient toujours plus bas et les bientôt les premiers flocons commencèrent à apparaitre dans le ciel. Elle avait oublié son calvaire comme un mauvais rêve.

* * *

Mercredi 28.10.2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

Et puis un soir, la douleur reprit. Brutalement, violemment, et elle s’écroula, d’abord à genoux puis complètement, se mit à crier et pleurer de nouveau comme avant, sentant ses os craquer, muscles s’étirer, sa peau se percer, ses ongles s’arracher. Ça dura une éternité. Une éternité qu’elle passa à agoniser et à prier pour que la mort l’emporte, la libère de l’emprise de cette douleur atroce, insoutenable. Elle ne comprenait pas. Qu’est ce qui se passait dans son corps, qu’est-ce qu’elle avait fait pour finir dans cet état pitoyable ? Elle ne comprenait pas et elle n’avait pas envie de comprendre, avait peur. Elle avait peur de comprendre qu’elle vivait une douleur périodique, cyclique, une douleur mensuelle, avait peur de savoir que cette douleur ne partirait jamais vraiment, qu’elle reviendrait toujours. Et lorsqu’enfin elle émergea des profondeurs de son supplice, elle n’était plus la jeune fille aux longues boucles brunes et aux grands yeux bleus, elle était un animal, une bête sauvage, une Louve. Poussant un dernier hurlement, plus long et plus guttural que les précédents, elle sortit de la tente et disparut dans les profondeurs de la forêt.

Foulant le sol enneigé de ses pattes velues et puissantes, humant l’air frais de la nuit à pleins poumons, scrutant la nature endormie sous sa couverture blanche immaculée qui défilait à une vitesse folle autour de ses yeux, elle trottait, consciente de pouvoir aller bien plus vite encore, mais passablement affaiblie par la douleur qui résonnait encore dans ses articulations à chaque fois que ses pattes touchaient terre. Une brise se leva, elle la sentit ébouriffer son pelage et apprécia sa douceur et sa fraîcheur. Mais bientôt, la sérénité et l’insouciance cédèrent leur place à un besoin qu’elle ne connaissait pas et qui l’obnubila, et un grondement sourd lui échappa tandis qu’elle accélérait sa course et plissait ses yeux. C’était la faim. Cette même faim qu’elle ressentait depuis des semaines, accrue au centuple, qui lui tordait les tripes et lui mettait l’eau à la bouche, mais surtout, qui l’animait d’une détermination et d’une rage impérieuses. C’était la faim de l’Homme.

Arrivée à l’orée de la forêt, elle avisa un rocher qu’elle gravit et s’y arrêta pour contempler les alentours. Dans la vallée qui s’étendait à ses pieds brillaient des milliers de lumières, sur le ciel qui surplombait sa tête scintillaient des milliards d’étoiles. Elle prit une profonde inspiration, humant de tous ses poumons l’air frais de la nuit qui l’entourait, puis cambra la nuque et envoya à la Lune son premier hurlement, long et fort, venu du plus profond de ses entrailles. Et puis, une odeur irrésistible parvint à ses narines, et soudain, elle ne maîtrisa plus rien. Elle se vit descendre d’un bond de son promontoire, prendre de la vitesse à nouveau sous le couvert des arbres, glisser dans la neige, déraper, accélérer encore. Et à chaque pas qu’elle faisait, l’odeur s’intensifiait. Son esprit était obnubilé par l’idée de cet effluve, sa raison cédait sa place à un instinct nouveau pour elle, un instinct de prédateur. Et finalement, elle déboucha sur une clairière où les silhouettes de deux élans se détachaient dans l’obscurité.

La faim de l’Homme était loin quand la victoire était si proche, la proie si facile. Une vieille femelle amaigrie, un petit mâle immature. Sans hésiter, elle se jeta à leurs trousses tandis qu’ils prenaient la fuite et elle eut tôt fait de les rattraper, sautant à la gorge du mâle pour y planter ses crocs. Il s’écroula sous l’impact, et se retourna pour se défendre, lui assenant un coup de sabot dans le flanc, mais, sans lui laisser le temps de se relever, elle se rua sur lui de plus belle et lui déchira les jugulaires, l’achevant. La femelle disparut entre les arbres sans demander son reste et sans qu’elle ne lui accorde plus d’attention, bien trop occupée à dépecer la chair de sa proie, sauvagement, lacérant sa peau, arrachant ses muscles et ses entrailles pour les dévorer, le sang chaud dégoulinant le long de sa mâchoire et de son cou. Plus rien n’avait d’importance, plus rien n’avait d’intérêt. Elle comblait enfin ce vide, calmait enfin cette faim qu’elle éprouvait depuis si longtemps. Et c’était délicieux. C’était un régale, un festin inespéré, au-delà de toutes ses attentes, et elle se délectait, profitait au maximum.

Mais soudain elle sentit des crampes la prendre aux tripes et lui couper le souffle. Elle glapit, couina, gémit, se tordant de douleur, se roulant par terre aux côtés du jeune élan qui gisait sans vie, le ventre ouvert, dans la neige qui recouvrait la clairière. Cette impression de brûler vive, cette sensation que tous ses muscles s’étiraient jusqu’à craquer, ce sentiment que tout explosait à l’intérieur de son crâne et que son corps entier était parcouru par un courant électrique. Cela dura pendant des heures, puis peu à peu, la douleur s’estompa, et elle resta là, épuisée, à bout de forces, incapable de se relever ni même de pleurer, fermant les yeux tandis que le jour commençait à poindre, sombrant dans un sommeil profond.

* * *

Jeudi 29.10.2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

Un froid mordant la réveilla. Elle sentait ses dents greloter et ses membres frissonner alors qu’elle émergeait tant bien que mal de sa nuit. Et lorsqu’elle ouvrit les yeux, Caitlyn réalisa qu’elle était dehors, roulée en boule dans une flaque d’eau, nue comme un ver. Se redressant lentement, difficilement, elle regarda autour d’elle à travers les larmes qui lui embuaient les yeux. Elle se trouvait dans un champ enneigé, l’air était glacial, le soleil pâle qui brillait haut dans le ciel n’étant pas assez puissant pour la réchauffer. Elle déglutit. Elle ne comprenait pas, elle ne se souvenait pas. Où était-elle, comment s’était-elle retrouvée là, pourquoi était-elle toute nue ? Et puis elle le vit, l’animal mort qui baignait dans son sang juste à côté d’elle, et elle s’écarta en panique, s’enfonçant et glissant dans la neige. Qu’avait-elle fait ? Avait-elle tué ce pauvre élan, était-ce elle qui l’avait charcuté ainsi ? Une violente nausée s’empara d’elle tandis qu’elle se relevait, horrifiée, et elle recula de quelques pas en plaquant sa main sur sa bouche. Puis elle se détourna et s’éloigna en hâte.

Elle passa des heures à errer dans la forêt, transie de froid, suivant les traces qu’elle avait retrouvées dans la clairière, priant pour qu’elles la mènent jusqu’à son campement mais le redoutant à la fois… Le cou rentré dans ses épaules, les bras en W sur sa poitrine, les jambes légèrement fléchies, essayant de conserver un tant soit peu de chaleur, elle trottinait, se forçait pour continuer à avancer, luttait pour ne pas s’arrêter, jusqu’à ce que son campement apparaisse enfin dans son champ de vision. Alors elle ralentit, décroisa ses bras pour passer ses doigts dans ses cheveux et les crisper autour de son crâne, et franchit les derniers mètres à la marche. De nouvelles larmes lui étaient montées aux yeux, des larmes de soulagement et d’épuisement. Elle entra dans sa tente, se glissa dans son sac de couchage, frigorifiée, et ferma les yeux.

* * *
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 26 Déc 2018 - 11:01
Début novembre 2015

Dans la forêt près de Bodø, Norvège

Des jours se succédèrent, puis des semaines, la neige continuant à tomber en silence. Caitlyn passait le plus clair de son temps à caresser le plumage de Rainbow qui ne semblait plus vouloir la quitter. Les cheveux en pagaille, les vêtements pleins de crasse, les joues creuses et le dos voûté, elle n’avait plus rien de la jeune femme dynamique et souriante qu’elle avait été, elle avait perdu toute son énergie, était devenue faible et fatiguée, comme après des mois de séquestration et de torture. Et son campement, lui, n’avait plus rien de celui qu’elle avait établi à son arrivée. De la vaisselle sale partout, des vêtements éparpillés par terre, sa tente proche de l’écroulement, c’était comme un squat abandonné depuis trop longtemps ou au contraire utilisé pendant trop longtemps. Elle mangeait peu à peu la nourriture qu’elle avait accumulée pendant des semaines, prenant sur ses réserves, épuisant ses stocks. Rien ne semblait pouvoir la rassasier, elle sentait un vide, un creux, dans son estomac et n’arrivait pas à le remplir. Elle n’était plus retournée à l’auberge, avait arrêté d’y aller, laissant un simple message sur le répondeur des propriétaires, sans se soucier de savoir s’ils allaient se poser des questions au sujet de son excuse bancale. Elle ne voulait plus voir personne, elle aurait voulu se rouler en boule dans un coin de sa tente et se laisser dépérir mais cette faim constante l’en empêchait. Alors, malgré l’angoisse, malgré le chagrin, elle quittait régulièrement l’abri de son campement, baguette en main, arpentant les bois à la recherche de gibier.

Quelque part, paradoxalement, c’était dans la forêt qu’elle était le plus à l’aise. Une partie d’elle avait peur, était terrifiée, revivant constamment dans sa tête le moment où le loup s’était jeté sur elle et la douleur atroce qui s’en était suivie, ou revoyant dans son esprit le corps de ce jeune élan et son sang dans lequel elle avait baigné… pourtant, une autre partie s’y sentait bien, connectée à la nature comme si elle en faisait partie, comme si elle y appartenait. Elle avait l’impression de la percevoir mieux, de mieux la sentir. De mieux la vivre. Caitlyn avait toujours eu une relation particulière avec la nature, depuis qu’elle était enfant elle s’émerveillait à chaque fleur qui éclosait, à chaque oiseau qui chantait, à chaque flocon qui tombait. Elle éprouvait un respect profond et une admiration sans bornes pour cette Terre sur laquelle elle vivait et qui lui donnait tout ce dont elle avait besoin, plus encore depuis qu’elle avait commencé à vivre sous tente. Mais ces derniers temps, il y avait quelque chose de plus, quelque chose de différent, dans la manière dont elle l’appréhendait et dans la façon dont elle y évoluait, comme si les arbres bruissaient tout à coup autrement qu’avant, comme si chaque chant d’oiseau lui était soudain nouveau, comme si chaque coup de vent était une découverte. Et elle ne s’en rendait pas vraiment compte, n’en était pas tout à fait consciente, mais le ressenti était bien là, le sentiment d’être à l’aise et en confiance une fois dehors, paradoxalement à cette peur traumatique qui lui tordait le ventre à chaque fois qu’elle se terrait dans son lit.

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Caitlyn Louise Twain
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